Dictionnaire de la Bible/Tome 4.1.c MARCELLINI-MINISTRE - Wikisource (2024)

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Dictionnaire de la Bible

(Volume IV,p.743-744-1107-1108).

Tome 4.1.b LOTUS-MARC

Tome 4.2.a MINUIT-NATRON

MARCELLINI Évangéliste, commentateur italien, néà San Marcello dans le diocèse de Pistoie, mort à l’Aracelià Rome, en 1593. Il devint frère mineur de la régulièreobservance de la province de Toscane, puis docteuren théologie de l’Université de Paris. Il se rendit célèbreen Italie par ses prédications et plus encore par sesvertus, qui lui valurent l’amitié de saint’Charles Borroméeet de saint Félix— de Cantalice, en même temps quede hautes relations. Celles-ci lui ouvraient la voie desdignités ecclésiastiques; il les repoussa toujours, et refusa même celles que son ordre lui offrait. Parmi ses nombreuxouvrages, nous devons signaler ici: 1° Expositiom Libros Judicum, in-8°, Venise, 1589; 2° In Cantica, Florence, 1599; 3° In Ruth, Florence, 1586; 4° InDanielem, in-8°, Venise 1588; 5° In Habacuc, Florence, 1584; 6° In Jonam, Camerini, 1581; 7° Super cantica Zachariœet B. M. V., Florence, 1599; 8° In Tobiam, Rome, 1587. P. Apollinaire.

MARCHALIANUS (CODEX).

Histoire.

Cecélèbre codex a été écrit en Egypte, où il resta aumoins jusqu’au IXe siècle, comme le montrent les correctionsdues à des mains égyptiennes. Avant le XII" siècleil passa dans l’Italie méridionale et fut transporté de là, on ne sait par qui ni à quelle époque, à l’abbaye deSaint-Denis. Au xvi» siècle il devint la propriété de RenéMarchai dont il a gardé le nom. Le cardinal de la Rochefoucauld, qui le possédait vers 1636, l’offrit aux jésuitesdu collège de Clermont. En 1785, après la suppressionde l’ordre des jésuites, le codex fut vendu à la Bibliothèquevaticane pour une somme de 300 écus romains.Il y porte maintenant le numéro 2125 du fonds grec.

Description, contenu.

Le Marchalianus renferme416 feuillets de parchemin assez mince, fripé par l’usage, arrangés en cahiers de cinq doubles feuillets, soit vingtpages. Le dernier cahier, chose rare, a même vingt-quatrepages. Les douze premiers feuillets, contenantdes extraits des Pères, n’appartenaient pas an manuscritprimitif, bien qu’ils soient d’une écriture sensiblementcontemporaine. Les pages, qui mesurent 295 millimètresde haut sur 180 de large, sont à une seule colonne de29 lignes. Les esprits et les accents ne semblent pas être dela première main. De grandes lettres en vedette indiquentle commencement des paragraphes. L’écriture est belle, mais présente quelques caractères singuliers. Le ç et le<i sont énormes; le p a la boucle comprimée et la barretrès allongée; les lettres e, 8, o, ç sont d’un ovale aplati; la barre transversale du 6 dépasse de beaucoup la périphériedu rond; le ô et Va méritent aussi attention.

Les leçons et les signes diacritiques qui couvrent maintenantles marges ont été ajoutés après coup. Les signesemployés sont l’astérisque et l’obèle (avec le métobèlecorrespondant). Les siglessonta’(Aquila), a’(Symmaque)6’(Théodotion), oî y’ou simplement y’(tous les trois), iravtsç ou x’(tous), enfin o! Xotxot (les autres). Il y a eude nombreux correcteurs à diverses époques.

Le codexrenferme les grands et les petit* Prophètes selon l’ordreadopté par le Vaticanus: Osée, Amos, Michée, Joël, Abdias, Jonas, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, Isaïe, Jérémie — avec Baruch, lesLamentations et PÉpitre — Ézéchiel, Daniel selonThéodotion, avec l’épisode de Suzanne et l’histoire deBel. — Il est désigné en critique par la lettre M.

Age, caractère, valeur critique.

Montfaucon, Palseographia grseca, Paris, 1708, p. 225, regardant lasaccents et les esprits comme de la première main, datele manuscrit du vme siècle. Tischendorf, Monumentasacra, t. iv, p. xx, ayant prouvé que les accents et lesesprits ont été ajoutés après coup, se prononce pour levil «ou le vi c siècle. Pitra, Analecta særa, t. iii, p. 554, 561, incline davantage pour la date la plus ancienne^Enfin Ceriani, Commentatio critica, p. 36-41, opine sanshésiter en faveur du vie siècle. Il prouve que les caractèrespaléographiques ne s’y opposent pas. Le codex étantd’origine égyptienne, il faut le comparer non pas avec lesmanuscrits européens ou asiatiques de la même époque, mais avec les papyrus ou les manuscrits coptes contemporains.On se convaincra par cette comparaison que rienn’oblige à le faire descendre au-dessous du VIe siècle.

— M» r Ceriani a comparé quelques passages choisis ducodex, Is., ix, 1-10; xliv, 7-21; Jer., xxv, 11-13; xxxii, 15-18, etc., avec les grands codex ( Vaticanus, Sinaiticus, .Alexandrinus’), la reccnsion de Lucien, le texte hexaplaire, la version copte-memphitique, les citations desaint Cyrille d’Alexandrie. Commentatio, p. 48-106.Il conclut de cette comparaison, p. 106, que le Marchalianuscontient une recension différente de celle desHexaples et de celle de Lucien et représente, en somme, la recension d’Hésychius.

Le codex porte, avant Isaïeet avant Ézéchiel, deux notes très intéressantes publiéesdepuis longtemps par Cozza, Field et Pitra, et qu’ontrouvera dans Swete, The Old Testament in Greek, t. iii, p. viii-ix. Ces notes sont empruntées à un codex purementhexaplaire; elles ne conviennent pas au texte duMarchalianus où les variantes hexaplaires sont reléguéesà la marge. Lés astérisques du codex, suivant Ceriani, au moins ceux qui viennent de la première main, nerépondent pas au système d’Origène, mais à celui d’Hésychius.

Cet ensemble de caractères suffit à faire comprendrel’importance vraiment exceptionnelle du Marchalianuset justifie la. splendeur avec laquelle il a étéédité.

La superbe photolypie publiée par les soins deMo" 1 Cozza-Luzi, Prophetarum codex grœcus Vat. 2125, vetustate, varietate lectionum, notalionibus unicusleque et insignis phototypice editus, Rome, 1890, etl’Introduction composée avec tant de conscience etd’érudition par Ms r Ceriani, De codice MarchalianoProphetarum Commentatio critica, Rome, 1890, rendentsuperflues toutes les études antérieures. F. Pbat.

    1. MARCHAND##²

MARCHAND (hébreu: rokêl, et au féminin: rokélé}; sehoràh, terme collectif pour désigner un ensemblede marchands; kena’ânî, «chananéen,» parce queles Chananéens et spécialement les Phéniciens faisaientbeaucoup de commerce; Septante: s(i.7copoç, ^avavatos, eotvixo; , jtw).ûv; Vulgate: mercator, negotiator, venditor, chananeus, vendens), celui qui fait professiond’acheter, de vendre ou d’échanger en vue d’un bénéfice.Voir t. ii, fig. 512, col. 1555. Sur le trafic des ancienset sur la manière dont il s’opérait, voir Commerce, t. ii, col. 878-890; Échange en nature, t. ii, col. 1557; Marché.

Dans les plus anciens temps, il n’est questionque des marchands madianites qui achètent Joseph àses frères. Gen., xxxvii, 28. Quand les Hébreux s’établirenten Palestine, chaque famille continua longtempsà se suffire à elle-même. Sans qu’il y eût de marchandsproprement dits, on se procurait les objets indispensableauprès des artisans qui les fabriquaient. La Loiprescrivait, en vue de ces échanges ou de ces achats, lajustesse et la loyauté des poids et des mesures. Lev., xix, 35, 36; Deut., xxv, 13-15, Les marchands phéniciensapparaissent les premiers en Palestine. Ce sont descolporteurs qui vendent et qui achètent. Dans le livrede Job, XL, 25, il est question de Chananéens pouvantacheter et revendre de gros animaux, et c’est encore àun Chananéen que la femme forte des Proverbes, xxxi, 24, vend les ceintures qu’elle a brodées et les étoffesqu’elle a tissées. Sous Salomon, le trafic se développantdans tout le royaume, le prince peut tirer beaucoup d’orde tous les marchands et négociants qui avaient des relationscommerciales avec les Hébreux. III Reg., x, 15; II Par., IX, 14. Lui-même avait des marchands qui faisaientle commerce des chevaux avec l’Egypte. II Par., i, 16. Les colporteurs d’Arabie vendaient des aromates.Cant., iii, 6. Les marchands de blé étaient parfoistentés d’accaparer le grain afin de le vendre plus cherà la faveur d’une rareté factice. Prov., xi, 26. Les prophètes, Isaïe, xxiii, 2, 8, et surtout Ézéchiel, xvii, 4, xxvii, 13-23; xxxviii, 13, parlent des marchands étrangers, spécialement de ceux qui font grande fortune à Tyret à Sidon. Baruch, iii, 23, mentionne les colporteursarabes. En Palestine, le vendeur et l’acheteur seront enveloppésdans la même catastrophe, quand s’exercera lajustice divine. Is., xxiy, 2; Ezech., vii, 12, 13; Soph., i, 11.Zacharie, xiv, 21, dit que dans le Temple restauré, il n’yauraplusdechananéen, fena’âm, xavavaïo;? mercator. Le

chananéen peut désigner ici le profane, l’étranger, l’incirconcis, et la pensée de Zacharie reviendrait à celled’Ezéchiel, xliv, 9. Mais, comme dans les versets qui précèdent, il est question des dons volontaires qui afflueront detoutes parts dans le Temple, il est probable que le nomde chananéen désigne le marchand, comme dans Osée, xii, 8. On n’aura pas besoin de recourir aux marchandspour se procurer les chaudières et les ustensiles nécessairesau culte. Après le retour de la captivité, lesmarchands de Jérusalem se chargent de la constructiond’une partie des murs. II Esd., iii, 30, 31. Plus tard, des marchands tyriens s’établissent dans la ville ety vendent du poisson et des denrées, même le jour dusabbat. Néhémiemet ordre à cet abus. II Esd., xiii, 1621. Le fils de Sirach remarque qu’au marchand il fautparler commerce, Eccli., xxxvii, 12, et il déplore lamauvaise foi avec laquelle on achète ou l’on vend.Ëccli., xlii, 5. Sous les Machabées, les marchandsaccourent en Palestine, dans le camp des Syriens, pouracheter les Juifs dont l’armée du roi de Syrie escomptaitdéjà la capture. I Mach., iii, 41; Jonathas entoure lacitadelle de Jérusalem, occupée par les Syriens, afinque ceux-ci ne puissent plus rien acheter ni vendre.I Mach., xii, 36; xiii, 49. — Dans le Nouveau Testament, il est question de marchands de perles, Matth., xm, 45, et de marchands d’huile. Matth., xxv, 9. Pardeux fois, Notre-Seigneur chasse du Temple les marchandsd’animaux destinés aux sacrifices, qui se sontétablis jusqu’à l’intérieur de la première enceinte. Illes accuse de faire du Temple une caverne de voleurs, d’où il suit qu’au sacrilège ces marchands ajoutaientl’improbité. Joa., ii, 14; Matth., xxi, 12; Marc, xi, 15; Luc, xix, 45. Saint Jean dit que la Bête empêcheral ceux qui ne portent pas son signe de vendre et d’acheter.Apoc, xiii, 16, 17. Il parle des marchands quitrafiquent avec la grande Babylone, Apoc, xviir, 3-23, dans des termes analogues à ceux qu’a employés Ezéchiel, xxvii, 13-23, à propos des marchands de Tyr.

H. Lesêtre.

    1. MARCHANDISES##

MARCHANDISES (hébreu: ’ma’ârâb, maqqâhfit; Septante: è[utop(a, o-i(j.| «xxov, «mélange d’objets,» upSai; , «vente; s Vulgate: niera, negotiatio, venalia), objets suresquels s’exerce le commerce, soit pour l’échange ennature, soit pour la vente contre, de la monnaie. VoirCommerce, t. ii, col. 879-889; Échange en nature, t.n, col. 1557; Foire, t. ii, col. 2298; Marchand, Marché.

— Voici l’énumération des principales choses mentionnéesdans la Bible comme objets de commerce ou marchandises, les immeubles mis à part. Voir t. ii, col. 879-887.

1° Esclaves. — lo., iii, 5-8; Am., i, 9; Ezech., xxvii, 13, etc. Voir t. ii, col. 1921-1926.

2° Animaux. —Pour les sacrifices, Lev., v, 15; I Esd., vu, 17; Bar., i, 10; Joa., ii, 14; Matth., xxi, 12; Marc, xi, 15, etc., ou pour les usages ordinaires de la vie, Exod., xxi, 35; Job, xl, 25; II Reg., xii, 3; III Reg., x, 22; Is., lx, 7; Ezech., xxvii, 21; Luc, xiv, 19, etc., —chevaux, III Reg., x, 28-29; Ezech., xxvii, 14. Voir t. ii, col. 677.

3° Aliments. — Blé, Gen., xli, 57; xlii, 5; Ezech., xxvii, 17, etc.; — pain, Marc, vi, 37; Joa., vi, 5; — viii, Ezech., xxvii, 18; — huile, IV Reg., IV, 7; Ezech., xxvii, 17; Matth., xxv, 9, 10; — miei, Ezech., xxvii, 17; — vivres engénéral, Deut., vi, 28; xiv, 26; IV Reg., VI, 25; Matth., xtv, 15; Marc, VI, 36; Luc, IX, 13; Joa., iv, 8; xiii, 29.

4° Étoffes. — Lin, Ezech., xxvii, 7; Marc, xv, 46; —byssus, Ezech., xxvii, 16; — laine, Ezech., xxvii, 18; ceintures, Prov., xxxi, 24; — manteaux et broderies, Ezech., xxvii, 24; — couvertures, Ezech., xxvii, 20; —tapi*, Prov., vii, 16; Ezech., xxvii, 20; xxviii, 13; —pourpre, Ezech., xxvii, 16.

5° Métaux. — Voir Argent,! . i, col. 945; Bronze, t. i, col. 1943; Cuivre, t. ii, col. 1155; Fee, t. ii, col. 2205; Or; Métaux.

6° Matières précieuses. — Pierres, Ezech., xxvii, 16, 22; Apoc, xviii, 12; — perles, Matth., xiii, 46; — ivoire, Ezech., xxvii, 15; — ébène, Ezech., xxvii, 15.

7° Parfums. — Gen., xxxvii, 25-28; Cant., iii, 6; Ps.Lxxll (lxxi), 10; Is., xlui, 24; lx, 6; Ezech., xxvii, 17, 19, 22; Matth., xxv, 9; Marc, xiv, 5; xvi, 1, etc. VoirBaume, t. i, col. 1517; Encens, t. ii, col. 1770; Parfums.

8° Objets ouvrés. — Armes, Luc, xxii, 36; — idoles, Bar., vi, 24; etc. Voir Meurles, et les différents moiscités dans l’énumération qui précède.

H. Lesêtre.

    1. MARCHÉ##

MARCHÉ (hébreu: ’izzabôn, ma’ârâb, markolêf; Septante. àyopâ, aû|iu.niTov; Vulgate: forum, nundinæ, mercatus), le lieu où l’on rassemble les marchandisespour en trafiquer par échange ou par ventes(fig. 215). — Chez les Égyptiens, les fêtes fréquentes quise célébraient autour des différents temples étaient desoccasions naturelles de foires ou de marchés périodiques, auxquels on se rendait en foule. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, 1895, col. 323-327. La figure 512 du t. ii, col. 1557, représentequelques-unes des scènes de ces marchés. Voirfig. 216 une vue d’un bazar du Caire. Les Ismaélites quiachetèrent le jeune Joseph, se rendaient aux marchésd’Egypte pour y vendre des parfums, Gen., xxxvii, 25, et plus tard Joseph lui-même établit dans le pays, pourla vente du blé aux Égyptiens et aux étrangers, des marchésqui étaient de grands entrepôts. Gen., xli, 57.Pendant leur séjour dans la terre de Gessen, les Hébreuxeurent souvent l’occasion d’aller aux marchés duvoisinage. Ceux-ci se tenaient naturellement sur lesplaces des villes ou dans les terrains libres, qui entouraientles temples ou les villages. — Après leur établissem*nten Palestine, les Israélites furent amenés parla force des choses à pratiquer ce qui se faisait ailleurs.Les trois grandes fêtes, particulièrement celle de laPâque, les attiraient en foule à Jérusalem, d’où la nécessitéd’établir en ces occasions de nombreux marchéssur les places de la capitale et aux alentours. Cf. Munk, Palestine, 1881, p. 395. Les autres villes importantesavaient aussi les leurs, soit fixes, soit périodiques. À lasuite d’une guerre, le roi de Syrie, Bénadad, dit au roid’Israël, Achab: «Tu établiras pour toi des, rues à Damas, comme mon père en avait établi à Samarie. t>III Reg., xx, 34. Cette concession portait sur les constructionsqui bordaient certaines rues, et ces constructionsn’étaient autres que des bazars destinés à la ventedes produits étrangers. Il y avait donc des bazars syriensà Samarie et des bazars Israélites à Damas. Certainesrues et certaines places étaient affectées à descommerces particuliers. Telles furent, sans doute, la ruedes boulangers, Jer., xxxvii, 21, et la porte des poissons, Soph., i, 10, à Jérusalem. Après la captivité, il y avaitdans la capitale des marchés que des Israélites approvisionnaientet d’autres qui étaient tenus par des Tyriensen résidence dans la ville. II Esd., xiii, 15, 16, 20.Amos, viii, 4-6, fait la description des fraudes quise pratiquaient sur les marchés de son temps, finPsalmiste dit également, sans doute à propos des marchésde Jérusalem: «La fraude et la tromperie nequittent pas ses places.» Ps. lv (liv), 12. Josèphe, Dell, jud., V, viii, 1, signale, à l’intérieur des murs duquartier neuf de Jérusalem, des marchés où se vendaientla laine, les ustensiles de métal et les habits. — Ézochiel, xxvii, 3-34, dans le tableau qu’il trace de l’immensetrafic de Tyr, parle de ses marchés. C’est seulementdans ce chapitre que se lisent les trois motshébreux auxquels on donne le sens de «marché»: markolêf, jꝟ. 24, qui a indubitablement cette signification, Hzzâbon, Ae’dzab, «céder une chose,» et ma^ârdb, de’ârab, «échanger.» Ce dernier mot, auquel Gesenius, Thésaurus, p. 1064, attribue quelquefois le sensde «marché», signifie plutôt oc marchandise», [Image à insérer]

Ezech., xx’ii, 9, 13, 11, 19, 25, 27, 33. Le mot 'izzdbên, Ezech., xxvii, 12, 14, 16, 19, 22, 27, 33, est traduit paraYopâ, «place publique» et «marché», et par <j15(t[tixtov, «assemblage,» dans les Septante, par nundinm, «marché,» forum, «place publique» et «marché», et mercatus, «marché,» dans la Vulgate. Ce sens estdonc à conserver. Cf. Buhl, Gesenius' Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 470, 509. — À Jérusalem, au temps de

16. — Boutique de parfums et de lanternes, dans le bazar du Caire.

D’après W. Lane, Manners

and Customs of the modem Egyptians, 1836, t. a, p. il.

Notre-Seigneur, les marchands qui vendaient les victimeset les changeurs s'étaient établis, avec la connivence desgrands-prêtres, à l’intérieur même du parvis des gentils, faisant ainsi de la «maison de prière» un marchéet une «caverne de voleurs». Par deux fois, NotreSeignour les en chassa. Joa., H, 14-16; Malth., xxi, 12, 13. Voir Commerce, t. ii, col. 887-889; Foire, t. ii, col. 2298. Sur les mots àfopa, forum, employés dans lesens de «marché», Marc, vii, 4, voir Agora, t. i,

col. 275; Forum, t. ii, col. 2328.

H. Lesêtre.

    1. MARCHESCHVAN##

MARCHESCHVAN, huitième mois de l’année juivedans le calendrier emprunté par les Hébreux aux Babyloniens pendant la captivité. Il répond au mois phénicien de Bûl. Voir Bul, t. i, col. 1071. fTtfmD n’est que

la transcription hébraïque du mot assyrien ara)}, Samnu, «mois huitième» par lequel les Assyriens eux-mêmesdésignaient ce mois. Il y avait une grande affinité deprononciation en assyrien et surtout en babylonien

entre le J et le D qui permutaient souvent dans l'écriture. Voilà pourquoi le J de ira, racine de arhu, «mois,» a été rendu en hébreu par D, tandis que le o de jdtt, racine de samnu, «huitième,» a été rendu par fcomme kislimu par kislev, etc. — Le nom de marcheschvan n’est pas employé dans la Bible; pour désignerce mois elle se ser^ du nom de Bûl ou de l’expressionhôdes haS&emînî qui signifie également «le mois huitième», III Reg., vt, 38, mais qui n’a pas comme marcheschvan la valeur d’un nom propre. On trouve le mot

marcheschvan en caractères hébraïques, fiimic (merahsevan), dans un document araméen de 66-70 de notreère, Roll of Fasts, dans G. Dalman, À ram. Dialectproben, 1896, n. 2 et p. 32; plus tard dans Josèphe, Ant.jud., i, iii, 3, sous la forme Mapa-ouivvjç, et dans le Talmud, par exemple Rosch hasch. ll b. Cf. Muss-Arnolt, The names of the assyrbbabylonian Months, dans leJournal of biblical Literature, xi «année, p. 160-176; Levy, Neuhebraïsches und Chaldâisches Wôrterbuchùber die Talmudim, Leipzig, 1876; Levy, ChaldâischesWôrterbuch ùber die Targumim, Leipzig, 1867.

F. Martin.

    1. MARCIANUS##

MARCIANUS (CODEX). Ce manuscrit grec oncial des quatre Évangiles, autrefois appelé Nanianus, du nom d’un précédent propriétaire, cf. Mingerelli, Grseci codices manuscripti apud Nanios asservati, Bologne, 1784, p. 1, appartient maintenant à la bibliothèque Saint-Marc de Venise, où il est coté I, VIII. Lescribe, qui vivait au ix «ou au xe siècle, bien qu’il affecteune écriture plus archaïque et cherche à éviter le stylepenché de l'époque, se trahit par une imitation assez, maladroite et par certaines lettres comme A, K, qui onttous les caractères de la décadence. Mûnter copia des.extraits de ce codex pour Birch, Scholz le parcourut, Tischendorf en 1843, et Tregelles en 1846 le collationnèrent. Il est désigné en critique par la lettre U. VonSoden l’appellee 90. D’après Gregory, Textkrilik, 1900, p. 76, le texte serait syrien. Scrivener, Introduction^4e édit., 1894, en donne un fac-similé, planche ix, n» 22.

F. Prat.

    1. MARCKIUS##

MARCKIUS, DE MARK Jean, érudit calviniste, né à Sneck dans la Frise, le 10 janvier 1656, mort àLeyde, le 30 janvier 1731. Il étudia à l’université deFranèker, puis à celle de Leyde où il termina son coursde théologie. En 1675, il devint ministre de Midlum, près de Harlingue. Le 28 juin de l’année suivante, il sefaisait recevoir docteur en théologie à Franèker et yobtenait une chaire. Après avoir enseigné quelque temps*dans cette université, puis à GroniDgue, il alla à Leydeen 1689, où il professa la théologie et l’histoire ecclésiastique. Parmi ses écrits, on remarque: Analysis exegetica capitis lui Jesaise in qua complura vaticinia d(rMessia illustrantur: accedit mantissa observationumtextualium, in-12, Groningue, 1687; Commentariusin Apocalypsim S. Joannis, seu analysis exegetica, in-4°, Amsterdam, 1689; Textuales exercitationes ad l, selecta loca Veteris et Novi Testamenti… Accedit Dissertatio de débita Sacrarum Scripturarum veneratione, in-4°, Amsterdam, 1694; InHoseam commentarius, seuanalysis exegetica qua hebreus textus cum versionibusconfertur, vocum et phrasiwn vis indigatur, rerumnexus monstratur et in sensum genuinum cum examine variarum interpretationum inquiritur. Diatribeannexa est singularis de accipienda uxore et lïberisfornicationum, in-4°, Amsterdam, 1696; Exercitationes: exegeticse ad L selecta loca Veteris et Novi Testamenti fin-4°, Amsterdam, 1697, ouvrage différent de celui paruen 1694; Commentarius, seu analysis exegetica in pro~phetas Joelem, Hamosium, Hobhadiam, et Jonam, in-4°>, Amsterdam, 1698; Commentarius seu analysis exegeticain prophetas Micham, Nahumum, Habhakkukum, etTsephaniam, in-4°, Amsterdam, 1700; Commentarius

seu analyste exegetica in prophetas Haggxum, Zachariam et Malachiani, 2 in-4°, Amsterdam, 1700; Commentarius seu analyste exegetica in Canticum Shelomonis; annexæstetiamanalysisexegeticaPsalmiXLV>in-4°, Amsterdam, 1703; Htetoria Paradisi illustratalibrte quatuor, quibus non tantutn loci istius pleniordescriptio exhibetur, sed et hominte integritas, lapsusac prima restitutio declarantur secundum Genesioscapita H et iii, in-4°, Amsterdam, 1705; ExercitationesBiblicse ad l loca Veteris et Novi Testamenti, 2 in-4°, Amsterdam, 1706-1707; Scripturarise exercitationesad xxv selecta loca Veterte Testamenti, in-4°, Amsterdam, 1709; Scripturarise exercitationes ad xxv selectaloca Novi Testamenti, in-4°, Amsterdam, 1710; In prsecipuas quasdam partes Pentateuchi commentarius, in-4°, Leyde, 1713; Fasciculus dissertationum philologico-exegeticarum ad seleclos textus Veteris Testamenti, 2 in-4°, Leyde, 1725 et 1727. — Voir Wessel, Oratio funebris in obitum J. Marchii, in-4°, Leyde, 1731; Paquot, Mémoires pour servir à Vhist. littéraire

des Pays-Bas, t. ii, p. 339.

B. Heurtebize.

    1. MARDOCHAI##

MARDOCHAI (hébreu: Mordekai; Septante: Map60-/ «! o; ), Israélite captif à Babylone qui revint en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 2. Son nom est en hébreule même que celui de Mardochée, l’oncle d’Esther.

1. MARDOCHÉE (hébreu: Mordekai: Septante: MapSoxaïo; ; Vulgate: Mardocheeus), cousin (oncle, d’après la Vulgate) et tuteur d’Esther. Esth., ii, 7. Sonnom n’est pas hébreu. Comme le nom babylonien Mardukêa, il paraît dérivé de Marduk, le dieu de Babylone.Voir Mérodach. Mardochée appartenait à la tribu deBenjamin. Esth., ii, 5. Josèphe, Ant. jud., XI, vi, 2, dit qu’il était un des princes de la nation. Il avait faitpartie de la même déportation que le roi Jéchonias, autemps de Nabuchodonosor, ce qui signifie que la présence de sa famille en pays étranger remontait à cetteépoque; car Jéchonias avait été déporté en 596, et lesévénements auxquels fut mêlé Mardochée se passaientvers 478, par conséquent 120 ans après. Voir Assiiérus, t. i, col. 1143; Esther, t. ii, col. 1973. Il habitait àSuse, capitale de l’empire des Perses. Il avait unecousine, nommée Edissa ou Esther. Celle-ci étant devenueorpheline, il s’en fit le tuteur. C’est donc sur son ordreou au moins avec son consentement qu’Esther se présenta à l’eunuque Egée, chargé de recruter des jeunesfilles pour le harem de Xerxés. C’est lui encore qui luidéfendit de parler de sa nation et de sa patrie. Chaquejour, Mardochée se promenait devant la cour de lamaison des femmes, pour veiller sur le sort d’Estheret savoir ce qui lui arriverait. Esth., ri, 5-11.

Quand Esther eut été accueillie favorablement parXerxés et élevée à la dignité de reine, Mardochée continua à se tenir aussi près d’elle que possible, «à laporte du roi,» c’est-à-dire à la porte extérieure dupalais, au pied du donjon (voir le plan du palais, t. ii, fig. 607, col. 1974), et il trouvait le moyen de communiquer avec elle, par l’intermédiaire des eunuques oudes servantes. Pendant qu’il se tenait à cette porte, deux eunuques, Bagathan et Tharès, qui étaient préposés à sa garde et que le grec appelle àpxKrcaiiaToçiXçxèç, officiers gardes du corps, formèrent le complot demettre le roi à mort. Mardochée surprit leur secret, cequ’il put parfaitement faire sans l’intermédiaire del’esclave Barnabaze, que Josèphe, Ant. jud., XI, vi, 4, introduit ici, on ignore d’après quelle donnée. Il le fitconnaître à Esther, et celle-ci en informa le roi, de lapart de Mardochée. Après enquête, les deux coupablesfurent pendus, et le fait consigné dans les annalesroyales. Esth., II, 20-23.

Cependant Xerxés prit pour premier ministre Aman, originaire d’Agag, en Médie. Voir Ac AGITE, 1. 1, col. 260;

Aman, t. i, col. 433. Sur l’ordre du roi, les serviteursqui se tenaient à la porte du palais devaient fléchirle genou devant lui et l’adorer, c’est-à-dire porterle front jusqu'à terre. Voir Adoration; t. i, col. 234.Hérodote, vil, 136, raconte que les ambassadeurs lacédémoniéns, venus à Suse, se refusèrent à rendre pareilhonneur à Xerxés lui-même, en alléguant qu’ilsn’adoraient pas un homme. Mardochée fit comme eux, et bien qu’il se tint habituellement à la porte du palaiset qu’on le connût comme Juif, il persista à resterdebout au passage d’Aman. Celui-ci finit par en êtreinformé. Sa colère s'étendit à toute la race juive, àlaquelle appartenait celui qu’il regardait comme soninsulteur, et il obtint du roi un décret ordonnant qu'àun jour donné tous les Juifs de l’empire fussent exterminés et leurs biens pillés. Esth., iii, 1-15.

A cette nouvelle, Mardochée prit des vêtements dedeuil, fit éclater sa douleur sur la place de la ville et, en poussant des gémissem*nts, vint jusqu’aux portesdu palais, mais sans entrer dans la cour, ce qui ne luiétait pas permis avec son costume de deuil. Les suivanteset les eunuques d’Esther, habitués à voir Mardochée, apprirent à la reine en quel état ils l’avaient aperçu.Celle-ci lui envoya aussitôt un vêtement, sans doute pourqu’il pût pénétrer dans la cour du palais et arriver plusprès d’elle, personne du reste n'étant autorisé à entrerdans le harem. Mardochée ayant refusé le vêtement, Esther envoya près de lui son eunuque particulier, Athach, pour en savoir la cause. Mardochée révéla alorsà celui-ci le projet d’Aman, lui remit pour la reine unecopie du décret royal déjà affiché à Suse et lui dit derecommander à Esther d’intervenir auprès du roi enfaveur de son peuple. Celle-ci fit répondre que, d’aprèsla loi bien connue du pays, elle ne pouvait se présenterdevant le roi sans être appelée, sous peine de mortimmédiate. Mardochée lui renvoya dire que, sa vie étanten danger comme celle de ses concitoyens, elle devaitprofiter de sa dignité royale pour tenter d’assurer lesalut commun. Esther consentit à se dévouer, maiselle voulut que tous les Juifs se préparassent avec elleà son audacieuse tentative par un jeûne de trois jours.Tout ce dialogue entre Mardochée et sa nièce eut lieupar intermédiaire, comme l’imposait la conditiond’Esther. Hérodote, iii, 68, 69, rapporte un dialogue, par intermédiaire d’eunuques, entre Otanès et sa fillePhédyme, épouse de Cambyses, pour arriver à ladécouverte du faux Smerdis. Des deux côtés, le procédéemployé est tout à fait le même. Cf. M. Dieulafoy, L’Acropole de Suse, Paris, 1892, p. 369-370.

Le troisième jour, Esther se présenta devant le roi, fut reçue favorablement, invita le roi à un festin avecAman et lui fit agréer semblable invitation pour lelendemain. Cependant Aman, en sortant de chez lareine, aperçut assis à la porte du palais Mardochée, qui ne fit pas le moindre mouvement à son passage.Profondément irrité, Aman fit préparer une potencehaute de cinquante coudées pour y pendre son ennemi.Le lendemain matin, il se rendit au palais pour obtenirdu roi la condamnation désirée. Mais, pendant la nuit, Xerxés n’avait pu dormir. Il s'était fait lire les annalesroyales et, ayant appris que Mardochée n’avait reçuaucune récompense pour la dénonciation du complotde Bagathan et de Tharès, il consulta Aman sur leshonneurs à rendre à quelqu’un que le roi voulait récompenser. Aman s’imagina qu’il était question de lui. Ildonna ses conseils en conséquence. Lui-même aussitôtfut chargé de rendre ces honneurs à Mardochée. Onrevêtit ce dernier d’un vêtement porté par le roi, on lefit monter sur un cheval monté par le roi, on lui mitsur la tête une couronne royale, et Aman dut le précéder sur la grande place de la ville en criant: «Il méritecet honneur, celui que le roi a voulu honorer.» Hérodote, iii, 84; vii, 116, mentionne les robes modiques

que les rois de Perse donnaient à ceux qu’ils voulaienthonorer. Actuellement encore, une pelisse de cachemiredéjà portée par le chah est, en Perse, la suprêmerécompense accordée à ses serviteurs. Cf. Dieulafoy, L’Acropole de Stise, p. 384. Hérodote, iii, 140-141, raconteaussi une anecdote qui rappelle d’assez près le cas deMardochée. Un Grec de Samos, Syloson, avait jadisdonné son manteau à Darius. Quand celui-ci fut devenuroi, Syloson vint à Suse, s’assit au vestibule du palais, et finit par dire aux gardes qu’il avait autrefois obligéDarius. Appelé par celui-ci, il lui demanda l’indépendancede Samos, sa patrie, et il l’obtint. Il dut être trèshumiliant pour Aman de promener en triomphe leJuif Mardochée, alors que le décret d’extermination desJuifs était affiché depuis plusieurs jours dans la villeet connu de tous. On s’est même demandé commentXerxès, qui avait porté ce décret, put ensuite décernertant d’honneurs à Mardochée. Rien n’est plus conformeau caractère du monarque que cette contradictionapparente. Un jour qu’il naviguait sur un vaisseauiphenicien pour passer de Grèce en Asie, une tempêtes’éleva et le pilole déclara à Xerxès que le vaisseau allaitsombrer, parce qu’il portait trop de passagers. Un bonnombre de Perses se dévouèrent alors et se jetèrent àla mer. Quand on eut atteint la côte d’Asie, le roidonna une couronne d’or au pilote pour l’avoir transportésain et sauf, puis il lui fit couper la tête pouravoir causé la mort d’un grand nombre de Perses. Cf.Hérodote, viii, 118. Il se peut donc très bien qu’il aitprocédé de même vis-à-vis de Mardochée; prévoyantqu’il allait périr bientôt en vertu du décret, il se hâtade le récompenser au préalable. «Hâte-toi,» avait-ildit à Aman. Esth., vi, 10.

La femme du ministre et ses amis jugèrent de fortmauvais augure ce qui venait de lui arriver. En effet, dans le festin qui suivit, Esther fit sa dénonciation, quibouleversa l’esprit de Xerxès. Ce dernier se retira dansTe parc, songeant peut-être à l’impossibilité de revenirsur un décret royal. Quand il revint dans la salle dufestin, il aperçut Aman penché sur le lit de la reine pourimplorer sa grâce. Il crut qu’il voulait faire violence àEsther et en manifesta son indignation. On couvritaussitôt le visage d’Aman, comme celui d’un condamné, et un eunuque ayant parlé de la potence de cinquantecoudées dressée pour Mardochée, le roi y fit aussitôtpendre son ministre. Esth., vii, 1-10. -Aman périt ainsipour un crime de lèse-majesté qu’il n’avait pas commis, mais bien digne de mort pour le massacre qu’il préparait.Cf. Dieulafoy, L’Acropole de Suse, p. 385-389.

Le même jour, Mardochée fut admis à l’audience deXerxès. Esther apprit au roi qu’il était son parent.Alors le roi remit à Mardochée l’anneau qu’il avait jadisconfié à Aman, et à l’aide duquel ce dernier avait scelléle décret prescrivant l’extermination des Juifs. Esth., m, 10, 12. De son côté, Esther mit son parent à la têtede sa maison, c’est-à-dire de la maison d’Aman, que leroi venait de lui donner. Mais le plus important restaità faire. Il fallait conjurer l’effeî du décret précédemmentporté contre les Juifs de l’empire. On sait que, chez les Perses, il était de règle absolue de ne jamaisrevenir sur un ordre royal. Cf. Dan., vi, 8, 9, 12, 15; Hérodote, ix, 108; Dieulafoy, dans la Revue des étudesjuives, Paris, 1888, p. 269. Il fallait donc prendre unautre moyen pour préserver les Juifs. Aussi Estheraffecte-t-elle d’attribuer à Aman les lettres qui ordonnentl’extermination. Esth., viii, 5. Le roi, se vantant alorsd’avoir fait pendre Aman à cause de sa violence contreles Juifs, dit à Mardochée d’envoyer d’autres lettresscellées de son anneau. Le nouveau ministre se gardabien de contrevenir à la loi irrévocable du royaume. Ilfit rédiger par les secrétaires royaux de nouvelleslettres, adressées aux cent vingt-sept satrapes de l’empireperse, libellées dans la langue propre à chaque province

destinataire, et scellées avec l’anneau royal. Le treizièmejour du mois d’adar avait été designé par Aman pour lemassacre des Juifs. Esth., iii, 13. Les satrapes reçurentl’ordre de faire rassembler les Juifs de chaque ville afinque tous ensemble puss*nt se défendre au jour marquéet, au besoin, exterminer leurs ennemis. Ainsi le précédentdécret restait en vigueur. Mais les Juifs, maintenantcouverts par la faveur royale, étaient en mesurede faire face à leurs persécuteurs. Mardochée sortit dupalais avec la couronne d’or et les insignes de sa nouvelledignité. On s’en réjouit à Suse et une ère de sécuritéet de prospérité s’ouvrit pour les Juifs. Esth., viii, 1-15. Le treizième jour d’adar arrivé, les Juifs, soutenuspar les autorités locales, tinrent tête à leurs ennemis.A Suse, ils en tuèrent cinq cents, et le lendemain, à lademande d’Esther et sur l’autorisation du roi, troiscents autres. Les dix fils d’Aman furent pendus. Dansles provinces, il y eut 75 000 morts. Le texte sacréremarque par deux fois que les Juifs ne touchèrent pasaux richesses de leurs victimes, bien qu’Aman eût stipuléle pillage de leurs propres biens. Mardochée écrivitensuite le récit de ce qui s’était passé; il l’envoya auxJuifs des provinces et régla que le quatorzième et lequinzième jour d’adar seraient désormais pour les Juifsdes jours de réjouissance nationale, en souvenir dupéril auquel ils avaient échappé. Esth., ix, 20-23.

Mardochée resta premier ministre de Xerxès, Esth., x, 3, mais on ne sait pas combien de temps. Gilmore, The Fragments of the Persika of Ctesias, Londres, 1888, p. 153, a conjecturé qu’il pourrait être identifiéavec Matacas, que Xerxès chargea d’aller piller letemple de Delphes. Cf. Ctesias, Persica, 27. La conjectureest à rejeter, le pillage du temple de Delphes ayanteu lieu avant l’arrivée de Mardochée au pouvoir. VoirAssuÉRtis, t. i, col. 1143. Les événements racontés aulivre d’Esther eurent lieu au plus tôt en 479, et Xerxèsfut assassiné en 465. Étant donné le caractère fantasquedu monarque, il est douteux qu’Esther soit restée enfaveur auprès de lui jusqu’à la fin et que Mardochée aitconservé sa fonction pendant’sept ou huit ans. Sur letombeau d’Esther et de Mardochée à Ecbatane, voirEcbatane, t. ii, col. 1532. — Cf. Oppert, Commentairehistorique et philosophique du livre d’Esther d’aprèsla lecture des inscriptions perses, dans les Annales dephilosophie chrétienne, Paris, janvier 1864; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 6e édit., t. iv, p. 621-670; Les Livres Saints et la critique ralionalis

te, Paris, 5e édit., t. iv, p. 599-611.

H. Lesêtre.

2. MARDOCHÉE (JOUR DE), nom de la fête desPhurim dans II Mach., xv, 37. Voir Phurim.

    1. MARES##

MARES (hébreu: Mérés; omis dans les Septante), un des sept conseillers d’Assuérus (Xerxès I er), roi dePerse. Esth., i, 14. On a rapproché son nom du sanscritméréS, «digne.»

    1. MARÉSA##

MARÉSA (hébreu: Marêéâh; Marê’sâh), nom d’unou de deux Israélites et d’une ville de la tribu de Juda.

1. MARÉSA (Septante: Mapiaà), fils aîné de Caleb(voir Caleb 2, t. ii, col. 58), frère de Jéraméel, de latribu de Juda, d’après les Septante. D’après l’hébreu etla Vulgate, le fils aîné de Caleb fut Mêsâ’, Mésa, qui estdonné comme le père de Ziph, tandis que pour lés traducteursgrecs, qui ne nomment pas Mésa, c’est Marésaqui est le père de Ziph. Les trois textes portent ensuite: «Et les fils de Marésa, père d’Hébron;» et filii Maresapatris Hebron. La phrase est incomplète et il est malaiséde la comprendre et de rétablir la leçon primitive. Parmiles nombreuses hypothèses qu’on a imaginées pourrésoudre la difficulté, aucune n’est pleinement satisfaisante.

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MARÉSA

MARIAGE

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2. MARÉSA (Septante: Maptsct), fils de Laada, de latribu de Juda, descendant de Séla. I Par., iv, 21. Lesuns voient en Marésa un nom d’homme, qui, d’aprèsquelques commentateurs, ne serait pas différent de Marésa1. D’autres pensent que les mots du texte: «Laada, père de Marésa,» signifient que Laada fondaou restaura la ville de Marésa.

3. MARÉSA (Septante: tantôt Mapttra, tantôt Mapinoâ ettantôt Mapitrrj), ville de la tribu de Juda, dans la plaine desPhilistins ou Séphéla.

1° Description. — Mentionnée avec Céila (Khirbet Qfyâ, t. ii, col. 387) et Achzib (Aïn el-Kezbéh, t. i, col. 136), Marésa est la dernière nommée du troisième groupe dela plaine. Jos., xv, 44. Eusèbe et saint Jérôme la placentà deux milles d’Éleuthéropolis (Beit Djibrin), Onomaslicasacra, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 276, 277.C’est le Khirbet Mer’asch actuel, au sud-sud-ouest deBeit Djibrin, au nord-est de Lachis. Voir la carte deJuda, t. iii, col. 1756. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 262. «[II] s’étend sur une collineoblongue et peu élevée, aujourd’hui hérissée de broussailleset notamment de lentisques. La ville dont ceKhirbet présente les restes débordait, en dehors decette colline, dans la plaine adjacente. Des amas confusde pierres, des silos, des cavernes et des excavations enforme d’entonnoirs renversés, voilà tout ce qui reste del’antique Marésa.» V. Guérin, Judée, I. ii, p. 323.

2° Histoire. — Marésa fut donnée par Josué à la tribude Juda. Jos, , xv, 44. Elle fut rebâtie, d’après quelques-uns, par Laadah. I Par., iv, 21. Voir Marésa 2. Pluslard, elle fut fortifiée par Roboam, pour défendre sonroyaume contre l’invasion menaçante des Égyptiens.II Par., xi, 8. — Lorsque Zara, l’Éthiopien, marcha, sousle second successeur de Roboam, Asa, contre le royaumede Juda, il arriva jusqu’à Marésa avec sa nombreusearmée. Asa l’attaqua dans la vallée de Séphata, qui estvoisine de cette ville, le battit et le poursuivit jusqu’àGêrare. II Par., xiv, 9-15. — Depuis cette époque jusqu’autemps des Machabées, Marésa n’est nommée dansl’Écriture que. deux fois; une première fois comme lapatrie du prophète Éliézer, fils de Dodaû, qui annonçaà Josaphat que Dieu avait brisé les navires qu’il avaitpréparés pour aller à Tharsis, à cause de son allianceavec Ochozias, roi d’Israël. II Par., xx, 37. — Marésa estnommée la seconde fois dans la prophétie de Michée.i, 15, parmi les villes de la plaine des Philistins qu’ilmenace de la colère de Dieu, si elles ne se convertissentpas. Faisant un jeu de mots sur son nom, comme surcelui des autres villes qu’il énumère, il dit: «Je t’amèneraiun nouveau possesseur (yôrês), habitant de Marésa{rnaréSâh, possession).» — Sous les Machabées, Marésaétait tombée au pouvoir des Iduméens. Josèphe, Ant.jud., XIII, ïx, 1. Judas Machabée la ravagea dans sonexpédition contre Azot. Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 6; cf. I Mach., v, 65-68. Au ꝟ. 66, Josèphe et l’ancienneItalique lisent Marésa, au lieu de Samarie, et leur leçonparaît être la véritable. Voir Reland, Palxstina, 1714, p. 889. Mais ce ne fut qu’une razzia; Marésa ne demeurapas au pouvoir des Juifs et Gorgias, battu par Judas, s’y réfugia peu de temps après. II Mach., zu, 35. VoirGorgias, t. iii, col. 277 (165 avant J.-C). Elle resta sousla domination syrienne jusqu’à Jean Hyrcan I er, qui s’enempara vers l’an 110 avant J.-C, et obligea les habitantsà se soumettre à la circoncision. Josèphe, Ant. jud., Xlll, ix, 1; x, 2 (il appelle la ville Màpido-à). Voir Jean 4, t. iii, col. 1155. Sous le règne d’Alexandre Jannée(106-79 avant J.-C), elle était toujours sous la dominationjuive. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 4. Pompée luirendit son indépendance l’an 63 avant J.-C. Ant. jud., XIV, iv, 4; Bell, jud., i, vii, 7. Le proconsul Gabiniusla fortifia. Ant. jud., XIV, v, 3; Bell, jud., VIII, iv; mais elle fut détruite par les Parthe3, alliés avec Antigone, quand ils envahirent la Palestine du temps d’Hérode, en l’an 40 avant J.-C; Ant. jud., XIV, xiii, 9; Bell, jud., I, xiii, 9, et elle ne se releva plus de ses ruines.

F. Vigouroux.

    1. MARETH##

MARETH (hébreu: Ua’àrath; Septante: Moq-apw6), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 59 (58). Elle fait partiedu quatrième groupe des villes de la «montagne» et est nommé entre Gédor (voir Gédor4, t. iii, col. 152)et Béthanoth (t. i, col. 1633). On a proposé d’identifierMareth avec le Beit Vmmar actuel, petit village à unkilomètre et demi de Gédor (Khirbet Djedùr). Il est traversépar une route ancienne. Dans le voisinage est unesource de bonne eau appelée’AinKûfin. Cf. Survey ofWestern Palestine, Memoirs, t. iii, p. 303. Beit Vmmarlai-même, situé sur une montagne, n’a ni puits ni citernes.V. Guérin, Judée, t. iii, p. 298, 379. On ne saitrien de l’histoire de Mareth.

MARI (hébreu: ’îs, ba’al, gébér; Septante: âv^p; Vulgate: maritus, vir), celui qui est uni à une femmepar le mariage. Dans plusieurs passages, Gen., xvi, 2; xxx, 1, 9; xxxviii, 14; xxxix, 16; Jud., xii, 9, la Vulgateajoute le mot maritus absent du texte hébreu. — 1° Lesdroits et les devoirs du mari concernent la famille qu’ila à gouverner, voir Famille, t. ii, col. 2171-2173; lafemme qu’il choisit ou que ses parents choisissent pourlui, voir Fiançailles, t. ii, col. 2230-2231, qu’ensuite ilépouse et doit traiter avec affection et égards, Esth, , i, 17, 20; Tob., x, 13; I Cor., vii, 2-39; xi, 9-12; Eph., v, 22-33; Col., iii, 18, .19; I Pet., iii, 1-7, voir Mariage, Noce; qu’il pouvait être amené à soupçonner légitimement, Num., v, 12-31, voir Eau de jalousie, t. ii, col.l522; avec laquelle il pouvait divorcer sous l’ancienneloi, Lev., xxi, 7; Deut. xxiv, 2, mais non sous la nouvelle, Marc, x, 2; Luc, xvi, 18; Rom., vii, 2, 3, voir Divorce, t. ii, col. 1448-1453, et dont il autorisait les vœux, Nuin., xxx, 7-16, voir Vœu; les enfants, voir Éducation, t. ii, col. 1595-1598; Enfant, t. ii, col. 1788-1790; les biensde la famille, voir Dot, t. ii, col. 1496-1497; Héritage, t. iii, col. 610-611, etc. Au mari appartenait le droit derégler l’amende infligée à ceux qui avaient causé l’accouchementprématuré de sa femme. Exod., xxi, 22. — Enraison de son alliance avec la nation d’Israël, le Seigneurdit qu’après sa conversion elle ne l’appellera plusba’âlî, «mon maître,» mais’îsî, «mon mari.» Ose., ii, 9, 18 (Vulgate, 7, 16). — 2° C’est en lui donnant desenfants que la femme s’attachait le cœur de son mari.Gen., xxix, 34; xxx, 20. Mais quand la femme était stérile, le mari avait beau lui dire: «Ne vaux-je pas mieuxpour toi que dix fils?» 1 Reg., i, 8, elle n’en était pasconsolée. — Quand la reine Vasthi eut refusé de paraîtreau banquet où l’appelait Assuérus, les courtisansprétendirent que cet exemple serait fatal à la suprématiemaritale. Ils déterminèrent aisément leur fantasquemaître à publier un édit irrévocable pour répudierVasthi, et ordonner que toutes les femmes rendissenthonneur à leur mari, depuis le plus grand jusqu’au pluspetit et que tout homme fût le maître dans sa maison.Esth., i, 17-20. Cette prescription, qui relève avant toutde la loi naturelle et divine, a été rappelée par les Apôtres.I Cor., xi, 9; Eph., v, 22, 24; Col., iii, 18; I Pet., m, 1. — Saint Joseph est formellement appelé le maride la Très Sainte Vierge. Matth., i, 19. — Notre-Seigneurdit à la Samaritaine d’appeler son mari et ajoutequ’elle a eu cinq maris, et que l’homme avec qui ellevit maintenant n’est pas le sien. Joa., iv, 16-18. Elleavait été séparée successivement de ses cinq maris soitpar la mort, soit par le divorce, et maintenant elle vivait

irrégulièrement.

H. Lesêtre.

    1. MARIAGE##

MARIAGE, union légitime de l’homme et de lafemme. — La Bible hébraïque ne renferme aucun motpour désigner le mariage; on trouve seulement hâfun759

né, νυμφρεύσις, desponsatio, Cant., rx, 11, qui se rap- '

porte ἃ la célébration du mariage, aux noces. Le mariageest appelé, dans le grec du Nouveau Testament, γάμος» et dans la Vulgate: conjugium, connubium, matrimonium. Les expressions suivantes, se rapportant au ma-riage, se lisent dans la Bible: Adfan, yau6peuetv, ἐπιγαμ-δρευεῖν, jungere connubium, sociare conjugium, «don-ner une fille à marier;» nüsd ‘ifädh, yuvaixa ἐχεῖν, uxorem ducere, habere in conjugio; lägah ᾿δδάξ, λαμδανεῖν γυναῖκα, accipere uxorem, ou simplementπάξα᾽, λαμδανεῖν, ferre, 1 Esd., 1x, 2, «prendre fem-me, ὃ se marier; δά αἱ, συνοίκιϑεσθαι, dormire cum, «se marier;» γαμεῖν, γαμῆσαι, nubere, «se marier;» yauitw, matrimonio jungere, «marier.» — On appellele mari: hdfän, νυμφίος, sponsus; ba‘al, «16 maître,» ἀνήρ, Mnaritus, et une fois, avec fe pluriel de majesté, bo‘älayik, «ton mari,» κύριος, dominabitur, Is., Liv, 5; δ, «l’homme,» par opposition à l'épouse, ἀνήρ, vir; gébér, avec le même sens, ἀνήρ, vùr; — l'épouse: be‘ü-Läh, γυνή, wxor, ou be‘üla ba‘al, συνῳκηκυῖα àvôp! , ha-Lens virum, l'épouse, celle qui est sous la puissance d’unmari; ‘#$8dh, «la femme,» par opposition au mari, γυνή, uæor; häbérét et lebüë, γυνή, uxor, Mal., τι, 44, 15; fiddäh, «Yépouse,» Eccle., τι, 8, d’après beaucoupde modernes; les versions anciennes ont traduit ce mot, qui ne se lit que dans ce passage, dans un tout autresens: Septante: οἰνοχόον xat οἰνοχόας, «échansons(hommes) et échansons (femmes);» Vulgate: scyphoset urceos in ministerio ad vina fundenda, «des coupeset des cruches pour servir à verser le vin;» fibbä'êl, μισητή γυνή, in Mmatrimonium assumpta, «la femmemariée;» Ségal, l'épouse royale, βασίλισσα, regina, uxor; — les conjoints, γεγαμηκότες, matrimonio juncti. Pourles autres relations de famille créées par le mariage, voir PARENTÉ.1. DANS L’ANCIEN TESTAMENT. — 1. AU PARADIS TER-_ RESTRE. — Dieu créa d’abord le premier homme, maiscomme un être qui n’était pas appelé à vivre seul; carDieu dit: «ΤΠ n’est pas bon que l’homme soit seul, je luiferai une aide semblable à lui.» Gen., ii, 18. Cette aidene se trouvait pas parmi les êtres déjà créés. Dieu la fitdonc, en se servant d’une partie du corps d’Adam, pourbien marquer l’identité de nature et en même tempsla dépendance de la femme vis-à-vis de l’homme, I Cor., ΧΙ, 8, et il présenta Êve à celui qui allait devenir sonépoux. Adam reconnut en elle «l’os de ses os et la chairde sa chair», c’est-à-dire un être tout semblable à lui ettiré de lui par la puissance du Créateur. Puis, sousl’inspiration de Dieu, il formula en ces termes la loidu mariage: «L’homme quittera son père et sa mêre etil s’attachera à sa femme, et à eux deux ils ne serontqu’une seule chair.» Gen., 11, 24. Il importe peu, aupoint de vue de la question du mariage, que cette for-mule soit d’Adam lui-même ou de l'écrivain sacré; danslun et l’autre cas, elle représente la pensée de Dieu etconstitue la Hoi du mariage. Ainsi, d’après l’institutiondivine, le lien qui attache l’homme à son épouse est plusétroit et plus impérieux que celui qui l’attache à ses pa-rents. L’homme doit quitter ces derniers pour s’attacherà sa femme. Cette attache est exprimée par le mot débag, qui s’emploie pour marquer une nnion intime, de cœuret de volonté, à Dieu, Deut., x, 20, à des personnes trèschères, Ruth, π, 8, 21, à la Loi, Ps. cxix (cxvint), 34, etc. L’effet de cette attache intime est indiqué par lesmots: «Eux deux ne seront qu’une seule chair,» nonseulement par origine, puisque le corps de la femme ἃété tiré du corps de l’homme, mais encore par destination, de sorte qu’on ne puisse séparer l’homme de la femmesans une opération barbare, comme celle qui consiste àtrancher la chair de quelqu’nn. Cꝟ. 5. Jean Chrysostome, Ir Maith., χιχ, t. Lvin, éol. 597. La traduction de 18Vulgate: «Ils seront deux en une seule chair,» estmoins expressive que le texte hébreu, mieux rendu par

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les Septante: «ils seront deux εἰς σάρχα piav,» ponrformer «nne seule chair». Notre-Seigneur rend ainsi letexte: «Ils ne sont plus deux, mais une seule chair.» Matth., χιχ, 6; Marc., x, 8; cf. I Cor., νι, 16. Dans cettepremière page de son histoire, le mariage apparaîtcomme une institution réclamée par la nature même del’homme, comme voulu et réglé par Dieu, et soumis à ladouble loi de la monogamie et de l’union intime, par-faite et indissoluble entre les époux. L’indissolubilité n’estpas formulée expressément, mais seulement par compa-raison avec le lien filial et par la force même des termesemployés pour caractériser l’union conjugale. Notre-Seigneur dira plus tard à ceux qui rappelleront l’autori-sation du divorce accordée par Moïse: «Au commen-cement, il n’en fut pas ainsi.» Matth., x1x, 8.

I1. À L'ÉPOQUE PATRIARCALE. — Lamech est signalécomme ayant pris deux femmes. Gen., 1v, 18. Il n’estd’ailleurs ni loué ni blämé pour ce fait; on ne peutmême pas affirmer qu’il ait été le premier à pratiquerla polygamie, bien que Tertullien, De exhort. ad cast., 5; De monogam., 4, t. ii, col. 920, 934, l’en accuse.Voir PoLYGAMIE. Noé n’a qu’une femme avant le déluge.Gen., vii, 18; νι, 16. Mais il est probable que beaucoupde ses descendants en prirent plusieurs, selon la cou-tume en pleine vigueur à l’époque d’Abraham. Celui-ciavait épousé Sara; sur la demande de cette dernière, ilfit d’Agar, esclave de Sara, sa concubine, et il en eutIsmaël. Gen., xvi, 2, 15. Les fils que le mari avait d’uneesclave de sa femme étaient regardés comme les fils del'épouse elle-même. Gen., xxx, 4-13. Voir CONCUBIKE, t. nr, col. 906. Le père demandait lui-même une épousepour son fils, sans qu’il paraisse que celui-ci fût consulté.Ainsi procédèrent Abraham pour Isaac, Gen., χχιν, 3-7, 51, 67, Juda pour son premier-né, Gen., xxx viii, 6, etc.Agar fit de même pour Ismaël. Gen., xx1, 21. Il est àremarquer qu’on demandait le consentement de la jeunefille choisie pour épouse. Gen., xxIv, 58. Isaac envoyaJacob en Chaldée pour y prendre lui-même une épouseparmi ses cousines, Gen., xxviii, 2, et celui-ci obtintsuccessivement Lia et Rachel. Gen., xx1x, 23, 30. Bienque Laban l’eût trompé, en lui donnant d’abord Lia aulieu de Rachel, Jacob ne regarda pas cette premièreunion comme invalide. De son côté, Ésaü avait troisfemmes, prises parmi les Chananéennes, Gen., xxxvi, 2, 8; ce choix déplut toujours à Isaac et à Rébecca. Gen., XxvI, 85; xxvII, 46. Abraham, Isaac et Jacob prirentseuls des femmes dans leur pays d’origine; comme Esaü, plusieurs fils de Jacob se marièrent à des étrangères.Gen., xxxvint, 2; χει, 45. L’un des fils de Juda, Onan, fut puni de mort par le Seigneur, comme ayant manqué àla fois à la loyauté prescrite dans le mariage pour quesa fin soit atteinte, et à la coutume du lévirat, qui avaitdéjà force de loi. Gen., xxxviii, 840. En Égypte, Josephfut marié par le pharaon à Aseneth, fille d’un prêtre deOn. Gen., xLt, 45. Il n’eut d’ailleurs ni à la choisir, nià la refuser, Voir ASENETH, t. 1, col. 1082.

IH. DANS LA LÉGISLATION MOSAIQUE. — Moïse dut ré-glementer la question du mariage, si importante pourla constitution de la famille. Les prescriptions législa-tives sur le mariage ont un triple but: rappeler auxHébreux la pureté morale qui doit présider ἃ tous lesactes de la vie, maintenir la vigueur et la fécondité dela race, et enfin détourner le peuple de Dieu des licenceset des abus que se permettaient les autres peuples dansla pratique du mariage. Lev., xvir, 3.

4 Empêchements de parenté. — En règle générale, il est défendu de se marier avec quelqu’un du mêmesang, $e’êr besdrü, «chair de sa chair,» expression quiembrasse à la fois les consanguins et les alliés les plusproches. Lev., xviii, 6. Le dégislateur entre ensuite dansle détail, en visant ordinairement l’union avec les pa-rentes, parce qne c’étaient les hommes qui prenaient lesfemmes en mariage et non les femmes qui prenaient

les hommes. La prohibition était néanmoins valabledans l’un et l’autre cas, et elle portait à la lois surl’union matrimoniale et sur l’union en dehors du mariage.Sont interdits les mariages entre parents et enfantsen ligne directe, Lev., xviii, 7; les mariages d’unhomme avec la femme de son père, c’est-à-dire avec sabelle-mère, même après la mort du père, bien entendu, autrement il y aurait adultère, Lev., xviii, 8; Deut., xxii, 30; xxvii, 20; avec sa sœur, soit celle qui a lemême père et la même mère, soit celle qui a seulementle même père et est née à la maison, soit celle qui aseulement la même mère et est née par conséquent<lans une autre maison, Lev., xviii, 9; Deut., xxvii, 23; avec sa petite-fille, Lev., xviii, 10; avec une sœur néedu même père, mais d’une autre mère, défense quiprécise celle du ꝟ. 9, et ordonne de traiter comme sœurvéritable celle qui n’est pas née de la même mère quele fils, Lev., xviii, 11; avec sa tante paternelle, Lev., xviii, 12; avec sa tante maternelle, Lev., xviii, 13; avecson oncle ou avec la femme de son oncle, Lev., xviii, 14; avec sa belle-fille, Lev., xviii, 15; avec la femme deson frère, Lev., xviii, 16, sauf le cas du lévirat, Deut., xxv, 5-10; voir Lévirat, col. 213; avec la fiile de safemme, unie à un premier mari, ou avec sa petite-fille, ces enfants appartenant légalement au second mari, par suite de la mort du premier. Lev., xviii, 15. Danscette dernière défense est comprise l’union avec la bellemère, formellement indiquée ailleurs. Deut., xxvii, 23.Ces sortes d’unions étaient incestueuses et frappées demort ou d’autres peines graves par la Loi. Voir Incestf, t. iii, col. 864-867. Sur tes conséquences funestes desunions consanguines, voir Surbled, La morale dansses rapports avec la médecine et l’hygiène, Paris, 1892, t. i, p. 245-257.

2° Empêchements temporaires. — Le mariage étaitencore prohibé avec la sœur de sa femme, du vivantde cette dernière; en d’autres termes, malgré la tolérancede la polygamie, on ne pouvait épouser en mêmetemps les deux sœurs, afin d’éviter les rivalités commecelles qui s’étaient produites dans la famille de Jacob.Gen., xxix, 30-31; xxx, 1, 2, 9; Lev., xviii, 18. L’usagedu mariage était défendu pendant tout le temps que lafemme avait ses règles. Lev., xviii, 19. L’union avec unefemme mariée, tant que vivait son mari, ou bien tant qu’ilne l’avait pas répudiée légalement, constituait le crimede l’adultère. Lev., xviii, 20. Voir Adultère, t. i, col.242-245; Divorce, t. ii, col. 1448-1453. Entre cet articlede la Loi et un autre qui défend des actes criminelsopposés à la fin du mariage. Lev., xviii, 22-23, . se litcelui-ci: «Tu ne donneras pas de ta race pour qu’ellesoit consacrée à l’idole Moloch.» Lev., xviii, 21. Cf. Lev., xx, 2. Cette prohibition ne paraît pas ici à sa place, entre deux autres de nature différente. Au lieu de leha-’âbîrlam-Molék, «pour consacrer à Moloch,» les Septanteont lu: lehé"ébid lemélék, Xa-rpeûeiv ôépxovtt, «pourservir au roi.» Au lieu de lam-Molék, «a Moloch,» laversion syriaque a lu lehêlék, par simple substitutiond’un n à un b. Le hêlék est l’étranger qui passe, II Reg., Xli, 4, qui va et vient, d’où un sens qui paraît beaucoupplus naturel pour ce verset, le verbe âbar ayant aussila signification de «laisser aller»: «Ne donne pas detoi-même en t’abandonnant à tout venant,» c’est-à-dire/ne t’unis pas à la première venue. Cf. de HummelauerjIn Exod. et Levit-, Paris, VÊfr; p. 484. Il serait doncici question de la fornicatftmyu’ont la mention vientparfaitement à sa placé dansPlet contexte. Cette explicationest néanmoins fort tfbdtéuse. Voie Fornication, t.ii. col. 2314-2317.

3° Mariages avec les étrangers. — Il était défendude contracter mariage entre Isràéliter et Chananéens.Exod., xxxiv, 15, 16; Deut., vii, 3, 4. Les unions entreIsraélites et Ammonites ou Moabites entraînaient l’exclusionde la société israélite pour les délinquants et

toute leur postérité. Deut., xxiii, 3. Les mariages avecles Édomites et les Égyptiens étaient tolérés, mais l’admissionde la descendance dans la société israélite nepouvait avoir lieu qu’à la troisième génération. Deut., xxm, 7, 8.

4° Mariages avec des esclaves. — Quand un Hébreu, acheté comme esclave, avait reçu une épouse de lamain de son maître, il recouvrait sa liberté à la septièmeannée et pouvait se retirer; mais la femme etles enfants restaient la propriété du maître, à moinsque le libéré consentit à demeurer en qualité d’esclavevolontaire. Cet article suppose que la femme étaitétrangère, autrement elle aurait recouvré sa liberté dansles mêmes conditions que son mari; il suppose égalementque le mariage était rompu par le fait même, et l’on conçoit que si le mari préférait sa liberté à sonépouse, c’est qu’il n’avait pas grande affection pourcette dernière, peut-être imposée plus ou moins par lemaître. Exod., xxi, 4-5. L’Hébreu qui achetait unejeune fille israélite pour en faire son esclave, avait lafaculté soit de l’épouser lui-même, soit de la fiancer àson fils. Si, après les fiançailles, la jeune esclave n’étaitgardée ni par l’un ni par l’autre comme épouse, ilfallait lui rendre la liberté et la renvoyer honorablement.Exod., xxi, 7-9. Celui qui avait saisi à la guerreune captive, pouvait en faire ensuite son épouse, pourvuqu’elle ne fût pas Chananéenne. Il devait lui laisserd’abord tout un mois pour pleurer ses parents, et si, après qu’il l’avait épousée, elle lui déplaisait, il devaitla renvoyer libre. Deut., xxi, 10-14.

5° Mariages avec une jeune fille séduite. — Celufquipersuadait à une jeune fille, encore libre, de s’unir à lui, était ensuite obligé de payer sa dot au père et de l’épouser; si le père refusait, le séducteur avait à lui payerl’équivalent de la dot. Exod., xxii, 16, 17. D’après unerédaction postérieure de la même loi, si le séducteur etla jeune fille étaient pris, le premier payait au pèrecinquante sicles d’argent et épousait la jeune fille, sansavoir jamais le droit de la répudier. Deut., xxii, 28, 29.La séduction d’une jeune fille déjà fiancée était traitéecomme un adultère, à cause de la valeur attribuéeaux fiançailles chez les Hébreux. Deut., xxii, 23-27.

6° Mariages des prêtres. — Un prêtre ne pouvaitépouser, à raison de la sainteté de son caractère, niune courtisane ni une répudiée. Lev., xxi, 7. Le grandprêtrene devait prendre pour épouse qu’une viergeisraélite, à l’exclusion de toute femme veuve, répudiée, deshonorée ou simplement étrangère. Lev., xxi, 13-14.

7 «Mariages des héritières. — Toute jeune fille quipossédait un héritage devait se marier avec quelqu’unde la tribu de son père, afin de ne pas troubler les partagesfaits entre les tribus. Num., xxxvi, 8.

8° Règles protectrices du mariage. — Le mariageétait naturellement interdit à celui qu’une mutilationempêchait d’en remplir les obligations. Deut., xxiii, 1.La Loi ordonnait de lapider la jeune fille qui n’étaitpas trouvée vierge par son mari. Deut., xxii, 20-21.Quand le mari avait des soupçons sur la fidélité de safemme, il la soumettait à une épreuve légale qui permettaitsoit de la punir, soit de reconnaître son innocenceet ainsi de rendre la tranquillité au mari.Num., v, 11-31. Voir Eau de jalousie, t. ii, col. 1522.Quand le mari avait de justes raisons pour se séparerde sa femme, il pouvait la répudier légalement; mais, pour que le caprice n’eût aucune part dans cette séparation, il n’était pas permis au premier mari dereprendre la femme répudiée, après qu’elle avait eu unautre mari. Deut., xxiv, 1-4; Jer., iii, 1. La peine demort encourue par l’adultère, Deut., xxii, 22, devaitcontribuer à maintenir la fidélité entre les époux. Enfin, le nouveau marié était exempt du service militaire etde toute charge durant la première année de son union, , afin d’être tout entier à son épouse. Deut., xxiv, 5.

9° Caractère de cette législation. — La loi mosaïques’accommodait aux mœurs du temps en autorisant ledivorce et en laissant en vigueur l’usage de la polygamie, qui pratiquement n’était le plus souvent pour lesIsraélites que de la bigamie. Le plus grand malheurconsistant pour eux à n’avoir pas d’enfants, il fallaitbien leur permettre de prendre une seconde femmequand la première ne leur en donnait pas. Moïse nepouvait «changer brusquement ces coutumes pourrétablir les institutions primitives de l’humanité, la monogamieet l’indissolubilité absolue du lien conjugal…Il fallait, pour établir cette loi dans sa pureté et sarigueur, la grâce puissante attachée à la loi évangélique», et encore, on sait le grand étonnement desApôtres quand Notre-Seigneur formula les conditionsdu mariage chrétien. Matth., xix, 10. «Moïse devait setenir dans une région moins élevée et se borner à fairerespecter le lien conjugal, par la répression de l’adultèreet la prohibition de la prostitution. Il est yrai quel’on trouve à une époque très ancienne le principe dela monogamie en vigueur chez certains peuples, chezles Hellènes et les Latins. Mais cela ne rendait pasl’établissem*nt de ce principe plus facile, chez lesHébreux, dont les mœurs étaient toutes différentes. Sousbien des rapports, le peuple choisi de Jéhovah était, quant à ses coutumes et ses instincts, inférieur àd’autres peuples. Sa mission venait du libre choix duCréateur et non de ses mérites.» De Broglie, Conf. surl’idée de Dieu dans VA. T., Paris, 1890, p. 240, 241.Ces concessions avaient pour contrepoids les empêchementsde parenté et les règles sévères de pureté légale, qui maintenaient l’idée et la pratique du mariage à uncertain niveau moral et contrastaient heureusem*ntavec la licence tolérée chez d’autres peuples sous cerapport particulier.

IV. DANS L’ANCIENNE LÉGISLATION BABYLONIENNE. —

La législation du Pentateuque sur le mariage et sur laconstitution de la famille devrait être, à en croire bonnombre d’auteurs, rapportée à une époque très postérieureà Moïse. La découverte du code des lois deHammourabi, qui régnait à Babylone à une date qu’onfixe entre le xxme et le xxe siècle avant J.-C, suivant le?assyriologues, cf. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 27, oblige aucontraire à penser que Moïse n’a souvent fait quecodifier des usages que les ancêtres de son peupleavaient rapportés de la Chaldée et auxquels les Hébreuxavaient dû rester à peu près fidèles durant la période deleur développement en Egypte. Voici les articles ducode babylonien sur le mariage qui se retrouvent dansla législation mosaïque ou dans les coutumes israélites:

1° Fiançailles, — La femme peut être unie à un homme, tout en étant encore vierge et en demeurant chez sonpère. L’union est pourtant déjà parfaitement légale etréelle, si bien que celui qui violente cette femme estpuni de mort. Art. 130. C’est absolument la situation dela fiancée hébraïque. Voir Fiançailles, t. ii, col. 2231.

2° Dot. — La fiancée recevait de son père un trousseauet parfois d’autres biens; mais le fiancé fournissaitune dot au père de la jeune fille. De là, différenteséventualités possibles. Si le jeune homme, après avoirversé la dot, ne veut plus épouser la jeune fille, la dotreste au père de cette dernière. Art. 159. Si c’est le pèrequi ne veut plus donner sa fille après avoir reçu la dot, il doit rendre ce qu’il a reçu. Art. 160. Ce qu’unefemme a apporté en se mariant appartient à ses enfantsaprès sa mort. Art. 162. Si elle meurt sans enfants, ce qu’elle a apporté retourne à son père, restitutionou défalcation faite de la dot reçue par ce dernier.Art. 163, 164. Chez les Hébreux se retrouve l’usageinvariable du mohar ou dot payée par le fiancé ou sesparents au père de la jeune fille. Voir Dot, t. ii, col. 1495. L’apport de la femme n’est constaté qu’une

fois, .Tud., xv, 18, mais il est certain que la fiancéepouvait être héritière, par conséquent posséder desbiens personnels, auquel cas il était pourvu à ce queces biens ne sortissent pas, sinon do la famille paternelle, du moins de la tribu. Num., xxxvi, 8.

3° Épouse et concubine. — Le mari dont la femmen’a pas d’enfants peut prendre une seconde femme, àcondition toutefois de. garder dans sa maison et de sustenterla première, si celle-ci ne préfère retourner dans lamaison de son père avec ses biens personnels. Art. 148, 149. Celui qui a eu des enfants de l’esclave que lui adonnée sa femme ne peut épouser une autre concubine.Art. 144. Si sa femme n’a pas d’enfants, il peut épouserune concubine, mais sans lui donner le rang d’épouse.Art. 145. Si l’esclave qui a eu des enfants du maricherche querelle à sa maîtresse à propos de ses enfants, la maîtresse ne peut la vendre, mais elle la marque etla garde comme esclave. Art. 146. Elle ne pourrait vendreune pareille esclave que si elle n’avait pas d’enfants.Art. 147. Chez les Hébreux, on constate la même distinctionentre épouses et concubines. Voir Concubine, t. ii, col. 906. On voit Sara, Gen., xvi, 3, Rachel, Gen., xxx, 4, Lia, Gen., xxx, 9, et d’autres donner leuresclave à leur mari pour qu’il en ait des enfants. QuandAgar eut un enfant d’Abraham, elle méprisa Sara, quila maltraita et l’amena à s’enfuir. Gen., xvi, 6. Plustard, Sara demanda impérieusem*nt qu’Agar fût chassée.Cette demande déplut fort à Abraham, qui voulait sansdoute s’en tenir à la règle de ses ancêtres, et il ne fallutrien moins que l’intervention de Dieu pour le décider.Gen., xxi, 10-12. La loi babylonienne limite, au moinsen certains cas, le nombre des épouses et des concubines.Elle permet une seconde épouse, mais seulementquand la première est stérile, et elle interdit une secondeconcubine à celui qui en a déjà reçu une de sa femmeet en a obtenu des enfants. Voir la traduction des textesdu code d’Hammourabi, col. 336. D’assez nombreuxexemples montrent que, chez les anciens Hébreux, lapolygamie s’est étendue bien au delà de ces limites.

4° Dignité du mariage. — Plusieurs lois consacrentla dignité du mariage et lui assurent une haute importancedans la constitution de la société babylonienne.Celui qui a calomnié une fiancée et ainsi a empêchéson mariage ne peut ensuite prétendre à l’épouser.Art. 161. Si un homme a des enfants à la fois de safemme et de sa concubine, ces enfants partagent sesbiens à parts égales après sa mort, en laissant toutefoisceux de l’épouse choisir les premiers. Art. 170. Lapaternité met donc tous les enfants légitimes à peu prèssur le même rang, avec une préférence cependant pourceux qui sont nés de l’épouse. Si une jeune fille librese marie avec un esclave, les enfants qui naissent dumariage sont libres. Art. 175. Du reste, l’épouse estconsidérée dans le mariage surtout par rapport aux enfants.Ainsi, la femme qui n’a pas d’enfants peut, encertains cas, se retirer chez son père. Art. 149. À défautd’enfants, ses biens retournent à la famille paternelle.Art. 163, 164. Si elle devient veuve après avoireu des enfants, elle se doit à ces derniers, ne peut seremarier qu’avec autorisation du juge et après inventairedes biens qui doivent revenir aux enfants du premiermariage et demeurent inaliénables. Art. 177. Ellepeut disposer des biens que son mari lui a laissés, enfaveur du fils qu’elle préfère, mais non en faveur d’unfrère à elle. Art. 150. Les époux sont responsablessolidairement des dettes contractées dans le mariage, mais nul n’est responsable de celles que son conjointa contractées avant le mariage. Art. 151, 152. Ainsi, dansle mariage babylonien, tout vise à la procréation desenfants et à la prospérité de la descendance. Les mêmesidées ont régné chez les Hébreux; chez eux, l’épousecompte surtout comme mère, et l’héritage passe auxenfants suivant des règles assez larges qui ne diffèrent

pas sensiblement des lois d’Hammourabi. Voir Héritage, t. iii, col. 610.

5° Répudiation. — La femme maudite par son marijure par le nom de Dieu qu’elle n’est pas coupable d’adultèreet peut retourner chez son père. Art. 131. La femmemaudite est ici la femme qui déplaît sans qu’il y ait eufaute de sa part. La femme, épouse ou concubine, quiest répudiée après avoir eu des enfants, doit recevoir cequ’elle a apporté et, de plus, de quoi élever ses enfants; ceux-ci élevés, elle est libre. Art. 137. Si elle n’a pas d’enfants, elle n’emporte avec elle que ce qu’elle a apporté.Art, 138. Si elle n’avait pas eu de dot, elle a droit à unemine ou à une demi-mine d’argent. Art. 139, 140. L’épousequi s’est mal conduite dans la tenue de sa maison peut êtrerépudiée sans rien recevoir ou être gardée comme esclave, quand le mari épouse une autre femme. Art. 141. L’épouseà son tour peut se plaindre du mari; si elle le fait à bondroit, elle prend tout ce qui lui appartient et retournechez son père. Art. 142. Si sa plainte n’est pas fondée etqu’elle-même soit la coupable, on la jette à l’eau. Art. 143.La loi babylonienne n’exige donc aucune raison sérieusede la part du mari pour lui permettre le divorce; elle stipule seulement quelques garanties en faveur dela femme répudiée; en revanche, celle-ci s’expose à uneterrible pénalité si elle se permet de se plaindre de sonmari quand elle-même a des torts sérieux à se reprocher.La tradition du divorce s’est conservée chez lesHébreux à peu près dans les mêmes conditions. VoirDivorce, t. ii, col. 1449. Moïse n’a fait que consacrer lacoutume ancienne; il restreint toutefois au mari le droitde divorcer. Cette restriction ne pouvait que rendre lesdivorces beaucoup moins nombreux. Mais on comprendque Moïse, se trouvant en face d’une coutume qui remontaitsi loin, n’ait pas tenté de la supprimer.

6° Crimes contre le mariage. — La femme qui faittuer son mari, en vue d’en prendre un autre, est pendue.Art. 153. Cette loi se retrouve équivalemment, maissous une forme plus générale, dans l’Exode, xxi, 14: quiconqueemploie la ruse pour faire périr son prochainest condamné à mourir. L’adultère est puni de mort; on jette à l’eau les deux coupables, si le mari ne faitgrâce à sa femme, et le roi au délinquant. Art. 129. Lapeine est sans condition dans la loi mosaïque. Lev., xx, 10; Deut., xxii, 22. Quand une femme est soupçonnéed’adultère par son mari, on lui fait subir l’épreuve del’eau en la jetant dans le fleuve. Art. 132. Si elle échappe, elle est censée innocente. Les Hébreux n’avaient pas defleuves à leur disposition, comme les Babyloniens. Laloi mosaïque a substitué à l’ordalie par l’eau du fleuvele rite de l’eau de jalousie pour le cas où une femmeest soupçonnée d’adultère. Num., v, 11-31. Voir Eau dejalousie, t. ii, col. 1522. Ce rite ne prêtait pas aux accidentsfortuits, comme l’usage babylonien, et il nécessitaitune intervention de Dieu plus directe et par conséquentplus significative. La femme qui, ayant de quoivivre dans la maison de son mari emmené en captivité, s’unit à un autre, est jetée à l’eau. Art. 133. Elle a commisen effet un véritable adultère. S’il n’y a pas de quoi vivre àla maison du captif, sa femme peut aller avec un autre.Art. 134. Quand son premier mari revient, elle retourneavec lui, en laissant au second les enfants qu’elle a eusde lui. Art. 135. Mais si le premier mari a déserté ^sa.ville par mépris, la femme n’est pas obligée de retourneravec lui. Art. 136, Dans ces derniers cas, il y avéritable divorce, momentané ou définitif, imposé parles circonstances. La loi mosaïque ne prévoit pas cescas particuliers. Elle proscrit absolument le retour dela femme répudiée auprès de son premier mari, quandelle en a eu un second. Deut., xxiv, 4. Mais le divorceprovenait de la volonté du mari, et non de la force deschoses, comme dans le code babylonien. Les empêchementsau mariage portés par la loi mosaïque ne setrouvent pas dans le code babylonien, sauf pour les

unions du premier degré en ligne directe. Ainsi Phommfrqui a commerce avec sa fille est chassé de la ville.Art. 154. Celui qui a commerce, à la suite de son fils, , avec la fiancée de ce dernier, est jeté à l’eau. Art. 155.Si le père du fils a eu seul commerce avec la fiancée, il lui paye une demi-mine d’argent, lui rend tout cequ’ellea apporté, et celle-ci peut épouser qui elle veut.Art. 156. L’inceste entre la mère et le fils entraîne pourles deux coupables la mort par le feu. Art. 157. Celuiqui a commerce avec la femme qui l’a élevé et a eu desenfants de son père, est chassé de la maison paternelle.Art. 158. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, iv sér. rParis, 1902, p. 64-86, 145-151. Ces dernières lois tendentà sauvegarder la pureté du mariage, en frappant lesunions les plus odieusemeut incestueuses. Il est manifesteque Moïse a trouvé à l’état traditionnel, chez soapeuple, la législation de’Hammourabi sur le mariage. Ilen a maintenu lès articles principaux et a précisé ouperfectionné les autres. Nous n’avons donc pas dans lalégislation mosaïque un code créé de toutes pièces, niun ensemble de lois qui sont venues avec le tempss’ajouter les unes aux autres. Les parties principalesexistaient déjà cinq cents ans avant Moïse.

v, de josué À jésus-christ. — La Sainte Écriturefait allusion à un assez grand nombre de mariages, ordinairement contractés conformément à la législationmosaïque. Les infractions graves sont signalées auxarticles Adultère, t. i, col. 242, Fornication, t. ii, col. 2314, et Inceste, t. iii, col. 864. Deux points sontcependant à remarquer dans le cours de l’histoire desIsraélites.

1° Intervention du père de la jeune fille. — C’est lapère qui marie sa fille et qui, au besoin, la promet en.mariage sans demander son avis. Ainsi Caleb prometsa fille en mariage à celui qui s’emparera de CariathSépher, Jud., i, 12, et Saùl promet la sienne à celuiqui vaincra Goliath. I Reg., xvii, 25. Abesan marie lui-même~ses trente filles, Jud., xii, 9; le père de lafemme de Samson dispose de sa fille, pourtant mariéedéjà, Jud., xiv, 20; les officiers de David amènent Abisagau roi sans la consulter, III Reg., i, 2, et Salomon peutlui-même la donner en mariage à qui il lui plaît.III Reg., ii, 17. Esther est présentée à Assuérus, qui laprend pour épouse, Esth., ii, 15-17; mais elle avait étéélevée dans un harem perse et en dehors des conditionsordinaires de la civilisation juive. C’est son parentMardochée qui remplit auprès d’elle l’office de père.

2° Mariages avec des étrangers. — 1. Ces mariagessont relativement peu fréquents avant la captivité, alorsque les Israélites étaient en contact moins immédiatavec les étrangers autres que les Chananéens. D’ailleurson ne voyait pas ces unions d’un bon œil, comme entémoigne la répugnance des parents de Samson, quandcelui-ci veut épouser une Philistine. Jud., xiv, 2-3.Les auteurs sacrés signalent le mariage d’une Israéliteavec un Égyptien, au temps de Moïse, Lev., xxiv, 10, celui de Salomon avec la fille du roi d’Egypte, III Reg., vu, 8, celui de la fille de Sésan avec un esclave égyptien, I Par., ii, 34-35, celui d’Abigaïl, sœur de David, avecJéther l’Ismaélite (?), I Par., ii, 17, celui d’une femme deNephthali avec un Tyrien, qui en eut pour fils Hiram, III Reg., vii, 14, et celui d’Achab avec Jézabel, fille duroi de Sidon. III Reg., xvi, 31. Ces mariages n’étaientpas contraires à la Loi. Mais celui de Salomon avecNaama l’Ammonite, qui fut mère de Roboam, III Reg., xiv, 21, et ses unions avec d’autres étrangères, Moabites, Iduméennes, Sidoniennes et Héthéennes, étaient enopposition formelle avec les prescriptions mosaïques.1Il Reg., xi, 1-2. La légitimité de Roboam, bien qu’issud’un mariage réprouvé par la Loi, ne paraît pas avoirété mise en question au moment de la révolte de Jéroboam.Mais cette infraction de Salomon à une loi gravefut bien probablement au nombre des motifs qui por

tèrent le Seigneur à diviser son royaume après sa mort.III Reg., xi, 33. — 2. Pendant la captivité, les Hébreuxdéportés en différentes régions de l’empire chaldcenreçurent de Jérémie, xxix, 6, le conseil de se marier etde marier leurs fils et leurs filles. Les mariages avecles peuples de cet empire n’étaient pas proscrits par laLoi, et il est possible que des unions aient été contractéesalors entre Israélites et étrangers, comme il arrivapour Esther. Néanmoins les déportés se marièrent généralemententre eux, ainsi qu’on le voit par l’exemple deTobie, Tob., vi, 11; vil, 15; de Susanne, Dan., iiii, 1-2, etc.

— 3. Après la captivité, la petite colonie juive revenue enPalestine se trouva mêlée à la population étrangère quiavait occupé le pays. Les mariages entre Israélites etChananéens, Héthéens, Ammonites, Moabites, Égyptiens, etc., devinrent assez nombreux pour constituer un vraipéril national, indépendamment de la grave infractionportée à la loi mosaïque. I Esd., IX, 1, 2. Sur l’initiatived’Esdras, on prit une mesure énergique pour réprimercet abus: tous les Israélites furent mis en demeure dese présenter à Jérusalem dans les trois jours, et ceux quiavaient épousé des étrangères durent s’engager à lesrenvoyer. On a conservé dans le livre sacré le nomdes prêtres, des lévites et des notables qui avaient contractéde ces unions. I Esd., x, 1-44. Le même abusse reproduisit plus tard. De mariages d’Israélites avecdes femmes d’Azot, d’Ammon et de Moab, étaient nésdes enfants qui ne savaient même plus parler la languenationale. Un petit-fils du grand-prêtre Éliasib, Manassé, avait épousé la fille de Sanaballat, le Horonite. Néhémiecbassa ce violateur de la Loi, réprimanda sévèrementles autres, et leur fit promettre de ne plus retomberdans une faute qui avait perdu Salomon. II Esd., xiii, 23-28. Les prêtres qui ne voulurent pas se soumettre auxinjonctions de Néhémie s’en allèrent rejoindre à Samariele gendre de Sanaballat, afin de pouvoir conserver leursfemmes. Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 2. Dans les tempspostérieurs, les Juifs se montrèrent observateursrigides de la loi qui prohibait ces sortes de mariages.Ce fut même une des marques caractéristiques de leurrace. Alicnarum concubitu abstinent, «ils s’abstiennentde toute union avec des étrangères,» écrit Tacite, Hist.,

y, 5.,

3° Mariages scandaleux. — Josèphe parle d’un certainnombre de mariages contractés par des personnagesen vue, dans des conditions telles qu’ils firentscandale parmi les Juifs. Joseph, neveu du grandprêtreOnias II et receveur des impôts, se maria avecsa propre nièce et en eut Hyrcan, qui fut le héros desingulières aventures. Le frère de Joseph avait ménagéce mariage, d’ailleurs prohibé par la Loi, pour l’empêcherd’épouser une danseuse d’Alexandrie, ce quil’eût déshonoré aux yeux des Juifs. Josèphe, Ant. jud., XII, IV, 6. Hérode le Grand eut dix femmes, et parmielles une Samaritaine nommée Malthace, qui fut lamère d’Archélaûs. Josèphe, Ant. jud., XVII, i, 3. VoirHérode le Grand, t. iii, col. 645. Du reste, dans safamille, les mariages furent souvent contractés dansdes conditions défendues par la loi mosaïque. Voir letableau généalogique, t. iii, col 639. Le nombre desfemmes prises par Hérode le Grand n’étonnait pas lesJuifs. Leurs docteurs permettaient au roi d’en avoirjusqu’à dix-huit, tant épouses que concubines. Sanhédrin, il, 4. Cf. II Reg., iii, 2-5; xii, 8, 9. Archélaùsépousa Glaphyra, veuve de son frère Alexandre, dontelle avait eu des enfants, de sorte qu’on ne pouvaitinvoquer la loi du lévirat pour justifier cette unioninterdite par Moïse. Josèphe, Ant. jud., XVII, xiii, 1.Enfin Hérode Antipas, après avoir répudié la fille duroi arabe Arétas, épousa Hérodiade, femme de son frèreHérode Philippe, encore vivant, ce qui compliquait latransgression d’un adultère. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1; Malth., xiv, 3-12. Ces infractions à la loi mosaïque

contribuèrent à rendre les Hérodes encore plus odieuxaux Juifs fidèles.

vi. les coutumes JUIVES. — 1° Interprétation de laloi. — La loi mosaïque sur le mariage est résumée parJosèphe, Ant. jud., IV, viii, 23, et par Philon, Despecialibus legibus, iii, édit. Mangey, Londres, 1742, t. ii, p. 299-334. Elle est interprétée dans plusieurstraités du troisième livre de la Mischna: Yebamoth, sur le lévirat, Kethuboth, sur le contrat de mariage, Sota, sur la conduite à tenir quand il y a soupçond’adultère, Gittin, sur le libelle de répudiation, etKidduschin, sur les fiançailles. Voici les principauxarticles précisés par les docteurs. Bien qu’une femmerépudiée pût être assimilée à une veuve, son beau-frèrene pouvait l’épouser. Sota, IV, 1; viii, 3. Le prêtrene pouvait épouser qu’une vierge ou une veuve israélite, mais il était permis à sa fille de se marier dans n’importequelle tribu. Josèphe, Ant. jud., III, xii, 2. Si safille ainsi mariée à un Israélite d’une tribu quelconqueavait à son tour une fille qui épousait un prêtre, le fils né de cette union pouvait même être désignépour le souverain pontificat. Siphra, 236, 2. Le prêtrene pouvait épouser ni une prisonnière de guerre, Josèphe, Ant. jud., III, xii, 2; XIII, x, 5; Cont. Apion., i, 7, ni une prosélyte, ni une esclave libérée; l’interdictionne portait pas sur la fille du prosélyte et de l’esclavelibérée, si la mère était Israélite. Yebamoth, VI, 5; Bikkurim, i, 5. Le prêtre sans enfants devait s’abstenirde prendre une femme incapable d’en avoir, incapacitéqu’on savait discerner à certains signes. Yebamoth, vi, 5. Les prêtres prenaient toutes les précautions pours’assurer de la légitimité de leurs unions. Josèphe, Cont. Apion., i, 7; Kidduschin, iv, 4, 5. Ézéchiel, xliv, 22, dans sa description du nouveau Temple, défendait aux prêtres d’épouser soit une femme répudiée, soit une veuve, à moins qu’elle fût la veuve d’unprêtre. Mais cette défense du prophète n’était pas considéréecomme obligatoire. D’après Philon, De monarchia, H, 9, t. ii, p. 230, le grand-prêtre ne pouvait épouserqu’une vierge de race sacerdotale. Cette prohibitionparaît n’avoir d’autre autorité que celle de la traductiondes Septante dans le texte du Lévitique, xxi, 13. VoirGrand-prêtre, t. iii, col. 300. — Les docteurs s’occupèrentaussi de l’application de la loi aux prosélytes.Les enfants qui n’avaient pas trois ans et un jour aumoment de la conversion de leur mère étaient censésnés Juifs et soumis à toutes les obligations du judaïsme.Kethuboth, I, 2, 4; iii, 1, 2. Les enfants nés avant laconversion de leur mère n’étaient tenus ni à la loi dulévirat ni à celle qui concerne la constatation de lavirginité de la jeune épouse. Deut., xxii, 13-21; Yebamoth, XI, 2; Kethuboth, iv, 3. Les prosélytes pouvaientépouser les mutilés et les bâtards. Yemaboth, viii, 2. Ilsétaient tenus aux prescriptions concernant le rite del’eau de jalousie, Eduyoth, v, 6, bien que Jochanan benSakkaï déclarât ce rite abrogé. Sota, IX, 9. — Lesépoux ne pouvaient se refuser à l’usage du mariages’ils n’avaient déjà au moins deux fils, d’après Schammaï, un fils et une fille, d’après Hillel. Yebamoth, vi, 6. Les Esséniens, à part une petite minorité d’entre eux, réprouvaient le mariage, à cause des impuretés nombreusesauxquelles il entraînait. Josèphe, Ant. jud., XVII, i, 5; Bell, jud., II, viii, 2, 13.

2° Célébration du mariage. — jOn pouvait contractermariage dès qu’on avait atteint l’âge nubile, treize anset un jour pour les jeunes gens, douze ans et un jourpour les jeunes filles. En réalité, les jeunes gensattendaient leur dix-huitième année. Aboth, v, 21. Uneveuve ou une répudiée ne devait pas se marier avantque trois mois se fussent écoulés depuis la mort dupremier mari ou la répudiation. Ce délai était réputésuffisant pour permettre de juger de l’état de la femme.C’était ordinairement le père, ou à son défaut la mère,

qui demandait pour son fils une jeune fille en mariage, comme à l’époque patriarcale. Les docteurs permettaientà la jeune fille majeure, c’est-à-dire probablementayant plus de douze ans et un jour, de se refuserà une union qui lui déplaisait, bien qu’elle fût déjàréglée par ses parents. Quand la demande en mariageétait agréée, le père du jeune homme payait la dot oumohar aux parents de la jeune fille. Voir Dot, t. ii, col. 1495-1497. On procédait ensuite aux fiançailles, quiavaient la même valeur légale que le mariage, duraientordinairement un an et ne permettaient aux futurs «poux de communiquer normalement que par intermédiaires.Voir Fiançailles, t. ii, col. 2230, 2231. Autemps marqué, le mariage était célébré au milieu desfestins et des démonstrations de joie. Voir Noces. Cettecélébration ne comportait aucune cérémonie religieuse, bien qu’on y récitât certaines formules de bénédiction.Au sabbat suivant, les nouveaux époux étaient conduitsà la synagogue, le mari par ses hôtes, la mariée pardes femmes. Le mari était invité à faire la lecture etversait une aumône. Les époux étaient ensuite reconduitsà leur maison par les mêmes cortèges, et, pendantun an, le nouveau marié jouissait des immunités quelui garantissait la Loi. Deut., xxiv, 5.

3° Droits et devoirs des époux. — La femme avait ledroit d’exiger dix choses de son mari, trois qui étaientstipulées par la Loi: la nourriture, le vêtement, ledevoir conjugal, Exod., xxi, 10, et sept qui étaientprescrites par les docteurs: les soins dans la maladie, le rachat dans la captivité, la sépulture après la mort, l’entretien aux frais du mari, le domicile même quandelle devenait veuve, la nourriture de ses propresfilles jusqu’à leur mariage, la part d’héritage et la dotpour ses fils. La femme devait à son mari quatre choses: le fruit de son travail, sa présence habituelle, la jouissancedes biens qu’elle possédait, et, après sa mort, ledroit de profiter de ces biens avant tous les autres.Cf. Iken, Antiquitates hebraicse, Brème, 1741, p. 491503. Sur la condition des femmes mariées chez lesIsraélites, voir Femme, t. ii, col. 2189, 2190, et Mère.

4° Après le mariage. — Conformément à la loi, Deut., xxii, 20, 21, le mari faisait procéder contre la femmequ’il n’avait pas trouvée vierge. Il la déférait à un sanhédrinde vingt-trois membres, et, convaincue d’avoireu des rapports criminels avec un autre depuis ses fiançailles, la coupable était lapidée, ou, si elle était la filled’un prêtre, brûlée vive. Lev., xxi, 9. Si le mari l’avaitaccusée à faux, il ne pouvait plus jamais la répudier, payait au père ou à l’épouse elle-même, si elle n’avaitplus de père, une double dot, soit cent sicles d’argent, et enfin subissait la flagellation. Quant aux faux témoins, ils étaient passibles du supplice qui eût été infligé à cellequ’ils accusaient. Celui qui avait fait violence à une jeunefille non encore fiancée, devait la prendre pour femme.sans jamais pouvoir la répudier, Deut., xxii, 28, 29, eten outre payait une amende de cinquante sicles à son_père, ou à la jeune fille même si le père n’existait plus.Dans ces sortes d’unions, le consentement du père etde la jeune fille violentée était requis; en cas de refus, le délinquant avait d’autres amendes à payer. Cf. Iken, Antiq. hebr., p. 503, 504. Dans certains cas, le divorçaintervenait plus ou moins longtemps après le mariage.Voir Divorce, t. îi, col. 1448. Cf. J. Cauvière, Le lienconjugal et le divorce, Paris, s. d., p. 3-9.

vu. symbolisme du mariage jniF. — Le mariageétait le symbole de l’union de la race choisie avec son, Dieu. Cette idée est développée allégoriquement dansi le Cantique des cantiques. Voir t. ii, col. 194-196. Elleest familière aux prophètes. Le Psaume xlv (xliv) représentesous la figure d’un mariage l’union du Dieu sauveuravec l’humanité rachetée. Dans Isaïe, liv, 5, Dieuest l’époux de la nation Israélite, l’époux même de saJerre, et celle-ci fait la joie de son Dieu comme la fiancée


fait la joie du fiancé’. Is., lxii, 4, 5. Jérémie, ii, 2, ditque la race élue a été fiancée à Dieu au désert, et, pourexhorter ses contemporains à la conversion, il les appelledes enfants rebelles vis-à-vis de celui qui est leurba’al, le maître et l’époux. Jér., iii, 14. Osée, ii, 18-22, appuie davantage encore sur ce symbolisme. I! présenteDieu comme le fiancé irrévocable et comme le marid’Israël. C’est en vertu de ce symbolisme que l’union dela nation israélite avec les faux dieux est qualifiée souventde fornication, voir t. ii, col. 2316, et surtout d’adultère.Voir t. i, col. 242. — Sur les mariages des Hébreux, voir Selden, Vxores Hebrseor., seu de nuptiis et divortiis, Francfort-s.-O., 1673; Ugolini, Vxor hebrsea, dansle Thésaurus ant. sacr., Venise, 1744, xxx; Buxtorf, De sponsalibus ac divortiis, Bâle, 1652; Iken, Antiquitateshebraicæ, Brème, 1741, p. 491-510; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 378-379; H. Zschokke, Die biblischeFrauen des A. T., Fribourg, 1882.

II. Dans le Nouveau Testament. — I. l’enseignementde notre-sejgneur. — 1° Le divin Maître inaugureson ministère en honorant de sa présence, à Cana, lemariage tel qu’il se célébrait chez les Juifs. Joa., ii, 2-11.Il fait allusion aux noces dans ses paraboles. Matth., xxil, 1-14; xxv, 1-13. À cette époque, il n’était plus questionde bigamie ni de polygamie parmi les vrais Juifs. C’estdonc seulement au sujet de l’indissolubilité du mariageque Notre-Seigneur affirme énergiquement la volontédivine. Il condamne absolument le divorce et qualified’adultère le second mariage du vivant des conjoints.Matth., v, 31-32, Aux pharisiens qui l’interrogent, il rappellela loi primitive du mariage, qui est l’indissolubilitéabsolue et l’union des époux formant «une seule chair».Matth., xrx, 3-9. Voir Divorce, t. ii, col. 1451-1453. LesApôtres, étonnés de la rigueur de cette doctrine, estimentqu’ainsi la loi du mariage impose un joug trop onéreux, et que mieux vaut né pas se marier. Ils semblant accuserNotre-Seigneur de détourner du mariage. Il leurrépond en leur parlant de trois lois plus dures encoreque celle du mariage: la loi de la nature, qui interditle mariage à certaines catégories de personnes, malgréleur désir, la loi de la force, qui met certains hommeshors d’état de se marier, et enfin la loi de la grâce, quiportera des âjnes privilégiées à s’abstenir du mariage, non pas à cause de ses obligations, mais par esprit desacrifice, «pour le royaume des cieux.» Matth., xix, 1012. — 2° Le concile de Trente, De sacram. matrim., can. 1, enseigne que le mariage est l’un des sept sacrementsde la Loi nouvelle et qu’il a été institué parJésus-Christ. Il renvoie â Matth., xix; Marc, x; Eph., v. Les Évangélistes n’indiquent pas en quelle occasioneut lieu cette institution. Mais n on prouve, d’aprèsS. Paul, Eph., v, que le mariage entre chrétiens est lesigne d’une chose sacrée dans le Christ et dans l’Église, et que la grâce lui est jointe; toutefois, on ne prouvepas que la puissance de produire la grâce est attachéeau contrat matrimonial lui-même. L’argument tiré del’Apôtre pour établir la réalité du sacrement de mariagen’est donc pas complet; c’est la tradition qui le complète.L’Apôtre enseigne seulement l’économie de cetteélévation» du mariage à la dignité de sacrement. Gasparri, De matrim., Paris, 1893, t. i, p. 130.; < Quandon considérera que Jésus-Christ a donné une nouvelleforme au mariage, en réduisant cette sainte société àdeux personnes immuablement et indissolublementunies, et quand on verra que cette inséparable union estle’signe de son union éternelle avec son Église, onn’aura pas de peine à comprendre que le mariage desfidèles est accompagné du Saint-Esprit et de la grâce.» Bossuet, Expos, de la doct. chrét., IX, Bar-le-Duc, 1880, t. iii, p. 29. Cf. Turmel, Hist. de la Théol. positive, Paris, 1904, p. 157, 346, 348.

11. ENSEIGNEMENT DE SAINT PAUL. — Saint Paul est

le docteur du mariage chrétien; il applique à l’union

IV. - 25

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MARIAGE

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conjugale les règles de l’Évangile. — 1° La loi chrétiennedu mariage. — 1. Saint Paul flétrit les docteursqui prohibent le mariage. I Tim., iv, 3. Les Esséniensprofessaient l’aversion du mariage. Josèphe, Ant. jud., XVIII, i, 5. En dehors de la Palestine, la réprobation dumariage faisait partie de la doctrine de la gnose alors âses débuis. Les faux docteurs prétendaient, comme plustard Saturnin et Basilide, que le mariage et la générationétaient des œuvres de Satan. Cf. S. Irénée, Adv.heures., i, xxiv, 2, t. vii, col, 675, et le pseudo-Ignace, Epist. ad Philadelp., 6, t. v, col. 829. Ces hérétiques nes’abstenaient d’ailleurs du mariage que pour se livreraux pires immoralités. L’Apôtre rappelle la loi évangéliquesur l’indissolubilité abolue du mariage. Rom., va, 2, 3; I Cor., vii, 10, 11. Il ne permet qu’une exceptionà la règle: quand, dans un mariage, l’une des deux partiesest chrétienne et l’autre infidèle, si cette dernièrene consent pas à vivre en paix, s’en va et se marie avecun autre, la partie chrétienne recouvre sa liberté et peutde son côté contracter un nouveau mariage. I Cor., vii, 1 2-15. Voir t. ii, col. 1453. Cf. M. Rossallus, De sententiaPauli I Cor., vii, 42-47, dans le Thésaurus de Haseet Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 798-809. En dehors de cecas, le mariage ne cesse pas d’exister validement. À lamanière dont s’exprime l’Apôtre, «je dis, non le Seigneur,» on conclut généralement qu’il conseille, maisqu’il n’ordonne pas au fidèle de rester avec l’infidèle. Lesmotifs pour lesquels la cohabitation est souhaitable sontla possibilité de convertir l’infidèle et l’intérêt qu’il ya à sauver les enfants. Mais ce sont là deux résultatssouvent problématiques, auxquels il n’est pas toujourssage de sacrifier la liberté et la paix que Dieu veut assurerà ses serviteurs. Cf. Cornely, In I epist. ad Cor., Paris, 1890, p. 179-188. — 2. Saint Paul laisse à tous laplus grande liberté à l’égard du mariage. Il conseille’aux non-mariés et aux veufs de rester tels qu’ils sont, v-pourvu que leur abstention n’implique aucun blâme contrele mariage et ne se propose pour but que la pratiquedelà continence chrétienne. I Cor., vii, 26-28. Les parentssont donc parfaitement libres de marier leur fille, s’ilsle jugent bon, et la veuve, bien que plus heureuse dansl’état où elle se trouve, peut se remarier, si tel est sondésir. I Cor., vii, 36-40. Il en est cependant auxquelsl’Apôtre recommande formellement le mariage; ce sontles célibataires, les veufs et surtout les jeunes veuves quise sentent incapables de garder la continence en dehorsde l’état de mariage. I Cor., vii, 2, 8, 9; I Tim., v, 14.Il suit de là que les secondes noces sont permises, quelquefoismême désirables. Toutefois, comme elles supposenten général une certaine incapacité de résister auxdésirs charnels, saint Paul défend d’admettre au nombredes évêques, des diacres et des veuves employées au servicede l’Église, des personnes qui ont été mariées plusd’une fois. I Tim., iii, 2, V&; v, 9. — 3. Une grave infractionà la loi du mariage s’était produite à Corinthe. Unchrétien avait épousé la femme de son père, c’est-à-direune femme prise en secondes noces par son père. Cf.Lev., xvhi, 8. Cette union allait contre les prescriptionsmosaïques et surtout contre les convenances naturellesles plus élémentaires. Saint Paul n’hésita pas à excommunierle coupable. I Cor., v, 1-15.

2° La vie chrétienne dans le mariage. — 1. Tout enhonorant le mariage comme une institution divine etnécessaire, l’Apôtre constate qu’il opposé généralementun obstacle à la vie parfaite. La femme mariée s’inquiètedu monde et s’occupe de plaire à son mari. I Cor., vii, 34. On ne peut l’en blâmer. Mais il y a là un attrait d’ordreinférieur qui, joint aux tribulations de la vie de famille, rend l’étal de mariage moins désirable que le célibat chrétien.D’ailleurs la vie est courte ^’il ne faut donc pas s’absorberdans les soins temporels; «que ceux qui ont desépouses soient comme n’en ayant pas,» c’est-à-dire qu’ilsDe laissent pas les soucis conjugaux prévaloir contre les

exigences ou même les convenances du service de Dieu.I Cor., vii, 29. — 2. L’Épitre aux Hébreux, xiii, 4, demande «que le mariage soit honoré et le lit nuptial sanssouillure». Saint Paul explique qu’en vertu du mariage, le mari se doit à sa femme et la femme à son mari, desorte que le corps de chaque conjoint appartient, non àlui-même, mais à l’autre conjoint, lequel du reste n’estautorisé à s’en servir que pour les fins voulues de Dieu.Cette mutuelle servitude ne peut être interrompue quetemporairement, par consentement réciproque et en vued’un avantage spirituel, comme la prière. Encore faut-ilrevenir au plus tôt à la vie commune, pour se garantircontre la tentation. I Cor., vii, 3-5. — 3. D’autres devoirss’imposent encore aux époux. Le mari doit aimer safemme, Eph., v, 25; Col., iii, 19, la nourrir et en prendresoin. Eph., v, 29. La femme doit être soumise à sonmari, Eph., v, 22-24; Col., iii, 18, le respecter, Eph., v, 33, et l’interroger à la maison pour s’instruire des chosesde la foi. I Cor., xiv, 35. Saint Pierre recommande aussiaux femmes d’être soumises à leurs maris, afin de ramenerà Dieu ceux qui en seraient éloignés; il veut qu’ellesgardent en tout la modestie et le calme, sous le regardde Dieu, Il exige que les maris se montrent intelligentsdans l’honneur qu’ils doivent à leurs femmes, plus faiblesqu’eux physiquement, mais leurs cohéritières au point devue de la grâce et du salut. I Pet., iii, 1-7. — 4. Dans cestextes, il n’est point fait d’allusion directe au caractèrereligieux et sacramentel du mariage chrétien. SaintIgnace, Epist. ad Polycarp., 5, t. v, col. 724, dit qu’ilest convenable que les époux ne s’unissent qu’avec l’avisde l’évêque, pour que les mariages soient selon le Seigneuret non réglés par la passion. Il ne connaît pas derite particulier transmis par les Apôtres pour la célébrationdu mariage chrétien. Les premiers fidèles contractaientdonc leur union à la manière de^ Juifs, oumême avec les formes légales en vigueur dans l’empire, en excluant toutefois ce qui pouvait avoir un caractèrepaïen. Les mariages romains se contractaient d<> troismanières: par l’usage, en cohabitant pendant un an etun jour; par contrat, quand les parties se liaient en simulantune vente, et par une cérémonie religieuse appeléeconfarreatio. Cette dernière forme ne pouvait êtreemployée par les époux chrétiens, à cause de ses ritesidolâtriques. Chez les Grecs, la célébration du mariagecomportait également des actes idolâtriques dont ne pouvaits’accommoder la foi chrétienne. Cf. Rich, Dict. desantiq. grecques et romaines, trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 186, 396; Fustel de Coulanges, La Cité antique, Paris, 7e édit., p. 43-45. Malgré l’absence de l’interventionecclésiastique, saint Paul attribue au mariage chrétiend’importants effets de grâce. Comme le baptême et lapénitence, le mariage a le caractère de guérison et depréservation; il contient dans de justes limites les instinctssensuels, en leur accordant la satisfaction à laquelleils ont droit, I Cor., vii, 8, 9; I Tim., v, 14, enempêchant ainsi le péché, en coupant court à la tentation, I Cor., vii, 5, et en soumettant la chair à une disciplinemorale qui contribue à sanctifier un état danslequel la nature tend toujours à avoir la première place.I Cor., vii, 5; Heb., xiii, 4. Le mariage chrétien devientaussi un moyen de sanctification, puisque l’épouse doitse sauver en engendrant des enfants, sans cesser pourcela de pratiquer les vertus chrétiennes. I Tim., ii, 15.Dans ces conditions, le mariage, qui sert à édifier, àcompléter et à perpétuer l’Église, doit nécessairementrecevoir d’elle l’appui et la bénédiction d’une grâce spéciale.Cf. Dôllinger, Le christianisme et l’Église, trad.Bayle, Paris, 1863, p. 510-512. Sur le mariage, sacrementde la loi nouvelle, voir Dictionnaire de théologie, aumot Mariage.’III. SYMBOUSUEDB MARIAGE CHRÉTIEN. — 1° DaDS le

Nouveau Testament, le Sauveur prend facilement le titred’époux et fait représenter sous la figure du mariage son

union avec l’humanité régénérée. Matth., ix, 15; xxii, 1-14; xxv, 1-13; Joa., iii, 29; II Cor., xi, 2. Les nocesde l’Agneau avec son épouse, l’Église triomphante, sont, dans saint Jean, la figure du bonheur céleste. Apoc, xix, 7; xxi, 2, 9; xxii, 17. — 2° Saint Paul assimile l’unionde Jésus-Christ et de l’Église à l’union matrimoniale. Lapremière est le type et l’exemplaire de la seconde. Pourle montrer, l’Apôtre établit un parallèle entre les deuxunions. Jésus-Christ est le chef de l’Église, l’époux estle chef de l’épouse; l’Église est soumise au Christ, lesfemmes doivent soumission à leurs maris; le Christaime l’Église, il s’est livré pour la sauver, la rendrebelle et sans tache, la nourrir et l’entourer de soins, l’époux doit aimer l’épouse comme sa propre chair etla traiter en conséquence. Eph., v, 22-31. Ce symbolismen’est pas arbitraire. Il suppose une relation réelle entreles deux ordres d’idées; il élève le mariage à une hauteurqui le rapproche du type sacré et en fait quelquechose de supérieur à ce que la nature peut produire àelle seule. Saint Paul en effet ajoute: «Ce mystère estgrand, mais il l’est eïç Xpcdrbv xai eïç rrjv èxxXvidtav, envue du Christ et de l’Église;» en d’autres termes, ce quifait la grandeur de ce symbole, à savoir de l’union del’époux et de l’épouse, c’est la chose qu’il symbolise, verslaquelle il tend, à savoir l’union du Christ et de l’Église.Cette tendance n’est pas seulement figurative, elle estréelle et effective, puisque l’Église se recrute avec lesenfants que lui fournissent les mariages chrétiens. LaVulgate ne rend pas toute la force du grec par les motsin Christo et in Ecclesia, «dans le Christ et dansl’Église.» Elle traduit [tuarviptov, «mystère,» par sacramentum.Ce mot est en latin un terme technique quidésigne la consignation faite par les plaideurs, le procèslui-même, l’enrôlement et le serment militaires. Il estpris ici pour traduire |iu17T/ipiov, et il en a le sens. Lactance, Divin, institut., vii, 24, édit. Thomasius, Anvers, 1570, p. 434, appelle sacramentum le mystère de l’avenirrévélé par les prophètes, et Prudence, Peristephan., x, 18, édit. Giselin, Leyde, 1596, p. 130, donne le même nomau mystère du Christ que les Apôtres auront à prêcherdans le monde. Ce mot n’apparaît que plus tard avec lesens particulier de «sacrement». Saint Jérôme ne l’emploieavec ce sens, ni dans ses œuvres, ni dans la Vulgate.Eph., v, 32. Cf. S. Irénée, Adv. hœres., 1, viii, 4, t. vii, col. 532.

IV. LE MARIAGE DE LA SAINTE VIERGE ET DE SAINT

joseph. — Au moment où s’opéra le mystère de l’incarnation, Marie et Joseph étaient unis ensemble par desfiançailles, en vertu desquelles ils appartenaient déjàl’un à l’autre. Voir t. ii, col. 2231. Quand le moment decélébrer le mariage arriva, Joseph hésita, en constatantce qui était advenu à sa fiancée. L’ange intervint alorspour lui dire de ne pas craindre de prendre Marie poursa femme, itapaXaëeïv Mapîav tt|v yuvaîxa trou. Matth., i, 20. Le verbe itapaXaSeïv veut dire «prendre avec soi», spécialement celle dont on veut faire sa femme. Cf. Hérodote, iv, 155; Xénophon, (Economie, vii, 6. Marie, eneffet, habitait encore dans la maison paternelle, commec’était la règle pour toutes les fiancées. Joseph obéit àl’ordre divin et prit Marie chez lui comme étant devenuesa femme, itapIXccësv tï|v-pvaïxa avrcoû. Matth., i, 24. Ce1à xsignifie que les noces furent célébrées suivant la coutumeet qu’à partir de ce jour Joseph reçut et garda Mariedans sa maison. Cette union * constituait un véritablemariage, l’usage total du mariage n’étant nullementessentiel à sa réalité. Cf. Lehmkuhl, Theolog. moral., Fribourg-en-Br., 1890, t. ii, p. 482; Gasparri, De matrimon., t. i, p. 120, 121. La vie fut commune entre lesdeux époux. Joseph exerça l’autorité dans la famille, Matth., i, 21; Luc, ii, 4, 22; Matth., ii, 14, 21-23, et eutles droits de père vis-à-vis de l’enfant Jésus. Luc, II, 48. Marie reçut de Joseph ce que la femme a le droitd’attendre de son mari, l’affection, le dévouement, la

protection dans des circonstances difficiles, l’habitation, la nourriture, et un concours respectueux et généreuxdans les soins dont il fallait entourer le divin Enfant.Saint Joseph s’acquitta si dignement et si discrètementde sa tâche que le monde ne le connut que commeépoux de Marie et père de Jésus. Luc, iii, 23; IV, 22; Matth., xiii, 55; Marc, vi, 3. Saint Augustin, Cont.Julian., V, xii, 45, t. xliv, col. 810, explique commenton trouve dans cette union les trois liens constitutifs dumariage: le contrat par lequel les époux se donnentl’un à l’autre, l’amour conjugal qu’ils ont l’un pourl’autre, l’affection qu’ils ont en commun pour l’enfant.Cf. Bossuet, p* Panégyrique de S. Joseph, 1™ part.

H. Lesêtre.

    1. MARIAM##

MARIAM (hébreu: Miryâm; Septante: Mapwv), filsd’Ezra, descendant de Caleb, fils de Jéphoné, de la tribude Juda. I Par., iv, 17. Quelques-uns pensent que Mariampeut être une femme, qui aurait porté le même nomque Marie, sœur de Moïse. Les Septante lui donnentpour père Jéther, qui est son frère d’après l’hébreu et laVulgate. Le texte des ꝟ. 17-18 paraît d’ailleurs altéré etil est difficile de rétablir la leçon primitive.

    1. MARIE##

MARIE, nom de la sœur de Moïse, de la mère deJésus et de plusieurs autres femmes du Nouveau Testament.

I. Forme du nom. — Marie se lit en hébreu miryâm.Ce nom désigne toujours la sœur de Moïse, la seule quis’appelle ainsi dans l’Ancien Testament. Le même nom, il est vrai, est assigné à un homme, I Par, , iv, 17; maisen cet endroit les Septante le traduisent par Mapwv, etquoique la Vulgate ait conservé Mariam, il est fort probableque l’orthographe de l’hébreu a été altérée, surtoutdans un passage rempli de noms propres dont la transcriptionexacte est très peu sûre. Dans les Septante, miryâm devient Mapiâpi, orthographe analogue à cellesdu syriaque et de l’araméen, qui écrivent Maryam. Dansle Nouveau Testament, le nom de la Sainte Vierge esttoujours Mopiâfi, comme le nom de la sœur de Moïse; il n’y a d’exception que pour un passage de saint Luc, II, 19, dans lequel le Vaticanus et le Codex Bezse, suivispar un certain nombre de critiques, lisent Mapi’a.Au génitif, Mapiâp. devient Maptaç, au datif Mapfa, àmoins que Maptân ne soit traité comme indéclinable.Cette dernière forme sert également à l’accusatif et auvocatif. Les autres femmes de l’Évangile sont toujoursappelées Mapia. Il est possible qu’en conservant exclusivementpour la Sainte Vierge la forme archaïque dunom, Maptâ[i, les Évangélistes aient tenu à la distinguerdes autres femmes jusque dans ce détail de l’appellation.La Vulgate traduit invariablement par Maria, dansl’Ancien comme dans le Nouveau Testament. DansJosèphe, AnX. jud., II, IX, 4, le nom prend la formeMapiômiïi.

II. Signification du nom. — En recherchant les explicationsque les écrivains anciens et modernes ont donnéesdu nom de «Marie», on arrive à compter soixante-septétymologies différentes. Cf. Bardenhewer, Der NameMaria, Fribourg-en-Brisgau, 1895, p. 157-158. Ces explicationssupposent toujours que le mot miryâm appartientà la langue hébraïque. Les unes le traitent commenom composé, les autres comme nom simple. Voici lesprincipales:

1° Nom composé. — «Mer amère,» de mar, «amère, net yâm, «mer.» Mais le composé hébreu devrait êtreyâm-mar, et non pas mar-ydm. — «Leur révolte,» miryâm, de merî, «révolte,» suivi de l’adjectif possessif.Le mot se trouve II Esd., îx, 17. Il n’y a là qu’unesimple coïncidence syllabique, et l’on ne conçoit guèreun nom pareil donné à une jeune fille. — «Maltressede la mer,» de l’araméen mdri, «maître,» Dan., iv, 16, et de yâm, «mer.» — «Myrrhe de la mer,» de mor, «myrrhe,» et de yâm, «mer,» — ï Goutte de la’mer,»

stilla maris, de mar, v( goutte,» Is., xl, 15, et yâm, «mer.» — «Étoile de la mer,» Stella maris. Cetteexplication, devenue si populaire, est présentée par saintJérôme, De nomin. hebraic., de Exod., de Matth., t. xxiii, col. 789, 842. Un seul manuscrit, datant de la fin duIXe siècle et conservé à Bamberg, porte stilla maris aulieu de Stella maris. Saint Jérôme connaissait trop bienl’hébreu pour donner à mar le sens d' «étoile». DansIsaïe, XL, 15, il traduit parfaitement ce mot par stilla, «goutte.» Il a donc dû écrire primitivemeut dans soncommentaire stilla maris, qui est devenu sous la plumedes copistes Stella maris, par suite de la facilité aveclaquelle on substituaite à i dans l’ancienne orthographelatine. Ainsi les paysans disaient vea pour via, vella pourvilla, speca pour spica. Vairon, Ber. rustic, I, ii, 14; xlviii, 2. Quintilien, Inst. oral., i, iv, 17, constate aussi

, qu’on substituait Menerva, leber, magester, etc., à Minerva, liber, magister, etc. Aulu-Gelle, Noct. Attic, X, xxiv, 8, fait une remarque analogue. Bien d’autres exemples pourraient être fournis; cf. Bardenhewer, Ber NameMaria, p, 69, 70. En voici un qui porte sur le mot ici enquestion. Dans son commentaire sur Job, xxxvi, 27: Qui aufert stillas pluvite, saint Grégoire le Grand, Moral., xxvii, 8, t. lxxvi, col. 405, donne des explications

. qui supposent nécessairement dans le texte: steUas plu~vise. Il lit de même stellse pluviarum au lieu de stillsepluviarum dans Jérémie, iii, 3, t, lxxv, col. 867. Cettemanière de lire et de transcrire explique naturellementla substitution de Stella maris à stilla maris dans letexte de saint Jérôme, puis la consécration définitive dela première étymologie, dont le caractère poétique et sym. bolique était si bien fait pour fournir matière aux développements oratoires.

2° Nom. simple. — D’autres auteurs ont traité miryâmcomme un nom simple, pouvant avoir les sens suivants: èXiti; , «espérance,» d’après Philon, De somn., Il, 20, édit. Mangey, t. H, p. 677, sans qu’on voie de quelle racinehébraïque ce sens peut provenir, môraS, «espérance,» étant trop éloigné de miryâm; — «amère, s de mar, qui a ce sens; — «hauteur,» de mârôm, qui a ce sens;

. — «rebelle,» de moréh, qui a ce sens; — «maîtresse,» de l’arméen mârî, «maître;» — «don,» en faisantdériver miryâm de rûm, comme ferùmdh, qui veutdire «présent»; — «illuminatrice,» en rattachantmiryâm à 'ôr, «briller,» ou à rd'âh, «voir,» d’oùmar'éh, «faisant voir;» — «myrrhe,» de rnôr, qui ace sens. Ces étymologies, et d’autres analogues, ne sontguère satisfaisantes, parce que les dérivations proposées sont vagues, lointaines ou arbitraires.

3° Sens le plus probable. — Hiller, Onomasticutnsacrum, Tubingue, 1706, p. 173, a montré que dansmiryâm, la terminaison dm, n’est qu’une forme finalesans signification précise. P. Schegg, Evang. nach Matthàus, Munich, 1856, p. 419, a fait dériver miryâm de laracine mara', «; être gras, bien portant,» en assyrien marû,

. «gras,» en arabe marjâ, «gras, fort;» d’où le mot mery',

. «bétail gras.» II Reg., vi, 13, etc. Avec les idées orientales sur la beauté, «bien portante» ou «bien nourrie» a le sens de «belle». De son enquête sur les sens donnésau nom de «Marie», Bardenhewer, Der Name Maria, p. 154-155, tire plusieurs conclusions, dont les plusimportantes sont celles-ci. Il n’y a point de raison pourne pas s’en tenir à la ponctuation massorétique, Miryâm, bien que les versions supposent Maryàm. Ce mot conslitue un nom simple, auquel est ajoutée une finale. Ilne peut venir que de mârâh, «être rebelle, récalcitrante,» ou de mârâ, «être bien portante» et conséquemment «belle». Le premier sens ne pouvait convenir pour former le nom d’une jeune fille; c’est donc lesecond qui est le plus probable.

4° Nom égyptien — H ne serait pas impossible cependant que le nom de «Marie» ait une origine égyptienne. Moïse, Aaron et leur sœur étaient nés en Egypte.

Le nom d’Aaron ne peut s’expliquer en hébreu. VoirAaron, t. i, col. 2. Lé nom de Moïse, donné à l’enfantpar la fille du pharaon, était nécessairement un nomégyptien, bien qu’une étymologie hébraïque lui soitattribuée. Exod., ii, 10. Voir Moïse. Il est donc aumoins possible que le nom de leur sœur, Marie, ait euune origine égyptienne. Il signifierait alors «chérie», de mery, meryt, qui veulent dire «chéri». Ce sensconviendrait bien au nom d’une fille aînée. Cf. De Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 161. Ce quipourrait confirmer cette dernière hypothèse, c’est que, si le nom de «Marie» avait une origine hébraïque, onle rencontrerait plus fréquemment dans l’Ancien Testament, où il n’est porté que par la sœur de Moïse. Maisd’autre part on se demande alors pourquoi il a été choisipar les parents de la Sainte Vierge et par plusieurs autresdans le Nouveau Testament. — On ne peut donc rienaffirmer de certain quant au sens et quant à l’origine de

ce nom.

H. Lesêtre.

1. MARIE, sœur de Moïse. — 1° Elle était fille d’Amramet de Jochabed. Exod., vi, 20; Num., xxvi, 59; I Par., vi, 3. Aaron, son frère, avait trois ans de plus que Moïse, Exod., vii, 7, et elle était l’aînée des deux frères, âgéeau moins d’une dizaine d’années à la naissance de Moïse, comme le suppose le rôle qu’elle joua au bord du Nilpour sauver son petit frère. C’est en cette circonstancequ’elle apparaît pour la première fois. Jochabed, aprèsavoir caché son jeune fils durant trois mois, vil qu’ellene pouvait pas le dérober plus longtemps aux rechercheset l’exposa sur le Nil, en laissant sa fille aux environspour voir ce qui se passerait. La fille du pharaon aperçut la corbeille qui contenait l’enfant, la fit prendre eteut pitié du petit malheureux. Marie s’approcha alors etproposa à la princesse d’aller lui chercher une femmedu peuple hébreu, pour nourrir l’enfant. La propositionfut acceptée et la jeune fille alla chercher sa propre mère, à laquelle la fille du pharaon confia Moïse. Exod., ii, 4-10.Le dévouement et l’ingéniosité de Marie, probablementconseillée par sa mère, contribuèrent ainsi à assurer lesalut et la destinée de son frère. D’après Josèphe, Ant.jud., III, ii, 4; VI, 1, Marie aurait épousé Hur, qui soutint avec Aaron les bras de Moïse pendant la bataillecontre les Amalécites, Exod., xvii, 10-13, et fut le grandpère de Béséléel. Voir Hur, t. ii, col. 780.

2° Marie était âgée d’environ quatre-vingt-dix ans aumoment du passage de la mer Rouge. Exod., vii, 7. QuandMoïse et les enfants d’Israël eurent chanté le cantique dela délivrance, Marie devint prophétesse, neby'âh, c’està-dire saisie par l’esprit de Dieu. Elle prit en main letambourin, et, suivie des femmes qui avaient aussi desinstruments et commencèrent les danses de joie, ellerépondit aux hommes d’Israël en reprenant les premiersmots du cantique, comme un refrain qu’ensuite lesfemmes ne se lassèrent pas de redire. Exod., xv, 20, 21; Mich., vi, 4. Plus tard, Marie fit allusion à l’inspirationque Dieu lui avait communiquée en ce jour. Num., xii, 2.

3° On était arrivé dans le désert, après le départ duSinaï, à la station de Haséroth, quand Marie et Aaron selaissèrent aller à un mouvement de jalousie contre Moïse.Le prétexe mis en avant fut que Moïse avait pris pourfemme une Éthiopienne, soit qu’on qualifiât ainsi Séphora, qui était Madianite, Exod., ii, 21, mais pouvaitcompter des Éthiopiensparmi sesancêtres, cf. De Huminelauer, In Num., Paris, 1899, p. 97, soit qu’après la mortde Séphora Moïse ait réellement épousé une Éthiopienned’Arabie. Cf. Rosenmûller, In libr. Num., Leipzig, 1798, p. 214. Voir Moïse, Séphora. On se plaignait sans doutede l’influence que l'épouse de Moïse exerçait sur lui, alorsque des femmes d’Israël eussent mérité, semblait-il, d’avoir plus de crédit auprès de lui qu’une étrangère.Aaron et Marie firent sonner haut le privilège qu’ilsavaient eu, aussi bien que Moïse, de recevoir les comniunications particulières de Dieu. Exod., xv, 20; xxviii, 30; Lev., x, 8. Ils en concluaient qu’ils avaient plus de droitsà partager les honneurs et le pouvoir que sa femme, etaussi peut-être que les soixante-dix anciens que le Seigneur venait d’adjoindre à Moïse pour le règlement desaffaires courantes. Num., xi, 16, 17. Moïse, doux et patient, ne fit aucune opposition à ces prétentions. Mais leSeigneur intervint pour venger l’autorité de son serviteur, et, en punition de sa témérité, Marie fut frappée dela lèpre. Aussitôt Aaron, comprenant qu’il était lui-mêmeaussi coupable que sa sœur, conjura Moïse de ne pas lalaisser comme un enfant mort-né, dont la chair estconsumée par le mal. À son tour, Moïse implora le Seigneur. Dieu se laissa toucher. Il voulut cependant queMarie, qui avait mérité sa malédiction, fût enfermée septjours, hors du camp, après quoi elle y serait reçue. Letexte ne dit pas si Marie fut guérie sur-le-champ ou seulement le septième jour. Cette seconde hypothèse paraîtplus vraisemblable, à cause de l’exemple à donner aupeuple. D’ailleurs, le texte emploie ici le mot sâgar, quine veut pas dire seulement «exclure», exclusa, mais «enfermer», ἀφωρίσθη, «elle fut séparée et mise à part,» ce qui convient mieux pour une personne atteinte de lalèpre auprès d’un camp autour duquel chacun peut alleret venir. On attendit la guérison de Marie pour partir deHaséroth. Num., xii, 1-15. La lèpre de Marie est rappeléedans le Deutéronome, xxiv, 9, pour faire comprendre aupeuple que cette maladie comporte une intervention deDieu, et que, dans son traitement, il faut se comporter, comme le prescrit la loi divine.

4° Marie mourut à la station de Cadès et y fut ensevelie.Num., xx, 1. Voir Cadès, t. ii, col. 22. C’est à la stationsuivante, à la montagne de Hor, qu’Aaron mourut, Num, xx, 28, la quarantième année après la sortie d’Egypte.Num., xxxiii, 38. Il ne s’ensuit nullement que Mariesoit morte cette même année, comme le dit Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6; car les Hébreux restèrent très longtempsà Cadès, Deut, i, 46, et la mention de la mort de Mariesuit immédiatement celle de l’arrivée à cette station.Josèphe ajoute qu’on l’enterra sur la montagne de Sinet que le peuple prit le deuil pendant trente jours. SaintJérôme, De sit. et nomin., t. xxiii, col. 885, dit que, deson temps, on voyait encore le tombeau de Marie.

H. Lesêtre.

2. MARIE, mère de Jésus (fig. 217). Elle avait étéfigurée et prophétisée dans l’Ancien Testament et lesÉvangiles nous font connaître les principales circonstances de sa vie.

I. Figures et prophéties dans-l’Ancien Testament.— Ces figures et ces prophéties sont signalées par lesPères et par la liturgie de l'Église.

I. figures.

Ève.

La première femme reçutd’Adam le nom d’Ève, c’est-à-dire «vie», parce qu’ellefut la mère de tous les vivants. Gen., iii, 20. Mais enleur transmettant la vie naturelle, elle leur transmit lamort spirituelle. Marie est la mère de tous les vivantsdans l’ordre de la grâce, et elle n’a pas failli à sa mission. Les Pères l’appellent la nouvelle Ève et signalentle contraste qui existe entre la mère du Sauveur et lamère du genre humain. Cf. S. Justin, Dial. cum Tryphon., 100, t. vi, col. 709-711; Tertullien, De carne Christi, 17, t. ii, col. 782; S. Irénée, Adv. hæres., iii; 22; v, 19, t. vii, col. 958, 1175; S. Cyrille, Cateches., xii, 15, t. xxxiii, col. 741; S. Jérôme, Ep. xxii ad Eustoch., 21, t. xxil, col. 408; S. Augustin, De agone Christi, 22, t. XL, col. 303; etc. Voir Newman, Du culte de la Sainte Vierge dans l'Égl. cath., trad. du Pré deSaint-Maur, Paris, 1866, p. 36-51; Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, Paris, 1902, t. iii, p. 8-13, 353.

Le buisson ardent, que le feu embrase sansle consumer, Exod., iii, 2, figure de Marie qui porte enelle le Fils de Dieu incarné, sans nulle altération de savirginité. Cf. Ant. 3 ad Laud. Circumcision.

L’arche d’alliance, sur laquelle se manifeste la présence deDieu, figure de Marie qui porte Dieu en elle. Voir Arched’alliance, t. i, col. 923.

La toison de Gédéon, surlaquelle la rosée s’arrête sans mouiller la terre, Jud., vi, 37, 38, figure de Marie qui reçoit dans son sein le Sauveur venu du ciel. Cf. S. Ambroise, De Spirit. sanct., i, 8, 9, t. xvi, col. 705; S. Jérôme, Epist cviii, 10, t. xxil, col. 886; Ant. 2 ad Laud. Circumcision.

L'épouse du Cantique. Voir Cantique des cantiques, t. ii, col. 197. Parce que l'épouse du Cantique est unefigure de Marie, l'Église a emprunté à ce livre la plupart des éléments de son office de la Sainte Vierge. Surl’interprétation du Cantique appliqué à la Sainte Vierge, voir Gietmann, In Eccles. et Cant. cant., Paris, 1890, p. 417-418.

Le jardin fermé, Cant., iv, 12, voirJardin, t. iii, col. 1132, figure de la virginité de Marie. Cf. Respons. 7 Noct. Immac. Concept.


217. — La Vierge de Ravenne. Bas-relief grec du vie siècle.D’après Anna Jameson, Legends of the Madonna, 1858, p. 3.

7° La fontainescellée, Cant., iv, 12, voir Aqueduc, t. i, col. 799, mêmesignification.

La sagesse. Prov., viii, 22-31; Eccli., xxxiv, 551. Cf. Bulle Ineffabilis, Lect. iv ad Noct. x decemb. L'Église emprunte les textes de cespassages dans ses offices de la Sainte Vierge.

9° Différents personnages comme Sara, Débora, Judith, Esther, etc., ont été aussi considérés comme des figuresde Marie.

10° Enfin beaucoup d’autres figures de Mariesont indiquées soit par les Pères, soit par l'Église dansses prières. Cf. Terrien, La mère de Dieu, t. i, p. 120, 121; t. ii, p. 117, 118; Lecanu, Histoire de la Sainte Vierge, Paris, 1860, p. 51-82. Plusieurs sont rappeléesdans l’Ave maris Stella, les Litanies de la SainteVierge, etc.

II. Prophéties.

Le protévangile.

Dans la sentence portée contre le tentateur, le Seigneur s’exprimeainsi: «J’établirai inimitié entre toi et la femme, entreta race et la tienne; elle (cette race) te broiera (yešùf)la tête et tu lui broieras (tešûf) le talon.» Gen., iii, 15.Le même verbe hébreu, šûf, est employé dans les deuxmembres de la seconde phrase. Les Septante emploientdans les deux cas le verbe τηρέω, «guetter,» qui atténue laforce de l’hébreu. L'édition de Complute lui substitue le verbe τείρω, «accabler, briser.» Aquila, Symmaque, le Syriaque et le Samaritain traduisent par des verbes qui ont le sens de «broyer». S. Jérôme, Quœst. Hebr. in Gen., t. xxiii, col. 943, dit que le verbe contero, «broyer,» rend mieux l’hébreu que servo, «garder,» par lequel l’Itala rendait les Septante. C’est sans doutepour concilier les deux textes et ne pas trop heurterl’usage reçu de son temps qu’il se sert des deux verbescontero, «broyer,» et insidiori, «dresser des embûches:» «Elle te broiera la tête et tu attenteras à sontalon.» Les deux actions marquée» par le même verbesont donc de même nature: la race de la femme exercerasur le serpent un sévice qui appellera une ripostede la part de ce dernier. Seulement la blessure seramortelle pour le serpent, dont la tête sera broyée, tandisque pour la race de la femme, dont le talon seul serabroyé, la blessure, si cruelle qu’elle soit, n’entraînerapas la mort et sera guérissable. — La Vulgate actuellerend par ipsa, «elle,» la femme, le pronom hébreuhû’, αὐτός, qui est masculin et se rapporte à la race. La tête du serpent sera donc écrasée non par la femme elle-même, soit Eve, soit sa descendante, Marie, maispar la race de la femme. Cette race est prise collectivement, comme la race du serpent. Mais de même que la race maudite a triomphé au paradis par Satan, la racede la femme triomphera plus tard par Jésus-Christ. Cf.S. Irénée, Adv. Haeres., iii, 23, t. vii, col. 964; S. Justin, Dial. cum Tryphon., 100, t. vi, col. 712; S. Cyprien, Testim. cont. Judaeos, ii, 9, t. iv, col. 704; S. Épiphane, Haeres., III, ii, 18, t. xlii, col. 729; etc. La SainteVierge n’est donc pas personnellement visée par la prophétie, comme le texte de la Vulgate le donne à croire; mais il est question d’elle par voie de conséquencedirecte. La bulle Ineffabilis, après avoir rappelé la premièrepartie de la sentence: «J’établirai des inimitiésentre toi et la femme, entre ta race et sa race,» indiqueen ces termes la part qui revient à la Sainte Viergedans l’accomplissem*nt de l’oracle: «La très sainteVierge, unie au Christ par un très étroit et indissolublelien, avec Lui et par Lui, a exercé contre le serpentd’éternelles inimitiés, et, en triomphant de celui-ci dela manière la plus complète, lui a écrasé la tête de sonpied immaculé.» Lect. vi ad Noct. xiv decemb.

L’Almah et l’Emmanuel. Is., vii, 10-17. Voir ’Almah, t. i, col. 390-397; Lagrange, La Vierge et Emmanuel, dans la Revue biblique, Paris, 1892, p. 481-497; A. Lémann, La Vierge et l’Emmanuel, Paris, 1904.

Le texte de Jérémie, XXXI, 22. Il est traduit dans laVulgate: «Le Seigneur a créé une chose nouvelle surla terre: une femme entourera un homme.» Saint Jérôme, In Jerem., t. xxiv, col. 880, seul parmi les Pèreslatins, entend ce texte de la Vierge qui doit enfanter leMessie. Les Septante traduisent tout autrement: «LeSeigneur a créé le salut en plantation nouvelle, leshommes entoureront dans le salut.» Aquila traduit: «Le Seigneur a créé quelque chose de nouveau dans la femme.» Saint Athanase, t. xxv, col. 205; t. xxvi, col. 1276, combinant les deux textes, dit que la nouvelleplantation est Jésus, et que ce qui a été créé de nouveaudans la femme, c’est le corps du Seigneur enfanté parla Vierge Marie sans la coopération de l’homme. Quantau texte hébreu, il semble avoir souffert en cet endroit, ce qui explique la diversité des traductions. Le sens paraitêtre celui-ci: «Dieu crée sur la terre une chosenouvelle: la femme retourne vers l’homme.» Il s’agit, dans ce chapitre de Jérémie, du retour en grâce de lanation israélite, répudiée par le Seigneur. Quand unhomme avait répudié sa femme, il ne pouvait plus lareprendre. Deut, xxiv, 1-4; Jer., iii, 1. Or le Seigneurva faire une chose nouvelle, que la Loi n’a jamais permisde faire: il va permettre à la femme répudiée derevenir à son mari, c’est-à-dire il va permettre à la nationcoupable de retrouver l’amitié de son Dieu. À s’entenir à ce sens du texte hébreu, il n’y aurait donc pas làde prophétie concernant la Sainte Vierge. Cf. Condamin, Le texte de Jérémie, xxxi, 22, est-il messianique?dans la Revue biblique, 1897, p. 396-404.

4° On peutencore considérer comme concernant indirectement laSainte Vierge les prophéties qui se rapportent au Filsde Dieu fait homme par l’incarnation. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1432-1434.

II. Avant la naissance du Sauveur.

I. ORIGINE ET PARENTS DE MARIE.

La Sainte Vierge était de la tribu de Juda et de la descendance de David. Saint Luc, ii, 4, dit avec insistance que saint Joseph se rendit àBethléhem parce qu’il était «de la maison et de lafamille de David». Mais, dans le chapitre précédent, 32, 69, les mentions qui sont faites de la maison deDavid se rapportent à Marie, en tant que mère du Sauveur.Saint Paul parle du Fils de Dieu «né de la racede David selon la chair». Rom., i, 3. C’est seulementde la Sainte Vierge que le Fils de Dieu est né selon lachair; c’est donc par elle qu’il appartient à la descendancede David. Cf. Tertullien, De carn. Christi, 22, t. ii, col. 789; S. Augustin, De consens. Evangelist., ii, 2, 4, t. xxxiv, col. 1072.

2° Les parents de la SainteVierge ne sont connus que par la tradition. Voir Anne, t. i, col. 629; HÉLI, t. iii, col. 570; Généalogie de Jésus-Christ, t. iii, col. 169. Saint Jean Damascène, Hom. i, de Nativ. B. V., 2, t. xcvi, col. 664, appelle les parentsde la Sainte Vierge Joachim et Anne, et il ajoute que, dans un âge avancé, ils durent à de ferventes prières lanaissance de leur fille. Saint Grégoire de Nysse, t. xlvii, col. 1137, reproduit le même renseignement en l’attribuantà une histoire «apocryphe». La source ainsiindiquée est l’apocryphe appelé «Protévangile deJacques», qui commence par le récit de l’annonciationde la naissance de Marie faite à Anne et à Joachim, etdont la composition remonte à la fin du iie siècle. VoirÉvangiles apocryphes, t. ii, col. 2115, et le De nativitate sanctae Mariae, à la suite des œuvres de S. Jérôme, t. xxx, col. 298-305. Cette tradition est acceptée parsaint Germain de Constantinople, Or. de praesentat., 2, t. xcviii, col. 313; le pseudo-Épiphane, De laud. Deipar., t. xliii, col. 488; l’auteur d’un sermon De Nativ. B. V. M., dans les œuvres de S. Hilaire, t. xcvi, col. 278; S. Fulbert de Chartres, In Nativ. Deipar., t. cxli, col. 324, etc.

3° L’auteur de l’Évangile apocryphefait habiter Joachim et Anne à Nazareth. Cf. Acta sanctorum, 26 juillet, t. vi, 1729, p. 233-239; 3 mars, t. iii, 1668, p. 78-79. Ils habitaient plus probablement àJérusalem une maison que saint Sophrone de Jérusalem, en 636, Anacreontic., xx, 81-94, t. lxxxvii, col. 2822, appelle «la sainte Probatique où l’illustre Anne enfantaMarie». Un siècle plus tard, saint Jean Damascène, Hom. in Nativ. B. M. V., t. xcvi, col. 667, dit égalementque la mère de Dieu est née dans la sainte Probatique, Des témoignages d’auteurs postérieurs reproduisentla même indication. Voir Bethsaïde (Piscine de), t. i. col. 1730-1731, et le plan, col. 1725. L’emplacementde la maison des parents de Marie serait occupé parl’église de Sainte-Anne, qui n’est qu’à une trentaine demètres de l’ancienne piscine, d’où le nom de «sainteProbatique» que les anciens ont donné à cette église.Le 18 mars 1889, on a retrouvé la crypte qui avait jadisrenfermé le tombeau de sainte Anne (fig. 218). Il est probablequ’à la place de cette crypte, il y avait primitivementun jardin dans lequel Anne et Joachim auraientété inhumés, selon la coutume ancienne. I Reg., xxv, 1; xxviii, 3; III Reg., ii, 34; IV Reg., xxi, 18. D’ailleurscet emplacement se trouvait alors en dehors de la ville, à environ cent vingt mètres de l’enceinte du Temple.On croit que la crypte contiguë à celle des tombeauxoccupe la place de la chambre dans laquelle serait néela Sainte Vierge. C’est pour cette raison que l’égliseanciennement bâtie à cet endroit s’appela d’abord SainteMarie de la Nativité. Cf. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 284, 351-357, 430; A. Socin-Benzinger, Palästina und Syrien, Leipzig, 1891, p. 80; L. Cré, Tombeau de saint Joachim et de sainte Anne, dans la Revue biblique, 1893, p. 245-274; H. Vincent, La crypte de Sainte-Anne à Jérusalem, dans la Revue biblique, 1904, p. 228-241.Il est vrai que quand, dans la vallée du Cédron, l’ondescend l’escalier qui mène à l’église de l’Assomption, où l’on vénère le tombeau de Marie, on rencontre àdroite une petite chapelle, avec deux autels qui recouvrentdes tombeaux dits de sainte Anne et de saint Joachim.Mais cette attribution est erronée et ces tombeauxappartiennent à des personnages de l’époque des croisades. Cf. de Vogüé, Les églises de la Terre-Sainte, Paris, 1850, p. 310.



218. — Plan de l’église Sainte-Anne à Jérusalem. — A. Antiqueciterne. — G. Chambre située sous l’abside. — N. Crypte de laNativité. — T. Tombeau de sainte Anne. D’après la Revue biblique, 1893, p. 273.

II. l’immaculée conception.

1° Aucun texte de laSainte Écriture n’énonce explicitement ce dogme. Mais, étant donnée la définition de l’Église, déclarant que laVierge Marie a été préservée de toute atteinte du péché originel, on est en droit de retrouver le dogme à l’étatimplicite dans le texte sacré. — L’inimitié entre lafemme et le serpent et la victoire promise à la race dela femme s’étendent donc jusqu’à la soustraction totalede Marie à l’influence de Satan. Gen., iii, 15. La bulleIneffabilis note la convenance du triomphe total de lamère de Dieu sur l’antique serpent. Cf. Noct. ix dec, lect. v; xiv dec., lect. vi. — De même, la plénitude degrâce que l’ange Gabriel salue en Marie comprendl’innocence parfaite et l’exemption même de la faute originelle.Luc., i, 28. — Enfin, l’application que l’Églisefait à Marie, dans un sens dérivé, de ce qui est dit de laSagesse: «Le Seigneur m’a créée au commencement deses œuvres, avant qu’il se fût mis à faire tout autreêtre,» Prov., viii, 22; cf. Missal., viii dec, Epist., permetde conclure que, fille d’Adam quant à la successiondu temps, la Vierge Marie lui est antérieure dans leplan divin, et dès lors elle reçoit la vie spirituelle dansdes conditions qui, en vertu des mérites de Jésus-Christ, ne dépendent en rien de celles que le péché du premierhomme a imposées à tous ses autres descendants.Rom., v, 12. Cf. S. François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, ii, 4-6, édit. Pages, p. 89-97.

2° Ce privilègede la Sainte Vierge commença à être fêté à Constantinopleà la fin du viie siècle, fut insinué pour lapremière fois en Occident par saint Anselme, De conceptu virginal., xviii, t. clviii, col. 451, célébré d’abord enAngleterre, dès le xie siècle, puis à Lyon, en 1140, malgréle blâme de saint Bernard, Epist., 174, t. clxxxii, col. 332, défendu énergiquement par l’Université deParis, érigé en fête solennelle par le concile de Londresde 1328, proclamé article de foi par le concile de Bâle, le 17 septembre 1439, mais à un moment où ce concilen’avait plus aucune autorité, célébré dans l’Église universelleà partir de Sixte IV, qui introduisit la fête dela Conception dans le Bréviaire romain, en 1477, enfindéfini dogmatiquement par Pie IX, le 8 déc. 1854. Cf.H. Kellner, Heortologie oder das Kirchenjahr und die Heiligenfeste in ihrer geschichtl. Entwickelung, Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 151-155; Le Bachelet, L’Immaculée Conception, Paris, 1903; Lesêtre, L’Immaculée Conception et l’Église de Paris, Paris, 1904.

III. naissance.

1° D’après le De nativ. S. Mariæ, 2, 6, t. xxx, col. 298, 301, Marie serait née à Nazareth.Antonin de Plaisance, Itiner., 5, t. lxxii, col. 901, semblele supposer, assez vaguement, du reste. Les bulles despapes Paul II (1471), Jules II (1507), Léon X (1519), Paul III (1535), Pie IV (1565), Sixte V (1586) et InnocentXII (1698), sur la Santa Casa de Lorette, disentque la Sainte Vierge est née, a été élevée et a été saluéepar l’ange dans cette maison, par conséquent qu’elle estnée à Nazareth. Ces papes n’entendent pas assurémentdécider sur un fait historique, et ils ne font sans doutequ’adopter l’opinion courante à leur époque. — Uneautre tradition fait naître Marie à Sepphoris, à cinqkilomètres au nord de Nazareth. Là habitèrent en effetsainte Anne et saint Joachim. Du moins, une églisebâtie sous Constantin en cet endroit avait pour but deconsacrer ce souvenir. Cf. Liévin, Guide de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, t. iii, p. 183. Saint Épiphane, Hær. xxx, 4, 11, t. xii, col. 410, 426, parle de ce monument.Si les parents de la Sainte Vierge ont vraimentpossédé une maison à Sepphoris, il est possible etnaturel que Marie y soit allée; mais rien ne démontraqu’elle y soit née. — Le plus probable est donc que lanaissance de Marie eut lieu à Jérusalem, comme nousl’avons vu attesté plus haut par saint Sophrone et saintJean Damascène, et comme permet de le supposer ladécouverte de l’emplacement de la maison de sainteAnne et de saint Joachim près du Temple. L’affirmationde saint Jean Damascène est d’autant plus significativequ’elle n’est pas conforme à celle des apocryphes, dontpourtant ce Père a fait usage pour parler de la SainteVierge.

2° La naissance de Marie n’a guère été célébrée àRome que vers la fin du VIIe siècle. Peut-être en faisait-onmémoire auparavant dans d’autres églises. Deux sermonsde saint André de Crète, t. xcvii, col. 806, se rapportentà cet événement et supposent la fête. Cf. Kellner, Heortologie, p. 146. Le synode de Salzbourg, can. 10, en 799, prescrit quatre fêtes en l’honneur de la Mère de Dieu: la Purification le 2 février, l’Annonciation le 25 mars, l’Assomption le 15 août et la Nativité le 8 septembre.

IV. la présentation et l’enfance de Marie.

1° Le Protevangelium Jacobi, vii-viii, et le De nativitate En cours

Marije, vil-vm (Evangelia apocrypka, 2e édit., Tischendorf, Leipzig, 1876, p. 1W7, 117-179), racontent qu’enaccomplissem*nt du vœu fait par ses parents, Marie futconduite au Temple à l’âge de trois ans, qu’elle enmonta seule les degrés, y fit son vœu de virginité et ydemeura pour être élevée avec les autres vierges. Làelle jouit des visites quotidiennes des anges et de visionsdivines. Quand elle eut atteint sa quatorzième année, le grand-prêtre voulut la renvoyer dans sa famille pourqu’elle se mariât. Mais elle objecta son vœu. Le grandprêtreembarrassé consulta le Seigneur, puis fit venirles jeunes gens de la famille de David et promit Mariepour épouse à celui dont la verge fleurirait et sur laquellele Saint-Esprit se reposerait en forme de colombe.Joseph fut l’heureux privilégié. Cette légende est adoptéepar saint Grégoire de Nysse et saint Germain de Constantinople, dans leurs sermons cités plus haut. Le Coran, xix, 16, parle aussi de Marie née de parents très âgés, s’éloignant ensuite de sa famille du côté de l’Orient etprenant en secret un voile pour se couvrir. L’auteur duChristus patiens, faussem*nt attribué à saint Grégoirede Nazianze, t. xxxviii, col. 244, écrit également d’aprèsla même légende. — 2° En fait, les enfants mâles premiers-nésavaient seuls à être présentés au Temple, parce qu’ils appartenaient de droit au Seigneur. Exod., Xiil, 2, 12. Pourtant, il n’est nullement étonnant que lesparents de Marie, surtout s’ils habitaient à Jérusalemprès du Temple, aient eu la pieuse pensée d’y présenterleur enfant, pour remercier le Seigneur de la leur avoirdonnée à la suite de longues prières, s’il faut en croireles apocryphes. Cette démarche se conçoit encore mieuxde la part de Marie. Les paroles qu’elle adressera bientôtà l’ange: «Comment cela se fera-t-il, puisque je neconnais point d’homme?» Luc, i, 34, indiquent qu’elleavait consacré à„ Dieu sa virginité par un vœu exprès.Cf. S. Augustin, De sancta virginit., i, 4, t. XL, col. 398.Il est possible qu’elle ait fait ce vœu à un âge trèsRendre, surtout si le développement de son intelligenceet de sa conscience a, par la grâce de Dieu, devancéles lois de la nature, ainsi que plusieurs Pères l’admettentpour saint Jean-Baptiste, d’après Luc, I, 41. Cf. Tertullien, De carne Christi, 21, t. ii, col. 788; S. Ambroise, De fide, iv, 9, 113, t. xvi, col. 639; S. Cyrille de Jérus., Catech., iii, 6, t. xxxiii, cot. 436, etc. Cependant on nepeut rien affirmer de précis à ce sujet, et l’argumenten vertu duquel Notre-Seigneur n’a dû refuser à samère aucun des dons naturels ou surnaturels quidépendaient de sa munificence filiale, est un argumenta priori, dont l’application doit être réglée par l’enseignementou la pratique de l’Église. Or, dans sa liturgie, l’Eglise admet le fait de la présentation de la SainteVierge au Temple, mais elle se tait et sur l’âge de Mariequand elle accomplit cet acte et fit son vœu, et surles dons naturels et extranaturels dont elle fut gratifiée.— 3° L’éducation de Marié dans le Temple, affirmée par les apocryphes, est assez problématique.Nulle part la littérature juive ne mentionne la coutumed’élever des jeunes filles dans le Temple. Voir Éducation, t. ii, col. 1595. Josèphe, Bell, jud., V, v, 5, décrit par le détail les locaux dont se composaitl’édifice sacré; aucun n’est indiqué comme destiné àrecevoir des jeunes filles. Cf. Reland, Antiguitatessacrée, Utrecht, 1741, p. 52-54; Schûrer, Geschichtedes jûdischen Volkes im Zeit J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 262-279, 325. Sans doute, le jeune Joas fut élevédans l’ancien Temple jusqu’à l’âge de sept ans. IV Reg., XI, 3. Mais il était roi et ce séjour lui était imposé parles circonstances. Quant aux jeunes filles «enfermées», que l’attentat sacrilège d’Héliodore faisait courirde tous côtés, II Mach., iii, 19, rien ne fait supposerqu’elles habitassent le Temple. Autour du parvis desprêtres, il est vrai, il existait des salles qui avaient unedouble entrée, l’une par l’intérieur de ce parvis, etl’autre par la grande cour des gentils. Les femmespouvaient ainsi accéder au moins dans la partie de cessalles qui se trouvait en dehors de l’enceinte sacerdotale.C’est apparemment dans’l’une de ces salles queplus tard Marie et Joseph trouvèrent l’enfant Jésus aumilieu des docteurs. Luc, ii, 46. Y avait-il des chambresau-dessus de ces salles, ou d’autres locaux en dehorsdes cours du Temple, pour y recevoir des jeunes filles, et les élever? Rien n’autorise à l’affirmer. Dans sadescription de la vie de la Sainte Vierge avant l’annonciation, saint Ambroise, De virgin., II, ii, 9, 10, t. xvi, col. 209, 210, suppose expressément que Marie vivaitdans la maison de ses parents. La maison de sainteAnne était séparée du Temple par une route et par leBirket Israël, piscine qui avait quarante mètres delargeur. Voir t. iii, col. 1348, et le plan, col. 1326. Rien, n’était donc plus facile à la jeune enfant que d’êtreconduite et ensuite de se rendre elle-même dans lamaison du Seigneur pour y prier. Ainsi faisait, à cetteépoque même, Anne la prophétesse, qui «ne s’éloignaitpas du Temple et servait Dieu jour et nuit dans lesjeûnes et les supplications», Luc, ii, 37, sans qu’onsoit en droit d’en conclure qu’elle habitait dans leTemple même. Cf. Corn. Jansénius, Tetrateuchus insanct. J. C. Evang., Louvain, 1699, p. 484; Knabenbauer, Evang. sec. Luc, Paris, 1896, p. 138. Une basiliquefut bâtie par Justinien sur l’esplanade de l’ancienTemple en l’honneur de la Sainte Vierge. Elle prit lenom de Sainte-Marie la Neuve, pour qu’on ne la confondîtpas avec l’église de la Nativité. Par la suite, onl’appela l’église de la Présentation, quand on voulutlocaliser en cet endroit le séjour de Marie dans leTemple. C’est maintenant la mosquée el-Aksa. Cf. V.Guérin, Jérusalem, p. 362; Liévin, Guide de la TerreSainte, t. i, p. 447. — 4° La présentation de la SainteVierge est mentionnée officiellement pour la premièrefois comme objet de fête dans une constitution deManuel Comnène, en 1166. D’Orient, la fête s’introduisità la cour papale d’Avignon, en 1371. Sixte IV eninstitua l’office, un siècle plus tard, et Sixte V enétendit la célébration à toute l’Église, en 1585. Cf. Kellner, Heortologie, p. 155, 156. La liturgie ecclésiastiquede cette fête ne garantit officiellement que le faitmême de la présentation de Marie, en négligeant tousles détails consignés dans les apocryphes. Voir Gosselin, Instructions sur les principales fêtes de l’année, 3 in-12, Paris, 1880, t. iii, p. 360-385.

v. les fiançailles.

1° Les jeunes filles juives semariaient très jeunes. Elles étaient nubiles dès l’âgede douze ans et demi. Suivant les circonstances, onattendait plus ou moins pour les marier. Les fiançaillesprécédaient et se célébraient suivant un certain cérémonial.A partir de ce moment, la fiancée appartenaitlégalement à son fiancé, bien que la cohabitation necommençât qu’au mariage, ordinairement postérieurd’un an aux fiançailles. Voir Fiançailles, t. H, col. 2230-2232. Marie fut fiancée à Joseph, qui étaitson parent. Voir Joseph (Saint), t. iii, col. 1670. Il estpossible que la Sainte Vierge, dont on connaît unesœur, mais à laquelle aucun frère n’est attribué, ait étéune héritière, comme le donne à penser son voyage àBethléhem à l’époque du recensem*nt, et qu’en conséquenceelle ait été obligée de se marier avec un hommede sa tribu. Num., xxxvi, 6. Mais la loi ne l’obligeaitpas à épouser un parent et même elle excluait formellementcertains degrés de parenté. Voir Mariage, col. 760.Cette union fut donc le résultat d’un choix probablementfait, suivant la coutume, par les parents de saintJoseph.

2° On peut se demander comment se concilienten Marie le vœu de virginité et le consentementaux fiançailles. Sans-doute, la Sainte Vierge comptaitbien que Dieu, qui lui avait inspiré son vœu, interviendraitprovidentiellement pour en assurer l’exécution» 785

    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU

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D’autre part, elle ne pouvait se refuser aux fiançaillessans se singulariser grandement, dans un pays où toutejeune fille aspirait au mariage comme à l’accomplissem*ntd’un devoir. Il est donc à présumer que Marieavait agréé personnellement le choix qui avait été faitde son fiancé, et que d’autre part elle le connaissaitassez pour avoir l’assurance que, prévenu ou non, il respecteraitla promesse qu’elle avait faite à Dieu. Tout s’accomplitcomme elle l’avait souhaité. Voir t. H, col. 2231.

ri. l’annonciation. — 1° Quand Marie, fiancée àJoseph, reçut la visite de l’ange, elle ne partageait pasencore la demeure de son futur époux, ce qui n’avaitlieu qu’après la célébration publique du mariage.L’Évangile dit qu’elle résidait alors à Nazareth. Luc, i, 26. Elle avait donc quitté Jérusalem, soit que ses parentsfussent morts, soit qu’elle voulût se rapprocher de sonfiancé. Le voyage de Marie à Bethléhem, à l’époque durecensem*nt, permet de supposer qu’elle était alorsdevenue héritière et par conséquent orpheline. Cependantcette conclusion n’est pas rigoureuse, parce qued’autres motifs, et même le simple désir de ne pasquitter son époux si tôt après la célébration du mariage, pouvaient déterminer Marie à se mettre en route.L’ange qui vint trouver la Sainte Vierge à Nazarethétait Gabriel. Voir Gabriel, t. iii, col. 22. Quand il eutrempli son message, Marie se soumit à la volonté divineet le mystère de l’Incarnation s’accomplit. Voir Annonciation, t. i, col. 649-654. — À raison de son caractèreévangélique, le souvenir de l’annonciation a été célébréde bonne heure dans l’Église, quoique à des dates différentes.Dès le milieu du ve siècle, saint Proclus, à Constantinople, Orat., i, t. lxv, col. 679, et saint PierreChrysologue, à Ravenne, Serm., cxl, clxii, t. lii, col. 575, 579, font mention d’une fête de dévotion ayantpour objet ce mystère.

vu. la Visitation. — 1° L’ange avait averti Marieque sa parente Elisabeth, bien qu’avancée en âge et réputéestérile, avait été favorisée d’une bénédiction inespéréeet en était à son sixième mois. Luc, I, 36. VoirElisabeth, t. ii, col. 1689. «En ces jours-là,» c’est-à-diredans les jours de son annonciation, peu de tempsaprès la visite de l’ange, Marie partit avec empressem*ntpour aller visiter sa cousine, «sans incrédulitésur l’oracle de l’ange, sans hésitation à croire la nouvelle, sans aucun doute sur la réalité de l’exemple, maisjoyeuse de sa résolution, ne songeant qu’à remplir unpieux devoir et empressée à faire plaisir.» S. Ambroise, Expos. Evang. sec. Lue., ii, 19, t. xv, col. 1560. Ellepartit donc; mais l’Évangéliste ne dit pas dans quellesconditions. Elle ne pouvait guère se dispenser de fairepart à son fiancé de son projet de voyage et au moinsde quelques-unes des raisons qui lui inspiraient sa résolution.Joseph ]’accompagna-t-il? On ne saurait le dire.Le voyage de ce dernier était naturel si l’on se trouvaitalors à l’époque de la Pàque ou de quelque grande fêtejuive. Mais l’Évangéliste garde le silence à ce sujet etl’on en est réduit aux conjectures. Toutefois l’on nepeut supposer l’absence de saint Joseph en se basantsur ce seul fait qu’il continua à ignorer ce que Dieuavait accompli en Marie. Les paroles d’Elisabeth, Luc, I, 43, ont pu n’être pas entendues par lui ou n’être pasassez claires pour le renseigner sur ce qui s’était paisseen sa fiancée. Cf. Goleridge, La vie de votre vie, Jrad.Petit, Paris, 1888, t. ii, p. 162. En tous cas, Dieu quiavait fait connaître à sainte Elisabeth la mystérieusematernité de Marie se réservait de la révéler à son heureà saint Joseph.

2° Quand elle fut arrivée à la ville où demeurait Zacharie, voir Jeta, t. iii, col. 1518, Marie entra dans lamaison de ce dernier et salua Elisabeth. L’enfant quecelle-ci avait dans son sein tressaillit de joie à la voixde la Sainte Vierge, qui portait en elle le Verbe incarné.En même temps, Elisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint.

Par sa présence, le Fils de Dieu sanctifiait ainsi en mêmetemps l’enfant qui devait être son précurseur et la mèrede cet enfant. Cf. S. Augustin, Epist., clxxxvii, ad Dardan., VU, 23, 24, t. xxxiii, col. 840. «L’enfant tressaillit, la mère tut remplie; mais elle ne le fut pas avant sonfils: quand le fils eut été rempli de PEsprit-Saint, il enremplit sa mère. d S. Ambroise, Expos. Evang. sec. Luc, n, 23, t. xv, col. 1561. Sous l’inspiration de ce divin Esprit, Elisabeth s’adressa à haute voix à Marie et lui dit: «Tu es bienheureuse entre les femmes et béni est lefruit de ton sein. Et d’où me vient que la mère de monSeigneur me visite? Car dès que la voix de ta salutationest arrivée à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joiedans mon sein. Heureuse es-tu d’avoir cru, car ce quit’a été dit par le Seigneur s’accomplira.» Luc, i, 39-45.Il est à remarquer qu’Elisabeth reprend une partie desparoles de l’ange Gabriel, Luc., i, 28, ce qui indique queles deux personnages parlent en vertu de la même inspiration.L’Esprit de Dieu continue ses révélations àMarie par l’organe de sa parente, et à celle qui s’estdéclarée la servante docile du Seigneur il fait donnerl’assurance que, à cause de sa foi, tout ce que l’ange luia annoncé s’accomplira. Marie prit la parole, non pourrépondre à Elisabeth, mais pour adresser ses hommageset ses actions de grâces à Dieu, l’auteur de tant demerveilles accomplies en elle et en sa parente. Luc, i, 39-46.

3° La Sainte Vierge resta environ trois mois dans lademeure d’Elisabeth. Luc, i, 56. Pourquoi cette mentiondu temps que dura le séjour de Marie, sinon pourinsinuer discrètement qu’elle assista à la naissance duPrécurseur? Cf. S. Ambroise, Expos. Evang. sec. Luc., _n, 29, 30, t. xv, col. 1562, 1563. Il ne sera plus questiond’elle dans le récit de cette naissance; mais il est dansles habitudes de saint Luc d’épuiser tout ce qui concerneun fait ou un personnage, avant de passer à un autre.Cf. Lesêtre, La méthode historique de S. Luc, dans laRevue biblique, 1892, p. 179-182. Un certain nombre d’auteurspensent cependant que Marie n’assista pas à la naissancede saint Jean-Baptiste.

4° La Visitation de la Sainte Vierge, à raison même dela place qu’elle occupe dans le récit évangélique, n&pouvait manquer d’être célébrée par une fête. Celle-cin’apparaît cependant qu’au xin «siècle, sous l’influencefranciscaine. Pendant le grand schisme, elle fut instituéeofficiellement, en 1389, par Urbain VI et Boniface IX, et en 1441, le concile de Bàle, dans sa xliii" session, statua qu’elle serait célébrée le 2 juillet. Cette daterattache la fête à celle de saint Jean-Baptiste, dont ellesuit immédiatement l’octave. Cf. Kellner, Heortologie, p. 156.

VIII. LE MAGNIFICAT. — 1° Après qu’Elisabeth eut félicitésa parente, sîjtsv Mapiâ[i, ait Maria, dit saint Luc, i, 46. Trois anciens manuscrits occidentaux, le Vercellensis, le Veronensis et le Rhedigerianus lisent la variante: ait Elisabeth. Le manuscrit Vatic. du De psalmodiéebono de Nicétas, t. lxviii, col. 373, présente aussi, dans une énumération des cantiques liturgiques, la mentionsuivante: cum Helisabeth Bominum anima nostramagnificat. Cf. G. Morin, dans la Revue biblique, 1897, p. 286, 287. Mais le nombre infime des manuscrits portantcette variante ne saurait contrebalancer un instantl’autorité de tous les autres et celle des Pères, qui sontunanimes à lire le texte actuel. D’ailleurs, après leshumbles paroles prononcées par Elisabeth dans la salutationà Marie, la formule: Et ait Elisabeth: Magnificat, est aussi anormale que la formule: Et ait Mariaest naturelle et justifiée par la suite du cantique. On avoulu voir à tort une preuve de l’existence de la variantedans Origène, Hom. ru in Luc., t. xiii, col. 1817.Cf. A. Durand, L’origine du Magnificat, dans la Revuebiblique, 1898, p. 74-77; Lepin, Le Magnificat doit-ilêtre attribué à Marie ou à Elisabeth? Lyon, 1902. — 787

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MARIE, MÈRE DE DIEU

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2° Le Magnificat est l’œuvre d’une âme très familiariséeavec les textes sacrés. Les expressions et souvent lespensées en sont empruntées aux écrits de l’Ancien Testament, particulièrement au cantique d’Anne, mère deSamuel. I Reg., ïi, 1-10. Dans son cantique, Marie commencepar faire éclater sa joie à la pensée du DieuSauveur qui a abaissé un regard de bonté sur la bassesse, TomsiviiXTic, de sa servante, c’est-à-dire de sonesclave, SovXt, ancilla. Bien que convaincue de sa bassesseet ne s’estimant qu’une esclave aux yeux de Dieu, ’elle prophétise que toutes les nations la proclamerontbienheureuse, comme vient de le faire Elisabeth, Luc, i, 42, 45, comme le fera la femme de l’Évangile, Luc, xi, 27, comme le feront jusqu’à la fin des temps les chrétiensqui réciteront Y Ave Maria.

ix. l’hésitation de saint joséph. — 1° À son retourà Nazareth, ou peu de temps après, Marie futtrouvée, E’SpéOï), avec les signes extérieurs de ce que leSaint-Esprit avait opéré en elle. On comprend que Joseph, qu’il ait accompagné Marie chez sa parente ounon, se soit au retour montré plein de sollicitude àson égard. Il constata donc ce qui se passait en elle, mais il ne connaissait pas le secret que Dieu n’avaitencore révélé qu’à Marie et à Elisabeth. L’épreuve futdure pour lui, et aussi pour sa sainte fiancée, à laquelleil ne put sans doute dérober longtemps les indices deson inquiétude. Celle-ci garda néanmoins le silence, comptant avec raison que Dieu, qui avait pris soind’informer Elisabeth, avertirait aussi Joseph. Dieu mitfin à l’épreuve de Joseph par le moyen sur lequel comptaitMarie. Un ange lui apparut pendant son sommeil etlui révéla le mystère. C’était justice. Joseph avait droit, autant du moins qu’une créature peut avoir un droit visà-visde Dieu, d’être informé de ce qui avait été fait àune fiancée qui lui appartenait légitimement. L’ange luidit donc que ce qui était engendré en Marie, àv aûrijYevv» )9év, venait du Saint-Esprit, et qu’en conséquence iln’hésitât pas à la prendre pour sa femme. Matth., i, 1820.

x. le mariage. — 1° Tous Ces événements s’étaientpassés avant que Marie et Joseph habitassent ensemble, wpv 5] (njveXôeïv aùioûç, antequam convertirent, Matth., i, 18, comme c’était la règle entre fiancés. Sur l’ordre del’ange, Joseph, à son réveil, prit pour sa femme, tt|V-yuvatxa aÛToï, celle qui n’était précédemment que safiancée, [ivi)<TTeu8efoT<i. Les paroles de l’évangéliste, «àson réveil,» exsurgens a sonino, «Joseph la prit poursa femme,» indiquent que le doute de Joseph ne futlevé qu’à peu de jours de l’époque à laquelle devait secélébrer le mariage, et conséquemment l’introductionsolennelle et définitive de Marie dans la maison de sonépoux. Matth., i, 24. Voir Mariage, col. 773. — 2° Cesfaits de la vie de la Très Sainte Vierge ne peuvent êtredatés sûrement. Chez les Juifs, les jeunes filles étaientconsidérées comme nubiles dès l’âge de douze ans. Onne sait pas quel âge avait Marie quand elle se fiança.En tous cas, l’usage du mariage au cours des fiançaillesne présentait absolument rien d’anormal, si bien quepersonne, sauf Joseph, n’eut à s’étonner de l’état deMarie entre ses fiançailles et son mariage. Rien n’indiquenon plus le temps qui s’écoula entre les fiançaillesde Marie, et la visite de l’ange. Entre cette visite et lemariage, il faut compter au moins trois mois, tempsdu séjour de Marie chez Elisabeth. Luc., i, 56. Mais onne sait pas davantage combien de jours séparèrent le retourde Marie d’avec la célébration de son mariage, nicette célébration d’avec la naissance du Sauveur. Onlaissait d’ordinaire un an s’écouler entre les fiançailleset le mariage; mais ce délai était abrégé, quelquefoisjusqu’à un mois, à la volonté des fiancés. Cf. Iken, Ant.hébr., p. 497. Il s’écoula naturellement plus de troismois entre les fiançailles de Marie et de Joseph et leurmariage; on ne peut pas savoir si le délai fut porté jusqu’à un an. Enfin, étant données les coutumes orientales, la Sainte Vierge a parfaitement pu n’avoir quetreize ans quand elle a mis au monde Notre-Seigneur.Avait-elle davantage? Dépassait-elle cet âge de plusieursannées? Aucun document ne permet de le dire.

III. Pendant l’enfance du Sauveur. — I. la naissanceA BETHLÉHEM. — 1° En vertu d’un édit de l’empereurAuguste, un recensem*nt fut fait dans les provincesde l’empire. La Judée, soumise alors à l’autoritéromaine, malgré la royauté d’Hérode, dut subir cetteopération administrative. Voir Cyrinus, t. ii, col. 1189.Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Luc, Paris, 1896, p. 104114. Le recensem*nt se fit suivant la méthode juive. Lestitres généalogiques des familles Israélites étaient soigneusem*ntconservés. I Esd., ii, 59, 62. Josèphe, Vit., 1, témoigne qu’il a établi sa propre généalogied’après les tablettes publiques; il dit ailleurs, Cont.Apion., i, 7, que les familles sacerdotales tenaient avecle plus grand soin leurs tables généalogiques. Il en étaitcertainement de même chez les principales familles dupays, et en premier lieu dans la famille de David, héritièrede si grandes promesses. Les tables généalogiquesse conservaient dans des conditions qui garantissaientleur authenticité, et naturellement dans le lieu d’originedelà famille. La famille de David, à laquelle appartenaientMarie et Joseph, était originaire deBethléhem; c’est donc à Bethléhem qu’ils se rendirent pour lerecensem*nt, l’empereur Auguste ayant formellementautorisé les peuples relevant de l’autorité romaine à procéderdans les actes publics suivant leurs coutumes nationales.Ci. Dion Cassius, Liv, 9. Marie accompagna Joseph, soit pour obéir à un désir personnel ou à une inspirationdivine, soit parce qu’elle était héritière ou qu’ils’agissait de fixer l’impôt personnel qui frappait lesfemmes depuis l’âge de douze ans. Digest., L, xv, 3, Mommsen, 1872, p. 356 (du IIIe siècle). Cf. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découv. qrchéol. mod., Paris, 2 8 édit 1896, p. 109; Schûrer, Geschichte des jùdischenVolkes im Zeit J. C, Leipzig, t. i, 1901, p. 513.

2° Un grand concours de Juifs avait afflué à Bethléhemà l’occasion du recensem*nt. Aussi les nouveaux arrivantsne trouvèrent pas de place dans le khan de laville, voir Bethléhem, t. i, col. 1691, et Caravansérail, t. H, col. 253, 254, et furent obligés de se réfugier dansune grotte servant d’étable aux animaux. Voir Crèche, t. ii, col. 1107-1109; cf. S. Justin. Dial. cum Tryph, , 78, t. vi, col. 657; Origène, Cont. Gels., i, 51, t. xi, col. 756; Eusèbe, VU. Constant., iii, 43, t. xx, col. 1101; S. Jérôme, Epist. xlvi, 10; cviii, 10, t. xxii, col. 490 r884. C’est là que Marie enfanta le Sauveur pendant lanuit. Luc, ïi, 1-7. Des mots: «pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait enfanter arriva,» on conclutque Marie et Joseph se trouvaient peut-être à Bethléhemquelques jours déjà avant la naissance de l’enfant Jésus.Il semble que ce dut être pour Marie une très dureépreuve que d’avoir à quitter subitement sa maison deNazareth, dans laquelle elle avait tout préparé pouraccueillir dignement l’Enfant à sa naissance, et ensuitede n’avoir à lui offrir qu’une étable et la paille d’unecrèche. Mais sa foi en la conduite de la Providence étaitsi vive que, dans tous ces événements, elle ne vit certainementque l’expression de la volonté divine, à laquelleelle se soumit avec autant de joie que de docilité. Lesévangélistes, inspirés par elle, ne témoignent ici que deson attention à méditer ce qui arrivait.

3° Saint Luc, ii, 7, 16, dit que, quand l’Enfant fut né, Marie l’enveloppa elle-même de langes et le couchadans la crèche, où les bergers le trouvèrent ensuite, au cours de la même nuit. Cette manière de parler permetd’affirmer que l’enfantement ne causa à Marie nidouleur ni faiblesse. C’est là ce qu’ont enseigné S. Ambroise, In Ps. xlvii, ~iî, t. xiv, col. 1150; S. Grégoirede Nysse, Or. i de resurrèct., t. xlvi, col. 604j S. Jean 789

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MARIE, MÈRE DE DIEU

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Damascène, Di fid. orthod-, iv, 14, t. xcxiv, col. 1160; Fortunat, viii, 7, t. lxxxvhi, col. 282; l’auteur du Christuspatiens, 63, 64, 70, jt. xxxviii, col. 142; l’auteur duSerm, . 194 inséré dans S. Augustin, t. xxxix, col. 2105; S. Thomas, Summ. theol., III a, q. xxxv, a. 6; Bossuet, Élév. sur les myst., XVI, 6, etc. Il ne convenait pas eneffet, semble-t-il, que Marie fût soumise à la sentenceportée contre Eve désobéissante et contre les autresfemmes: «Tu enfanteras avec douleur.» Gen., iii, 16.

4° Marie vit donc les bergers adorer l’enfant Jésus etdut apprendre d’eux ce qu’ils avaient pu contempler etentendre en gardant leurs troupeaux. L’Évangéliste nereproduit d’elle aucune parole; il rapporte seulementque «Marie conservait toutes ces choses», les faits etles paroles, «les méditant dans son cœur.» Luc., ii, 19.

5° Le huitième jour, Marie assista à la circoncisiondu divin Enfant, auquel on donna le nom de Jésus, quilui avait été révélé à elle d’abord, Luc, i, 31, et ensuiteà Joseph. Matth, , i, 21. Cette cérémonie se faisait ordinairementà la maison ou à la synagogue. L’Évangilementionne la circoncision de Jésus sans indication delieu. Il est à croire que la sainte Famille n’était plusalors dans la grotte. Dès le matin de la naissance, les habitantsde Bethléhem, avertis par les bergers des événementsmerveilleux de la nuit, Luc., ii, 18, avaient dûprobablement la recueillir dans une maison de la ville.

u. la purification. — 1° La loi obligeait Marie à seprésenter au Temple le quarantième jour après la naissancede l’Enfant, pour se purifier elle-même, Lev., xii, 2-8, et pour consacrer au Seigneur son premier-né.Exod., xiii, 2; Num., xviii, 15. La loi de purificationne Ja concernait nullement; elle se comporta néanmoinscomme toutes les autres mères, par humilité etpour obéir au dessein de la Providence qui voulait querien ne parût alors au dehors de son éminente dignité.U fallait d’ailleurs qu’elle s’associât à la consécrationofficielle de Jésus, comme elle devait être associée plustard à son immolation. Il est à noter que Marie etJoseph offrirent à la place de Jésus non un agneau, comme les riches, mais deux petit* oiseaux, comme lespauvres. Ils étaient donc sans grandes ressources etdevaient sans doute ménager, loin de leur séjour habituel, le peu dont ils disposaient. Cette pauvreté étaittrès conforme aux volontés du Sauveur. II Cor., viii, 9.

— 2° Dans le Temple, le vieillard Simêon prit l’Enfantdans ses bras et bénit Dieu de son apparition. Joseph,

. qui passait pour le père de Jésus, et Marie étaient dansl’admiration en entendant le vieillard annoncer que ledivin Entant venait pour éclairer les nations et glorifierIsraël. Chaque révélation successive, celle de l’ange, celle d’Elisabeth, celle de Zacharie, celle de Siméon, apportait à Marie de nouvelles lumières sur sa destinéeet celle de son Fils. Siméon s’adressa ensuite personnellementà Marie pour lui annoncer des événementsqui ne devaient se produire qu’après la mort de Josephet auxquels elle aurait à prendre une très large et trèsdouloureuse part: «Celui-ci est établi pour la ruinepour la résurrection de beaucoup en Israël, et en signeauquel on contredira; le glaive transpercera même tonâme.» Toutes ces choses arriveront «afin que soientrévélées les pensées qui sont en beaucoup de cœurs».Luc, ii, 22r35. La première douleur était venue.skMarie de son fiancé Joseph, lorsque celui-ci, ignorantle mystère, avait hésité à la prendre pour épouse. Laseconde lui vient maintenant de son Fils, à l’occasionduquel un jour le glaive transpercera son âme. Quand?comment? pour combien de temps? dans quel but?avec quelle utilité? Elle l’ignore et cette incertitude mêmeva lui causer désormais une peine de fous les instants.

— 3° Après la purification, Marie et Joseph retournèrentà Nazareth. Luc, ii, 39. Il est possible que saint Lucparle ainsi en passant complètement sous silence l’adorationdes mages et la fuite en Egypte, déjà racontées

par saint Matthieu, ii, 1-23. Cf. S. Augustin, De cons.Evangeli&t., ii, 5, t. xxxiv, col. 1078. Toutefois, il sembleunir si étroitement l’accomplissem*nt des rites de lapurification et le départ pour Nazareth, qu’une autrehypothèse devient fort plausible. À la suite des événementsmerveilleux dont il avait été témoin, Joseph seserait persuadé que l’Enfant, né à Bethléhem, devaitêtre élevé dans cette ville. Il avait encore cette idée auretour d’Egypte. Matth., ii, 22. Après la purification, ilserait donc parti directement pour Nazareth avec Mariepour tout disposer en vue d’un changement de séjour, puis il serait revenu à Bethléhem. Cf. Cornely, lntrod.spec. in N. T. libr., Paris, 1886, t. iii, p. 204.

m. l’adoration des mages et léséjovr en Egypte.

— 1° Le sainte Famille était établie à Bethléhem, dansune maison, quand les mages vinrent adorer l’Enfant.Matth., ii, 11. Celui-ci avait alors plus de quarante jours, car sa présentation n’eût pas été possible après l’arrivéedes mages, et moins de deux ans. Matth., ii, 16.Les mages «trouvèrent l’Enfant avec Marie sa mère», paroles qui n’excluent pas la présence de saint Joseph, mais qui indiquent que Marie tenait la place principaleet que les mages virent surtout Jésus entre ses bras. Lesprésents qu’offrirent ces étrangers furent sans doutepour la sainte Famille la ressource ménagée par laProvidence en vue du voyage qui allait s’imposer. VoirMages, col. 551.

2° Averti par l’ange des desseins homicides d’Hérode, Joseph prit l’Enfant et sa mère, et s’enfuit avec euxen Egypte. Plus de trois cents kilomètres séparentBethléhem de la région habitable la plus voisine, surles bords du Nil. C’était donc un voyage d’au moinsune dizaine de jours à entreprendre. On ne sait enquel endroit la sainte Famille s’arrêta, ni combien detemps elle demeura en Egypte. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1443. Elle y rencontra certainement de nombreuxcompatriotes. Les Juifs habitaient surtout leDelta, cf. Josèphe, Bell, jud., II, xviii, 8, et le nombrede ceux qui résidaient en Egypte atteignait un million, au dire de Philon, In Flaccum, 6, édit. Mangey, t. ii, p. 523. Ils avaient même à Léontopolis, dans le nomed’Héliopolis, un temple qui subsista de 160 avant J.-Cà 73 ap. J.-C. Cf. Schûrer, Die Geschichle des jùdischenVolkes ira Zeit J. C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 1925, 99. Marie et Joseph trouvèrent donc en ce pays desfamilles capables de leur assurer aide et protectiondans une certaine mesure. Sur les traditions et leslégendes coptes concernant le séjour en Egypte, voirJullien, L’Egypte-, Lille, 1891, p. 241-251; Id., L’arbrede la Vierge à Matariéh, 4e édit., in-4°, Le Caire, 1904.

3° À la mort d’Hérode, l’ange ordonna à Joseph deretourner dans le pays d’Israël. Joseph pensa d’abordà s’établir en Judée; mais, quand il apprit qu’Archélaûsrégnait à la place de son père, il craignit qu’il en eûtgardé la cruauté, et il remonta à Nazareth, en Galilée, qui était sous la domination d’Antipas, prince d’uncaractère plus humain. Matth., ii, 13-23. En toutesces circonstances, Mcrie se laissa guider par saint Josephqui, en sa qualité de chef de la famille, recevait lescommunications divines, prenait les décisions commandéesparles circonstances et pourvoyait à leur exécution.

IV. La vie a Nazareth. — I. la sainte famille. —La vie de Marie à Nazareth fut celle de toutes les femmesde son temps et de son pays. Joseph était charpentier; il travaillait pour subvenir aux besoins de la mère et del’Enfant. Marie donnait ses soins maternels à Jésus, qui grandissait, se fortifiait, se montrait plein de sagesseet de grâce. Luc, ii, 40. Chaque année, Marieet Joseph se rendaient à Jérusalem pour la fête dePâque. Les hommes seuls avaient l’obligation de fairece voyage, Exod., xxiii, 17, mais les femmes l’entreprenaientpar piété, et Marie n’y manquait pas chaqueannée. Luc, ii, 41-42. Peut-être l’enfant Jésus était-il 791

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alors laissé à Nazareth, à la garde’de parents ou de voisins, auxquels Marie le confiait quand il y avait lieu dele faire. Luc, ii, 44. Le silence et l’humilité gardaientcontre toute indiscrétion le trésor que renfermait lamaison de Nazareth. Jésus, Marie et Joseph passaientpour des personnes ordinaires, ainsi que le montre lasuite de l’Évangile. Il est même à croire que le divinEnfant, pour laisser à sa mère le mérite de sa foi et desa confiance en Dieu, ne lui révéla jamais rien desmystères de l’avenir, et que, pendant près de trenteannées, Marie, assurée de posséder auprès d’elle le Filsde Dieu, vécut surtout des souvenirs de ce qu’elle avaitentendu et vu au moment de l’incarnation et de la naissancedu Sauveur. Luc, ii, 19.

II. le voyage À jéhusalem. — 1° À l’âge de douzeans, Jésus devint ben-hatfôrâh, «fils de la Loi,» c’est-à-diresoumis aux obligations qu’elle imposait à toutIsraélite. Il accompagna donc dès lors ses parents àJérusalem aux fêtes de la Pâque. La première fois qu’ils’y rendit, il resta à dessein dans la ville quand sesparents s’en retournèrent après l’achèvement des fêtes.Ceux-ci, ne le voyant pas auprès d’eux le premier jour, crurent qu’il cheminait avec d’autres personnes dela nombreuse caravane des gens de Galilée. Voir t. ii, col. 249, 250. Le soir venu, ils constatèrent son absence, reprirent le lendemain la route de Jérusalem et, le troisièmejour venu, le retrouvèrent dans le Temple. Cefut une grande épreuve pour Marie et comme un avantgoûtde ce qu’elle aurait à subir plus tard pendant lapassion et la sépulture du Sauveur. Elle connaissaittrop bien ce qu’était Jésus pour redouter un accidentfortuit; mais elle se demandait pourquoi l’Enfant, ordinairementsi docile, si prévenant et si affectueux, avaitjugé à propos de se dérober ainsi à l’improviste aux soinsde ses parents. Ce fut le sentiment douloureux qu’elleexprima par sa question: «Mon fils, pourquoi nousavoir traités de la sorte? Voici que ton père et moi nouste cherchions tout éplorés.» À la réponse de Jésus: «f Pourquoi me cherchiez-vous 1 Ignoriez-vous qu’il mefaut être aux affaires de mon Père?» ni Marie ni Josephne comprirent rien. Luc, ii, 41-50. Ce renseignementn’a pu venir â l’évangéliste que par Marie elle-même, avouant humblement qu’elle ne comprenait pas toutdans la conduite du Sauveur. Quelle que fût en effet lascience surnaturelle mise par l’Esprit-Saint dans l’âmede Marie, il n’était pas nécessaire que Marie eût sur-le-champl’intelligence de tous les mystères qui se présentaientet que sa science allât plus loin que ne le réclamaitl’accomplissem*nt actuel de sa mission.

2° Au retour du voyage, ’Jésus «leur était soumis», reprenant pour de longues années encore la vie d’humilitéet d’obéissance qu’il n’avait voulu interromprequ’un moment. Ce nouveau fait s’ajouta aux précédentspour alimenter les méditations de Marie; «sa mèreconservait toutes ces choses dans son cœur.» Les deuxpassages dans lesquels saint Luc, ii, 19, 51, note queMarie conservait dans son cœur tout ce qu’elle voyait etentendait, sont comme l’indication de la source principaleà laquelle l’évangéliste a puisé les récits de l’enfancede Jésus. Cf. Richard, Zur Quellenkritik der KindheitsgeschichteJesu, dans les Akten des Kongr. kathol.Gelehrten, Munich, 1901, p. 169. Quant au divin Enfant, elle le voyait grandir en sagesse, en âge et en grâce devantDieu et devant les hommes. Luc, ii, 51, 52. La vie deMarie se poursuivit tranquillement à Nazareth, sansqu’aucun accident ait été relaté par les évangélistes. Leseul événement qu’on peut sûrement attribuer â cettepériode fut la mort de saint Joseph, qui disparut quandson rôle de protecteur de Jésus fut devenu inutile, etque sa survivance eût plutôt constitué un embarras aumoment où le divin Maître commençait son ministèrepublic.

IU. LA PERPÉTUELLE VIRGINITÉ DE MARIE. — 1° Marie

eut le privilège d’associer en sa personne la virginité etla maternité divine. Sa virginité ressort des textes évangéliques, de sa question à l’ange, Luc, I, 34, de la réponsede celui-ci, Luc, i, 35, 37, de la conduite de saintJoseph, Matth., i, 19-25, de l’application à Marie de laprophétie d’Isaïe, vil, 14; Matth., i, 22, 23, des allusionsde Notre-Seigneur s’adressànt aux Juifs. Joa., viii, 19.La virginité de Marie avant son enfantement, affirméepar saint Ignace, Ad Ephes., xviii, 2, t. v, col. 660, estensuite prouvée par les Pères au moyen du texte d’Isaïe.Cf. S. Justin, Apol., 133; Dial., 43, 66, 67, 77, t. vi, col. 381, 568, 628, 629, 656; S. Irénée, ffæ»-es v iii, 21, 1, 5, t. vii, col, 946, 951; Tertullien, Adv. Jtidmos, 9, t. ii, col. 618, etc. Sa virginité dans l’enfantement même, d’abord suspecte à quelques Pères, cf. Origène, In Luc, Hom. xiv, t. xiii, col. 1834; Tertullien, Adv. Marc, iii, 11; iv, 21; De carne Christ., 23, t. ii, col. 336, 411, 412, 790, etc., à cause de l’abus que les docètes faisaient dece point de doctrine, cf. Clément d’Alexandrie, Strom., vu, 16, t. ix, col. 529, fut ensuite démontrée à l’aide dutexte d’Isaïe, vii, 14, et d’un texte d’Ézéchiel, xliv, 2.Cf. S. Irénée, Heeres., iv, 33, t. vii, col. 1080; S. Ambroise, Epist. xlii, 5, t. xvi, col. 1125. Le texte de laloi, Exod., xhi, 2; Num., viii, 16, cité par saint Luc, il, 23, implique seulement que Jésus est le premier-néde Marie, mais ne veut pas dire nécessairement que sanaissance s’était produite selon les règles ordinaires. Laloi parlait de ce qui arrive communément, mais ne visaitpas la naissance miraculeuse du Fils de Dieu. Aussi lavirginité de Marie dans son enfantement ne fait-elle aucundoute pour saint Augustin, Epist. cxxxvii, 8, t. xxxiii, col. 519; Serm., li, 18, t. xxxviii, col. 313; Enchirid.t34, t. XL, col. 249; saint Léon, Serm., xxi, 2, t. liv, col. 192; saint Fulgence, De fide ad Petr., 17, t. xl, col. 758; Gennade, De eccl. dogniat., 36, t. xlii, col. 1219; saint Cyrille d’Alexandrie, Hom. xi, t. lxxvii, col. 1031; saint Jean Damascène, De fide orthodox., iv, 14, t. xciv, col. 1161; Paschase Radbert, De partu Virginis, t. cxx, col. 1367, etc.

2° Après la naissance du Sauveur, Marie persévéradans une virginité constante. Les paroles de saint Matthieu, i, 18, 25: «Avant qu’ils ne fussent ensemble,» et «Il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eut enfantéson fils premier-né», ne constituent pas d’objectioncontre la virginité de Marie. «Avant qu’ils ne fussentensemble» marque seulement le temps où Marie etJoseph, n’étant encore que fiancés, n’habitaient pas dansla même maison. Il est vrai que le verbe uuveXÔeîvs’emploie pour signifier non seulement «se réunir», mais aussi «avoir commerce» avec quelqu’un. Cf. Xénophon, Memor., II, II, 4, etc. Alors même que, malgréle contexte, on admettrait ce sens, , comme l’ont faitquelques Pères, il ne s’ensuivrait nullement que ce quine s’était pas produit jusque-là se produisit après. Cf.S. Jérôme, In Malth., i, 2, t. xxvl, 24, 25. L’autre expression, «il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eut enfanté,» doit s’expliquer de même. Elle ne prouve en aucunefaçon qu’après la naissance du Sauveur, Joseph sortit dela réserve que lui commandaient les plus hautes convenances, les mystères dont il avait été témoin et l’éminentevertu que suppose sa vocation. Cf. S. Jean Chrysostome, In Matth., v, 3, t. lvii, col. 58; S, Jérôme, De perpet.virginit. B. M., 6, t. xxiii, col. 183-206; S. Ambroise, De institut, virgin., 38, 43, t. xvi, col. 315, 317; S. Thomas, Sunim. theol., III a, q. xxviii, a. 3; Pétau, De incarn., XIV, iii, 11, etc. Le titre de premier-né donné par saintMatthieu, i, 25, à Jésus ne suppose pas nécessairementqu’il y ait eu d’autres enfants après lui. Le premier-néest avant tout celui qui n’a été précédé d’aucun autre.Ce nom s’imposait d’autant plus impérieusem*nt chezles Juifs que le premier enfant mâle devait être consacréau Seigneur, sans qu’on eût à s’inquiéter s’il en viendraitd’autres après lui. Exod., xxxiv, 19; Num., xviii, 793

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15. Cf. S. Epiphane, Rser. lxxviii, 17, t. xlii, col. 728.

3° La virginité et la maternité divine, au lieu de senuire dans la Très Sainte Vierge, n’ont fait que serehausser mutuellement. Il en devait nécessairement êtreainsi; car l’action du Saint-Esprit en Marie ne pouvaitque donner plus de valeur aux vertus et aux privilègesqu’elle possédait déjà. L'Église dit qu’en naissant de laVierge, le Fils de Dieu t n’a pas amoindri mais consacrél’intégrité de sa mère». Miss. Puritat. B. M. V., secret.Les Pères enseignent de même que la maternité divinen’a fait que consolider et embellir la virginité de MarieCf. S. Pierre Chçysologue, Serm. cxhll in Annunt. B.M. V., t. lii, col. 581; Hesjchius, Rom. y, de S. M. Deip., t. xciii, col. 1461; S. Ildefonse de Tolède, De virg.perpet. S. M., t. xcxvi, col. 95; S. Bernard, De xiiprserog. B. V. M., 9, t. clxxxiii, col. 434, etc. Il estincontestable que malgré sa propre virginité et la divinitéde son Fils, Marie eut une maternité aussi réelle qu’aucune autre femme.

4° Il est plusieurs fois question dans l'Évangile depersonnages appelés «frères de Jésus», quelquefoismentionnés en même temps que la mère de Jésus.Matth., xii, 46, 47; xiii, 55, 56; Marc, iii, 31, 32; vi, 3; Luc, viii, 19, 20; Joa., ii, 12 vii, 3, 5, 10; Act., i, 14; I Cor., ix T 5; Gal., i, 19; Jud., 1. Ces frères ne sontni des fils de Marie, ni des frères proprement dits duSauveur, mais seulement des cousins plus ou moinsrapprochés, suivant le langage familier aux Juifs. VoirFrère, t. ii, col. 2403-2405. C’est donc prendre cespassages à contre-sens que de les interpréter de manièreà nier la virginité perpétuelle de Marie. Cf. Lagrange, Le récit de l’enfance de Jésus dans saint Luc, dans laRevue biblique, 1895, p. 174-183.

IV. LA MATERNITÉ DIVINE DE MARIE. — 1° Elle est

aussi nettement affirmée que possible par les textesévangéliques. Marie «met au monde son premier-né», Matth., i, 25, et ce Fils est le «Verbe fait chair», Joa., i, 14, par conséquent Dieu même s’unissant en Marie unenature humaine. Les premiers Pères n’ont pas d’hésitation à ce sujet. Cf. S. Ignace, Ad Ephes., 7, t. v, col. 652; S. Irénée, Adv. hœres., iii, 19, 2, 3, t. viii, col. 940, 941. Tertullien, Adv. Prax., 27, t. ii, col. 190, dit à l’hérétique Praxéas: «Ce qu’elle a conçu, elle l’aengendré, et celui qui est né, est Dieu.» Saint Ambroise, In Luc., ii, 25, t. xv, col. 1521, dit avec la même énergie: «La Mère du Seigneur, enceinte du Verbe, est rempliede Dieu.» Quand Nestorius, Serm., i, 6, 7, t. xlvuicol. 760, 761, dénia à Marie le titre de Mère de Dieu, sousprétexte que la créature ne peut engendrer le Créateur, et que d’elle ne peut naître qu’un homme instrument dela divinité ou porte-Dieu, le concile d'Éphèse proclamason titre véritable de Œoxtfxoc, «celle qui engendreDieu,» la mère de Dieu. Cette proclamation n'était quel'écho des affirmations de plus savants écrivains ecclésiastiques. Cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Apol. pro xii cap.; Cont. Julian., viii, t. lxxvi, col. 320, 901; Epist. adAcac., 14, t. lxxvii, col. 97; Jean d’Antioche, Epist. adNestor., 4, t. lxxvii, col. 1456; Théodoret, Heret. fab., iv, 2, t. lxxxiii, col. 436; S. Grégoire de Nazianze, Epist.ad Cledon., i, t. xxxvii, col. 177; Proclus, Hom. deMatr. Dei, t. lxv, col. 680, etc. Cf. Terrien, La mère deDieu et la mère des hommes, Paris, 1902, t. i, p. 3-14>Turmel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 210-211.

r. la sainteté de marie. — 1° Cette sainteté est laconséquence des grâces reçues par Marie et de l’usagequ’elle en a fait. Aux dons divins les plus magnifiques, elle répond par l’humililé et l’obéissance, Luc, i, 38, 48, et dans les circonstances les plus douloureuses, elle n’ani impatience ni murmure. Luc, ii, 7, 35, 48; Joa., xix, 25-27. Marie, exemptée de la faute originelle, n’a jamaisconnu le péché. Cf. S. Thomas, Summ. theol., III», jj. xxvii, a. 4; Terrien, La mère de Dieu et la mère des

hommes, t. ii, p. 67-84. — 2° Quelques Pères grecs ontpourtant attribué à Marie certaines fautes légères. SaintBasile, Epist. cclx, t. xxxii, col. 965-968, croit que laSainte Vierge succomba au doute quand Siméon lui fitsa prophétie et ensuite pendant la Passion. Saint JeanChrysostome, Hom. iv, in Matth., t. lvii, col. 45, ditque Marie dut être avertie par l’ange de ce qui allaitse passer en elle, car autrement elle serait tombée dansle trouble et la crainte. Il l’accuse de vaine gloire auxnoces de Cana et quand plus tard elle arriva publiquement avec les frères de Jésus. Matth., xii, 46, 47; Hom.xhir, in Matth., t. lvii, col. 464, 465; Hom. xxi, inJoan., t. lix, col. 130. Saint Cyrille d’Alexandrie, InJoan., t. lxxiv, col. 661-66 i, avance qu’au pied de lacroix Marie fut scandalisée, découragée, en proie au doutesur la puissance de son Fils. Quelques autres Pères ontexprimé des pensées analogues. Cf. Pétau, De incarn., XIV, i, 3-7. En somme, ces Pères accusent moins lavolonté de la Sainte Vierge que sa nature féminine. Onne peut pas dire que, quand ils attribuent certainesdéfaillances morales à Marie, ils représentent une tradition apostolique. Ils ne font qu’interpréter, dans un senspersonnel, certains passages de l'Évangile, et obéissentplus ou moins consciemment aux préjugés communs deleur temps sur l’infériorité naturelle de la femme. Cf.Newman, Dit culte de la Sainte Vierge, note F, p. 154170. La vraie tradition de l'Église a ici pour organes lesPères qui ne font pas dire aux textes évangéliques plusqu’ils ne contiennent, et qui professent avec saint Ambroise, InL uc., ii, 16-22, t. xv, col. 1558-1560; De virgin., i, 15; Epist., lxiii, 110; De obit. Valentin., 39, t. xvl, col. 210, 1218, 1371; saint Augustin, De nat. et grat., xxxvi, 42, t. xliv, col. 267; le Vén. Bède, /n Luc, ii, 35, t. xcii, col. 346; etc., que, quand il est question de péché, il faut toujours excepter Marie, et cela pour l’honneurde son Fils. C’est la doctrine qu’a définitivement consacrée le concile de Trente, sess. VI, can. 23. «On saitles propositions de saint Chrysostome sur la SainteVierge, qui ne peuvent guère s’accorder avec le canon 23de la VIe session du concile de Trente: en ces occasionson se donne la respectueuse liberté de préférer au saint, non pas ses sentiments particuliers, mais ceux d’autressaints où la vérité s’est plus purement conservée.» Bo|suet, Préf. suri’instr. pastor. de M. de Cambrai, sect. xi, Bar-le-Duc, 1870, t. v, p. 733. Cf. J. Turmel, Histoirede la théologie positive, Paris, 1904, p. 72-77; Dict. déthéologie, Paris, t. i, 1903, col. 1378-1382.

V. Pendant la vie publique du Sauveur. — I. auxnoces de cana. — 1° Dès le début du ministère publicdu Sauveur, il y eut des noces à Cana, «et la mère deJésus était là.» Cana n’est guère qu'à six kilomètres deNazareth. Les jeunes époux et leur fomille avaient desliens de parenté ou d’amitié avec la Sainte Vierge, ce quiexplique qu’elle se trouvât là naturellement comme aune place qui lui revenait de droit. À cause d’elle, sansdoute, Jésus fut invité avec ses disciples. Les parents desjeunss époux ne devaient pas jouir d’une grande aisance, car le vin fit défaut. Marie, à qui la maison était familière, s’en aperçut au cours du festin, et non pas dèsle début. Les mots ûoxep^davto; olvou, déficiente vino)ne signifient pas nécessairement: «le vin étant en quantité insuffisante,» ce dont la Sainte Vierge aurait pu serendre compte dès le commencement, mais: «le vinmanquant,» ce qu’elle constata au moment où l’incidentse produisit. Aussi dit-elle à Jésus: «Ils n’ont pas devin,» ofvov ojx è'xoutnv, ce qui ne signifie pas: «Ilsn’auront pas assez de vin.» On lit d’ailleurs dans leSinaiticus, et dans plusieurs autres manuscrits anciens; <s Us n’ont plus de viii, parce que le vin de la noce a étéconsommé.» Cf. Griesbach, Nov. Test, gresce, Halle, 1796, 1. 1, p. 432. La Sainte Vierge prit ainsi l’initiative d’unedemande discrète adressée à son Fils. Elle voulaitépargner la confusion à une famille aimée, et elle ne ; yo

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douta pas que Jésus n’eût le pouvoir et l’intention d’êtresecourable.

2° Jésus lui dit: «Femme, qu’y a-t-il à moi et à toi?Mon heure n’est pas encore venue.» Le Sauveur auraitpu dire: «ma mère,» comme Salomon, III Reg., ii, 20, et Jérémie, xv, 10. Il se sert toujours de l’appellation «femme» quand il s’adresse à des femmes, même à samère. Matth., xv, 28; Luc., xiii, 12; Joa., iv, 21; viii, 10. Ilinterpelle sous ce nom Marie-Madeleine après sa résurrection.Joa., xx, 15. À la croix, il dit encore à sa mère: «femme, * bien qu’il y ait là d’autres femmes avec elle.Joa., six, 26. Chez lés classiques, cette appellation estusitée comme fort honorable. Cf. Iliad., iii, 204; Xénophon, Cyroped., v, 1, 6; Dion Cassius, Hist., li, 12, etc.L’usage qu’en fait Notre-Seigneur et les circonstancesdans lesquelles il l’emploie ordinairement montrent quece terme n’avait de son temps rien que de respectueux. Lesmots: «qu’y a-t-il à moi et à toi?»-ci é(iol xat <roi, reproduisentun hébraïsme, mah lî vâlâk, assez fréquent dansla Sainte Écriture. Jud., xi, 12; II Reg., xvi, 10; xix, 23; III Reg., xvii, 18; IV Reg., iii, 13; ix, 18; II Par., xxxv, 21, etc. Cette expression se retrouve équivalemmentdans d’autres passages du Nouveau Testament. Matth., vm, 29; Marc, i, 24; Luc, iv, * 34; viii, 28; Matth, , xxvii, 19. Comme tous les idiotismes, elle ne peut se traduirelittéralement. Elle signifie, selon les circonstances: «ne vous occupez pas de ce qui me regarde, ne vousinquiétez pas de ce que je dois faire, laissez-moi faire,» ou «qu’est-ce que cela nous fait, à moi et à vous? cen’est pas notre affaire». Le sens de l’expression peutaller de l’opposition la plus formelle à l’acquiescementle plus courtois, suivant la nature des interlocuteurs, dessentiments qui les animent et des circonstances danslesquelles ils parlent. Sur les lèvres de Notre-Seigneur, l’expression pourrait se traduire par: «Que ne me laissez-vousfaire? i> L’expression qui suit, «mon heure n’estpas encore venue,» peut aussi s’entendre de plusieurs-manières. Elle pourrait signifier simplement: «Lemoment n’est pas encore venu,» attendez donc un peu.Mais cette explication suppose que la demande de Marieiut formulée avant que le vin manquât réellement, cequi n’est pas conforme au texte qui précède. De plus, sitel était le vrai sens, le Sauveur aurait dit, ce semble: «L’heure n’est pas encore venue,» et non pas «monheure». Cette expression «mon heure», ou s l’heure», indique toujours dans saint Jean, non pas la minuteprécise, mais le jour ou l’époque qui doivent voir seproduire quelque grand événement messianique, la révélationde la mission du Sauveur, Joa., iv, 21, 23; v, 25, 28, sa passion et sa glorification. Joa., vii, 30; viii, 20; xii, 23; xiii, 1; xvii, l. Même quand il s’agit de la femmequi va enfanter, «spn heure» indique moins un momentprécis que l’ensemble d’heures ou de jours pendant lesquelscelle-ci doit souffrir avant sa délivrance. Joa., xvi, 21. Quand donc Notre-Seigneur dit aux noces deCana: «Mon heure n’est pas encore venue,» il ne veutnullement déclarer qu’il n’interviendra que dans tantde minutes, à tel moment du repas. Son heure, c’estl’époque fixée par le Père pour la première manifestationde sa mission messianique par le moyen d’un miracle.Il suivrait de là que Jésus-Christ aurait devancé cetteheure fixée par son Père, pour obéir à la prière de samère, prière nécessairement prévue par le Père, qui disposales événements en conséquence. Saint Irénée, Cont. hxres., III, xvi, 7, t. vii, col. 926, comprend ainsile texte quand il dit qu’à Cana le Sauveur «repoussa lahâte intempestive de Marie», c’est-à-dire sa demandefaite à une heure prématurée, alors qu’elle ignoraitl’heure marquée par Dieu. On obtient une exégèse bienplus satisfaisante de ce passage en donnant aux mots: ofotw fy.u r, cJpa iioy, la forme interrogative. C’est cequ’ont fait Tatien, d’après la version arabe du Diatessaron, Rome, 1888, et saint Grégoire de Nysse, t. xuv,

col. 1308. Dans les textes grecs du Nouveau Testament, l’omission des particules interrogalives est relativementfréquente. Matth., vi, 25; viii, 29; xii, 10; Marc, vii, 18; Luc., xiii, 2; xx, 4; Joa., vi, 14; vii, 23; xiii, 6; xvi, 31; xviii, 37; xix, 10, etc. Cf. Beelen, Grammat. grœciiat. N. T., Louvain, 1857, p. 508-511; Viteau, Étude sur le grec duN. T., Paris, 1896, p. 23-26. La réponse de Notre-Seigneurdevrait donc se traduire: «Femme, n’ayez aucuneinquiétude, mon heure n’est-elle donc pas venue?» L’heure de se manifester par un miracle était en effetarrivée, puisque Notre-Seigneur venait d’inaugurer sonministère public par son baptême, ejfrque Jean-Baptistel’avait présenté comme l’Agneau de Dieu et le Messie.Joa., i, 29-51. C’est même pour «manifester sa gloire» qu’if avait voulu venir à Cana avec ses disciples. Joa., Il, 11. Cf. Ollivier, Les amitiés de Jésus, Paris, 1895, p. 23, 24; Bourlier, Les paroles de Jésus à Cana, dansla Revue biblique, 1897, p. 405-422, et surtout Knabenbauer, Evang. sec, Joan., Paris, 1898, p. 118-122.

3° Ce que Marie demandait n’était pas d’une nécessitéabsolue. Sa requête est une preuve de sa sollicitude vis-àvis de ceux qu’elle aimait, et la manière dont elle futexaucée montre à la fois le crédit dont elle jouissaitauprès de son divin Fils et la bonté du Sauveur disposéà faire des miracles pour procurer même le superflu auxprotégés de sa mère, quaDd la gloire de Dieu y est intéressée.Joa., ii, 1-11.

II. AU COURS DE LA PRÉDICATION ÉVANGÉHQVE. —

1° Bien que les évangélistes n’en disent rien, il est fortprobable que la Vierge Marie faisait partie de ces pieusesfemmes qui accompagnèrent Notre-Seigneur et ses disciplesdans leurs courses apostoliques, au moins à partirde la seconde année. Luc, viii, 1-3. Toutefois sa présenceou son souvenir ne sont mentionnés qu’en de rares circonstances.

2° Un jour que le divin Maître conversait longuementavec des pharisiens, dans l’intérieur d’une maison, samère et ses frères arrivèrent pour lui parler, et s’efforcèrenten vain de pénétrer jusqu’à lui, tant la foule étaitgrande. La présence de Marie indique immédiatementque cette démarche était commandée par un motif honorableet respectueux. Quelqu’un de l’assistance, s’apercevantde leurs efforts, dit à Jésus: «Voici votre mère etvos frères qui sont dehors et vous demandent.» Le Sauveur, promenant alors ses regards autour de lui et étendantles mains vers ses disciples, répondit: «Ma mèreet mes frères sont ceux qui font la volonté du Père, quiécoutent la parole de Dieu et la pratiquent.» Matth., xii, 46-50; Marc, iii, 31-35; Luc, viii, 19-21. Notre-Seigneurmet ainsi au-dessus de la parenté naturelle le lien quiunit à Dieu l’âme obéissante et fidèle. Cette déclarationne pouvait en rien déshonorer sa mère, qui, aux prérogativesde sa maternité, joignait éminemment celles desa docilité parfaite à toutes les volontés du Père céleste.

3° Il faut expliquer de même l’autre parole que prononcele Sauveur en réponse à cette femme qui s’estécriée dans la foule: «Bienheureux le sein qui vous aporté et les mamelles auxquelles vous vous êtes allaité!» Jésus réplique: «Oui, mais (|ievo0v) heureux ceux quiécoutent la parole de Dieu et la gardent!» Luc, xi, 2728. Ce n’est pas là mettre la Sainte Vierge au secondplan, mais tout au contraire faire un éloge délicat de sonmérite et inviter toutes les âmes à se procurer le mêmebonheur qu’elle. Elisabeth a déjà constaté ce bonheuren Marie. Luc, i, 45. Cf. S. Augustin, De virgin., 3, t. xl, col. 398. Un auteur qui écrivait tout au plus aucommencement du Ve siècle, et dont les œuvres sontmises à la suite de celles de saint Justin, Qusest. etrespons. ad orthod., i, q. 136, t. vi, col. 1389, après avoirremarqué que jamais Notre-Seigneur n’adressa de reprocheà sa mère, ajoute: «Dieu n’avait pas choisi unefemme quelconque pour qu’elle devint la mère du Christ, mais celle qui dépassait toutes les autres en vertu. Aussi 797

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le Christ voulut-il que sa mère fût proclamée bienheureuse, à-cause de cette vertu même qui lui a valu d’êtremère en restant vierge.»

4° Quand le Sauveur vint dans la synagogue de Nazareth, on affecta de s’étonner de sa renommée et de le traiteravec un certain dédain. On disait: et N’est-ce pas le filsdu charpentier? Sa mère n’est-elle pas Marie, et sesfrères Jacques, Joseph, Jude et Simon? Ses sœurs nesont-elles pas au milieu de nous?» Matth., an, 55, 56; Marc., vi, 3. De ces textes il ressort que saint Josephétait mort, puisqu’on ne parle plus de lui comme habitantNazareth, et que la Sainte Vierge avait mené dans cetteville une vie assez simple et assez humble pour que rienne la distinguât des autres femmes de la ville. Les gensde Nazareth n’ont aucune idée du mystère de l’incarnation, et ils croient rabaisser Jésus en prétendant queson père a été le charpentier, et que sa mère a été Marie, une femme en tout semblable aux femmes ordinaires.

5° En dehors de ces circonstances, l’Évangile ne faitaucune mention de Marie, même dans les occasions oùsa présence semblerait naturelle. Ainsi elle n’est signaléeni dans les voyages du Sauveur à Jérusalem, ni à lamontagne des Béatitudes, ni à la multiplication despains, ni au cours du voyage de Galilée à Jérusalem, que saint Luc, x-xix, raconte avec tant de détails, ni àBéthanie, ni à Jérusalem au jour de l’entrée triomphale, ni à l’institution de la sainte Eucharistie. Cet effacementpeut s’expliquer en partie par un désir de la SainteVierge de n’être mentionnée dans les récits évangéliquesque quand c’était absolument nécessaire. Mais il indiquesurtout la règle de discrétion absolue que la mère duSauveur tint à suivre pendant tout le ministère apostoliquede son divin Fils. N’étant appelée elle-même ni àprêcher ni à agir, elle s’appliquait à ne gêner en rien, par sa présence, l’activité et la liberté d’action de Notre-Seigneuret des hommes qu’il formait à l’apostolat. Sonhumilité profonde lui défendait d’ailleurs de paraîtrepartout où sa qualité de mère de Jésus eût pu lui attirerquelque gloire.

III. PENDANT LA PASSION DU SAUVEUR. — 1° Marie se

trouvait à Jérusalem au moment de la Passion de sondivin Fils. C’était l’époque de la Pàque, à laquelle ellene pouvait manquer de venir prier au Temple. C’étaitaussi le moment où allait s’accomplir pour elle laprophétie de Siméon. La tradition suppose une rencontrede Marie avec Jésus sur le chemin de la croix. Un plande Jérusalem, de 1308, indique l’église de Saint-Jean-Baptisteavec le titre de Pasni. Vgis, «le Spasme de laVierge.» Cf. de Yogûé, Les églises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 438; Liévin, Guide de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, t. i, p. 175. Vllinerarium Burdigalense, de 333, et la Peregrinatio Sylviss, un peupostérieure, ne disent rien qui se rapporté à cettetradition, En réalité, c’est seulement au xiv" sièclequ’on commença à localiser les endroits marqués parquelque souvenir de la Passion, et entre autres, celuioù la Sainte Vierge se serait évanouie à la vue de sonFils mené au supplice. À partir du xv siècle, il y a toujoursune station de Sancta Maria de Spasmo dansles chemins de la croix établis en Europe, à l’imitationde celui de Jérusalem. Cf. Thurston, dans The Month, 1900, juil.-sept., p. 1-12, 153-166, 282-293; Boudinhôn/Le Chemin de la Croix, dans la Revue du clergé français, 1 er nov. 1901, p. 449-463. La tradition du spasmen’est pas très conforme à l’attitude de Marie au pied dela croix. Néanmoins on comprend cette défaillancephysique à un moment où la Sainte Vierge se présentecomme femme et comme mère, tandis qu’à la croixelle a à remplir un rôle officiel en vue duquel Dieu luidonne une grâce particulière.

2° Quand Notre-Seigneur fut attaché à la croix, aprèsles premiers moments de tumulte et lorsque les phénomènesextraordinaires qui se produisirent dans la nature

commencèrent à répandre l’effroi, la Sainte Vierge, quelques saintes femmes et saint Jean vinrent se placerau pied même de la croix. Marie était debout, dansl’attitude ferme et intrépide qui convenait à la mère duRédempteur mourant. Cf. S. Ambroise, De institut, virgin., 7, t. xvi, col. 318. Le glaive prédit par Siméonperça alors son âme, mais ne la terrassa pas. Jésus vità ses pieds sa mère et son disciple bien-aimé. S’adressantà Marie, il lui dit: «Femme, voici ton fils,» puis il dità saint Jean: «Voici ta mère.» Les Pères expliquentce texte en ce sens que Notre-Seigneur, sur le point demourir, ne voulut pas laisser à l’abandon sa mèretendrement aimée, et la confia à saint Jean, auquel ildemanda d’être pour elle un véritable fils. Ceux que lesévangélistes appellent des «frères de Jésus» n’étaientdonc nullement des fils de Marie. C’eût été pour euxune honte que leur mère fût confiée à un autre et Jésusne l’eût fait d’ailleurs que s’ils avaient été des indignes; or ils l’étaient si peu que trois d’entre eux avaient étémis au nombre des apôtres. Cf. S. Épiphane, Hser.Lxxvili, 9, t. xlii, col. 714. À dater de ce jour, saintJean reçut Marie eîç ta îêià, in sua, dans ce qui était àlui, dans sa maison. Joa., xix, 25-27. Seul parmi lesPères, Origène fait une application de ce texte à d’autresque saint Jean. Il dit en effet dans sa préface aucommentaire In Joa, , 6, t. xiv, col. 32: «Personnene peut saisir le sens de l’Évangile s’il n’a reposé surla poitrine de Jésus ou s’il n’a reçu de Jésus Marie pourqu’elle devienne sa mère… Quiconque est parfait ne vitplus lui-même désormais, mais le Christ vit en lui, etpuisque le Christ vit en lui, il est dit de lui à Marie: voici ton fils le Christ.» D’après le savant interprète, unhomme n’a donc Marie pour mère qu’indirectement, quand lui-même s’identifie à Jésus par la vie de la grâce.L’idée d’une maternité directe n’apparait que plusieurssiècles après lui. Au ixe siècle, Georges de Nicomédie, Or.vm in S. Mai: assist. cruci, t. c, col. 1476, fait dire àNotre-Seigneur parlant à sa mère: «Vous tiendrez maplace auprès de lui et de ses compagnons. Car avec lui eten lui je vous confie mes autres disciples.» Puis il le faitparler ainsi à saint Jean: «Je la fais mère et maîtressenon seulement pour toi, mais encore pour tous mesautres disciples.» En Occident, l’explication du textedans le sens d’une maternité spirituelle de la SainteVierge ne se constate qu’au commencement du xiie siècle, avec Rupert de Deutz. Même saint Bernard, qui meurtdix-huit ans après le précédent, ne songe pas encore àinterpréter le texte en ce sens. Il donne à la SainteVierge toutes sortes de noms, mais jamais celui de «mère des hommes». Cf. Serm. dom. infr. oct.Assumpi., 15, t. clxxxiii, col. 438. Par contre, soncontemporain, Géroch, prévôt de Reichersperg, quimeurt en 1169, trente-quatre ans après Rupert, s’exprimedans les mêmes termes que ce dernier. Cf. Géroch, Deglor. et honor. Fil. hom., x, 1, t. cxciv, col. 1105. À partirde ce moment, la doctrine devient de plus en pluscommune. Cf. Tract, de Concept. B. M., 33, t. clix, col. 315; Bellarmin, De sept. verb. Christ., i, 12, Cologne, 1618, p. 105-113; Bossuet, Serm. pour la fêtede la Nativ., 2° part., Bar-le-Duc, 1870, t. vii, p. 244, etnote; Knabenbauer, Evang. sec. Joan., Paris, 1898, p. 544-547; Terrien, La mère de Dieu et la mère deshommes, t. iii, p. 247-274.

3° Marie, présente au Calvaire, assista à la mort deson divin Fils, et très vraisemblablement, avec lessaintes femmes venues jusque-là, Joa., xix, 25; Matth., xxvii, 56; Marc, xv, 40; Luc, xxiii, 49, à sa descentede la croix et à sa sépulture. Le jour du sabbat dut sepasser pour elle dans le deuil et dans l’espérance. — Unconcile de Cologne, en 1423, can. 11, institua, contreles Hussites, la fête des Douleurs de Marie, à célébrerle vendredi d’après le troisième dimanche qui saitPâques. Benoît XIV, en 1725, rendit la fête universelle 799

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et la fixa au vendredi de la semaine de la Passion.VI. Après la résurrection du Sauveur. — I. les

APPARITIONS DU SAUVEUR RESSUSCITÉ. — Les récits

évangéliques ne font aucune mention de la Sainte Viergedans le peu qu’ils racontent à propos des jours qui ontsuivi la résurrection. Les Pères s’en sont tenus à cesilence. Georges de Nicomédie, Or. ix, t. c, col. 1500, est probablement le premier à dire que, la SainteVierge avant eu une part de choix aux angoisses de lacroix, dut jouir avant tous et plus que tous du triomphede son Fils. Au XIIe siècle, , l’idée d’une apparition duSauveur ressuscité à sa sainte Mère commence à serépandre en Occident avec Rupert, De div. offic, vii, 25, t. clxx, col. 306, et est admise comme un fait deconvenance par Eadmer, De excell. V. M., 6. t. eux, 568, puis par saint Bernardin de Sienne, Quadrag. l, in Resurrect., Serm. Lll, 3; saint Ignace de Loyola>Exercic. spir., de resurrect., I a appar.; Suarez, Demyst. vit. Christ., xlix, 1; Maldonat, In iv Evang., ad xxviii Matth., etc. Cf. Terrien, La mère de Dieu etla mère des hommes, t. i, p. 322-325. Les mêmes raisonsde convenance permettent de supposer plusieursapparitions du divin Maître à Marie, entre sa résurrectionet son ascension. Peut-être la Sainte Vierge assistat-elled’ailleurs avec grand empressem*nt aux rendez-vousassignés en Galilée, Matth., xxviii, 7, 10, 16; Marc, xvi, 7, et à l’ascension de son divin Fils. L’Évangile et latradition sont muets à ce sujet.

II. la Pentecôte. — 1° Aussitôt après l’ascension, les Apôtres et les disciples se retirèrent à Jérusalem, dans le cénacle, au nombre d’environ cent vingt. Il yavait avec eux plusieurs des saintes femmes venues deGalilée, et «Marie, mère de Jésus». Malgré sa hautedignité et son incomparable sainteté, ce n’était pas ellequi exerçait l’autorité et prenait la parole dans l’assemblée, mais Pierre, établi chef de l’Église par le Sauveur.Act., i, 15. Tous priaient ensemble d’une manière continue, Act., i, 14, se rendant également dans le Templepour louer et bénir Dieu. Luc, xxiy, 53. La ViergeMarie remplissait ainsi vis-à-vis de l’Église à son berceaudes devoirs analogues à ceux dont elle s’étaitacquittée jadis envers l’enfant Jésus. Sa prière contribuaità la ferveur des autres et communiquait à leursdésirs des instances plus capables d’attirer la grâce del’Esprit-Saint.

2e Le jour de la Pentecôte, Marie priait encore aumilieu des disciples quand l’Esprit descendit «surchacun d’eux». Act., ii, 3, 4. Elle le reçut donc aussi.L’Esprit de Dieu avait pris possession de l’âme deMarie dès le premier instant de sa conception. Il étaitvenu en elle pour opérer le mystère de l’incarnation, Luc, i, 35, et lui donner les grâces nécessaires àl’accomplissem*nt de sa mission vis-à-vis du Verbeincarné. Il revint à la Pentecôte augmenter encore lagrâce en elle, peut-être aussi la mettre en mesure deremplir de nouveaux devoirs vis-à-vis de l’Église et del’humanité.

in. les dernières annébs de marie. — 1° Après laPentecôte, la Sainte Vierge demeura à Jérusalem, à lagarde de saint Jean, auquel Notre-Seigneur l’avaitconfiée. Sa présence cependant ne paralysa en rien leministère de l’Apôtre, non seulement à Jérusalem, maismême en dehors de la ville. Act., viii, 14-17. Il en étaitabsent au premier et au dernier voyage de saint Paul, Gal., i, 18, 19; Act., xxi, 18; mais il assistait auconcile de Jérusalem, en l’an 51 ou 52. Son départdéfinitif pour Éphèse n’eut très probablement lieuqu’après la mort de la Sainte Vierge. Voir Jean (Saint), t. iii, col. 1161, 1162. Un voile épais couvre la rie deMarie durant cette période. Sans nul doute, elle étaitpour tous un exemple et un, encouragement. S’il est ditdes premiers chrétiens qu’ils «persévéraient dans ladoctrine des Apôtres, restaient unis, rompaient le

pain et priaient assidûment», Act., ii, 42, ces paroless’appliquent éminemment à elle.

2° L’absence de documents authentiques ne permetpas de dire si la Sainte Vierge passa une partie de sesdernières années hors de Jérusalem ou de Palestine.Ceux qui supposent qu’elle fit un séjour à Éphèse, s’appuient sur un texte obscur et incomplet de la lettresynodale du concile d’Éphèse, qui peut vouloir diretout simplement que «là le théologien Jean et la Viergesainte Marie» avaient une église consacrée en leurhonneur. Cꝟ. 1. 1, col. 1136, et Labbe, Colleet. Concil., t. iii, p. 573. L’apôtre saint Jean avait été inhumé àÉphèse, Eusèbe, H. E., iii, 31; v, 24, t. xx, col. 280, 493, et l’église élevée sur son tombeau était YApostolieon, voir t. ii, col. 1847-1849, et non celle dans laquellese réunit le concile d’Éphèse. La phrase de la lettresynodale ne peut donc signifier que «là même», é’vûb, .se trouvaient les tombeaux de Jean le théologien et dela Vierge sainte Marie. Il est vrai que Tillemont, Mém. pour servir à Vhist. ecclés., t. i, p. 467-471; domCalmet, Dict. de la Bible, art. Jean, Marie, Paris, 1846, t. ii, col. 902; t. iii, col. 975-976, et d’autres pensent quela Sainte Vierge a vécu à Éphèse et y a été inhumée.Mais cela ne ressort nullement du texte de la lettre.Bien plus probablement celle-ci visait la double églisedont on a retrouvé les ruines à Éphèse. Ce monumentforme un rectangle de 88 mètres de long sur 33 delarge. À l’intérieur, il y avait une première abside aumilieu de l’église et une seconde au chevet, ce qui permetde supposer une basilique ayant une partie dédiéeà la Sainte Vierge et l’autre à saint Jean. Cf. Le Camus, Les sept Églises de l’Apocalypse, Paris, 1896, p. 131-133.On a cru trouver à Panaghia Kapouli, sur une colline à15 kilomètres d’Éphèse, les restes d’une maison qu’auraithabitée la Sainte Vierge. Cf. JPoulin], Panaghia-Capouli, Paris, 1896; Gabriélovich, Ephèse ou Jérusalem, tombeau de la Sainte Vierge, Paris, 1897; Gouyet, Découvertedans la montagne d’Ephèse de la maison oùla T. S. Vierge est morte, Paris, 1898. Cette maison, recherchée et découverte d’après les indications de CatherineEmmerich, Vie de la Sainte Vierge, Tournai, 1869, p. 480, 481, serait celle où Marie a vécu ses dernièresannées et près de laquelle elle a été inhumée. Unepareille affirmation ne saurait avoir plus de valeur historiqueque les autres descriptions de Catherine. L’exactitudede ce qu’elle a pu dire des ruines de Panaghia-Kapouli, dans leur état actuel, n’entraîne pas logiquementcelle de la destination qu’elle lui attribue. Ms r Timoni, archevêque de Smyrne, écrit judicieusem*nt en tête dePanaghia-Capouli; «Chacun est libre entièrementde garder son opinion personnelle.» La thèse ne s’imposedonc à aucun titre. On ne conçoit guère d’ailleurssaint Jean s’établissant dans la montagne, à 15 kilomètresd’Éphèse, avec la Sainte Vierge, qui ne seraitvenue là que pour ne pas se séparer de celui auquelNotre-Seigneur l’avait confiée. On concevra moinsencore que les anciens Pères, qui mentionnent à Éphèsele tombeau de saint Jean, et même celui d’une fillede Philippe, cf. Polycrate, dans Eusèbe, H. E., xiii, 31, t. xx, col. 280, ne fassent jamais la moindre allusion auséjour et au tombeau de Marie. Le premier qui enparle est un évêque jacobite du xine siècle, G. Aboulfarage, surnommé Bar-Hébrseus, qui raconte que saintJean conduisit avec lui la Sainte Vierge à Patmos, fonda ensuite l’Église d’Éphèse, et ensevelit la bienheureuseMarie, sans qu’on sache où il l’inhuma.Cf. Assemani, Bibliot. orient., Rome, 1719-1728, t. iii, p. 318. L’inexactitude des deux premiers renseignementsdispose assez peu à accepter 1er troisième. Benoit XIV, De fest. D. N. J. C, I.^vn, 101, dit que Marie suivitsaint Jean à Éphèse^et y mourut. En parlant de l’assomptionde Marie, il ne paraît pas très ferme dans sonopinion favorable à Éphèse. Il voulait cependant 801

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enlever du bréviaire les leçons qui mentionnent la mortde la Sainte Vierge à Jérusalem. Le temps lui manquapour faire exécuter sa décision. Cf. Arnaldi, Supertransitu B, M. V., Gênes, 1879, t. i, c. I. En somme, le séjour de la Sainte Vierge à Éphèse est possible.Mais les documents authentiques qui l’attesteraient fontdéfaut jusqu’à ce jour, et les probabilités sont presquetoutes contraires à cette hypothèse. Cf. Le Camus, Lessept Églises, p. 133-136; Jos. Nirschl, Das Grab der heiligenJungfrau Maria, Mayence, 1896; Id., Das H ansund Grab der heïligen Jungfrau, Mayence, 1900; Barnabed’Alsace, Le tombeau de la Sainte Vierge à Jérusalem, in-8°, Jérusalem, 1903; Gabriélovich, Le tombeaude la Sainte Vierge à Éphèse, réponse au P. Barnabe, in-8°, Paris, 1905.

3° Le séjour continu de la Sainte Vierge à Jérusalemjusqu’à sa mort ne laisse pas non plus de présenter certainesdifficultés. Saint Jean ne demeura pas lui-mêmedans cette ville d’une manière constante. D’autre part, lapersécution y sévit plusieurs fois et dispersa les chrétiens.Act., viii, 1; xii, 1. Que devint pendant ce tempsla Très Sainte Vierge? Après tout, il n’était pas nécessaireque, pour réaliser le vœu du Sauveur, saint Jean fûtsans cesse auprès de Marie. Il ne manquait pas de disciplespour le suppléer momentanément, et quand les tempsdevenaient difficiles, il ne devait pas être malaisé de ménagerun refuge à la Sainte Vierge à distance de la ville.L’antiquité n’a laissé aucun renseignement à ce sujet.

IV. LA MORT, LA RÉSURRECTION ET il’ASSOMPTION DE

marie. — 1° L’histoire ne dit rien au sujet de ces événements.Les apocryphes ont cherché à suppléer à sonsilence. Il existe un écrit grec connu sous le nom A’Historiadormitionis et assumptionis B. M. V., mis sous lenom de saint Jean lui-même. Cf. Assemani, Bibl.orient., t. iii, p. 287. C. Tischendorf, Apocal. apocriph., Mariai dormitio, Leipzig, 1856, p. xxxiv, estime que lesparties essentielles du texte pourraient remonter auive, peut-être même au IIe siècle. De ce premier texteparaissent dériver d’autres récits ou des versions arabes, syriaques et autres, et spécialement le De transituV. M., mis sous le nom de saint Méliton de Sardes, t v, col. 1231-1240. Cf. Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. ii, p. 131-185. Le pape Gélase, t. Lix, col. 152, rangeacet écrit parmi les livres qu’il condamnait. On trouveaussi dans le pseudo-Aréopagite, Div. nom., iii, 2, t. iii, col. 681, une allusion à la mort de la Sainte Vierge.Cf. P. Halloix, VU. Dionys. Areop., 6, t. iv, col. 747-750; J. de Voragine, La légende dorée, trad. Roze, Paris, 1902, t. ii, p. 415-459. Ces récits, diversem*nt remaniés, n’ont probablement atteint leur forme définitive qu’auv «siècle. On y voit intervenir, autour de la Sainte Viergemourante, les anges Gabriel et Michel, Notre-Seigneurlui-même, les Apôtres rassemblés miraculeusem*nt dediverses régions, des disciples marquants, et enfin, parune réplique servile des récits évangéliques, Joa., xx, 24-29, saint Thomas arrivé après tous les autres, provoquantla réouverture du tombeau et la constatation dela disparition du corps. Cet épisode de saint Thomas nese lit pas dans le De transitu V. M. Il est rejeté, avecplusieurs autres détails, par la fausse lettre de saint Jérômeà Paula et à Eustochium, t. xxx, col. 122-145, quine date d’ailleurs que du ix «siècle. Voir t. i, col. 1134.2° Modeste, évêque de Jérusalem dans le premier tiersdu vn «siècle, Serm. in Assumpt., t. lxxxvi, col. 32883300, est le témoin le plus ancien qui place au montSion le lieu de la dormition de la Sainte Vierge. Il yavait à cet endroit une église célèbre, qui renfermait, assurait-on, le cénacle de l’Eucharistie et la chambre hautede la Pentecôte. À dater du vn «siècle, on localisa danscette église l’emplacement précis qui aurait été illustrépar la mort de Marie. On peut s’étonner que cette tradition, si elle est exacte, n’apparaisse que si tardivement, alors que celle qui concerne le cénacle peut remonter

DICT. DE LA. BIBLE.

jusqu’aux temps apostoliques. D’autres traditions placentle lieu de la dormition au mont des Oliviers, où leCommemoratorium de Casis Dei adressé à Charlemagnesignale une église dédiée à sainte Marie. Cf. Tobler, Itiner. Terr. sanct., t. i, p. 302. Peut-être cette secondetradition n’était-elle qu’une tentative pour rattacher lesouvenir de la Sainte Vierge à l’Éléona, comme lapremière la rattachait au cénacle. Ces localisationsavaient pour but de fixer près des lieux de réunion desfidèles de Jérusalem le souvenir de la mort de Marie; elles sont relativement trop récentes pour fournir desdonnées certaines sur le lieu même de la dormition.Cf. Zahn, Die Dormitio Sanctse Virginis und das Hausdes Johannes Marcus, dans la Neue Kirchl. Zeitschrift, Leipzig, t. x, 1898, p. 5; Séjourné, Le lieu de la dormitionde la T. S. Vierge, et Lagrange, La dormition dela Sainte Vierge et la maison de Jean Marc, dans laRevue biblique, 1899, p. 141-144, 589-600; Mommert, DieDormitio, Leipzig, 1899. En somme, on ne peut riendire de précis ni sur le lieu où Marie passa ses dernièresannées, ni sur l’âge qu’elle atteignit, ni sur lescirconstances particulières de sa morl, ni sur l’endroitoù arriva cet événement.

3° Saint Épiphane, Dser., lxxviii, 11, t. XL, col. 716, a cru devoir douter de la réalité de cette mort. Il n’a pas étésuivi. On a compris que la mère n’avait pas à être exemptéed’une loi que son divin Fils avait voulu subir. L’enseignementcommun, à partir d’Albert le Grand, Supermissus, q. cxxxii, Oper., t. xx, p. 89, est que la ViergeMarie mourut sans douleur et par l’effet de son amour.Cf. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, t. ii, p. 326-339.

4° C’est l’évêque de Jérusalem, Juvénal, qui le premier, en 451, signala la présence du tombeau de la SainteVierge à Jérusalem. Il est à noter que saint Jérôme, lepèlerin de Bordeaux et sainte Sylvie n’en font aucunemention. L’empereur Marcien et l’impératrice Pulchérie, désirant consacrer à la Vierge Marie une église auxBlaquernes, à Constantinople, auraient demandé àl’évêque de Jérusalem de prendre dans le tombeau deGethsémani les précieux restes de la mère de Dieu, etde les leur envoyer. Juvénal, invoquant une anciennetradition, répondit que le corps sacré avait été emportéau ciel. Il se contenta d’envoyer à Constantinople le cercueilet les linges du tombeau sacré. Toute cette histoireest racontée par un certain Euthymius, dont le récitest inséré dans une homélie de saint Jean Damascène, Hom. H in dormit. B. V. M., 18, t. xcvi, col. 748, qu’onlit encore au Bréviaire, Lect. iv infr. oct. Assumpt, , il noct. Scheeben, Bandbuch der katholischen Dogmalik, Fribourg, 1875, t. iii, p. 572, ’pense que [le passaged’Euthymius a été ajouté après coup dans l’homélie. Onse demande aussi quel est cet Euthymius qui cite, à pareilledate, le pseudo-Denys l’Aréopagite, De div. nomin., m, 2, t. iii, col. 690. Enfin, l’évêque Juvénal n’est pasdigne d’une confiance absolue. On connaît ses intriguespour se faire attribuer une juridiction patriarcale par lesconciles d’Éphèse et de Chalcédoine. Saint Léon, Epist., cxix, 4, t. Liv, col. 1044, l’accuse d’avoir fabriqué defausses pièces pour arriver à ses fins. Il lui écrit à lui-mêmepour déplorer une conduite par laquelle il s’estmis hors d’état de résister aux hérétiques; il lui rappelleles lieux saints qu’il a sous les yeux, même le mont desOliviers, mais sans aucune allusion au tombeau de laSainte Vierge. Epist. cxxxix, 1, 2, t. liv, col. 1103, 1105. Ce silence ne doit pas étonner, le saint pape entranttrop peu dans le détail pour être amené à parlerdu tombeau de Gethsémani. Toujours est-il qu’on doitse demander jusqu’à quel point il faut s’en rapporter àce que dit Juvénal, ou à ce que lui fait dire Euthymius. Ilne suit pas de là cependant que le fond de la traditionsur l’existence du tombeau de Marie à Gethsémani soità rejeter. Tout ce que contiennent les deux apocryphes

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n’est pas faux, cf. Épiphane, rnonach., De vit. sanct.Deip., t. cxx, col. 148, et depuis Juvénal et saint JeanDamascène, l’opinion la plus générale a été que la SainteVierge fat inhumée dans la vallée de Josaphat, à l’endroitoù existe aujourd’hui l’église de l’Assomption. Ensomme, la tradition en faveur de l’authenticité de cetombeau remonterait au moins à l’époque des apocryphes, c’est-à-dire aux environs de l’an 400.

5° La basilique qui recouvre le tombean aurait étéfondée à peu près dans le même temps. Le tombeau lui-mêmea dû être taillé primitivement dans un massif rocheux; il est maintenant à une grande profondeur, à causede l’exhaussem*nt du sol de la vallée. L’église actuellea été bâtie par les latins, pour remplacer l’ancienne,

il est à croire que le jardin de Gethsémani appartenaità des amis du Sauveur, Joa., Xvm, 2, il paraîtrait toutnaturel que ceux-ci y eussent offert une sépulture, peut-êtremême auparavant, quand besoin était, un asile àla Vierge Marie. Cf. Le Camus, Notre voyage aux paysbibliques, Paris, 1894, t. î, p. 253.

6° Sur l’assomption de la Sainte Vierge, voir Assomption, t. i, col. 1132-1138, et Dict. de théologie catholique, t. i, col. 2127-2140; Kellner, Heortologie, p. 148151.

VII. Dans les écrits des Apôtres. — 1° Les Épîtres.

— Un seul passage fait une allusion directe à la SainteVierge. C’est celui où saint Paul dit aux Galates, iv, 4, que Dieu a envoyé son Fils «fait de la femme», yevoI

1!

1. Tombeau des parents de

la Sainte Vierge. — 2. Tombeau de saint Joseph. — 3. Tombeaude la Sainte Vierge. —

4. Autel des grecs. — 5. Autel

des arméniens. — 6. Mihrab

des musulmans. — 7. Voûtos.

— 8. Autel des Abyssins. —

9. Citerne. — 10. Grotte de

l’Agonie.

219. — Plan de l’église de l’Assomption.

qui tombait en ruines. Un escalier de quarante-huitmarches conduit à la petite basilique souterraine enforme de croix latine, de trente mètres de long sur huitde large. Toutes les communautés chrétiennes peuventofficier dans ce sanctuaire; les musulmans mêmes y ontune place pour prier; les latins en sont seuls exclusdepuis 1757. Cf. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 346350. Au deux tiers de l’église, en allant vers l’est, s’élèveun petit édicule à peu près carré, relié par un mur à laparoi sud et surmonté d’une coupole à peine visible.On accède dans cet édicule par deux portes; quatre oucinq personnes peuvent à peine y tenir, et de nombreuseslampes y brûlent continuellement. Une banquetteen pierre, creusée en forme d’auge, et recouvertepar un autel, occupe la partie orientale de Pédicule.C’est là qu’aurait été déposé le corps de laVierge Marie (fig. 219). Cf. Socin-Benzînger, Palâstinaund Syrien, Leipzig, 1891, p. 90-91. À droite de la petitefaçade de l’église de l’Assomption s’ouvre un couloiraboutissant à un escalier de quelques marches parlequel on accède dans la grotte de l’Agonie. Voir t. iii, col. 232. Le tombeau de la Sainte Vierge est à peine àvingt-cinq mètres de cette grotte en ligne droite. Comme

uivov êx fuvatxrfç, factupi ex muliere. Quelques manuscritsgrecs et latins, suivis par plusieurs Pères, lisent: fevv<j)u.évov èx yuvatxôç, natum ex muliere, «né de lafemme.» Photius, Ad Âmphiloch., q, 228, t. ci, col. 1024, montre que la leçon Y£vv<j>[iivov est inacceptable, parceque le Christ n’est pas «naissant» de la Vierge, mais «né» une fois pour toutes, YeYevvïiiiévo; ou-fEvvviŒti. Lavariante latine natum ne présente pas le même inconvénient; mais le V. Bède, In Luc, xi, 27, t. xcii, col. 480, la réprouve avec raison parce qu’elle affaiblit le sens.Dans un autre passage, saint Paul emploie la premièreexpression en parlant du même sujet: y^viiiievo; èx a71lp[la-roç AaueiS xaxà <ràpxa, factus ex semine David secundumcamem. Rom., i, 3. Tertullien, De cam. Christ., 20, t. ii, col. 786, remarque que le mot factum dit plusque le mot natum; en employant le premier terme, l’Apôtre «rappela le Verbe fait chair et affirma la réalitéde la chair faite de la Vierge». Le mot mulier, «femme,» ne constitue aucune atteinte à l’idée de la virginité deMarie; il désigne simplement le sexe, comme le grec"fuvïj, sans impliquer d’autre sens. Telle est bien du restela pensée que saint Paul veut insinuer aux Galates, puisqu’il parle d’un homme uniquement «. fait deJa 805

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MARIE, MÈRE DE DIEU

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femme». Cf. Tertullieti, De virgin. vel., 6, t. ii, col. 897; S. Cyrille Hieros., Catech., xii, 31, t. xxxiii, col. 766; S. Jérôme, In epist. ad Galat., Il, 4, t. xxvi, col. 372.2° L’Apocalypse. — Saint Jean ne nomme pas une seulefois la Sainte Vierge par son nom de «Marie»; il l’appelle «mère de Jésus». Joa., H, 1, 3; xix, 25, 26. Les rapportsplus intimes qu’il a eus avec elle, durant un bonnombre d’années, la connaissance plus parfaite qu’il aacquise de sa sainteté et l’intelligence qu’il a dû avoirde sa mission auprès de l’Église naissante, permettentd’attendre de lui au moins quelque allusion à cetteVierge dont la garde lui avait été confiée. Cette allusionparaît de prime abord se rencontrer dans le passagesuivant de l’Apocalypse, xii, l-6: «Une grande merveilleapparut dans le ciel: Une femme revêtue du soleil, lalune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne dedouze étoiles. Elle portait dans son sein, criait en enfantantet était à la torture pour enfanter. Un autre signeapparut dans le ciel: Un grand serpent roux, ayant septtêtes et dix cornes… Le serpent se tint devant la femmequi allait enfanter, afin de dévorer son fils quand ellel’aurait mis au monde. Et elle enfanta un fils qui devaitgouverner toutes les nations avec une verge de fer. Etson fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône. Et lafemme s’enfuit dans la solitude, où elle avait une demeurepréparée par Dieu.» La femme décrite dans cepassage est avant tout l’Église, dont saint Jean annonceles destinées dans tout le cours de ce livre. C’est l’Égliseet non la Sainte Vierge, qui crie et souffre pour mettreau monde ses enfants. Mais Marie est à la fois la figureet le personnage le plus saillant de l’Église. Marie etl’Église se superposent l’une à l’autre dans la vision desaint Jean, et, si certains traits conviennent mieux àcette dernière, d’autres semblent mieux s’adapter à laSainte Vierge. C’est elle dont le Fils a gouverné les nationsavec la verge de fer, Ps. ii, 9, et ensuite a été enlevévers Dieu et vers son trône, au jour de son ascension, pendant que la femme, sa mère, se retirait dansla solitude préparée par Dieu, sous la garde de l’apôtresaint Jean. Marie et l’Église ont également le soleil pourparure, la lune pour escabeau, les étoiles pour couronne.Le serpent, le diable du paradis terrestre, Apoc, xii, 9; xx, 2, a voulu dévorer l’enfant de Marie dès sa naissance, quand il le fit poursuivre par Hérode; à mesure quel’Église enfante les âmes à la grâce, il est encore làpour les perdre. Bien que l’Église soit au premier plandans cette description, il paraît donc indéniable quesaint Jean avait aussi la Sainte Vierge devant les yeux.Cette idée est déjà exprimée dans le Serm. IV de symboload catechum., 1, attribué à saint Augustin, t. XL, col. 661, où on lit au sujet du texte de l’Apocalypse: «Personnede vous n’ignore que le serpent est le diable. Cettefemme désigne la Vierge Marie qui, dans une intégritéparfaite, a engendré notre chef, et qui a représenté en «Ile-même la figure de la sainte Église; de sorte que, <le même qu’elle est restée vierge en engendrant sonFils, ainsi l’Église ne cesse d’engendrer ses enfants sansperdre sa virginité.» Cette interprétation, bien quen’ayant très probablement pas saint Augustin pour auteur, tire une importance particulière de ce fait quel’Église l’a insérée dans son office. In vigil. Pentecost., II Noct., lect. v. L’Église a également introduit le passagede l’Apocalypse dans l’office de l’Immaculée Conception, Il Noct. resp. vi, ce qui indique la légitimité deson application à la Sainte Vierge. Cette application avaitd’ailleurs été déjà faite par d’autres anciens auteurs, celuid’une Exposit. in Apocal., dans les œuvres de saint Ambroise, t. xvii, col. 876; Haymon d’Halberstadt, In Apoc, ni, 12, t. cxvii, col. 1080; Alcuin, Comm. in Apoc, v, 12, t. C, col. 1152; Cassiodore, Complexion. in Apoc, ad xii, 7, t. lxx, col. 1411; Richard de S. Victor, Explic.in Cant., 39, t. cxcvi, col. 517; Rupert, Comm.in Apoc, vii, 12, t. clxix, col. 1039; S. Bernard, Serm.

de xii prœrog. B. V. M., 3, t. CLXXxm, col. 430, etc.Bossuet, qui dans son Explication de l’Apocalypse, Bar-le-Duc, 1870, t. ii, p. 228, entend de l’Église lecommencement du chapitre xii, ne laisse pas ailleurs, Serm. pour la fête de VAssompi., 2e p., t. vil, p. 643, d’appliquer les mêmes paroles à la Sainte Vierge.Newman, Du culte de la Sainte Vierge dans l’Églisecatholique, p. 62-71, explique le silence des plus anciensPères, par rapport à cette interprétation, en remarquantqu’ils ne demandaient des lumières à la SainteÉcriture que sur les points de doctrine attaqués de leurtemps. Il ajoute que l’idée de la Vierge avec son Enfantétait familière aux premiers chrétiens, comme le démontrentles peintures des catacombes, et que «l’Églisen’eût pas été représentée par l’Apôtre sous cette imageparticulière, si la bienheureuse Vierge Marie n’eût pasété élevée au-dessus de toute créature et vénérée partous les fidèles». P. 68; cf. Hist. du développement dela doct. chrét., trad. J. Gondon, , Paris, 1848, p. 385-387.Il n’y a pas là, en ce qui concerne la Sainte Vierge, unsimple sens accommodatice, comme on l’a prétenduquelquefois, cf. Drach, Apocal., Paris, 1873, p. 114, mais un vrai sens littéral, qui tantôt lui convient à elleseule et tantôt convient en même temps à l’Église. Cf.R. M. de la Broise, Mulier amicta sole, dans les Étudesdes RR. PP. Jésuites, t. lxxi, avril-juin 1897, p. 289; Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, t. iv, p. 59-84.

VIII. Chez les premiers chrétiens. — Les monumentsdes premiers âges du christianisme révèlent quelleplace tenait déjà la Sainte Vierge dans la piété et dansle culte. — 1° Aucune peinture ne nous a conservé lestraits de la mère du Sauveur. Les madones byzantines, dites de saint Luc, ne datent guère que du vr= siècleet ne reproduisent qu’un type de convention. On enconnaît au moins vingt-sept exemplaires, dont dix dansla seule ville de Rome. Cf. Lecanu, Histoire de laSainte Vierge, p. 454-456. Voir Martigny, Dict. desantiq. chrét., Paris, 1877, p. 792. Aussi saint Augustin, De Trinit., viii, 5, t. xi.il, col. 952, pouvait-il dire: «Nous ne connaissons pas la figure de la Vierge Marie…Son visage était-il tel qu’il se présente à notre espritquand nous parlons d’elle ou que nous nous la rappelons, nous n’en savons absolument rien, nous ne lecroyons pas.» Les images de Marie qu’ont exécutées lespremiers chrétiens ne sont donc pas des portraits. Laplus ancienne est celle du cimetière de Priscille. Ellereprésente la Vierge tenant l’enfant Jésus comme pourl’allaiter; une étoile brille au-dessus d’elle et près d’ellese tient un prophète, Isaïe, ou peut-être Michée (t. i, fig. 102, col. 394). La peinture est d’un beau style classique, comparable à celui des peintures de Pompéi. Ons’accorde à la dater du commencement du n «siècle. LaVierge est plusieurs fois figurée dans des scènes del’adoration des mages, au me siècle, dans les cimetièresde Domitille et de Calixte; au iv «, dans celui des Saints-Pierre-et-Marcellin.Voir fig. 170 et 171, col. 547. Danscette dernière scène, elle apparaît nu-tête, contrairementà l’usage. Au cimetière Ostrien, la Vierge est représentéeavec une gracieuse figure, les bras à demi étendus etl’enfant Jésus devant elle (fig. 220). Cette peinture, qui est du rv «siècle et postérieure à Constantin, a serviensuite de type à beaucoup d’autres. Les saints figuraientsur les tombes des premiers chrétiens surtoutcomme avocats des âmes. Or Marie était avocate parexcellence, ainsi que la nomme saint Irénée, Adv.hseres., v, 17, t. vii, col. 1175. Aussi est-elle toujoursà la place d’honneur, ordinairement assise sur unechaise voilée, ce qui marque la puissance qu’on luiattribue. «Assurément on ne peut affirmer que cesimages elles-mêmes aient été d’abord un objet de culte; on avait trop soin, dans les premiers siècles, d’écartertout ce qui avait quelque ressemblance avec l’idolâtrie… Mais supposé que les chrétiens n’aient pas eu dés lorsune dévotion spéciale envers la T. S. Vierge, commentexpliquer qu’ils aient tant multiplié son image sur lesparois des catacombes, où on l’a retrouvée une vingtainede fois, sur les verres dorés et sur les sarcophages?Sans doute, il y en aurait un bien plus grandnombre encore, si tant de monuments n’avaient été détruitset si même nous connaissions tous ceux qui subsistentcachés sous les décombres.» H. Marucchi, Élém. d’arehéol.chrét., . i, Paris et Rome, 1899, p. 321. Cf. De Rossi, Imagini scette délia B. V. Maria, traite dalle Calasaint Pierre et saint Paul (fig. 221), comme un personnagesupérieur aux deux autres. Les premiers chrétiensne pouvaient indiquer d’une manière plus claire quelleplace ils attribuaient à Marie dans leur vénération. Surun autre verre, on voit sainte Agnès à côté de la SainteVierge. Ces objets, antérieurs au concile d’Éphèse, ainsique les peintures des catacombes, démontrent que leculte de la Sainte Vierge n’est pas la conséquence dece concile, mais qu’il est contemporain des origineschrétiennes, au moins sous sa forme la plus élémentaire.Cf. F. A. von Lehner, Die Marienvèrehrung in~

[Image à insérer].220. — La Vierge et l’enfant Jésus. Peinture du cimetière Ostrien.D’après Wilpert, Die Malereien der Katakomben Roms, pi. 173.

combe Romane, Rome, 1863; M. Wolter, Les cata~combes de Rome, trad. Alter, Paris, 1872, p. 38-52.

2° Des tombeaux des catacombes et de la chaux des «loculi» on a retiré, entre autres objets, des verresdorés composés ordinairement de deux disques soudésau feu, entre lesquels on a gravé ou dessiné sur ordifférents sujets. Cf. Garrucci, Vetri ornati di figure inoro, Rome, 1858. Ces verres remontent en général aulïi<> on au iv» siècle. La Sainte Vierge y est assez souventreprésentée, avec la légende MARIA ou MARA. Un

[Image à insérer]221. — Marie et les Apôtres Pierre et Paul. Fond de verre.D’après Garrucci, Vetri ornati di figure in oro, 1868, pi. îx, n. 7.

des spécimens les plus significatifs est celui dans lequelMarie apparaît debout, les mains étendues, entre

den ersten Jahrhunderten, Stuttgart, 1886; Martigny, Dict. des antig. chrét., p. 788-792.

3° Une autre forme de dévotion des premiers chrétienspour la Sainte Vierge est le nom de «Marie» qu’ils aiment à porter et qui se rencontre dans les inscriptions, à partir de la fin du ive siècle. Cf. Martigny, Dict. des antiq. chrét., p. 515.

IX. Chez les Juifs.

Quand les disciples du Sauveurse multiplièrent et que l’Évangile se propageadans le monde, les Juifs s’efforcèrent de jeter le discréditsur la personne de Notre-Seigneur et sur sonœuvre. Saint Justin, Dial. cura Tryph., 17, 108, t. vi, col. 512, 719, atteste qu’ils envoyèrent dans ce but desémissaires dans toutes les synagogues de la dispersion.Afin de déshonorer le Sauveur dans sa naissance, ils luiattribuaient pour père un misérable aventurier, JosephPandéra, qui aurait été le séducteur de Marie. Cetteallégation se trouve déjà dans Celse. Cf. Origène, Cont.Çels., ii, 32, t. xi, col. 852. Us l’appelaient aussi «fij£de satda», c’est-à-dire de l’adultère. Ces odieux outragesreviennent fréquemment dans la Gémara. Cf.Sanhédrin, fol. 67, 1; Schabbath, fol. 104, 2; 1er.Chaghigah, fol. 77, 4; Babyl. Chaghigah, fol. 4, 2; Midrasch Koheleth, x, 5, etc. Le nom de Pandéra estle même que celui de Panther, qui se trouve introduitdans la généalogie deNotre-Seigneur, on ne sait sur quelfondement, par saint Épiphane, Hxr. lxxviii, t. xui, col. 728, et par saint Jean Damascène, De fide ortho—dox., iv, 14, t. xciv, col. 1157. D’après le premier, Pantherserait le grand-père de saint Joseph, et, d’après lesecond, le père de Barpanther, père lui-même de saintJoachim. Cf. In f est. S. Joachim, lect. vin. C’était probablementle nom d’un ancêtre du Sauveur, qui n’entraitpas dans la généalogie directe. Saint Épiphane etsaint Jean Damascène lui donnèrent une place dans lagénéalogie, et les Juifs en abusèrent en le faisant servirde base à leurs calomnies. D’après le Talmud, le nomde Panther fut celui d’un ami et d’un officier d’HérodeAntipas, qui résidait à Magdala, et auquel Marie-Made809

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leine se serait attachée après avoir quitté son mari, Pappus ben Juda. Cf. Lightfoot, Hor. hebraic. in Matth., xxvii, 56. Il se peut que les talmudistes aient choisi cenom décrié pour en tirer prétexte à leurs calomnies, enconfondant à dessein la’mère de Jésus avec Marie-Madeleine.Tout ce que la haine des Juifs avait inventé contreNotre-Seigneur depuis l’origine, prit corps au xii «siècledans un livre intitulé Tholdoth Yeschu, «histoire deJésus. s Les calomnies sur la naissance de Jésus y sontlonguement reproduites. Ses miracles sont reconnus, mais attribués à la vertu magique du nom de Jéhovah.Jésus les aurait opérés, prétend-on, pour prouver quesa mère l’avait enfanté sans cesser d’être vierge, conformémentà la prophétie d’Isaïe, vii, 14. Ainsi, jusquedans le mensonge, la vérité se fait jour. On peut voirune analyse de ce pamphlet dans les Démonstrationsévangéliques de Migne, Paris, 1843, t. xii, col. 444463. Cf. Pauvert, La vie [de N.-S. J.-C, Paris, 1867, p. 26-30. Il a été vigoureusem*nt réfuté par un protestant, d’ailleurs acharné contre le catholicisme, J.C. Wagenseil, Tela ignea Satanx, hoc est arcani ethorribilis Judseorum, adversus Christum Deum etchristianam religionem, libri àvéxSotot, 2 in^i", Altorꝟ. 1681. Quant aux allégations du Talmud contre laSainte Vierge, on ne les imprima pas toujours danstoutes les éditions, par crainte de l’indignation des chrétiens; mais il était enjoint aux rabbins de les enseignerde vive voix. Cf. Drach, De l’harmonie entrel’Église et la Synagogue, Paris, 1844, t. i, p. 167, 168.Mahomet lui-même réprouva les procédés employés parles Juifs; il dit dans le Coran, Sur., iv, 155: «À l’infidélitéils ont joint la calomnie contre Marie.» En plusieursautres endroits, Sur., iii, 37-42; xix, 16-21; Lxvi, 12, il affirme avec respect la virginité de Marie.Voir J.-J. Bourassé, Summa aurea de landibus B.Mariée Virginis, omnia complectens qux de gloriosaVirgine Deipara reperiuntur, 13 in-4°, Paris, Migne, 1866; A. Kurz, Mariologie oder Lehre der katholischenKirche uber die allersel. Jung frau Maria, in-8°, Ratisbonne, 1881; Warner, Compendium histoHcum eorumqusc Mahumedani de Christo tradiderunt, Liège, 1643; Weil, Biblische Légende der Muselmànner, Francfort, 1845, p. 230. — Voir aussi von Lehner, Die Marienverehrungin den ersten Jahrhunderlen, 2e édit., Stuttgart, 1886; ’Benrath, Zur Geschichte der Marienverehrung, dans les Theologische Studien und Kriti~ken, 1886; Marianus, Jésus und Maria in ihrer ausserenGestalt und Schônheit, Cologne, 1870; *M re Jameson, Legends of the Madonna as represented in the fine arts, Londres, 1852; Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, études archéologiques et iconographiques, 2 in-4°, Paris, 1878; Liell, Die Darstellungen der allerseligenJungfrau und Gottesgebârin Maria, Fribourg-en-Brisgau, 1887; A. Jannucci, De Deiparentis Assumptione, Turin, 1884; A. Schàfer. Die Gottesmutter in der heiligenSchrift, in-8°, Munster, 1887; A. Venturi, La Madonna, Milan, 1900; Olav Sinding, Maria Tod undHimmelfahrt. Ein Beitrag zur Kenntniss der frûhmiltelalterlichenDenkmâler, Christiania, 1903; H. Detzel, Christliche Ikonographie, Band I, Die bildilichenDarstellungen Gottes, der allerseligsten Jungfrau, Fribourg-en-Brisgau, 1894; Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2e édit., t. viii, 1883, articles Maria, Marienfésïè, Marienlegende, Marienwallfahrtsorte, col. 711, 802,

831, 846.

H. Lesêtre.

3. MARIE-MADELEINE (grec: Mapfa T| MaySaXT, ’^; Vulgate: Maria Magdalena), femme de Magdala, quifut convertie par le Sauveur et s’attacha à lui. LesÉvangélistes nomment trois femmes: la pécheresse, Marie de Béthanie sœur de Marthe et Marie-Madeleine, qui ont été identifiées par les uns et distinguées par lesautres. Il y a donc lieu de voir d’abord ce qui est

raconté de chacune d’elles et ensuite d’étudier les raisonsfavorables et défavorables à l’identification.

I. La. pécheresse. — 1° Notre-Seigneur était en Galilée, dans une ville, probablement à Capharnaûm, quandun pharisien, nommé Simon, l’invita à un repas. Unefemme connue dans la ville sous le nom de «pécheresse» le sut, vint dans la salle du festin avec un vased’albâtre rempli de parfum, et, se tenant en arrière duSauveur, près de ses pieds (ce que rendait possible ladisposition des lits, voir Lit, col. 1289), elle se mit àarroser ses pieds de ses larmes, à les essuyer de sescheveux, à les baiser et à les oindre de parfum. Cespectacle scandalisa le pharisien; il pensait en lui-mêmeque, si Jésus était un prophète, il aurait su quelgenre de femme il avait près de lui et l’aurait écartée.Le Sauveur fit alors ressortir ce que l’acte de cettefemme avait de louable, par comparaison surtout avecl’accueil quelque peu froid que Simon lui avait ménagéà lui-même. Il ajouta: «Beaucoup de péchés lui sontremis parce qu’elle a beaucoup aimé.» Puis il dit à lapécheresse: «Tes péchés te sont remis.» Comme ons’étonnait, il la congédia en lui disant: s Ta foi t’a sauvée, va en paix.» Luc, vii, 36-50.

2° La pécheresse en question était une femme quiavait acquis un mauvais renom par ses désordres publics, soit dans la ville même de Capharnaûm, soit dans lesenvirons. Il fallait aussi qu’elle fût d’un certain rangpour attirer ainsi l’attention sur elle; il est probablequ’une femme du menu peuple eût passé à peu prèsinaperçue, malgré sa mauvaise conduite. Elle cherchaitévidemment à se rencontrer avec Jésus, car, dès qu’ellele sut dans la maison de Simon, elle accourut, avecun parfum qui avait du prix et que n’aurait pu se procurerune personne sans aisance. Le récit de saint Lucne dit pas si auparavant cette femme avait reçu quelqueavertissem*nt ou quelque bienfait du Sauveur. Mais, au témoignage même de celui-ci, elle a au cœur la foiet un grand amour; son attitude est celle de l’humilitéet du repentir; son assurance atteste à la fois l’habitudequ’elle doit avoir des usages de la société aisée et l’impérieuxbesoin qu’elle éprouve de manifester à Jésusles sentiments qui l’animent. — 3° Notre-Seigneurattend l’intervention tacite de Simon pour semblers’apercevoir de ce qui se passe. La petite parabole qu’illui adresse sur les deux débiteurs auxquels le maîtreremet des dettes très inégales est une merveille de délicatesseet d’à-propos. Simon est autorisé à se reconnaîtredans le débiteur qui doit moins et qui, en conséquence, montre moins d’amour; mais dès lors il estobligé d’avouer que, vis-à-vis de la femme qu’il incrimine, avec raison d’ailleurs, l’indulgence de son hôte s’expliquepar l’équilibre constaté entre le péché passé et l’amourprésent. — 4° Les mots: «Tes péchés te sont remis,» opèrent ce qu’ils expriment. Les auditeurs les entendentcomme tels. On pourrait penser que la pécheresse a aucœur un tel amour et un tel repentir que déjà ses péchéslui ont été remis, et que le Sauveur ne fait quelui donner l’assurance du pardon. Mais les paroles quiprécèdent: «Beaucoup de péchés lui sont remis, parcequ’elle a beaucoup aimé,» paraissent plutôt signifierque la rémission est actuelle et que, par conséquent, l’amour qu’a eu jusque-là la pécheresse, si grand qu’ilait été, n’a pas encore été assez parfait pour opérer larémission sans l’intervention du Sauveur.

II. Marie dé Béthanie, sœur de Marthe. — 1° L’hospitalitédonnée au Sauveur. — 1. Au cours de sonvoyage à travers la Galilée et la Pérée, le Sauveur arrivasî; xto[i.Tiv Ttvâ, in quoddam castellum, «dans un certainbourg,» que l’évangéliste ne détermine pas autrement.Luc, x, 30. Beaucoup pensent que ce bourg n’est autreque Béthanie, que saint Jean, xi, 1, appelle x(i|i» i, castellum, «bourg de Marie et de Marthe.» L’identité desdeux localités n’est cependant pas démontrée. Béthanie pouvait être la résidence habituelle de Marie, de Martheet de Lazare, sans empêcher les deux sœurs d’avoirune maison dans un autre bourg, en Galilée. Si d’autrepart on observe que saint Luc, ix, 44-xix, 40, racontetout d’un trait le dernier voyage de Nôtre-Seigneurde la Galilée à Jérusalem, il est difficile de placer àBëthanie, par conséquent au terme du voyage, un épisodequi, dans le récit de l’évangéliste, vient presqueau commencement et a dû se passer en Galilée. Oubien il ne faut tenir aucun compte de l’ordre quesaint Luc, i, 3, déclare avoir mis dans son récit et admettreque l’écrivain sacré, qui ailleurs nomme deuxfois Béthanie, ’xix, 29; xxiv, 50, a ici des raisons pourne le désigner que par une vague appellation. Ces remarquesont, ce semble, plus de poids que celles qu’onmet en avant pour identifier avec Béthanie le bourgdont il est ici question. — 2. Marthe reçut dans sa maisonle Sauveur et son cortège, et pendant qu’elle semultipliait pour tout préparer, sa sœur, Marie, se tenaitaux pieds du Sauveur et l’écoutait. Sur une observationde Marthe, le Sauveur dit de Marie: «Ellea choisi la bonne part, ttjv âfafi-rjv (j-epi’Sa, optimampartem, qui ne lui sera pas ôtée.» Luc., x, 38-42.Cette bonne part, la part par excellence, c’est celle quiconsiste à écouter le Sauveur, à recevoir ses lumières, à méditer ses enseignements, à vivre de sa grâce.Voir Marthe.

2° La résurrection de Lazare. — 1. Lazare n’étaitpas avec ses deux sœurs dans le bourg de Galilée oùs’arrêta Notre-Seigneur. Quand celles-ci furent revenuesà Béthanie, leur frère tomba dangereusem*ntmalade. Saint Jean, xi, 2, dit ici que «Marie était cellequi oignit le Seigneur avec le parfum et lui essuya lespieds avec ses cheveux». — 2. Les deux sœurs envoyèrentavertir Notre-Seigneur de la maladie de leur frère.Plusieurs jours après, le Sauveur arriva quand le maladeétait mort depuis quatre jours. Marthe alla au-devantde lui. Marie silencieuse et contemplative, telle qu’elle s’était montrée dans la précédente rencontre, était demeurée à la maison. Informée par sa sœur de laprésence de Jésus, elle alla à lui aussitôt et, se jetantà ses genoux, elle lui répéta les mêmes paroles queMarthe: «Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère neserait pas mort.» Les larmes de Marie et celles detous les Juifs qui se trouvaient là émurent le Sauveur, qui alors ressuscita Lazare. Joa., xi, 1-44.

3° Le festin de Béthanie.

1. Quelque temps aprèscette résurrection, six jours seulement avant la Pâque, Simon le lépreux, de Béthanie, offrit un festin à Notre-Seigneur.Lazare fut au nombre des convives. Martheservait, c’est-à-dire présidait au service; car elle setrouvait dans une maison amie et les femmes ne prenaientpas ordinairement part au festin, surtout avec desdocteurs juifs. Pendant le repas, une femme que saintMatthieu, xxvl, 7, et saint Marc, xiv, 3, ne nommentpas, mais que saint Jean, xii, 3, appelle Marie, entraavec un vase de parfum précieux, le brisa, en répanditle contenu sur la tête et sur les pieds du Sauveur, etessuya ses pieds avec ses cheveux. C’était, de la part deMarie, le même silence discret, la même générosité etle même amour que dans la première onction. Maiscette fois la pécheresse pardonnée, comblée de nouveauxbienfaits et admise dans l’intimité du divin Maître, s’enhardissait jusqu’à répandre son parfum sur la têtemême de celui qu’elle vénérait. Quelques assistants, Judas surtout, murmurèrent de ce qu’ils tenaient pourune profusion inutile. Notre-Seigneur leur dit: «Pourquoi êtes-vous désagréables à cette femme? Cequ’elle a fait pour moi est bien. En répandant ce parfumsur mon corps, elle a préludé à ma sépulture. Jevous le dis en vérité, partout où sera prêché cet évangile, dans le monde entier, xrn racontera à sa louangeee qu’elle a fait.» Matth., xxvj, 6-13; Marc, xiv, 3-9; , Joa., xii, 1-11. Saint Matthieu et saint Luc racontent ce1 festin après avoir dit qu’on était à deux jours de la

; Pâque. Matth., xxvi, 2; Marc, xiv, 1. Mais l’indication précise fournie par saint Jean, xii, 1, autorise à penser

que les deux premiers évangélistes ont assigné cetteplace à leur récit non pour qu’il soit commandé par ladate qui précède et qui se rapporte au complot desprinces des prêtres, mais pour le rattacher à ce qu’ilsdisent immédiatement après du marché conclu parJudas.

2. Après s’être demandé, à la suite de quelquesautres, si le récit des quatre évangélistes ne se rapporteraitpas au même fait, saint Ambroise, Evang. sec.Luc., vi, 12-30, t. xv, col. 1671-1676, commente le récitde saint Luc en y mêlant les traits particuliers auxautres évangélistes, comme s’il n’y avait eu qu’un seulrepas et une seule onction. Depuis lors, un certainnombre d’auteurs ont affirmé l’identité des deux récits.A y regarder de près, on n’y voit de commun que le nomde l’hôte, Simon, le repas et l’onction. Toutes les circonstancesdiffèrent. On a d’un côté une pécheresse, del’autre Marie, sœur de Marthe, désignée par son nom; d’un côté, une onction sur les pieds, de l’autre uneonction sur les pieds et sur la tête; d’un côté un vasedont on répand le contenu, de l’autre un vase qu’onbrise; d’un côté, un murmure intérieur de Simon surl’accueil fait par Jésus à l’acte d’une pécheresse, dél’autre un murmure formulé à voix haute par Judas etdes disciples sur la prodigalité de Marie; d’un côté uneparabole adressée à Simon et la rémission des péchésaccordée à la pécheresse, de l’autre des observationsaux disciples et des éloges à Marie. De plus, le premierSimon est un pharisien, le second un lépreux guéri.Le nom de Simon était si commun chez les Juifs que, sur douze Apôtres, deux le portaient. On ne doit doncguère s’étonner qu’il y ait eu un Simon invitant Notre-Seigneuren Galilée plus d’un ah avant sa mort, et unautre lui offrant un repas à Béthanie six jours avant samort. Enfin saint Jean, xi, 2, suppose deux onctions deMarie et il est excessif de dire avec Faillon, Monumentsinédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleine, Paris, 1865, t. i, p. 64, qu’on ne peut nier l’unité des deuxonctions sans mériter une censure théologique.

III. Marie-Madeleine.

1° À la suite du Sauveur.

Marie-Madeleine apparaît pour la première fois parmiles saintes femmes qui accompagnaient le Sauveur dansses courses apostoliques et le servaient à l’aide de leurspropres ressources. C’étaient donc des personnes doquelque aisance. La première nommée est «Marie, quiest appelée Madeleine», Magdalena, et qui devait trèsprobablement son nom à la ville de Magdala, sur la côteoccidentale du lac de Tibériade, voir Magdala, col. 539, soit qu’elle y fût née, soit qu’elle y habitât depuis longtempset y fût bien connue. Saint Luc achève de la qualifieren disant «de qui sept démons étaient sortis».Elle n’était pas seule dans ce cas; car les quelquesfemmes qui accompagnaient ainsi le Sauveur «avaientété guéries d’esprits malins et de maladies». Luc, viii, 2. C’est évidemment Notre-Seigneur qui les avait guéries, Marc, xvi, 9, et la reconnaissance inspirait leur dévouement.De ce que Marie-Madeleine avait été possédée desept démons, il ne suit pas nécessairement qu’elle avaitété pleine de vices, comme le croit saint Grégoire. Hom.in Evang., xxxiii, 1, t. lxxvi, col. 1239. La possessiondu démon pouvait à la rigueur s’expliquer par d’autrescauses que le péché. Le Talmud réprésente Marie-Madeleinecomme mariée d’abord à un Juif, Pappus ben Juda, qu’elle aurait abandonné pour suivre un officier d’HérodeAntipas, nommé Panther, et résidant à Magdala.i Ailleurs, il la traite de satda, «adultère,» et dit qu’elleétait magdila, c’est-à-dire pliant des cheveux de femme.Cf. Lightfoot, Horse hebraicçe in Matth., xxvii, 56; inLuc., viii, 2; Buxtorf, Lexicon chald. talmud., p. 389, I 1459. On ne peut ajouter grande foi à ces renseigne’

ments. Cf. Sepp, La vie de N.-S. J.-C, trad. Ch. Sainte-Foi, Paris, 1861, t. i, p. 461-463.

2° Au Calvaire. — 1. Marie-Madeleine n’était pas aunombre de ces femmes qui se lamentaient en suivantJésus conduit au Calvaire; ces femmes en effet étaientde Jérusalem et Notre-Seigneur leur parla comme à desmères de famille. Luc, xxiii, 27-29. Mais elle se tenaitau pied de la croix, quand le Sauveur parla à sa mèreet à saint Jean. Joa., xix, 25. Comme toutes les autres, elle restait debout, stabant, et non dans cette attitudetourmentée et désespérée que les peintres lui ont prêtéesi souvent. Il ne convenait pas que son dévouement pourle divin Maître crucifié se départit alors de cette réservedont la fermeté courageuse de Marie lui donnait l’exemple.

— 2. Quand Jésus eut expiré, elle se mit respectueusem*ntà dislance, avec les autres femmes, pour contemplerle solennel et douloureux spectacle que présentait leCalvaire. Malth., xxvii, 55, 56; Marc, xv, 40, 41; Luc, xxm, 49. — 3. Elle assista pieusem*nt à la sépulturehâtive du Sauveur, sans que rien n’indique qu’elle yait pris part. Mais elle regarda attentivement où l’onplaçait le corps du divin Maître, Marc, xv, 47; Luc, xxm, 55, et quand la pierre eut été roulée à l’entrée dusépulcre, elle s’assit à côté. Matth., xxvii, 61. Avant lecommencement du sabbat, c’est-à-dire avant l’apparitiondes étoiles, le vendredi soir, elle dut s’en retourner à laville, pendant que les autres femmes préparaient déjàdes aromates et des parfums, pour compléter l’ensevelissem*ntdu Sauveur. Luc, xxiii, 56.

3° Au sépulcre du ressuscité. — 1. Au soir du sabbat, après l’apparition des étoiles qui marquait le commencementd’unenouvelle journée, Marie-Madeleine et lesautresfemmes achetèrent des aromates, pour aller ensuiteachever l’ensevelissem*nt, et avant la fin de la nuit, ellespartirent pour le sépulcre où elles arrivèrent quand ilfaisait à peine jour. Matth., xxviii, 1; Marc, xvi, 1, 2; Luc, xxiv. 1; Joa., xx, 1. — 2. Quand elles furent auprèsdu sépulcre, elles virent que la pierre qui en fermaitl’entrée avait été roulée de côté. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1477. Elles entrèrent alors et furent consternées enconstatant que le corps ne s’y trouvait plus. Luc, xxiv, 34. Aussitôt Marie-Madeleine tira la conclusion qui luiparaissait s’imposer, et, revenant à la hâte vers les apôtresPierre et Jean, elle leur dit, comme parlant en sonnom et en celui de ses compagnes: «Ils ont enlevé leSeigneur du sépulcre et nous ne savons pas où ils l’ont. placé.» Joa., xx, 2. Elle ne désigne que vaguement lesauteurs de l’enlèvement, car elle ne sait si ce sont desamis ou des ennemis. Pierre et Jean partirent aussitôt etconstatèrent que le sépulcre était vide. Joa., xx, 3-10. —3, Marie-Madeleine, qui les avait suivis, resta après leurdépart à pleurer debout près du monument. Bien qu’ellele sût vide, elle s’inclina à un moment, par un instinct biennaturel, afin de regarder encore par la porte surbaissée.Elle vit alors deux anges vêtus de blanc, assis sur la banquettefunéraire, l’un à la tête et l’autre aux pieds. Ilslui dirent: «Femme, pourquoi pleures-tu?» Elle répondit: «Ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais où ils l’ontmis.; Puis, se retournant, elle vit Jésus, debout devantelle; mais, au lieu de le reconnaître, même quand illui dit: «Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?» ellele prit pour le jardinier, dont la présence s’expliquaitmieux que toute autre à pareille heure, et elle lui «lit: s Seigneur, si tu l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis et jele prendrai.» Elle est si pleine de la pensée du Sauveurenseveli qu’elle ne le désigne même pas nommément.Jésus lui dit alors ces simples mots: «Marie!» — «Maître!» s’écria-t-elle aussitôt en se retournant tout à faitvers lui, et elle se jeta à ses pieds pour les embrasser et leretenir. Mais Jésus reprit: (i-r) âmou (iou. Joa., xx, 17.La Vulgate traduit: noli me tangere, «ne me touchepas.» D’autres traduisent autrement, parce qu’ils nes’expliquent pas comment le Sauveur défendrait à

Marie-Madeleine de le toucher, alors qu’il le permet auxsaintes femmes, Matth., xxviii, 9, et qu’il le commandeà saint Thomas. Joa., xx, 27. Le verbe grec, tZircu, disent-ils, est comme un fréquentatif de la racine âç, «toucher,» il indique un contact prolongé, intensif, etsignifie «ajuster, attacher, se saisir d’une chose», d’oùle substantif ôiinià, * attache.» Cf. Bailly-Egger, Dict.grecfrançais, Paris, 1895, p. 255, 2202. D’après eux, lesens du» grec est donc: «Ne t’attache pas à moi,» neme traite pas comme si tu ne devais plus être séparée demoi, comme si tu étais appelée à me suivre là où je vais. —Le Seigneur ajouta qu’il n’était pas monté vers son Pèreavec son humanité, que par conséquent il n’apparaissaitpas encore pour prendre avec lui ceux qui étaient sesamis. Il commanda enfin à Marie-Madeleine d’aller dire àses frères: «Je monte vers mon Père et votre Père, monDieu et votre Dieu.» Joa., xx, 11-17. Cette apparition estindiquée par saint Marc, xvi, 9, en ces termes: «Ressuscitéle matin du premier jour de la semaine, il apparutd’abord à Marie-Madeleine, de laquelle il avait chassésept démons.» — 4. Marie-Madeleine s’acquitta de sonmessage et dît aux disciples: «J’ai vu le Seigneur etvoici ce qu’il m’a dit.» Joa., xx, 18. Ceux-ci étaient dansla désolation et dans les larmes; mais loin d’ajouter foiaux paroles de Marie-Madeleine et des autres saintesfemmes, ils prirent leurs affirmations pour des inventionsd’esprits en délire. Marc, xvi, 10, 11; Luc, xxiv, 10, 11. Les deux disciples d’Emmaùs font allusion à cesrécits des femmes, mais sans y croire. Luc, xxiv, 22-24.Les Évangélistes ne parlent plus ensuite de Marie-Madeleine.— 5. Il est très vraisemblable qu’elle assista auxprincipales manifestations de Notre-Seigneur en Galiléeet ensuite à son ascension. Elle devait être aussi aunombre des femmes qui se trouvaient dans le cénacleavec la Sainte Vierge et qui reçurent le Saint-Esprit àla Pentecôte. Act., i, 14; ii, 3. Mais son nom n’apparaîtplus dans les Livres Saints.

IV. Identité des trois Marie. — 1° Diversité desopinions. — 1. Les Pères ne sont pas tous du même sentimentsur la question des trois Marie. Clément d’Alexandrie, Pœdag., ii, 8, t. viii, col. 430, n’en admet qu’une.Origène, In Matth., xxxv, t. xiii, col. 1721, fait de la pécheressede saint Luc, des Marie de saint Matthieu etde saint Marc, et de la Marie-Madeleine de saint Jean, trois personnes différentes. Il est suivi par Théophylacte, Euthymius, Sévère ou Servius dans la CatenaLucm, vii, t. i, col. 775, etc. Les Constitutions apostoliques, m, 6, t. i, col. 769, et saint Jean Chrysostome, Hom., lxii, 1, t. viii, col. 342, distinguent nettemententre la pécheresse et la sœur de Lazare. Tertullien, Depudicit., xi, t. ii, col. 1001, les identifie. Saint Ambroise, In Luc, ri, 14, t. xv, col. 1672, regarde la non-identitécomme possible, mais il ajoute que la pécheresse a fortbien pu devenir une femme plus parfaite. Saint Hilaire, In Ps. cxxil, 5, t. ix, col. 748, est pour la distinction.Saint Jérôme, Interpret. Origen. in Cant., Hom. i et ii, t. xxiii, col. 1123, 1130; In Matth., iv, 26, 7, t. xxvi, col. 191, sans doute sous l’influence d’Origène, admetque les deux onctions ont été faites par deux femmesdifférentes. Saint Augustin tantôt croit à l’identilé, Deconsens. Evang., l, 79, t. xxxiv, col. 1155, et tantôt hésiteà l’affirmer. In Joa., xlix, 11, t. xxxv, col. 1748. L’auteurdu Sermo xxxv, ad frat. in eremo, inséré dans sesœuvres, t. XL, col. 1298, bien que postérieur à ce Père, affirme catégoriquement que Marie la pécheresse est lasœur de Marthe et qu’à la résurrection elle est devenue «l’apôtre des apôtres». Saint Grégoire le Grand, In Ezeck., i, 8, 2; Hom. in Evang-, ii, 33, 1, t. lxxvi, col. 854, 1239; Epist., xxv, t. lxxvii, col. 877; Expos, in I Reg., iv, 3, 13, t. lxxix, col. 243, est invariablement pour l’identitédes trois Marie. Saint Bernard partage le même avis, Serm. ni Dont, vi post Peut., 4; Serm. m in Assumpt.B. M., 2; Serm. iv in Dedic. Eccles., 3, non cependant

sans quelque hésitation. Serin, xil in Cant., 6, t. clxxxiii, col. 342, 422, 527, 831. L’opinion de saint Grégoire fitnéanmoins autorité dans l’Église; au moyen âge, onadmit en général l’identité des trois Marie. L’hymne desaint Odon de Cluny, en l’honneur de sainte Marie-Madeleine, ne fait qu’une même personne de la pécheresse, de la sœur de Lazare et de la Madeleine de la résurrection.L’hymne de Godescalc ne fait aucune allusion à lasœur de Lazare et de Marthe. Cf. U. Chevallie», Poésieliturgique traditionnelle, Tournai, 1894, p. 200-201. Lamême remarque s’applique à l’hymne Collaudemus, duXIVe ou XV siècle, cf. Daniel, Thésaurus hymnologicus, Halle, 1841, p. 311, à la prière de Fr. Pétrarque àsainte Marie-Madeleine, cf. F. Clément, Carminaepoetis christ, excerpta, Paris, 1867, p. 551, et auxhymnes actuelles du Bréviaire romain. — 2. Les auteursmodernes ont été également divisés sur la question, J. Bollandus, Acta Sanctoruni, julii t. v, p. 187, admitl’identité des trois personnages. Lefèvre d’Étaples, DeMaria Magdalena, Paris, 1516, 1518; De tribus etunica Magdalena, Paris, 1519, soutint avec éclat lathèse de la distinction des trois Marie. Il fut combattupar l’évêque de Rochester, John Fisher, De unica Magdalenalibri très, Paris, 1519, et par le théologien françaisNoël Beda, Scholastica declaralio sententise et ritusEcclesise de unica Magdalena, Paris, 1519. En 1521, lafaculté de théologie de la Sorbonne prescrivit d’enseignerla thèse contraire à celle de Lefèvre d’Étaples. Cf.Duplessis d’Argentré, Collect. judicior. de novis error., Paris, 1728, t. iii, 1, p. VI. Néanmoins Bossuet, Surles trois Magdeleine, édit. Migne, Paris, 1856, t. v, col. 1647, croit plus conforme à la lettre de l’Évangilede distinguer trois personnages. Plusieurs anciens bréviairesfrançais fêtaient aussi trois Marie distinctes.Aujourd’hui l’office de l’Église, au 22 juillet, fait appelau triple souvenir évangélique de la pécheresse, de lasœur de Lazare et de la fervente amie de Jésus ressuscité.Sans constituer un argument proprement dit, cetteidentification liturgique indique au moins qu’il n’existeaucune raison démonstrative contre l’unité des troisMarie. Parmi les auteurs plus récents, Sepp, La vie deN.-S. J.-C, trad. C. Sainte-Foi, Paris, 1861, t. i, p. 464; Lecanu, Histoire de N.-S. J.-C, Paris, 1863, p. 225, etPauvert, Vie de N.-S. J.-C, Paris, 1867, t. i, p. 261, font deux personnes de la pécheresse et de Marie-Madeleine; l’identité des deux est admise par Faillon, Monumentsinédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleineen Provence, 2 in-4°, Paris, 1865, t. i, p. 1-283; Lacordaire, Sainte Marie-Madeleine, Paris, 1872, p. 93-100; Curci, Lezionisopra i quattro Evangeli, Florence, 1874, t. ii, p. 418; Fouard, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1880, t. i, p. 381; Bougaud, Le christianisme et les tempsprésents, Paris, 1877, t. ii, p. 261; Fillion, Évang. selonS. Luc, Paris, 1882, p. 166, 167; Didon, Jésus-Christ, Paris, 1891, t. i, p. 352; Ollivier, Les amitiés de Jésus, Paris, 1895, p. 214-245; Coleridge, La vie de notre vie, t. xvir, trad. Petit, Paris, 1896, p. 430-435; Chevallier, Récits évangéliques, Paris, 1891 r p. 218-220; Le Camus, Laviede N.-S. J.-C, Paris, 1901, t. ii, p. 324; Il santoVangelo di N. S. G. C, Rome, 1902, p. 90, 188. Cf.Acta sanctorum, 22 juillet.

2° Exposé des arguments. — 1. Ceux qui admettentla distinction des trois Marie font valoir les raisonssuivantes: Saint Luc, vii, 37, parle d’une femme quiétait connue dans la ville comme pécheresse; or, lasœur de Marthe paraît avoir été dans une situation quine permet guère de supposer qu’elle ait pu mériter unequalification si déshonorante. — Le même Évangéliste, après avoir ainsi nommé la pécheresse, mentionneimmédiatement après, parmi les pieuses femmes quisuivaient Jésus, «Marie, qui est appelée Madeleine, etde qui sept démons étaient sortis.» Luc, viii, 2. Commeil n’établit aucune relation entre les deux personnages,

nommés si près l’un de l’autre avec des qualificationsdifférentes, c’est donc qu’ils sont distincts. — Notre-Seigneurne semble pas avoir connu la pécheresse avant lerepas chez le pharisien, Luc, vii, 37-39, tandis que lasœur de Lazare appartenait à une famille amie dont leSauveur fréquentait volontiers la demeure à Béthanie.Joa., xi, 32; xii, 3. — Marie-Madeleine était vraisemblablementoriginaire de Galilée, puisque son nom se tirede la ville de Magdala, tandis que la sœur de Marthe, selon toute probabilité, était de Béthanie, en Judée. — Ilest vrai que saint Jean, xi, 2, dit que Marie, sœur deLazare, est celle qui oignit le Seigneur et lui essuya lespieds avec ses cheveux; mais ce verset est une parenthèsequi sert à mieux faire connaître Marie par uneaction qui n’était pas encore accomplie, mais qui appartenaità l’histoire du passé au moment où l’Évangélisteécrivait. Des noms différents désignent les trois femmes.Or, dit Bossuet à la fin de sa note sur les Trois Magdeleine, «il ne s’agit pas de prouver qu’il est impossibleque les trois soient la même; il faut prouver que l’Évangileforce à n’en croire qu’une, ou du moins que cesoit son sens le plus naturel.» — 2. Ceux qui n’admettentque deux Marie acceptent l’identification deMarie-Madeleine et de Marie, sœur de Marthe, maisdistinguent d’avec elle la pécheresse, comme semble lefaire saint Luc, vii, 37; viii, 2. — 3. Les partisans del’identité des trois Marie établissent ainsi leur thèse: Saint Jean, xi, 2, en présentant Marie, sœur de Marthe, comme celle qui avait précédemment oint le Sauveur, ne peut que se référer au récit de saint Luc, vii, 36-50, leseul qui ait parlé avant lui d’une onction faite au Sauveurpar une femme. Or cette femme était la pécheresse.Marie, sœur de Marthe, que l’Évangile présente commeune contemplative, Luc, x, 38-42, une femme pleine defoi en Notre-Seigneur, Joa., xi, 32, 33, et animée à sonégard de la plus affectueuse vénération, Matth., xxvi, 7; Marc, xiv, 3; Joa., xii, 2, n’était donc autre que l’anciennepécheresse convertie. — Cette première identificationentraîne naturellement celle de Marie, sœur deMarthe, avec Marie-Madeleine. Partout où elle apparaîtdans l’Évangile, à la suite de Jésus, au Calvaire, à larésurrection, Marie-Madeleine est l’âme «qui aime beaucoup», Luc, vii, 47, qui s’attache à Notre-Seigneurcomme à «la meilleure part», Luc, x, 42, qui montrele caractère généreui, décidé, profondément dévoué, propre à l’héroïne du festin dé Béthanie. Joa., Xii, 3. IIfallait être averti pour ne faire de la pécheresse et deMarie, sœur de Marthe, qu’une même personne; mais, de prime abord, il semble tout naturel d’identifier Marie-Madeleined’une part avec la pécheresse, d’autre partavec la sœur de Marthe. Sans doute, sa possession parsept démons, Marc, xvi, 9; Luc, viii, 2, ne la désignepas nécessairement comme pécheresse scandaleuse; mais elle n’empêche pas non plus cette dernière qualificationd’avoir été possible, elle la rend même probable.

— Le verset de saint Jean, xi, 2, ne peut se rapporter àl’onction qui se fera à Béthanie même, dans quelquesjours. L’Évangéliste parle d’un fait passé, T| àXstyasoc, quse unxit, «qui oignit;» il parle de la même manièrequand il s’agit d’actions déjà accomplies par les personnesqu’il nomme, vii, 50; xviii, 14; xxi, 20, tandis que, deJuda qui doit trahir, il dit: eneXXev irapaSiSôvoct, erattraditurus, vi, 72. Or la seule femme qui antérieurementse soit signalée par l’acte que rappelle saint Jean, c’estla pécheresse dont saint Luc, vil, 36-50, a raconté letrait sans la nommer. Cf. S. Augustin, De consen.Evangel., ii, 79, 154, t. xxxiv, col. 1155. Les textes présententtoutefois de graves dificultés, qui rendent l’identificationquelque peu difficile à expliquer. Ainsi, commele font remarquer les partisans de la distinction, saintLuc, vii, 36-50, après avoir raconté l’épisode de la pécheresse, passe aussitôt au récit des courses apostoliques duSauveur et dit qu’il était accompagné de femmes, entre 817 MARIE-MADELEINE — MARIE, MÈRE DE JACQUES ET DE JOSEPH 818

lesquelles «Marie, qu’on appelle Madeleine, de qui septdémons étaient sortis». Luc, vin. 2. Il n’établit aucunerelation entre cette dernière et la pécheresse dont ilvient de parler; il présente au contraire Marie-Madeleinecomme un personnage tout nouveau. Cette façon deparler peat s’expliquer cependant d’une manière assezplausible. Saint Luc se sera abstenu à dessein de donnerle nom de la pécheresse soit pour ne point déshonorerMarie-Madeleine, devenue ensuite si illustre, soit pour nepas scandaliser quelques-uns de ses lecteurs en montrantïapécheresse convertie si vite admise à la suite de Jésus.Ce scandale a du reste ému un certain nombre d’auteurs, qui se sont refusés à croire que le Sauveur pût admettreparmi les saintes femmes une personne si décriée précédemment.Mais, aux yeux des Juifs, cette admissionne fut pas plus étonnante que celle de Matthieu au nombredes apôtres. Il se peut aussi que saint Luc ait transcritses sources telles qu’il les trouvait. Tous conviennentqu’il l’a fait dans ses deux premiers chapitres; pourquoin’aurait-il pas reproduit l’histoire de la pécheresse sansla nommer, parce qu’on ne la nommait pas de son temps?Saint Jean, la fit connaître plus tard, alors qu’il n’yavait plus d’inconvénient à dire son nom. Saint Marc, il, 14, et saint Luc, v, 27, ne pouvant se dispenser ni deraconter la vocation du publicain Matthieu, ni de désignercet homme par un nom propre, ne l’appellent-ilspas du nom moins connu de Lévi? L’évangéliste auraécrit avec la même réserve au sujet de Marie-Madeleine.Cf. Coleridge, La vie de notre vie, t. xvii, trad. Petit, Paris, 1896, p. 430-435. — On constate aussi que saintJean parle tantôt de Marie, soeur de Marthe, xi, 1-45; xii, 3, tantôt de Marie-Madeleine, xix, 25; xx, 1-18, sansjamais indiquer qu’il s’agit du même personnage. Maisil faut remarquer que, dans les récits de la passion etde là résurrection, plusieurs Marie sont en scène et quedès lors il devient indispensab le de désigner la sœur deMarthe par son surnom de Madeleine. D’ailleurs, quandla clarté du récit n’exige pas ce surnom, saint Jean nelui donne que le nom de Marie, et c’est avec ce seul nom, son nom habituel par conséquent, que Notre-Seigneurl’interpelle pour se faire reconnaître. Joa., xx, 11, 16. —Ces difficultés tirées des textes ne sont donc pas insurmontables, et, en tenant compte surtout de l’identité des caractères, on est en droit d’affirmer comme probable queles trois Marie n’en font qu’une. «L’opinion qui tient pourune seule et même personne Marie-Madeleine, Marie, soeur de Lazare, et la pécheresse, est la plus probable; elle n’est pas en opposition avec le texte évangélique, aun appui solide dans la tradition ancienne et ne se heurteà aucune difficulté assez sérieuse pour atténuer la valeurde cette tradition.» Corluy, Comment, in Evang. S, Joa., Gand, 1880, p. 263-279. Cf. Wouters, Inhistor. elconcord.Evang., xv, 1, dans le Sacrée Scripturx Curs. compl., tle Migne, Paris, 1840, t. xxiii, col. 917-925; Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 399-401.

V. Marie-Madeleine après la Pentecôte. — On nesait rien de certain sur la vie de Marie-Madeleine aprèsla Pentecôte ni sur le lieu de sa mort. Au vt» siècle, onvénérait son tombeau à Éphése. Cf. Grégoire de Tours, De gloria martyr., 29, t. lxxi, col. 731. L’higoumène Danielprétend avoir vu encore à Ephèse, en 1106, le tombeauet la tête de Marie-Madeleine. Cf. Tomasének, Comptes rendus de VAcad. de Vienne, t. cxxiv, /p. 33.Les historiens byzantins racontent que l’empereurLéon VI, en 899, fit transporter à Constantinople lecorps de la sainte. Cf. Léo Grammaticus, t. cviii, col. 1 108, etc. Les martyrologes et les écrivains d’Occident, à cetteépoque, ne disent de Marie-Madeleine que ce qui estconsigné dans l’Évangile. Un manuscrit provençal dumartyrologe d’Adon, datant des premières années duXn «siècle, et à l’usage des églises de la région d’Arleset d’Avignon, se contente de mentionner, au 19 janvier, «Marie et Marthe sœurs de Lazare, dont la messe est

contenue dans le livre de Gélase,» et, au 22 juillet, Marie-Madeleine, sans autre addition, comme dans tousles martyrologes. Cf. G. Morin, Un martyrologe d’Arles, dans la Revue d’hist. et de littérat. religieuses, Paris, 1898, p. 23, 24. Au xie siècle, les moines de Vézelay prétendaientposséder le corps de la sainte; vers la fin du Xil «, on admit que sainte Madeleine était venue finir sa vie auxenvirons de Marseille, et en 1283, on crut découvrir sesreliques à Saint-Maximin, en Provence. La légende desainte Marie-Madeleine, accrue des éléments apocryphesqui s’y sont ajoutés avec le temps, selitdans J. de Voragine, La légende dorée, trad. Roze, Paris, 1902, t. ii, p. 242-260.Sur le séjour de la sainte en Provence, voir, en faveurde l’authenticité, C. F. Bellet, Les origines des Églises deFrance, Paris, 1898, p. 246-255; J. Bérenger, Les traditionsprovençales, Marseille, 1904, p. 28-1 50, et contre l’authenticité, L. duch*esne, Fastes épiscopaux de l’ancienneGaule, Paris, 1894, 1. 1, p. 340-344. Voir Lazare, col. 139.

H. Lesêtre.

4. marie, sœur, de Marthe et de Lazare. Voir Marie-Madeleine(de Béthanie), ii, col. 810.,

5. MARIE (grec: Mopi’a), épouse de Cléophas, Joa., xix, 25, mère de Jacques et de Joseph, Matth., xxvii, 56; Marc, xv, 40, 47; Luc, xxiv, 10, appelée aussi 1’ «autreMarie», Matth., xxvii, 61; xxviii, 1, pour la distinguerde Marie, mère de Jésus, et de Marie-Madeleine. Cléophasest probablement le même qu’Alphée. Voir Alphée, t. 1, col. 418-419. Les femmes sont ordinairement nomméesd’après le nom de leur mari, et non d’après celui deleur père. Cf. Luc, viii, 3; Matth., i, 6, etc. Marie deCléophas est donc épouse et non pas fille de Cléophas.Jacques, Joseph, Simon et Jude sont nommés frères deJésus, Matth., xiii, 55, c’est-à-dire ses cousins. VoirFrère, t. ii, col. 2403. Les textes précédents n’indiquentcomme fils de Marie que Jacques et Joseph. Les deuxautres seraient-ils des fils qu’Alphée aurait eus d’uneautre épouse, morte à l’époque de la vie publique deNotre-Seigneur? Pourquoi alors, dans l’énumération desaint Matthieu, xiii, 55, occupent-ils le second rang etnon le premier, en leur qualité d’aînés? Ou bien faut-ilsupposer qu’avant leur mariage commun, Marie auraiteu Jacques et Joseph d’un premier époux, et Alphée, Simon et Jude d’une première épouse, et qu’ensuiteon aurait rangé les quatre fils par ordre de naissance?Mais Jacques est aussi fils d’Alphée. Matth., x, 3; Marc, m, 18; Luc, vi, 15; Act., i, 13. Il doit en être de mêmede Jude, et les quatre frères sont ensemble fils d’Alphéeet de Marie. Lors donc que saint Matthieu, xxvii, 56, etsaint Marc, xv, 14, appellent Marie mère de Jacques etde Joseph, ils n’excluent pas plus les autres fils quequand saint Marc, xv, 47, l’appelle simplement mère deJacques, et saint Luc, xxiv, 10, mère de Joseph. — Letitre de «frères du Seigneur» donné aux quatre filsde Marie, épouse de Cléophas, suppose un degré assezrapproché de parenté entre cette Marie et les parentsdu Sauveur. Les textes ne permettent pas de déterminerle degré de cette parenté. Quelques-uns ont pensé queMarie Cléophas était une sœur aînée de la Sainte Vierge.Le même nom donné à deux sœurs dans une mêmefamille ne constituerait pas une difficulté absolue contrecette hypothèse, surtout si l’une des deux le portaitsous sa forme usuelle. Maria, et l’autre sous sa formearchaïque, Miryâm, Une note originale de la Peschitodit que Cléophas et Joseph étaient frères, que Marie etMarie, mère du Seigneur, étaient sœurs, et qu’ainsi lesdeux frères avaient épousé les deux sœurs. Cf. Tischendorf, Nov. Teslam. grœc., 8e édit., t. i, p. 945. Mais laparenté des «frères du Seigneur» peut provenir d’uneorigine toute différente. Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., 111, xi, 4, t. xx, col. 248, affirme que Siméon, frère deJacques et second évêque de Jérusalem, était cousin, àveJnoç, du Seigneur, parce que son père, Cléophas, était 819

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MARIE, MÈRE DE JACQUES ET DE JOSErH — MARINI

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frère de saint Joseph. Saint Épiphane, User. txxYili, 7, t. XLH, col. 708, donne le même renseignement. MarieCléophas n’aurait donc été que la belle-sœur de Joseph, et par conséquent de Marie, mère de Jésus, bien quequelque autre parenté par consanguinité ait pu égalementexister entre elles deux. — Marie Cléophas n’estpas nommée parmi les saintes femmes qui accompagnaientle Sauveur dans ses courses apostoliques. Luc, vin, 1-3. Peut-être son mari vivait-il encore et ne pouvait-ellele quitter. Devenue plus libre, elle apparaît auCalvaire auprès de Marie, mère de Jésus. Joa., xix, 25.Elle reste là après la mort du Sauveur, Matth., xxvii, 56; Marc, xv, 40; elle assiste à la sépulture, Matth., xxvii, 61; Marc, XV, 47; elle se rend au sépulcre lelendemain du sabbat, Matth., xxviii, 1; Marc, xvi, 1, et, au retour, partage avec les autres saintes femmes lafaveur de voir le Seigneur ressuscité. Matth., xxviii, 9; Luc, xxiv, 10. C’était donc une croyante et une saintefemme, qui sut se montrer digne de la parenté à laquelleelle avait l’honneur d’appartenir. Il n’est plus parlé d’elleen dehors des récits de la passion et de la résurrection.

H. Lesêtre.

6- MARIE, MÈRE DE JEAN MARC. — Quand saint Pierrefut délivré de sa prison par l’ange, il s’en alla à la maisonde Marie, mère de Jean, surnommé Marc, dont une servante, nommée Rhodé, finit par lui ouvrir la porte. Act., XH, 12. Jean Marc était le cousin de Barnabe, Col., iv, 10, dont par conséquent Marie devait être la sœur ou labelle-sœur. De ce que Barnabe était originaire de Chypre, Act., iv, 36, il ne suit pas nécessairement que Marie l’aiété aussi. Elle était probablement veuve à l’époque oùelle apparaît dans les Actes, puisque la maison qu’ellehabite n’est désignée que par son nom à elle. Elle devaitêtre avec les Apôtres dans les termes d’une assez grandeintimité, pour que saint Pierre vînt ainsi directementchez elle au sortir de sa prison. Néanmoins la maisonde Marie ne paraît pas avoir été à ce moment le rendez-VO_us habituel des disciples, puisque Jacques et les frèresne sont pas là. Act., xii, 17. Saint Pierre et saint Pauleurent grande amitié pour le fils de cette Marie. VoirJean Marc, t. iii, col. 1166. — Un certain nombre d’auteursont pensé que la villa et le jardin de Gethsémaniappartenaient à la mère de Jean Marc; ils en concluentque le jeune homme qui fut pris au sortir du jardin ets’enluit en abandonnant le vêtement qui le couvrait n’étaitautre que Jean Marc. Marc, xiv, 51, 52. La suppositionest plausible, mais non démontrée. Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Marc, Paris, 1894, p. 393. D’autres, poussantplus loin les conjectures, croient que la maisondans laquelle se célébra la dernière Cène était la maisonmême de Marie, mère de Jean Marc. Voir Cénacle, t. ii, col. 400. Cette maison serait ensuite devenue le premierlieu de réunion des chrétiens de Jérusalem. Au VIe siècle, le moine Alexandre, t. xciii, col. 4092, suppose en conséquenceque le jeune homme qui portait la cruched’eau, Luc, xxii, 10, était Jean Marc Vers 530, Théodosiusdit de l’église de Sion, mère de toutes les églises, que ce fut la maison de saint Marc éyangéliste. Cf. Tobler, Itiner. Terrée Sanctee, Genève, 1877, p. 65. Cette maisonétait connue. Un texte arabe la mentionne au nombredes endroits mémorables de Jérusalem, au moment dela prise de la ville par les Perses en 614. Cf. Bévuebiblique, Paris, 1897, p. 461. Les identifications tentéesau sujet de cette maison de Marie sont plus ou moinssujettes à caution. On pourrait y placer, à la rigueur, lelieu de la dernière Cène, que saint Marc, xiv, 15, appelleâv(6160v, et saint Luc, XXII, 12, àvâyatov, deux mots quisignifient «étage supérieur». Mais si rien ne s’y oppose, rien non plus n’y oblige. Cet étage supérieur est-il lemême local que le OTtepûov, «chambre haute,» Act., i, 13, dans laquelle se réunissent les disciples aprèsl’Ascension? Ces mots ont le même sens et saint Jérômeles traduit tous par cœnaculum, comme pour faire une

même salle du lieu de la dernière Cène et du lieu deréunion des disciples. Mais pourquoi saint Luc emploiet-ildeux mots distincts pour désigner un même local?Ne semble-t-il pas indiquer par là que l’àvct-yaiov de laCène diffère du ÛTtepSov de la Pentecôte? On ne peutaffirmer que l’un ou l’autre ait fait partie de la maisonde Marie, mère de Jean Marc, et l’on peut nier avec Uneplus grande probabilité que les deux à la fois n’ont pasappartenu à la même maison. Quant à faire de la maisonde Marie le lieu habituel des réunions liturgiques, letexte des Actes, xii, 4, 5, 12, 17, n’y autorise pas, puisquedans les jours mêmes de la Pàque, alors que toute l’Égliseprie sans relâche pour saint Pierre prisonnier, Jacqueset les frères, c’est-à-dire les Apôtres, sont réunis ailleurs, bien que beaucoup se trouvent cette nuit-là dans la maisonde Marie. Si Pierre, au sortir de la prison, se demandeoù il ira, < ?uv18° v, considérant, Act., XII, 12, et choisit lamaison en question, ce n’est pas qu’elle soit nécessairementun lieu de réunions liturgiques, c’est tout simplementparce qu’elle était voisine de la prison. À partir duvu» siècle, la tradition confondit peu à peu dans le mêmeemplacement la maison de Marie, mère de Jean Marc, leCénacle, le lieu de la. descente du Saint-Esprit, celui de ladormition de la Sainte Vierge et celui de la première égliseétablie par les Apôtres à Jérusalem. Voir col. 802-803; Lagrange, La dormition de la Sainte Vierge et la maisonde Jean Marc, dans la Revue biblique, 1899, p. 589-600.

H. Lesêtre.

7. MARIE, chrétienne de Rome, à laquelle saint Paulenvoie un salut, et qui paraît avoir tenu un rang distinguéparmi les chrétiens de la capitale, car l’Apôtre, sur prèsde trente personnes qu’il fait saluer nommément, placeMarie au quatrième rang et signale toute la peine qu’elles’est donnée pour le bien de ses frères. Rom., xvi, 6.

H. Lesêtre.

    1. MARIMUTH##

MARIMUTH (hébreu: Merêmôf), nom, dans letexte hébreu, de trois Israélites, dont le premier estappelé dans la Vulgate tantôt Mérémoth, tantôt Mérimuth, tantôt Marimuth; le nom du second est écritMarimuth et celui du troisième Mérimuth.

1. MARIMUTH (Septante: Mepi|iûe, I Esd., viii, 33; ’Pajjwie, II Esd., iii, 3; Mepa[it16, II Esd., iii, 21), prêtre, fils d’Urie, descendant d’Accus, le chef de la septièmeclasse sacerdotale instituée par David. II Esd., iii, 21.Il revint de la captivité à Jérusalem avec Esdras et, lequatrième jour, il pesa l’argent, For et les vases de lamaison de Dieu. I Esd., viii, 33. Plus tard, lors de lareconstruction des murs de Jérusalem sous Néhémie, Marimuth travailla à leur réédification avec les autresdescendants d’Accus, entre les fils d’Asnaa qui rebâtirentla porte des Poissons et Mosollam, fils de Barachias.II Esd., iii, 3-4. Il refit aussi la portion du mur compriseentre la porte de la maison du grand-prêtre Éliasibet l’extrémité de la même maison. II Esd., iii, 21.La Vulgate écrit son nom Mérémoth, I Esd., viii, 33; Marimuth, II Esd., iii, 3, et Mérimuth, II Esd., iii, 21.

2. MARIMUTH (Septante: Mapt|iû>0), fils de Bani, quiavait épousé une femme étrangère et qui la renvoya surl’ordre d’Esdras. I Esd., x, 36.

    1. MARINI Marco##

MARINI Marco, hébraïsant italien, né à Bresciavers 1541, mort dans cette Ville en 1594. Il entra cheiles chanoines du Saint-Sauveur et, s’étant fait connaîtrepar ses écrits, fut appelé à Rome par Grégoire XIII quilui offrit, mais en vain, plusieurs évêchés. Parmi sesouvrages on remarque: Annotationes literales in Psalmosnova versione illustratos, 2 in-4°, 1748-1750, publiépar Mingarelli avec une Vie de l’auteur. Marini avait faitparaître: Arca Noe t seu thésaurus lingute sanctsenovus, 2 in-f>, 1593; Grammatica Xinguse sacrée, in-4° r

Baie, 1580.

B. Heurtebize.

    1. MARIUS Léonard##

MARIUS Léonard, théologien catholique, né à Goes, en Zélande. Docteur en théologie, il enseigna cettescience, en 1618, à Cologne, où il dirigea en mêmetemps le collège Batave, qui était alors en cette ville. Ilmourut à Amsterdam en 1652. Outre des ouvrages composéspour la défense de la hiérarchie catholique, contreMarc-Antoine de Dominis, nous avons de lui: Commentarixisin Pentateuchum Mosis, in-f°, Cologne, 1621.

A. Régnier.

    1. MARLORAT Augustin##

MARLORAT Augustin, dit Pasquier, théologienprotestant, né en Lorraine en 1506. D’abord moineaugustin, il se laissa gagner, à Genève, par les idées desréformateurs. Nommé alors pasteur d’un petit villagede Suisse, il y resta quelque temps, et vint ensuite àRouen. Là il fut impliqué dans le procès de Jean Bosc, qui fut convaincu d’avoir été l’un des principaux instigateursde la révolte des protestants en cette ville: condamnéà mort en même temps que lui, il fut pendu le30 octobre 1562. Marlorat a laissé un certain nombre decommentaires des livres bibliques: Expositio ecclesiasticaGeneseos, in-f», Morges, 1584; Expositio inJobum, Genève, 1585; Catena in Apocalypsin; In CLPsalmos Davidis et aliorum SS. prophetarum explicatioecclesiastica, seu bibliotheca expositionum in psalmos, ex probatis theologis collecta et in unum corpusnon minus ingeniose quant laboriose concinnata; quseinstructissimse et paucis multa comprehendentis bibliotheceeloco esse potest. Item Cantica sacra ex diversisBibliorwm locis cum simili expositione, in-f>, Genève, 1585; Commentarius in Jesaiam, in-f°, Paris, 1564; Thésaurus Scripturse Sanctse, in-f°, Lausanne, 1575; Novi Testamenti catholica expositio ecclesiastica, i. e. ex universis probatis theologis excerpta a quodamV. D. ministro, diu multumque in theologia versato.Sive bibliotheca expositionum Novi Testamenti, in-f°, 1561, 1564, 1570 et 1585. A. Régnier.

    1. MARMA##

MARMA (hébreu: Mirmâh; Septante: Mapnà), fllsde Saharaïm et de Hodès, de la tribu de Benjamin, quidevint chef d’une famille importante. Il était né dans lepays de Moab. I Par., viii, 10.

    1. MARMITE##

MARMITE, vase de terre ou de métal dans lequelon fait cuire les aliments. Son nom ordinaire en hébreuest-w, str (Vulgate: olla), du verbe sir, «bouillir.» II (IV) Reg., iv, 38. Pour les autres noms, pour la descriptionet l’emploi du mot dans l’Écriture, voir Chaudière, t. ii, col. 628.

    1. MAROTH##

MAROTH (hébreu: Mârôf, «amertumes» ), villenommée par Michée, i, 12, dans un passage, ꝟ. 10-15, rempli de jeux de mots sur le nom des localités qu’ilénumère. «Celle qui habite Maroth, dit-il, est dansl’angoisse pour son salut.» Les Septante ont traduit: y.aTO(xo-jffï| ôSivac, et la Vulgate: quse habitat in amaritudinibus.Le site de Maroth est inconnu. Cornélius aLapide, Comment., Paris, t. xiv, 1860, p. 74, et autres, J. Knabenbauer, In prophetas minores, t. i, 1886, p. 407, supposent que Maroth peut être identique à Mareth, Jos., xv, 59, mais l’orthographe des deux noms est sidifférente en hébreu, nVm, Màrôt, et t-to, Ma’ârdf,

qu’on ne saurait les confondre. Tout ce que l’on peutdire, c’est que Maroth se trouvait dans le pays de Judaet dans le voisinage des Philistins, et peut-être prés deLachis, qui est nommée à sa suite dans la prophétie deMichée.

MAROTTE Siméon. Voir Muis (de).

    1. MAROUTHA##

MAROUTHA, évêque jacobite de Tagrit et métropolitaind’Orient de 629 à 649, né à Sourzaq, village duBeith Nouhadré, dans l’empire perse, mort à Tagrit le2 mai 649. D’après sa biographie résumée par BarHébrseus, Maroutha fut d’abord moine et prêtre au monastèrede Nardas, il alla plus tard à Callinice au monastèrede Mar Zaki où il passa vingt ans et étudia les saints.Livres. Il demeura enfin dans la montagne d’Édesse, puis au monastère de Mar Mataï où il établit des règleset des lois, et enfin à la cour du roi de Perse, à Séleucie-Ctésiphon.Les guerres entre Héraclius et Chosroès l’obligèrentà se retirer à’Aquoula ou Koufah, d’où le patriarchejacobite Athanase le nomma évêque de.Tagrit et maphrien(métropolitain) de douze diocèses d’Orient. Ilconstruisit dans le désert de Mésopotamie le monastèrede Mar Sergis pour les hommes, près d’une sourcenommée’Aingaga, et plus tard le couvent de BeithÉbré pour les femmes. Lorsque les Arabes subjuguèrentla Perse, il leur fit ouvrir la citadelle de Tagrit et ainsi, grâce à sa prudence, personne ne fut molesté. Il futenseveli dans la citadelle. — Il écrivit quelques livresliturgiques, des hymnes, des prières rythmées pour lesacrifice de la messe et un commentaire sur les Évangilesqui est cité dans la catena du moine Sévère. Deux scoliesde Maroutha sur Exode, xvi, 1, et Matth., xxvi, 6-14, sont imprimées dans les Monumenta syriaca de Mœsinger, Inspruck, 1878, t. ii, p. 32. — Voir Bar-Hébræus, Chroniconeccles., édit. Abbeloos etLainy, Louvain, 18721877, t. ii, col. 111, 119, 123,; Rubens Duval, La littératuresyriaque, Paris, 1899, p. 77, 374-375.

F. Nau.

    1. MARRACCI ou MARACCI Luigi##

MARRACCI ou MARACCI Luigi, orientaliste italien, né à Lucques en 1612, mort à Rome, le 5 févrierl700.Il appartenait à la congrégation des clercs réguliers dela Mère de Dieu, et y fut maître des novices, supérieur, procureur général et assistant. Fort versé dans la connaissancedes langues orientales, il fut chargé d’enseignerl’arabe à la Sapience et à la Propagande. Il refusatous les honneurs que voulut lui accorder Innocent XI.Il eut la part principale dans la publication de: Biblia-Sacraarabica Sacrx Congregationis de Propagandafide jussu édita ad usum ecclesiarum orientalium radditise regione Bibliis vulgaribus latinis, 3 in-f°, Rome, 1671. On lui doit plusieurs autres publications, dont le Prodromus ad refutationem Alcorani, in-8°, Rome, 1691; in-f°, Padoue, 1698, et Y Alcorani textusuniversus, inf», Padoue, 1698, contenant le texte et lutraduction du Koran avec réfutation, sont particulièrementcélèbres, à cause de la profonde connaissance quel’auteur avait de l’arabe, quoiqu’on puisse lui reprocherquelques fautes de critique. B. Heurtehize.

    1. MARSANA##

MARSANA (hébreu: Marsena’; Septante: Ma>ijtàpP]), le sixième des sept grands de Perse à la courd’Assuérus (Xerxès I er). Esth., i, 14. Divers noms perses, conservés par les écrivains de l’antiquité, se rapprochentde Marsana: Mardonius (Marduniya), qui commandaitles Perses àMarathon; Mardontès, Manisaros.VoirW. Pape, , Handwôrterbuch der Eigennamen, t. ii, p. 860, 854.

    1. MARTE ou MARTRE##

MARTE ou MARTRE, petit carnassier de la famille

p<i» j

222. — Marte.

des nrastilidés (fig. 222) analogue à la belette et au putois.Voir Belette, 1. 1, col. 1560. Comme cet animal, mustela.


martes, se rencontre assez communément en Palestine, il est probable qu’il a été rangé aussi sous le nom dehôUd et proscrit par le Lévitique, xi, 29.

MARTEAU, instrument de percussion, composé d’unebat le métal, Eccli., xxxviii. 30, voir 1. i, fig. 596, col. 1900; t. ii, fig. 678, 679, col. 2313; le marteau de l’ouvrier quienfonce les clous ou les chevilles. Jer., x, 4. Voir t. ii,

[Image à insérer]223. — Marteau assyrien en bronze. British Muséum.D’après une photographie.

masse plus ou moins pesante fixée à l’extrémité d’unmanche (fig. 223, 224). On s’est servi et l’on se sert encore

[Image à insérer]224. — Martiolus (petit marteau).D’après Baumeister, Denkmaler, p. 318.

de toutes sortes d’objets durs pour foire l’office de marteaux: de morceaux de bois résistant aux chocs, restés enusage sous forme de maillets; depierres taillées plus ou moinsgrossièrement et constituant soitdes percuteurs, à l’aide desquelson façonnait les haches de pierre, cf. N. Joly, L’homme avant lesmétaux, Paris, 1888, p. 217-225, soit des marteaux plus perfectionnés(fig. 223); enfin de métaux, cuivre, bronze ou fer. Ily a plusieurs noms donnés aumarteau en hébreu: 1° Maqqebéfet halmût, <rcp15pa, maliens, marteau ou maillet avec lequelJàhel enfonça le clou dans latête de Sisara. Jud., iv, 21; v, 26.Ces deux mots ne sont employéschacun qu’une seule fois, le premierdans un texte historique, le second dans un texte poétique.— 2° Maqqâbâh, o-çvpa, maliens (fig. 225), le marteau Oule maillet du tailleur de pierres, III Reg., iv, 7, voir t. ii, fig. 344, 646, col. 967, 2206; le marteau duforgeron, qui aiguise la hache en la martelant, Is., xliv, 12, comme font nos moissonneurs pour leur faux, ou qui

[Image à insérer]225. — Malleus (maillet).D’après Daremberg, Dict. des antiquités, t. iii, p. 825.

[Image à insérer]226. — Marteau du sacrificateur et vase pour recevoir le sang oula libation. D’après Clarac, Musée de sculpture, p. 220.

fig. 210, col. 600. De ce nom a pu venir celui des Machabées.Voir Judas Machabée, t. iii, col. 1790. Le malleusdésignait aussi le gros maillet de bois dont les bouchersse servaient pour abattre les bœufs. Il était employédans les sacrifices païens (fig. 226, 227). Le prêtreappelé popa assommait la victime, avant que le cultrariusl’égorgeàt. Cf. Ovide, Met., ii, 625; Suétone, Cal., 32.Les Juifs, au contraire, égorgeaient les victimes sans lesabattre au préalable.

3° PaltîS, açipee, malleus, marteauservant à briser les rocs, Jer., xxiii, 29, à marteleret à polir les métaux, Is., xli, 7. — ¥KêlafÔt, Xa$suW)piov, ascia, Ps. lxxiv (lxxiii), 6, les kalapâti ou marteauxassyriens avec lesquels les Chaldéens ont brisé les sculp227. — Marteau du sacrificateur.D’après Gerhard, Auserlesene vosenbilder, pi. 229.tures du Temple.

5° Le marteau de guerre a deuxnoms: mêfîs, pÔTteiXov, «massue,» jaculum, Prov., xxv, 18, et mappês, htamopizi&K, collidis. Jer., li, 20. Babylonea été aux mains de Dieu un mappês, pour briserles nations, et un pattîS, pour frapper toute la terre. Jer., xii, 7; L, 23.

6° Outre ces substantifs, l’hébreu emploiele verbe IdtaS, qui veut dire forger au marteau, comme

Tubalcaïn, iripupoxdiroi; , malleator, Gen., iv, 22; et aiguiserdes armes ou des outils en les martelant, xaXxeûevt, exacuere, I Reg., xiii, 20, imXëdetv, vibrare. Ps. vil, 14.Aiguiser les yeux contre quelqu’un, Job, xvi, 10, [JéX» )7tetpaT&v aÙToO ÉTc’lfioi, terribilibus oculis me intuitusest, c’est le percer du regard, lui témoigner de l’hostilité.Avec la civilisation grécoromaine s’introduisirent enPalestine différentes espèces de marteaux les mailletsde bois, <r<pûpa, malleus, des batteurs d’or, Pline, H. N., xm, 26; xvi, 84, des maçons et des menuisiers, Plaute, Merc, ii, 3, 57, le maillet de fer ou de bois cerclé en ferdes forgerons, Pline, H.. N., xxxiv, 20, 40; le <rçOptov, malleolus, diminutif du précédent, Celse, viii, 3; lemarcus, gros marteau en fer des forgerons; le marculusou martulus, réduction du précédent, Martial, iii, 57, 6; Pline, H. N., vii, 56, 57; le martio lus,-marteaupour les petit* ouvrages. Pétrone, Satyric, 51, etc. Cf.Rich, Dictionn. des antiq. romaines et grecques, trad.Chéruel, Paris, 1873, p. 387, 394. Tous ces outils devaientd’ailleurs exister équivalemment chez les Hébreux.

H. Lesêtre.

    1. MARTHE##

MARTHE (grec: MâpBa), sœur de Marie de Béthanieet de Lazare. — 1° Ce nom ne se lit nulle part dansl’Ancien Testament. Il vient probablement de l’araméentnârâ’, «maître,» et signifie «maîtresse». "Voir Électra, t. ii, col. 1652. Plutarque, Marins, 17, cite ce nomcomme celui d’une prophétesse syrienne qui accompagnaitle général Marius. Cf. Schegg, Evang. nach Luk., Munich, 1863, t. ii, p. 530.

2° Marthe est nommée pour la première fois à l’occasionde la réception de Notre-Seigneur et de ses disciplesdans un bourg de Galilée, au cours de son derniervoyage dans ce pays. Elle se multiplie et se donne ungrand mouvement, mpiesirâTo, satagebat, pour recevoirdignement ses hôtes. Elle agit en maîtresse de maison, habituée à commander et à surveiller, tandis que sa sœurMarie, longtemps absorbée par de tout autres occupations, ne songeait, depuis sa conversion, qu’à écouterles paroles du Sauveur. Aussi Marthe s’étonne-t-elle quesa sœur ne prenne pas une part plus active à la préparationdu festin. Elle dit donc à Notre-Seigneur, sansdoute avec plus d’enjouement et de simplicité que demécontentement: «Seigneur, ne prenez-vous pas gardeque ma sœur me laisse seule à servir? Dites-lui donc dem’aider.» Marthe s’imagine que Marie fera plus d’honneurau divin Maître en lui préparant son repas qu’enl’écoutant. Notre-Seigneur répond sur un ton à la foisgrave et affectueux: «Marthe, Marthe, tu te mets enpeine et tu t’agites pour beaucoup de choses. Or, uneseule est" nécessaire. Marie a pris pour elle la bonnepart et elle ne lui sera pas ôtée.» Luc, x, 38-42. LeSauveur ne blâme que ce qu’il y a d’excessif dans l’activitéde Marthe; cet excès empêche de songer au principal, qui est le soin de la vie spirituelle. Marie a choisila bonne part, la part bonne par excellence; celle queMarthe a prise pour elle n’est que d’nne bonté secondaire.Notre-Seigneur ne veut donc pas que Marie soitréduite à abandonner le nécessaire et l’excellent pour cequi est simplement utile et bon. Cet épisode de Martheet de Marie se lit à la fête de l’Assomption, parce que la"Vierge Marie a réuni en elle la perfection de la vie comtemplativeet celle de la vie active. ^

3° Marthe apparaît de nouveau, avec son caractère particulier, dans le récit de la résurrection de Lazare. Lapremière, elle va au-devant du Sauveur, quand ilapproche de Béthanie, alors que Marie reste à la maisonplongée dans son chagrin. Marthe s’adresse à Notre-Seigneuret lui répond avec le plus grand à-propos sur larésurrection future et sur sa foi en la divinité de celuiqui lui parle. Elle-même va ensuite avertir sa sœur. Elleintervient encore" au moment où Jésus ordonne l’ouverturedu sépulcre. Joa., si, 20-40. Néanmoins, Marie paraitavoir occupé l’attention publique plus que Marthe; car

saint Jean, xi, 45, parlant du concours des Juifs àBéthanie, dit qu’ils étaient venus vers Marie. Marthen’est pas nommée dans le grec ni dans les manuscritsde la "Vulgate, bien que le texte actuel la mentionne ici.

4° Au festin qui a lieu à Béthanie, la veille des Rameaux, Marthe préside au service, Joa., xii, 2, tandis que Marieentoure de ses soins pieux la personne même du Sauveur.Les deux sœurs apparaissent dans ce festin à peuprès avec le même rôle que celui qu’elles ont remplidans la maison de Galilée (voir col. 811). Le service deMarthe n’avait donc pas été condamné ni même blâmé; le Sauveur n’en avait signalé que le caractère excessifet exclusif. Après cet épisode, il n’est plus question deMarthe dans l’Évangile. On est étonné de ne pas la voirfigurer, comme sa sœur, dans les récits de la passion etde la résurrection. Mais son absence s’explique par ce faitque les princes des prêtres songeaient à faire périr Lazare.Joa., xii, 10, 11. Les deux sœurs ne pouvaient à lafois abandonner leur frère; pendant que Marie représentaitla famille amie auprès du Sauveur mourant, Marthedut rester auprès de Lazare menacé de mort.

5° On n’a pas de documents anciens sur les dernièresannées de Marthe. Dans la seconde moitié du iv «siècle, à l’époque de la Peregrinatio Silviæ, i y avait à Béthaniedeux églises, l’une à l’endroit de la rencontre de Jésus etde Marthe, l’autre sur le tombeau de Lazare. Saint Jérôme, Epist. cviii, Epitaph. Paulx, 12, t. xxii, col. 887, signaleà Béthanie «le sépulcre de Lazare, la demeure de Marieet de Marthe», mais ne dit rien de la mort ni du tombeaudes deux sœurs. Le Petit Martyrologe romain, duix «siècle, et Usuard se contentent de mentionner, au17 décembre, à Béthanie, le souvenir de Lazare et deMarthe, probablement à cause du vocable des deux églisesdédiées dans ce bourg, l’une à saint Lazare, l’autre àsainte Marthe. En H87, on découvrit le tombeau de sainteMarthe à Tarascon et l’on bâtit au-dessus une église quifut consacrée en 1197. On écrivit alors la légende quifaisait venir sainte Marthe de Palestine, avec son frèreet sa sœur et beaucoup d’autres personnages célèbresdepuis dans la Gaule ecclésiastique. Elle se serait établieà Tarascon, y aurait vaincu le monstre Tharascurus ouTarasque, aurait ressuscité un jeune homme noyé à Avignon, et, sur une invitation de sa sœur Madeleine, seraitmorte sept jours après elle, le 29 juillet. D’un des sermonsmis sous le nom de saint Ambroise, Serm. xlyi, de Salomon., iv, 14, t. xvii, col. 698, on conclut mêmeque Marthe était Phémorroïsse de l’Évangile, guérie d’unflux de sang par le Sauveur. Clovis I er, roi des Francs, serait venu à son tombeau, à Tarascon, et y aurait obtenuune guérison. Cf. Jacques de Voragine, La légende dorée, trad. Roze, Paris, 1902, t. ii, p. 307-313; Faillon, Monumentsinédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleine, Paris, 1865, t. ii, p. 453. Deux chartes de 964 et 967supposent à Tarascon une «terre de sainte Marthe», dépendant naturellement d’une église dédiée à la sainte.Cf. Bellet, Les origines des églises de France, Paris, 1898, p. 250-255; J. Bérenger, Les traditions provençales, Marseille, 1904, p. 166-174. Cependant, un manuscritdu martyrologe d’Adon, à l’usage des églises d’Arleset d’Avignon, et datant des premières années du xiie siècle, enregistre une fête de sainte Marthe, au 17 octobre, et une autre de Lazare et de Marthe, au 17 décembre, sans aucune mention du séjour à Tarascon. Dans unmartyrologe d’Avignon, on lit au 29 juillet ces simplesmots: «Ce jour, passage de la bienheureuse Marthe, sœur de Lazare,» insérés au xme siècle. À la mêmeépoque, on a inséré à la marge inférieure du martyrologed’Adon, au 27 juillet: «Dans les Gaules, au bourgde Tarascon, sainte Marthe, hôtesse du Christ, etc.» Cf.G. Morin, Un martyrologe d’Arles, dans la Revue d’histoireet de littérature religieuses, Paris, 1898, p. 23, 24; duch*esne, Fastes épiscopaux de Vancienne Gaule, Paris, 1894, 1. 1, p. 325^29. H. Lesètbe.

    1. MARTIANAY Jean##

MARTIANAY Jean, savant bénédictin de la congrégationde Saint-Maur, né le 30 décembre 1647 à Saint-Sever-Cap, dans le diocèse d’Aire, mort à Paris à l’abbayede Saint-Germain-des-Prés le 16 juin 1717. Il entra chezles bénédictins de La Daurade à Toulouse où il prononçases vœux en 1668. Il étudia avec ardeur les languesorientales et l’Écriture Sainte dont il devint professeurdans plusieurs maisons de son ordre. Pendant qu’ilenseignait à Bordeaux, il publia sur la chronologie bibliqueun livre qui attira l’attention de ses supérieurs etle fit appeler à Paris. Son œuvre principale est l’éditiondes Œuvres de saint Jérôme. Il l’annonça en 1690dans son Divi Hieronymi Prodromus, in-4°, 1690, etla publia à Paris en cinq volumes in-f» de 1693 à 1706, Sancti Eusebii Hieronymi Stridonensis presbyteri, divina Bibliotheca antehac inedita, etc. Il la fît suivred’une Vie de saint Jérôme tirée particulièrement deses écrits, in-4°, Paris, 1706. On lui doit aussi: Défensedu texte hébreu et de la chronologie de la Vulgate, contre le livre intitulé: L’antiquité des temps rétabliedu P. Pezron, de l’ordre de Cîteaux, in-12, Paris, 1689; Continuation de la défense du texte hébreu et de laVulgate, in-12, Paris, 1693; Relation de la dispute del’auteur du livre de l’Antiquité des temps rétablie contrele défenseur de la Vulgate, in-12, Paris, 1707 (Martianaydéfend les chiffres du texte hébreu et la chronologie dela Vulgate contre le P. Pezron qui défendait la chronologiedes Septante); Vulgata antiqua latina et itala versioEvangelii secundum Malthœum, e vetuslissimis erutamonumentis, in-A%, Paris, 1695; Remarques sur la versionitalique de l’Évangile de saint Matthieu qu’on a découvertedans de fort anciens manuscrits, in-12, Paris, 1695; Traité de la connaissance et de la vérité de l’ÉcritureSainte, 4 in-12, Paris, 1694-1695; 1717; Continuation dupremier Traité de l’Écriture, où l’on répond aux difficultésque l’on a faites contre ce même Traité, in-12, Paris, 1699; 1719; Suite des Entretiens ou Traités sur la^vérité et la connaissance de la Sainte Écriture, in-12, Paris, 1703; Traité méthodique ou manière d’expliquerl’Écriture par le secours des trois syntaxes: la propre, la figurée et l’harmonique, in-12, Paris, 1704 (c’est uneherméneutique dans laquelle l’auteur insiste sur la règled’interpréter les Livres Saints d’après les Pères et lesconeiles, et non d’après les principes des Juifs et des protestants); Défense de la Bible de saint Jérôme contre lacritique de M. [Richard] Simon, in-12, Paris, 1699; EruditionisHieronymianes Defensio adversus JohannemClericum, in-8°, Paris, 1700; Harmonie analytique de plusieurssens cachés et rapports inconnus de l’Ancien etdu Nouveau Testament, avec une explication littérale dequelques Psaumes et le plan d’une nouvelle édition de laBible latine (plan d’une sorte de Polyglotte qui ne futpas mis à exécution), in-12, Paris, 1708; Essais de traductionou Remarques sur les traductions françaises duNouveau Testament, in-12, Paris, 1709 (2 éditions différentesla même année); Le Nouveau Testament de N.-S.J.-C, traduit en français sur la Vulgate avec des explicationslittérales, 3 in-12, Paris, 1712; Prodromusbiblicus sive conspectus facilis ac simplex expositionisnovse Sacrorum Bibliorum, ex ipsis divinarum Scripturarumsententiis parallelis penitus contexta, in-4°, Paris, 1714; Explication historique du Psaume ExurgatDeus, in-12, Paris, 1715; Méthode sacrée pour apprendreà expliquer l’Ecriture Sainte par l’Écriture-même, in-8°, Paris, 1716; Les trois Psautiers de saintJérôme traduits en français, 1704; Psautier en troiscolonnes selon la Vulgate, in-12, Bruxelles, 1716.. —Voir dom Tassin, Histoire littéraire de la congrégationde Saint-Maur, in-4°, Paris et Bruxelles, 1770, p. 382397; Journal des savants, 9 août 1717, p. 506-509; J. B."Vanel, Nécrologe des religieux de la congrégation deSaint-Maur décédés à Saint-Germain-des-Prés, in-4°, Taris, 1896, p. 112-115. F. Vigouroox.

1. MARTIN (Jacques de), bénédictin, né à Fanjeaux, dans l’Aude, le Il mai 1684, mort à Paris, le 5 septembre1751. Ses études terminées à Toulouse, il entraen 1709 dans la congrégation de Saint-Maur. Aprèsavoir enseigné les humanités, il vint en 1727 à l’abbayede Saint-Germain-des-Près, où il mourut. Très érudit, mais d’une imagination hardie, il a laissé plusieursouvrages, parmi lesquels nous n’avons à mentionnerque le suivant: Explications de plusieurs textes difficilesde l’Écriture Sainte qui jusqu’à ce jour n’ont éténi bien entendus, ni bien expliqués par les commentateurs, avec des règles certaines pour l’intelligence dusens littéral de l’Ancien et du Nouveau Testament, 2 in-4°, Paris, 1730. L’auteur y donne de bonnes explicationsd’un certain nombre de passages obscurs, maisquelques gravures trop libres et des traits satiriques etmordants firent arrêter la vente de ce livre. Parmid’autres bizarreries, l’auteur y affirme que l’étude despoètes profanes, et de Plaute en particulier, est un moyentrès utile pour arriver à une bonne intelligence de l’ÉcritureSainte. — Voir dom J. F. de Brézillac, Éloge dedom Martin, en tête du 2e volume de son Histoire desGaules; Ziegelbauer, Hist.’rei literariss Ord. S. Benedicti, t. iv, p. 60, 64, 105; [D. François, ] Biblioth.générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoît, t. ii, p. 304; Ch. de Lama, Biblioth. de la congrégation de

Saint-Maur (1882), p. 170.

B. Heurtebize.

2. MARTIN Paulin, orientaliste et critique bibliquefrançais, né à Lacam (Lot) le 20 juillet 1840, mort àAmélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) le 14 janvier 1890.Après avoir fait ses humanités au petit séminaire deMontfaucon (Lot), il étudia la théologie à Saint-Sulpice, où il fut élève de M. Le Hir. Étant trop jeune pour recevoirla prêtrise au terme de cette première série d’étudesthéologiques, il alla les continuer au séminaire français, à Rome, y suivit les cours du collège romain, et futordonné prêtre en 1863. Au mois de février 1866, nomméchapelain de Saint-Louis-des-Français, il continua àtravailler et prit les degrés de docteur en théologie et delicencié en droit canonique. Les langues orientales: hébreu, arménien, arabe, syriaque, furent l’objet principalde ses études. «Bientôt il obtint le renom méritéde syriacisaut distingué, et c’est dans cet ordre d’étudesqu’il publia les œuvres les plus achevées et les plus durables.» E. Mangenot, dans la Revue des sciences ecclésiastiques, décembre 1891, p. 541. De retour en France, l’abbé Martin fut d’abord vicaire pendant quatre ans àSaint-Nicolas-des-Champs à Paris (1868-1872); il devintaprès chapelain de Sainte-Geneviève par voie de concours, puis aumônier pendant quelques mois de l’écoleMonge (1876), premier vicaire de Saint-Marcel-de-la-Maison-Blanche(1877), et enfin (octobre 1878) professeurd’Écriture Sainte et de langues orientales à l’Institutcatholique de Paris. Il occupa cette chaire jusqu’à samort. En 1890, des infirmités précoces l’avaient contraintd’aller chercher à Amélie-les-Bains le rétablissem*ntd’une santé ruinée par l’excès de travail. Il ymourut dans sa cinquantième année.

On a de lui: Œuvres grammaticales d’Aboul’Faradj, dit Bar-Hébrseus, 2 in-8°, Paris, 1872; Grammatica, chrestomathia et glossarium lingum syriacse, in-8 8, Paris, 1873; Histoire de la ponctuation ou de la tnassorechez les Syriens, in-8°, Paris, 1875; Quatre manuscritsimportants du Nouveau Testament, auxquelson peut en ajouter un cinquième, in-8°, Paris, 1886; Introduction à la critique générale de l’Ancien Testament: Dé l’origine du Pentateuque. Leçons professéesà l’école de théologie de Paris en 1886-1889, 3_ in-4°, Paris, 1887-1889; L’Hexaméron de Jacques d’Édesse, in-8°, Paris, 1888; Saint Jb tienne Harding et les recenseursde la Vulgate latine, Alain et Théodulfe, dansla Revue des sciences ecclésiastiques, 1887; La Vulgate

au xiw siècle d’après Roger Bacon, dans le Musêon, 1888; Introduction à la critique textuelle du NouveauTestament, partie théorique, Leçons professées à l’écolesupérieure de théologie de Paris en 1883-1883, lithographie, in-4°, Paris (s. d.); Descriptixm technique desmanuscrits grecs, relatifs au Nouveau Testament, conservés dans les bibliothèques de Paris, in-4°, Paris, lithographie (ce dernier ouvrage est un supplément duprécédent); Introduction à la critique textuelle du NouveauTestament, partie pratique, tome I er: Les plusanciens manuscrits du Nouveau Testament et Origène, leçons de 1883-1884, in-4°, Paris, 1884, lithographie; t. n: La finale de saint Marc, leçons de 1883-1884, lithographie, in-4°, Paris, 1884; t. m: Les versets de saint Luc, xxii, 43-44, sur la sueur de sang, leçons de 1884rl885, lithographie, in-4°, Paris, 1885; t. IV: Les versets 3 et 4du ch. v de S. Jean et la section de la femme adultère, leçons de 1885-1886, lithographie, in-4°, Paris, 1886; t. v: Le verset des trois témoins; leçons de 1885-1886, lithographie, in-4°, Paris, 1886. Ces leçons lithographiées, écrites au courant de la plume, sans aucune retouche, sont diffuses, mais pleines d’érudition. L’abbéMartin publia aussi de 1887 à 1889, dans diverses revues, des articles sur I Joa., v, 7: Le verset des troistémoins célestes et la critique biblique contemporaine(Revue des sciences ecclésiastiques, 1887); Les trois témoinscélestes (La Controverse et Le Contemparain, 15 juillet 1888), réponse à M. Vacant; Le verset des troistémoins célestes est-il authentique; Un dernier mot{Revue des sciences ecclésiastiques, février, mars et mai1889), réponses à MM. Maunoury et Rambouillet, etc. VoirE. Mangenot, M. l’abbé Paulin Martin, dans la Revuedes sciences ecclésiastiques, décembre 1891, p. 541-551.

0. Reï.

MARTINET. Voir Hirondelle.

    1. MARTINI Antonio##

MARTINI Antonio, traducteur de la Bible en italien, né à Prato en Toscane le 20 avril 1720, mort à Florence, dont il fut archevêque, le 31 décembre 1809. Sur sa célèbreversion des Saintes Écritures en langue italienne, voir t. iii, col. 1032.

    1. MARTYR##

MARTYR, mot grec, |iâf>TU; , pluriel, quip-cupEç, quisignifie «témoin», celui qui atteste ce qu’il a vu ouentendu. Il est fréquemment employé, dans la traductiondes Septante et dans le Nouveau Testament grec, avecsa signification générale et avec sa double acceptionparticulière, judiciaire et historique. — 1. Le témoinaffirme en jugement l’exactitude des choses qu’il dépose.JExod., xxiii, 1; Deut., xvii, 6; etc., Matth., xviii, 16; xxvi, 65; Marc, xiv, 63; Act., vi, 13; vii, 58; IICor., xiii, 1; I Tim., v, 19; Heb., x, 28. — 2. Au sens historique, le (lip-ruç affirme la vérité des choses qu’il rapporte, parce qu’il les a vues. Act., x, 41; I Tim., vi, 12. —3. Ceux qui attestent par l’effusion de leur sang la véracitéde leur témoignage en faveur de Jésus-Christ, comme saint Etienne, Act., un, 20, Antipas, Apoc, ii, 13, sont appelés «ses martyrs», d’une manière générale, nGtp-tupsç Ir, <xo5. Apoc, xvii, 6. C’est de là qu’estvenue la signification particulière attribuée an mot martyren latin, en français, et dans plusieurs languesmodernes, «celui qui scelle son témoignage de sonsang.» Notre Vulgate n’a employé qu’une seule fois lemot «martyr» et c’est avec cette acception particulièreque l’on retrouve ensuite dans les plus anciens écrivainsecclésiatiques: Vidi mulierem ebriam… de sanguinemartyrum Jesu. Apoc, xvii, 6.

    1. MARTYRE DE SAINT BARTHÉLÉMY##

MARTYRE DE SAINT BARTHÉLÉMY, livre

apocryphe. Voir Actes apocryphes, VIII, t. i, col. 164.

    1. MARZILLA Pierre Vincent##

MARZILLA Pierre Vincent, religieux bénédictind’unj noble famille de Saragosse, mort vers 1620. Il

enseigna la théologie à Compostelle, et parmi ses écritson remarque: Paraphrasis intexta editioni Vulgatee inPentateuchum, in-f°, Salamanque, 1600. — Voir Ziegelbauer, Historia rei literariæ O. S. B., t. iv, p. 25, 225; N. Antonio, Biblioth. Hispana nova, t. ii, p. 248.

B. Heurtebize.

    1. MASAL##

MASAL (hébreu: MiS’âl, «demande, prière [?],»

6-esenius, Thésaurus, Indices, p. 113; Septante: Maanâ),

ville lévitique de la tribu d’Aser. Les Massorètes l’ont

ponctué de deux manières différentes: httvin, MU’âl,

T; *

dans Jos., xix, 26, et xxi, 30, et hvn, I Par., vi, 59 (Vulgate, 74). Les Septante l’ont rendu par Maaadc dans Jos., xix, 26; MtxaaâX, dans I Par., vi, 74; ils l’ont défigurédans Jos., xxi, 30, sous la forme BacreXXâv (Alexandrinus; Maa<râX). La Vulgate écrit son nom Masal, Jos., xxr, 30; I Par., vi, 74, et Messal, Jos., xix, 26. — 1° L’Écriturene nomme cette localité que trois fois: une premièrefois dans l’énumération des villes qui échurent àla tribu d’Aser, Jos., xix, 26, et les deux autres fois dansl’énumération des villes qui furent données aux Lévites.Jos., xxi, 30; I Par., vi, 74. Masal fut attribuée aux Lévitesde la famille de Gerson. — 2° Eusèbe écrit son nomMacrav et dit qu’elle était située près du mont Carmel, sur la mer Méditerranée. Onomast., édit. Larsow etParthey, 1862, p. 278, 279. Ces données sont généralementadmises comme exactes, mais l’identification précisede la localité est incertaine. D’après Van de Velde, Memoir to accompany the Map, p. 335, Masal auraitoccupé le site du village ruiné appelé de nos jours KhirbetMiseliéh ou Misalli, non loin de la mer, à cinq ousix kilomètres au nord-est d’Athlit. Voir la carte d’AsER, t. i, vis-à-vis la col. 1085. On y voit «plusieurs enclos, que séparent des murs de clôture en pierres sèches provenantde maisons renversées». V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 283. Les explorateurs anglais du PalestineExploration Fund placent à tort Masal dans l’ouadiMaisléh, au nord de Saint-Jean d’Acre. Armstrong, Wilson et Conder, Names and Places in the Old andNew Testament, in-4°, Londres, 1889, p. 129. — Masalse trouvait sur la route d’Egypte en Syrie qui longeaitle Méditerranée. Nous ne savons rien de son histoire. Ilest cependant possible qu’elle soit nommée dans la listedes villes soumises à Thothmés III, sous la formeMisa’ara, qu’on peut lire Misa’ala. W. M. Mûller, Asienund Europa, nach altàgyptischer Benkmâler, 1893, p.l81.

    1. MASALOTH##

MASALOTH (Septante: Mat< ?a).w6), localité oùcampa l’armée syrienne conduite par Bacchide et Alcimecontre Judas Machabée, I Mach., ix, 2. Il n’en est faitmention nulle part ailleurs et sa situation est indiquéedans ce passage par les mots «qui est en Arbelles».On peut, avec Ed. Robinson, Biblical Researches inPalestine, 1856, t. ii, p. 398-399, voir dans ce nom lesdegrés ou terrasses, mbDn, mesiïlôf, qui conduisaientaux cavernes d’Arbèle en Galilée, non loin du lac deTibériade. Voir Arbèle, t. i, col. 885. Tuch, Commentatiode Man aXw6 èv’ApSriXoiç, 1853, suppose qu’il fautlire M «<7cra8ri>8, hébreu: Mesadôt, «forts, forteresses,» au lieu de MawaXwO, et que ce mot désigne les cavernesmêmes d’Arbèle dont parle Josèphe, Bell, jud., i, XVI, 2, 4. Cf. Ant. jud., XII, xi, 1, où l’historien juif raconteque Bacchide attaqua et prit les Juifs qui s’étaientréfugiés dans les cavernes d’Arbèle, êv (rmjXai’oç. Plusieurscommentateurs, C. L. W. Grimm, Dos erste Buchder Maccabàer, 1855, p. 132, pensent que Josèphe apassé sous silence le mot MaioaXwO du texte; il est plusprobable qu’il l’a traduit par «dans les cavernes». Quelquescritiques ont supposé sans raison que Masaloth étaitune altération de Casaloth. Voir Casaloth, t. H, col. 326.

    1. MASCARELL Vincent##

MASCARELL Vincent, jésuite espagnol, né à Valencele 8 avril 1660, mort à Valladolid le 13 avril 1730.

831

MASCARELL — MASOBIA

832

Entré dans la Compagnie de Jésus le 4 avril 1682, ilenseigna la théologie, fut recteur d’Avila et de Léon etenfin professeur d’Écriture sainte à Salamanque pendantquatorze ans. Il nous a laissé un travail fort importantsous le titre de Sacrée dissertationes prsesertim chronologiesin divinam ScW^turam, Valladolid, 1721-1724.Le tome i" est consacré aux temps écoulés depuis lacréation jusqu’à la fondation du temple de Salomon; leh» aux années des rois de Juda et d’Israël; le ni" àcelles d’Esdras, de Judith et d’Esther; le ive expose etexplique les généalogies de Notre-Seigneur et de la sainteVierge, d’après saint Matthieu et saint Luc, ainsi queplusieurs passages difficiles de l’Ancien et du NouveauTestament. Évidemment les dissertations chronologiquesse sentent de l’époque où elles ont paru et lascience moderne pourrait y relever quelques erreurs.

P. Bliard.

M ASCH Andréas Gottlieb, érudit protestant allemand, né à Beseritz en Mecklembourg le 5 décembre 1724, mort à Neu-Strelitz le 26 octobre 1807. Il fut célèbre enAllemagne comme prédicateur. On lui doit la continuationde la Bibliotheca sacra de Jacques Lelong (col. 163).Publiée à Paris en 2 in-8°, Paris, 1702 et 1709, . et à Anversavec des additions, par Ch. Boerner, 2 in-8°, 1709, Masch la compléta de 1778 à 1790 et la publia à Halle, 4 in-4° sous ce titre: Bibliotheca sacra post Cl. Cl.VV. Jacobi Lelong et C. F. Boemeri iteratas curasordine disposita, emendaia, suppleta, continuata abA. G. Masch. Elle fait connaître les éditions des textesoriginaux (part. 1, 1. 1), latines (part. II, t. m et iv) et desversions de la Bible, orientales et grecques (part. II, 1, t. h), latines (part. II, 2, t. in et iv), et versions desversions (c. iv, t. iv), publiées avant cette époque. —Voir Doring, Gelehrte Theologen Deutschlands derxviu** und XJ2°» Jahrhunderten, t. ii, p. 422; AUgemeinedeutsche Biographie, t. xx, 1884, p. 550.

- MASÉPHA, ville de Juda. Voir Maspha3, col.’gSB-SSS.

    1. MASÉRÉENS##

MASÉRÉENS (hébreu: ham-mUrâ’î; Septante: ’Hiiourapoù’ii; ils ont conservé l’article au commencement du nom; Vulgate: Maserei), descendants de Caleb, de la tribu de Juda, formant la quatrième des quatrefamilles qui émigrèrent de Cariathiarim à une époqueinconnue. I Par., H, 53. Elle paraît être allée s’établirdans une localité appelée Misrd 1, d’où son nom. Cettelocalité n’est d’ailleurs mentionnée expressément nullepart; tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’elle devait setrouver probablement dans le voisinage de Cariathiarim.

    1. MASÉRÉPHOTH##

MASÉRÉPHOTH (hébreu: Misrefôf maïm; Septante: Ma<rpeçùG Matv; Vulgate: aqux Maserephoth), localité de Phénicie, nommée deux fois dans l’Écriture.Jos., xi, 8; xiii, 6. L’étymologie de ce nom de lieu estdiversem*nt expliquée. D’après Kimchi, mUrefôf maïmsignifie des «eaux chaudes», des eaux thermales, dela racine sâraf, «brûler,» Voir Unger, De thermisSidonis, Leipzig, 1803. D’autres-pensent qu’il s’agit deverreries, qui avaient été établies près de ces eaux (cettelocalité était située dans la région où l’on dit que leverre fut inventé), ou de fonderies de métaux. Cornéliusa Lapide, Comment., Paris, 1859, t. iii, p. 67; Masius, In Jos., dans Migne, Cursus completus ScripturseSacrse, t. vin. 1838, col. 90; Gesenius, Thésaurus, p. 1341; Keil, Josua, 1863, p. 88. Le Targum a rendumièrefot maïm par «fossés d’eaux» et divers commentateursjuifs y ont vu des salines, en supposant que cesfossés étaient préparés pour y faire évaporer l’eau demer et y recueillir le sel. Cette explication est sansvraisemblance. — Josué, xi, 8, raconte que les Israélites, après avoir battu les Chananéens du nord de la Palestineprès du lac Mérom, les poursuivirent jusqu’à MièrefotMaïm. Ce nom reparait, xiii, 8, associé, comme la

première fois, à celui de Sidon, parce que ce lieu appartenaitaux Sidoniens. Le site est incertain. Quelquescommentateurs croient que Miirefôt est Sarepta, dont lenom dérivé de ]a même racine hébraïque, mais cettesimilitude accidentelle n’est pas une preuve et cetteville est située trop au nord. — D’après Thomson, TheLand and the Booh, Central Palestine, Londres, 1883, p. 266, les eaux de Maséréphoth sont les sources appeléesaujourd’hui’Aïn Mescherfl, à Khirbet el-Muscheirifêh, sur la côte de la Méditerranée, au sud de Rasen-Naqourah, l’Échelle des Tyriens, au pied du DjebelMuschakka, à l’extrémité septentrionale de la plaine deSaint-Jean-d’Acre.

    1. MASIA##

MASIA (hébreu: Ma’âsêydh, «œuvre de Jéhovah;» Septante: Maao-îou), Benjamite, fils d’Éthéel et père deColaïa. Un de ses descendants appelé Sellum habitait àJérusalem du temps d’Esdras et de Néhémie. II Esd., xi, 7.

    1. MASIUS##

MASIUS, nom latinisé du commentateur belge AndréMæs. Voir Mæs, col. 537.

    1. MASKIL##

MASKIL (Septante: enjveffi?; Vulgate: intellectus,

inlelligentia). Ce mot se trouve au titre de treize

Psaumes: Ps. xxii, xlii, xliv, xlv, lii, lui, liv, lv,

lxxiv, lxxviii, lxxxviii, lxxxix, cxi.ii. Le verbe bDir,

èdkal, signifie «connaître, comprendre», et haskïl, «enseigner,» d’où maskil, [poème] «didactique». Voir

Ps. xxii, 8; xlvii, 8, et l’expression analogue ia¥?, Ps. lx,

1. Mais le rapprochement de la racine arabe ►*£, qui

est de la même famille que l’hébreu bsi» et possède les

même significations, donne une explication un peu dif». <* >.

ferente: «poème, poésie, vers;» jj».*i, «connaissance,

sensation, doctrine, vers, poésie;» j^Lio, «poète;»

jAJù, «beau poème.» J. Parisot.

    1. MASMA##

MASMA (hébreu: Mtëmd’, «audition;» Septante iMau|jict), nom d’un Ismaélite et d’un Siméonite.

1. MASMA, le cinquième des douze fils d’Ismaël.Gen., xxv, 14; I Par., i, 30. Le pays habité par la tribuarabe qui porta ce nom n’est pas déterminé [avec certi-’tude. Certains commentateurs l’ont identifié avec lesMamatjJLaveïç de Ptolémée, vi, 7, 21 (voir Keil, ThePentateuch, Edimbourg, 1866, 1. 1, p. 265), au nord-estde Médine; d’autres ont proposé des rapprochements avecEl-Mismîyéh, dans le Ledjah, au sud de Damas, ouavec Djebel Misma’, au sud-est de Kdf, à l’est de l’ouadiSirhan, ou avec un autre Djebel Misma’, situé plus ausud, vers Teinta, où l’on a trouvé des inscriptions.J. A. Selbie, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. iii, 1900, p. 397; Ed. Glaser, Skizze der Gcschichteund Géographie Arabiens, t. ii, 1890, p. 440.

2. MASMA, fils de Mapsam et père d’Hamuel, de Zachuret de Séméi, de la tribu de Siméon. I Par., iv, 25-26. Dans la généalogie d’Ismaël, Gen., xxv, 13-14; I Par., i, 29-30, le quatrième et le cinquième de ses filss’appellent en hébreu Mibsam (Mapsam) et MiSma, (Masma) comme ici le père et le fils.

    1. MASMANA##

MASMANA (hébreu: Mismannâh, «graisse;» Septante: Maspiavâ), le quatrième des vaillants Gaditesqui allèrent rejoindre David dans le désert de Juda, pendantla persécution de Saùl. I Par., xii, 10.

    1. MASOBIA##

MASOBIA (hébreu: ham-Mesôbâyâh, «le Mésobaïte;» Septante: 6 Mso-aoëtà; Sinaiticus: Meivaëtiâ), patrie de Jasiel, un des braves de David. I Par., XI, 47.Voir Jasiel 2, t. iii, col. 1139. Masobia est complètement

inconnue. Quelques-uns ont pensé que ce nom pouvaitêtre une modification ou altération de Soba, petit royaumearaméen du temps de David. Voir Soba.

    1. MASPHA##

MASPHA (hébreu: Mispéh, à la pause Mispâh, avecmouvement Mispâtâh, «lieu d’observation,» de safâh, a observer, guetter;» Septante-: Macrça, Ma<r<j7)çei, Mà<T<ni ?â6; Vulgate: Maspha et Masphath ordinairement; une fois Masphe, une fois Mesphe et une fois Masepha), nom d’un monument ou monceau de pierres, de plusieurshauteurs, territoires ou villes-. En hébreu, le nomest quelquefois sans l’article, le plus souvent avec lui, ham-Mispéh; il est parfois aussi traduit par mamk et<rxoT17J dans la version grecque, par spécula dans la versionlatine et dans les autres versions par des noms analoguesayant la signification du nom hébreu.

1. MASPHA est un des noms donnés par Jacob aumonceau de pierres ou monument, encore appelé Galaad, et élevé par lui avant de se séparer de Laban sonieau-père en souvenir de leur alliance et de leurs engagements.Gen., xxxi, 49.

1° Origine et signification du nom de Maspha. —L’origine de ce monument et les motifs de son appellationsont ainsi expliqués par l’historien sacré: Laban proposeà Jacob une alliance: «Viens [lui dit-il] et faisonsune alliance pour qu’elle soit un témoignage entre moiet toi. C’est pourquoi Jacob, continue le récit, prit unepierre et l’érigea en monument (massêbâh, grec: ot^Xï], latin: in titulum). Et Jacob dit à ses frères: Apportezdes pierres. Et ceux-ci en ayant rassemblé firent ungrand tas et mangèrent dessus. Laban l’appela le monceaudu témoignage (yegar-sâhâdûtâ’) et Jacob le nommaGal’êd. Et Laban dit: Ce monceau (gai) est témoin(’êd) entre moi et toi aujourd’hui. Pour cela il futappelé Gal’êd (ou Galaad) et ham-Mispâh (nssan, «le

lieu d’observation» ), parce que Laban avait dit: «Quele Seigneur observe (^s», yesêf) entre moi et toi, quand-nous nous serons éloignés l’un de l’autre…» Et Labandit encore à Jacob: «Voici ce monceau (gai) voici cemonument (ham-massêbah) que j’ai dressé entre moi ettoi, témoin sera ce monceau, témoin sera ce monumentque je ne le franchirai pas pour aller vers toi et quetoi tu ne franchiras pas ce tas ou ce monument, pourTenir vers moi dans des intentions mauvaises.» Gen., xxxi, 43-52. — Les Septante ont traduit l’expressionham-Mispâh par r ôp^cri; , «la vision;» la Vulgatel’a complètement négligée; les Targums d’Onkelos et deSifré le rendent par Sekûfd’, «vue.» L’historien Josèphetranscrit le nom de Maspha par Macrçâ-ni, «cequi veut dire en langue hébraïque xaToitTeu<5|j.Evov(conspicuum),» ajoute-t-il. Ant. jud., VI, H, 1. SelonGesenius, Thésaurus, p. 1179, il faudrait lire au commencementdu verset 49: «et il appela le cippe Mispâh, nsïp ïiassm,» comme a traduit justement Saadia,

et la pierre fut appelée «l’observatoire». — Le nom deMaspha employé d’abord simultanément avec celui deGalaad paraît être demeuré dans la suite plus particulièrementattaché au cippe lui-même et à la région immédiateoù il se trouvait, tandis que le nom de Galaad devintcelui de tout le pays et même de toute la contréetransjordanique. Voir Galaad 6, t. iii, col. 47-48. /2° Nature, position et histoire du monument. — Lemonument élevé par Jacob paratt avoir consisté enune pierre plus considérable autour de laquelle ungrand nombre d’autres moins volumineuses furentaccumulées, sans doute en forme de cercle ou d’enceinte.Il devait être identique de forme et de disposition à cesmonuments de forme grossière élevés par les peuplesprimitifs et connus sous le nom de dolmens, si nombreuxencore dans l’ancien pays de Galaad. La plupart d’entreeux sillonnés de petites rigoles aboutissant à des cavités

CICT. DE LA BIBLE.

en forme de coupe, paraissent avoir servi d’autel. Josèphetémoigne, Ant. jud., 1, xix, 2, que celui de Jacoben eut la forme: rrr^).7]v àve6^<rav xaxà Bo>[aoO tr^pLa.La Bible elle-même semble insinuer que Jacob le fitservir d’autel, en disant qu’après l’avoir élevé «ils mangèrentlà sur le tas» et en ajoutant qu’ils jurèrentdevant le monument et qu’ «ensuite Jacob immola desvictimes sur la montagne et invita ses frères à manger».Gen., xxxi, 46, 53, 54. — Le monument ainsi élevépar Jacob se trouvait, d’après le récit de ses origines, à l’entrée des monts de Galaad, du côté de l’est, avantMahanaïm et au nord du Jaboc que le patriarche devaitfranchir plus tard pour se rendre à Sichem et il faut lechercher en Galaad, dans le voisinage de la ville dumême nom qui doit le lui avoir emprunté. Voir Maspha2. — C’est là que Jephté appelé par ses compatriotespour marcher contre les Ammonites qui avaientenvahi le pays de Galaad et l’opprimaient, fut investi dutitre de prince et c’est en face, sans doute, du monumentde Jacob, «devant le Seigneur à Maspha,» qu’ilfit répéter aux chefs de Galaad leurs promesses, leurdemandant, selon toute probabilité, de les ratifier par unserment. Jud., xi, il. Peut-être son vœu fut-il formuléet accompli au même endroit. — Le monument de Jacob, on le voit par la conduite de Jephté, était devenu unobjet de vénération, ou un sanctuaire en Israël, et c’està lui, on n’en peut douter, que fait encore allusion leprophète Osée, au temps des rois de lui; ., Ozias, Achazet Êzéchias et du roi d’Israël Jéroboan. II, quand ils’écrie: «Écoutez-moi, prêtres et soyez attentifs, maisond’Israël et maison du roi; voici votre jugement: vous avez été un filet à Maspha et un piège sur le Thabor.» Ose., v, 1 (hébreu). Si le prophète eût entenduparler de Maspha de Benjamin, elle aussi un lieu deprière, se fût-il adressé aux Israélites et à la populationau milieu de laquelle est Thabor? — Le culte desfaux dieux avait alors remplacé à Maspha le culte duvrai Dieu. — Les Septante ont traduit le nom de Masphapar (jxoroâ et la Vulgate par speculatio.

L. Heidet.

2. MASPHA, région située au pied de l’Hermon. Elleest surnommée «terre de Maspha», ’éréz ham-Mispâh, Jos., xi, 3, et «plaine» ou «vallée de Maspha», biq’afMispéh. Jos., xi, 8. Les Septante, Codex Vaticanus, parerreur sans doute des copistes, ont Macro-ujiâ au j). 3 etMa<r<Tù>x au, t. 8, tandis que VAlexandrinus porte Maa(teçiO et Macrmiçà. — Jabin, roi d’Asor, fit entrer dans lacoalition formée par lui contre Josué et les Israélites, «les Hévéens qui habitaient au pied de l’Hermon dans laterre de Maspha.» Les alliés réunis vinrent camper prèsdu lac Mérom. Josué tomba sur eux à l’improviste, les défitet poursuivit les débris de leur armée «jusqu’à Sidonla grande, jusqu’à Masréphoth-Maïm et jusqu’à la plainede Maspha, à l’orient», où il acheva l’extermination deleur armée. Jos., xi, 1-8. — La contrée de Maspha recevaitprobablement son nom d’une ville du même nom, inconnuemaintenant. Selon quelques auteurs, ce serait levillage actuel de Métullah, habité autrefois par des Métoualis, occupé présentement par une colonie juive, et situéentre le Merdj-’Ayoûn et la région en partie de plaine, qui se développe jusqu’au Djébel-Scheik, ou l’Hermon àTest. Voir la carte du Jourdain, t. iii, col. 1726. Le pays deMaspha serait ainsi le Merdj-’Ayoûn, petite plaine fertile, de quatre à cinq kilomètres de longueur et de deux environde largeur, s’étendant au nord de Métullah, ou bien larégion plate au sud-ouest de l’Hermon, depuis Métullahet Hébel el-Qémah jusqu’aux approches de Baniâs.Cette dernière plaine où se réunissent les affluents quiforment le Jourdain, est réellement au pied de la montagneou «sous» l’Hermon; l’autre en est séparée parla vallée du nahar-flasbdni et les montagnes qui labordent à l’ouest. D’autres ont proposé d’identifier lavallée (béq’af) de Maspha avec la grande vallée du naharIV. - 27 835

MASPHA DE L’HERMON — MASPHA DE JUDA

836

Litany, qui se développe à l’est de PHermon et estappelée el-Béq’ah. Armstrong, Gonder et Wilson, Namesand Places in the Old Testament, p. 127. Jos. Schwarza cru reconnaître Maspha dans le Djebel Heis, appeléHeis Sa’qa’ra', où se trouve un tell-Dje~ba', à quatreheures au nord de Quneitrah. D’après l’auteur, Djêba'qui a une signification analogue à Maspha, serait unetraduction du nom ancien. Tebuoth ha-Arez, nouv. édit., Jérusalem, 1900, p. 74. À trente kilomètres au nordnord-est de Quneitrah et à dix kilomètres à l’est d’unkhân du même nom, on rencontre sous une suite demamelons appelés teloul Sa’ar, un village du nom deSa’ar Djéba C’est là, selon toute apparence, l’endroit oùSchwarz voit la ville de Maspha. Au nord de ces collineset au sud-est de l’Hermon, commence la grande plainetraversée par la route venant du pont appelé djéserbenât-Yaqôb; elle s'étend jusqu'à Damas et est connueaujourd’hui sous le nom d’Ouad' el 'Adjem, s la valléedes Perses;» ce serait là, dans sa partie méridionaleau moins, la plaine ou vallée de Maspha. La même opinion paraît partagée par Riess qui indique cette valléeau sud-est du mont Hermon. Bibel-Atlas, 1887, p. 20.Bien que le récit de Josué soit susceptible d'être interprété diversem*nt, l’expression «à l’Orient», rattachéeà la plaine de Maspha, semble préciser sa situation parrapport au lac de Mérom près duquel se livra le combatet non par rapport à Sidon ou à Masréphoth et l’opinionde Schwarz et de Riess semble ainsi la plus fondée. —Lors de l’irruption des Héthéens, sous le règne d’Aménophis IV, au xve siècle avant l'ère chrétienne et unsiècle avant l’Exode, toute la région située au sud-estde l’Hermon fut envahie par eux. Parmi les villes détruites, entre Udumu (identifiée avec Daméh au sudde Damas), Aduri (Édréi, aujourd’hui ed-Dera'), Araru(Aro’er, 'Ar’ar), d’une part. etMugdalim (peut-être Medjdel e&Sémés) et Khini (peut-être Hineb), toutes deuxau sud-est de l’Hermon, se trouvait une ville dont latablette cunéiforme qui mentionne le fait a gardé seulement les premières lettres Mets. Selon Conder, laville désignée devait êtce Maspha, transcrite Meis[pa].The Tell Amama Tablets, ii, The Hittite invasion ofDamascus, 2e édit., Londres, 1894, p. 25. Cf. C. Bezold, The Tell et Amarna Tablets in the British Muséum, 1892, p. 61. Le docte explorateur a cru reconnaître danscette Meispa, Mizpa de Galaad, qu’il identifie en outreavec Ramoth-Mizpa dont le grand village actuel de Ramtah, situé à dix kilomètres vers le sud-ouest d’ed-Dera 1rappelle le nom. La situation donnée à Meispa dans lalettre cunéiforme l’indique plutôt entre cette localité, l’ancienne Édréi, et l’Hermon, là où paraît la placeraussi la Bible. Sur une autre des tablettes de Tellvmarna, Bezold, loc. cit., 78, et Conder, ç. 24, on lit encore le nom de Gubbu, localité où les Égyptiens, versl'époque de l’invasion héthéenne, tenaient une garnisonet vendaient des chars de guerre. C’est peut-être laGaba 1 ou Djeba' dont nous avons parlé et qui devaitappartenir à la «terre de Maspha», sans être identiqueà la ville de ce nom. L. Heidet.

3. MASPHA (hébreu: ham-Mispéh, avec l’article; Septante: Maaçi; Vulgate: Masepha. Voir 'Maspha, col. 833), ville de la tribu de Juda. — 1° Situation. —Elle est citée parmi les villes de la Séphélâh (in campeslribus), dans le second groupe, entre Déléan et Jechtel.Jos.. xv, 38. Ces deux dernières villes, appelées en hébreuDil’dn et Yâqtêl, sont peut-être les villages actuels deRadna' et Qetna', situés entre Beit-Djibrin et Tell-Sdfiéh, dont la transformation linguistique peut très facilements’expliquer. Parmi les autres villes du groupe dans lequelse trouve Maspha, on remarque Lachis (Umm Lâqis ouTell-el-Hésy), Églon ÇEdjlân), Lehéman (Kh. Léhem), Kaama (peut-être Deir Ndaman); dans le premiergroupe de la Séphélâh, sont nommés Esthaol ÇÉSoûa),

Soréa (Sara'), Zanoé (Zânùa'), Jérimoth (Yarmouk), Adullam ('Aid-el-mté), Socho (ëoueikeh), Azéca (probablement Tell-Zakarià); dans le troisième groupe sontÉther (el-Ater), Nesib (Beit-Nesib), Marésa (Maras); lequatrième groupe comprend Accaron ÇAqér), AzotÇEsdûd), Gaza (Ghzzéh), et ses alentours. Le terrain oùil faut chercher Maspha est ainsi circonscrit entré letell-Zakaria et Youad’es-Senf, sur les bords duquel setrouvent Soueiékh-Yarmouk et 'Aidel-Mié, à l’est; Youâdi-Serar près duquel sont 'ESoua', Sora', au nord; les grands villages de la plaine appartenant aux territoires, de 'Aqer, 'Esdoud et Gaza, comme Yazour, Qastiniéh et Bereir, à l’ouest; enfin le territoire de Beit-Djibrin au sud, auquel appartient Mar’as, 'Ater et Nesîb.Eusèbe et saint Jérôme désignent le même territoire en.disant: «Il y a maintenant un autre Maspha dans leterritoire d'Éleuthréropolis, au nord, …en allant à Élia.» La lacune se trouvant dans les manuscrits permet desupposer que ces auteurs ne plaçaient pas Maspha surle chemin même d'Éleuthéropolis à Élia, mais l’indiquèrent à une certaine distance, à droite ou à gauche.Cf. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, , p. 282, 283; De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 910.

2° Identification et description. — Les histoires desCroisades citent fréquemment une forteresse située dansla même région, élevée, en 1138, par le roi de Jérusalemet connue sous les noms i’Alba Spécula, qui équivautà celui de Maspha la blanche. Guillaume de Syrie, en.racontant ses origines, détermine son emplacement eten décrit le site. «Voyant les excellents résultats de lafondation de Bersabée (Beit-Djibrin) et d’Ibelin (Yabnah)les Francs, dit cet historien, élevèrent une troisième forteresse. Il y avait avant en cette partie de la Judée oùles montagnes s’abaissent et où commence la plaine, près des frontières de la Palestine et celles de la tribude Siméon, à huit milles (huit lieues) d’Ascalon, un sitequi, par rapport aux montagnes, est une simple colline, mais qui, par rapport à la plaine, mérite d'être appeléune montagne imposante. L’endroit est appelé en outreTell-es-Saphi, ce qui en notre langue veut dire «mont» ou «colline éclatante [de blancheur]». Les sages furentd’avis d’y établir une forteresse. Le roi, les princes, lepatriarche, les prélats et toute la bourgeoisie s’y rassemblèrent vers le commencement du printemps pourprêter leur concours aux maçons habiles que l’on avaitappelés et aux ouvriers. On établit de solides fondementset l’on éleva au-dessus, avec de belles pierres de taille, unchâteau avec quatre tours d’une grande élévation, d’oùl’on pouvait voir et surveiller la ville ennemie (Ascalon).Son nom en langue vulgaire est Blanche-Garde et enlatin Alba Spécula. Historia transmarina, 1. XV, C. XXV, t. CCI, col. 636-637. Ce récit paraît être l’indication la plus sûre sur le site de cette ville de la Séphélâh.La plupart des palestinologues modernes s’accordentd’ailleurs à identifier Maspha de Juda avec le mêmeendroit. Son nom est écrit Tell es-Sâfi, dans la grandecarte anglaise, Map of Western Palestine, Londres, 1880, n» xvii; mais les habitants prononcent plus, ordinairement Tell-Sâfiéh ou Tell es-Sàfiéh. C’est unmamelon de forme conique, surélevé de 226 mètres audessus du niveau de la mer Méditerranée, dominanttoutes les collines des alentours et la plaine commençant à sa base, et ressemblant par lui-même à un massifdonjon dressé par la nature pour surveiller la région etpour commander au pays. Cette forme et cette situationextraordinairement remarquables ne durent pas plus, échapper à l’attention des Hébreux qu'à celle des Francs.Si ceux-ci avaient à se tenir constamment en gardacontre l’hostilité et les surprises des musulmans d’Ascalon, les philistins du moyen âgé, les Israélites avaient àobserver les vrais Philistins bien plus haineux, toujoursprêts à marcher contre le peuple de Dieu, à envahir son

pays: il était bien plus nécessaire de mettre des sentinellesà ses frontières et l’on ne pouvait trouver pourcela un site plus favorable que Sâfiéh.

3° Identité probable de Maspha et de Sephata. — Lamasse élevée et dénudée du teiJest d’un calcaire crétacé, se faisant remarquer au loin par son éclatante blancheur.De là plusieurs d’entre les modernes ont cru, commel’historien du xii «siècle, reconnaître, dans le nom arabede la colline, une expression signifiant sa nature, et l’ontestimé une traduction du nom local biblique de Libanaou Libna exprimant également «la blancheur» et ontidentifié cette dernière ville avec Sâfiéh. C’est une illusion.Libana appartient au troisième groupe des villes dela Séphélâh, et ne peut être cherché dans le territoire oùSâfiéh se trouve, mais plus au sud. La carte mosaïquede Madaba l’atteste aussi: Sâfiéh est antérieur à l’occupationde la contrée par les Arabes, ou si l’on aime mieuxest une simple modification d’un nom plus ancien. Ausud de Nicopolis (Emmaûs), au nord d’une ville importantedont la suscription a disparu, mais qui ne peut êtredifférente d’Éleuthéropolis, et immédiatement à l’ouestd’une localité appelée Be6 Zaxap» près de laquelle estune église marquée xb toS àf (ou Zaxapfou, est placé unvillage ou une ville dont la représentation a presqueentièrement disparu; dans une restauration, mais dontle nom Eaçiflâ demeure. Elle occupe la position où ilfaudrait placer Sâfiéh, situé à vingt kilomètres environau sud de’Amoâs, la Nicopolis des Romains et des Byzantins, à douze kilomètres au nord de Beit-Djibrîn, l’Éleuthéropolis des mêmes à neuf kilomètres à l’ouestde TellrZakaria et du village bâti à ses pieds Kéfr’-Zakaria, certainement le Beth-Zachar.de la carte où, auv «siècle, furent trouvés les restes du prophète Zacharieet en l’honneur de qui on éleva une église. Sâfiéh a remplacéSaphitha chez les populations arabes comme Médiéhnpris la place du Moditha de la même carte. D’autrepart, le nom de Saphitha est trop semblable au Sephatade la Bible pour ne pas le reconnaître comme identiqueet comme désignant la même localité. C’est elle qui adû donner son nom à la vallée où le roi Asa battit lesÉthiopiens et leur roi Zara. II Par., xiv, 9-10. Cettevallée était dans le voisinage de Marésa et au nord, selonla traduction des Septante, comme Saphitha l’est d’Éleuthéropolis, comme Sâfiéh de Beit-Djibrîn et de Mar’oJS, Sephata (hébreu: Sefâtdh) de la même racine. Sâfdhest encore identique de signification à Maspha. On nepeut guère supposer, dira-t-on, l’emploi simultané desdeux noms. Dans le même temps et dans le même milieu, c’est incontestable; mais n’est-il pas permis de voir dansSephata une modification introduite dans l’usage entrele temps de Josué et d’Asa? Cette transformation n’était-ellepas d’autant plus nécessaire pour écarter toute confusionque le nom de la Maspha de la tribu de Benjamin, voisine de Juda, depuis la grande assemblée dupeuple sous Phinées, ou depuis Samuel devait être danstoutes les bouches? Les savants objecteront encore lenom de Sephata des monuments égyptiens. Il se lit sous

la forme w w’j||. 1.. Sidiputa ou Sidphoth, avec Odullam et d’autres villes, paraissant être de la partiesud-ouest du district de Juda, dans le Voyage d’unÉgyptien, au xcv* siècle avant notre ère, traduit parF. Chabas, Chalon-sur-Saône et Paris, p. 199, 313. C’est

le même nom sans doute qui est écrit J, J^. ], Safta, sur les listes géographiques de Thothmès III (n. 116)et indiqué à l’entrée de la seconde route suivie quelquefoispar les Égyptiens pour gagner Mageddo et lenord de la Syrie. Cf. Max Mûller, Asien und Europa, Leipzig, 1893, p. 158, et Mageddo, col. 553. C’est probablementencore la même ville que (Sésac) nomme

J. ÎW -A& J-> Sapatol ou Satpatar, , et recenseparmi les villes de Juda conquises par lui. Chabas, ioc.

cit., p. 199. Cette Sephata, Siphta ou ÇUlphoth des monumentségyptiens semble bien identique à la Sephata biblique, dont l’identité avec le Sâfiéh actuel est elle-mêmed’une très grande probabilité. Mais s’il en estainsi, le nom de Sephata est certainement antérieur àl’exode et à Josué, et est-il encore possible, dans ce cas, de l’identifier avec Maspha? Nous le pensons. Le nomde Maspha pourrait avoir été le nom usité chez les Chananéenset les Hébreux, alors que dès le principe lesÉgyptiens avaient adopté pour la même ville le nomSephata. L’usage de noms de formes diverses pour désignerune même ville est certainement employé simultanémentchez des peuples différents. Cependant quandles Égyptiens eurent occupé, sous le régne de Roboam, la ville appelée Maspha par les Juifs, le nom de Sephata, employé par les maîtres de la ville, devait devenir bientôtle nom universellement accepté et le nom de Masphadevait disparaître. — Dans cette hypothèse nous supposonscertaine l’identité de la ville nommée par les documentségyptiens, bien qu’elle ne soit pas encore incontestablementétablie. Nous l’admettons néanmoins commetrès plausible. Maspha d’ailleurs, qui se lit une seulefois dans la Bible, Jos., xrx, 29, pourrait être une variantede Sephata introduite dans l’Écriture seulementpar les copistes. Ces hypothèses semblent acceptées ousupposées par de nombreux savants qui, malgré ces raisons, n’ont point cessé de considérer Tell-Sâfiéh commeidentique à Maspha. Voir Victor Guérin, Descriptionde la Palestine, Judée, t. ii, p. 92; F. de Saulcy, Dictionnairetopographique abrégé de la Terre Sainte, Paris, 1871, p. 220; Rich. v. Riess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 64; Id., Bibel-Atlas, ibid., 1880, p. 20; Survey of Western Palestine, Memolrs, t. ii, p. 440; Buhl, Géographie des Alten Palâstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 196.

4° Fouilles exécutées à Tell es-Sâfiéh. — En 1899, la «société anglaise d’exploration de la Palestine» a faitexécuter des fouilles au Tell-Sâfieh, par les soins duD’Bliss. La société semble avoir voulu se rendre comptesi l’on ne trouverait pas en cet endroit des argumentspouvant justifier de son identité avec Geth des Philistinsdont la situation n’a pu être jusqu’ici fixée définitivement.Malgré l’exiguïté du champ laissé aux explorateurspour pratiquer leurs recherches, à cause de la présencedu village musulman et de son cimetière occupantpresque tout le sommet de la colline, le D r Bliss a purecueillir un grand nombre de débris antiques et a faitplusieurs constatations importantes. Les fouilles ontconfirmé le récit de Guillaume de Tyr et attesté l’existencede plusieurs localités successives ou plutôt superposéespar le passage des civilisations diverses ayantoccupé le tell, depuis les Francs en remontant jusqu’auxChananéens et aux Amorrhéens, en passant par les Byzan.tins, les Romains, les Grecs, les Juifs, les Phéniciens etles Égyptiens. Rien cependant n’est venu appuyer laprésomption de l’identité avec Geth de Sâfiéh ou infirmerson identification avec Sephata ou Maspha. VoirPalestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1899, p. 188-199, 317-333; 1900, p. 16-29, 77; Note deClermont-Ganneau, ibid., 1899, p. 354; et dans la Revued’archéologie orientale, t. vii, p. 170; Revue biblique, 1899, p. 607, 608; 1900, p. 291; 1902, p. 112-114.

L. Heidet.

4. MASPHA, ville de la tribu de Benjamin. Son nomest transcrit Codex Vaticanus: Mnaa-rnii; Alexandrinus: Motaçi, Jos., xviii, 26; Vulgate: Mesphe; Maaa^i, "Jud., xx, 2, 3; der n xlvii et xlviii (xl et xli); I Mach., in, 46, 47; Majcniçiie, Jud., xxi, 1, 5, 8; I Reg., vu; IV Reg., xxv, 23; Ma<jçâ, II Par., xvi, 6; II Esd., iii, 7, 15. Le nom est traduit mamâ, IJI Reg., xv, 22, récitparallèle à II Par., xvi, 6. La Vulgate transcrit MasphathI Reg., vii, et Jer., xl et xli; partout ailleurs elle écritconstamment Maspha, sauf Jos., xviii, 26. Maspha de 83’J

MASPHA DE BENJAMIN

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Benjamin est la plus illustre de toutes les villes de cenom et aussi celle dont la situation est le plus débattue.

I. Situation et identification. — 1° D’après Eusèbeet saint Jérôme. — La Bible ne fournit point de renseignementscatégoriques. Eusèbe et saint Jérôme semblentignorer son site et nomment seulement «Maspha, Mao-çctet Masfa de Benjamin», sans ajouter aucune indication.Onomastic, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 282, 283; De situ et nom. loc. heb., t. xxiii, col. 911.Au nom «, Massepha de la tribu de Juda», ils ajoutent: «c près de laquelle habitait Jephté, près de Cariathiarimoù reposa jadis l’arche d’alliance, et où Samuel jugeale peuple et dont Jérémie fait mention.» Onom., p. 280, "289; t. xxiii, col. 911. Les deux auteurs confondent à lafois et à tort Maspha de Galaad résidence de Jephté (voirMaspha 2) et Maspha de Benjamin où ont eu lieu les derniersfaits cités, avec Maspha de Juda (voir Maspha 4), «t celle-ci avec la Gabaa près de Cariathiarim où séjournal’arche sainte. Cf. I Reg., vii, 1; II Reg., vi, 3, 4. Lemotif de cette dernière confusion est, semblé-t-il, dansla brièveté des récits historiques de la Bible. Elle mentionnel’arche à son retour du pays des Philistins établieà Gabaa de Cariathiarim, puis Samuel convoquantle peuple «à Maspha devant le Seigneur» et immolantlà des sacrifices; longtemps après, David trouva encorel’arche à Gabaa, d’où il la retira pour la transporter àJérusalem. Eusèbe paraît avoir conclu de ce récit, comme quinze siècles plus tard d’autres le conclurontpour tous les lieux où l’on voit passer l’arche sainte, que.Maspha et Gabaa sont un seul et même endroit. L’illustreécrivain ecclésiastique semble avoir oublié quel’arche se transportait en divers lieux pour être rapportéeà sa place ordinaire, et son traducteur a négligé de lecorriger sur ce point. La Maspha où Samuel jugea lepeuple ne peut pas être Maspha de Juda située dans laSéfélah sur la frontière des Philistins, n: aucune desvautres situées en Galaad aux extrémités de la terre d’Israël; c’est Maspha, lieu de prières en Israël dès lesjours anciens, où les Machabées viendront encore prier, I Mach., iii, 46, et qui est située dans la montagne où Judaavait établi son camp, cf. I Mach., iv, 5, 18, 19, en faceou en avant de Jérusalem, I Mach., iii, 46, au nord de la"ville sainte, III Reg., xv, 22, sur le chemin, ou non loin, semble-t-il, qui conduisait de Samarie, Sichem et Silo, à la maison de Dieu ou au Temple, cf. Jer., xli, 6, c’est-à-direMaspha de Benjamin à laquelle seule conviennent «es diverses indications.

2° D’après les Francs. — Maspha n’est pas marquéesur la carte mosaïque de Madaba, mais le nom de Masphatse trouve sur un plan de Jérusalem du XIIe siècle.Ce lieu est désigné par une église accostée de deux tours, placée à la gauche, ou à l’ouest, du Mons Gaudii (Néby.Samuel) et au nord-ouest de Jérusalem. Le chemin qui yconduit est opposé au chemin de Bethléhem et désignépar l’inscription: vicus ad civitatem Masphat. VoirZeitschrift des Deutschen Palàstina Vereins, t. xv, 1891, plan 1. J. Ziegler indique, également «Mispéh, àla montagne de Cariat-Jarim, près de Siloh» (Néby-Samuel).Palæstina, Strasbourg, 1532, ꝟ. 39. L’endroitdésigné ne semble pas différent de l’actuel Qoubeibeh, où se trouvent les restes d’une église construite parles Croisés. Qoubeibeh est un tout petit village arabe, situé à 4 kilomètres et demi à l’occident de Néby-Samuel, à l’extrémité de la même montagne, à moins desix kilomètres au nord-nord-est de Qariat el-’Anab, laCariathiarim de la Bible. Comme Eusèbe et saint Jérôme, les Francs du royaume de Jérusalem paraissentavoir identifié la Gabaa de Cariathiarim et même cettelocalité avec Maspha. Le dominicain Burchard, en 1283, indique en effet Cariathiarim entre Jérusalem et Lachis, sur la route de Lydda, à 4 lieues et demie de Jérusalem. «Lachis, ville des Gabaonites, est, selon lui, à peuprès à l’occident (pêne ad occidentem) de Cariathiarim.»

Descriptio Terfse Sanctæ, 2e édit., Laurent, Leipzig, 1873, p. 77. La localité dont parle l’auteur de cette descriptionne peut être que Qoubeibeh, située à 12 kilomètreset demi au nord-ouest de Jérusalem (distanceéquivalente à celle déterminée par lui, dont les lieuesvalent environ 3 kilomètres), sur une ancienne voieallant de la ville sainte à Lydda par Beit-Likia et Gïmzou.Beit-Likia, située elle-même à 8 kilomètres àl’ouest de Qoubeibeh, inclinant un peu au nord, est certainementla a Lachis des Gabaonites» dont parle lemoine du xiie siècle. On peut conjecturer de ces documentsque Cariathiarim pour les Croisés est le villagemême de Qoubeibeh, et son église est Maspha près de Cariathiarim.Cette Maspha-Cariathiarim des Croisés est-ellela Maspha-Gabaa des Pères du ive siècle? Les Francsdu moyen âge paraissent du moins l’avoir cru. Avaient-ilsdes motifs pour cela? Ils ne nous les font pas connaître, mais il faut observer que la Bible inscrit Masphade Benjamin, Jos., xviii, 25, 26, entre Béroth et Caphara, et Qoubeibeh est située entre el-Biréh et el-Gtbd’une part, deux localités identifiées avec Béroth, et Kafira, certainement la Caphara biblique, d’autre part, distante de 3 kilomètres seulement à l’ouest de Qoubeibeh.Il n’est aucunement impossible qu’Eusèbe etsaint Jérôme aient fait allusion à la même localité, ennommant «Maspha près de Cariathiarim», sans pourcela y annexer celle-ci. Dans ce cas, toutefois, ce n’estpas à la tribu de Juda, dont la limite ne semble pas pouvoirremonter si au nord, qu’il fallait rattacher la Maspha «oùSamuel jugea le peuple et dont parle Jérémie», mais à latribu de Benjamin. Quoi qu’il en soit, l’église de Masphatde la carte du XIIe siècle publiée par Rôhricht, figure sansdoute l’église médiévale de Qoubeibeh dont il a été parlé; c’est la même église à laquelle doit faire allusion PierreDiacre, écrivain du [XIIIe siècle, s’il parle d’une œuvrecontemporaine, «élevée à l’endroit appelé Cariathiarimoù résida l’arche du Seigneur.» De locis sanctis, t. clxxiii, col. 1123. Dans l’église des Croisés de Qoubeibehse voient enclavés dans la nef septentrionale, unpavement ancien et les dernières assises d’une constructionantérieure, de 18 mètres de longueur et de 8 à 9 delargeur; c’était sans doute l’emplacement tenu par lesfondateurs de l’église pour l’aire sacrée «où avait reposél’arche sainte» ou pour les restes de la maison d’Abinadabqui l’avait abritée. Cf. I Reg., vii, 1 et II Reg., VI, 3-4.Depuis le xvie siècle, il est vrai, quelques pèlerins ignorantles documents ont cru reconnaître dans l’église deCroisés a la maison de Cléophas transformée en église», dont parlent saint Jérôme et les anciens; et dans Qoubeibehl’Emmaûs de l’évangile; mais bien que l’église ait étérelevée naguère et consacrée sous ce vocable, c’est uneerreur. Eusèbe, saint Jérôme et tous les anciens n’ontpas connu d’autre Emmaùs que celui appelé de leur tempsNicopolis, aujourd’hui’Amoâs; s’ils ont jamais désigné(ce que nous n’osons pas formellement affirmer) le sitede Qoubeibeh, c’est pour y montrer «Maspha près deCariathiarim, où fut jadis l’arche du Seigneur, où Samueljugea le peuple et dont fait mention Jérémie».Quant aux Croisés, ils ont localisé Emmaùs à 60 stadesde Jérusalem, à Qariath el-’Anab, et Qoubeibeh, selontoute apparence, fut pour eux la Masphat de Cariathiarim «où résida l’arche duSeigneur» et l’église y aété élevée pour honorer cet emplacement. Cf. t. i, EmmaCs 2, col. 1758-1762.

4° D’après Surius et quelques autres. — Un siècleaprès Ziegler, le récollet Bernardin Surius, résidentdu Saint-Sépulcre de 1644-1647, assigne une situationdifférente à Maspha: «Au sortir de la sainte Cité, ditcetauteur, je pris la route de Nazareth… Nous arrivâmessur le soir à la ville de Masphath, située dix millesd’Italie de Hiérusalem, bastie sur une colline fort fertile; elle estoit jadis belle et grande comme témoignentses ruines antiques: en y entrant on passe au long de 8M

MASPHA DE BENJAMIN

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la mosquée des Turcs, sous laquelle sourd une fontaineriche d’eau fraische, grand soûlas pour les pèlerins…Cette place est à présent nommée des Turcs Elbir.» Le pieux pèlerin ou voyage de Jérusalem, 1. III, c. ii, Bruxelles, 1666, p. 547-648. La localité ainsi désignée estl’actuelle el-Biréh, située à 14 kilomètres au nord deJérusalem, sur la route de la ville sainte à Naplouse, à3 kilomètres en deçà de Beitin (Béthel) et où l’on voitdeux grandes piscines antiques. Surius ne dit pas surquoi est fondée sa localisation; mais les identificationspersonnelles et savantes étaient trop rares en sontemps, pour ne pas y voir l’expression d’une anciennetradition. Bien que n’en ayant pas alors de preuvepositive, j’avais cru pouvoir, en 1894, en formuler cependant la conjecture: le nom de Machmas, présentédans la description de Burchard (1283) et après lui dansune multitude d’autres, comme le nom antique et bibliquei’el-Birêh, m’avait paru ou l'écho faussé d’une [vieilletradition ou une lecture erronée d’un copiste. Cetteconjecture me paraît aujourd’hui un fait presque certain. Parmi les copies de la carte de la Terre Sainte deMarin Sanuto (1306) il en est une conservée à la bibliothèque de Florence et publiée par Rôhricht, dans laRevue de la Société allemande de Palestine, t. xxi, Leipzig, 1898, carte 6, où on lit, entre Jérusalem etLetana (pour Lebana): Masphath vel Bira. D’autrescopies, il est vrai, ont Magmas Maginas et Machmas.Rôhricht se demande, ibid., p. 105, s’il ne faudrait paslire Magedo. Je ne le pense pas, car Sanut lui-mêpie, dans son texte et sur ses cartes, indique Mageddo à Sububa, au côté occidental de la plaine d’Esdrelon. Maginas, qui ne répond à aucun nom biblique ou historique, est une erreur évidente. Machmas dont le nom estconstamment demeuré attaché à un village situé à 7 kilomètres et demi à l’est-sud-est d’el-Birêh n’a pas puêtre confondu avec cette dernière localité. Le nom deMaspha paraît donc le seul qu’ont pu nommer la tradition et les anciens cartographes comme le nom autiquede Bira ou el-Bîréh. Il suffit du reste de voir le nomde Masphath écrit avec les caractères en usage au xiiieet au XIVe siècle pour comprendre combien il était facile à un scribe peu au courant de la géographie biblique, de prendre ce nom pour un autre. On peut se demanderen outre si l’auteur du plan de Jérusalem cité plus haut, où l'église de Masphat est représentée à l’ouest de MonsGaudii ou Saint-Samuel, n’aurait pas eu l’intention dedésigner lui aussi el-Biréh. Ces plans et ces cartesnon seulement n’ont pas la prétention d’une stricte précision, mais souvent ils indiquent les' localités dansdes situations plus ou moins fausses, là où une placereste libre, pourvu qu’elle ne soit_ pas trop éloignéede la place réelle que devraient occuper ces localités.Cette supposition est d’autant plus plausible pour Masphatet sa route, qu’ils se trouvent symétriquement en face deBethléhem et de sa route, lesquels sont dans la réalitéau sud de Jérusalem comme el-Biréh et le chemin yconduisant sont au nord. Quoi qu’il en soit, l’affirmationde Surius peut être défendue encore par des raisonsnon sans valeur. El-Biréh, t. i, fig. 493, col. 1623, situéen face de Jérusalem, au point le plus élevé de la régionaprès Néby-Samuel, domine tout le pays et a pujrèsbien porter le nom de Maspha; il se trouve sur la routede Samarie, Sichem et Silo à Jérusalem où le récit deJérémie, xii, 6, semble placer Maspha; il est au nordde Rama (er-Râm) et non loin de Béthel, comme semblent indiquer Maspha, III Reg., XV, 22; II Par., xvi, 7, et Jud., xix-xxi; enfin de tous les endroits choisisdans l’ancien territoire de Benjamin pour y localiserMaspha, el-Biréh est le seul se trouvant dans des conditions hydrographiques permettant la tenue des immensesréunions mentionnées dans l’histoire de Maspha. VoirL. Heidet, Maspha et les villes de Benjamin, Gabaa, Gabaon et Béroth, dans la Revue biblique, t. iii, 1894,

p. 321-356, 450; t. iv, 1895, p. 97; Revue d’Orient, 2e année, 1898, p. 295-300; A. M. Luncz, Jérusalem, revue hébraïque trimestrielle, t. vi, 1902, p. 53-56; La Palestine, guide historique et pratique, Paris, 1904, p. 317-321. Quelques-uns, pour confirmer cette opinion, ont fait remarquer qu’une source jaillissant à moins d’unkilomètre, à l’ouest-nord-ouest d’el-Biréh, porte le nomde 'Aïn-Misbah, ce nom, qui, suivant eux, ne serait pasdifférent de celui de «fontaine de Mispah», c’est-à-dire «de Maspha», confirmerait la tradition dont nous avonsparlé. — La grande difficulté opposée à l’assertion deSurius, c’est le nom à'el-Biréh, qui suivant un grandnombre, ne serait pas différent de Béroth. Si cetteIdentification était établie d’une manière péremptoire, ilfaudrait nécessairement rejeter l’assertion de Surius, considérer l’indication de la carte de Marin Sanutcomme une erreur incontestable et chercher Maspha ailleurs, dans une situation répondant toutefois aux données bibliques, comme l’ont fait l’abbé Raboisson et lelieutenant-colonel Conder. Pour eux, indéniables sont lesdonnées bibliques indiquant Maspha au nord de Rama, non loin de la frontière d'Éphraïm, sur la route de Sichem à Jérusalem, et ces conditions ils les trouventprécisément réalisées par le tell en-Nasbeh, encore appelé simplement Téll-Nasbéh. Cette colline, dont le sommet est couvert de ruines, se ramifie, au sud, 'à la montagne A’el-Biréh dont elle est distante de 2 kilomètresseulement, et commande le chemin de Jérusalem à Naplouse qui passe, à sa base, par un étroit défilé. L’abbéRaboisson a vu descendre, en mars 1897, le lendemaind’un jour de pluies torrentielles, ce qu’il aurait pu voiralors partout ailleurs, des ruisseaux nombreux tombanten cascade. En réalité, au pied du tell, au sud-est, estun puits étroit et profond, au fond duquel sourd unmince filet d’eau, appelé par les uns 'aïn 'Atâra, etpar les autres 'aïn Djedy, la «source du chevreau», qui fréquemment tarit en été. Plus au sud se voient lesrestes d’une ancienne piscine de peu d'étendue. Leprincipal argument avancé en faveur du tell est fondésur le nom de Nasbéh, simple modification, d’après cesauteurs, du nom de Maspha. Le P. Hugues Vincenttrouve l’hom*ophonie parfaite et absolument concluantedans la question. Raboisson, Les Mizpéh, in-8°, Paris, 1897; Conder, dans Palestine Exploration Fund, Quarteriy Statement, 1898, p. 169, 251; H. Vincent, dans laRevue biblique, 1898 r p. 630; 1899, p. 315-316; 1901, p. 151; 1902, p. 458. Pour les paysans de la contrée, Nasbeh comme Misbah, dont l’hom*ophonie est cependant plus parfaite et plus concluante, sont des nomspurement arabes, d’origine récente, dont la similitudeavec Maspha est purement fortuite. Aïn Misbah, la «fontaine où l’on se baigne», de sabah, «nager,» vulgairement «se baigner», est ainsi désignée d’un petitbassin circulaire où sont recueillies les eaux de lasource. Tell en-Nasbéh, «la colline de la Borne, s ainsinommé d’une stèle ou d’un monceau de grandes pierresétabli là pour marquer la limite du territoire d’el-Bîréh, était encore appelé, vers 1850, 'Atâra'; une petite ruine, d’origine relativement moderne, que l’on voit au sud d&la colline, a conservé, ce nom dans celui de khirbet' Atâra', ainsi que la source. D’ailleurs la langue despaysans judéens, différente de celle des massorètes, n’ajamais eu de propension à la transformation de s en Pet en B. Toutefois, s’il fallait renoncer à localiser Maspha à el-Bîréh et si Tell en-Nasbéh n'était pas une des.anciennes 'Ataroth, c’est à ce lieu qu’il faudrait toutd’abord rapporter les indications bibliques énumérées àpropos de l’assertion de Surius.

4° Opinions diverses des modernes. — Les explorateurs du xix» siècle ont identifié Maspha de Benjaminavec plusieurs autres localités, sans s’accorder dans lechoix. Pour le rabbin Schwarz (1833-1865), Maspha estidentique à Rama ou Ramalhaïm-Sophim, ville de Sa

muel, identique elle-même au moderne Néby-Samuîl.Le nom du prophète attaché à cet endroit et sonombeau qu’on y garde sont, prétend cet auteur, l’attestation de l’identité de Néby-Samuîl et de Rama; et lesassemblées nombreuses tenues à Maspha indiquent quecelle-ci n'était pas différente de Rama, la résidence duprophète. Le nom de Maspha est d’ailleurs le synonymede Ramâ-Sophim, «la hauteur de ceux qui font lagarde, s et nul endroit ne peut plus justement revendiquer ce titre que Néby-Samuîl, le sommet le plusélevé des alentours de Jérusalem, d’où le regard embrassetout le pays. Tebuoth ha-Aréz, nouvelle édit., Jérusalem, 1C00, p. 152 et 492. Robinson, pour des raisons

infirmés par les documents positifs de l’histoire. —On doit apprécier de la même manière une autre identification quelquefois proposée: celle de Tell el-Fûl.Voir t. iii, fig. 2, col. 7. Cette colline est située à droite surle chemin de Jérusalem à el-Biréh et à Naplouse, à5 kilomètres de distance au nord de Jérusalem et à 3au sud d’er-Ràm (Rama); elle domine toutes les collinesdes alentours et avait à son sommet une tour dont lesruines accusent l’importance. Tell el-Fûl, a-t-on prétendu encore, est identique à Nob où résidait l’archesainte jusqu'à l’avènement de David, et par conséquentà Maspha, et d’après le prophète Isaïe, x, 32, il faut chercherNob à Tell el-Fûl. Cf. Survey of Western Palestine,

228. — NébySamutt. D’après une photographie de M. L. Heidct.

analogues, propose le mêmeendroit. Biblical Researches, Boston, 1841, t. H, p. 139-149. L’autorité du docteAméricain a rallié à cette opinion l’adhésion d’un grandnombre de géographes. Cf. Gratz, Schauplatz der heiligen Schriften, Ratisbonne, nouv. édit., p. 350; Van deVelde, Map ofHoly Land, Gotha, 1865; H. Kiepert, NetteHandkarte von Palàstina, Berlin, 1876; Bourquemont, S. J., Maspha de Benjamin, dans les Études religieuses, avril 1864, p. 35; F. de Saulcy, Dictionnaire topographique abrégé de la Terre Sainte, Paris, 1871, p. 220; Armstrông, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 127; Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 144; Riess, BïbéLAltlas, Fribourg-enBrisgau, 1887, p. 20; Buhl, Géographie des Alten Palàstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 167-168. La premièreraison sur laquelle est fondée cette identification, l’identité de Ramathaïm et de Maspha, est très contestable etpresque généralement rejetée. Voir Ramatiia. et Rahathaïm-Sophim. La seule raison réelle est le site deNéby-Samull, auquel convient admirablement le nomde Maspha. Mais les arguments de cette nature sontsouvent plus spécieux que solides et fréquemment

Memoirs, t. iii, p. 149, Conder, Primer of Bible Gedgraphy, Londres, p. 90; Armstrông, Names and Places in theOld Testament, Londres, 1887, p. 127-128. Quel que soitle site de Nob, l’identité de ce lieu avec Maspha n’estguère soutenable (voir Nob) et l’emplacement de cetteville ne peut tirer à conséquence pour celui de Maspha.Tell el-Fûl est d’ailleurs plus souvent identifié avecGabaa. Voir Gabaa, t. iii, p. 6-10.

Victor Guérin a identifié Maspha de Benjamin avecle village actuel de Sa’afàf (fig. 229). «Ce village, dit-il, est situé sur un plateau élevé d’où l’on domine parfaitement la coupole et les minarets de Jérusalem. Sapopulation toute musulmane est de deux cents habitantsenviron. Les maisons y sont pour la plupart assezanciennes et voûtées. On y voit les restes d’une églisedu moyen âge avec voûtes et fenêtres ogivales. Quelquesbelles pierres, de toute apparence antiques, avaient étéemployées concurremment avec d’autres matériaux demoindre appareil, dans la construction de cette petiteéglise. Près de là gisent ' les débris d’un bâtimentdésigné par les habitants sous le nom de Deir el-Mahrouq, «le couvent incendié.» Dans le voisinage de ce point «45

MASPHA DE BENJAMIN

est up puits appelé bir ed-Deir et dans le voisinage dece puits est un birket long de douze pas sur six delarge. Bien que creusé dans le roc, il avait été revêtuintérieurement d’un enduit assez épais dont une partieexiste encore. L’opinion la plus probable est que levillage de Cha’afath a remplacé et rappelle par son nomla célèbre et antique ville de Maspha de Benjamin, qued’autres voyageurs, mais à tort, selon moi, ont identifiéeavec Néby-Samuil. Maspha, en hébreu, signifie «un lieud’où l’on voit, un observatoire élevé», en grec mcomâ.Il dérive de la racine nsat, «observer, faire sentinelle.» Remarquons que le nom arabe de (sa’faf), kjb» _£o, dérivepareillement de la racine ^lio (SàfJ qui veut dire t voir»

r

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avaient la même signification; mais Cha’afath. seul estla Maspha de la Bible. Judée, t. i, p. 395-402. L’auteurs’est efforcé d’établir ailleurs que ni Néby-Samuît, niTell el-Fûl ne pouvaient être Maspha. Judée, t. i, p. 362384, et Samarie, t. i, p. 188-197. — L’identificationpréposée par V. Guérin a été longtemps acceptée par ungrand nombre de palestinologues. Voir Riess, BiblischeGéographie, , in-f°, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 64; Dalfi, Viaggio biblico in Oriente, in-8°, Turin, 1875, t. iv, p. 6-9; G. Gatt, Mispa in Stamme Benjamin, dansla revue Die heilige Land, Cologne, 1879, p. 119-126, 154-160, 184-194. — Stanley a cru identique à Masphale Scopus de Josèphe, identique lui-même, selon F. de

229. — Sa’afat. D’après une photographie de M. L. Heidet.

<et que WJlj».^) (ia’fd’t) signifie «sommet, lieu d’où l’ondomine au loin». Il y a donc entre les deux appellationshébraïques et arabes un rapport frappant et incontestable... Le lieu de la rencontre du conquérant macédonien(Alexandre) et du grand-prêtre Yaddus est appelépar Josèphe Saçâ, nom qui a une singulière ressemblanceavec la dénomination actuelle Cha’afath et paraît êtrelui-même une corruption de la forme antique Mitspha, en grec Mauçâ, d’où, par le retranchement du commencement, Saçi. Gela est si vrai que Josèphe interprètece dernier mot par le terme grec ctxotcti, <a Spe «cula, observatoire.» Or, dans les Septante, le noin deMitspah est quelquefois rendu par celui de o-iorcti, identique avec oxoirrj (par exemple, 1Il Reg., XV, 22). Lestrois noms de Mitspah ou Maspha, Safa et Cha’afath<expriment donc la même idée et sont dérivés de lamême racine.» Cependant, suivant l’illustre explorateur, il ne résulte pas de là que le plateau de Cha’afatsoit le lieu de la rencontre d’Alexandre et du grand-prêtredes Juifs, ni le Sxorcdç ou Scopus dont parle l’historienjuif et où plus tard Cestius Gallus et Titus assirent leurcamp. Les deux endroits étaient voisins, leurs noms

Saulcy, à Clia’fat. Stanley, Sinaï and Palestine, in-8°, Londres, 1871, p. 226; de Saulcy, Voyage autour de la.Mer Morte et dans les terres bibliques, in-8°, Paris, 1883, t. î, p. 112-115.

Les contradicteurs plus récents de cette identificationne nient pas la similitude de son et de significationentre Maspha et Cha’afat, ils ne contestent pas non plusque plusieurs des indications bibliques ne puissents’appliquer au site de cette localité; ils font seulementobserver, entre autres choses, que le récit de III Reg., xv, 22, ne permet guère de chercher Maspha au sud deRama et que la tenue de l’assemblée dont il est parléI Mach., iii, 46, à moins de 4 kilomètres de Jérusalem, dont la citadelle était alors aux mains des ennemispuissants et acharnés des Juifs fidèles, n’est guère vraisemblableni même possible. Quant aux rapports d’analogieet de consonance dans les noms, ils n’impliquentpas nécessairement une relation de dérivation et lacommunauté d’origine n’entraîne pas l’identité numériqueet individuelle. — Nonobstant ces difficultés, loplus grand nombre des palestinologues continuent àdéfendre soit l’identification de Schwarz et de Robinsoo 847

MASPHA DE BENJAMIN

avec Néby-Samuîl, soit celle de Victor Guérin avecCha’afat et à les considérer comme les plus probables.II. Histoire. — Maspha fut assignée par Josué à latribu de Benjamin. Jos., xviii, 26. Ce fut l’endroit oùs’assembla sous le grand-prêtre Phinées tout le peupled’Israël, pour juger l’affaire de Gabaa, où la femmedu lévite avait péri victime des odieuses brutalités deshabitants. Quatre cent mille hommes, d’après le textesacré, étaient présents. Les Benjamites furent sommésd’avoir à livrer les coupables, dont on voulait tirer unchâtiment exemplaire. Toute la tribu refusa. La guerrelut déclarée et il fut décidé dans la même assembléeque l’on exterminerait ceux qui refuseraient leur concours.A Maspha aussi lesIsraélites s’engagèrent parserment à ne pas donner leurs filles en mariage aux Benjamites.Jud., xx, 1, 3; xxi, 5, 8. Ce dernier fait, qui nedut avoir lieu qu’à la fin de la guerre, indique que lecamp avait dû demeurer à Maspha tout le temps que-durèrent les négociations et la lutte. — Après la défaitedes Israélites à Aphec et la mort du grand-prêtre Héli, Samuel convoqua une assemblée générale du peuple àMaspha, pour prier le Seigneur en faveur d’Israël. Lepeuple puisa de l’eau pour la répandre devant Dieu, jeûnaun jour et confessa ses infidélités. Samuel commençadès lors à exercer sa judicature. Les Philistins, apprenantla réunion de Maspha, se levèrent contre les Israélites.Ceux-ci effrayés conjurèrent Samuel de supplierle Seigneur de les délivrer de la main des Philistins.Samuel offrit en holocauste un jeune agneau. Le sacrificen’était pas achevé et déjà les Philistins engageaientl’action avec l’armée d’Israël. «Mais le Seigneur tonnaavec un grand éclat ce jour-là contre les Philistins etles épouvanta, et ils furent taillés en pièces.» Les Israélitesdemeurés à Maspha s’élancèrent de la ville à lapoursuite de l’ennemi et en achevèrent la défaite en lespoursuivant jusque sous Bethcar. En souvenir de lavictoire, Samuel érigea une stèle entre Maspha et Sen... I Reg., vii, 5-12. Les Israélites, après la victoire deMaspha, rentrèrent en possession de leurs anciennesfrontières et Samuel choisit cette localité pour l’une destrois où chaque année il venait juger Israël, x, 13, 16. —La dernière assemblée plénière tenue par Samuel le futaussi à Maspha. C’était pour procéder à l’élection d’unroi, comme le peuple l’avait demandé. Le sort désignaSaùl. I Reg., x, 17-25. — Deux cent cinq ans environaprès cette élection, Baasa, roi d’Israël, s’était emparéde Rama de Benjamin, située à 10 kilomètres seulementau nord de Jérusalem, la capitale de Juda, et l’avait fortifiéepour empêcher qui que ce soit de passer d’Israëlen Juda et de Juda en Israël. Le roi de Juda Asa, ne setrouvant pas en mesure de repousser son voisin, sollicital’intervention des Syriens de Damas. Le roi de cetteville, Bénadad, fit attaquer au nord le royaume d’Israëlpar ses généraux. Pour défendre sa frontière, Baasadut porter ses forces de ce côté et fut ainsi contraintde vider Rama et le territoire de Juda envahi. Asaattendait cette diversion pour reprendre sa terre, ilappela tout son peuple à son-aide, prit les matériauxréunis par Baasa à Rama, et à dessein de prévenir denouveaux empiétements de la part de son voisin, il allafortifier, à 3 kilomètres à l’est de Rama, Gabaa deBenjamin, qui commande le passage de Machmas, etMaspha, sans doute située au nord de Rama et qui pouvaitgarder la grande route qui venait d’Israël’en Juda.III Reg., xv, 17-22; II Par., xvi, 1-6. — Après la destructionde Jérusalem et dû royaume de Juda par lesChaldéens, vers 588 av. J.-C, le Juif Godolias fut établi, par le roi de Babylone, gouverneur du pays; Masphafut choisie pour être le siège de son administration. Leprophète Jérémie, laissé libre, vint s’établir près de Godoliaset un grand nombre, de Juifs qui s’étaient enfuisdans les contrées des alentours revinrent les joindre.Le peuple aurait pu se reconstituer autour de Maspha,

si la jalousie méchante de Baalis, roi des Ammonites; n’était venue faire avorter ce mouvement de restauration.L’Ammonite avait soudoyé Ismahel, fils de Nathanias, pour assassiner Godolias. Celui-ci averti ne voulut pascroire à une pareille trahison. Ismahel, qui était du sangroyal de Juda, étant venu à Maspha avec un cortège dedix hommes et plusieurs grands de l’ancienne cour, futinvité à un festin. Pendant le repas, il se jeta avec sescomplices sur Godolias et le tua. Il massacra ensuitetous les Juifs, les Chaldéens et les guerriers qui étaientréunis à Maspha autour de Godolias. Le lendemain dece forfait, un groupe de quatre-vingts hommes partis deSichem, Silo et Samarie et se rendant à la maison deDieu où ils allaient offrir des dons, arrivaient à Maspha.Ils ignoraient ce qui s’était passé la veille. Ismahelsortit de la ville à leur rencontre et, feignant de s’affligeravec eux, il les invita à venir chez Godolias. Lors-’qu’ils furent arrivés au milieu de la ville, Ismahel et sessatellites les massacrèrent, épargnant seulement dixd’entre ces hommes, qui promettaient de mettre à leurdisposition des trésors et des provisions [cachées. Lescadavres furent jetés dans la piscine creusée par le roiAsa, quand il fortifia la ville contre Baasa. Les débris dupeuple, les filles de la maison royale et tout le mondedemeuréà Maspha et confié aux soins de Godolias parNabuzardan, chef de l’armée babylonienne, furent réduitscaptifs par Ismahel qui se proposait de les livreraux Ammonites. Johanan, fils de Carée, apprenant cesindignités, prit avec lui tous les hommes qu’il avait àsa disposition et avec les officiers de l’armée marchacontre Ismahel. Il le rencontra près des grandes eauxde Gabaon. Ismahel, avec huit de ses hommes seulementqui purent s’échapper, s’enfuit au pays d’Ammon, et Johanan ramena toute la foule qui avait été arrachéeàMaspha. Cependant, redoutant la colère des Chaldéens, et malgré les objurgations de Jérémie, Johanan, avectout le peuple qu’il avait ramené à Maspha, prit la routede l’Egypte et entraîna le prophète à sa suite. Jer., xuxlii.— Maspha repeuplée, après le retour des Juifs deBabylone, contribua pour une part importante à la restaurationdes murs de Jérusalem entreprise par Néhémie.Jason le Méronatithe de Maspha, avec Melchias deGabaon, construisit, près de la porte Ancienne, «letrônedu gouverneur d’au delà l’Euphrate,» c’est-à-dire «le tribunal du gouverneur ï. II Esd., iii, 7. La portede la Fontaine fut réédifiée par Sellum, fds de Cholhoza, chef du district de Maspha. Il l’acheva, la couvrit, , en établit les battants, les serrures et les verrous; le’même bâtit [à côté] le mur de la piscine de Siloé prèsdu jardin du roi, jusqu’aux degrés descendant de la citéde David, lbid., 15. Azer, fils de Josué, prince de Maspha, contruisit la seconde muraille près de la montée del’arsenal, à l’angle, lbid., 19. — Mathâthias étant mort, son fils Judas Machabée prit le commandement de lapetite armée qui devait combattre pour arracher laJudée et son peuple à la tyrannie des Gréco-Syriensinfidèles. Avant d’entrer en campagne, il voulut se préparerà la guerre et y disposer les siens par un acte: solennel de religion. La ville sainte étant au pouvoirde l’ennemi, Judas, pour son dessein, choisit Maspha, . «parce qu’elle fut anciennement un lieu de prière enIsraël.» Là, en face de Jérusalem et de son temple profané, Juda et ses guerriers consacrèrent un jour aujeûne, puis revêtus du cilice, la tête couverte de cendre, les habits déchirés, tenant en leurs mains les livres de^la Loi et exposant devant eux les vêtements sacerdotaux, les prémices et les dîmes, présentant les Nazaréens: dont le temps était achevé, ils élevèrent la voix et imo-quèrentle ciel: «Que pouvons-nous faire, s’écrièrent-ils, de ces hommes, où devons-nous les conduire?’Votre sanctuaire est foule aux pieds et souillé; vosprêtres sont dans le deuil et dans l’abjection et les.nations se sont réunies contre nous pour achever notre.

perte: vous connaissez leur dessein. Comment pourrons-nousnous maintenir devant eux, si vous ne nous assistez, ô notre Dieu?» Les trompettes retentirent alors avecéclat. Juda organisa sa petite armée, distribua les gradeset les offices, remplit encore le précepte de la loiordonnant d’inviter à se retirer ceux qui venaient debâtir une maison neuve, de prendre une épouse, deplanter des vignes, ou qui étaient trop peureux, et illeva le camp, pour se transporter avec ses hommes deMaspha au sud d’Emmaûs où il dressa son camp, attendantl’heure du combat (vers 168 av. J.-C). I Mach., iii, 46-57. Il n’est plus fait mention dès lors de Maspha nidans la Bible, ni dans l’histoire. L. Heidet.

5. MASPHA, ville appelée «Maspha de Galaad», àcause de sa situation dans cette région. Son nom esttranscrit Mao-uriipâ par les Septante. Jud., XI, Il et 34, ettraduit ailleurs par le nom commun <rxomô. La Vulgategarde partout le nom propre de Maspha. Plusieurs foisle nom de Maspha semble plutôt désigner une contréequ’une ville. Ainsi, Jud., xi, 29, Maspha de Galaad paraîtassimilé au pays de Galaad et au territoire de Manasséque parcourut Jephté pour y lever des hommes afin demarcher contre les Ammonites; c’est du pays aussi quela ville de Ramoth semble être appelée Ramoth de Maspha(Rdmaf hamMispéh). Jos., xiii, 26. Il est difficilede dire si le territoire a été ainsi appelé directementà cause du monument élevé par Jacob et avant l’établissem*ntde la ville ou seulement après et à cause decelle-ci; l’existence n’en est pas moins certaine et paraitattestée, Jud., xi, 34, quand il est dit que Jephté retournaà Maspha, dans sa maison. Dans la Vulgate Maspha, écrit Masphé, est séparé de Ramoth et ainsi présentécomme une ville distincte; c’est une erreur.

1° Situation et identification. — La position de Masphaest indiquée seulement d’une manière générale enGalaad, mais son nom dit assez qu’elle 1& doit à la proximitédu monument dressé par Jacob. Il résulte de làqu’elle ne dut commencer à se former qu’après lepassage de Jacob, et ses premiers habitants durent êtreattirés par la présence du sanctuaire. Cependant, d’après certains critiques, Maspha fut appelée ainsi àcause de sa situation. Des exégètes regardent commeidentiques Maspha de Galaad et Ramoth-Maspha ouRamath de Galaad et identifient Ramoth avec le Saitactuel, ils attribuent par conséquent le même site àMaspha, qu’ils placent ainsi au sud du Nahar-Zerqâ.l’ancien Jaboc. Cf. Jos. Schwarz, Tebuoth lia-Arez, nouvelleédit., Jérusalem, 1900, p. 269-270; Rich. von Riess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 64, 79, et Bibel-Allas, ibid, , 1882, p. 20.

La Bible indiquant le monument dé Jacob au norddu fleuve Jaboc et avant Mahanaïm empêche d’attribuerune autre situation à Maspha. S’il fallait localiserRamoth au sud’du Zergâ, il faudrait conclure queMaspha et Ramath sont deux villes distinctes. La plupartdes exégètes soutiennent d’ailleurs avec raisoncette distinction. Voir Ramoth-Maspha et Ramoth enGalaad. — Soûf est la localité qui depuis longtempsa le plus souvent été proposée pour être identifiée avecMaspha. C’est un grand village bâti sur une collinerocheuse s’avançant en promontoire des hautes njDn>tagnes du’Adjloûn, au-dessus de la vallée de Djéras".Il est à cinq kilomètres au nord-est de la ville de cenom, à six kilomètres vers l’est de’Adjloûn et à vingt-cinqkilomètres au sud à’eUlJioson. La population duvillage est d’environ huit cents habitants dont un tierssont chrétiens, parmi lesquels quelques-uns catholiques.Une fontaine abondante jaillit sous le village, à l’est, pour former le cours du Nahar-Djéras. Les collinesdes alentours étaient naguère ombragées par des bois degrands chênes et d’autres essences; depuis quelquesannées des plantations de vigne et de figuiers prennent

leur place. Soûf ou Sûf peut paraître un nom dérivé deMaspha, par l’élimination du préfixe M et de la voyellefinale; il semble procéder, du reste, de la même racineet peut avoir une signification analogue. Le nom deSe6eî|C ou Sévée, donné par Josèphe, Ant. jud., V, vii, 12, au lieu de Maspha à la patrie de Jephté, n’est pasde nature à infirmer cette identification. La situationdu village au nord du Zergâ l’ancien Jaboc, presque aucommencement, du côté de l’est, des montagnes deGalaad, au sud-est de Mahnéh identifiée avec Mahanaïm, n’est pas en dehors des données de la Bible.

Longtemps les palestinologues ont admis cette indentificationcomme probable, surtout à défaut d’une autreplus certaine. Cf. Armstrong, Conder et Wilson, Namesand Places in the Old Testament, Londres, 1887, ’p. 127; Conder, Heth and Moab, Londres, 1889, p. 181; Oliphant, Land of Galaad, in-8°, Edimbourg et Londres, 1880, p. 209-218; Buhl, Géographie des Allen Palâstina, Fribourget Leipzig, 1896, p. 261-262. — Cependant SelahMerill, laissant Soûf, a placé Maspha au Qala’t er-Babad, immense château, en grande partie conservé, àdeux kilomètres à l’ouest du village de’Adjloûn et à cinqvers le sud-est de Mahnéh. Dressé au sommet d’unecolline de mille mètres d’altitude au-dessus de la merMéditerranée, dominant la large et profonde valléede’Adjloûn et d’où le regard embrasse non seulementl’ancien pays de Galaad dans presque toute son étendue, mais se porte encore au delà de la vallée du Jourdansur la Judée, la Samarie et la Galilée, nulle forteresse, nul endroit ne justifierait mieux le nom de Maspha.Seulement le Rabad est un édifice tout entier de la fin duxiie siècle, où l’on ne retrouve aucune trace d’antiquité, trop au cœur des montagnes de Galaad pour répondre aurécit de la Bible. Aussi cette opinion a-t-elle recueillipeu d’adhérents. S. Merrill, East of Jordan, p. 365-374; cf. Buhl, Géographie, loc. cit., p. 262; — Le D r Gotl.Schumacher travaillant, en 1896, au levé de la carte dusud de’Adjloûn, a cru reconnaître le nom de Masphadans celui de Misîbta qui lui était désigné par le mudîrde "Adjloûn comme celui d’une ruine antique et considérablese trouvant entre Soûf et Djéras. MittheilungenundNachrichten des deutschen Palàtina Vereins, 1899, p. 1-2. Wellhausen y vit le nom de massêbah, mais noncelui de Maspha ibid. p. 41. L’année suivante, le D r Schumacherabandonnait la première identification, parceque le lieu lui paraissait trop en contre-bas pour avoirpu mériter le nom de Mispéh; il lui préférait le DjebelMenârah ou «le mont Minaret», situé directement ausud de Djéras, non loin de Misibfad dont le nom estl’analogue de Mispéh. De son sommet, élevé de plus demille mètres au-dessus de la mer Méditerranée, le regardembrasse un panorama beaucoup plus étendu quedu haut du Qal’at er-Kabad. À l’ouest et au nord-ouests’aperçoivent les hauteurs de Djebel Nablûs et des montsde Safed; à l’est au delà des collines les hauts plateauxdu Haurân et du Jfamâd, les pointes coniques du Djebeled-Druz, et au sud l’œil peut suivre le cours sinueuxde la Zerqâ tout entière et au delà contemple toute lapartie septentrionale des monts de la Belqâ. Ibid., p. 66.En poursuivant ses travaux pour l’achèvement de lacarte du sud de’Adjloûn, M. Schumacher a rencontréau nord-est de Djéras, dans une région encore en partieboisée, un Tell-Masfah qui domine toutes les hauteursdes alentours. On y voit des dolmens et plusieurs autelsantiques taillés dans le rocher. Les habitants du paysconsidèrent le tell comme un ma’bed, «sanctuaire» ou «lieu de culte». Des Bédouins m’ont indiqué l’endroità quatre ou cinq heures au sud d’el-Hoson du’Adjloûn, mais je n’ai pu le visiter. Le nom de Masfah, absolumentidentique au nom de la célèbre localité biblique, dans la région même où nous amène le récit sacré, ne permet pas de douter qu’il ne se soit maintenu à lamême place dès les temps les plus reculés.

2° Histoire. — Maspha, au temps les plus recalés, àcause sans doute de ses souvenirs et peut-être aussi àcause de son importance, semble avoir été en quelquesorte la capitale du pays de Galaad et le lieu des grandesréunions du peuple de la Transjordane. Quand les Ammonitesenvahirent la contrée occupée par les Israélites, le peuple de Galaad vint camper à Maspha, et c’estlà que les chefs se réunirent pour délibérer sur ce qu’ily avait à faire. Jud., x, 17. Ayant appelé Jephté pourlui proposer de se mettre à la tête de l’armée, c’est àMaspha qu’il posa ses conditions et reçut la promessed’être établi le chef du peuple. Jud., xi, 11. Dès cemoment le nouveau juge d’Israël paraît s’être fixé àMaspha. Il entre en pourparlers avec le roi des Ammonitespour lui faire évacuer le pays. Celui-ci s’y étantrefusé, Jephté, rempli de l’esprit de Dieu, parcourt lacontrée pour lever une armée. Maspha paraît avoirété le lieu de ralliement, car c’est de là que Jephté semit en marche pour aller attaquer les Ammonites.Jud., xi, 29. Après sa victoire complète sur l’ennemi, Jephté reprit le chemin de Maspha où était sa demeure.Jud., xi, 34. On sait comment la fille de Jephté ignorantle vœu imprudent de son père sortit de la ville avecses compagnes, pour aller à sa rencontre, et changea enun jour de deuil un jour de triomphe. Jud, , xi, 34-40. «Jephté le Galaadite jugea Israël six ans, mourut et futenseveli en sa ville de Galaad,» ajoute son historien.Jud., xil, 7. En disant sa ville, il semble désigner lamême localité où Jephté avait sa maison, bien que letexte l’appelle Galaad. Il faut probablement lire, il mouruten sa ville en Galaad. La préposition a, be, «en,» a pufacilement disparaître par la négligence d’un copiste. Autemps du roi d’Israël Jéroboam II (824-783 ou 783-743), .Maspha, devenue un centre d’idolâtrie et de crimes, estmenacée par le prophète Osée des vengeances du Seigneur.Ose., v, 1 (hébreu); vi, 8. Cf. Maspha 1, col. 833; Galaad 5, t. iii, col. 47. Maspha a été ruinée et sonnom s’est conservé seulement dans quelques famillesd’Arabes bédouins. Maspha semble avoir appartenu à latribu, de Gad, comme l’indiquent Eusèbe et saint Jérôme, Onomastic, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 283, 285. En en faisant une ville lévitique, ilsparaissent la confondre avec Ramoth de Galaad.

L. Heidet.

6. MASPHA, ville de Moab où David persécuté parSaùl conduisit ses parents pour les mettre à l’abri descolères du roi. I Reg., xxii, 3-4: «Et David partit delà(Odollam), dit le récit sacré, pour Maspha qui est enMoab, et il dit au roi de Moab: Que mon père et mamère, je vous prie, demeurent avec vous, jusqu’à ce queje sache ce que Dieu fera à mon égard. Et il les laissaauprès du roi de Moab et ils demeurèrent avec lui, toutle temps qu’il demeura dans la forteresse.» Certains exégètesont trouvé ces dernières paroles équivoques et ontcru pouvoir traduire; ils demeurèrent avec David tout letemps qu’il demeura dans la forteresse d’Odollam. Cf.Vigouroux, La Sainte Bible polyglotte, t. ii, p. 405, note 4. L’interprétation qui paraît indiquée par la phraseelle-même et le contexte est la suivante: Et il les laissaauprès du roi de Moab, tout le temps que David dutdemeurer dans la forteresse, c’est-à-dire à Odollam oudans un lieu d’un accès difficile pour échapper à Saûl.C’est l’interprétation la plus généralement adoptée. —Quelle que soit d’ailleurs la signification de la fin dupassage, la ville où David mena ses parents, d’après sesparoles, paraît être celle même où résidait le roi deMoab, probablement sa capitale. De là plusieurs interprètesont cru que Maspha et Moab n’étaient pas différentesde Kir Moab, aujourd’hui le Kérak, la plus fortedes villes de l’ancien pays de Moab, à l’est de la merMorte et située sur une montagne élevée d’où le regardembrasse tout le pays, la mer Morte dans presque toute.son étendue et jusqu’aux montagnes de Juda. Voir Km

Moab, t. iii, col. 1895-1907. Maspha serait ici l’équivalentde qîr ou de Kérak, «forteresse, donjon.» Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1179; J. Schwarz, Tebouoth ha-Arez, nouv. édit., Jérusalem, 1900, p. 254. L’hypothèsen’est pas invraisemblable, mais peut s’appliquer, de lamême manière à toute autre ville importante où le roiMoab aurait eu sa résidence, comme Rabboth-Moab, Arou Ar-Moab, aujourd’hui Habba ou quelque autre.Cf. Ar, Ar-Moab, t. i, col. 814-817. Des critiques modernesattribuent le nom de Maspha de Moab à uneerreur du copiste: il faudrait lire selon eux Misrephothde Maon, T. K. Cheyne, Encyclopecdia biblica, Londres, art. Hareth, t. ii, 1901, col. 1963, mais cette hypothèseest tout à fait gratuite. L. Heidet.

7. MASPHA, lieu élevé du désert de Juda d’où Josaphat, avec son armée, vit toute couverte de leurs cadavresla région où s’étaient entre-égorgés ses ennemis, les Ammonites, les Moabites et les Iduméens. II Par., xx, 24. Le texte hébreu a: ham-Mispéh le-midbar, le masphaou «l’observatoire du désert»; les Septante onttraduit l’expression par le nom commun 7| mcomâ et laVulgate de même par Spécula. Lès autres versions fontde même. Il ne semble pas d’ailleurs qu’il ait existé une, ville de ce nom dans le désert; il pourrait s’y rencontrercependant une tour, ou une maison de garde. L’endroitse trouvait au sud ou au sud-est du désert de Thecuéd’où venait le roi Josaphat et à l’ouest de la mer Morle, mais il n’a pu être jusqu’ici déterminé d’une manièreprécise. Voir Josapha.t, t. iii, col. 1649.

L. Heidet.

    1. MASPHATH##

MASPHATH, orthographe, dans la Vulgate, du nomde lieu qu’elle écrit ailleurs Maspha, Masphe ou mêmeMasepha et Mesphe. Voir ces divers noms. La formeMasphath se trouve dans le premier livre des Rois etdans Jérémie et désigne toujours Maspha de Benjamin.I Reg., vii, 5, 6, 7, 11, 12, 16; Jer., xl, 6, 8, 10, 12, 13, 15; xli, 1, 3, 6, 10, 14, 16. Dans I Sam. (I Reg.), vii, 5, 6 et 7, le texte hébreu porte ham-Mïspdtdh, avec le hélocatif, ce qui a amené le traducteur à écrire Masphath, et il a eonservé cette orthographe pour l’uniformité, auxꝟ. 11, 12, 16 du même chapitre, quoique le texte originalait dans ces passages hani-Mispch. Il a fait demême, pour les mêmes raisons, dans Jérémie, où on liten hébreu, xl, 6, 8, 10, 12, 13; xli, 1, kam-Mispâfâh, etXL, 15; xli, 3, 6, 10, 14, 16, ham-Mispéh.

    1. MASPHE##

MASPHE, orthographe, dans la Vulgate, du nom delieu écrit ailleurs ordinairement Maspha. Dans Josué, xi, 8, campus Masphe est le territoire appelé terra Masphaau ji. 3 du même chapitre. Voir Maspha 2, col. 834. —Jos., xiii, 26, la ville nommée Masphe est Maspha de Galaad.Voir Maspha 5, col. 849.

M ASRÉCA (hébreu: Maèrêqah; Septante: Mas<r£y.xà, MoKiExxà), ville inconnue, située probablement en Idumée.Elle est nommée dans la liste des rois d’Idumée, où nous lisons qu’Adad, fils de Badad, étant mort, Semla de Masréca régna à sa place. Gen., xxxvi, 36; I Par., i, 47. Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., 1862, p. 280, 281, disent que c’est une ville d’Idumée, dans laGébalène, c’est-à-dire dans [la partie septentrionale del’Idumée. On peut interpréter le nom de Masréca par «vignobles».

    1. MASSA##

MASSA (hébreu: Maisa’, «élévation» ), nom d’unfils d’Ismaël, et, d’après divers interprètes, d’un pays.

1. MASSA (Septante: Mocaor, ), le septième des filsd’Ismaël. Gen., xxv, 14; I Par., i, 30. On a rapproché sonnom de celui de la tribu arabe des Mauavof, Ptolémée, v, 19, 2, qui habitaient le désert d’Arabie, du côté de laBabylonie, et des Masmi, Pline, H. N., vi, 30, tribu nomade de la Mésopotamie, et l’on admet aujourd’hui quecette tribu est celle qui est mentionnée dans les inscriptionscunéiformes. Voir Arabie, t. i, col. 863. LesMa-as-’a-ai sont énumérés dans une liste de peuplesapportant leur tribut à Théglathphalasar II, roi de Ninive, immédiatement avant les gens de Théma et de Saba.Western Asiatic Inscriptions, t. iii, pi. 10, col. 7, lig. 38; E. Schrader, Keilinschriften und Geschichtforschung, 1878, p. 262; Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies, p. 301.On retrouve aussi leur nom sous la forme MaS-’a— ai, dans une tablette du temps du roi Assurbanipal. WesternAsiatic Inscriptions, t. iv, pi. 56, 1. Il y est racontéqu’un certain Akamaru, fils d’Ammêtâ, de la tribu desMaS-’a-ai, a fait une razzia chez les Nebaioth et qu’il ena tué tous les hommes, excepté un seul qui est alléporter au roi la nouvelle. Frd. Delitzsch, Paradies, p. 302; G. Smith, History of Assurbanipal, p. 296-298; A. Smith, Keilschrifttexte Asurbanipal? *. H, p. 36-38.ia tribu de Massa a donc très probablement habité l’Ara! bie septentrionale. Ed. Glaser, Skizze der Geschichte undGéographie Arabiens, t. ii, 1890, p. 441, identifie Massaavec Messa et Mes. Voir Mes et Messa.

2. MASSA, nom du pays dont Lamuel aurait été roi, d’après un certain nombre d’exégètes modernes.Prov., xxxi, 1. Voir Lamuel, col. 62. Les Septante, Prov., xxiv, 69, ont traduit le mot massa’par —/pr]|iaTia1j.ôç, «réponse divine, oracle,» et la Vulgate par vitio.Hitzig, dans Zeller, Theologische Jahrbûcher, 1844, p. 269-305, crut reconnaître des noms propres là où les"versions anciennes avaient vu des noms communs et aulieu de traduire: «Paroles de Lamuel, roi. Vision,» iltraduisit: «Paroles de Lamuel, roi de Massa.» Sonopinion a trouvé beaucoup d’adhérents. Voir Kaulen, Lamuel, dans Wetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e édit., t. vii, 1891, col. 1372. D’après cette explication, Lamuelétait un roi de la tribu arabe de Massa, dont il est parlédans Massa 1, ou d’un autre pays inconnu, mais ou nepeut rien affirmer avec certitude. Voir Cr. H. Toy, Commentary on the Proverbs, in-8°, Edimbourg, 1899, p. 538-539. Plusieurs commentateurs croient qu’Agur, l’auteur des Proverbes, xxx, 1-33, était également deMassa. Voir Agur, t. i, col. 288.

MASSAH (hébreu: Massdh, traduit dans les Septantepar rUtpaa[iA; , Ilsfpa, et dans la Vulgate par Tentatio), nom donné à une localité sise à Raphidim, où lesIsraélites «tentèrent (nassôf, mirent à l’épreuve) Jéhovah, en disant: Jéhovah est-il au milieu de nous ou n’y est-ilpas?» Elle fut aussi appelée Meribah qurgium), «àcause de la querelle ou révolte (rib) des enfants d’Israëlqui s’en étaient pris à Dieu et avaient murmurécontre lui, parce qu’ils souffraient du manque d’eau.» Exod., xvii, 7. Cet événement est rappelé dans Deut, , VI, 16; ix, 22; xxxiii, 8; Ps. xcv, 8 (texte hébreu). Cf. aussiHeb., iii, 8, qui cite le Psaume. Massdh se lit dans tousces passages; Meribâh, en parallélisme avec Massdh, seulement dans Deut., xxxiii, 8, et Ps. xcv, 8. La Vulgatetraduit toujours le premier nom par Tentatio, tandisque le second, omis dans Exod., xvii, 7, est rendu parContradictio, Deut., xxxiii, 8, et par Irritatio, Ps. xciv, 8, (Exacerbatio dans Heb., iii, 8). Sur un autre Meribâfcou Mê Meribâh, voir Eaux de contradiction, t. ri, col. 1523.

Le récit de l’Exode suppose que les Hébreux s’attendaientà trouver des sources à Raphidim. Quand on yfut arrivé, l’eau sur laquelle on avait compté manqua.Les Israélites, qui pendant les trois jours précédentsn’en avaient eu que la quantité nécessaire pour étancherleur soif, éclatèrent en murmures. Exod., xvii, 2-4.Dieu ordonna alors à Moïse de frapper le rocher d’Horebet il en jaillit de l’eau en abondance. Ifôrêb signifiesécheresse, lieu aride et sans eau». Jud., vi, 37, etc.

Les savants anglais de VOrdnance Survey qui’ontexploré le Sinaï en 1868 distinguent le lieu de ce nom, dont il est question dans ce récit, du mont Horeb oùMoïse avait eu la vision du buisson ardent. Quant aurocher dont parle l’Exode, les voyageurs au Sinaï sesont préoccupés de bonne heure de le retrouver. Lesmoines grecs du couvent de Samte-Catherine croient leposséder dans leur voisinage et ils le montrent aux pèlerinsqui l’ont souvent décrit. Mais cette identificationest inadmissible, parce que ce rocher se trouve dansl’ouadi el-Ledja, et que l’événement raconté dans lesLivres Saints se passa dans l’ouadi Feiran (Pharan), comme l’atteste une tradition antique que nous rencontronsdans Eusèbe et dans saint Jérôme, au IVe siècle, Onomastic, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 310, 311, et comme il résulte du texte même de l’Exode où nouslisons, xvii, 1, que le miracle eut lieu à Raphidim. Or, Raphidim était dans le désert de Pharan. Voir Raphidim.Une tradition locale identifie Massah avec une des fontainesde l’ouadi Feiran. «Une des légendes les plusplausibles et les plus intéressantes relatives à l’Exode, dit M. H. S. Palmer, Sinai, in-16, Londres (1878), p. 7879, est celle qui se rattache à un lieu de l’ouadi Feiranappelé Hésy el-Khattalin, ou la Source cachée des écrivains.C’est, d’après les Bédouins, l’endroit où Moïsefrappa le rocher pour donner de l’eau à son peuplesouffrant de la soif. Il faut remarquer ici que les Bédouinsdésignent souvent Moïse sous le nom d’écrivain dulivre de la Loi. La coutume ancienne, qui date, croyons-nous, de temps immémorial et qui consiste en ce quechaque passant dépose une petite pierre, dans les lieuxcélèbres par quelque légende, pour marquer qu’il n’oublieni le lieu ni la tradition qui y est attachée, cettecoutume est encore observée par les Bédouins quand ilspassent à Hésy el-Kkattatin. Toutes les pierres et les rochersdu voisinage qui s’y prêtent sont couverts de monceauxde petit* cailloux ainsi déposés.» Les Arabes prétendentimiter ainsi l’exemple des Israélites. Voir aussiEd. H. Palmer, The Désert of the Exodus, 1871, t. i, p. 159. Si l’identification n’est pas pour cela certaine, elle ne manque pas néanmoins de quelque probabilité.

F. VlGODRODX.

MASSÊBAH, nom hébreu (massêbâh) d’un cippe, stèle ou pierre dressée, de nâsab, «être droit, debout.» Il se dit spécialement d’un cippe idolâtrique. Voir Idole, i, 16°, t. iii, col. 819.

MASSL Franz Xaver, prêtre catholique allemand, néle 8 décembre 1800 à Straubing, mort le 3 mars 1852 àPassau. Il étudia la théologie à Ratisbonne, où il futordonné prêtre en 1825. Après avoir rempli des fonctionsecclésiastiques dans diverses paroisses, il devinten 1846 curé de Passau. On a de lui, outre de nombreuxvolumes de sermons, une Erklârung der heiligenSchriften Neuen Testaments nach den beràhmtenund bewâhrten âltern und neuen Schriftauslegem, 3 in-8°, Sraubing, 1831-1850. Les cinq premiers volumesont eu trois éditions. Massl a pris pour base deson commentaire, qui est surtout pratique et pieux, LeMaistre de Sacy. Voir Reusch, dans Allgemeine DeutscheBiographie, t. xx, 1884, p. 568.

MASSORE, ensemble de travaux des docteurs juifs, portant sur la lettre même du texte hébreu de la Bible.

Le mot massore, massôrâh, vient probablement demàsâr, «transmettre oralement;» il signifie alors «tradition». Quelques-uns le tirent de’âsdr, «lier,» d’oùle mot màsorét, employé par Ézéchiel, xx, 37, avec lesens de «lien». D’après cette étymologie, la massoreserait le lien qui fixe l’immutabilité du texte. Cf. Bâcher, dans The Jewish Quarterly Review, t. iii, 1891, p. 785— ^790. Le premier sens est plus généralement accepté. Lemot massôrâh, ou masôrâh, n’en est pas moins de formation hybride, de sorte que c’est surtout à l’usage qu’il, convient d’en demander l’origine et le sens. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im ZeitJ. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 328.

I. Les massorètes.

1° Leur époque.

Au xii 6 siècle, Abenesra divisait en cinq classes les docteurs juifs qui, jusqu’à son temps, avaient travaillé sur la Bible. Ildistinguait successivement: 1° les docteurs de la grandeSynagogue et les scribes, jusqu’à l’an 70; 2° les docteursde la Mischna; 3° les docteurs de la Gémara ou commentairede la Mischna; 4° les docteurs de la massore; 5° enfin les grammairiens. Cf. P. Morin, Exercitationesbiblicse, ii, 12, 7, Paris, 1669, p. 411. Les docteurs juifscommencèrent en effet par s’occuper de la Bible au pointde vue de la doctrine et de l’histoire. C’est seulementquand ils eurent fini de consigner par écrit les traditionset les explications des anciens à ce sujet, qu’ils passèrentà un autre ordre d’études. Le Talmud étant terminé versle milieu du Ve siècle, les massorètes se mirent à l’œuvreet achevèrent leur tâche vers le début du vme siècle.Toutefois ces limites comportent une assez grandelatitude; car il est certain que l’œuvre des massorètesenglobe des travaux dus aux docteurs qui les avaientprécédés, et qu’à son tour elle fut remaniée et peut-êtrecomplétée par les docteurs de la période grammaticale.

2° Leurs écoles.

La tradition attribue la massore auxdocteurs des écoles de Tibériade. Bien que contestéepar quelques-uns, cette indication traditionnelle est communémentacceptée. Après l’achèvement du Talmud et àl’époque de la plus grande prospérité des écoles deBabylone, celles de Palestine et très particulièrementcelles de Tibériade consacrèrent tous leurs efforts à laconservation littérale des textes sacrés. Ce sont cesdernières qui exécutèrent la presque totalité du travailmassorétique, sans pourtant que les noms des auteurssuccessifs aient été conservés. Ils ne sont connus quesous le nom général de ba’àlê masorâh ou massoréf, «maîtres de la massore.»

3° Leur langue.

A l’époque massorétique, deux languesétaient en usage dans les écoles palestiniennes. Lapremière était le néo-hébreu, provenant de l’hébreubiblique, enrichi de mots nouveaux, de dérivés desanciens radicaux, de conjugaisons plus nombreuses etd’une syntaxe plus complexe, pour permettre à la languesacrée de se plier à l’expression d’idées abstraites et didactiqueset de donner satisfaction aux exigences intellectuellesd’écoles en contact avec le monde grec. L’autrelangue était l’araméen, se divisant en trois dialectes: le judéen ou chaldéen de la Bible, qui se retrouve dansles Targums d’Onkélos et de Jonathan; le galiléen, enusage dans les parties araméennes du Talmud de Jérusalem, et le babylonien, en usage dans les parties araméennesdu Talmud de Babylone. Le dialecte galiléenest le seul des trois qui soit habituellement employé dansla massore. Cf. Dalman, Gràmmatik des jùdUch-palâstinischenAramâisch, Leipzig, 1894, p. 33-40. Le néo-hébreusert à la rédaction d’un certain nombre de notes, spécialement de celles qui se rapportent au nombre deslettres, etc.; l’araméen sert à énumérer les keri et leschetib, etc. Dans certaines notes, les deux langues sontmélangées; dans d’autres, les abréviations sont tellesqu’on ne peut discerner en quelle langue elles sontécrites. Il est probable que le mélange du néo-hébreuet de l’araméen dans les mêmes notes accuse des révisionsou des additions postérieures à la rédaction primitive.Cf. Hyvernat, Petite introduction à Tétude de laMassore, dans la Revue biblique, Paris, 1903, p. 532539.

II. Les sources de la massore.

Comme son noml’indique, la massore est avant tout traditionnelle. Lesmassorètes s’appliquent particulièrement à fixer lesobservations littérales que les docteurs se sont transmisesoralement dans la suite des temps. Voilà pourquoi certains rabbins ont fait remonter la massore jusqu’à Esdras, ce qui ne peut être vrai que dans un sens très restreint.Il est indubitable qu’avant l’introduction des signesdiacritiques dans les textes hébraïques, les docteursdevaient faire connaître à leurs disciples les principesqui réglaient la lecture de ces textes. Cet enseignementoral doit même remonter jusqu’aux plus anciens tempsde l’histoire des Hébreux. Mais il ne constituait pas lamassore, il en préparait seulement les éléments. Cetenseignement se développa peu à peu. Il ne prit d’extensionsérieuse que quand, sous l’influence pharisaïque, on commença à attacher une importance, trop souventexcessive, à la lettre même du texte sacré. Des signesparticuliers furent introduits dans la transcription destextes. La «petite corne», xepaîa, apex, dont parle Notre-Seigneurà propos de la Loi, Matth., v, 18; Luc, xvi, 17, ne désigne probablement que le jambage recourbé decertaines lettres, et non un signe diacritique. Mais dèsl’époque de la Mischna, quelques signes existaient déjà.Il n’en est fait pourtant que de très rares mentions.Pesachim, ix, 2, sur Num., ix, 10, et Sota, v, 5, surJob, xiii, 15. Sur Gen., xix, 35, saint Jérôme, Qumst.hebraic. in Gen., t. xxiii, col. 966, dit que les Juifgmettent un point au-dessus pour marquer que la chose estincroyable. La massore indique en effet un point sur la vavdu mot ûbequmâh, «et elle se leva.» Le Talmud mentionneles points placés au-dessus de quinze mots, pour rappelercertaines explications mystérieuses qui se transmettaientoralement, la forme majuscule donnée à certaines lettres, et la forme minuscule donnée à d’autres, ainsi que plusieursautres détails qu’on retrouve dans l’œuvre desmassorètes. Ces derniers, en beaucoup de cas, n’ont doncfait que reproduire des indications fournies par une traditionantérieure, remontant à une époque plus oumoins lointaine. Il faut en dire autant du keri et dachethîb, qui n’est que la constatation de leçons adoptéespar les anciens docteurs. Enfin la notation des voyelles, qui constitue la partie la plus importante de leur œuvre, reposait naturellement sur la prononciation traditionnellede l’hébreu, comme on peut s’en rendre compte encomparant leur texte à points-voyelles avec la reproductionde ce texte en lettres grecques, qui se trouve dansles Hexaples d’Origène, et çà et là dans les transcriptionsdes Pères. Ce qu’on doit aux massorètes, c’est donc surtoutla consignation par. écrit de remarques qui avaientété faites antérieurement sur la lettre du texte sacré, etauxquelles ils ont dû parfois ajouter les leurs.

III. L’œuvre massorétique.

1° Sa disposition graphique.

Avant l’invention de l’imprimerie, les annotationsmassorétiques ne pouvaient pas trouver place enmarge des, manuscrits bibliques. Elles étaient consignéessur des feuillets détachés, qui s’enrichissaient continuellementd’additions et finirent bientôt par réclamer plusde place que le texte lui-même. Plus tard, pour faciliterla diffusion de l’œuvre massorétique, les rabbins enécrivirent les remarques les plus importantes sur lesfeuillets mêmes des Bibles manuscrites. Ces annotationsoccupaient les marges du texte et l’espace laissé libre enhaut et en bas du feuillet. Mais de cette dispositionrésultait une très grande confusion. On peut voir, dansla Revue biblique, 1902, p. 551, la reproduction d’unfeuillet massorétique tiré d’un manuscrit du IXe siècle, qui est conservé au British Muséum. La première Biblemassorétique fut imprimée à Venise par Bomberg, avecla collaboration du juif Jacob Ben Chayim, sous le titrede Biblia magna Rabbinica, 1525. Ce qu’on y a conservéde la compilation massorétique a été disposé dan» un ordre adopté depuis dans les publications postérieures.On distingue en conséquence la massore en deux parties, l’une textuelle et l’autise finale. Cette dernière est disposéepar ordre alphabétique à la fin de chaque livre. Elle secompose de remarques qui, à raison de leur étendue, n’auraient pu trouver place dans les marges du texte. La

.massore textuelle se divise elle-même en petite et engrande. La petite massore est écrite dans les margesintérieures des colonnes du texte, à droite et à la hauteur «lu mot qu’elle vise. Ce mot est généralement indiquépar un petit cercle placé au-dessus de lui; si la remarquese rapporte à deux mots, le petit cercle est entre ces deuxmots. La grande massore est disposée en haut de la page, «n bas, et dans la marge latérale, si celle-ci est restéelibre. Chaque note de la grande massore est séparée par<leux points. La grande massore contient ce que n’auraitpu dire la petite. Cette dernière est représentée par desabréviations dont il faut avoir la clef. En voici quelques «xemples: "j pour n>S, terme araméen correspondant àl’hébreu lo’yês, «n’étant plus» ailleurs, ou ânxt tel *(livov; on pour l’hébreu fyâsêr, o défectif;» "jo pou rmâle’, «c plein;» a,; , i, etc., lettres marquant le nombrde fois, deux, trois, quatre, etc., que le mot se trouvédans la Bible; ptD, s signe,» indiquant que les motsvisés sont l’objet d’une note de la grande massore. etc.Le texte biblique apparaît ainsi entouré de toutes partspar celui de la massore. C’est probablement ce qui asuggéré l’idée de regarder celle-ci comme le «lien» quienserre le texte, et même de l’appeler siydg lat-(ôrdh’ «haie autour de la Loi,» bien que la mâsorét désignéeainsi par R. Akiba, Aboth, iii, 13, soit la tradition halachite, voir Midrasch, et non celle des massorètes.

2° Notes sur les versets. — Le verset ou pàsûq, duchaldéen pesaq, «couper,» est déjà mentionné dansla Mischna. Les massorètes en marquèrent la fin pardeux points: appelés, sof pàsûq, «fin du verset.» Ladivision du texte par chapitres leur est postérieure.Voir Chapitres de la Bible, t. ii, col. 559. Mais longtempsavant eux le texte du Pentateuque avait été partagéen 154 sections, pour les lectures du sabbat pendanttrois ans. Consacrant un usage différent, qui tendaitdéjà à prévaloir de leur temps, ils ramenèrent le nombredes sections à 54, de manière que le Pentateuque pûtêtre lu en une année. Cf. Scbûrer, Gesckichte desjiidischenVolkes im Zeît. J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 455, note 101. Chaque section ou pdrâsdh est ouverte, pefwfyâk, ou fermée, setûmâh, suivant que, pour commencer, elle laisse inachevée ou ouverte la dernièreligne de la section précédente, ou bien n’en est séparéeque par un petit espace sur la même ligne. La sectionest elle-même subdivisée en un plus ou moins grandnombre de sections plus courtes. Les massorètesnotèrent le commencement des sections ouvertes parsas, et celui des sections fermées par ddd; les lettres sou D marquèrent les subdivisions. Quand on ajouta à lalecture de la Loi celle des prophètes, la section prophétiquefut nommée haftdrdh, de fâtdr, «congédier,» parce qu’après cette lecture on congédiait l’assemblée.Les massorètes indiquèrent ces sections prophétiques, non dans le texte même, comme pour la Loi, mais au-dessousdu texte. Ces diverses indications sont reproduitesdans nos Bibles hébraïques; celles qui concernentles prophètes sont rejetées à la fin. — Lesmassorètes comptèrent les versets de chaque livre etinscrivirent le total à la fin du livre en lettres numéraleset au moyen d’un mot dont les lettres reproduisaientle total indiqué. Ils notèrent le verset qui tient lemilieu de chaque livre, Gen., xxvii, 40; Exod., xxii^28; Lev., xv, 7; Num., xvii, 5; Deut., xvii, 10, etc/Letotal des versets est de 23206. Un verset, Jer., xxi, 7, a42 mots et 160 lettres; trois versets ont chacun 80 lettres; 28 versets ou seulement 25 ont une première moitiédont le sens demeure imparfait; dans quatre versets, Gen., xviii, 5; xxiv, 55; Num., xii, 14; Ps. xxxvi, 7, ily a un vav qui a été ajouté par la faute des scribes etdont il ne faut pas tenir compte; la Loi n’a que deuxversets commençant par la lettre D. Gen., xxxii, 14; Num., xxix, 33, etc. Dans nos Bibles imprimées, ledernier verset d’Isaïe, des Lamentations, de Malachie et

de l’Écclésiaste, est suivi de la répétition au moins par-, tielle du verset précédent. C’est une attention des massorètesen faveur du lecteur. Comme ce dernier versetexprime une idée désagréable, ils reproduisent le versetprécédent, qui est de nature à laisser meilleure impression.

3° Notes sur les mots. — Les massorètes indiquentles cas où les mots sont écrits sous forme pleine ousous forme défective, c’est-à-dire avec le T et le > quiescentset le n paragogique, ou sans les quiescentes x, i,», et sans n final. Ils comptent combien de fois tel mot se-lit au commencement, au milieu ou à la fin d’un verset, combien de fois il se lit dans toute la Bible. Ils signalent15 mots surmontés de points, parce que ces mots sontcensés cacher des mystères. Les plus importantesremarques concernant les mots sont celles qui sontindiquées avec les formules qerî, «ce qui doit êtrelu, 9 et hefîb, «ce qui est écrit.» Voir Keri, t. iii, col. 1889. Il y a treize passages où il reste un vide dansle texte, avec la note: «Est lii, mais n’est pas écrit;» d’autres qui ont la note: «Est écrit, mais n’est pas lu;» quelques-uns où le keri indique qu’on doit, soit séparerun mot en deux, soit en réunir deux en un. En dix endroits, un mot jugé obscène par les massorètes doit êtreremplacé par un autre. Enfin le kéri porte fréquemmentsur des additions, des suppressions ou des changementsde lettres. La distinction du kéri et du chéthib est inconnueà Josèphe, à Philon et à saint Jérôme. Lesanciennes versions ne la connaissent pas non plus; elles reproduisent le texte que leurs auteurs ont eusous les yeux, et qui se trouve conforme tantôt au keriet tantôt au chéthib. D’autres part, les Juifs orientauxn’ont pas les mêmes kéri et les mêmes chéthib que lesJuifs occidentaux. Ce sont donc les massorètes qui ontnoté ces variantes, dont beaucoup sont sans importance.Il n’est pas à croire qu’ils les aient introduites arbitrairement, sinon pour les mots qu’ils ont jugés obscènes.Plusieurs de ces variantes sont déjà signalées dans leTalmud. Les massorètes ont dû comparer les manuscritsqu’ils avaient en main et marquer les variantes qui leurparaissaient justifiées. Ils ont été bien inspirés enlaissant en marge ces variantes. Ordinairement, ilsmettent sur le chéthib les voyelles qui conviennent aukéri, afin que le lecteur soit plus sûrement averti.

4° Notes sur les lettres. — Certaines lettres prennentune forme majuscule, qui est conservée dans nos Biblesimprimées. La première lettre de la Genèse est ungrand 3 = 2, pour rappeler que l’œuvre de la créationcomprend deux choses, le ciel et la terre. Le mot hifgallâh, «sera rasé,» Lev., xiii, 33, porte un grand1 = 3, pour marquer que trois sortes d’hommes doiventêtre rasés: les nazaréens, les impurs et les lévites. Lenom d’Adam, I Par., i, 1, est écrit avec un grand «= 1, pour signifier qu’Adam est le premier homme, etc. Il ya trente-trois passages où une lettre est plus petite queles autres, en signe de mépris ou de diminution. Des lettressont suspendues au-dessus des autres, le 2 de menaSséh, Jud., xviii, 13, le 7 de resâ’îm, Job, xxxviii, 13, 15, et de mîyyâ’ar, Ps. lxxx, 14. Un 2 est renversé dansneuf endroits: Num., x, 35; xi, 1; Ps. cvii, 23-28, etc., pour marquer que les ennemis d’Israël doivent être-renversés de même. Deux lettres pouvant s’écrire différemment, suivant qu’elles sont dans le corps du motou à la fin, et d,; et ], les massorètes indiquent lescas où la forme de ces lettres est irrégulière. Ils ontcompté combien de fois chaque lettre occupe lecommencement, le milieu ou la fin d’un mot, combiende fois elle se trouve dans chaque livre et dans toute laBible, le total des lettres qui composent le Livre sacré, etc.Mais ces calculs aboutirent à des résultats divergents, selon les manuscrits. Au mot fira, gâhôn, Lev., xi, 42, le i est majuscule, parce que c’est la lettre qui tient lemilieu parmi toutes celles du Pentateuque. Le 7 du mot C59

MASSORE

MASTELYN

860

miyyâ’ar, Ps. lxxx, 14, est suspendu, parce que c’estla lettre qui tient le milieu parmi toutes celles desPsaumes. — On trouve un résumé de tous ces remarquesmassorétiques à la fin des Bibles hébraïques. Voir spécialementdans celle de Van der Hooght et Hahn, Leipzig, 1867.

5° Les points-voyelles. — Voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 504-508.

6° Les accents. — Ils ont existé de bonne heure, pourfaire distinguer par l’intonation de la voix des mots quise vocalisaient de même, mais qui avaient des sensdifférents. Saint Jérôme, Qu&st. hebraic, in Gen., H, 23, t. xxiii, col. 942, dit que c’est au moyen de l’accentqu’on peut distinguer’issâh, «femme, s de îssd’, «ilprend.» Les massorètes ont ingénieusem*nt complétéet combiné le système des accents, pour marquer lasyllabe tonique, unir ou disjoindre les mots, ponctuerles phrases et même servir de notation musicale pourla lecture correcte des textes sacrés dans les réunionsdes synagogues. En vingt-huit passages, les massorètesinterrompent un verset par un petit cercle appelé pisqâ’, «pause,» pour indiquer un changement de ton dans lalecture. Cf. Num., xxv, 19; Dent., ii, 8; Jos., iv, 1; vm, 24’; Jud., ii, 1; I Reg., xiv, 36; xvi, 2, 12; xvii, 37; xxi, 10; xxiii, 11; Il Reg., v, 19; vi, 20; vii, 4; xii, 13; xvii, 14; xviii, 2; xxi, 1, 6; xxtv, 10, 11, 23; III Reg., xiii, 20, etc.

IV. Valeur de la massore. — Les massorètes ontrendu de réels et importants services à la critiquetextuelle de la Bible, en fixant nettement l’état du texteà leur époque et en le protégeant contre les corruptionsultérieures. Grâce à eux, nous possédons la Bible, hébraïqueen l’état où elle se trouvait au v siècle après J.-C, et même bien antérieurement, puisque les massorètess’appuient surtout sur les travaux des docteurs qui lesavaient précédés. Le scrupule qui les a empêchés decorriger quoi que ce soit dans le texte lui-même et leura inspiré de mettre en marge leurs annotations constitueune garantie de plus en faveur de la valeur objectivede leur œuvre. Ils ont encore eu le mérite de fixer laprononciation de l’hébreu, et d’en faciliter l’intelligence, par leur ponctuation. Il est assez probable que laprononciation réglée par leurs points-voyelles et leursaccents diffère de celle des anciens Hébreux. Elle n’ena pas moins sa très grande utilité. Il n’est pas indifférentde remarquer que la secte des Caraïtes, qui rejetteen bloc toutes les traditions rabbiniques, voir Caraïtes, t. ii, col. 243, adopte cependant les points-voyelles etla prononciation massorétique de l’hébreu. Ce faittendrait à prouver l’ancienneté de la vocalisation fixéepar les massorètes. La peine que se sont donnée cesderniers pour noter les irrégularités verbales, lesvariantes et tout ce qui intéresse la lettre du texte, n’apas été non plus sans résultat, puisqu’elle a servi à mieuxexpliquer le texte lui-même. Quand la massore seramieux connue et mieux étudiée dans le détail, elle fournirasans nul doute des ressources plus précieuses encorepour l’intelligence des textes sacrés. À ces divers titres, les massorètes méritent reconnaissance. Il importe peudès lors qu’une partie de leurs efforts aient été consacrésà des puérilités et à des préoccupations plus oumoins étranges. La notation de lettres soi-disant mystérieusessent déjà la kabbale. Voir Kabbale, t. iii, col. 1881. Le remplacement de mots qu’ils regardentcomme obscènes serait une impertinence envers lesauteurs sacrés, si le changement des temps n’imposaitparfois au langage certaines modifications. Quant aucompte et à la forme des lettres, aux lettres médianes, et à ces mille détails d’ordre tout conventionnel, ce sontchoses inutiles, dans la plupart des cas. Un respectexagéré pour la lettre de la Bible a pu inspirer cesrecherches, mais ne leur a communiqué aucune utilitépratique. — Sur la Massore, voir EUas-Lévita, ifassoret

kani-Massoret, ou «Clef de la Massore»; cf. t. ii, col. 1669; Chr. D. Ginsburg a publié The Massoret-ha~Massoreth of Elias Levita, Londres, 1867 (texte hébreuavec traduction anglaise); J. Buxlorf, Tiberias sivecommentarius Masorethicus quo primum explicaturquid Masora sit, tum historia Masoretharum ex Hebrseorumannalibus excutitur… secundo clavis Masorsetraditur, Bâle, 1700, publié d’abord à la fin du rv «vol.de la Biblia maxima Rabbinica, Bâle, 1620; Cappel^Critica sacra, iii, 15; v, 12, Paris, 1650, p. 170-372; .Morin, Exercitationes biblicse, ii, 12, Paris 1669, p. 383; : Walton, Biblia polyglotta, Londres, 1654, dont les Prolegomena, rv, traitent de la massore, dans le SacrseScripturee Cursus completùs de Migne, Paris, 1839, t. i; col. 265-290, et ensuite de la kabbale, col. 290-296°; , Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 131-159; A. Gilly, Précis d’introductionà l’Écriture Sainte, 3 in-12, Nimes, 1867, t. i, p.148-150; Cornely, lntroductio in utriusque Testamentilibros sacros, 4 in-8°, Paris, 1885, t. i, p. 258-262; Harris, The rise and development of the Massorah, dans-TheJewish Quarterly Review, i, 1889, p. 128-142, 223257; Blau, Masoretische Untersuchungen, Strasbourg, 1891, et Massoretic studies, dans The Jewish Quart.Review, viii, 1896, p. 343-359; ix, 1897, p. 122-144, 471490; Ginsburg, The Massorah compiled front manuscripts, Londres, 1880-1885, et Introduction lo the massoretico-criticalédition of the Hebrew Bible, Londres, 1897; Hyvernat, Petite introduction à l’étude de la Massore, dans la Revue biblique, 1902, p. 551-563; 1903, .

p. 529-549.

H. Lesêtre.

    1. MASSORÈTE##

MASSORÈTE, nom donné aux savants juifs qui ontcompilé la Massore. Voir Massore, I, col. 855.

    1. MASSUE##

MASSUE, morceau de bois qui va en grossissant à, l’une de ses extrémités, et dont on se sert pour frapper, , assommer, briser, enfoncer, etc. La massue s’appelle enhébreu tôtafy, le tartahu assyrien, que les versions, rendent par crçûpa, nialleus, «marteau.» Pour l’hippopotame, «le fôfâh n’est qu’un brin de paille.» Job, xli, .20. Contre un tel animal, on lève plutôt une massue qu’unmarteau. La massue est le çôizaloy des Grecs, lliad., Hl r559, Odys., ix, 319; Sophocle, Trachin., 512, etc., et laclava des Latins. Cicéron, Verr., ii, 4, 43; De senect., 16/ Silius Italicus, viii, 524, etc. La xopvvri était la massuedeguerre, lliad., vii, 141; Hérodote, i, 59. Les Assyriens, qui suivaient l’armée de Xerxés portaient des massues, de bois hérissées de nœuds de fer. Hérodote, viï, 63. Ilest possible que leurs devanciers aient déjà connu cettearmeet que, par conséquent, les Hébreux l’aient vueaux mains de leurs ennemis. — Les Septante ont traduitpar pdirâ).ov l’hébreu nié fît, Prov., xxv, 18, qui désignele marteau de guerre et peut s’entendre parfaitementd’une sorte de massue armée de fer. Le Sêbét oubâton était aussi employé comme arme et devait prendrealors une forme approchant de celle de la massue.Voir Bâton, t. i, col. 1513. Cf. Is., x, 24; xiv, 5;

xxviii, 27.

H. Lesêtre.

    1. MASTELYN Marc##

MASTELYN Marc, commentateur belge, chanoinerégulier, né à Bruxelles vers 1599, mort aux Sept-Fonsle 23 décembre 1652. Il embrassa la vie religieuse àGroenendæl près de Bruxelles et suivit à Louvain lescours de théologie, qu’il fut eusuite chargé de professerdans son monastère ainsi que la philosophie. Il fut prieurdu monastère de Sept-Fontaines. Il compléta et publiaun travail sur les Psaumes commencé par Jean deBercht, un de ses confrères: Elucidatorium in PsalmosDavidicos, in-4°, Anvers, 1634. — Voir Pagnot, Mémoirespour servir à l’hist. littéraire des Pays-Bas, t. IX, p. 360; A. Goeværts, dans Biographie nationale deBelgique, t. xa., 1891, ç. 6-Vi. t&. Hsxiïsîsws..

861

MAT — MATHAN

862

NIAT (hébreu: hibêl, de hébél, «cordage, b tôrén; Septante: 1<jtôç; Vulgate: malus), pièce de bois dresséesur un navire pour supporter la voilure. — Dans lesProverbes, xxiii, 34, seul passage où se lise le mot hibêl, l’ivrogne est comparé à l’homme couché sur le sommet

montagne. Le prophète annonce à Israël qu’en punitionde ses infidélités, il en sera réduit à fuir même devantdes ennemis peu nombreux, jusqu’à ce qu’il reste isolécomme un mât au sommet de la montagne et un étendardsur la colline. Voir Étendard, t. ii, col. 2000. Ce

230. — Mât d’un navire de guerre philistin. Tomheau de Bamsès III à Médinet-Habou.D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. 220.

d’un mât. Il est terriblement ballotté quand la mer est tantsoit peu agitée, à cause de l’amplitude que la hauteur dumât donne aux moindres mouvements du navire. Sur unnavire de guerre philistin (fig. 230), on voit des combat23t. — Mâts d’ornement à banderoles en Egypte.D’après Maspero, Archéologie égyptienne, 1887, fig. 7p", p. 71.

tants qui chancellent au haut des mâts, un entre autresqui tombe d’une espèce de hune construite au sommetdu mât principal. — Isaïe, xxxiii, 23, compare l’Assyrieà un navire désemparé, dans lequel les cordages neserrent plus le pied du mât pour tendre les voiles. Ézéchiel, xxvii, 5, décrit aussi la cité de Tyr sous la figured’un vaisseau dont le mât a été fait avec un cèdre du Liban.Voir Navire. — Dans un autre passage d’Isaîe, xxx, 17, le mât, fôrén, est un signal dressé sur le haut d’une

mât n’est pas un mât de navire, mais une haute pièce debois dressée sur un lieu élevé pour y servir de signal.Israël, châtié par Dieu, restera au milieu des peuplescomme le témoignage visible de la justice divine quipunit les rebelles. En Egypte, sur la façade des temples, on employait des mâts analogues, formés de poutresentéesl’une dans l’autre et consolidés par des agrafes, pour soutenir des banderoles décoratives (fig. 231). Cf.Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, p. 70.

H. Lesêtre.

    1. MATHAN##

MATHAN (hébreu: Matfân, «don» ), nom d’unprêtre de Baal et de deux Israélites. C’est une abréviationde Mathanias. Voir Mathanias.

1. MATHAN (Septante: Ma8âv, MaTÔâv), prêtre deBaal qui desservait le temple de ce dieu à Jérusalemsous le règne d’Athalie. Il est possible qu’il fût phénicienet non d’origine juive, le nom de Mathan était, usité en Phénicie et à Carthage. Gesenius, Thésaurus, p. 929. Athalie l’avait sans doute amené avec elle dans lacapitale de la Judée. Il fut tué après la reine, devant l’autelmême de Baal, lorsque Joas eut été proclamé roi parle grand-prêtre Joïada. IVReg., xii, 18; II Par., xxiii, 17.

2. MATHAN (Septante: NiSocv), père de Saphatias, contemporain de Jérémie. Jér., xxxviii, 1; Voir Saphatias, fils de Mathan.

3. MATHAN (Ma-rdôv), fils d’Éléazar, père de Jacob etgrand-père de saint Joseph, époux de la Sainte Vierge, dans la généalogie de saint Matthieu, i, 15. La placecorrespondante dans la généalogie de saint Luc, iii, 29, est occupée par Mathat, ce qui a fait croire à un certainnombre de commentateurs que Mathan et Mathatsont un seul et même personnage, mais on ne sauraitl’établir. D’après Nicéphore, H. E., II, iii, t. cxlv, col. 760, Mathan aurait été prêtre, ce qui est en contradictionavec la généalogie évangélique, et père d’Anne, qui devint la mère de la Sainte Vierge. 863

MATHANAÏ — MATHATIAS

-864

    1. MATHANAÏ##

MATHANAÏ (hébreu: Mafnaï), nom de trois Israélitesqui vécurent après la captivité. Leur nom hébreuest probablement une contraction de Mathanias. VoirMathanias.

1. MATHAMAI (Septante: Metôavia; Sinaiticus: MaOaviâ), un des fils d’Hasom qui avait épousé unefemme étrangère et qui la renvoya du temps d’Esdras.

I Esd., x, 33.

2. MATHANAÏ (Septante: Marfavai), un des fils deBani qui s’était marié avec une étrangère et qui la répudiaaprès le retour de la captivité. I Esd., x, 37.

3. MATHANAÏ (Septante: HoctSavaf), prêtre, descendantde Joïarib, qui vivait du temps du grand-prêtreJoacim, fils de Josué. II Esd., xii, 19.

    1. MATHANIA##

MATHANIA, MATHANIAS (hébreu: Mattanyâhû, et, par abréviation: Mattanyâh, «don de Yah ou Jéhovah» ), nom de onze Israélites. La Vulgate l’a rendu tantôtpar Mathanîa, tantôt par Mathanias, une fois par Mathaniaû.I Par., xxv, 4. Les noms de Mathan et de Mathanaïne sont probablement qu’une contraction deMathanias.

1. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: B «T6av{a; ; Alexandrinus: Ms09aviaç), nom que portaitle roi de Juda Sédécias avant qu’il fût élevé sur letrône. IV Reg., xxiv, 17. Voir Sédécias.

2. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: MatÔavJaç), lévite, fils de Micha, descendant d’Asaph, qui vivait après la captivité à Jérusalem. I Par., ix, 15.

II habitait Jérusalem et était le chef des lévites chargésde prier et de louer Dieu dans le Temple, II Esd., xi, 17, par le chant des hymnes, c’est-à-dire chef des chantres.II Esd., xii, 8. Il est sans doute aussi le même quiétait chargé, avec quelques autres, de la garde des portesdu saint lieu, II Esd., xii, 25, car c’était une des fonctionsque remplissaient les chantres. I Par., xv, 18, 21.

3. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâhû; Septante: MatOavïa; ), lévite, un des quatorze fils d’Heman, quivivait du temps de David. Il fut le chef de la neuvièmeclasse de musiciens, comprenant ses fils et ses frères, composée de douze personnes. I Par., xxv, 4, 16. Au ꝟ. 4, la Vulgate écrit son nom Mathaniaû.

4. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: Ma-rflctvfa; ), lévite, de la famille d’Asaph, ancêtre deJahaziel, fils de Zacharie, qui prédit au roi Josaphat lavictoire sur les Moabites. II Par., xx, 14.

5. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâhû; Septante: Maxôavi’aç), lévite de la famille d’Asaph, qui prit part àla purification du Temple de Jérusalem sous le règned’Êzéchias. II Par., xxix, 13.

6. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: Maxôavîa), un des fils d’Élam qui avait épousé unefemme étrangère et qui la renvoya du temps d’Esdras.I Esd., x, 26. Voir Élam 4, t. ii, col. 1630.

7. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: Moctfaverf), un des fils de Zéthua qui avait épousé unefemme étrangère et qui fut obligé par Esdras à la répudier.II Esd., x, 27.

8. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: Matôavia), un des fils de Phahath-Moab, qui vivait dutemps d’Esdras. II dut renvoyer une femme étrangèreavec laquelle il s’était marié. I Esd., x, 30.

9. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; Septante: Matôavt’a), un des nombreux fils de Bani qui avaient épousédes femmes étrangères et qui furent forcés par Esdrasà les renvoyer. I Esd., x, 37. Voir Bani 1, t. i, col. 1429.

10. MATHANIAS (hébreu: Matanyâh; Septante: MotTÛavtaç), père de Zaccur et ancêtre de Hanàn gardiendes greniers sous Néhémie. Il Esd., xiii, 13.

11. MATHANIAS (hébreu: Mattanyâh; SeptanteMaxÔa’jLa), prêtre, fils de Michaïa, ancêtre de Zachariequi vivait du temps de Néhémie et jouait de la trompette.II Esd., xiii, 34 (hébreu, 35). D’après plusieursinterprètes, ce Mathanias, qui avait pour père Michaïaet comptait un Asaph parmi ses aïeux, n’est pas différentde Mathanias 2, lévite descendant d’Asaph et filsde Micha. Micha peut s’écrire en effet Michaïa et, malgréla différence d’orthographe, Micha et Michaïa peuventêtre la même personne. Mais le texte sacré fait du filsde Micha un lévite et du fils de Michaïa un prêtre. Cettedifférence notable suffit pour distinguer Mathanias leprêtre du Mathanias lévite.

    1. MATHANIAU##

MATHANIAU, orthographe, dans la Vulgate, dunom de Mathanias, fils d’Héman. I Par., xxv, 4. VoirMathanias 3.

    1. MATHANITE##

MATHANITE (hébreu: ham-Mitnî; Septante: &MaxBom), surnom patronymique ou ethnique de Josaphat, un des vaillants soldats de David. I Par., xi, 43.Voir Josaphat 5, t. iii, col. 1650. Ce surnom pouvaitdésigner la famille ou plus probablement la patrie deJosaphat, mais on ne trouve rien dans l’Ancien Testamentqui puisse nous éclairer à ce sujet.

    1. MATHAT##

MATHAT (MaxElât), nom de deux personnages quifigurent dans la généalogie de Notre-Seigneur en saintLuc, iii, 23 (grec, 24), 29.

1. MATHAT, fils de Lévi et père d’Héli qui fut le pèrede saint Joseph, époux de la Sainte Vierge. Luc, iii, 23(grec, 24). Voir Généalogie 2, t. iii, col. 166.

2. MATHAT, fils de Lévi et père de Jorim, ancêtre deNôtre-Seigneur qui vivait avant la captivité de Babylone.Luc, iii, 29.

    1. MATHATHA##

MATHATHA (hébreu: Mattaftâh; Septante: Max6a61), nom de deux Israélites. C’est probablement uneabréviation de Mathathias. Voir Mathathias.

1. MATHATHA, un des fils d’Hasom qui vivait datemps d’Esdras et avait pris une femme étrangère qu’ildut renvoyer. I Esd., x, 33.

2. MATHATHA, un des ancêtres de Notre-Seigneurdans la généalogie de saint Luc, W, 31. Il était fils deNathan et petit-fils de David.

    1. MATHATHIAS##

MATHATHIAS, nom de dix personnages. Il estécrit avec quelques légères variantes en hébreu et dansle grec de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Vulgatea uniformément Mathathias. Il signifie «don deYah ou Jéhovah», et correspond au grec, ©Eo’Swpoç, ®eo8<ipr|Toç, 0eo8(5mo; , ©e680xo<; . Voir aussi Mathan, Mathanaï, Mathanias, Mathat, Mathatha, Matthieu, Matthias.

1. MATHATHIAS (hébreu: Mattitydh; Septante: M «T6a8faç), lévite, fils atné de Sellum, descendant deCoré, qui vivait à Jérusalem et était chargé de la préparationdes gâteaux qu’on faisait frire dans la poêle pourles offrandes religieuses. I Par., rx, 31.

2. MATHATHIAS (hébreu: Mattityâhû; Septante: Ma-c6aO; <x, MaTÔaOîote I Sinaiticus: MeTraOt’oc), lévite quivivait du temps de David et fut un des musiciens placéssous la direction d’Asaph. Il jouait devant l’arche dukinnôr (be-kinnôrôt’al haS-semînîf). I Par., xv, 18, 21; xvi, 5. Dans ce dernier passage, le texte hébreu écritson nom Mattityâh et le grec, MarraOîaç. S’il est lemême, comme on ne peut guère en douter, que le Mathathias(hébreu: Mattityâhû; Septante: MarOaOiaç; Alexandrinm: MaTtaôta; ), nommé I Par., xxv, 3, ilétait le sixième fils d’Edithan, l’un des trois chefs dechœur de David, et avait été d’abord sous sa direction; lorsqu’on distribua les musiciens en classes qu’on tiraau sort, il fut à la tête de la quatorzième division, composéede ses fils et de ses frères et comprenant douzepersonnes. I Par., xxv, 21.

3. MATHATHIAS (hébreu: Maftityâk; Septante; MaTSavt’aç), un des fils de Nébo qui avait épousé unefemme étrangère et la répudia du temps d’Esdras.I Esd., x, 43.

4. MATHATHIAS (hébreu: Mattityâh; Septante: M «t9a9t’ac), le premier des six personnages qui se tinrentà la droite d’Esdras pendant que celui-ci fit aupeuple la lecture de la Loi. Mathathias était peut-êtreun prêtre ou du moins un homme notable. II Esd., viii, 4.

5. MATHATHIAS (grec: Mavcætaç), prêtre de la famillede Joarib (voir Joïarjb 1, t. iii, col. 1596), pèredes cinq frères Machabées qui affranchirent les Juifs dujoug des Séleucides. Il descendait d’Asmon ou Hasmon, par Simon, son grand-père, et Jean, son père. I Mach., il, 2-5; xiv, 29. Voir col. 480. C’était un prêtre plein dezèle pour l’observation de la Loi. Il était déjà avancéen âge lorsque Antiochus IV Épiphane, roi de^ Syrie(175-164 avant J.-C), le premier des persécuteurs de lareligion, voulut imposer de force aux Juifs les pratiquespolythéistes des Hellènes. Voir t. i, col. 697.Mathathias, accablé de douleur, s’était retiré de Jérusalemet réfugié avec ses fils à Modin. Voir Modin. Lapersécution alla l’y chercher. Des envoyés d’Antiochuss’y rendirent afin de forcer les habitants à sacrifier auxfaux dieux. Ils pressèrent le vieillard d’obéir aux ordresdu roi, en lui faisant les plus magnifiques promesses. «Quand toutes les nations obéiraient au roi Antiochus, répondit-il, … moi et mes fils et mes frères, nous obéironsà la loi de nos pères… Nous n’écouterons pas lesparoles du roi Antiochus, et nous ne sacrifierons pasen transgressant les commandements de notre Loi.» I Mach., ii, 19-22. Et comme un Juif infidèle s’apprêtaità sacrifier aux idoles, Mathathias, saisi de douleur, seprécipita sur lui et le tua sur l’autel. Il frappa enmême temps l’envoyé d’Antiochus et détruisit l’autelidolâtrique. Ce fut là le commencement de la guerresainte. «Que quiconque a le zèle de la Loi, me suive!» s’écria l’héroïque vieillard, et lui et ses fils s’enfuirentsur les montagnes, I Mach., ii, 27-28. Les Juifs fidèles, les Assidéens (t. i, col. 1131) les y rejoignirent engrand nombre et ainsi se forma une petite armée, àqui le saint vieillard inspira son ardeur. Ils allèrenttous ainsi détruire les autels païens et circoncirë^ïësenfants incirconcis d’Israël. Après avoir ainsi enflamméles cœiïrs, sentant sa fin approcher, Mathathias exhortases fils à donner leur vie pour rester fidèles à la Loi etil désigna son fils Judas comme général de l’arméesainte. Le mouvement qu’il avait inauguré ne devaitplus s’arrêter jusqu’au complet triomphe. Il mourut en167 et fut enseveli à Modin, pleuré par tous les Juifsfidèles. I Mach., Il, 70. Ses cinq fils furent dignes d’un telpère: fidèles à ses recommandations, ils versèrent tousleur sang pour la cause sacrée de la religion et de lapatrie. Voir Machabées, col. 479. F. Vigouroux.


6. MATHATHIAS (grec: MaT8a6sat «), fils d’Absalom, IMach., xi, 70, et frère de Jonathas. I Mach., xiii, 11.Voir Jonathas, 4, t. iii, col. 1624. Lorsque Jonathas Mæhabéelivra bataille à l’armée syrienne de Démétrius, dans la plaine d’Azor(voir AsorI, 1, 3°, 1. 1, col. 1107), sestroupes s’enfuirent d’abord et la bataille eût été perduesi Mathathias et Juda, fils de Calphi, deux de ses principauxofficiers, n’avaient tenu bon avec lui. Leur résistancedonna aux fuyards le temps de reprendre courageet de se rallier à leur chef, qui remporta unevictoire éclatante. I Mach., xi, 67-74.

7. MATHATHIAS (grec: MarSaOîa; ), fils de SimonMachabée. Ptolémée, fils d’Abobi, gendre de Simon, etl’un de ses officiers, fit périr traîtreusem*nt Mathathias, avec le grand-prêtre Simon lui-même et son autre filsJudas, dans la forteresse de Doch (t. ii, col. 1454), oùil venait de leur donner un grand festin. I Mach., xvi, 11-17.

8. MATHATHIAS (grec: MaTOaOfct; ), nom d’un destrois ambassadeurs que Nicanor, général du roi dé SyrieDémétrius I er, envoya à Judas Machabée pour traiter dela paix, qui fut en effet conclue. II Mach., xiv, 19. LaVulgate a abrégé le nom de cet ambassadeur en Matthias.

9. MATHATHIAS (grec: MarSaSta; ), fils d’Amos etpère de Joseph le père de Janné, dans la généalogie deNotre-Seigneur en saint Luc, iii, 25.

10. MATHATHIAS (grec: Max8a6[’aç), fils de Séméiet père de Mahath, dans la généalogie de Notre-Seigneuren saint Luc, iii, 26.

MATHIAS. Voir Matthias.

    1. MATHIAS##

MATHIAS (Jacques de), luthérien danois, docteuren théologie, mort en 1586 a publié: Grammatica, Rhetorica, Dialectasacra, seu de tropis Sacrx Scriphirœvel Introductio ad Scripturam, ia-¥, Copenhague, 1589; Prselectiones in Ecclesiasten et Joelen, in-4°, Bâle, 1589; Prselectiones in Hoseam, in-4°, Bâle, 1590. — VoirWalch, Bibliotheca theol., t. ii, p. 498; t. iv, p. 568,

573.

B. Heurtebize.

    1. MATHISIUS##

MATHISIUS, MATTHYS, Gérard, théologiencatholique, né dans le duché de Gueldres vers 1523, mort à Cologne le 10 avril 1572 ou plus probablementle Il avril 1574. Il fit ses études à Cologne et professadans cette ville où, en 1545, il fut chargé d’enseigner legrec. Quelques années plus tard, en 1552, il devenaitdoyen de la faculté des Arts et, le 12 novembre 1557, ilétait nommé régent du collège Montanum, charge qu’ilexerça jusqu’à sa mort. Il avait été en outre recteur del’Université du 20 décembre 1562 au 24 mars 1564 et futchanoine de la collégiale des Saints-Apôtres, puis de lacathédrale de Cologne. Parmi ses écrits, on remarque: In Epistolam B. Pauli ad Romanos commentarianunc recens conscripta ac édita, in-12, Cologne, 1562.

— Voir Valère André, Biblioth. Belgica, p. 279; Pagnot, Mémoires pour servir à l’hist. littéraire des Pays-Bas,

t. viii, p. 302.

B. Heurtebize.

    1. MATHUSAEL##

MATHUSAEL (hébreu: Mefûsd’êl; Septante: MaOoudâXa), patriarche antédiluvien, le quatrième descendantde Caïn, fils de Maviaël et père de Lamech. Gen., iv, 18. Son nom a une forme archaïque; le premier élément, nietû, ne se retrouve que dans un autre nom propre dela même époque, celui de Mathusalem. D’après Gesenius, Thésaurus, p. 830, il se décompose en wid, forme

construite de hd, «homme, s en tf, abréviation de ~itfî»

T Y *

IV. - 28

867

MATHUSAEL — MATSOR

indiquant le génitif, et S», «Dieu:» «homme de Dieu.» F. Mùhlau et W. Volck, Gesenius’Handwôrterbuch, 8e édit., 1878, préfèrent dériver sâ’êl de sâ l al, «hommede prière» ou «de demande».

    1. MATHUSALA##

MATHUSALA, MATHUSALÉ, MATHUSALEM

(hébreu: MetûHêlah, «homme du trait, du dard» [?]; Septante: Ma90-jci>, «), fils d’Hénoch et père de Lamech, le huitième des patriarches antédiluviens de la branchede Seth. Son père Hénoch l’engendra à 65 ans; il eutlui-même son fils Lamech à 187 ans; après quoi il vécutencore 782 ans et mourut, après avoir engendré desfils et des filles, à l’âge de 969 ans: c’est la vie la pluslongue dont il soit parlé dans l’Écriture, d’où l’expressionproverbiale: «vieux comme Mathusalem.» Gen., v, 21-27. A’oir Longévité, col. 355. — Des critiques modernesprétendent que Mathusala et Mathusaël dont lenom se ressemble et qui ont l’un et l’autre un fils appeléLamech sont une seule et même personne, mais lesnoms de Mathusala et de Mathusaël ne sont pas identiqueset les deux Lamech sont différents. Voir Lamech 2, col. 42.

    1. MATIN##

MATIN (hébreu: bôqér; Septante: Ttpuf, npwsa; Vulgate: marie, dîluculo), partie de la journée qui encomprend les premières heures, et spécialement le tempsqui succède immédiatement à l’aurore. A’oir Aurore, 1. 1, col. 1265. Ce qui appartient au matin s’appelle dansles versions: £w91v<S<; , irptotviSç, matutinus. — 1° Dansle récit de la création, il est répété plusieurs fois que «il y eut soir, il y eut matin, ce fut un jour». Gen., i, 5, 8, 13, 19, 23, 31. Les Hébreux comptaient les joursd’un coucher de soleil à un autre, sans doute parcequ’ayant des mois lunaires, dont ils déterminaient lecommencement par une méthode tout empirique, ilstrouvaient naturel que le jour commençât comme lemois, le soir, à l’apparition de la lune. Mais cette manièrede limiter le jour n’était pas générale; les Égyptienset les Babyloniens le faisaient commencer au matin.Dans le texte de la Genèse, les mots «soir» et «matin» doivent donc être considérés comme leslimites d’une durée déterminée: il y eut soir, après lajournée écoulée, il y eut matin, après la nuit écoulée, et ce fut un jour. Dans Daniel, viii, 14, 26, au contraire, l’expression «soir matin», désigne un jour tout entier, comme le vu^TiiiEpov des Grecs, II Cor., xi, 25, comptéà la manière des Hébreux. Le prophète se sert sansdoute de cette expression composée parce que, dans cepassage, il est question du sacrifice perpétuel, et queles mots’éréb, «soir,» bôqér, «matin,» rappellent lesacrifice qui se faisait à ces deux moments de la journée.Cf. Rosenmûller, Daniel, Leipzig, 1832, p. 267; Fabred’Envieu, Le livre duprophète Daniel, Paris, 1891, t. H, 2° part., p. 817. Il est à remarquer cependant que, quand il s’agissait de manger l’agneau pascal, la manne, les victimes des sacrifices, Exod., ii, 10; xvi, 19; Lev., vii, 15, la journée s’étendait «jusqu’au matin», parce queces actes se faisaient plus communément le jour que lanuit, et qu’il fallait laisser une certaine latitude pourles terminer. — 2° Le matin était consacré par l’offrandede sacrifices dans le Temple, chaque jour, Exod., xxix, 38, 39; Num., xxviii, 4, et spécialement pendant les fêtesde la Pâque, Num., xxviii, 23, et durant les grandessolennités. Voir Sacrifices. C’est aussi le matin quel’on offrait l’encens, que l’on préparait les lampes dusanctuaire, Exod., xxx, 7, que l’on mettait du bois surl’autel des holocaustes, Lev., vi, 5, etc. Le matin étaitconsidéré comme le temps propice pour la prière. Ps. v, 4, 5; lxxxviii (lxxxvii), 14; cxlih (cxui), 8; exix(cxvin), 148; Is., xxvi, 9; Eccli., xxxix, 6; Sap., xvi, 28, etc. Chaque matin, - les Juifs récitaient le schéma, prière composée de trois passages de la Bible: Deut: , vi, 4-9; xi, 13-21; Num., xv, 3741. Cette prière devait se

dire dès le lever du jour, dès qu’on pouvait distinguerentre le bleu et le blanc. Berachoth, I, 1, 2. — 3° Onn’avait pas coutume de manger ni de boire dès le matin, ou du moins on ne le faisait que très légèrement.La matinée appartenait au travail et à l’accomplissem*ntdes différents devoirs d’état. C’était, pour le prince, l’heure de rendre la justice. Jer., xxi, 12. Aussi desprinces mangeant le matin, et consacrant ainsi à degrossières jouissances les moments les plus précieux"de la journée, faisaient le malheur de leur pays. Eccle., x, 16. Boire et s’enivrer le matin était une marque dedécadence morale. Is., v, 11. Les Juifs ne prenaient rienavant l’heure de la prière publique, qui était la troisièmeheure ou neuf heures du matin. Berachoth, ꝟ. 28, 2. C’est pourquoi quand, à la Pentecôte, on accuseles disciples d’être ivres, saint Pierre se contente, pourles défendre, de dire qu’on n’est encore qu’à la troisièmeheure. Act., ii, 15. — 4° Ce fut le matin, dès lapointe du jour, que Notre-Seigneur fut jugé officiellementet condamné par le sanhédrin, Matth., xxvii, 1; Marc, xv, 1, et que, deux jours après, il ressuscita.Marc, xvi, 2, 9; Luc, xxiv, l; Joa., xx, 1. — 5° L’étoiledu matin est la planète Vénus, la plus brillante de touteset qui est surtout remarquable lorsqu’elle précède lelever du soleil. Eccli., l, 6; Apoc, ii, 28; xxii, 16. Lanuée du matin est, en Orient, une nuée qui disparaîtvite à la chaleur des rayons solaires. Ose., vi, 4; xiii, 3; Am., iv, 13. Sur la pluie du matin, Joël., ii, 23, qui estdans l’hébreu la pluie «de la première saison», voirPluie. — 6° L’expression «du matin au soir» marquetantôt la continuité d’une action qui se prolonge touteune journée, Exod., xviir, 13, 14; Ps. cxxx (cxxix), 6;

I Mach., ix, 13; x, 80; Act., xxviii, 23, etc., tantôt, aucontraire, la rapidité de ce qui ne dure qu’un jour.Job, iv, 20; Is., xxxviii, 12; Eccli., xviii, 26, etc. Lemot hiSkîrn, «se lever matin,» très souvent employédans l’Ancien Testament, marque, suivant les cas, l’empressem*nt avec lequel on fait une chose, dès lepoint du jour, la considérant comme la première à mériterl’attention, Gen., xix, 27; xxi, 14; Exod., viii, 20; Num., xiv, 40; Deut., xvi, 7; Jos., vii, 16; II Reg., xv, 2; Job, xxiv, 14; Prov., i, 28; viii, 17; Jer., vii, 25, etc., ou la diligence particulière qu’on apporte à exécuter unacte important. HPar., xxxvi, 15; Jer., vii, 13; Soph., iii, 7, etc. Pendant les jours qui précédèrent sa mort, le.Sauveur enseignait dans le Temple, et le peuple s’empressaitdès le matin, wpôptÇev, manicabat, pour venirl’écouter. Luc, xxi, 38. Le verbe ôp8pîÇe[v correspond àl’hébreu hïSkîm, se lever matin, s’empresser. Quant auverbe manicare, qui vient de mane, «matin,» il n’existepas dans le latin classique et étonnait saint Augustin, qui le trouvait dans une ancienne traduction de Jud., IX, 32, et lui préférait maturare. Quœst. in Heptat., vii, 46, t. xxxiv, col. 808. Il se lit dans saint Pierre Chrysologue, Serm., 82, t. lii, col. 431, et ensuite assezsouvent dans le latin du moyen âge. H. Les être.

    1. MATRED##

MATRED (hébreu: Matrêd, «poussant en avant[?],» Septante: Matpa’ft), MaTpâS), fille de Mézaab et mère deMéétabel, laquelle devint la femme d’Adar ou Adad, roid’Édom. Gen., xxxvi, 39; I Par., i, 50. Voir Adad 2, 1. 1, col. 165.

    1. MATSOR##

MATSOR (hébreu: Mâfôr), nom de l’Egypte, d’aprèsun grand nombre de commentateurs modernes, dansIV Reg., Xix, 24; Is., xix, 6; xxxvii, 25; Mich., vii, 12.Les anciennes versions ont pris à tort ilâçôr pour unnom commun dans ces passages et lui ont donné lesens de «forteresse, fortification» (Septante itepioxti; Vulgate: [civitas] munita), signification qu’a, en effet, ce mot, Ps. xxxi (xxx), 22 (in civitate munita); lx (lix),

II; Hab., -11, 1; H Par., viii, 5, ou bien elles l’ont traduitd’une façon plus ou moins analogue. Ainsi la VulMATSOR — MATTHANA

870

gâte, au lieu de i canaux d’Egypte s, traduit agute clausse, IV Reg., xjx, 24, c’est-à-dire «eaux gardées, défendues»; rivi aggerum, Is., xix, 6; xxxvil, 25, pour «ruisseauxd’Egypte garnis de remblais, de retranchements» "; civitatesmunîtes, Mich., vii, 12, «villes fortifiées» pour «villes d’Egypte». On peut admettre d’ailleurs que lenom propre de Màsôr vient de ce que la route d’Asieen Egypte était défendue par des forteresses (égyptien: mtr, msr). Cf. Diodore de Sicile, i, 31: ’H Aî-pjitrocTOtvTer^ôdev <pv<rixûc îu^iipMTai. Les anciens Égyptiensn’ont jamais désigné leur pays par ce nom, mais lesAssyriens l’appelaient aussi Musur, Musru, Misr (Misri, généralement dans les lettres de Tell el-Amarna). Lesconsonnes du nom de Mâsôr sont les mêmes que cellesde Misravm, ce qui a fait penser à quelques-uns queMàsôr est la forme simple de Misraïm, mais ce pointest douteux.

    1. MATTHÂI##

MATTHÂI (Christian Friedrich von), philologueallemand, né à Grôst (Thuringe) le 4 mars 1744, mort àMoscou le 14 (26) septembre 1811. Après avoir reçu sapremière éducation à l’école de Sainte-Croix (Kreuzschule) à Dresde, il étudia depuis 1763 à l’université deLeipzig et devint en 1772, à Moscou, professeur extraordinairede littérature ancienne. Dans un voyage enSaxe, une maladie mit obstacle à son retour en Russie.En 1785 on lui conféra, dans sa patrie, la place de recteurà la Landesschule de Misnie et en 1789, le titre deprofesseur de langue grecque à l’université de Wittenberg.Nommé en 1805 conseiller aulique de Russie, ilretourna à Moscou, où il reprit ses fonctions de professeurde littérature classique. — Au xviii» siècle lestrésors littéraires des bibliothèques de Russie étaientencore peu connus et peu exploités: Matthâi en tiragrand profit pour ses nombreuses publications, dont ilenrichit tant la littérature grecque profane que la littératuresacrée du Nouveau Testament. Ses œuvres principalesrelatives à la science biblique sont: 1° BîxTopoç7rpE<rëuTÉpoij’AvTtox «’ « «x «l ètXXwv tivûv if fuv 7taTép<t>vc^riYTjcrie et; to xaxà Mripxov âftov EÙafYÉXtov; ex codicibusMosquensibus in-8°, edidit, Moscou, 1775. —2° Sanctorum Apostolorum septem Epistolse catholicæ; ad codiçes manuscript. Mosquenses primum a se examinâtesrecensuit et inedita scholia grmea adjecit, versionem latinam vulgatam codici diligentissimescripto conformavit, in-8°, Riga, 1782. — 3° Actus Apostolorum, grsece et latine; textum ad codices manuscript.Mosquenses… recensuit, etc. (comme le précédent), in-8°, Riga, 1782. — 4° D. Pauli Epistolee ad Romanos, ad Titum et ad Philemonem, grsece et latine; variaslecliones ex codicibus manuscript. Mosquens. numquamantea examinatis, scholia grseca, maximam parteminedila, et animadversiones criticas adjecit, in-8°, Riga, 1782. — 5° D. Pauli Epistolse ad Hebrssos et ad Colossenses, grmee et latine; varias lecliones, etc. (comme leprécédent), in-8°, Riga, 1784. — 6° D. Pauli EpistolseI" et II* ad Corinthios, grsece et latine; varias lectiones, etc., in-8°, Riga, 1787. — 7° D. Pauli Epistolœad Galatas, adEphesios et ad Philippenses, grsece et latine; varias lectiones, etc., in-8°, ’Riga, 1789. — SfD. PauliEpistolse ad Thessalonicenses et ad Timotheum, grseceet latine; varias lectiones, etc., et animadvefàionescriticas adjecit, ac denuo recensuit; cum notitia codicumreliquorum omnium, codicum speciminibus etappendice, in-8°, Riga, 1785.— 9° Johannis Apocalypsis, grsece et latine; ex codicibus numquam antea examinatisedidit et animadversiones criticas adjecit, in-8°, Riga, 1786. — 10° Evangelium secundum Joannem, grsece et latine; ex codicibus, etc. (comme le précédent), in-8°, Riga, 1786. — 11° Evangelium secundum Lucam, grsece et latine, etc., in-8°, Riga, 1786. — 12° Evangeliumsecundum Marcum, grsece et latine, etc., in-8°, .Riga, 1787. — 13° Evangelium secundum Matthseum,

grsece et latine, etc., cumaliquot codicum speciminibuset indice codicum omnium, qui in quattuor Evangeliisprimo sunt adhibiti, in-8°, Riga, 1788. — 14° TredecimEpistolarum Pauli codex grsecus cum versione latinavetere vulgo antehieronymiana, olim Bœmerianus, nûne bibliolhecx electoralis Dresdensis, summa fideet diligentia transcriptus et editus; cum tabulis sereexpressis; accessit ex eodem codice fragmentum MarciM, in-4°, Misnie, 1791. — 15° Euthymii ZigabeniCommentarius in quattuor Evangelia, grsece et latine.

— Textum grsecum numquam editum ad fidem duorumcodic. membranaceorum bibliothecarum SS. SynodiMosquensis auctoris œtate scriptorum diligenterrecensuit et repetita versione latina Joannis Henteniisuisque adjectis animadversionibus edidit, 3 in-8°, Leipzig, 1792. — 16° Animadversiones ad OrigenisHexapla, ex, codice B SS. Synodi MosquensisNum. xxxi in-folio excerptse. Dans le Repertorium furbiblische und morgenlàndische Litteratur, IV. Theil, Leipzig, 1779. — 17° Varise lectiones ad LXX, lectionesAquilse, Symmachi, Theodotionis et editionis quintseet sextx ad Canticum canticorum, dans le même ouvrage, XVI. Theil, Leipzig, 1785. — 18° Ueber die sogenanntenRecensionen, welche Bengel, Semler undGriesbach in dem griechischen Text des Neuen Testamenteswollen entdeckt haben, in-8°, Ronneberg etZwickau, 1804. Matthâi considérait les manuscrits qu’iléditait comme le texte primitif du Nouveau Testament.Il y avait, en effet, une concordance presque complètedans ces documents. Quant aux différences peu considérables, Matthâi les attribuait aux essais de correctiond’Origène, de saint Jean Chrysostome et d’autres Pèreset commentateurs. C’était une erreur; car les documentsdont il se servait, d’ailleurs très importants, provenaientpour la plupart du mont Athos et ne contenaient que letexte byzantin. L’erreur fut relevée par Griesbach, Eichhorn, Semler et autres. Les éditions de Matthâi n’enconservent pas moins une valeur durable à cause desmatériaux qu il y a réunis. — Voir Meusel, Dos gelehrteTeutschland, Lemgo, 1797, t. v, p. 68-72; Allgemeinedeutsche Biographie, t. xx, p. 606; O. von Gebhardt, dansHerzog, Realencyclopâdie, 3e édit., t. ii, p. 757; A. Julicher, Einleitung in das Neue Test., Ie et 2e édit., Leipzig, 1894, p. 397; F. S. Freukle, Einleitung in dasNeue Test., Fribourg, 1897, p. 456; Hermann Freiherrvon Soden; Die Schriften des Neuen Test., t. i, part, i, Berlin, 1902, p, 5. E. Michels.

    1. MATTHANA##

MATTHANA (hébreu: Matfânâh, «don;» Septante: MavOavoiEfv), cinquante-troisième station desIsraélites se rendant d’Egypte en Palestine. Elle est mentionnéeseulement dans les Nombres, xxi, 18-19, entreBéer (le Puits) et Nahaliel. Voir Béer 2, t. i, col. 1548.Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 274, 275, disent que Matthana s’appelait deleur temps Maschana et était situé sur l’Arnon, à douzemilles (dix-huit kilomètres) à l’est de Médaba. Que Matthanahait été à l’est de Médaba et à douze milles decette ville, c’est assez difficile à admettre, parce qu’ilen résulterait que les Israélites, pour se rendre dansla Terre Promise, auraient fait à l’est un long détour qu’onaurait de la peine à expliquer. Aussi Hengstenberg, DieGeschichte Bileani’s, in-8°, Berlin, 1842, p. 240, note, croit-il qu’il faut lire «au sud». Voir aussi Keil, Pentateuch, t. iii, 1867, p. 147. Quoi qu’il en soit, le siteprécis de Matthanah est inconnu. Tout ce que l’on peutdire, c’est que cette localité était sur la route de l’Arnonaux plateaux de Moab, au nord de l’Arnon et à l’orientde la mer Morte. Le campement de Matthana n’est pasmentionné dans le catalogue de Num., xxxiii, 45. Descritiques modernes pensent qu’il ne doit pas y figurer, en effet, parce que Matfânâh est un nom commun, quia été pris à tort pour un nom propre, et que les mots;

ilim-midbdr Maftdndh, doivent être considérés commeformant la finale du chant du Puits (voir ce chant, Béeh 2, t. i, col. 1548), et signifient: «(Puits, ) don du désert.» Voir G. B. Gray, À critical and exegetical commentanton the Numbers, in-12, Edimbourg, 1903, p. 290. Cetteinterprétation est en contradiction avec les versions anciennes.Le Targum d’Onkélos et la version arabe fontseuls exception. Wallon, Polyglott., t. r, p. 638-639; t. iv, p. 280-281.

MATTHI^ Christian, théologien danois protestant, né vers 1584 à Meldorp dads le Holstein, mort à Utrechtle 20 ou 21 janvier 1655. Après [avoir exercé diversesfonctions, il fut nommé professeur de théologie à Altdorfd’où il revint en 1622 à Meldorp comme surintendantdes églises de la province. Il obtint, en outre, une chaireà l’université de Sora. En 1639, il vint en Hollande ethabita successivement les villes de Leyde, La Haye etUtrecht. On remarque parmi ses ouvrages: HethodicaSacrée Scripturse loca vindicandi ratio, in triade locoruni, videlicet Zach., xii, iO de Messise divinitate etofficio; Johan., xx, 28 de Thomse apostoli fide et confessione; I Johan., ii, i, 2, de Christo advocato et propitiatorenoslro, in-4°, Nuremberg, 1618; Historia patriarcharumin qua illorum ortus, progressas atqueegressus methodo nova et artifwiosa describuntur, in-4, Lubeck, 1642; Analyste logica in Matthseum evangelistani, in-4°, Amsterdam, 1652; CommentariusinPsalmospxiiitentiales, in-4°, Hambourg, 1692; AntilogieeBiblicæ sive conciliationes dictorum sacrorum Bibliorum, in-4°, Hambourg, 170Ô. — Voir Paquot, Mémoirespour servir à l’hist. littéraire des Pays-Bas, t. xr, p. 28; Walch, Biblioth. theologica, t. iii, p. 88; t. iv, p. 635,

837.

B. Heurtebize.

    1. MATTHIAS##

MATTHIAS, nom d’un ambassadeur syrien et d’unapôtre.

1. MATTHIAS, ambassadeur de Nicanor. H Mach., xiv, 19. Son nom est écrit en grec Mathathias. Voir Mathathias8, col. 866.

2. MATTHIAS (grec: Ma69£a?), apôtre qui fut substituéà Judas Iscariote. — Le nom de Matthias paraît contractédu nom hébreu Mattanyâh, qui signifie «don deJéhovah», et qui revient plusieurs fois dans l’AncienTestament. IV Beg., xxiv, 17; I Par., ix, 15; II Par., xx, 14; I Esd., x, 26, 27, 30, 37; II Esd., xi, 17, 22; xii, 8, 25, 35; xiii, 13. Matthias était un des soixante-douzedisciples. Eusèbe, H. E., i, 12, t. xx, col. 117. Quandsaint Pierre proposa de remplacer Judas, après l’ascensionde Notre-Seigneur, il demanda que l’élu fût un deces hommes qui n’avaient cessé d’accompagner les Apôtresdurant la vie publique du Seigneur Jésus, depuisle baptême de Jean-Baptiste jusqu’à l’ascension, et quipût être avec eux le témoin de sa résurrection. Il fallait, en effet, qu’il fût capable de remplir parfaitement lamission dont l’infidèle s’était rendu indigne. Deux disciplesfurent mis en avant comme répondant exactementaux conditions exigées, Joseph Barsabas, surnommé leJuste, et Matthias. Rien ne permet de porter un jugementsur la valeur relative des deux personnages, malgréle surnom de Juste attribué au premier, et la secondeplace assignée à Matthias dans le récit. Les Apôtresauraient pu choisir eux-mêmes entre les deux candidats.Ils préférèrent s’adresser directement à Dieu, afin qu’ildésignât lui-même son élu au moyen du sort. De cettemanière, l’appel du remplaçant de Judas serait aussidirectement divin que celui des onze autres membres ducollège apostolique. Le sort désigna Matthias, qui aussitôtfut mis au nombre des Apôtres. Act., i, 21-26. —On n’a que de vagues renseignements sur le ministèreultérieurde saint Matthias. Héracléon, au rapport de

Clément d’Alexandrie, Strom., nr, 9, t. Tin, col. 1281, prétend qu’il mourut de mort naturelle, ainsi que saintPhilippe, saint Matthieu et saint Thomas. Nicéphore, H. E., ii, 40, t. cxlv, col. 862, paraît plus digne de foi, quand il dit que saint Matthias prêcha l’Évangile enEthiopie et y subit le martyre. D’après une autre tradition, il aurait prêché la foi en Judée et y aurait été lapidépar les Juifs. Acta sanctorum, 21 februarii t. iii,

1668, p. 444445.

H. Lesêtre.

3. MATTHIAS (ÉVANGILE APOCRYPHE DE). Voir

Évangiles apocryphes, ii, 4°, t. ii, col. 2117.

    1. MATTHIEU##

MATTHIEU (SAINT), apôtre et évangéliste^fig. 232).I. Nom. — 1° Orthographe. — Le nom de saint Matthieuestécrit en grec de deux façons. Dans les plus anciensmanuscrits onciaux ii, B, D, on lit Ma96aîoç, et cetteforme a été adoptée par Lachmann, Tischendorf, Trégelles, Westcott et Hort, etc. Dans les onciaux plus ré232. — Saint Matthieu.

D’après Cahier, Caractéristiques des saints, t. i, p. 395.

cents C, E, K, L, etc., et dans les cursifs, on trouveMat8aïoç rlecture qui a été conservée par Griesbach et en généraldans les éditions du texte reçu. Cette diversité d’orthographesuppose une origine différente du nom. Schiniedel, Grammatik des neutestamentlichen Sprachidioms, 8 S édit., Gœttingue, 1894, et Blass, Grammatik des neutestamentlichenGriechisch, Gœttingue, 1896, § 3, n. 1, préfèrent la forme MatGaïo; . Suivant ce dernier, la leçonMaBBaïoç serait le résultat de l’assimilation du t deMatOaîo; avec le 0, par le même principe que Bà-nyotest devenu Bixx ^’-A-tOsî’A691ç, Earcipw Ea<p<p(i. Curtius, Grundzûge der griechischen Etymologie, p. 418, croitque Ma88aîo; était l’orthographe primitive, mais que, conformément à la règle générale de l’adoucissem*ntdans la prononciation grecque, les deux aspirées 06 étanttrop dures, on a changé la première en une sourde t.S’il en est ainsi, la forme MatOato; serait conforme àla prononciation et la forme primitive Ma66ato; conformeà l’étymologie. La leçon Ma69aîoç est la transcriptiongrecque d’une forme héoraïque ou arainéenne. Gelle-ci

serait» BD, >no, n «ED ou ixiin. Ces formes diverses auraient--.- T.- -Tété transcrites en grec avec la finale «to; , conformément

à de nombreux exemples analogues qu’on trouve dansl’Ancien Testament. >fid a en sa faveur les noms hébreux

en >- transcrits en ato; comme MapSo^aïo; , Eaëëaftaaç, Bnjêa: oç, etc.» nn ressemblerait aux noms de peuplesterminés en > et devenus, par exemple, ’IouSaîo; , Xavavaïo; , etc. n’ïin semble moins probable, car les nomsen n» ont ordinairement une transcription grecque en «a, ta; ; ainsi rwnn est devenu Ma-rOavîaç. La forme araT: —

xiiéenne >> «ii, qu’on trouve dans le Talmud, traité Sanhédrin, 43, Laible-Dalmann, Jésus Christus im Talmud, p. 15*, serait analogue à indt, Zotx>; aîoç. Cf. Dalmann,

Die Worte Jesu, Leipzig, 1898, t. i, p. 40-41.

2° Étymologie. — Quelle qu’ait été la lecture du nomde Matthieu, on en a proposé diverses étymologies. Gesenius, Thésaurus, Leipzig, 1839, t. ii, p. 929, et Fûrst, Hebr.-chald. Handwôrterbuch, 3e édit., Leipzig, 1876, t. i, p. 806, pensent que» fio, qui est une abréviation

de >nBD, a le même sens que n’nmiD, MccTToeNaç, contractéparfois en Ma-rôia; , et signifie «don de Jéhovah». Onaboutit à la même signification en rapprochant >fid de» 3no et de h>jbd. Les critiques, qui comparent tnn auxautres noms propres de même terminaison et de significationpassive, le traduisent par «donné, gratifié». Cf.S. Jérôme, Liber de nominibus hebraicis, t. xxiii, col. 842. Ewald, Hitzig, Noldeke, etc., font dériver >rra de>pqn et traduisent «le fidèle». Ils supposent que le Ninitial est tombé sous l’influence de la langue araméenne.Enfin Grimm, dans les Theolog. Studien und Kriliken, 1870, p. 723-729; Lexicon grwco-latinum in libros N.T., 1879, a fait venir ce nom de d>îid, pluriel du singulierinusité nn, de telle sorte qu’il signifierait a. le viril». >no seraitalorsunadjectifsemblableà >jn, ’Ayyocïoç, venant de iii, «fête.» Voir t. i, col. 266.

II. Son identité avec Lévi. — La première fois quesaint Matthieu est nommé dans l’Évangile, Matth., ix, 9, c’est au sujet de sa vocation. Or dans les passages parallèlesde saint Marc, ii, 14, et de saint Luc, v, 27, il estappelé Lévi. Cette différence de nom a donné occasionau problème, depuis longtemps discuté, de la distinctiondes personnages nommés Matthieu et Lévi ou de leuridentité. Au rapport de Clément d’Alexandrie, Strom., iv, 9, t. viii, col. 1281, le valentinien Héracléon distinguaitMatthieu de Lévi et les citait tous deux au nombrede ceux qui n’avaient pas confessé Jésus-Christ devantles tribunaux. Clément, en reproduisant les parolesd’Héracléon, approuve seulement la distinction faite parcet hérétique entre ceux qui ont confessé la foi par lapratique de toute leur vie et ceux qui l’ont confesséedevant les juges. Il ne porte pas de jugement sur lesexemples donnés par Héracléon. D’ailleurs, dans unenote sur les Constitutions apostoliques, 1. VIII, c. xxii, t. i, col. 1118, Cotelier pense qu’Héracléon a écrit Aeuiçpour Aeët ou AeSëatoç. Origène, Cont. Celsum, i, 62, t xi, col. 773, distingue le publicain Matthieu d’un autrepublicain nommé Asërj?, qui a suivi Jésus, mais n’a pasété apôtre, sinon suivant certains exemplairesdeJ’Évangilede Marc. Par ces derniers mots, Origène faisaitallusion sans doute aux manuscrits du second Évangilequi, comme le Codex Bezm, D, les manuscrits a, b, c, d, e, ff, i> q, r de l’ancienne Vulgate avaient, iii, 18, Lebbée, au lieu de Thaddée. Wordsworth et White, Novum TestamentumD. N. J. C, Oxford, 1891, 1. 1, fasc. 2, p. 201.Origène confondait donc Lévi avec Lebbée. Presquetous les mêmes manuscrits avec les cursifs grecs, 13, 69, 124, et le manuscrit G de la Vulgate (Sangermanensis) du IXe siècle, avaient, Marc, ii, 14, au lieu deLévi, fils d’Alphée, Jacques, fils d’Alphée. Wordsworth

et White, op. cit., p. 201. Saint Chrysostome, In Matth., hom. xxxii, n. 3, t. lvii, col. 381, croyait que Jacques, fils d’Alphée, comme Matthieu, avait été, lui aussi, publicain.Cette opinion aurait été aussi adoptée par Photius, dans Possin, Catena Patrum grsecorum, Marc, ii, 14, et exprimée dans une des deux listes d’apôtrespubliées par Cotelier, Constit. apost., II, lxiii, t. i, col. 755. Certains manuscrits grecs de Théodoret, InNum., q. xvi, t. lxxx, col. 368, présentent la leçon©aSêaîoç 6 xai Aeêt, tandis que d’autres disent ©otSSatoço xa Asééaîo; . Cf. Acta sanctorum, septembris t. VI, p. 200. On ne peut pas citer comme représentant lapensée d’Origène, la préface de son commentaire surl’ÉpItre aux Romains, t. xiv, col. 836, car elle est de Rufimqui a traduit en latin ce commentaire. Quoi qu’il en soitde la confusion de Lévi avec Lebbée et conséquemmentde sa distinction d’avec Matthieu par Origène, il semble’difficile de ne pas admettre l’identité de Lévi et de Matthieu.En effet, les trois récits évangéliques de la vocationdu publicain se ressemblent pour le fond et pourle style et ne diffèrent qu’au sujet du nom, Matthieu ou*Lévi. En outre, ils sont placés dans le même ensemblede l’histoire de Jésus. Ils sont précédés tous trois dumême miracle, la guérison du paralytique de Capharnaùmet suivis du repas offert par le publicain à Jésus et à’ses disciples avec les mêmes circonstances du blâme despharisiens et de la réponse du Maître. Ils rapportentdonc évidemment le même fait. Les différents noms duhéros ne s’opposent pas à l’identité de la personne, carplusieurs autres personnages évangéliques ont portédeux noms, non seulement un nom hébreu et un nomgrec ou latin, mais même deux noms hébreux, parexemple Joseph et Barsabas, voir t. i, col. 1470, Josephet Barnabas, ibid., col. 1461, et même trois, commeJude, Lebbée et Thaddée, voir col.143 et t. iii, col. 1802.L’analogie avec Simon, surnommé Céphas, Joseph, surnomméBarnabas, permet de conclure que Lévi était lenom juif du publicain, et Matthieu le surnom qu’il reçutcomme chrétien. L’auteur du premier Évangile le laisseentendre, en disant Ma66 «îov ztàv.zo-i, IX, 9. Cettefaçon de parler signifie: «l’homme connu sous le nomde…» Cf. Matth., i, 16; x, 2; xxvii, 17, 22; Eph., H, 11.Elle indique ici que le publicain était connu dansl’Église sous le nom de Matthieu au moment où écrivaitl’auteur qui l’employait. Donc plus probablement il senommait Lévi à l’époque de sa vocation, Marc, ii, 14; Luc, v, 27, 29; plus tard, il fut appelé Matthieu et cedernier nom fut transporté par le premier évangélistedans le récit de sa vocation. Eusèbe, Demonst. evang., ni, 5, t. xxil, col. 216; saint Jérôme, In Matth., ix, 9, t. xxvi, col. 55, 56; saint Chrysostome, In Matth., hom. xxx, n. 1, t. lvii, col. 361-362, y ont reconnu unacte d’humilité de la part du premier évangéliste. Tandisque par respect pour sa personne saint Marc et saintLuc citent son ancien nom de Lévi, lui-même ne craintpas d’avouer sa première profession et de se nommer, Matthieu le publicain.

Resch, Aussercanonische Paralleltext zu den Evangelien, dans Texte und Unters., Leipzig, 1896, t. x, fasc. 4, p. 69, a cherché à identifier saint Matthieu avecNathanæl. Celui-ci, en effet, semble avoir été appelépar Jésus à l’apostolat, Joa., i, 45-51. Or, son nom nese trouve expressément dans aucune des listes apostoliques.Cependant, si Nathanæl a été apôtre, son nom>doit être l’un des douze, et précisément Nathanæl, m Dieu a donné,» a le même sens étymologique queMatthieu, «don de Jéhovah.» Nathanæl est donc la?même personne que Matthieu. Cette identification estinadmissible, car la vocation de Nathanæl n’a rien decommun avec celle de Matthieu. Aussi Nathanæl étantun apôtre, vaut-il mieux l’identifier, comme on le faitplus généralement, avec saint Barthélémy. Voir t. i, .col. 1470-1472. 875 MATTHIEU (SAINT) — MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT)

876

III. Matthieu dans les Évangiles. — 1° Lévi, Juifd’origine comme son nom l’indique, était fils d’Alphée.Marc., ii, 14. L’Évangile de Pierre, xiv, 60, dit aussi queLévi était fils d’Alphée: Aeueiç i toO’AXçatfov. E. Preuschen, Antilegomena, Giessen, 1901, p. 18. Celte filiationa été l’occasion de la confusion, signalée plus haut, deLévi avec Jacques, fils d’Alphée. Mais les deux apôtresne sont pas parents, et il n’y a pas identité, mais simplehom*onymie pour leurs pères. Voir t. i, col. 418. Dureste, si Matthieu et Jacques avaient été frères, ilsauraient, vraisemblablement, été réunis dans les listesdes apôtres comme cela a lieu pour les deux couples defrères, Simon et André, Jacques et Jean, fils de Zébédée.Voir t. i, col. 783. Tatien, au témoignage d’Ischodad, auteur syrien du IXe siècle, aurait rapproché Matthieule publicain de Jacques Lebbée, fils d’Alphée. Cf. Goussen, Studia biblica, t. i, p. 66. Lévi était teXûvïjç, «publicain,» Luc, v, 27, non pas sans doute unemployé romain, ni même un fermier des impôts, >N31,

mais un simple péager, D31a, au service d’Hérode^ ou

du fermier des impôts de la ville ou de la contrée. Lévy, Neuhebr. Wôrterbuch, Leipzig, 1883, t. iii, p. 114. VoirPublicain. Il était assis à son bureau de douanier àCapharnaûm même, qui était peut-être aussi le lieu desa naissance, lorsque Jésus, passant par là, le vit etl’appela à le suivre. Cette vocation n’était pas encore lavocation à l’apostolat, mais le simple appel à la suite deJésus comme compagnon habituel et disciple permanent.Lévi, dont le caractère paraît en cette occurrenceferme et décidé, se levant et abandonnant tout, ajoutesaint Luc, v, 28, suivit Jésus. Matth., rx, 9; Marc, ii, 14; Luc, v, 27, 28.

2° Immédiatement après son appel, Matthieu offre àJésus, chez lui, un repas auquel il invite les péagersde Capharnaûm, et les pharisiens s’indignent de voirJésus manger avec les publicains. Matth., ix, 10, 11; Marc, ii, 15, 16; Luc, v, 29, 30. Ce dernier évangélistedit expressément que Lévi fit un grand repas dans sapropre demeure. Le récit de Marc a aussi nécessairementce sens, car en disant que les publicains mangeaientavec Jésus, le narrateur laisse bien entendreque le pronom etÙToO se rapporte à Matthieu et non àJésus. Il n’y a pas de raison de mettre le premier Évangileen contradiction avec les deux autres, et de prétendreque Jésus lui-même faisait un banquet dans sa propredemeure. Matthieu jouissait donc d’une certaine aisance, puisqu’il célébrait par une fête son adieu à son emploiet son entrée dans la suite de Jésus. Matthieu n’est plusnommé dans l’Évangile que dans les listes des douzeApôtres. Or, tandis que lui-même, par modestie sansdoute, ne se donne que le huitième rang, Matth., x, 3, avec la qualification de publicain, saint Marc, iii, 18, etsaint Luc, vi, 15, le placent au septième sans épithète.Voir t. i, col. 783, 784. Disciple et apôtre, il accompagnaJésus au cours de sa vie publique et de sa passion etfut ainsi le témoin oculaire et auriculaire des faits etdes discours de son Maitré, qu’il devait plus tard consignerpar écrit. Voir t. i, col. 784, 785. Il vit le Seigneurressuscité apparaître aux onze réunis, et il assista à sonascension.

IV. Matthieu après la mort de Jésus. — 1° Matthieun’est pas même nommé dans les autres écrits du NouveauTestament, sinon au livre des Actes, i, 13, dans laliste des apôtres, où il figure au huitième rang. Il pritdonc part à l’élection de Matthias comme il avait reçule Saint-Esprit à la Pentecôte, et il demeura avec lesautres apôtres à Jérusalem jusqu’au moment de leurdispersion pour aller prêcher partout l’Évangile. Belser, Einlèitung in dos N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 25, 34, fixe cette dispersion à l’an 42. Cf. Harnack, Die Chronologie, Leipzig, 1897, 1. 1, p. 243 sq. Clémentd’Alexandrie, Psédag., ii, 1, t. toi, col. 405, nous apprend

que saint Matthieu menait une vie austère, s’abstenait deviandes et ne mangeait que des fruits, des baies et deslégumes. Mais Zahn pense que, pour ce détail, Clémenta confondu Matthieu avec Matthias (confusion qui s’estproduite souvent, et sans dessein préconçu, dans l’antiquité) et qu’il l’a emprunté à l’Évangile ou aux Traditionsde Matthias, qu’il cite plusieurs fois, Geschichte desNeutestamentlichen Kanons, Erlangen et Leipzig, 1892, .t. ii, p. 751-761; cf. Preuschen, Antilegomena, p. 12-13.Eusèbe, en effet, H. E., iii, 29, t. xx, col. 277, nousapprend que Matthias enseignait qu’il ne fallait pasmanger de viande. Clément ajoute au même endroit quesaint Matthieu a prêché l’Évangile aux Juifs pendantquinze ans et qu’ensuite il est allé convertir les païens.Saint Irénée, Cont. hxr., 1. III, c i, n. 1, t. vii, col. 844 ratteste aussi, au moins indirectement, la prédication desaint Matthieu en Palestine; cf. Eusèbe, H. E., v, 8, t. xx, col. 449; il suppose une prédication orale de saintMatthieu aux Hébreux, quand il affirme qu’il leur alaissé encore, %oà, par écrit un Évangile dans leurlangue maternelle. Eusèbe, H. E., iii, 24, col. 265, affirme expressément cet apostolat chez les Hébreux.

2° La plus grande incertitude règne au sujet desrégions que saint Matthieu a évangélisées après sondépart de la Palestine, et les écrivains ecclésiastiquessont là-dessys en complet désaccord. Rufin, H. E., i, 9, t. xxi, col. 478; saint Eucher, Inst. ad Salon., i, 2, t. L, col. 809; saint Grégoire le Grand, In I Reg., iv, 13, t. lxxix, col. 243; l’historien Socrate, H. E., i, 19, t. Lxvii, col. 125, disent qu’il alla en Ethiopie, et c’estla tradition adoptée parle bréviaire romain. Saint Paulinde Noie, Poema, xix, t. lxi, col. 514, assure qu’il aconverti les Parthes. Saint Isidore de Séville, De ortu etabilu Patrum, 76, t. lxxxiii, col. 153, le fait venir en Macédoineet mourir chez les Parthes. Siméon Métaphraste, Vita S. Matth., iv, 5, t. cxv, col. 817, rapporte qu’il aévangélisé les Parthes et les Éthiopiens. NicéphoreCalliste, H. E., ii, 41, t. CXLV, col. 865, dit qu’il a prêchél’Évangile auxviithropophages. Ce dernier renseignementne proviendrait-il pas de la confusion souvent faite entresaint Matthieu et saint Matthias et ne serait-il pas tirédes Actes grecs de saint André et de saint Matthias dansla cité des Anthropophages, qui existent en syriaque sousle nom de saint Matthieu et de saint André? Les mêmesincertitudes régnent sur le temps, le lieu et la mort dupremier évangéliste. Tandis que le gnostique Héracléon, dont le témoignage rapporté par Clément d’Alexandriea été cité plus haut, range saint Matthieu au nombre destémoins de la foi qui n’ont pas subi le genre de la mortviolente pour Jésus-Christ, les autres écrivains anciensqui parlent de son trépas le font martyr dans les lieuxdivers que, selon eux, il aurait évangélisés. Les détailssur son martyre contenus dans ses Actes apocryphes, voir t. i, col. 163-164, ne sont pas dignes de foi. L’Egliselatine célèbre sa fête le 21 septembre, et l’Église grecquele 16 novembre. Ses reliques auraient été découvertes, à Salerne, en 1080, par saint Alphane. Voir Acta sanctoi’um, septembris t. vi, p. 211-216. Sur les légendesqui le concernent, voir Lipsius, Dia apocryphen Apos~telgeschichten und Apostellegenden, Brunswick, t. ii, p. 109-141; Bonnet, Acta Apostolorum apocvypha, Leipzig, 1898, t. ii, p. 217-262. On a mis sous le nomde saint Matthieu un Liber de ortu beatse Mariæ etinfantia Salvaloris, dont le texte latin est une adaptationdu grec publiée au v siècle. C. Tischendorf, Evangeliaapoci’ypha, p. 51-112. Généralement on représentel’évangéliste saint Matthieu sous le symbole de l’hommeailé, et l’iconographie chrétienne lui met la lance à lamaincommeattribut caractéristique. Cf. À ctasanctorum, septembris t. vi, p. 194-227. E. Mangenot.

2. MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT). — I. AUTHEN-TICITÉ.— L’authenticité du premier Évangile n’a été con

' testée, dans l’antiquité, que par Fauste le manichéenqui, au témoignage de saint Augustin, Cont. Faustummanich., xvii, 1-4, t. xlii, col. 339-342, prétendait quesaint Matthieu n'était pas l’auteur de cet Évangile, caril ne pouvait parler de lui-même à la troisième personne. Les anabaptistes soutinrent plus tard que le juifMatthieu, qui a écrit en hébreu, n’a pas rédigé le premier Évangile qui est écrit en grec. Sixte de Sienne, Bibliotheca sacra, 1. VII, hær. ii, Naples, 1742, p. 980.Beaucoup de critiques modernes depuis Schleiermachern’accordent plus à saint Matthieu que la compositiond’une collection de discours de NotreSeigneur qui estentrée dans l'Évangile grec dit de saint Matthieu et aété utilisée par saint Marc et saint Luc. Voir t. H, col. 2096-2097. Ils s’appuient sur une affirmation de Papias que nous allons citer et interpréter et sur d’autresarguments qui seront discutés dans la suite de cetarticle. La tradition ecclésiastique n’a jamais hésité àattribuer à saint Matthieu le premier Évangile canoniquequi a été primitivement rédigé en araméen et dont nousne possédons plus qu’une traduction grecque. Réservantpour plus tard la question de la langue originale de cetÉvangile, nous prouverons d’abord que le texte grec atoujours été regardé dans l'Église comme l'œuvre desaint Matthieu.

1° Existence et connaissance de l'Évangile grec desaint Matthieu à la fin du I er siècle et au commencement du n°. — Les Pères apostoliques les plus anciensconnaissent cet Évangile. Si la première épttre de saintClément de Rome aux Corinthiens ne contient que desimples allusions au texte grec de saint Matthieu, laDidaché a des citations textuelles. Voir t. ii, col. 20632064. Ainsi, Didaché, i, 2-6, Matth., xxii, 37-39; vii, 12; v, 44, 46, 47; vi, 39, 48, 41, 40, 26; Didaché, ii, 2, 3, Matth., xix, 18; v, 33; Didaché, iii, 7, Matth., v, 5; Didaché, v, Matth., xv, 19; Didaché, vi, 1, Matth., xxiv, 4; Didaché, vii, 1, 3, Matth., xxvtn, 19; Didaché, viii, 1, 2, Matth., vi, 16, 5, 9-13; Didaché, ix, 5, Matth., vii, 6; Didaché, x, 5, 6, Matth., xxiv, 31; xxi, 9, 15; Didaché, xi, 7, Matth., xti, 31; Didaché, xii, 1, Matth., xxi, 9; Didaché, xiii, 1, Matth., x, 10; Didaché, xv, 3, 4, Matth., v, 22-26; xviii, 15-17 (comme citation expressede l'Évangile); Didaché, xvi, 1, 4-7, Matth., xxv, 13; xxiv, 24, 10; x, 22; xxiv, 13, 30, 31; xxvi, 64. Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. i, p. 2-36.Nous avons déjà signalé, t. ii, col. 2084, les emprunts etles allusions faits à l'Évangile de saint Matthieu parl'épttre de Barnabe et nous avons dit qu’une de ces citations est donnée comme scripturaire. Saint Ignace d’Antioche et saint Polycarpe connaissent aussi le premierÉvangile. Voir t, ii, col. 2065. Mais de tous les témoignages des Pères apostoliques le plus précieux, parcequ’il est précis et affirme le premier que Matthieu estl’auteur d’un Évangile, est celui de Papias, évéqued’Hiérapolis et disciple de saint Jean. Eusèbe, H. E., va, 39, t. xx, col. 300, nous l’a conservé. Il est court etclair; mais les critiques l’ont obscurci par les interprétations les plus diverses. Citons-le d’abord dans sateneur originale: MxiOno; y.ïv ovv âêpatSi SiccXIxtm t» Xéytot tfvveypâ^aTo (ou uvveTàÇaTo), T|pu.iriveu(re 8' aùtà w; rjv Suvatôs (ou 7]8ûvaro, tjv Suvoctov) jfxaaro; . Papias disaitdonc de saint Matthieu qu’il avait écrit en Tièbreux «"kéyia, que chacun interprétait de son mieux. Quelquescritiques pensent, les uns sans aucune hésitation, lesautres avec vraisemblance seulement, que Papias avaitappris ce renseignement, comme celui qui se rapporteà l'Évangile de saint Marc, du prêtre Jean. Ils le concluent du rapprochement des deux données dans Eusèbe.Mais l’historien de l'Église ne le dit pas explicitementet cite seulement les paroles de Papias sur Matthieu; ce pourrait donc fort bien n'être que le dire de Papias.Eusèbe, son traducteur syriaque et tous ceux qui ontcité le texte de Papias ont entendu de l'Évangile même

de saint Matthieu les A<5yta que l'évêqué d’Hiérapolisassure avoir été rédigés en hébreu par saint Matthieu.Schleiermacher, dans les Theologische Studien undKritiken, 1832, p. 735-768, prétendit le premier que parl’expression; ta Xôyia, Papias ne désignait pas l'Évangilede saint Matthieu, mais bien un livre différent, qui étaitécrit en hébreu et qui ne contenait que des discoursde Notre-Seigneur, Xdytoc xupiaxct. Saint Matthieu auraitdonc composé seulement une collection ou un recueildes discours de Jésus, qui est devenu pour de nombreuxcritiques une des deux sources écrites des synoptiques.Voir t. H, col. 2096-2097. Cette conclusion ressortiraitnon seulement du sens précis du mot Xôyta, qui désignespécifiquement des paroles, des sentences, des discours, mais encore du contraste établi, dit-on, par Papias entrel'œuvre de Matthieu qui ne comprenait en hébreu quedes discours de Jésus, et l'Évangile de saint Marc quirapportait, lui, toi ïraô toû XpiuroO $ Xe^ôévta tj tpcr/ôivta, les paroles et les actes du Christ. Il n’est pas certain que Papias, dont l’ouvrage est perdu, établissait uncontraste entre le contenu des deux premiers Évangiles, et encore moins qu’Eusèbe, en juxtaposant les deuxrenseignements de l'évêqué d’Hiérapolis, ait voulu déterminer la différence du contenu des écrits de saintMatthieu et de saint Marc. D’ailleurs, quels que soientles sens divers du mot Xdyiov, Papias désignait par lesXoyia xuptaxâ de Matthieu autre chose qu’un recueil dediscours du Seigneur. Deux observations suffisent à lemontrer. Papias ne dit-il pas d’abord de l'Évangile deMarc, qui rapportait les paroles et les actes du Christ, qu’il reproduisait la prédication de Pierre et nonoTjvtaÇiv twv xupiocxûv X<Sywv? En outre, son propre écritétait intitulé: Aoyîtov xupcaxûv cÇKiyTJiTK; . Or nous savonspar les fragments qui nous en restent que Papiasn’expliquait pas seulement des paroles et des sentencesdu Seigneur, mais qu’il racontait encore des faits de savie. L’expression: ri Xôyia pourrait donc fort biensignifier autre chose qu’un recueil de discours et représenter le contenu d’un récit pareil à celui de l'Évangileactuel de saint Matthieu. Mais il ne faut pas le serrerde trop près et y chercher une indication précise ducontenu de l'écrit de Matthieu. Papias désigne celui-cid’un terme général, suffisamment clair pour ses lecteurs, car son intention, semble-t-il, n’est pas d’indiquer lanature précise du contenu. Il veut plutôt signaler quel'Évangile de saint Matthieu a été primitivement rédigéen hébreu. C’est sur la langue originale de cet écritqu’il met l’accent; la mention formelle des interprétations orales et multiples des premiers temps le montrebien. Papias parle vraisemblablement, en effet, des traductions grecques que chacun faisait comme il pouvaitdans les assemblées liturgiques sous forme de targumoral, tant qu’il n’y eut pas de version de l'Évangile hébreu. Enfin, l’aoriste T|P|JHÎvev<TS semble viser une époquepassée et permet de conclure que Papias connaissaitdéjà une version grecque écrite de l'Évangile de saintMatthieu. Voir t. ii, col. 2066. Cf. Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 359-360. Les Pères apostoliques à la fin du I er siècle et au commencement du H"connaissaient donc le texte grec du premier Évangilecanonique, et Papias savait que cet écrit avait été primitivement rédigé en hébreu par saint Matthieu.

2° Connaissance et diffusion de l'Évangile grec desaint Matthieu au cours du ip siècle. — Cet Evangilese répand par tout le monde chrétien et se trouve auxmains des catholiques et des hérétiques eux-mêmeSi —1. Chez les catholiques. — Le Pasteur d’Hermas, composé à Rome vers 140, cite plusieurs passages de saintMatthieu. Signalons seulement les citations certaines: Matth., xix, 17, Sim., v, 1, 5; 3, 2, 5; Matth., xjii, 38, Sim., v, 5, 2; Matth., xxviii, 18, Sim., v, 6, 4; 7, 3; Matth., xvi, 27; xxi, 22, Sim., iii, 3, 6; Matth., x, 39, Sim., îx, 26, 3. Funk, Patres apostolici, t. i, p, 531,

534, 538, 54Ô, 642, 548, 622. La m Clementis, qui estdu même temps, cite assez souvent saint Matthieu. Voirt. ii, col. 2067. Saint Justin connaît des Mémoires desApôtres et fait de nombreux emprunts au premier Évangile, lbid., col. 2068. Cet Évangile était un des quatrequi entraient dans la trame du Aià xtaaiçutv de Tatien.Athénagore, Légat, pro christ., 11, 12, 32, t. vi, col. 912, 913, 964. cite des paroles de Notre-Seigneur qu’on neretrouve sous cette forme que dans saint Matthieu.Saint Théophile d’Antioche fait de même. Ad Autol., m, 13, 14, t. vi, col. 1140. D’ailleurs saint Jérôme a euen mains un commentaire de cet apologiste sur l’Évangilede saint Matthieu. In Matth., prol., t. xxvi, col. 20; Epist., cxxi, ad Algasiam, 6, t. xxii, col. 1020. Voirt. ii, col. 2072. — 2. Chez les hérétiques. — À Alexandrievers l’an 120, Basilide avait écrit une sorte de commentairesur l’Évangile. Or un passage, rapporté par Clémentd’Alexandrie, Strom., iii, 1, t. viii, col. 1100, estl’explication de Matth., xix, 10-12. Voir t. ii, col. 2064.Marcion connaissait le premier Évangile, qu’il rejetait.Valentin acceptait les quatre Évangiles; son discipleMarc citait l’Evangile de saint Matthieu. Les ébionitesse servaient uniquement de cet Évangile. Les ophites, les séthiens et le docète CarpOcrate s’en inspiraient etle citaient. Voir t. ii, col. 2070. Le Protévangile deJacques, qui est de la fin du IIe siècle, emprunte à saintMatthieu des récits de l’enfance de Jésus. Voir t. ii, col. 2115. Tous ces témoignagnes visent exclusivementl’Évangile grec de saint Matthieu, et comme ils proviennentde toutes les parties du monde chrétien, ilsprouvent que ce texte grec était répandu partout auil» siècle.

3° Affirmations explicites et constantes que saintMatthieu est l’auleur du premier Évangile. — Dès lafin du IIe siècle, les Pères et les écrivains ecclésiastiquestout en se servant exclusivement du texte grec du premierÉvangile, savent et affirment expressément quesaint Matthieu en est l’auteur, quoiqu’il ait primitivementécrit en hébreu. Ainsi saint Irénée, qui parle del’original hébreu, Cont. hser., iii, 1, t. vii, col. 844, necite que le texte grec, et il prouve par la tradition ecclésiastiqueet l’aveu des hérétiques eux-mêmes que cetexte grec est un des quatre Évangiles canoniques, reçusdans toute l’Église. Voir t. ii, col. 2071-2072. En AfriqueTertullien expose les mêmes principes que l’évêque deLyon. Il appelle saint Matthieu fidelissimus Evangeliicommentator, De came Christi, c. xxii, t. H, col. 789.Le fragment de Muratori, d’origine romaine, bien que nementionnant dans la partie conservée que les deux derniersÉvangiles, connaissait les premiers et les nomsde leurs auteurs. Nous pouvons le conclure du nombredes Évangiles canoniques qu’il indique et des noticesqu’il fournit sur saint Luc et saint Jean. Clémentd’Alexandrie, qui n’admet non plus que quatre Évangilescanoniques, assure que saint Matthieu est l’auteur dupremier, qu’ailleurs il cite en grec. Eusèbe, H. E., vi, 14, t. xx, col. 552. Origène est on ne peut plus catégorique: ’ûç lv itapaSô<7£i jjlixOwv Ttep’i tûv ttaaâpiav eùaYY&Xt’cov, a xal |A^va àvavTcp^n]Tâ É<mv èv ty] ExxXeffîi toû ©eoù - ôtiitpûTov |iÈv ylfp<xitza.i tô xatà tov îeots T£>.(ivr)v, ûorepovSï àîtoVroXov’ïiriffoû XptitoO MaTOaîov. Eusèbe, H. E., mi, 25, ibid., col. 581. Eusèbe lui-même, H. E., iii, 24, col. 265, dit expressément: MeaSocîoç p.èv icapaSoù; tôxoct* ciùtov eùaYYÉ^’ov. Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., xiv, 15, t. xxxiii, col. 884, dit aussi: MatOaîo; ôYpâi^as tô eùafY^’0V - Saint jipiphane, User, xxx, 3, t. xli, col. 409, affirme de saint Matthieu que èv tîj xatv ?iSia6^xi) ixair^ata rrjv toû EÙaYYEXi’ou èxŒaiv te xa; ^^puY|ia. Saint Jérôme déclare à plusieurs reprises quesaint Matthieu est l’auteur du premier ivangile, De virisillust., 3, t. xxiii, col. 613; Comment, in Matth., prol., t. xxvi, col. 18. Cf. S. Chrysostome, In Matth. Honi. i, 3, t. lvii, col. 17. Tous les autres Pères sont du même

avis; il est inutile de rapporter leurs témoignages, carpersonne ne nie que telle ait été la tradition unanimede l’Église catholique.

4° Réponse aux objections des critiques modernes. —Néanmoins certains critiques du xixe siècle ont osé soutenir, à l’encontre de la constante et unanime traditionde l’Église, que le texte grec du premier Évangile n’estpas de la main de l’apôtre saint Matthieu. Il faut examinerles raisons qui leur paraissent suffisantes pourcontredire l’antiquité. Nous considérerons plus loin laquestion de la langue originale du premier Évangile. —1° L’Évangile grec, attribué par la tradition à saintMatthieu, ne peut pas être de cet apôlre, bien que lerécit de la vocation du publicain Matthieu, ix, 9-13, soitfavorable à l’opinion traditionnelle, parce que l’auteurne paraît pas avoir été témoin des faits qu’il raconte.Dans son récit, il ne trahit nulle part sa personnalité; il ne se met pas en scène; on ne lit pas un seul «je» ni un seul «nous»; la narration est impersonnelle aumême degré que si elle avait été rédigée par un disciplepostérieur qui ne connaissait que par ouï-dire les acteset les paroles de Jésus. — Les anciens écrivains ecclésiastiqueset les commentateurs avaient remarqué que, dans tout son Évangile aussi bien que dans le récit desa vocation, saint Matthieu efface le plus possible sapersonnalité; ce n’est pas sa personne qu’il met en reliefmais bien celle de Jésus. Son souci de disparaître n’aempêché aucun Père de reconnaître son œuvre dans lepremier Évangile. On a cependant constaté que le publicainmanifestait sa compétence spéciale au sujet des impôts.Seul de tous les Évangélistes, il emploie les termestechniques: th Stâpaxii», xvii, 24 (23); téXy) t xfjvaov, xvii, 25(24); <rcarîipa, xvii, 27(26); tô v6|jua-[jia to0 xrjvaou, XXII, 19. — 2° Les récits du premier Évangile sont rédigésavec trop d’art pour provenir d’un apôtre; ils neracontent pas certains faits importants et ils ne présententjamais ces détails précis et circonstanciés qu’yaurait introduits un témoin oculaire. — Saint Matthieu, écrivant dans un but dogmatique (voir plus loin), nes’est pas proposé de rapporter en détail tous les faitsdont il avait été témoin. Il a choisi ceux qui allaient àson but et comme il ne rédige pas une biographie deJésus, il ne relate que ce qui répond à son dessein etdans la mesure dans laquelle cela y répond. — 3° Jûlicher, Einleitung in das N. T., 3e et 4e édit., Tubfngueet Leipzig, 1901, p. 240, remarque avec raison qu’unapôtre pouvait fort bien insérer dans un Évangile desrécits qui paraissent aux critiques modernes fortementlégendaires, et même une histoire de l’enfance de Jésuss’il l’avait apprise d’autres personnes. Par conséquent, l’histoire de l’enfance et les miracles que les critiquesdéclarent mythiques ou légendaires, le fussent-ils, neseraient pas un argument suffisant pour enlever àl’apôtre saint Matthieu la composition du premierÉvangile. — Appuyés sur l’unanime tradition de l’Églisenous maintenons donc à saint Matthieu l’attributionqu’on lui a toujours faite de l’Évangile grec qui porteson nom, quoique cet Évangile, nous allons le voir, nesoit qu’une traduction de l’original araméen.

II. Langue originale. — 1° Données patristiques. —La plupart des écrivains ecclésiastiques, cités plus haut, qui attribuent expressément le premier Évangile à saintMatthieu, ajoutent que l’apôtre a écrit cet Évangile enhébreu, lëpaiSi BiaXéxTw, dit Papias. «Chacun, continuet-il, l’interprétait comme il pouvait.» Ce premier témoignaged’un Père apostolique a une valeur inattaquable.Ce n’est pas un renseignement littéraire venu on ne saitd’où. Papias décrit une situation qui a existé un certaintemps dans les chrétientés de sa patrie et qui a produitdans la vie ecclésiastique; une gêne réelle, dontle souvenirétait gardé. Durant la jeunesse de Papias, les Églisesd’Asie avaient donc un Évangile hébreu, qui était conçucomme l’œuvre de saint Matthieu, qui n’existait qu’eu

hébreu et qu’on était obligé d’interpréter souvent en greccomme on pouvait, parce qu’on n’en avait pas encorefait une traduction grecque. C’est inutilement que plusieurscritiques ont tenté de diminuer l’autorité du témoignagede Papias. Ils ont remarqué qu’au rapportd’Eusèbe, H. E., iii, 39, t. xx, col. 300, l’évêque d’Hiérapolis.était un petit esprit, cçôSpa toi ajiucpô; <Sv tôv voCv, et ils ont gratuitement supposé qu’un Ébionite lui auraprésenté comme l’œuvre de saint Matthieu l’Évangileapocryphe des Hébreux. Mais si Eusèbe appelle Papiasun «petit esprit», c’est uniquement au sujet du millénarismedont il était imbu. En dehors de cette circonstance, Eusèbe rapporte avec confiance les paroles et lesrenseignements de Papias, qu’il regarde comme dérivantdes traditions primitives. Par conséquent le témoignagedu vieil évêque sur l’original hébreu de saint Matthieua autant de valeur que les autres qu’Eusèbe nous a conservéssur l’Évangile de saint Marc et sur l’apôtre Jean.C’était une tradition qui s’était répandue dans les Églisesd’Asie, à l’époque où vivaient encore les disciples immédiatsde Jésus et les premiers chrétiens de languehébraïque. Longtemps même l’Évangile de saint Matthieuy avait été conservé dans sa teneur originale, et chacunle traduisait en grec de son mieux. D’ailleurs, il n’existaitalors aucun autre livre hébreu, dont la traditionecclésiastique ait parlé et qui ait été traduit en grec. Lerecueil de discours de Jésus, que les critiques modernesdécouvrent dans les lôiia. de Papias, n’a jamais existé.Sa supposition n’est qu’un moyen récemment inventépour résoudre la question synoptique. Voir t. ii, col. 2097.Mais l’ancien état de choses que signale Papias avaitcessé lorsqu’il écrivait. Nous l’avons déjà dit, sa manièrede s’exprimer permet de conclure qu’une traductiongrecque de l’Évangile hébreu de saint Matthieu existaitde son temps dans les Églises d’Asie. Chacun savait alorsqu’elle représentait l’écrit original de l’apôtre. Cf. Zahn, Èinleitung in da$ N. T., 2e édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 259-260.

Du reste, Papias n’est que le premier chaînon d’unelongue tradition patristique. Les partisans modernes del’originalité du texte grec de saint Matthieu ont prétendu, il est vrai, que les Pères de l’Église avaient répété simplementle renseignement fourni par Papias. Leur témoignagen’ayant pas de valeur propre et indépendante, la tradition ecclésiastique de la rédaction du premierÉvangile en hébreu n’avait que l’appui fragile de laparole de l’évêque d’Hiérapolis. De tous les Pères quiparlent de l’original hébreu de saint Matthieu, saintIrénée et Eusèbe de Césarée ont seuls connu l’ouvragede Papias. On n’en trouve aucune trace dans les écritsd’Origène, et cependant cet écrivain, admet, aussi bienqu’Irénée avant lui et qu’Eusèbe après lui, que l’Évangilede saint Matthieu a été primitivement rédigé en hébreu.D’ailleurs, l’Église d’Alexandrie connaissait ce fait parune autre voie que par l’ouvrage de Papias. On racontait, «n effet, que saint Pantène, prêtre et catéchiste de cetteÉglise, était allé avant 180 dans l’Inde, c’est-à-dire vraisemblablementdans l’Arabie Heureuse qui était alorscouramment nommée l’Inde, et qu’il y avait trouvé unÉvangile écrit dans l’idiome et en caractères hébraïques; les chrétiens du pays le regardaient comme l’Évangilede saint Matthieu et comme un exemplaire écrit de lamain même de saint Barthélémy, leur apôtre. Eusèbe, H. E., v, 10, t. xx, col. 456; S. Jérôme, De viris, 36, t. xxiii, col. 651. Quel que soit le fondement de cettedonnée, il est clair qu’elle est indépendante du témoignagede Papias. Pantène l’ayant apprise la rapporta àAlexandrie. Voir t.i, col. 1471-1472.

Quant à l’Évangile des Hébreux, c’est par pure hypothèsequ’on a prétendu qu’il aurait donné occasion à latradition patristique d’un original hébreu de saint Matthieu.Montré par quelque judéo-chrétien de Syrie ou-de Palestine à Papias, il aurait été involontairement confondu par lui avec l’Évangile de saint Matthieu, et Papiasaurait par son erreur inconsciente été le point de départd’une fausse tradition. Cette hypothèse sans fondementest peu vraisemblable. On ignore quels rapports l’Évangiledes Hébreux avait avec celui de saint Matthieu. Clémentd’Alexandrie, Origène et Eusèbe, qui l’ont connu, ne signalent pas qu’il était apparenté avec saint Matthieu.Saint Jérôme et saint Épiphane ont cru, il est vrai, quec’était l’Évangile hébreu de cet apôtre. Les critiques sontà son sujet dans le plus complet désaccord. Voir t. iii, col. 552-553. Cf. P. Batiffol, Six leçons sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1897, p. 34-38; dom L. Sanders, Études sur saint Jérôme, Bruxelles, Paris, 1903, p. 284295. Il est aujourd’hui difficile de décider s’il n’étaitqu’une édition, altérée par les Ébionites, de l’Évangilehébreu de saint Matthieu. On peut légitimement penserque l’opinion de sa parenté avec cet Évangile s’est fondéesur l’ancienne tradition que saint Matthieu avait composéson récit évangélique en hébreu pour les Hébreux.Comme les ébionites étaient des judéo-chrétiens de laPalestine, on en a conclu qu’ils avaient dû garder, maisen l’altérant, l’Évangile rédigé primitivement pour leursancêtres.^

2° L’Évangile primitif de saint Matthieu était-ilhébreu ou araméen"? — P. Schegg, Evangelium nachMatthâus, Munich, 1856, t. i, p. 13-15, a soutenu qu’unÉvangile qui a été écrit en Judée et pour les Juifs etdont le fond est en rapports si étroits avec l’Ancien Testamentn’avait pu être rédigé que dans la langue del’Ancien Testament, par conséquent en hébreu, maisdans un hébreu présentant déjà les formes spéciales dela langue de la Mischna. Franz Delitzsch, qui d’abordadmettait que saint Matthieu avait écrit en araméen, Neue Untersuchungen uber Entstehung und Anlageder hanon. Evang., 1853, t. i, p. 7, 45, 49, 50, a prétenduplus tard qu’il s’était servi de la langue hébraïque. TheHebrew N. T., Leipzig, 1883, p. 30. A. Resch, AussercanonischeParalleltexte zu den Evangelien, dans Texteund Untersuch., Leipzig, 1893, t. x, fasc. i, p. 83-108, a supposé aussi à la base des synoptiques un Évangileprimitif hébreu. Voir t. ii, col. 2097-2098. Mais la majo-.rite des critiques reconnaît que le premier Évangile desaint Matthieu, ou au moins le recueil de discours intituléAoyta xupiaxâ, était composé dans l’idiome parléen Palestine du temps de Notre-Seigneur, c’est-à-direen araméen. Cet idiome est appelé, dans le Nouveau Testament, iêpaU ScaXéxToc, voir t. iii, col. 515; et c’est luique Papias et les autres Pères désignent par le nomd’hébreu quand ils affirment que saint Matthieu a rédigéson Évangile en hébreu. Cf. A. Meyer, Jesu Muttersprache, Leipzig, 1896; G. Dalman, Die Worte Jesu, Leipzig, 1898, t. i, p. 34-57. Il est resté, d’ailleurs, dansle texte grec de saint Matthieu, quelques mots araméens, tels que paicà, v, 22; fia|juovâ{, vi, 24’; tlxravva, xxi, 9; xop6av5{, xxvii, 6, qui ne sont pas expliqués et qui ontété conservés du texte primitif. A. Brun, L’Évangile araméende l’apôtre Matthieu, Montauban, 1901.

3° La version grecque de l’Évangile araméen desaint Matthieu. — Le texte original du premier Évangileest perdu depuis longtemps. On suppose quedestiné à l’Église chrétienne de Palestine, il a dispanavec elle ou qu’il s’est conservé, plus ou moins altéré, chez les sectes hérétiques des Ébionites et des Nazaréenssous le nom d’Évangile selon les Hébreux. Cettedernière hypothèse s’appuie en particulier sur lestémoignages de saint Jérôme et de saint Épiphane; maisil n’est pas démontré que l’Évangile selon les Hébreuxétait le texte aramaïque de saint Matthieu, et il est mêmepeu vraisemblable que ce texte ait encore existé auIV siècle, fût-ce sous une forme altérée. Sa disparitionrapide s’explique par l’impossibilité de son emploi dansles Églises chrétiennes hellénistes et par l’existenced’une version grecque dès la plus haute, antiquité.

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    1. MATTHIEU##

MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT)

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Aussi loin que nous puissions remonter, en effet, nousconstatons la connaissance et l’emploi de cette versiongrecque. Les plus anciennes citations du premier Évangilepar les Pères. sont grecques et se rapportent autexte grec de saint Matthieu, et Papias nous laisseentendre qu’au moment où il écrivait les Églises d’Asieavaient déjà une version grecque de l’Évangile de saintMatthieu. Les Pères postérieurs à Papias ont cité letexte grec seul comme l’œuvre de l’apôtre, et les plusanciennes versions, sauf peut-être la version syriaquedécouverte et publiée par Cureton, ont été faites sur letexte grec. L’auteur de cette traduction grecque estinconnu. Eusèbe, Qusest. ad Marinum, ii, t. xxii, col. 941, et saint Jérôme, De vir. ill., 3, t. xxiii, col. 613, ignorent son nom ou n’ont point sur lui de renseignementcertain. C’est par pure conjecture que certainsnoms ont été plus tard proposés. Plusieurs manuscritsgrecs minuscules, avec Théophylacte, In Matlh., prol., t. cxxiii, col. 145, désignent saint Jean; on a mis enavant saint Barthélémy, parce que Panténe avait trouvéen Arabie un manuscrit de saint Matthieu écrit par cetapôtre de l’Ethiopie; la Synopsis Scripturse Sacrée, attribuée à saint Athanase, t. xxviii, col. 432, a penséà Jacques le Mineur, frère du Seigneur.

Nonobstant le témoignage constant et unanime del’antiquité, beaucoup de critiques modernes estimentque le texte grec de saint Matthieu est, non pas unetraduction de l’araméen, mais l’original lui-même.C’est aujourd’hui l’opinion dominante. Sur quels argumentss’appuie-t-elle? Hug, Einleitung in die Schriftendes N. T., 4e édit., 1847, t. ii, p. 30 sq., s’est efforcéde démontrer à grand renfort d’érudition qu’au1 er siècle de notre ère la langue grecque était d’unusage universel en Palestine, et que presque tous lesJuifs pouvaient la comprendre, la lire et la parler. Orl’Évangile de saint Matthieu, destiné aux chrétiens dela Palestine, était naturellement rédigé en grec, danscette langue qui était à la portée, non seulement desdestinataires immédiats de son récit, mais encore detous les chrétiens qui parlaient grec. Mais la thèse deHug n’est pas démontrée et, quelle qu’ait été l’introductionde l’hellénisme dans le monde palestinien, voirt. iii, col. 575-579, il est avéré que la langue grecquen’était ni connue ni parlée par la masse du peuple souslesHérodes, voir t. iii, col. 314-315; cf. E. Schûrer, Geschichtedes jûdischen Vclkes im Zeitalter Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898, t. ii, p. 63-66, et que les Juifsde Palestine se distinguaient de leurs coreligionnairesde la dispersion, parlant grec, en les nommant hellénisteset en se réservant le titre d’hébreux. Voir t. iii, col. 582. Cf. R. Simon, Histoire critique du texte duN. T., Rotterdam, 1689, p. 47-71.

Aussi les critiques n’insistent-ils plus sur cette considérationet préfèrent-ils étudier les caractères propresdu texte grec pour y reconnaître ceux d’un ouvrageoriginal et non pas d’une traduction^ Ils font valoir: 1° la langue et le style du premier Évangile. Le grecde saint Matthieu est coulant, clair, moins chargé d’hébraïsmesque celui de saint Marc. On y remarque l’emploidu génitif absolu et la subordination régulière desmembres de phrase par l’opposition de ji.lv et de 61. Lestyle est partout le même, et les mêmes mots: xàtt, xxt ISoû,-f) ^cktiXeîx tûv oûpavûv, etc., sont constammentrépétés. Il y a enfin des jeux de mots grecs, tels quepaxtoyoxsîv et jioXuXoyîa, VI, 7; àçaviÇovui et ôrc&iççavtoir! , vi, 16; xaxoù; xaxâç aTtoXêffEt, XXI, 41; xôi^oviaixal ô^ovTai, xxiv, 30, etc. Toutes ces observations nese concilient pas aisément avec le travail d’un traducteuret révèlent une œuvre originale. — Si le style dutexte grec actuel est coulant, clair et présente les formespropres de la phrase grecque, c’est simplement parceque le traducteur inconnu savait bien cette langue etne s’est pas borné à rendre littéralement l’original

araméen. D’ailleurs, ce style simple, uniforme et peusoigné, s’adapte aisément à une traduction. Les aramaîsmesn’y manquent pas. On nous concède qu’ilstrahissent un écrivain grec d’origine juive. Peut-être, s’ils existaient seuls, ne dépasseraient-ils pas cette conclusion.Mais, la tradition ecclésiastique nous apprenantl’existence d’un original araméen, ils la confirmentsuffisamment, loin de la contredire. Enfin, les jeux demots sont rares et exceptionnels, et chacun sait qu’ilspeuvent se produire par hasard ou intentionnellementdans une traduction. La version latine a très bienrendu: xaxoùç xaxâiç àitoXé<ret, xxi, 41, par malosmaie perdet. On pourrait encore y signaler des assonancesparticulières, telles que orationes orantes, xxiii, 14; excolantes culicem, xxiii, 24; molentes in mola, xxiv, 41; cum venerit, invenerit, xxiv, 46, qui n’ontpas d’équivalentes dans le texte grec, sans qu’il enrésulte logiquement que le texte latin représente l’originalde saint Matthieu. — 2° Les citations de l’AncienTestament en saint Matthieu sont faites, tantôt d’aprèsle texte hébreu, par exemple, xxvir, 9, tantôt d’après lesSeptante, par exemple, xxi, 16, tantôt enfin d’une manièreun peu divergente de ces deux textes ou en lescitant successivement comme xiii, 35. Cette diversitéde recours aux livres de l’ancienne alliance et la manièredont plusieurs citations sont interprétées indiquentassurément un écrivain au courant de la littératurehébraïque; elles ne supposent pas nécessairement unauteur écrivant en hébreu ou en araméen. — Cettediversité, constatée déjà par saint Jérôme, dans les citationsbibliques du premier Évangile, ne prouve ni pour nicontre la langue originale, employée par saint Matthieu.On a, en effet, calculé le nombre de ces citations, quiest de quarante-cinq environ, et on a remarqué qu’ellesse répartissent en deux groupes: le plus grand nombrese rencontre dans les discours mêmes de Jésus; onzeseulement ont été employées par l’évangéliste lui-mêmepour rapprocher un fait de la vie du Sauveur d’uneprophétie messianique. Or les unes et les autres suiventle texte hébreu et le texte grec de l’Ancien Testamenttour à tour. On ne peut donc tirer de ce fait aucuneconclusion certaine pour ou contre la langue originaledu premier Évangile, car un écrivain araméen pouvaitemployer la version des Septante, connue de son tempsen Palestine, comme un helléniste recourir à l’originalhébreu. Cf. Anger, Ratio qua loci V. T. in EvangelioMatthxi laudantur, 1861 j Massebiau, Examen des citationsde l’A. T. dans l’Evangile selon saint Matthieu, 1885. — Pour expliquer L’apparente originalité du textegrec, il n’est pas nécessaire de supposer, avec Bengelet quelques autres critiques, que saint Matthieu, aprèsavoir écrit d’abord son Évangile en hébreu, l’auraitpublié plus tard en grec. L’historien juif Josèphe, il estvrai, a composé sa Guerre juive dans sa langue paternelle, puis il l’a traduite en grec pour les Romains.Mais un procédé semblable est moins naturel de la partd’un apôtre, et il est plus vraisemblable que la traductiongrecque du premier Évangile est d’une autre mainque celle de saint Matthieu.

III. Plan et analyse. — Bien que les indicationschronologiques soient nombreuses dans le récit desaint Matthieu, les critiques admettent généralementaujourd’hui que, sauf pour l’enfance et la passion deJésus, le premier évangéliste n’a pas suivi l’ordre chronologiquedes événements. Dans le ministère public, il groupe les faits et les discours par ordre d’affinité etles dispose de façon à atteindre plus directement le butspécial qu’il se proposait. Les données chronologiques, sont vagues et générales, et le narrateur relie ses récitspar la répétition continue de «alors», tixi, «en cesjours-là, -» etc. Le_groupement des actes et des paroles deJésus, quoique systématique, n’est pas aussi logique etaussi serré que le désireraient les lecteurs occidentaux.

Aussi les critiques ne sont pas encore parvenus à trouveret à proposer une division satisfaisante; beaucoupdes plans élaborés exposent les idées de ceux qui lesont construits plutôt que celles de l’évangéliste. Lamarche générale est cependant simple et claire; ellerépond à celle de l’histoire et comprend trois périodes, plus ou moins longues et plus ou moins développées dansla narration de la vie de Jésus: 1° son enfance et savie cachée; 2° son ministère public; 3° sa vie souffranteet glorieuse ou sa passion et sa résurrection. Seules lessubdivisions de la seconde période ont été diversem*ntcomprises et présentées.

1° La première partie, i, 1-n, 23, sert comme d’introductionà la vie de Jésus. Pour l’enfance et la viecachée, saint Matthieu suit une tradition différente decelle de saint Luc. Voir Luc 2, col. 391. Son récit commencepar une généalogie, descendant d’Abraham àJésus et partagée en trois séries égales de générations, ], 1-17. Voir t. iii, col. 166-168. Il raconte ensuite lanaissance virginale du fils d’Abraham et de David, i, 18-n, 1, la venue des mages à Bethléhem, ii, 2-12, lafuite en Egypte, ii, 13-15, le massacre des innocents, n, 16-18, et le retour à Nazareth, ii, 19-23. Pour l’agencementdes faits de l’enfance de Jésus par la combinaisondes deux récits de saint Matthieu et de saint Luc, voir t. iii, col. 1441-1445.

2° La deuxième partie, iii, 1-xxv, 46, qui concerne leministère public de Jésus, se subdivise naturellementen trois sections. — l re section, la préparation et lespréliminaires du ministère public, iii, 1-rv, 11. Ellecomprend trois faits: 1° la prédication de Jean-Baptiste, m, 1-12; 2° le baptême de Jésus par son précurseur, iii, 13-17; 3° la tentation du Sauveur au désert, iv, 1-11. —2e section, la prédication de Jésus en Galilée, iv, 12-xviii, 35. Cette prédication comprend trois groupes de récits, qui en marquent les diverses phases et les progrès: l «r groupe, les débuts de ce ministère, iv, 12-vn, 29.Jésus se met à prêcher la pénitence et la venue duroyaume des cieux en Galilée, iv, 12-17, et y choisit sespremiers disciples, iv, 18-22. Il parcourt tout le pays etattire à lui les foules en guérissant les malades, iv, 2325. Devant la multitude accourue sur ses pas, il parlesur la montagne. Le grand discours, rapporté par saintMatthieu, v, 1-vn, 29, comprenant des éléments qui seretrouvent ailleurs et dans des situations différentes ensaint Marc et en saint Luc, ne semble pas avoir été tenupar Jésus d’un seul trait dans sa teneur actuelle. C’estune sorte de discours programme sur la justice quesaint Matthieu a placé au début du ministère en Galiléepour inaugurer la prédication évangélique. Conformémentà sa méthode de grouper les faits et les enseignementsanalogues, saint Matthieu a inséré dans latrame d’un discours réel et primitif de Jésus des instructionsétrangères et en a fait une œuvre composite, assez bien organisée et tendant à son but. Cette conclusionne résulte pas seulement de l’analyse du discourslui-même, qui révèle des additions à un thèmepremier, elle se fonde encore sur la finale historiquedu sermon sur la montagne: «Et il arriva que, quandJésus eut achevé ces discours…» Le pluriel, toùç idfouçtoutou; , indique vraisemblablement la pluralité desenseignements réunis et groupés dans le grand discoursprécédent. Cf. A. Robinson, The study of tlie/Gospels, Londres, 1902, p. 73-85; A. Loisy, Le discours sur lamontagne, Paris, 1904, p. 1-5. Voir t. iii, ’col. 1449. —2° groupe, la partie centrale de la prédication enGalilée, viii, 1-xin, 52. Les faits y sont réunis systématiquementen deux recueils symétriques, qui ont pourthème une prophétie messianique, Matth., viii, 17; xii, 17-21, et se terminent par un grand discours. Lepremier recueil comprend une série d’actes par lesquelsle Messie montre sa souveraineté, viii, 1-x, 42. On ydistingue onze faits: les guérisons du lépreux, viii,

1-4; du serviteur du centurion, viii, 5-13; de la bellemèrede saint Pierre, viii, 14-17; les observations faitesà deux disciples, viii, 18-22; l’apaisem*nt de la tempête, vin, 23-27; la délivrance de deux démoniaques, viii, 28-34; la guérison d’un paralytique, ix, 1-8; la vocationdu publicain Matthieu et les paroles prononcées danssa maison, ix, 9-17; la guérison d’une femme maladed’une perte de sang et la résurrection de la fille deJaîre, ix, 18-26; la guérison de deux aveugles, ix, 27-31; celle d’un possédé muet, ix, 32-34; tous ces miraclesattestaient la bonté et la puissance de Jésus, ix, 35. Sacompassion pour les foules sans pasteur l’amène àchoisir des apôtres, ix, 36-x, 4, à qui il trace, dans unassez long discours, les devoirs et les résultats de leurmission, x, 5-42. Le second recueil contient surtoutdes paroles ou sentences dans lesquels le Messie manifestesa sagesse, xi, 1-xm, 52. Nous y trouvons d’abordune série d’enseignements divers, provoqués par desfaits particuliers: le témoignage sur la personne etl’œuvre de Jean-Baptiste à l’occasion de l’ambassade quole précurseur prisonnier envoie à Jésus, xi, 1-19; lesmalédictions adressées aux villes incrédules de la Galiléeet l’appel consolant aux âmes de bonne volonté, xi, 2030; deux épisodes sabbatiques: celui des apôtres quifroissent des épis et celui de la guérison de l’hommedont la main était desséchée, xir, 1-14; la douceur duMessie prédite par Isaïe, xii, 15-21; la réfutation dublasphème des pharisiens qui accusent Jésus de chasserles démons au nom de Béelzébub, xii, 22-37; la réprobationdes scribes incrédules qui réclament un signe, xii, 38-45; à l’occasion de la venue de sa mère et deses frères, Jésus révèle quelle sera sa famille spirituelle, xii, 46-50. Le recueil se termine par la manifestationde la nature et des progrès du royaume des cieux ensept paraboles de la sem*nce, de l’ivraie, du grain desénevé, du levain, du trésor, de la perle et du filet, xir, 1-52. Vraisemblablement ces paraboles n’ont pas étéprononcées en même temps; la con texture du discours, entrecoupé d’explications et d’interrogations, le laissedeviner. C’est l’évangéliste qui les a réunies au momentde sa prédication où Jésus a inauguré ce genre particulierd’enseignementqui est à la portée des âmes de bonnevolonté, mais qui reste inintelligible pour les adversairesdu royaume. — 3e groupe, les dernières excursions enGalilée, xiii, 53-xviii, 35. Visite à Nazareth, xiii, 53-58; sentiment d’Hérode tétrarque de Galilée au sujet deJésus et meurtre de Jean-Baptiste, xiv, 1-12; Jésusse retire dans le désert et y multiplie les pains, xiv, 1321; il marche sur les eaux, apaise la tempête sur le lacet fait de nombreuses guérisons à Génésareth, xiv, 2236; des scribes et des pharisiens de Jérusalem discutentsur les purifications extérieures et Jésus instruit sesapôtres à ce sujet, xv, 1-20; Jésus, étant allé au pays deTyr et de Sidon, y guérit la fille d’une femme chananéenne, xv, 21-28; revenu sur les bords du lac de Génésareth, il multiplie une seconde fois les pains, xv, 2939; il discute avec les pharisiens et les sadducéens etmet ses disciples en garde contre le mauvais levaindes pharisiens, XVI, 1-12; à Césarée de Philippe, ilannonce à Pierre, qui avait reconnu sa divinité, sesprérogatives futures et il prédit aux siens sa mort et sarésurrection, xvi, 13-23; il leur recommande l’abnégation, xvi, 24-28; il est transfiguré, xvii, 1-13; guérisond’un lunatique, xvii, 14-20; nouvelle prédiction de lapassion et de la résurrection, xvii, 21-22; à Capharnaùm, Jésus paie le didragme, xvii, 23-26. Cette sériede faits aboutit à un grand discours, xviii, 1-35. LeSauveur y donne aux disciples une leçon d’humilité, leur signale la gravité du scandale, prononce la parabolede la brebis perdue, traité de la correction fraternelle, etpour répondre à une question de saint Pierre sur lepardon des injures, propose la parabole du serviteurqui doit à son maître. Les parties de ce discours ne 887

    1. MATTHIEU##

MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT)

s’enchaînent pas logiquement; plusieurs se retrouventen saint Marc et en saint Luc au même moment, maisdans des occasions différentes. Le discours est doncprobablement formé, comme les précédents, de morceauxdivers, dont le caractère collectif serait encoreindiqué par la formule plurielle de la transition, xix, 1. — 3° section, Jésus quitte la Galilée et se dirige parla Pérée vers Jérusalem, xix, 1-xx, 34. Le début de cettesection est nettement marqué dans l’Évangile. Abandonnantdéfinitivement le pays de Galilée qu’il avaitévangélisé jusqu’ici, Jésus passe le Jourdain; il guéritdes malades, discute avec les pharisiens sur l’indissolubilitédu mariage et recommande à ses disciples lavirginité, xix, 1-12; il bénit les petit* enfants, xix, 1315; il s’entretient avec un jeune homme riche et exposeà ses disciples les dangers des richesses et les avantagesdu renoncement, xix, 16-30; il prononce la paraboledes ouvriers envoyés à la vigne, xx, 1-16; il annonce ensecret aux seuls apôtres sa passion et sa résurrection, xx, 17-19; il répondà la demande indiscrète de la mèrede Jacques et de Jean, xx, 20-28, et enfin il guérit deuxaveugles à Jéricho, xx, 29-34.

3° La troisième partie, xxi, 1-xxviii, 20, raconte lapassion et la résurrection plusieurs fois prédites. Onpeut la subdiviser en (rois sections. — 1™ section, xxi, 1-xxv, 46. Elle renferme une série de faits détachés, quise produisent dans les premiers jours de la dernièresemaine: l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem etl’expulsion des vendeurs du temple, xxi, 1-17; la malédictiondu figuier stérile, xxi, 18-22; l’interrogationfaite à Jésus par les membres du sanhédrin, xxi, 23-27; la parabole des deux fils, xxr, 28-32; celle des vignerons, xxi, 33-46; celle des noces du fils du roi, xxii, 1-14; Jésus réfute les pharisiens et les hérodiens, qui lequestionnent au sujet de l’impôt, xxii, 15-22; puis lessadducéens à propos de la résurrection, xxii, 23-33; les pharisiens reprennent l’offensive et un docteurinterroge Jésus sur le premier des commandements, xxii, 34-40; le Sauveur réduit tous les pharisiens ausilence sur le Messie, fils de David, xxii, 41-46. S’adressantensuite à la foule et à ses disciples, il blâmesévèrement les scribes et les pharisiens et les maudit, xxiii, 1-39. Sortant du temple et interrogé par ses disciples, il leur fait, au sommet du mont des Oliviers, ungrand discours sur ce qui arrivera entre sa mort et saseconde venue, sur la ruine de Jérusalem et sur la findu monde, xxiv, 1-41; il y ajoute des conseils de vigilance, xxiv, 42-51, qui sont suivis de la parabole desdix vierges, xxv, 1-13, de celle des talents, xxv, 14-30, etde la description du jugement dernier, xxv, 31-46. Cediscours semble encore formé de morceaux différents, groupés par l’évangéliste, comme l’insinue de nouveaule pluriel: «tous ces discours,» xxvi, 1. — 2e section, la passion, xxvi, 1-xxvii, 66. Jésus annonce aux disciplesqu’il sera crucifié deux jours plus tard, xxvi, 1, 2; lessanhédrites trament sa mort, xxvi, 3-5; à Béthanie, unefemme pécheresse oint Jésus, xxvi, 6-13; Judas trahitson maître, xxvi, 14-16; préparatifs de la Pàque et ladernière cène, xxvi, 17-29; prédiction du reniement dePierre, xxvi, 30-35; l’agonie à Gethsémani, xxvi, 3646; Jésus est arrêté et conduit devant le sanhédrin, xxvi, 47-68; triple reniement de Pierre, xxvi, 69-75; Jésusconduit à Pilate, xxvii, 1-2; désespoir de Judas, xxvii, 3-10; comparution de Jésus devant Pilate, xxvii, 11-26; livré aux soldats, Jésus est mené au Calvaire et y estcrucifié, xxvii, 27-44; circonstances de sa mort, xxvii, 45-56; sa sépulture et une garde est placée au tombeau, xxvii, 57-66. — 3e section, la résurrection, xxviii, 1-20.Jésus ressuscité apparaît aux femmes qui venaient visiterson tombeau, xxviii, 1-10; les prêtres juifs répandentle faux bruit que les disciples, après avoir soudoyé lesgardes, ont enlevé de’nuit le corps de leur Maître, xxviii, 11-15; Jésus apparaît aux onze en Galilée et les

envoie prêcher et baptiser dans le monde entier, xxviii, 16-20.

IV. Date. — Les critiques sur ce point sont en désaccordparce que les témoignages des Pères ne sont pasconvergents et qu’on tire des conclusions différentes descritères internes. — 1° Données patrisliques. — Le sentimentgénéral des anciens est que l’Évangile de saintMatthieu à été composé le premier des quatre récitsévangéliques. S. Irénée, Cont. hœ>, iii, 1, t. vii, col. 844; Clément d’Alexandrie, cité par Eusèbe, H. E., w, 14, t. xx, col. 552; Origène, In Matth., tom. i, t. xiii, col. 829, qui invoque la tradition antérieure; Eusèbe, H. E., iii, 24, t. xx, col. 265; S. Épiphane, flser. u> 5, t. xii, col. 393; S. Jérôme, De vir. M., 3, t. xxiii, col. 613; S. Augustin, De consens. Evangelist., i, 2, t. xxxiv, col. 1043; S. Jean Chrysostome, In Matth. Hom. iv, 1, t. lvii, col. 39. De cette première donnée l’on pourraitdéduire approximativement la date du premier Évangilepar comparaison avec celle du second. Voir Marc 2, col. 737. Quelques-uns de ces Pères, Eusèbe, loc. cit., ajoutent que saint Matthieu a rédigé son Évangile avantde quitter la Palestine pour aller convertir les païens.Or des critiques d’écoles et de tendances différentesfixent cette daté à l’an 42. Voir col. 875. Mais saint Irénée, Cont. hœr., iii, 1, t. vii, col. 844-845, tout en plaçantl’Évangile de saint Matthieu en tête des quatre Évangilescanoniques, semble reculer la date de sa compositionà l’époque où saint Pierre et saint Paul se trouvaientensemble à Rome: ’O (xév &t Maxfiato; Iv toî; ’EëpaîoiçtÎ). tfit’a fiiaXévtxw aùrâv xeà fpaqwiv Hr^îyv.VJ EicffytV.ov, toO IJÉTpou xai to0 IlavXou Iv’Pw|ji?) £ÙaYYsXt! |o|Jilv(i>v y.at6e|ieX[oûv™v triv’ExxXr)fffav. Il semble reporter aussila rédaction du second Évangile après la mort de cesdeux Apôtres. Voir Marc, col. 737. Or saint Pierre etsaint Paul n’ont pu se trouver ensemble à Rome qu’aprèsl’an 61. La composition du premier Évangile serait doncpostérieure à cette dernière date. Par suite, il s’est produitparmi les critiques qui tiennent compte de la traditiondeux courants d’opinion. Les uns se rangent àl’autorité, selon eux décisive, du témoignage de saintIrénée, qui est bien fondé et n’a jamais été expressémentcontredit, et ils reculent la composition de saintMatthieu à l’époque du commun séjour de saint Pierreet de saint Paul à Rome, entre 61 et 67. Les autres suiventla majorité des Pères et s’efforcent de concilieravec leur sentiment le témoignage divergent de saint Irénée.Quelques-uns ont pensé que saint Irénée indiquaitla date de la version grecque du texte araméen de saintMatthieu. Mais cette interprétation est contraire aux parolesde l’évêque de Lyon qui dit expressément que saintMatthieu a rédigé son récit évangélique dans l’idiome desHébreux. Quelques autres ont fait remarquer avec plusde vraisemblance que le génitif absolu, toù nèrpou xàltoû IlaûXou èv "P<i|j17) EÙayYsXiÇoiJiivcûV xai ÔejjieXioijvtwvde la phrase d’Irénée ne signifiait pas la simultanéitédes travaux du premier évangéliste et des deux apôtresPierre et Paul, mais seulement la différence des lieux(Palestine et Rome) et de la nature (écrit et prédicationorale) de leurs travaux. D’ailleurs le texte de l’évêque deLyon nous est parvenu incomplet et en mauvais état. Lapremière phrase, qui n’est conservée qu’en latin, estinachevée et ne présente pas un sens clair. La phrasegrecque concernant saint Matthieu, la suit immédiatementet contient un xaî qui ne répond rien de ce quiprécède. Il y aurait donc un membre de phrase à suppléer.Le P. Cornely propose:-cà ûit’aÙToO xipvff<r<i|ievaifoatyz xa’i… Ces mots établiraient un contraste entre lepremier évangéliste qui a rédigé par écrit sa prédicationet les deux suivants qui ont écrit d’après saint Pierreet d’après saint Paul. Quoi qu’il en soit, il semble qu’onne puisse pas tirer d’un texte obscur et imparfait uneconclusion ferme et certaine. Cf. A. Camerlynck, SaintIrénée et le canon du N. T., Louvain, 1896, p. 27-31. — MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT)

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2° Critères internes. — Sans parler des tendances ébionites et judaïsantes, que Baur avait cru remarquer dansle premier Évangile et qui lui faisaient retarder la composition de cet écrit jusqu’aux années 130-134, sous le règne d’Adrien, Jùlicher, Einleitung in das N. T., 3e et4e édit., Tubingue et Leipzig, 1901, p. 241-243, fixe la datedu premier Évangile aux environs de l’an 100. Dans la parabole des noces royales, la vengeance du roi qui envoieson armée pour tuer les invités qui avaient exterminé sesserviteurs et pour brûler leur ville, xxii, 7, suppose réalisée la ruine de Jérusalem par les Romains et nous reporte à une date postérieure à 70. Le retard du maître etde l'époux, xxiv, 48; xxv, 5, suppose aussi une longue attente de la parousie, et l’expression: «jusqu’aujourd’hui,» xxvii, 8; xxviii, 15, un intervalle considérable écoulé entrele récit et les faits racontés. L'évangélisation du mondepaïen, xxviii, 18-20; cf. x, 23; l’annonce des persécutionsdes apôtres de la part des puissances terrestres, x, 17-19; le souci de ne donner aux Romains aucune occasion descandale, xvii, 26; le rôle prêté à Pilate et à sa femme durant la passion, xxvii, 11-24, 58, nous reportent au règnede Domitien, durant lequel la communauté chrétienneavait intérêt à montrer son impartialité politique. D’autre part, la prédication apostolique par le monde entieret la formule trinitaire du baptême, xxviii, 19, ne conviennent guère au I er siècle. Enfin la tendance de saintMatthieu est franchement catholique; l'Église, pour 1 ui, estune société fortement organisée, xvi, 18, 19; xviii, 15-18, qui dispense les biens célestes et qui exige la.pratiquedes œuvres en vue de la récompense, xxv, 31-46. Le catholicisme ainsi constitué nous éloigne de la traditionprimitive et nous reporte à une époque déjà tardive. Onvoit aisément le caractère tendancieux de ces arguments, qui placent dans la réalité de l’histoire ce quel'évangéliste raconte comme prédiction de Jésus et conditions futures de l'Église fondée par Jésus-Christ. Unetelle manière de raisonner est aussi défectueuse que cellede Baur et de l'école de Tubingue. — D’autres critiques, avec B. Weiss et A. Harnack, fixent la date de l'Évangilede saint Matthieu aux années 70-75, qui suivent immédiatement la ruine de Jérusalem. Ils s’appuient sur laparabole des noces déjà citée et disent que le passage, xxii, 7, manifeste l’incendie de Jérusalem comme unfait accompli. Ils s’appuient surtout sur la proximitémaintenue entre cette catastrophe et la seconde venuede Jésus. La transition: eùûlwi; 8è |i£-rà tyjv GXt^iv t<5vrinspâv èxetvuv avec la description des signes précurseursde la parousie, xxiv, 29, rattache le récit à l'époque quisuit immédiatement la catastrophe, alors qu’on n’avaitpas encore eu le temps de se convaincre que les deuxfaits n’auraient pas lieu consécutivement. Mais précisément cette circonstance produit chez d’autres critiquesl’impression que ce récit a été rédigé avant la destructionde Jérusalem. Un écrivain postérieur aurait, selon eux, plus expressément marqué l’intervalle qui devait existerentre les deux événements. Quelle que soit d’ailleursl’interprétation qu’on en donne, les deux passages invoqués ne suffisent pas à prouver la composition dupremier Évangile après l’an 70. — Tous les critiquesmodérés pensent que saint Matthieu a écrit avant 70. Ilsapprécient différemment les témoignages patristiquçs etles critères internes et ils s'écartent les uns des^ autresdans la fixation d’une 'date, approximative. Ms r Batiffol, Six leçons sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1897, p. 51, se rallie à saint Irénée et place la composition dupremier Évangile dans la période 65-70. Zahn, Einleitung in das N. T., 2= édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 163, suitla même voie et indique les années 61-66. Godet, Introduction au N. T., Paris et Neuchâtel, 1898, t. ii, p. 245249, aboutit à la conclusion que le premier Évangile datede 60 à 66. A. Schsefer, Einleitung in dos N. T., PaderLorn, 1898, p. 199, s’arrête aux années 50 où 51. LeP. Cornely, Introductio specialis in singulos N. T. libros

Paris, 1886, p. 76-80, accorde un plus grand intervalle, entre 40 et 50. J. Belser, Einleitung in das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 30-32, se rallie catégoriquement à l’ancienne opinion et adopte la date de 41-42.Voir t. H, col. 2062.

V. Lieu de la composition. — Tous les Pères qui ontparlé de la composition du premier Évangile par saintMatthieu, de la date et du but de sa composition, ontaffirmé que saint Matthieu l’avait rédigé en hébreu pourles Hébreux et avant de quitter la Palestine pour allerévangéliser d’autres contrées. Il en résulte donc que lepremier Évangile a été rédigé en Palestine. La plupartdas critiques modernes acceptent les données de la tradition et pensent que c’est à Jérusalem même que l’apôtre a écrit. Quelques critiques ont voulu conclure desmots irépav toû 'IopSàvou, xix, 1, que l’auteur plaçait laJudée de l’autre côté du Jourdain et que par conséquentl'Évangile de saint Matthieu avait été rédigé sur la riveorientale de ce fleuve, à l'époque où les chrétiens avaientdéjà quitté Jérusalem et s'étaient réfugiés à Pella, c’està-dire vers 66. Mais cette conclusion est peu vraisemblable. En effet, le point de départ du voyage de Jésus estla Galilée et son terme les confins de la Judée en passant au delà du Jourdain. On conçoit difficilement qu’unJuif, écrivant à l’est du Jourdain, ait désigné de cettefaçon la Judée elle-même, qui se trouvait pour lui àl’ouest du fleuve, puisque c'était le langage reçu chezses compatriotes de désigner par cette expression la riveorientale du Jourdain. Saint Matthieu a donc employéle langage ordinaire et dit, comme on l’entend généralement, que Jésus était allé de la Galilée en Pérée. Pourinterpréter autrement son récit, il faudrait prendrenépav toû 'IopSàvou comme une apposition à ec;-rà BptaTYjc 'IouSaiaç. Cf. Zahn, Einleitung in das iV._ T., t. ii, p. 297, 308. Msr Batiffol, Six leçons sur les Évangiles, p. 49-50, admettant que Matthieu, «juif de race, helléniste de culture et d esprit, a écrit son Évangile pourdes chrétiens d’un pareil esprit,» et remarquant danscet Évangile des paroles sévères contre les scribes, conclut: «Aussi n’est-ce point à Jérusalem que nousimaginerions que l'Évangile selon saint Matthieu a étérédigé, et volontiers penserions-nous qu’il a pu êtrerédigé en Syrie, par exemple à Antioche.» La détermination du but et des destinataires du premier Évangile quenous allons faire, d’après la tradition, nous montrera s’ily a des motifs suffisants de ne pas tenir compte de cettetradition au sujet du lieu de la rédaction du récit etd’imaginer quelque hypothèse contraire.

VI.IDestinataires. —1° Données patristiques. — Aussihaut que nous puissions remonter dans la traditionecclésiastique, nous constatons que l'Évangile de saintMatthieu est présenté comme destiné aux Juifs. SaintIrénée, qui, le premier des Pères, parle du but et de ladestination de cet écrit, affirme catégoriquement: TbxotTCt Mat8aîov syayyÉ/.tov itpôç 'louSxiovq éfpâfri, Fragm., xxix, t. vii, col. 1244. Les paroles qui suiventsont, il est vrai, interprétées par quelques critiquesdans un sens apologétique; selon l'évêque de Lyon, diton, saint Matthieu se proposait de prouver aux Juifsnon encore chrétiens que Jésus était le Messie, fils deDavid, qu’ils attendaient. Voir plus loin. Mais on peutpenser que par ce nom de «Juifs» aussi bien que parcelui d' «Hébreux», Cont. hier., iii, 1, ibid., ool. 814, saint Irénée désignait les judéo-chrétiens de Palestine, comme l’ont fait les autres écrivains ecclésiastiques.Origène, en effet, ne laisse là-dessus place à aucundoute. Il a appris par la tradition que saint Matthieu adestiné son Évangile toï; àizo 'IouSaVojjiou m<mvoa.aiv, Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 581; In Matth., tom. i, t. xill, col. 829; toï; 'ESpafoi; … toïç ex irepiTO|iîi; matcûo-uitiv. In Joa., tom. VI, 17, t. xiv, col. 256; cf. ibid., prsef., 6, col. 29. Eusèbe, H. E., iii, 24, t. xx, col. 265, présente comme résultat de ses recherches et comme

le résumé de la tradition antérieure cette donnée: MatBaïoc (ièv fàp npATepov 'Eêpafoiç XYipvijaç, ûç ï; [ie).Xevif' izipovi Uval jcaTpfij) Tf^tirrr) ypaçîj nxpaSoùc tô xat' «ùtov tyocnviov to Xeîîtov tyj aùroO itapou<rîa toutoi; >a?' 5v laréXXeTo, 81à tîjç YpaçTjç ot71û7cX^poù. Saint Jérôme fait écho à Eusèbe: Matthxus primttm in Juâsea propter eos qui ex circumcisione credideruntEvangelium Christi composuit. De vir. ill., 3, t. xxiii, col. 613. Ob eorum vel maxime causant, qui in Jesumcrediderant ex Judmis, et nequaquam legis umbram, succedente Evangelii veritale, servabant. In Matth., prol., t. xxvi, col. 18. Saint Jean Chrysostome, InMallh. Rom. i, 3, t. lvii, col. 17, répète les mêmesrenseignements, et saint Grégoire de Nazianze, Carm., 1, 12, t. xxxvii, col. 474, dit d’un mot que saint Matthieu aécrit pour les Hébreux les miracles du Christ. Cf. CosmasIndicopleustes, Topogr. christ., 1. V, t. lxxxviii, Co1. 286.Tous les commentateurs catholiques et beaucoup deprotestants ont accepté le témoignage de la traditionecclésiastique et l’ont confirmé par des arguments tirésdu premier Évangile lui-même.

2° Critères internes. — Du contenu de ce livre, eneffet, on peut conclure qu’il était destiné à des lecteursd’origine juive, habitant la Palestine et déjà convertis àl'Évangile. Si l’auteur avait écrit pour des païens et nonpour des Juifs, il procéderait autrement, il insisteraitsur d’autres points et il ne montrerait pas par la réalisation des prophéties de l’Ancien Testament que Jésusest le Messie attendu des Juifs et le fils de David. D’ailleurs, il ne juge pas nécessaire d’expliquer à ses lecteurs des usages juifs dont saint Marc et saint Luc parlent différemment à leurs lecteurs d’origine païenne.Ainsi il mentionne sans explication les ablutionsjudaïques, xv, 1, 2; cf. Marc., vii, 3, 4; le jour desazymes, xxvi, 17; cf. Marc, xiv, 12; Luc, xxii, 7; ilparle du lieu saint, xxiv, 15; de la sainte cité, IV, 5; .xxvii, 53. Il met les gentils sur la même ligne queles publicains, xviii, 17. D’autre part, comme il rappelle les paroles les plus dures que Jésus ait prononcées contre les scribes et les pharisiens hypocrites, xxm, 1-4, 15-31, il ne peut guère s’adresser aux Juifsnon convertis. Enfin, il envisage ses lecteurs comme descroyants; il leur parle du royaume de Dieu et de l'Églisecomme à des initiés qui le comprendront. En résumédonc, il s’adresse à des judéo-chrétiens, et puisqu’ilécrivait en araméen, à des judéo-chrétiens qui comprenaient cette langue, par conséquent non à des hellénistes qui parlaient grec, mais bien aux Juifs convertisde la Palestine. Si quelques mots hébreux, commeEiipwxYoOn])., i, 23; r<AYo(là, xxvii, 33;-fiXel, ^Xei, Xep.a<raSax 9av£f) XXVH, 46, sont traduits; si Haceldama n’estpas nommé sinon dans sa traduction grecque: ifpoîaïu-a-roç, xxvii, 8, on peut penser que ces explications sont dues au traducteur grec du texte araméen.Il en serait de même du nom grec Hhpoi, employéau lieu de l’araméen Céphas pour désigner saintPierre.

VIL But. — 1° Tous les exégètes sont d’accord pourreconnaître, au moins d’une façon générale, que le premier évangéliste a voulu principalement démontrer queJésus était le Messie, fils de David, attendu des Juifs.Ils s’appuient à la fois sur le témoignage des Pères etsur le caractère général de l'Évangile de saint Matthieu.Saint Irénée ne se borne pas à dire que saint Matthieua écrit pour les Juifs; il ajoute dans quel but: Outoc(les Juifs) Yctp èitef>û(iouv irivo açiîpa éx axépu.atoi; AaëtSXpiurov à hi MatOaïoc xa£ ïti u.îaXov (npoSpo-ripav ifu>itt)V TûtaOtyjv èrc16v[Aiav nayxoîoyç eaTieuSe 7tXir)poçoptav «apé*/eiv aùxoîî, wç eîVi in. (nrepiiaToç Aaé: 8 o Xpturôi; " Stbxal àito tï|Ç y ev é<t£(i)ç cxùtoO îJpÇaTo. Fragm., xxix, t. vii, col. 1244. Saint Chrysostome, In Matth. Hom. ii, 3, t. lvii, col. 17, répète la même chose: Aià 8t) tovto ilUv Mat8atoç, are 'E6pac’oi «Tpâçuv, ojJèv îrtiov éït, tyi<k

SeïÇat, ^ on àirô 'A.ëpaàjt xat AatAS fjv… ovièv fâp ofowçàvlitaue tov 'IovSaîov, wç to u.a6eïv aùtov ôti toû 'Aêpaàu.xal toO AauiB sxyovoî iqv o Xpiffrôç. Théophylacte, Enarrat. in Ev. Matth., præf., t. cxxiii, col. 145, et Eufhymius, Comment, in Matth., t. cxxix, col. 113, reproduisent la même pensée que saint Chrysostome, dontils dépendent. Le caractère du premier Évangile répondbien au but de son auteur. Ce n’est pas, en effet, unebiographie complète de Jésus. On y trouve, il est vrai, une esquisse de la vie du Sauveur et un sommaire desa prédication. Mais les faits et les discours y sont groupés en vue d’une thèse à démontrer. L’auteur veut manifestement prouver que Jésus, dont il raconte l’histoireet dont il expose les renseignements, est le Messie promis au peuple juif, qu’il faut croire à sa parole etadhérer à sa doctrine. C’est pourquoi non seulementil débute, ainsi que le remarquait saint Irénée, par lagénéalogie davidique du Christ, mais surtout il disposeson récit de manière à faire ressortir dans la vie et laprédication de Jésus la réalisation continuelle de prophéties messianiques. De là, son souci constant de citerl’Ancien Testament et de montrer dans les événementsl’accomplissem*nt des oracles divins, en amenant lescitations par des formules expressives, i, 22; ii, 15, 17, 23; iv, 14; xxvii, 9, etc. De la encore sa préoccupation designaler en Jésus toutes les prérogatives de roi, de législateur, de thaumaturge, de prophète et de souverainprêtre, que les écrivains de l’ancienne alliance ontattribuées au Messie.

2° Tout en restant d’accord au sujet du but principaldu premier Évangile, les exégètes modernes ont suivides voies un peu divergentes, lorsqu’ils ont tenté dedéterminer avec plus de précision la fin que se proposait saint Matthieu. Quelques-uns ont pensé que l’apôtre, en prouvant que Jésus était le Messie attendu, avait unbut directement apologétique et polémique. Il s’adressait à ses coreligionnaires demeurés juifs et non encoreconvertis au christianisme en vue de les convaincre dela nature messianique de Jésus et en même temps derépondre aux calomnies que le sanhédrin avait répandues dans le public sur le compte du Sauveur, dont lesdisciples auraient enlevé le corps du tombeau pourfaire croire à sa résurrection. Aberle, Einleitwig indos N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1877, p; 20-32, a spécialement insisté sur cette considération qui, prise isolément, paraît exagérée et se concilie difficilement avecles reproches sévères que le premier Évangile reproduitfréquemment contre les Juifs. Aussi la plupart des critiques ont-ils, avec raison, atténué les vues propresd’Aberle, et sans nier toute fin apologétique et polémique contre les Juifs incrédules, ils ont mis l’accentsur le but dogmatique du récit de saint Matthieu. Touten prouvant, en faveur des Juifs convertis, que Jésusde Nazareth était réellement le Messie prédit et attendu, cet écrit d’instruction dogmatique avait une pointeoffensive contre les Juifs demeurés incrédules. SaintMatthieu, en effet, en établissant principalement queJésus avait réalisé les prophéties messianiques et fondésur terre le royaume messianique prédit, mais unroyaume spirituel et non pas temporel comme les Juifsl’espéraient, voulait en outre expliquer que néanmoinsil n’y avait pas lieu de s'étonner si les chefs de la nation juive et la plus grande partie du peuple n’avaientpas reconnu en Jésus le Messie et l’avaient, au contraire, persécuté et mis à mort. Pour cela, tout en décrivant le véritable Messie et son œuvre, il raconte danstout le cours de son récit la longue opposition desscribes et des pharisiens contre le Sauveur. C’est doncpar aveuglement volontaire et coupable qu’ils n’ont pasreconnu en Jésus le Messie qu’ils attendaient. De lasorte, le but du livre n'était pas exclusivement didactique; saint Matthieu visait à convaincre les Juifs incrédules de leur erreur et à les en tirer, s’il était

possible, par la constatation de la réalisation des prophétiesmessianiques. «Son livre a un cachet plus juifque les trois autres. On dirait que l’auteur y adresse aupeuple infidèle la sommation dernière de s’incliner devantle Messie méconnu, et comme l’ultimatum terriblequi précède l’heure de la ruine définitive.» Ms r LeCamus, La vie de N.-S. Jésus-Christ, 6e édit., Paris, 1901, t. i, p. 27.

Le caractère particulier de la rédaction primitive del’Évangile de saint Matthieu n’a pas-empêché cet Évangile, traduit en grec, d’être utile à des lecteurs grecs, soit aux Juifs hellénistes qui y trouvaient la confirmationde leur foi, s’ils étaient déjà convertis au christianisme, ou des motifs de se convertir, s’ils étaientdemeurés juifs de croyance, soit même aux païens convertisqui y rencontraient l’exposé, fait sans doute à unpoint de vue particulier, mais identique de fond; de lacatéchèse qu’ils avaient entendue de la bouche desautres apôtres.

VIII. Style de l’Évangile gbec. — Le texte araméende saint Matthieu étant perdu, on ne peut rien dire descaractères de son style. Quant au texte grec, il présenteune telle liberté d’allures, une si parfaite unité et desparticularités, déjà signalées, qu’au jugement de la majoritédes critiques, il n’est pas simplement l’œuvred’un traducteur, mais bien un original grec. Pourconcilier les témoignages des Pères en faveur d’un originalaraméen et les arguments philologiques des critiquesen faveur d’un original grec, on peut admettre, comme nous l’avons déjà dit, que la traduction, existantdéjà au temps de Papias, a été faite assez librementpour être mise à la portée des lecteurs grecs, tout enreproduisant fidèlement le fond de l’écrit araméen primitif.Quant aux qualités du style de cette versiongrecque, on peut dire que, comparativement aux deuxautres synoptiques, l’Évangile de saint Matthieu tientle milieu entre la phrase simple, souvent lourde et prolixede saint Marc, et l’élégance presque classique desparties propres à saint Luc. Il nous faut signaler enoutre en saint Matthieu un certain nombre de motscaractéristiques et quelques tournures grammaticales.Appartiennent à son vocabulaire spécial les expressionssouvent répétées: paaiXesa TtSv oùpavûv, trente-sept foisemployée; 7taTY|p ô l7tovpâvio; ou i êv toïç oùpavotç, qu’onrencontre vingt fois; <xuvré>eta toû aiâvo; , cinq fois reproduit; ’IspodôXutia, partout usité, sauf xxiii, 37, où onlit’Iepou(ra)iri[jL; ulbç AautS, sept fois répété. Des locutions, rarement employées par saint Marc et saint Luc, sont fréquentes en saint Matthieu: àvaytopeîv, dix fois; (jaS)7)TEijEtv, trois fois; <ru(iëoûXtov Xaiiëâvetv, cinq fois; èiCTiâleiv, deux fois; ti<po; , six fois; oipiSpa, sept fois ettoujours avec des verbes. Comme tournures spécialesnous citerons: 7tpo<rewetv, onze fois avec le datif de lapersonne; prfitit; , êppsÔTfj, dix-huit fois; sys’P 60 " 5 " ành; t<Ste servant quatre-vingt-dix fois de transition. Ces particularitésde style se rencontrent uniformément danstout le premier Évangile et sont ainsi un indice del’unité de l’auteur. Elles rendent aussi peu vraisemblablel’utilisation par l’évangéliste de sources différentes, au moins de sources grecques. Quant à la questiondes sources écrites du premier Évangile, voir t. ii, col. 2093-2098.

IX. Bibliographie. — i. wtroquction. — Patrizi, De Evangelm, ’l. l, c. i, Fribourg-en-Brisgau, 1853, p.l32; Danko, Historia revelationis divines N. T., Vienne, 1867, p. 263-273; H. de Valroger, Introduction historiqueet critique aux livres du N. T., Paris, 1861, t. ii, p. 21-47; Aberle, Einleitung in das N. T., édit. Schanz, Fribonrg-en-Brisgau, 1877, p. 20-40; KauV’n, Einleitungin die heiligen Schrift A. und N. T., 2e édit., Fribonrgen-Brisgau, 1887, p. 384-402; Fouard, Saint Pierre et lespremières années du christianisme, Paris, 1886, p. 290303, 531-535; Reuss, Die Geschichte der heiligen Schrift

N.T., 6e édit., Brunswick, 1887, p. 187-196; R. Cornely, Introductio specialis in singulos N. T. libros, Paris, 1886, p. 15-80; Trochon et Lesêtre, Introduction àl’étude de l’écriture Sainte, Paris, 1890, t. III, p. 4474; H. J. Holtzmann, Einleitung in das N. T., 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 375-382; Trenkle, Einleitungin das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 96-106; A. Schsefer, Einleitung in das N. T., Paderborn, 1898, p. 188-212; P. Batiffol, Six leçons sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1897, p. 46-51; Godet, Introduction auN. T., Paris et Neuchâtel, 1898, t. ii, p. 137-324; Jûlicher, Einleitung in das N. T., 3e et 4e édit., Tubingue etLeipzig, 1901, p. 236-249; Zahn, Einleitungin das N. T., 2e édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 252-334; J. Belser, Einleitungin das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 24-55.n. commentateurs. — 1° Pères. — Le commentairede Théophile d’Antioche, dont parle saint Jérôme, Deviris, 25, t. xxiii, col. 643; Epist., cxxi, 6, t. xxii, col. 1020; Comment, in Mattn., prol., t. xxvi, col. 15, est perdu. Celui qui a été publié sous son nom parM. de la Bigne, Bibliotheca SS. Patrum, Paris, 1575, t. v, p. 169-192, par Otto, Corpus apolog., 1861, t. viii, p. 278-326, et par Zahn, Forschungen zur Geschichtedes Neutestamentl. Kanons, 1883, t. ii, p. 29-85, n’estpas de lui; c’est une compilation, de la fin du v" siècleenviron, faite probablement dans le sud de la Gaule parun Latin. Cf. Zahn, op. cit., 1884, t. iii, p. 198-277; Harnack, dans les Texte und Untersuchungen, 1883, t. i, fasc. 4, p. 97-176; Pitra, Analecta sacra, 1884, t. ii, p. 624634, 649-650; Hauck, dans Zeitschrift fur kirchl. Wissenchaftund kirchl. Leben, 1884, t. v, p. 561-568; Sanday, dans les Studia biblica, Oxford, 1885, p. 89-101; Bornemann, dans Zeitschrift fur Kirchengeschichte, 1888-1889, t. x, p. 169-252. Origène, au témoignage de saint Jérôme, Comment, in Matth., prol., t. xxvi, col. 15, avait composésur l’Évangile de saint Matthieu des scholies, vingt-cinq homélies et un commentaire en 25 tomes. Cecommentaire, composé à Césarée après 244, Eusèbe, H. E., vi, 36, t. xx, col. 597, nous est parvenu en partie: les tomes x-xvii, qui expliquent Matth., xiii, 36xxii, 33, existent en grec, t. xiii, col. 886-1600; la suite, Matth., xvi, 13-xxvii, 63, a été conservée dans une traductionlatine, ibid., col. 1599-1800. De petit* fragmentsrecueillis de divers côtés sont reproduits, ibid., col. 829-834. Saint Chrysostome a prononcé 90 homéliessur saint Matthieu, t. lvii, lviii. Des fragments descommentaires de saint Cyrille d’Alexandrie se trouvent, t. lxxii, col. 365-474. Cramer, Catena grsecorumPatrum in N. T., Oxford, 1844, t. i, p. 1-257, a publiédes extraits d’autres commentaires grecs de saint Matthieu.D’autres chaînes sur saint Matthieu ont été publiéespar Possin, Toulouse, 1646, et par Cordier, Toulouse, 1647. Voir t. ii, col. 484. Sur des manuscritsde la chaîne de Nicétas d’Héraclée, voir Faulhaber, DieKatenenhandschriften der spanischen Bibliotheken, dans la Biblische Zeitschrift, Fribourg-en-Brisgau, 1903, t. i, p. 367-398. — Dans l’Eglise latine, saint Hilaire dePoitiers, Com. in Evang. Matthmi, t. ix, col. 917-1078; saint Jérôme, Com. in Evang. Matthsei, t. xxvi, col. 15-218; saint Augustin, De sermone Domini inmonte l. 11, t. xxxiv, col. 1229-1308; Qusest. Evang.I. 11, t. xxxv, col. 1321-1332 (le Liber queestionum XVIIin Matth., t. xxxv, col. 1365-1376, qui lui est attribué, esttrès probablement apocryphe). L’Opus imperfecluni inMatthseum, longtemps attribué à saint Chrysostome etpublié dans ses Œuvres, t. lvi, col. 611-946, est d’unécrivain latin, qui vivait à la fin du vr> siècle ou aucommencement du vne et qui était un peu infectéd’arianisme. Cf. Le pseudo-Chrysostome sur Matthieu, dans la Revue augustinienne, 15 octobre 1903, p. 289313. Dom Morin, Anecdota Maredsolana, Maredsous, 1903, t. iii, p. 135-145, a réédité les Expositionculæ inEvangelium de saint Matthieu.

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    1. MATTHIEU##

MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT) — MAUNOURY

2° Moyen âge. — Chez les Grecs, Théophylacte, Enarrat.in Ev. Matthsei, t. cxxiii, col. 139-488; Euthymius, Comment, in Matth., t. cxxix, col. 107-765; chez lesLatins, Bède, In Matthsei Evang. expositio, t. xcii, col. 9-132; Raban Maur, Comment, in Matth., t. cvii, col. 727-1156; PaschaseRadbert, Expositio inMatthœum, t. cxx, col. 31-994; S. Bruno d’Asti, Comment, inMatth., t. CLXV, col. 63-314; Druthmar, Brevis expositioin Matth. Evangelistam, t. cvi, col. 1261-1504; RupertdeDeutz, In Matth.. de gloria et honore filii hominis, t. clxviii, col. 1307-1634; S. Anselme de Laon, Enarratio in Matth., t. clxii, col. 1227-1500; Albert leGrand, In Matthseum, dans Opéra, , Paris, 1893, 1894, t. xx, xxi, p. 1-336; S. Thomas, In Matthseum evangelistam, expositio, dans Opéra, Paris, 1876, t. xix, p. 226268; Catena aurea in Matth. Evang., ibid-, t. xvi, p. 8-498.

3° Temps modernes. — 1. Catholiques. — Nommonsseulement les commentaires qui embrassent la Bibleentière ou les quatre Évangiles, d’Erasme, de Denysle Chartreux, de Maldonat, de Jansénius, de Corneillede la Pierre, de Calmet, etc. A. Tostat a composé uncommentaire long et diffus, surtout théologique, dansses Opéra, 13 in-f°, Cologne, 1613, t. ix-xii. Les principauxcommentaires de saint Matthieu publiés auXIXe siècle sont: Gratz, Kritisch-historicher Commentarûber dos Evangelium des Matthàus, Tubingue, 1821; P. Schegg, Evangelium nach Matthàus ùbersetuund erklârt, 3 in-S», Munich, 1856-1858; 2e édit., 1863; Arnoldi, Commentai’zum Evangelium des hl.Matthàus, Trêves, 1856; Bisping, Erklârung des Evangeliumsnach Matlhâus, Munster, 1864; Mac-Evilly, Exposition of the Gospels, Dublin, 1876; Van Steenkiste, Commentarius in Evangelium secundum Matthseum, 4 in-8°, Bruges, _ 1876; 3e édit., 1880-1882; 4e édit., 1903; Fillion, Evangile selon S. Matthieu, Paris, 1878; Schanz, Commentât ûber das Evangeliumdes heiligen Matthàus, Fribourg-en-Brisgau, 1879; Liagre, Commentarius in libros historicos N. T., Tournai, 1883, t. i, p. 1-531; Knabenbauer, Commentariusin Evangelium secundum Matthseum, 2 in-8°, Paris, 1892, 1893; Ceulemans, Comment, in Ev. sec.Matthseum, Malines, 1899; Van Ongeval, In Matthseum, Gand, 1900; Rose, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1904; Gutjahr, Das heilige Evangelium nach Matthàus, Graz, 1904.

2. Protestants. — En outre des anciens commentairesde Théodore deBèzeelde Grotius, nommons: Olearius, Observationes sacrse in Evangelium Matthsei, Leipzig, 1713; Elsner, Commentarius critico-philologicus inEvangelium Matthsei, 1769; Kuinoel, Comment, inlibros historicos N. T., Leipzig, 1807, 1. 1, EvangeliumMatthsei; Fritzsche, Quatuor Evangelia, Leipzig, 1826, 1. 1, Evangelium Matthsei; Olshausen, Biblischer Commentarûber sàmmlliche Schriften des N. T., Koenisberg, 1830, t. i; Meyer, Kritisch-exegetisches Handbuchûber das Evangelium des Matthàus, Gœttingue, 1832; 2e édit., 1844; 6e édit., 1876; 8e édit., par Weiss, 1890; 9e édit., 1899; de Wette, Kurze Erklârung des EvangeliumsMatthài, Leipzig, 1836; 4e édit., 1857; Baumgarten-Grusius, Commentât ûber das Evangelium desMatthàus, Iéna, 1844; Bleek, Synoptische Erklârungder drei ersten Evangelien, édit. Holtzmann, Leipzig, 1862; Lange, Theologisch-homilet. Bibelwerk, 4e édit., Bielefeld, 1878; 5e édit., par Zôckler; Abbott, The N. T.with notes and comments, Londres, 1875, t. i, Matthew; H. Lutteroth, Essai d’interprétation de quelques partiesde l’Évangile selon S. Matthieu, Paris, 1860, 18641867, 1876; B. Weiss, Das Matthâusevangelium undseine Lucasparallelen, Halle, 1876; 2e édit., 1902; Keil, Commentar ûber das’Evangelium des Matthàus, Leipzig, 1877; Nôsgen, Evangelium Matth., Mark. u.Luk., 2e édit., Munich, 1896; Zahn, Das Evangelium

des Matthàus, Leipzig, 1903; J. Wellhausen, Das EvangeliumMatthsei, Berlin, 1904.

E. Mangenot.

    1. MATTINA Léon##

MATTINA Léon, religieux bénédictin de la congrégationdu Mont-Cassin, né à Naples, mort à Padouele Il février 1678. Il avait fait profession de la règle desaint Benoit à l’abbaye de la Cava le 30 novembre 1648et fut chargé d’enseigner l’Ecriture Sainte à l’Universitéde Padoue. On a de lui: In libros Regum XLV dissertationes, in-4°, Padoue, 1675. — Voir Ziegelbauner, Hist. rei literarise ord. S. Benedicti, t. iv, p. 29; domFrançois, Bibl. générale des écrivains de l’ordre de

Saint-Benoit, t..n, p. 223.

B. Heurtebize.

    1. MAUDUIT Michel##

MAUDUIT Michel, théologien catholique français, né en 1644 à Vire, en Normandie, mort à Paris le18 janvier 1709. Entré jeune dans la congrégation del’Oratoire, il y enseigna, pendant un certain temps, leshumanités avec un grand succès. Dans une secondepériode de sa vie, il se livra à la prédication. Enfin ils’adonna tout entier à l’étude de l’Écriture Sainte et àla composition de divers ouvrages, dont plusieurs sontdes commentaires de différentes parties de la Bible: ilssont pleins d’érudition et montrent une grande connaissancedu latin et du grec. Ce sont: Analyse des Épîtresde saint Paul et des Épîtres canoniques, avec desdissertations sur les endroits difficiles, 2 in-12, Paris, 1691, 1693 et 1702; Analyse de l’Évangile selonl’ordre historique de la concorde, par ***, 3 in-12, Paris, 1694; 4 in-12, Paris, 1703, et Rouen, 1710. Cetimportant ouvrage a eu dans la suite de nombreuseséditions; nous ne citerons que celles de Malines, 9 in-12, 1821, et de Paris, 4 in-8°, 1843-1844; Analysedes Actes des Apôtres, 2 in-12, Paris, 1697. — UneAnalyse de l’Apocalypse, terminée avant la mort del’auteur, est demeurée manuscrite. Voir le Mercurede France, mai 1709; Moréri, Dictionnaire historique, à l’article Mauduit; Ingold, Essai de bibliographie ora~torienne, Paris, 1880-1882, p. 107. A. Régnier.

    1. MAUMAM##

MAUMAM (hébreu: Mehûmdn; Septante: ’Ajiâv), le premier des sept eunuques du roi Assuérus. Esth., i, 10. On a rapproché- ce nom du perse Mehhum-van, «appartenant au grand Hum.» D’après M. Oppert, Commentaire du livre d’Esther, 1864, p. 20, c’est leperse Vahurnana, en persan.Ba/mia», ’< magnanime.»

    1. MAUNOURY Auguste François##

MAUNOURY Auguste François, helléniste et exégètefrançais, né le 30 octobre 1811, près de Domfront (Orne), dans une paroisse appelée Champsecret, mort à Séez, le17 novembre 1898. il fit au petit séminaire de Séez detrès bonnes études, à la fin desquelles ses maîtres luidirent qu’il devait être professeur à son tour. Son coursde théologie achevé, il fut chargé de la quatrième.Bientôt, on lui confia la seconde; et en 1852, déjàauteur renommé, il montait dans la chaire de rhétoriquequ’il occupa vingt-deux ans. Vers 1866, M. l’abbé Maunouryavait essayé sa plume aux commentaires del’Écriture Sainte, et publié quelques explications del’Évangile, dans la Semaine catholique du diocèse deSéez. Ayant cessé d’enseigner en 1875, il se livra entièrementaux études d’exégèse. Il s’attacha à saint Paul. Lesdifficultés mêmes que présente le texte de l’Apôtre étaientun attrait pour le vieil helléniste. Il était depuis un anchanoine de la cathédrale, quand il commença à publierses travaux sur les Épîtres. Il fit paraître, en 1878, leCommentaire sur l’jipitre de saint Paul aux Romains(il dit dans la préface «qu’un peu de grec éloigne de laVulgate, que beaucoup de grec y ramène» ); en 1879, Commentairesur les deux Épîtres de saint Paul aux Corinthiens; en 1880, Commentaire sur les Épîtres desaint Paul aux Galates, aux Êphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens et aux Thessaloniciens; en 1882, . 897

MAUNOURY — MAURER

Commentaire sur les Épîtres de saint Paul à Timothéeà Tite, à Philémon, aux Hébreux; en 1888, Commentairesur les Epîtres catholiques de saint Jacques, saintPierre, saint Jean et saint Jude. Chacun de ces volumesest in-8° et publié à Paris. C’est à saint Jean Chrysostomeet à Théodoret que Maunoury demande le plussouvent ses explications. Sa doctrine exacte, profonde, pieuse, est fixée en des expressions d’une clarté et d’uneconcision caractéristique où se marque la personnalitéde l’auteur. Connu jusque-là comme helléniste, Maunouryse révélait théologien, et montrait comment lagrammaire peut servir la science sacrée. Ces travauxreçurent un excellent accueil. On peut encore signalerdes articles publiés dans des revues: Examen dutexte de saint Paul: in quo omnes peccaverunl, dans laRevue des Sciences ecclésiastiques, mai et juin 1877, p. 442-458, 519-538, articles insérés plus tard, en 1879, à la suite de son Commentaire de l’Épitre aux Romains.Ces deux articles eurent un contradicteur dansM. A. Leboucher, professeur de théologie au grand séminairede Séez, qui publia sur la question deux fascicules: Élude critique sur le texte de saint Paul: inqvt> omnes peccaverunt, in-8°, Bar-le-Duc, 1877 et 1878.Plus tard, Maunoury voulut répondre aux articles dePaulin Martin contre l’authenticité du verset des troistémoins, I Joa., v, 7, dans un article intitulé: Leverset des trois témoins célestes: réponse à M. l’abbéMartin, dans la même revue, avril 1889, p. 289-297.

— L’auteur couronna son œuvre en 1894 par le Commentariusin Psalmos, 2 in-8°, Paris. Dans ce dernierouvrage, le commentaire, écrit en un latin simple etélégant, suit la Vulgate et les Septante, sans demanderau texte hébreu autre chose que des éclaircissem*ntsaux endroits les plus difficiles. — Entouré de la vénérationde tous ses anciens élèves, Maunoury s’éteignitau petit séminaire de Séez, où il avait passé plus desoixante-dix ans. V. Prunier.

MAUR (RABAN), Magnentius Hrabanus Maurus, écrivain ecclésiastique, né à Mayence, d’où son prénomde Magnentius, en 776, mort à Winfeld sur Rhin le4 février 856. Il fut élevé à l’abbaye de Fulde où il devintmoine bénédictin et où il reçut le diaconat en 801.Peu après il fut envoyé à Tours où il suivit les leçonsd’Alcuin. Ce fut Alcuin qui lui donna le surnom deMaurus, en souvenir du disciple de saint Benoît de cenom. De retour à Fulde, il devint l’âme de l’école del’abbaye et donna un grand éclat à son enseignement.Il fut ordonné prêtre en 814 et devint abbé en 822, dignitéqu’il garda jusqu’en 842, époque où il donna sadémission. Le 26 juin 847, il fut sacré archevêque deMayence. Pendant son pontificat, il tint trois concilesprovinciaux. Sa vie fut très remplie et il fut un deshommes les plus remarquables de son temps. Il commençaà écrire à l’âge de trente ans et continua pendantenviron 41 ans. L’abondance de ses œuvres témoigne deson activité infatigable. Quoiqu’elles soient surtout unecompilation, elles n’en rendirent pas moins de grandsservices, surtout dans les écoles. Ses œuvres complètesn’ont pas encore été publiées. G. Colvener en a édité lamajeure partie, 6 in-f», Cologne, 1627. Migne a reproduitcette édition, avec des additions diverses, dans saPatrologie latine, t. cvii-cxh, col. 1851 -1852.Nous n’avonsà mentionner ici que les écrits exégétiques de RabanMaur, mais ils constituent de beaucoup la partie principalede son œuvre. Les voici avec les dates qui leursont attribuées dans l’édition de Migne: 1° Commentariorumin Genesim libri quatuor, en 819 (t. CVH, col. 459-670); 2° Commentariorum in Matthmum librioclo, en 822-826 (entre 814 et 822, d’après d’autres)(t. cvii, col. 727-1156); 3° Commentariorum in Exodumlibri quatuor, en 834 (t. cviii, col. 9-246); 4° Expositionumin Leviticum libri septem, en 834 (t. cviii,

DICT. DE LA. BIBLE.

col. 245-586); 5° Enarrationum in lïbrum Numérorumlibri quatuor, en 834 (t. cvjii, col. 587-858); 6° Enarrationis super Deuteronomium libri quatuor, en 834 (t. cviii, col. 857-998); 7° In lïbrum Josue libritrès, en 834 (t. cviii, col. 999-1108); 8° Cammentariain librum Judicum et Ruth, en 834 (t. cviii, col. 11071224); 9° Commentaria in libros quatuor Regum, en 834 (t. cix, col. 9-280); 10° Commentaria in libresII Paralipomenon, en 834 (t. cix, col. 279-540); 11° Expositio in librum Judith, en 834 (t. cix, col. 539592); 12° Expositio in librum Esther, en 836 (t. cix, col. 655-670); 13° Commentariorum in librum Sapientiœlibri ires, en 840 (t. cix, col. 671-762); 14° Commentariorumin librum Ecclesiasticum librideeem, en 840(t. cix, col. 763-1126); 15° Commentaria in libros Machabeeorum, vers 840 (t. cix, col. 1125-1256); 16° Commentariorumin Ezechielem libri viginti, en 842 (t. ex, col. 495-1084); 17° Exposilio in Proverbia Salomonis(t. exi, col. 679-792); 18° Expositionis super Jerennamprophetam libri viginti (t. exi, col. 793-1272); 19° Enarrationumin Epistolas Beati Pauli libri triginta (vigintinoveni) (t. exi, col. 1273-1616, et t. cxii, col. 9-834); 20° Allegorise in universam Sacram Scripturam (t. cxii, col. 849-1088), sorte de dictionnaire dans lequel un bonnombre de mots de l’Écriture sont expliqués d’une manièreallégorique; 21° Commentaria in Cantica quse adviatutinas Laudes dic*ntur (t. cxii, col. 1088-1166).Le commentaire d’Isaïe date de l’époque où RabanMaur était abbé de Fulde; celui de Jérémie fut achevépendant son épiscopat; il fut suivi de celui d’Ézéchielet de Daniel. C’est à la même époque qu’il commentasaint Paul et saint Jean. Son travail s’étendit à toutl’Ancien et à tout le Nouveau Testament (t. cvii, col. 103), mais les commentaires sur Daniel et sur saint Jeann’ont pas été publiés, non plus que ses commentairessur Esdras, Néhémie, Tobie, Job, les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des ^antiques, Isaïe, les douze petit* prophètes, saint Luc, saint Marc, iesActes des Apôtres, les Épîtres canoniques et l’Apocalypse.Sa vie a été écrite par un de ses disciples appeléRodolphe; elle est en tête de ses œuvres, t. cvii, col. 41106. Voir aussi Dahl, Leben und Schriften des RabanusMaurus, Fulde, 1828; Histoire littéraire de la, France, t. v, 1711, p. 151-203; Kunstmann, HrabanusMagnentius Maurus, Mayence, 1841; Nik. Bach, HrabanusMaurus der Schbpfer des deutschen Schulwesens, dans Zimmermann, Zeitschrift fur Alterthumswissenschaft, t. ii, 1835, p. 636; Th. Spengler, Leben des heiligenRhabanus Maurus, in-8°, Ratisbonne, 1856; Kôhler, Hrabanus Maurus. Ein Beitrag zur Geschichte derPâdagogik im Mittlalter, Chemnitz, 1870; DietrichTùrnau, Rabanus Maurus, Munich, 1900.

    1. MAURER Franz Valentin Dominik##

MAURER Franz Valentin Dominik, exégéte protestantallemand, né à Rothweil (Wurtemberg) le 14 février1795, mort à Birlingen (Wurtemberg) le 13 janvier 1874.Il était né catholique. Après ses études au lycée de saville natale, il étudia la théologie à l’université de Tubingueet fut ordonné prêtre à Rottenburg en 1820.L’année suivante il apostasia pour devenir protestant.De 1826a 1833 il fut professeur à l’école Saint-Thomas, Thomasschule, de Leipzig. Il vécut plus tard tantôtà Stuttgart, tantôt à Cannstadt, et de 1843 à 1863 il exerçales fonctions de pasteur en plusieurs localités du Wurtemberg.Il prit sa retraite en 1867. — Les travaux deMaurer sont, pour la plupart, consacrés à l’exégèse. Ona de lui: Commentar ûber dos Buch Josua, 2 in-8°, Stuttgart, 1831; Commentarius criticus in Vêtus Testamentum, 4 in-8°, Leipzig, 1832-1848 (le t. iv fut éditépar Auguste Heiligstedt), ouvrage destiné aux étudiantsen théologie, mais très superficiel; Observationes inHoseam, publiées dans les Scholia in Vêtus Testante», tum de Rosenmùller, 2e partie, 3e édit., Leipzig, 1824.

IV. - 29

Outre ces œuvres exégétiques, Maurer publia: Praktischer Cursus ûber die Formenlehre der hebràischenSprache, in-8°, Leipzig, 1837; Kurzgefasstes hebrâischesund chaldâisches Wôrterbuch, in-8°, Stuttgart, 1851(d’après Gesenius et Wurzelwôrlerbuch d’Ernest Meyer).— Voir Siegfried, dans Allgemeine deutsc/ic Biographie, Leipzig, 1884, t. xx, p. 699. E. Michels.

MAUVE. Quelques auteurs regardent la mauve sauvage, Malva sylveslris, comme le Malluah ou plantedont se nourrissaient les pauvres indigènes d’après Job, xxx, 4. Mais il n’y a pas de raison fondée dans cetteidentification: on ne cueille pas d’ailleurs la mauve surles buissons. La Malluah n’est pas non plus la corrètepotagère, appelée «. mauve du Juif», t. ii, col. 1026; mais c’est l’arrocheou Atriplex halimus, t. i, col. 1032.

E. Levesque.MAVIAËL. (hébreu: Mehûyâ'èl et Mehîyd'êl; Septante: Ma) e), êt|X), le troisième descendant de Caïn, filsd’Irad et père de Mathusaël. Gen., iv, 18. L’orthographede ce nom en hébreu diffère, dans les divers manuscrits.On peut l’expliquer hypothétiquement comme signifiant[ o; frappé par Dieu». Gesenius, Thésaurus, Additam., p. 97.

1. MAYER Georg Cari, théologien catholique allemand, né à Aschbach (Bavière) 1811, mort à Bamberg le22 juillet 1868. Ordonné prêtre en 1837, il devint, l’annéesuivante, vicaire à la cathédrale de Bamberg; cinq ansplus tard il devint professeur au lycée et, en 1862, chanoine à la cathédrale de la même ville. En théologie dogmatique Mayer était adhérent d’Antoine Gùnther, dont ilpropagea et défendit les erreurs par de nombreux écrits.Après avoir été combattus et réfutés longtemps pard’autres théologiens, ses ouvrages furent censurés en1857 et 1868. Mayer se soumit avec son maître à la sentence de l'Église. — Il a publié plusieurs œuvres exégétiques: CoUhnentar ûber die Briefe des ApostelsJohannes, in-8°, Vienne, 1851; Die Echtheit des Evangeliums nach Johannes, in-8°, Schaffhouse, 1854; Diepatriarchalischen Verheissungenunddie messianischenPsalmen, in-8°, Nordlingue, 1859; Die messianischenProphezien, 2 in-8°, Vienne, 1860-1865. Le tome premier traite des prophéties d’Isaïe, le second de celles deJérémie et d'Ézéchiel. Cependant les œuvres exégétiquesde Mayer ne sont guère importantes; cette dernièresurtout contient quantité d’opinions étranges et mêmebizarres, telle, par exemple, celle de la gloire future desjuifs, etc. — Voir Allgemeine deutsche Biographie, Leipzig, 1885, t. xxi, p. 94-95; Hurler, S. J., Nomenclator literanus Iheol. cathol., Insbruck, 1895, t. i, éo. 1030-1031; Literarischer Handweiser, 1865, p. 302; 1868, p. 40-1. E. Michels.

2. MAVER Jean Frédéric, théologien luthérien, né àLeipzig le 6 décembre 1605, mort à Slettin le 30 mars 1712.Il enseigna la théologie, fut pourvu d’importants bénéfices et devint surintendant général des églises de Poméranie. Très versé dans les lettres latine, grecque ethébraïque, il prit une part active à toutes les discussions de doctrine qui divisaient les protestants. Parmises très nombreux écrits nous ne citerons que les suivants: De pesnitentia bestiarum Ninivitica, in-4°, Leipzig, 1673; Admirabile Jacobi cum duabus sororibus conjugium, in-4°, Leipzig, 1674; De arbore scientixboni et mali, in-4°, Wittenberg, 1685; XJtrum MosesJïgyplium juste interfecerit, in-4°, Wittenberg, 1685; Elias corvorum conviclor, in-4°, Wittenberg, 1685; Reformatio Josise régis ab idolo in Templo facta, 11Reg. xxiii, 6-7, in-4°, Wittenberg, 1685; Tempus Christijusliliæ nostræ, Dan., ix, 24, in-4°, Wittenberg, 1685; De vulpeculis Sinsonis, iu-4°, Wittenberg, 1686; Delapidatione Stephani, Act., vii, 59, in-4°, Hambourg, 1690; Ulrum autographa biblica hodie exsien t, in-4°,

Hambourg, 1692; De tiudio biblico recte instituendo, in-4°, Hambourg, 1694; Historia versionis germanicseBibliorum D. Martini Lulheri. Accedit manlissa detranslalionibus Bibliorum germanicis ante Lutherumsive editis, sive inedilis et de notis veterum Biblicisdissertationes, in-4°, Hambourg, 1701: une premièreédition avait été publiée en 1693; Exegesis in Psalmum Ietnuna cum annexis usibus elenchticis, in-4°, Greifswald, 1702; De miraculis quse Christo tribuuntur antemiraculum in nuptiis Canse in Galilsea, in-4°, Greifs-.wald, 1703; De prmceptoribus Christi, in-4°, Greifswald, 1704; De sacrificio matutino et vespertino, Ex., xxix, 39, in-4°, Greifswald, 1704; De benedictione sacerdolali, Num., xvi, 22, in-4°, Greifswald, 1705; Jobus liberossuossanctificans, in-4°, Greifswald, 1705; De Agno occiso aborigine mundi, Apoc, xiii, 8, in-4°, Greifswald, 1706; DeAnti-Scripturariis recentioribas, in-4°, Greifswald, 1707; Dissertatio historico-ecclesiastica de Patriarchis Hebrseorum, in-4°, Greifswald, 1707; De templo Judxorumtertio, in-4°, Greifswald, 1707; Paulus Suecorum apostolus dissertationibus academicis in epistolam ad Galatas reprœsentatus, in-4°, Greifswald, 1709; BibliothecaBiblica sive Diisertationum de notitia auctorum pontificiorum, reformatorum et lutheranorum, immo etJudseorum qui in Sacram Scripturam commentarioruni scripserunt, in academia Gryphiswaldenti émissarum decas, in-4°, Francfort, 1709; cet ouvrage futcontinué par Ch. Arndt, in-4°, Rostock, 1713. — VoirTholuck, Geistder Luther. Theol. Wittenbergs, p. 234; Le Long, Biblioth. sacra, p. 854; Walch, Biblioth. theol.,

t. iv, p. 79, 373, 699, 1059, 1076.

B. Heurtebize.

    1. MAYERHOFF Ernest Théodore##

MAYERHOFF Ernest Théodore, théologien luthérien allemand, né à Neuruppin le 5 décembre 1806, morà Berlin en décembre 1837. On a de lui, entre autresécrits, Die petrinischen Schriflen, Hambourg, 1835; Der Brief an die Colosser, œuvre posthume, publiéepar L. Mayerhoff, Hambourg, 1838.

    1. MAZZALOTH##

MAZZALOTH (hébreu: Mazzâlôt; Septante: MaÇouptiG; Vulgate: duodecim signa), nom hébreudes signes du zodiaque, d’après la plupart des commentateurs. IV Reg., xxiii, 5. Voir Astronomie, t. i, col. 1196. C’est l’assyrien mazzalta. H. Gunkel, Schôpfung und Chaos, 1891, p. 140.

    1. MAZZAROTH##

MAZZAROTH (hébreu: Mazzârôl; Septante; MaÇouptiO; Vulgate: Lucifer), mot hébreu qui so lilseulement dans Job, xxxviii, 32. On croit généralementque Mazzaroth est le même terme que Mazzâlôt. On l’atraduit autrefois de diverses manières: Vulgate: Lucifer ou Vénus comme étoile du matin; Peschito: lagrande Ourse, etc. On s’accorde communément aujourd’hui à y reconnaître les signes du zodiaque. VoirAstronomie, t. i, col. 1196.

    1. MAZZOCHI##

MAZZOCHI (Alexis Symmaque Mazzocolo dit), antiquaire italien, né à Santa-Maria près de Capoue le22 octobre 1684, mort à Naples le 12 septembre 1771.D’une famille pauvre, il fit ses études aux séminaires deCapoue et de Naples. Ordonné prêtre, il fut chargéd’enseigner le grec et l’hébreu. En 1732, il fut nomméchanoine de Capoue, mais l’archevêque Spinelli le rappela à Naples et en fit son théologal. H enseigna alors lathéologie et l’Ecriture Sainte et devint supérieur dugrand séminaire refusant un archevêché que lui offrit leroi de Naples. Parmi ses nombreux travaux, nous n’avonsà mentionner que le suivant: Spicilegium Biblicum, 3 in-4°, Naples, 1763-1778. — Voir Lé Beau, Éloge deMazzochi, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. xxxviii; Picot, Mémoirespour servir à l’hist. eccles. du xviip siècle, t. iv (1855),

p. 471.

B. Heurtebize.

901

MAZZOTH — MÉDABA

902

    1. MAZZOTH##

MAZZOTH (hébreu: Masôt; Septante: t «ô^uu-a; Vulgate: azyma), mot hébreu qui signifie «(pains)azymes, sans levain» et qui sert à désigner la fête de laPâque. Cette fête est appelée hag ham-niasôt, Exod., xxiii, 15; II Par., viii, 13; xxx, 13, 21, et simplementmasôp, Exod., xii, 17. Voir Paque.

MÊ’AH, nota d’une tour de Jérusalem (Vulgate: Centum, Emath). Il Esd., iii, 1; xii, 38 (39). Voir Émath 4, t. ii, col. 1723.

MÉCHANT. Voir Impie, t. iii, col. 845.

    1. MÈCHE##

MÈCHE (hébreu: pistdh; Septante: Xc’vov; Vulgate: linwnx), substance filamenteuse qui trempe dans l’huiledes lampes et dont on allume l’extrémité qui émerge.

1° Les anciens employaient diverses substances pourles mèches de leurs lampes: les feuilles de certainesplantes, comme la molène, p.ô[Aoç, ou l’une de ses variétés, 6puaXXîç, Pollux, vi, 103; x, 115; Pline, H. N., XXV, x, 4; le liii, Pausanias, I, xxvi, 6; l’étoupe. PJine, H. N., XIX, 1, 3; le papyrus, Pline, H. N., XXVIII, xi, 47; le ricin, Pline, ff. N., XXIII, iv, 41, etc. Pourdonner plus d’éclat à la lumière on ajoutait du soufreaux mèches, Pline, H. N., XXXV, xv, 50, ou du sel àl’huile, Hérodote, ii, 62; Pline, H. N., XIII, i, 2; XV, m, 4. Cf. Daremberg et Saglio, Dict. des ant. grecqueset romaines, t. iii, p. 1332. — Les Hébreux se servaientsurtout de lin pour les mèches des lampes, d’où le nomde pisfâh, «liii,» donné à la mèche. Voir Lin, col. 258.Quand les vêtements de lin que portaient les prêtresétaient hors de service, on en faisait des mèches pourles lampes du sanctuaire et de ses parvis. Gem. Schabbath, 21, 1; 79, 2. Cf. Reland, Ântiquitates sacrss, Utrecht, 1741, p. 95. La combustion de ces mèches n’était jamaisbien complète; aussi fallait-il les moucher de temps entemps, voir Mouchettes, et les débarrasser ainsi derésidus provenant soit de leur mauvaise composition, soit de l’épuration imparfaite de l’huile.

2° Isaïe, xliii, 17, représente les ennemis d’Israëlcomme poursuivis par le Seigneur, anéantis et «éteintscomme une mèche». Le Seigneur n’a pas eu plus depeine à les faire disparaître qu’on en a pour soufflerune mèche de lampe. Dans sa prophétie sur le Messie, Isaïe, xlii, 3, dit qu’il «n’éteindra pas le lin fumant», c’est-à-dire qu’il ne détruira en aucune âme la dernièreressource qui reste, si faible soit-elle, pour que cetteâme revienne à la lumière et au salut. Notre-Seigneurs’appliqua cet oracle, Matthieu, xii, 20, et montra partous ses actes qu’il était venu pour le réaliser.

H. Lesêtre.

    1. MÉCHÉRATHITE##

MÉCHÉRATHITE (hébreu: ham-Mekêràti; Septante: ô Msx<">pa8p(: Alexandrinus: à Mixoupotôi), surnomd’Hépher, un des vaillants soldats de David. IPar., xi, 36. Si la leçon Méchérathite était certaine, il en résulteraitque Hépher était originaire d’une localité inconnue, appelée Méchérah, mais il est probable que Méchérathiteest une corruption de Machatîte ou Maachatite(voir Maacha 10, col. 466), car dans le passage parallèleII Beg., xxiii, 34, au lieu et place de «Hépher, le Méchérathite», nous lisons: «Aasbaï, fils du Maachatite.»

    1. MÉCHITHAR##

MÉCHITHAR, commentateur arménien catholique, né à Sébaste en Arménie l’an 1676 et mort à Venise en1749. Il fut le fondateur et le premier abbé général de lacongrégation qui porte son nom et à laquelle il donna larègle de saint Benoît. Cet ordre monastique fut approuvépar Clément XI en 1712. Le couvent des Méchitharistesde Venise a été pour la nation arménienne, pendant lesdeux derniers siècles, comme un foyer de science religieuseet d’études orientales. — Parmi les ouvrages relatifsà la Bible, publiés par Méchithar, nous citerons 1° uneédition, très rare aujourd’hui, du texte de la Bible

JJ «j «i» jiî-ii#5-u», 2° «-^>^ pu/mlruA’j, illustrée de gravures, in-f°, Venise, 1733-1735; 2° un Commentaire de l’Évangilede saint Matthieu (Hpt-^nt-pf/uu (J>u>ii>0£^uit-binuipuShpb} d’une doctrine pure et élevée, in-4°, Venise, 1737; 3° un Commentaire de l’Ecclésiaste [jpt^at.p^i: ’b^n^n^njpi» ), ouvrage fort estimé, in-f°, Venise, 1736.

J. Miskgian.

    1. MÉCHITHARISTES##

MÉCHITHARISTES (TRAVAUX DES) SUR

LES SAINTES ÉCRITURES. Voir Avédikian Gabriel, Kôver-Akontz, Pacradoimi Arsène, TchamtchianMichel et Zohrab Jean. J. Miskgian.

    1. MECHMAS##

MECHMAS (hébreu: MikmaS; Septante: M «xiiâç), orthographe, dans la Vulgate, II Esd., xi, 31, du nomdelà ville qu’elle appelle ordinairement Machinas. VoirMachmas, col. 507.

    1. MECHNEDEBAÏ##

MECHNEDEBAÏ (hébreu: Maknadbaï; Septante: Max «8vaëoû), un des fils de Bani qui, du temps d’Esdras, avait épousé une femme étrangère et consentit à la renvoyer.I Esd., x, 40. Le nom est peut-être altéré. Lesvariantes, dans les manuscrits grecs, en sont nombreuses: Sinaiticus: ’A/aSvaéo-i; Lucien: xai Na8*&oiS.D’après le grec, on pourrait supposer que le dernierélément du nom était le dieu Nabo.

    1. MÉDABA##

MÉDABA (hébreu: Mêdbd’; Septante: MaiSoëit, Jos., xiii, 9; M ?18aë «; I Par., xix, et I Mach., ix,: 36,;

233. — Monnaie de Médaba trouvée à Jérusalem.

ATTO KEEA ANTONINO. Buste d’Élagabale, à droite, la tête laurée.

fy IrtHAABQN TrXH. Astarté, debout à gauche, la tête tourelée, " vêtue d’un court chiton et posant le pied droit sur une prousde navire; sur la main droite tendue, un petit buste d’honime>dans la main gauche, une corne d’abondance. Voir E. Babelon, dans Académie des Inscriptions, Comptes rendus, 1898, p. 389.

Vulgate: Medaba, Nom., xxi, 30; Jos., xiii, 9, 16; IPar., xix, 7; Is., xv, 2; Madaba, I Mach., ix, 36, 37), villede la tribu de Ruben (fi g. 233).

I. Nom. — Médaba, d’après Gesenius, Thésaurus, p. 775, et plusieurs autres interprètes, dériverait dewê, «eaux,» et de dâbâh, «être tranquille,» et signifierait «la ville aux eaux tranquilles». Fûrst, HebràiscfiesHandwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 727, traduit «Rivière d’abondance, c’est-à-dire rivière forte et abondante». L’état physique du territoire de Mâdaba, oùfont défaut toute espcce de cours d’eau et de sources neparaît pas justifier cette étymologie, non plus que l’orthographede ce nom dans l’inscription de la stèle deMésaoù ce nom est écrit Mahdeba’, «sine. L’interprétationde saint Jérôme, De nominibus hebr., t. xxiii, col. 807, aquarum famés, «manque d’eau,» semble plusvraisemblable. Il traduit cependant encore: aquæ eniinentes, «les eaux supérieures,» ibid., col. 795.

II. Situation. — Médaba est citée la première fois aulivre des Nombres, xxi, 30, dans le chant de guerre desAmorrhèens d’Hésébon célébrant leurs triomphes surlesMoabites. «Leur joug, y est-il dit, a été brisé d’Hésébonà Dibon. Nous avons porté nos ravages jusqu’àNophé et jusqu’à Médaba» (d’après l’hébreu); Vulgate, inexactement: «dans leur lassitude, ils sont parvenusà Nophé et jusqu’à Médaba.» Ce texte indique Médaba

au sud d’Hésébon, entre cette ville et Dibon. Josué, Xni, 9 et 16, montre Médaba au nord de l’Arnon etd’Aroër, bâtie sur la lisière de cette vallée, sur la plaine(misor) à laquelle elle donne son nom et nécessairementau sud d’Hésébon, puisqu’elle est attribuée avecson territoire à la tribu de Ruben dont Hésébon formaitla limite septentrionale. Ptolémée, v, 16, place Mï|8dtëa{des manuscrits ont Urfiava, Mqôja et MriSûva), à 68°30’de longitude et 30° 45’de latitude, c’est-à-dire ausud d’Hésébon marqué à 68° 30’et 31°. D’après Eusèbe, «Meddaba, ville d’Arabie, ayant gardé son ancien nom, est située près d’Ésébon,» à dix milles ou 15 kilomètresde Cariathaîm, qui est l’occident, non loin de Baara; à douze milles de Matthané, située elle-même à l’Orient.

appelé MiSôr de Médaba; il dominé la plaine de quelquesmètres. Le sommet de la colline est couronné par lesconstructions de la mission catholique latine, entouréesd’un mur; elles se dressent sur les débris d’anciensbâtiments paraissant être ceux de la citadelle de laville. Les habitations du village se groupent tout autour, étagées sur les flancs de la colline. La plupart sont assezgrossièrement bâties, bien que leurs murs soient formésen grande partie avec des pierres d’un bel appareil, empruntées aux ruines des églises, des monuments publicset des demeures particulières de la cité antiquesur laquelle s’élève le village moderne. Souvent destronçons de colonnes sont dressés aux portes des maisonset des chapiteaux corinthiens ou ioniques encastrés

234. — Médaba, vu du sud-est. D’après une photographie de M. L. ifeidet.

Onomasticon, aux mots Meddaba, Cariathaîm et Matthané, édit. Larsôw et Parthey, Berlin, 1862, p. 284, 252, 275; cf. S. Jérôme, De situ et nominibus loc. hebr., t. xxiii, col. 910, 885, 889, 904. À huit kilomètres, ausud, légèrement ouest de Ifesbân, l’antique Hésebon; àvingt-sept kilomètres au nord de l’Ouadi-.Modje&, jadisla vallée d’Arnon, et autant ou à peu près des ruines de’Ar’ar et de Dibàn, dans lesquelles on reconnaît lesvilles bibliques d’Aroër et de Dibon; à vingt-deux kilomètresau nord-nord-est de Khirbet Qêraïéh, identifié, avec grande probabilité, avec la Cariathaîm des LivresSaints (voir t. ii, col. 773), on trouve aujourd’hui unelocalité appelée. par les Arabes Mâdaba ou Médaba. C’estévidemment l’ancien nom de Médaba. Cette identité dunom, la corrélation entre les indications bibliques ethistoriques et la situation de la localité actuelle, l’ontfait universellement reconnaître pour la ville de la Bible.La légère différence entre l’une ou l’autre des donnéesanciennes et la position réelle de la ville peut s’expliquerpar ce que les chiffres et les directions indiqués dansEusèbe ou les autres spnt simplement approximatifs.III. Description. — Le village actuel de Mâdaba(fig. 234) est bâti sur une éminence s’élevant au centred’une dépression forjnée au milieu du plateau jadis

dans leurs murs. Dans plusieurs d’entre elles, de superbesmosaïques, avec de riches dessins de figuresd’hommes, d’animaux et d’arbres, ou avec des inscriptionsgrecques, servent encore de pavement. Autourdu village, çà et là, on remarque des traces d’une ancienneenceinte. Elle paraît avoir eu deux portes seulement, l’une à l’est, l’autre du côté septentrional. Lesassises restant des jambages de la porte orientale sontfaites de pierres taillées à refend d’un mètre environde longueur et de plus de soixante centimètres de largeuret d’épaisseur. Appartenaient-elles aux portes dela ville de l’époque judaïque? Il le semble. À l’intérieur, à droite de la porte en entrant, un espace entouré debases nombreuses de colonnes paraît avoir été une placepublique ou forum. La ville s’étendait en dehors de lamuraille, où l’on retrouve des vestiges d’édifices importantset de plusieurs églises. Une grande piscine decent vingt mètres de longueur d’est à ouest et cent environde largeur recevait, au sud de la ville, les eauxde pluie découlant du plateau par les ravins qui entourentla cité. Il est difficile de déterminer l’originedes débris nombreux amoncelés de toutes parts et despécifier ceux qui peuvent avoir appartenu à la villeprimitive ou à l’époque judaïque. Une inscription sépul

craie, en langue arâméenne et en caractères nabuthéens, est datée de la 46° année du roi nabuthéen (t. i, col. 943), nommé par saint Paul, II Cor., xi, 32, Arétas (IV)Philodème, c’est-à-dire de l’an 37 de l’ère chrétienne.Recueillie en 1889, par le P. Zéphyrin Biever, missionnairelatin de la localité, elle est aujourd’hui aumusée pontifical du Vatican. Cf. J. Lagrange, dans laZeitschrift fur Assyriologie, 1890, p. 290; J. B. De Bossi, Inscrizione in scritturae Ungua nabatea trovata inMadaba, in-4°, Borne, 1893. Les ruines de l’époquegréco-romaine sontde beaucoup les plus nombreuses. Lesunes sont païennes, la plupart chrétiennes. On a découvertjusqu’ici, tant dans l’intérieur de l’enceinte qu’endehors, neuf ou dix églises bâties du iv= ou v 8 siècle au vu».Elles étaient pavées de riches mosaïques, couvertesd’inscriptions grecques. L’œuvre la plus curieuse en cegenre est une carte géographique construite au Ve ouau vi c siècle, La carte formait la plus grande partie dupavement d’une église située au nord-est de la ville.Sa longueur, dans le sens de la largeur de l’église, dunord au sud, était de 15 mètres et sa largeur de 13 environ.Elle comprenait tout le territoire des douze tribusd’Israël, le pays de Moab, la basse Egypte et unepartie, ce semble, de l’Idumée, de l’Ammonitide et dela Syrie. Toutes les principales localités bibliques yétaient inscrites et figurées dans les formes qu’elles devaientavoir au temps de la construction de la mosaïque.Jérusalem y était représentée avec ses principaux monuments.Les souvenirs évangéliques avaient été l’objetd’une attention spéciale. Découverte en décembre 1896par le P. Cléophas Kœkilidos, bibliothécaire du couventgrec du Saint-Sépulcre de Jérusalem, la mosaïquevenait malheureusem*nt d’être gravement mutilée parles constructeurs de la nouvelle église qu’on élevaitsur les ruines de l’ancienne. Il reste la tribu de Judapresque entière, une partie de la tribu de Benjaminet des tribus de Dan, Ephraim, Siméon, Ruben, desfragments insignifiants de Zabulon et de Nephthali, etd’autres plus considérables de Moab, de l’Egypte et dudésert de l’égarement, le quart environ de la totalité dela carte. Elle était, ce semble, la représentation de la topographiesacrée telle qu’elle était connue alors etqu’Eusèbe de Césarée décrit dans son célèbre ouvrage, YOnomasticon, et dont il avait tracé lui-même un dessin, comme il le dit dans la préface. Cf. CléophasM. Kœkilidos, ’0 h Ma8ï)Sâ Mocraïxbi; xai Tziay paçtxôçTiepî Eupi’aç IlnXoiiejTÎvnç xai AiyÛ7UTov XâpTrjç, in-8°, Jérusalem, 1897; J. Lagrange, La m osaïque géographiquede Madaba, dans la Revue biblique, 1897, p. 165-184 et450458; E. Stevenson, dans le Nuovo bollettino di archeologiacristiana, Rome, 1897, p. 45-102; Clermont-Ganneau, Archéologie orientale, Paris, t. ii, 1898, p. 165-175.IV. Histoire. — 1° Médaba était déjà une ville importanteet célèbre, au moment de l’arrivée des Hébreuxsur les confins de la terre de Chanaan, comme on levoit par le chant d’Hésébon dont nous avons parlé.Num., xxi, 30. Prise aux Moabites par les Amorrhéensleurs voisins, elle semble avoir été alors consumée parles flammes. C’est dans la plaine qui se développe au sudque s’avança le roi Séhon pour s’opposer à la marchede Moïse et de son peuple se dirigeant vers lâTérrePromise. La bataille se livra entre Médaba et Jassa, Jassa était située entre Médaba et Dibon. Voir Jassa, t. iii, col. 1138. Séhon fut battu et la plaine de Médabaavec la ville fut donnée en possession par Moïse lui-mêmeà la tribu de Ruben. Num., xxi; cf. Jos., xiii, 8-9, 15-18. — 2° L’armée des Syriens de Mésopotamie, de Maacha et de Soba, appelée par le roi des AmmonitesHanon, fils de Naas, pour le défendre contre David dontil redoutait la vengeance, à cause de l’injure faite à sesambassadeurs, vint prendre position près de Médaba.EUe était forte, d’après I Par., xix, 7, de 32000 chars «le guerre. Les Ammonites s’étaient établis en ordre

de bataille près des portes de la ville. Joab, envoyé parDavid, se trouvait entre les deux armées. Il chargeason frère Abisaï de faire face aux Ammonites, tandis quelui attaquerait l’armée des alliés. Les Syriens défaitsprirent la fuite. Les Ammonites s’enfermèrent alorsdans la ville tandis que Joab rentra pour le moment àJérusalem. 1 Par., xix, 1-15. Ni le texte hébreu ni laversion ne. nomment la ville près de laquelle se rangèrentlesAmmonites, mais des interprètes ont cru qu’ils’agit de Médaba. Cependant le récit n’indique pas queles Ammonites se soient éloignés de leur capitale. S’ilseussent été près des portes de Médaba, leur armée eûtété unie à l’armée de leurs alliés, et Joab ne se fûtpoint trouvé entre deux corps séparés; Médaba n’étaitpoint non plus au pouvoir des Ammonites et ils nepouvaient y rentrer. La ville où ils se réfugient est cellesans doute où Joab ne va pas tarder à venir les attaquerde nouveau, Rabbath-Ammon, leur capitale, I Par., xx, 1, aujourd’hui’Amman, située à 30 kilomètres aunord-est de Médaba. — 3° Médaba, après les règnesde David et de Salomon, passa de nouveau, semblé-t-il, sous la domination des Moabites. Le roi Mésa se vante’en effet de l’avoir reprise aux Israélites qui l’avaientoccupée sous le règne d’Amri (930-918): «Amri, dit-ildans l’inscription de sa stèle, lignes 7-8, avait pris laterre de Médaba, et Israël y avait habité pendant sesjours et (?) la moitié des jours de son fils [Achab], quaranteans… [et l’a reprise (?)].» Cf. Vigouroux, LaJSi&(eetles découvertes modernes, 3e part., c. iv, 6e édit., Paris, 1898, p. 469. — 4° Réoccupée par les Israélites alliésde Josaphat, roi de Juda, et du roi d’Idumée, cf. IV Reg., m, 25, elle se trouvait de nouveau au pouvoir des Moabites, au temps d’Isaïe. Le prophète, en annonçant lesmalheurs qui vont fondre sur ce peuple, cite (xv, 2)Médaba parmi les villes dont la ruine va susciter lesrugissem*nts de Moab. — 5° Après la captivité deBabyloneet au commencement de la lutte des Machabées, Médaba était occupée par les fils de Jambri. I Mach., ix, 36. Un certain nombre de manuscrits et Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 4, ont «les fils d’Amarée», c’est-à-dire, selon l’explication de divers interprètes, desdescendants des anciens Amorrhéens. Cf. Jambri, t. iii, col. 1115. Jonathan Machabée ayant envoyé son frèreJean demander aux Nabuthéens alors, amis des Juifs, de garder ses bagages (d’après le grec; de leur prêterleur appareil militaire, d’après la Vulgate), pendant laguerre contre le général gréco-syrien Bacchide, les habitantsde Médaba les surprirent dans le voisinage de leurville, s’emparèrent du butin et mirent à mort Jean et sescompagnons. Voir Jean 2, t. iii, col. 1153; Jonathas 3, t. iii, col. 1620. Pour venger leur frère, Jonathan etSimon ayant appris que les Médabéens devaient célébreren grande pompe le mariage d’un des leurs avecla fille d’un des plus illustres d’entre les princes deChanaan, de la ville de Nabatha, vinrent se placer avecleurs hommes d’armes dans un pli des montagnes bordantla plaine de Médaba, non loin du chemin par oùdevait passer le cortège nuptial. Comme l’époux, avecses parents et ses compatriotes, s’avançait au bruit descymbales et des instruments de musique, les frères deJean sortant de leur embuscade, tombèrent sur eux àl’improviste et massacrèrent la plupart. Le nombre destués fut d’environ 400, d’après Josèphe, loc. cit. Lesautres se dispersèrent dans les montagnes, et les vainqueurss’en retournèrent avec les dépouilles. I Mach; , ix, 35-42. Au lieu de Nabatha ou Nabatath, Gabatha, d’après quelques éditions de Josèphe, Nabat selon laversion syriaque, on lit Madaba, dans la Vulgate. C’està tort, ce semble, car le contexte indique clairementune autre localité pour la ville de l’épouse. Voir Nabatha.— 6° Jean Hyrcan, profitant dé la mort d’AntiochusVII, tombé dans sa guerre contre les Parthes (128), vint attaquer Médaba, dont il s’empara après six mois d’un.

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MEDABA — MEDECIN

siège difficile. Jos., Ant.jud., XIII, rx, 1. Elle appartenaitencore aux Juifs quand mourut Alexandre Jannée (79).Id., ibid., xv, 4; Bell, jud., i, ii, 6. — 7° L’inscriptionnabuthéenne de Médaba nous montre la ville occupéepar les Arabes nabuthéens et sous la domination de leurroi Arétas (IV) qui régnait à Pétra, l’an 37 après J.-C.Elle est encore appelée «ville des Nabuthéens de ladeuxième Arabie», dans les Actes du concile deChalcédoine (431), où elle figure comme ville épiscopalede la province de Bosra. Cf. Lequien, Oriens christianus, 1740, t. iii, p. 773. Toutefois, s’jl faut en croire la Mischna, Mikvaoth, vii, 1, aux temps qui suivirent la destructiondu Temple, Médaba aurait eu des habitantsjuifs. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 252. Les documents se taisent sur l’époque dela ruine de cette ville, mais il faut vraisemblablementen attribuer la destruction aux Perses de Chosroès (614).V. ÉTAT actuel. — Depuis cette époque néfaste, Médaba paraît avoir été complètement oubliée jusqu’auxpremières années du xixe siècle. Son nom fut cependantretrouvé vivant dans la mémoire des Arabes de laTransjordane par Seetzen, en 1806, Reisen durchSyrien, Palàstina, Berlin, 1854, t. i, p. 407-408. Sesruines furent visitées et décrites d’une manière sommairepar Burkhardt, en 1810. Travels in Syria and theHoly Land, Londres, 1822, p. 365-367. Tristram, de Saulcyet plusieurs autres les signalèrent depuis. En 1880, lepatriarcat latin de Jérusalem, qui, avec l’appui du consulde France, avait obtenu du gouverneur de Syrie Midhatpacha, les ruines de la ville et de la campagne des alentours, y installa une colonie d’Arabes chrétiens, de latribu des Azézât, venus du Kérak. D’autres chrétiens etdes musulmans sont venus les rejoindre. Bien que souventmenacée et plusieurs fois attaquée par les Bédouinsdes alentours, la nouvelle Madaba n’a pas cesséde prospérer. Le gouvernement ottoman, peu de tempsaprès l’occupation de Kérak (1884), y a installé sousl’autorité du mutsarref ou préfet de Kérak, dépendantlui-même du ouâly ou gouverneur général de Syrie, unmudir ou «directeur» du cercle, avec divers employés.La population actuelle est d’environ 800 habitants, dont350 sont catholiques latins, 450 grecs et les autres musulmans.— Pour l’état des ruines et l’histoire de Médaba, outre les ouvrages déjà cités on peut consulter encore: Conder, Madeba, dans The Survey of Eastern Palestine, in-4 «, Londres, 1889, p. 178-183; P. Séjourné, Médaba, dans la Revue biblique, i" année, 1892, p. 617644; P. Lammens, S. J., Mddaba, la ville des mosaïques, dans les Études religieuses, 1897, p. 721-736, 1898, p. 44-61 et 73-74; G. Schumacher, Madaba, dansla Zeitschrift des deutschen. Palâstina-Vereins, t. xviii, 1895, p. 113-125. L. Heiuet.

    1. MÉDAD##

MÉDAD (hébreu: Mêdad, «amour [?];» Septante: Mw6â8), un des soixante-dix anciens qui furent désignésdans le désert du Sinaï pour aider Moïse dans legouvernement du peuple. De même qu’Eldad, il ne serendit point à l’appel de Moïse auprès du tabernacle, mais il n’en reçut pas moins dans le camp même l’espritde prophétie. Num., xi, 24-29. Voir Eldad, t. ii, col. 1648.

    1. MEDDIN##

MEDDIN (hébreu: Middin; Vaticanus: Aivwv [’?]; Alexandrinus: MaSûv; Lucien: MaSSeîv), ville du désertde Juda, qui fit partie du territoire de la tribu dece nom. Jos., xv, 61. Le site en est inconnu. Le textesacré la place entre Betharaba (t. i, col. 1663) et Sachacha, mais la situation de ces deux villes est égalementignorée.

MÈDE (hébreu: ham-Mâdi; Septante: 6 Mr|80<), nabitant de la Médie ou originaire de ce pays. Le nomdes Mèdes n’est pas différent en hébreu de celui de la

Médie, Mâddi, excepté dans la désignation de Darius leMède, Daryâvéi ham-Mâdi. Dan., xi, 1. Mais la Vulgatea rendu Mâdaî, tantôt par Media, voir Médie, tantôt parMedus et Medi. Medusne se lit au singulier que Is., xxi, 2, dans le sens collectif, et Dan., v, 31; xi, 1 (Darius Medus).Partout ailleurs, Medi est au pluriel pour signifier lesMèdes en général, Judith, xvi, 12; Esther, i, 3, 14, 18, 19; x, 2; Is., xiii, 17; Dan., v, 28; vi, 8, 12, 15; rx, 1; I Mach., viii, 8 (pour la Médie); Act., ii, 9; pour désignerleurs rois, Judith, i, 1; Jer., xxv, 25; U, 11; Dan., vin, 20; IMach., i, 1; leurs villes, IV Reg., xvii, 6; xviii, 11; Tob., i, 16; iii, 7; iv, 21; v, 8; vi, 6; ix, 3, 6. — Medenaprovincia, dans I Esd., vi, 2, désigne la Médie.

    1. MEDE Joseph##

MEDE Joseph, théologien anglais, protestant, né àBerden dans le comté d’Essex, en octobre 1586, mort àCambridge le 1 er octobre 1638. Ses études terminées, ilobtint à Cambridge une chaire de professeur de languegrecque et la conserva jusqu’à la fin de sa vie, refusantla charge de président du collège de la Trinité de Dublinqui lui fut offerte en 1627. Parmi ses ouvrages onremarque; Clavis apocalyplica ex innatis et insitis visionumcharacteribus eruta et demonslrata, una cumcommentario in Apocalypsim, in-4°, Cambridge, 1627, qui a eu plusieurs éditions et a été traduit en anglaissous le titre The key of the révélation searched anddémons trated out ofthe natural and proper characlersof the visions, with a conimentary thereupon, in-4°Cambridge, 1633. Les œuvres de J. Mede ont été publiéesplusieurs fois: la meilleure édition est celle du D r Wortbington, 2 in-f°, Londres, 1672. On y remarque un grandnombre de dissertations sur divers textes de l’Ecriture.J. Mede est le premier qui ait contesté l’authenticité desprophéties de Zacharie. Epist., xxxi et lxi, dans sesWorks. Londres, 1664, p. 786, 884. — Voir la vie deJ. Mede, en tête de ses œuvres; W. Orme, Bibliotk.Biblica, p. 310. B. Heuetebize.

    1. MÉDECIN##

MÉDECIN (hébreu: rôfê’, de râfâ’, «guérir,» etune fois, Is., iii, 7, hobês, de hâbaê, «bander;» Septante: îaTpiSç: Vulgate: medicus), celui qui exercela médecine.

1° Chez les Égyptiens. — Il existait dans ce pays denombreux médecins. Odyss., iv, 230; Hérodote, ii, 84; m, 121. Les premiers médecins mentionnés dans laBible sont égyptiens, ceux que Joseph chargea d’embaumerle corps de son père Jacob. Gen., l, 2. Au dired’Hérodote, ii, 84, les médecins égyptiens étaient surtoutspécialistes, soignant les uns la tête, les autresle ventre, etc. Il ressort cependant des monuments quela spécialisation n’allait pas toujours aussi loin. On trouvaiten Egypte des médecins sortis des écoles sacerdotaleset dont l’instruction se complétait par les livres etl’expérience, puis des rebouteurs qui guérissaient lesfractures en invoquant la déesse Sokhit, enfin des magiciensqui agissaient au moyen des amulettes et des pratiquesmagiques. Cf. Papyrus Ebers, pi. xcix, lig. 2-3; Maspero, Notes au jour le jour, 13, dans les Proceedingsof the Society of Biblical Archseology, t. xiii, p. 501503; Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 216.

2° Chez les Chaldéens. — Les Chaldéens n’avaient pasde véritables médecins, capables de reconnaître le caractèredes maladies et de les soigner rationnellement. Cf., Lagrange, Les prêtres babyloniens, dans la Revue biblique, 1901, p. 396. Cf. A, Damon, Notice sur la professionde médecin, d’après les textes assyro-babyloniens, in-8°, Paris, 1897 (Extrait dur Journal asiatique, marsavril1897). À l’époque des Achéménides, les Persesétaient encore obligés de s’adresser à l’Egypte pourobtenir des médecins capables. Hérodote, iii, 1, Cepen->dant, chez les anciens Chaldéens du xxe siècle avantJ.-C, la profession médicale était soumise à des règle

ments précis qui se retrouvent dans le code des loisde Hammurabi, art. 215-223. Le médecin qui, à l’aide dupoinçon de bronze, opérait avec succès une plaie graveou une cataracte sur l’œil, avait droit à un honoraire dedix, cinq ou deux sicles d’argent, suivant la qualité despersonnes. S’il tuait son malade ou lui crevait l’œil, onlui coupait les mains à lui-même. S’il ne s’agissait qued un esclave, (le médecin en rendait un autre à la placede celui qu’il avait tué, ou pavait la moitié de son prixen argent, s’il lui avait crevé un œil. Enfin celui quiavait remis un membre cassé ou guéri un viscère maladeavait également droit à un honoraire de cinq à deuxsicles d’argent, suivant la qualité du malade. Il est aussiquestion du vétérinaire qui soignait les animaux et duchirurgien qui marquait les esclaves à l’aide d’un procédéindélébile. Art. 224-227. Cf. Scheil, Textes èlamitessémitiques, 2e sér., Paris, 1902, p. 99-102, 156. Ces textessupposent certaines connaissances médicales, au moinsempiriques, et l’attribution à certains hommes de l’artde guérir.

3° Chez les Hébreux. — 1. La famille d’Abraham neparait avoir emporté de Chaldée aucune tradition spécialesur l’art de guérir. Même après leur séjour enEgypte, les Hébreux ne connurent guère, à cet égard, queles pratiques les plus simples. Dieu leur avait promis, dans un cas particulier, Exod., xv, 26, d’être le rôfê’, o! (i(ievo; , sanator, «le guérisseur» de son peuple. La loimosaïque obligea les prêtres à faire le diagnostic decertaines maladies, particulièrement de la lèpre et desaffections analogues, afin d’écarter de la société ceux quien étaient atteints. Lev, , xiii, 3-56. Les prêtres se trouvaientpar là dans l’obligation de posséder différentesconnaissances médicales d’ordre tout pratique; plusieursmême arrivaient à acquérir assez d’expérience pourexercer la médecine dans une certaine mesure. La loiqui oblige à faire soigner celui qu’on a blessé, Exod., xxi, 19, suppose une connaissance quelconque de l’art depanser les blessures et de les aider à se guérir. La Vulgateparle ici de frais de médecins, impensas in medicosrestituât. À cette époque, il n’était pas question de médecinsà honoraires chez les Hébreux. Le texte hébreuparle seulement de dédommagements pour l’interruptiondu travail. Quant aux soins, ils ne pouvaient guèreêtre donnés que par les parents ou les plus expérimentésdu voisinage. À l’époque des rois, l’on constate laprésence de médecins en titre, surtout pour soigner lesLlessures. II Reg., viii, 29; ix, 15; Is., i, 6; Ezech., xxx, 21; Prov., xii, 18. Asa, roi de Juda, consulta les médecins, lorsqu’il fut atteint de la podagre dont il mourut. Lachose dut étonner, car le texte sacré observe qu’Asa nechercha pas le Seigneur, mais recourut aux médecins.II Par., xvi, 12. Le prophète Isaïe, iii, 7, dit qu’au momentde la détresse du pays, on cherchera partout deschefs, et qu’alors celui qu’on interpellera s’empresserade répondre: Je ne peux pas être médecin, fyôbêé, médiats.Les Septante traduisent par àpy^Yis. «chef,» sens qu’a plus probablement ici le mot hébreu. Jérémle, vin, 22, demande des remèdes et un médecin pour lafille de son peuple, mais seulement dans un sens fi guré.Dans le texte du Ps. lxxxviii (lxxxvii), 11, il n’est pasquestion de médecins, rôfîm, mais de morts, yefâ’îm.

2. Le livre de l’Ecclésiastique est le seul qui mentionneles médecins avec quelque détail. Ceux-ci s’étaientdonc établis parmi les Juifs d’une manière plus régulièrevers l’époque des Séleucides. D’après le texte grec, «lemédecin raille, miôtnti, la maladie longue,» il s’enmoque, se flatte qu’elle cédera bientôt; d’après le textehébreu: «une apparence de maladie fait la joie dumédecin,» et cependant, malgré les assurances du médecin, «tel est roi aujourd’hui, qui mourra demain.» Eccli., x, 11-12. La Vulgate reproduit la première phrasesous cette double forme: «La maladie qui se prolongefatigue le médecin, le médecin coupe le mal qui dure

peu.» Plus loin, il est dit encore’. «Honore le médecindans ton avantage, par les honneurs qui lui conviennent; car c’est le Seigneur qui l’a créé. La guérisonvient du Très-Haut, et il recevra des présents du roi.La science du médecin lui fera lever la tête, et il seraloué en présence des grands.» Eccli., xxxviii, 1-3.Enfin, après avoir recommandé au malade de commencerpar purifier son âme et d’offrir à Dieu des sacrifices, le fils de Sirach ajoute: - «Ensuite donne accès au médecin, car c’est le Seigneur qui l’a fait, et qu’il ne sedétourne pas de toi, car on a besoin de lui. Il est untemps où il y aura dans leurs mains la bonne odeur, eùwSfa (ou mieux probablement, d’après l’Alexandrin: eûoSfa, la bonne route, le succès; Vulgate: un tempsoù tu tomberas dans leurs mains); car eux-mêmes prierontle Seigneur afin qu’il leur fasse arriver l’apaisem*ntet la guérison en vue de la vie.» Eccli., xxxviii, 11-14. Dans tousses textes, l’auteur sacré réclame pourle médecin les égards qui lui sont dus. Il conclut par cedernier trait: «Celui qui pèche en présence de son Créateurtombera aux mains du médecin.» Eccli., xxxviii, 15.

3. Parmi les fonctionnaires du Temple, il y avait unmédecin chargé de soigner les prêtres malades. Ceux-cien effet devaient être sans chaussures pour servir dansle sanctuaire; ils ne buvaient que de l’eau, se nourrissaientsurtout de viande et ne portaient qu’une tunique.Aussi étaient-ils souvent ^saisis de douleurs d’entrailles.C’est pourquoi celui qui les soignait s’appelait le «médecindes entrailles». Schekalim, v, 1. Les Juifs de ladispersion avaient leurs médecins attitrés. Des inscriptionstémoignent de l’existence d’un àpyt’atpoç, «médecinen chef,» dans les communautés juives d Éphèse et deVenosa. Cf. Schùrer, Geschichte des jùdischen Volkesim Zeit J. C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 12-90. Hérode, dans sa dernière maladie, suivait docilement les prescriptionsdes médecins, qui l’envoyèrent aux eaux deCallirrhoé (t. ii, col. 69) et lui ordonnèrent des bainsd’huile, sans succès. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVU, vi, 5.

4. Les médecins sont mentionnés dans le NouveauTestament, mais dans des termes qui ne supposent pasgrande habileté chez ceux qui exerçaient alors en Palestine.D’après saint Marc, v, 26, l’hémorroïsse, qui obtintsa guérison en touchant le vêtement du Sauveur, «avaitbeaucoup souffert d’un bon nombre de médecins, y avaitdépensé tout son avoir sans aboutir à rien qu’à voirempirer son mal.» Saint Luc, viii, 43, en sa qualité demédecin, Col., iv, 14, voir Luc, col. 379, dit seulementqu’elle «avait dépensé tout son avoir en médecins, sans qu’aucun ait pu la guérir». C’est encore cet évangélistequi rapporte le proverbe dont Notre-Seigneurse servit dans la synagogue de Nazareth: «Médecin, guéris-toi toi-même,» Luc, iv, 23, proverbe qui seretrouve sous une forme équivalente chez les anciensauteurs. Cf. Euripide, TroL, 247; Ovide, De re amat., 316; Bereschit Rabba, 23; Tanchuma in Gen., 4, 2.Enfin, pendant le festin auquel il assistait dans la maisondu publicain Matthieu, Notre-Seigneur dit aux pharisiensqui murmuraient en le voyant avec des pécheurs: «Cene sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin dumédecin, mais les malades.» Matth., ix, 12; Marc, ii, 17; Luc, v, 31. — Un seul médecin, saint Luc, est nommé parson nom dans l’Écriture. Col., iv, 14. Voir Ad. Harnack, Medicinisches aus der âllesten Kirchengeschichte, dansles Texte und Untersuchungen, t. viii, Heꝟ. 4, 1892, p. 37-40. — Sur les sages-femmesqui donnaient leurs soinsaux enfants au moment de la naissance, voir Enfantement, t. ii, col. 1786. Sur les praticiens qui embaumaientles corps, Gen., l, 2, 25, voir Embaumement, t. ii, col. 1727. — Cf. J. Preuss, Der Arzt in Bibel undTalmud, dans Virchmv’s Arrhiv fur pathologischeAnatomie und Physiologie, 1894, t. cxxxviii, p. 261-283; V. Ebstein, Die Medizin im À lien Testament, Stuttgart, 1501, p. 161-164. Voir Médecine. 11. Lesèthe.

    1. MÉDECINE##

MÉDECINE, art de soigner et de guérir les maladies.

I. Époque patriarcale. — À cette époque, il n’estquestion ni de médecins ni de médecine. On peut néan, moins appliquer aux hommes de ce temps ce que Pline, H. N., xxix, 5, disait plus tard: «Quantité de peuplesvivent sans médecins, non pourtant sans médecine.» La médecine des premiers Hébreux s’inspira naturellement des pratiques des Chaldéens, leurs ancêtres, etensuite des Egyptiens, chez lesquels ils se développèrent.La médecine chaldéenne consistait surtout à reconnaîtreet à chasser les démons ou les esprits regardés commeagents directs des diverses maladies. Toutes les fautescommises contre les dieux, particulièrement contre ledieu ou là déesse sous la protection desquels chacunétait placé dès sa naissance, entraînait comme conséquence l’invasion du corps par un génie mauvais, ledieu Fièvre, le dieu Peste, le dieu Mal-de-Tête, etc. Ils’agissait donc avant tout de chasser ce génie funesteau moyen de formules, d’actes, de purifications, derecettes, d’amulettes qu’on regardait comme capablesd’effrayer les esprits et de les forcer à abandonner le

235. — Ex-voto égyptien représentant des oreilles guéries.

D’après Wilkingon, Manners and customs ofthe anc. Egyptians,

édit. Birch, t. ii, fig. 460, n. 2, p. 358.

corps rendu malade par leur présence. Cf. Fr. Martin, Textes religieux: assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. 71, l’hymne à Bau, déesse de la médecine, pourobtenir la guérison des palpitations de cœur, des fractures et de différentes autres maladies. Tous ces moyens, qui n’avaient aucune espèce de relation naturelle avecl’effet attendu, appartenaient à la magie et non à lamédecine. Les Chaldéens ne dédaignaient pas cependant d’utiliser les simples, bien que ces remèdes naturels leur inspirassent moins de confiance que les recettes magiques. Cet usage des simples fut probablementla seule pratique médicinale que les patriarches emportèrent de leur pays d’origine. Cf. A. Boissier, Listedes plantes médicinales, dans la Revue sémitiqued'épigraphie et d’histoire ancienne, t. ii, p. 135-145; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orientclassique, t. i, 1895, p. 683, 780-782. Les Égyptiens attribuaient également les maladies à la présence d’espritsmalfaisants introduits dans le corps par quelque opération mystérieuse ou venus d’eux-mêmes par méchanceté. Pour les chasser, on employait les recettes magiques, mais on avait aussi recours aux remèdes naturelsappliqués par de véritables médecins. Ceux-ci se formaient à leur art par l'étude des livres et l’expérience.Souvent ils ignoraient le vrai siège du mal; les préjugés religieux du pays leur interdisaient oute inspection

anatomique du corps humain, que seuls les embaumeurs pouvaient entamer -, non sans encourir l’exécration générale. Les médecins égyptiens n’en prescrivaient pas moins d’utiles remèdes, particulièrementcontre les maladies intestinales qui sévissaient sur lesbords du Nil, Hérodote, ii, 77, contre les ophtalmieségalement très fréquentes, etc. On attribuait les préceptes de la médecine égyptienne à Horus, Diodore deSicile, 1, 22; et Thot, devenu pour les Grecs HermèsTrismégiste, était regardé comme le premier médecinet le premier chirurgien. Cf. Papyros Ebers, die attesteBuck ùber Heilkunde, trad. H. Joachim, in-8°, Berlin, 1890; Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 215, 216; P. Perret, Dictionnaire d’archéolog. égyptien., in-12, Paris, 1875, p. 329; J. G. Wilkinson, Manners of theaneient Egyptians, édit. Birch, 1878, t. ii, p 355-358, 404-413, 417. On a trouvé en Egypte des ex-voto représentant des organes ou des membres dont on avaitobtenu la guérison (fig. 235).

II. Au temps de l’exode. — Moïse fut élevé, â la courdu pharaon, «dans toute la sagesse des Égyptiens.» Act., vii, 22. Il eut donc connaissance de ce qu’il yavait de sérieux dans la science de leurs médecins; ilse servit plus tard de cette connaissance pour la rédaction de plusieurs de ses lois. Celles qui se rapportent

236. — Scythes pansant des blessures.

Relief du vase d’argent de Koulba. Musée de l’Ermitage,

à Saint-Pétersbourg.

aux divers genres d’impuretés renferment des prescriptions qui constituent d’excellents moyens prophylactiques contre beaucoup de maladies. Voir Impures(Choses), Impureté légale, t. iii, col. 85$1-$261; N. Guéneau de Mussy, Étude sur l’hygiène de Moïse, Paris, 1885.III. Pratiques médicales. — 1° Les pratiques médicalesmentionnées dans la Sainte Écriture sont simples etassez peu nombreuses. On savait parfaitement banderet soigner les plaies et les blessures. Exod., xxi, 19. Lapratique de la circoncision, en particulier, exigeait dessoins qu’une longue expérience dut rendre très appropriés à la circonstance. Voir Circoncision, t. ii, col. 776.Isaïe, i, 6, parle de plaies pansées et bandées, et Ézéchiel, xxx, 21, de bras cassé, puis pansé et enveloppéde bandages (fig. 236). Après la bataille de RamothGalaad, le roi Joram alla faire soigner ses blessures àJezraël. IV Reg., viii, .29; ix, 15. Le bandage des blessures était accompagné de lotions d’huile, Is., i, 6, etanssi de vin mêlé à l’huile. Luc, x, 34. Ce mélange étaitfort apprécié des anciens. Cf. Pline, H. N., xxix, 9; xxxi, 47; Columelle, De re rustic., vii, 5, 18; Jems..Berachoth, 3, 1, etc. Les onctions de baume, surtoutde baume de Galaad, servaient à endormir les douleurs..Jer., viii, 22; xlvi, 11; li, 8. Les apothicaires ou parfumeurs préparaient les divers mélanges propres auxonguents. Exod., xxx, 35; Eccle., x, 1. Voir Baume, t. ii, col. 1517. On mit un cataplasme de figues sur l’anthraxdu roi Ézéchias. IV Reg., xx, 7; Is., xxxviii, 21. VoirFiguier, t. ii, col. 2241. Ézéchiel, xlvii, 12, parle d’unarbre de la Jérusalem nouvelle, dont les feuilles serviront de remède, fèrùfàh, iyieiix, medicina. Saint Jeanplace aussi dans la Jérusalem céleste un arbre de viedont les feuilles serviront ei; ÔEpaireiav, ad sanitatetn y «pour la santé.» Apoc xxii, 2. Dans le livre deTobie, vi, 5, le cœur, le fiel et le foie du poisson sontpréconisés comme d’utiles remèdes. Le fiel est présentépar l’ange comme efficace contre les taies blanches, XeuxâfiaTa, albugo, des jeux. Tob., vi, 9; xi, 13-15, Lefiel entrait dans la composition des collyres anciens; il ne s’ensuit pas pourtant que la guérison de Tobiesoit purement naturelle. Voir Collvre, t. ii, col. 844; Fiel, col. 2234. Le livre de la Sagesse, xvi, 12, mentione, au nombre des remèdes, l’herbe et le cataplasmeémollient, porâvr], iiâlnyiia, herba, malagma, commespécifiques qu’on aurait pu employer contre la piqûre desmouches, des cousins ou des serpents. On peut encoresignaler l’emploi de la mandragore qui, dit-on, favorisait le sommeil et la fécondité, cf. Gen., xxx, 14; voirMandragore, col. 653; l’usage de la musique pourcalmer la surexcitation cérébrale de Saûl, I Reg., xvi, 16; l’assainissem*nt des eaux par le sel, IV Reg., ii, 21, et l’adoucissem*nt d’un mélange de coloquintes sauvages par l’addition de farine. IV Reg., iv, 39-41. L’efficacité de ces deux derniers procédés est probablementattribuable à une cause surnaturelle. Il en est de même, plus sûrement encore, de l’eau de la piscine de Bethesda, qui, après son agitation par l’ange, guérissait le premiermalade qui s’y plongeait. Joa., v, 2-4. Enfin, saint Paulrecommande à son disciple l’usage modéré du vincomme réconfortant et remède contre les maux d’estomac. Comme les causes morales influent souvent surla santé, la fuite du mal, la joie du cœur, l’aménité desparoles sont recommandées au sage qui veut assurerson bien-être physique ou celui des autres. Prov., iii, 8; xii, 18; xvii, 22. Par contre, le vice est représentécomme essentiellement funeste à. la santé du corps.Prov., ii, 18; v, 5; vii, 27; Eccli., xxxvii, 30-34.

2° À partir de la domination des Séleucides, la médecine rationnelle des praticiens grecs eut occasion des’exercer en Palestine. Le fils de Sirach recommanded’honorer le médecin et de recourir à ses soins, et enmême temps, de prier le Seigneur, dé purifier son âme etd’offrir des sacrifices. Eccli., xxçviii, 1-15. — Hérode, atteint d’un mal effroyable, fit venir des médecins dont ilsuivit les prescriptions. Sur leurs conseils, il alla prendreles eaux de Callirrhoé, dont on se servait sous forme debains et de potions. Voir Callirrhoé, t. ii, col. 72. Onle mit ensuite dans un bain d’huile, qui devint pour luiune cause d’aggravation plutôt que de soulagement. Lamédecine fut d’ailleurs impuissante à le guérir. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 5; Bell, jud., i, xxxiii, 5.— Il existait aussi et il existe encore à Tibériade des eauxthermales auxquelles on allait demander la santé. Josèphe, Vit., 16; Bell, jud., II, xxi, 6. De leur côté, lesEsséniens restaient fidèles à la médication par les simples. Ils s'étudiaient à connaître les plantes et les minéraux qui avaient la propriété do guérir les maladieset cherchaient à ce sujet des renseignements dans leslivres des anciens. Josèphe, Bell, jud., Il, vii, 6. Onfaisait remonter jusqu'à Salomon plusieurs de ces livres.Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 5. Les talmudistes citen'.un grand nombre de végétaux et de minéraux qui étaientemployés comme remèdes: myrrhe, safran, hysope, cumin, menthe, bitume, etc. Voir Wunderbar, Bibtischtalmudische Medicin, in-8°, Riga, Abth. i, 18! >0-1860, p. 73-118.

3° À côté de cette médecine pratique et rationnelle, ilse perpétuait chez les Juifs un art de guérir qui empruntait ses moyens à la magie ou à des procédés superstitieux, tels qu’en emploient les sorciers de tous lestemps. Saint Marc, v. 26, parle de l’hémorroïsse qui avaiten recours à toutes sortes de médecins sans résultat.Voici un exemple de la médication employée en pareilcas. «Rabbi Jochanan dit: Prenez le poids d’un denierde gomme d’Alexandrie, le poids d’un denier d’alun etle poids d’un denier de safran de jardin, pilez-les ensemble et donnez-les dans du vin à la femme hémorroïsse. S’il n’y a pas d’effet produit, prenez trois foistrois logs d’oignons de Perse, cuisez-les dans du viii, ensuite faites-les boire à la femme en lui disant: Soisdélivrée de ton flux. Si cela ne réussit pas, menez-la àun croisem*nt de deux chemins, qu’elle tienne à lamain un gobelet de viii, et que quelqu’un survenantpar derrière lui fasse peur en disant: Sois délivréede ton flux. S’il n’y a pas encore de résultat, prenezune poignée de cumin et une poignée de foin grec, faites-les bouillir dans du vin et donnez-les-lui à boireen disant: Sois délivrée de ton flux.» Suivent d’autresrecettes analogues, dont l’inefficacité est également prévue. En fin de compte, on en vient à la suivante: «Oncreusera sept fossés, dans lesquels on brûlera des sarments de vignes non taillées, et la femme, tenant enmain un gobelet de viii, s’assiéra successivement aubord de chaque fossé, et on lui dira en la faisant relever: Sois délivrée de ton flux.» Bàbyl. Schabbath, 110.On comprend que les talmudistes eux-mêmes n’aientpas craint de dire, en parlant des rabbis qui préconisaient de pareils traitements: «Le meilleur des médecins mérite la géhenne, s Kidduschin, 82, 1. Cf. Pline, H. N., xxix, 5. Aussi accourait-on de tous côtés auprèsde Notre-Seigneur pour obtenir de sa puissance et de sabonté des guérisons que ne pouvait procurer la médecine de son temps.

4° Les remèdes sont désignés dans la Sainte Écriturepar les noms généraux terûfàh, ùj Utà, medicina, Ezech., xlvii, 12; refu'ôf, îânotTa, medicamina, Jer., xlvi, 11; Sap., xii, 4; marpê', Jer., xxxiii, 6; |iâXaY(J.ot Is., i, 6; Sap., XVI, 12; <pâp[iaxov, medicamentum, Sap., i, 14; è£tXa17|jL<Sî, medicina, Eccli., xviii, 20; remedium, Tob., vi, 7, etc. — Voir D. Calmet, De re medica veterum He~brseorum, dans le Cursus Script. Sacr. de Migne, Paris, 1838, t. xvii, p. 999-1012; Brunati, De la médecine chezles Hébreux, dans les Démonstr. évang. de Migne, Paris, 1843, t. xiv, p. 480-490; F. Bœrner, Dissert, destatu medicinx ajntd veteres Ebreeos, Vitebsk, 1755; Sprengel, De medicina Ebrxorum, Halle, 1789; J. Schmidt, Biblischer Medicus, Zûllichau, 1743; Th.Shapter, Medica sacra, Londres, 1834; J. P. Trusen, Darstellung der biblischen Kranhheiten und der aufdie Medizin bezïtglichen Stellén der heiligen Schrift, Posèn, 1843; R. J. Wunderbar, Biblisch-talmudischeMedicin, 2 in-8°, Riga, 1850-1860; J. Roser, Kranhheiten des Orients, Augsbourg, 1837; F. Pruner, Kranhheiten des Orients, in-8°, Erlangen, 1847; Tobler, Beitrag zur medizinischen Topographie von Jérusalem, in-8°, Berlin, 1855; Bennett, Diseases of the Bible, in-16, Londres, 1887; W. Ebstein, Die Medizin in AllenTestament, Stuttgart, 1901, p. 164-168; Id., Die Mediznaim Neuen Testament und im Talntud, in-8°, Stuttgart, 1903; F. von Œfele, Materialien zur Bearbeitung babylonischer Medicin, in-8°, Breslau, 1902; Frd. Kûchler, Beitràge zur Kenntniss des assyrisch-babylonischen

Medizin, in-4°, Leipzig, 1904.

H. Lesêtre.

    1. MÉDEMÉNA##

MÉDEMÉNA, nom de deux villes de Palestine.

1. MÉDEMÉNA (hébreu: Madmanndh; Vaticanus.Max*?i[L', Alexandrinus: Be.8£êr l vâ), ï[edeJiitia, ]os., x, 31, attribuée plus tard à Siméon, si elle est, comme lepensent divers commentateurs, la même que Bethmarchaboth. Jos., xix, 5. Voir Bethmarchaboth, t. ii, col. 1696, Médeména est nommée entre Siceleg et Sensenna: elleétait donc dans la partie la plus méridionale de la Palestine. Conder a placé autrefois cette ville, Tentwork inPalestine, 1878, t, H, p. 338; Survey of Western Palestine, t. iii, p. 392, 399, à Umm Deimnéh, ruines situéesà dix-neuf kilomètres au nord-est de Bersabée, où l’onremarque des amas de pierres et des restes de fondations, mais il a renoncé depuis à cette identification, préférant;

la placer à eUMinyéh, localité que Ed. Robinson, Bibli*cal Researches in Palestine, 2e édit., t. i, p. 602, a retrouvéeau sud de Gaza, et dont le nom rappelle Mrjviotçqu’Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édit. Larsow etParthey, 1862, p. 288, 289, assurent être Médeménaet placent près de Gaza. — D’autres géographes identifientl’antique cité avec les ruines de Kldrbet Ma’anYunès (le Castrum Meneenum du Codex Theodoaianus), à 4 heures au sud de Gaza. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 230-231. Le nom de Médeména reparaît dansI Paralipomènes, II, 49, où nous lisons que Sâaph, filsde Caleb et de Maacha (d’après l’hébreu), fut «pèrede Médeména», c’est-à-dire qu’il s’établit dans cette villeet en fui le second fondateur ou le restaurateur. Dansce passage, la Vulgate écrit le nom Madména.

2. MÉDEMÉNA (hébreu: Madmêndh; Septante: Ma8e6r)vâ), ville située probablement dans la tribu de Benjamin.Is.; x, 31. Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., 1862, p. 288, 289, et beaucoup d’autres après eux, l’ontconfondue à tort avec Médeména 1. La prophétie d’Isaïe, où elle est nommée après Anathoth, x, 30, prouve, partout l’ensemble du contexte, qu’elle était située, au nordde Jérusalem, sur la route que suivait l’armée assyriennede Sennachérib envahissant la Palestine. Ses habitants, dit le prophète, «s’enfuient» pour échapper aux coupsde l’ennemi. Le site est inconnu. Fr. Valentiner, Beitragtur Topographie des Stammes Benjamin, dans laZeitschrift der morgenlàndischer Gesellscliaft, t. xii, 1858, p. 169, l’identifie avec Schafât, petit village àtrois quarts d’heure de Jérusalem, à l’ouest de la routede Naplouse, où les maisons sont construites avec d’anciensmatériaux. J. Murray, Syria and Palestine, 1868, p. 307. On ne peut apporter aucune preuve plausible enfaveur de cette hypothèse.

    1. MÉDÈNE##

MÉDÈNE (PROVINCE) (hébreu: Madai; omisdans les Septante; Vulgate: Medena provincia), la Médie.Elle est ainsi appelée par la Vulgate, I Esd., vi, 2, où il est dit que’Ahmetâ’, «Ecbatane,» est la capitalede la province de Médie. Voir Ecfatane, ii,% t. ii, col. 1530 et Médie.

    1. MÉDIATEUR##

MÉDIATEUR (grec: [u<j£ttiç; Vulgate: mediator), celui qui est interposé pour ménager les relations entredeux parties. — Les habitants de Galaad demandent àJephlé que le Seigneur «entende entre eux», qu’il soit, d’après la Vulgate, mediator et testis, bien qu’il nes’agisse que d’un serment. Jud., xi, 10. Job, ix, 23, réclameun arbitre, môkîah, u.emTT) «, entre lui et sesamis. Moïse a été le médiateur de la Loi anciennetransmise par le ministère des anges; il a servi ainsid’intermédiaire entre Dieu et son peuple. Gal., iii, 19, 20.Jésus-Christ est le médiateur de la nouvelle alliance etle seul médiateur entre Dieu et les hommes, médiateurunique, de même que Dieu est unique. I Tim.,», 5. Iln’est pas un simple intermédiaire se contentant, commeMoïse, de transmettre aux hommes ce qui venait deDieu. Il s’est fait lui-même rédempteur pour tous leshommes, il a souffert et il est mort, afin de lever par làl’obstacle qui empêchait les hommes de communiqueravec Dieu. I Tim., ii, 6. Sa médiation n’est donc paspurement attributive et accidentelle, comme celle deMoïse; elle est réelle et naturelle, parce que Jésus-Christréunit en sa personne la divinité et l’humanité entrelesquelles l’harmonie était à rétablir. Ayant réalisé enlui-même cette harmonie de la manière la plus intimequi se puisse concevoir, il a tout pouvoir et tout droitpour la réaliser entre le Père, dont il est le Fils etl’incontestable mandataire, et les hommes dont il a prisla nature. Ces derniers pourtant ne peuvent profiter decette médiation qu’autant qu’ils l’acceptent. Cf. Pétau, fia incarnatione, XIII, i-xiy. La conséquence de cette

médiation est l’alliance nouvelle contractée entre Dieuet l’humanité rachetée. Heb., viii, 6; IX, 15; xii, 24.

Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1514.

H. Lesêtre.

    1. MÉDIE##

MÉDIE (hébreu: Mâdaï, II (IV) Reg., xvii, 6; xviii, 11; Esther, 1, 3; Is., xiii, 17; xxi, 2; Jer., xxv, 25, Ll, ll, 28; Dan., v, 28; vi, 13 (12); IX, I Esd., vi, 2; chaldéen: Mâdi, Dan., xi, 1; Mâdàia’, Dan., vi, 1; Septante: MVjSot, IV Reg. xvii, 6; xviii, 11; Esther, i, 3; Is., xiii, 17; xxi, 2; Jer., xxv, 25, xxviii (hébreu et Vulgate Ll), 28; Dan., IX, 1; v, 28; viii, 20; 1 Mach., i, 1; Act., H, 9; I Mach., xiv, 1, 2; Vulgate: Medi, dans tous les livres, excepté Media, Jer., li, 28; I Mach., vi, 56; xiv, 1-2; Medena, I Esd., vi, 2), contrée d’Asie.

I. Description de la Médie. — La situation géographiquede la Médie est facile à déterminer, quoique leslimites de cette région ne soient pas très précises. Elleétait séparée de la Caspienne, au nord, par une chaînede montagnes aujourd’hui connue sous le nom iraniend’Elburz et plus anciennement Harabèrëzaiti, ouAriobarsanès. Les auteurs classiques ne donnent pas de

: S 2 …v’^fi’- - ""*= -M. VW

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231. — Carte de la Médie.

nom à cette chaîne, ils parlent seulement de son plushaut sommet que les Grecs appellent Iasonion et qui a5700 mètres d’altitude, Ptplémée, VI, ii, 4; Strabon, XI, xm, 10. À l’est, elle confinait à la Parthie dont elle étaitséparée par le désert; au sud, à la Perse et à l’Élymaideou Susiane dont elle était séparée par les monts Pararhoatras, à l’ouest, à l’Assyrie, dont elle était séparée parles monts Zagrus et Choatras; au nord-est, à l’Arménie, dont la séparaient le lac Thospitis, diverses montagnes etune partie du cours de l’Araxe, Pôlybe, v. 44; Strabon, XI, xiii, i; Pline, H. N., vi, 1; Ptolémée, VI, ii, 1-5; divisent la Médie en deux parties: la grande Médie etla Médie Atropatène. Cette dernière ne porta ce nomque depuis le moment où le satrape Atropatès en devintle souverain indépendant, c’est-à-dire depuis la destructionde l’empire perse par Alexandre Arrien, Anabas., m, 8; vi, 29; Diodore de Sicile, xviii, 3; Strabon, XI, xiii, 1. La Médie Atropatène était la partie nord-ouest de laMédie. Elle était située entre l’Arménie au nord, lesCadusiens à l’est, la grande Médie au sud et l’Assyrie àl’ouest. On. y trouve un beau lac salé appelé Kapauta ouMatianus. La principale ville était Gazaca, l’Ecbatane duNord. Voir Ecbatane 1, t. ii, col. 1529. L’Atropatène estun haut plateau dont la partie la plus basse, celle où estsitué le lac Kapauta, a 1 300 mètres d’altitude. Les hautesmontagnes de l’est et < leurs versants du côté de lamer Caspienne étaient le séjour de tribus aryennes quifirent pendant des siècles la guerre aux Mèdes et auxPerses (Dg. 237).

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MEDIE

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La grande Médie avait pour bornes: au nord, l’Hyrcanie; à l’est, la Parthyène; au sud, la Gabiane et le paysdes Cosséens; à l’ouest, les monts Zagros et l’Assyrie..Strabon, XI, xiii, 5-6. La majeure partie de la grandeMédie se compose de plateaux élevés et froids. Du côtédes portes Caspiennes on rencontre au contraire desvallons. riants et propres à toutes les cultures. Cette contréeest très favorable à l’élevage des chevaux, elle produisaitune herbe que les anciens appellent herba medica.C’est là que se fournissaient les haras des rois perses. Onappelait ces chevaux niséens (fig. 238) du nom de laplaine (Nisœi campi) où ils étaient élevés. Hérodote, vu, 40; Diodore de Sicile, xvii, 100; Élien, Hist. anim., m, 2; Strabon, XI, xiii, 7. Ils figurent dans le tributpayé par les Mèdes aux Assyriens. G. Maspero, Histoire

xi, 2, est également signalée par les’historiens del’antiquité. Hérodote, vii, 62, dit qu’ils se nommaientprimitivement Ariens et qu’ils prirent le nom de Mèdesà la suite de l’expédition de Jason et de Médée. Il n’y apas à tenir compte de cette légende grecque et il fautseulement retenir le témoignage qui les rattache à larace aryenne. C’est là du reste un fait confirmé par lalangue qui est du groupe aryen. Cf. J. Oppert, Le peupleet la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879. Les Mèdesvécurent longtemps en tribus séparées. Hérodote, i, 96.Ces tribus eurent des guerres fréquentes avec les Assyriens, en particulier sous Théglathphalasar III, p. 49, 51.Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, 1. 1, in-8°, Paris, 1871, p. 49-51. G. Maspero, Hist. ancienne, t. iii, p. 142, 153. À l’époque de Sargon, c’est-à-dire vers 710 avant

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238. — Char perse attelé de chevaux niséens. Palais de Persépolis.

ancienne, 1899, t. iii, p. 454. À côté des espèces lesplus redoutables de bêtes féroces, le lion, le tigre, leléopard, l’ours, on rencontrait beaucoup d’animaux domestiques: l’âne, le buffle, le mouton, la chèvre, le chien, le dromadaire, le chameau à deux bosses. La flore n’étaitpas moins remarquable. Le pays produit des fruits variés, entre autres le citron que les anciens appelaientmalum medicum. Virgile, Georg., II, v, 126-135; Pline, H. N: f xii, 3. Strabon, XI, xiii, 7, mentionne aussi parmiles produits du pays le silphium, mais il était, dit-il, inférieurà celui de la Cyrénaïque. Cf. G. Maspero, Histoireancienne, t. iii, p. 453-454. Nombreuses aussi étaientles pierres précieuses, en particulier le lapis-lazzuli.Pline, H. N., xxxvii, 5, 8, 10, 11. Cf. G. Maspero, ibid.

Les principales villes de la grande Médie étaientEcbatane, Rages, Bagistana, aujourd’hui Behistoun. VoirEcbatane 1, t. ii, col. 1520; Bagès. Près de Rages ou surle même emplacement que cette ville s’éleva la coloniegrecque d’Europos qui devint la capitale des Parthessous le nom d’Arsacée. Strabon, XI, xiii, .6-Cf. H. Kiepert, Manuel de Géographie ancienne, trad. franc., in-S», Paris, 1887, p. 40-44.

II. Histoire des Mèdes. — L’origine aryenne ou japhétiquedes Mèdes, qui est indiquée dans la Genèse,

J.-C. un certain nombre de tribus se réunirent autourd’un prince qu’Hérodote, 1, 96-98, appelle Déjocès et donton retrouve le nom sous la forme Dayaoukkou ouDahyaukâ dans les inscriptions assyriennes, Annales deSargon, lig. 75-77. Cf. J. Oppert, Records of the past, t. viii, p. 33; H. Winckler, Die Keilschrifttexte Sargon’s, in-8°, Leipzig, 1889, p. 20 Cf. G. Maspero, Hist. ancienne, t. iii, p. 326. Ce Déjocès, d’abord allié aux Assyriens, avait été plus tard, à la suite d’une campagne de Sargoncontre la Médie, en 715, déporté à Hamath en Syrie, Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, t. i, p. 59. Dansla suite il se rendit indépendant et fut ie véritable fondateurdu royaume mède. Il profita pour cela des embarrasde Sargon occupé à des guerres contre Babylone et laCommagène et par le siège d’Azot. Fr. Lenormant, Ibid.Cf. F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 566. C’est à l’époque de sa victoire surles Mèdes que Sargon avait déporté un certain nombred’Israélites en Médie. Sennachérib remporta quelquesvictoires sur ce pays, mais ce ne furent que des succèspassagers et elles n’empêchèrent pas les Mèdes d’acheverl’oeuvre de son indépendance. Déjocès avait fondé la villed’Ecbatane, qui, selon H. Rawlinson, doit être distinguéede ]’Ecbatane du sud ou Hamadân (voir Ecbatake 1,

t. ii, col. 1529), et d’après G. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 325 n. 2, doit être confondue avec elle.

La liste des premiers rois de Médie nous a été transmisepar Hérodote, i, 98-107 et par Ctésias, EpitomeDiodori, 30-32, édit. Gilmore, in-8°, Londres, 1888, p. 97111. Voici ces deux listes:

LISTE D HERODOTE

années.

00

Déjocès 53

00

, 00

, 00

00

Phraortes 22

Cyaxare 40

Astyages. 35

LISTE DE CTESIAS

années.

Arbacès 28

Madaucès 50

Sosarmus 00

Artycas 52

Abianès 23

Artæus 40

Artynè 22

Astybarras 40

Aspadas ou Astyages… 00

La liste de Ctésias est une liste de fantaisie faite aveccelle d’Hérodote, en répétant les années de règne dedeux en deux. Le chiffre de 28 attribué à Arbacès estdestiné à rendre la liste vraisemblable. G. Maspero, Bist. anc., t. iii, p. 447. Il n’y a donc aucun compte àtenir de cette liste. Cf. Fr. Lenormant-E. Babelon, Uist.ancienne des peuples de l’Orient, t. v, 1887, p. 418; Gilmore, The Fragments of the Persika of Ktesias, p. 92-96.

Le successeur de Déjocès, Phraorte ou Fravartisch, l’Arphaxad de la Bible, monta sur le trône vers 655, àl’époque où Assurbanipal était encore tout-puissant. IIcommença par s’annexer les petit* États voisins et lesPerses qu’il vainquit, puis il attaqua le roi d’Assyrie etfut battu et tué. Hérodote, i, 102; Fr. Lenormant-E.Babelon, Histoire ancienne, t. v, p. 424-428; G. Maspero, Hist. anc., t. iii, p. 454-465. Voir Arphaxad, t. i, col. 1030. Le fils de Phraorte, Cyaxare ou Houvaksha-tara, lui succéda. Ce fut un grand capitaine et un grandadministrateur. Il organisa une armée régulière, battitAssurbanipal et assiégea Ninive. La ville fut sauvéegrâce à une invasion des Scythes que le roi d’Assyrieappela à son secours. Hérodote, i, 103-104. Délivré d’euxpar la trahison et par un immense massacre, Cyaxares’allia à Nabopolassar, roi de Babylone, et cette fois Niaivesuccomba sous les coups des deux alliés. Ceux-ci separtagèrent les dépouilles. Le roi des Mèdes eut l’Assyrieproprement dite et ses dépendances du haut Tigre, ainsi que les régions du [nord et de l’est. L’Arménieruinée par les Scythes tomba également en son pouvoirainsi que la Cappadoce et quelques pays voisins. Troisans après la chute de Ninive, Cyaxare réclama un otagescythe qui s’était réfugié chez Alyatte, roi de Lydie, etaprès des alternatives de victoires et de défaites conclutavec lui un traité qui donnait pour limite aux deuxroyaumes l’Halys, rivière qui partage la Cappadoce. IIscella l’alliance par le mariage de son fils Astyage ouAytahaga, en assyrien Ischtouvigou, et mourut l’annéesuivante, 584 avant J.-C. Hérodote, l, 103-106, 16, 73-74; cf. Lenormant-E. Babelon, Hist. anc., t. jv, p. 428-435; G. Maspero, Hist. anc, t. iii, p. 465-472, 480-486, 521, 525-530.

Le règne d’Astyage fut long et, pendant les trentepremières années, sans événement important. La fin enfut marquée par la révolte de Cyrus, fils de Cambyse, roi de Perse, qui secoua le joug du roi de Médie, etsubstitua la suzeraineté des Perses à celle des Mèdes. Cene fut guère qu’une transformation intérieure; pour lespeuples voisins ce fut toujours l’empire des Mèdesedes Perses. Hérodote, i, 46, 74-75, 107-130; Fr. Lenormant-E.Babelon, Hist. anc., t. v, p. 435-444; G. Maspero, Hist. anc, t. iii, p, 595-500. Voir Cyrus, t. ii, col. 1191.

Cyrus étendit rapidement son empire. Il défit Crésus, roide Lydie, s’empara de Sardes et, après la Lydie, soumit les cités grecques de la côte, la Carie, la Lycie etles régions orientales de l’Iran. Maître de ce vastedomaine, il attaqua l’empire babylonien, s’empara deBabylone et délivra le peuple juif de la captivité. Hérodote, i, 188-191; Xénophon, Cyropédie, vii, 5; Fr. Lenormant-E.Babelon, Hist. anc, t. v, p. 451, 453; 476-499; G. Maspero, Hist. anc, t. iii, p. 613-617, 634-637. Ainsis’accomplirent les prophéties. Le successeur de Cyrus, Cambyse, agrandit encore l’empire médo-perse; il conquitl’Egypte. Une expédition malheureuse contre l’Ethiopieaugmenta les crises d’épilepsie auxquelles il était sujet etil mourut sans qu’on sache s’il avait été assassiné ous’il s’était donné la mort. Hérodote, III, i, 4, 7-38, 44, 61-66, 89, 139, 181; Fr. Lenormant-E. Babelon, Hist anc, t. vi, p. 1-13; G. Maspero, Hist. anc, t. iii, p. 655671. Pendant l’expédition de Cambyse en Egypte, unmage nommé Gaumata s’était emparé du trône en sedonnant faussem*nt pour Smerdis, fils de Cyrus. Aprèsla mort de Cambyse, Darius conjuré avec six autresPerses le tua et fut proclamé roi en avril 521. Il régnajusqu’en 485.

Darius I er affermit la domination médo-perse enEgypte, soumit une partie de l’Inde, les lies de la merEgée, la rive européenne du Bosphore et de l’Hellespontet une partie de la région du Caucase. Il réprima unerévolte de Babylone et entreprit une campagne malheureusecontre les Scythes. Ses armées furent encorebattues par les Grecs à Marathon. Ce fut lui qui divisal’empire en vingt satrapies. La Palestine était sous sadépendance et il se montra bienveillant pour les Juifs.Voir Darius I er, t. ii, col. 1209. Son successeur, Xerxèsou Ksayârsâ, de 485 à 465, est surtout célèbre par seslu*ttes contre les Grecs et ses défaites à Salamine et àPlatée (480-479). Il mourut assassiné par deux de sesofficiers. C’est lui que la Bible désigne sous le nomd’Assuérus. Voir Assuérus, t. i, col. 1141; Esther, t. ii, col. 1973. Les règnes des successeurs de Xerxès n’ontpoint d’intérêt pour l’histoire biblique; il n’est de nouveauquestion de l’empire médo-perse qu’à l’occasion desa destruction par Alexandre, roi de Macédoine, vainqueurde Darius 1Il Codoman. Cette destruction avait étéannoncée par Daniel.

Comme l’avait prédit le prophète, les Grecs détruisirentl’empire médo-perse et Alexandre fut maître del’Asie jusqu’à l’Inde. I Mach., i, 1. Voir Darius IIICodoman, t. ii, col. 1306. Cependant la province deMédie ne fut jamais complètement soumise aux Grecs.Atropatès, satrape de la petite Médie, en conserva le gouvernement, Justin, XIII, iv, 12; il se rendit plus indépendantencore à la mort d’Alexandre et se proclamaroi.C’est de lui que cette partie de la Médie prit le nomd’Atropatène. Sa dynastie régnait encore sur ce pays autemps de Stra^-J. Strabon, XI, xiii, 1. Cf. J. G. Droysen, Histoire de l’Hellénisme, trad. franc., in-8°, t. n rParis, 1884, p. 32, 134, 437, 750; t. iii, 1885, p. 80, 344, 599. La grande Médie eut sous Alexandre poursatrape Pithon, qui conserva son gouvernement aprèsla mort du roi, Justin, XIII, iv, 12; après lui Orutabèsgouverna la province. Diodore de Sicile, XIX, xlvi, 5.Séleucus I er Nicator occupa la Médie, mais il ne s’y établitpas solidement. Antiochus III fit aussi des expéditionsdans ce pays et confia la satrapie de Médie à>Molon, Polybe, V, XL, 7. I. G. Droysen, Histoire de-VHellénisme, t. ii, p. 32, 134, 252, 287, 360; t. iii, p. 344.

Ces expéditions continuèrent sous Antiochus IV.I Mach., vi, 56. La Médie fut ensuite conquise par lesArsacides, rois des Parthes, et incorporée à leur empire.I Mach., xiv, 1-3. Voir AnsACE, t. i, col. 1034. Rages, ou Europos prit alors le, nom d’Arsacéia. Strabon, XI, xm, 6. Les Arsacides conclurent de nombreuses alliancesmatrimoniales avec les descendants d’Atropatès, souverainsdé la Médie Atropaténe. Strabon, XI, nu, 1.

III. Mœurs et coutumes des Mèdes. — La religion des..

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MÉDIE

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Mèdes était celle de Zoroastre. Elle reposait essentiellementsur la croyance à deux principes, Ormuzd ouAhouramazdâ (fig. 239), principe de la lumière et du bien,

239. — Ahouramazdâ. Persépolis.

D’après Texier, Description de F Arménie, la Perse

et la Mésopotamie, 2 in-P, Paris, 1840-1852, pi. 1Il bis.

et Ahriman ou Angrômainyous, principe des ténèbres etdu mal. Ormuzd et Arhiman sont secondés dans leurœuvre bienfaisante ou malfaisante par des génies de

S’il sort de la voie droite, il ne peut y rentrer que parle repentir et la purification. Il doit bien traiter lesanimaux bienfaisants, créatures d’Ormuzd, et détruire lesanimaux nuisibles, créatures d’Ahriraan. La polygamieest encouragée. Après la mort, les corps étaient exposésà l’air et livrés en pâture aux bêtes de proie. On recueillaitensuite les os et on les enfermait dans un petit tombeaude terre ou de pierre ou dans un monument creusédans le roc ou élevé au-dessus de la plaine. L’âme dujuste allait dans des plaines lumineuses, l’âme du coupablevers les régions ténébreuses et empestées du nord.Ni Ormuzd, ni Ahriman, ni les génies des différentsordres n’avaient de temples ni de statues; on leurdressait sur les collines, dans les palais ou dans lesvilles, des autels sur lesquels on allumait du feu enleur honneur. On leur offrait des parfums et des fruitset on leur sacrifiait des animaux. Le roi était l’imaged’Ormuzd ici-bas; Phanias d’Éphèse, Fragmenta HistorîcorumGrxcorum, 9, édit. Didot, t. ii, p. 296. Lui seulpouvait se passer de l’intermédiaire des Mages. LesMages étaient les prêtres. Ils formaient une caste etétaient soumis à de nombreuses pratiques de purifica240. — Soldats mèdes et perses. Palais de Persépolis.D’après Coste et Flandin, Voyage en Perse, Perse ancienne, t. ii, pi. c, planches. Le premier et le troisième personnages sont mèdes.

-différents ordres. Dans l’ordre du bien, les génies supérieurssont les Ameschaspentas et les génies d’ordresecondaire les Yozatas. Les suppôts d’Ahriman sont lesDarvand et les Daévas. Tiraillé entre les deux principes, l’homme doit s’efforcer d’agir selon la justice, c’est-à--direde suivre l’impulsion d’Ormuzd et de ses auxiliaires.

tion, entre autres à l’abstinence de viande. Fr. Lenormant-E.Babelon, Hist. anc, t. v, p. 385-417; G. Maspero, Hist. anc., t. iii, p. 377-395.

Les anciens Mèdes (fig. 240) étaient un peuple guerrier.Hérodote, vii, 61; Strabon, XI, xiil, 6, 9, signalent leurhabileté à tirer de l’arc. Voir Arc, 1. 1, col. 897. Us avaient

aussi une excellente cavalerie. Strabon, XI, xiv, 2, 12.D’après Xénophon, Cyrop., II, i, 7, ils ne combattaientjamais pour le pillage, mais uniquement pour l’honneur.L’armée des Mèdes se composa d’abord de contingentsfournis par les diverses tribus. Cyaxare organisa unearmée régulière en séparant les corps de troupes d’aprèsleurs armes. Hérodote, I, 103. Les fantassins étaientcoiffés d’un bonnet de feutre à forme haute qu’onappelait tiare; ils étaient vêtus de tuniques longues auxmanches amples (Bg. 241), garnies parfois de plaques de

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241. — Soldat mède à-tunique longue et amples manches, portant le carquois. Persépolis. Bas-relief de la sallehypostyle de Xerxès. Moulage du Musée du Louvre.

fer, ils portaient des jambières et dos brodequins en cuirmou. Leurs armes étaient la pique, une courte épée, un

242. — Cavalier mède. Cylindre méde. Bibliothèque nationale.

ou deux javelots légers, un arc et des flèches. Les cavaliers(fig. 242)étaient vêtus de la même façon, ne se servaientni de selles, ni d’étriers, et avaient les mêmes

armes que les fantassins. Hérodote, vii, 61, 62, 86. Cf.G, Maspero, Hist. anc, t. iii, p. 465-466. Les Persesadoptèrent ce costume après qu’ils eurent conquis laMédie. Hérodote, vii, 61-62; Xénophon, Cyropédie, I, m, 2; Strabon, XI, xiii, 9. Voir t. i, fig. 587, col. 1886.Avant la conquête du pays par leS Perses, les mœursdes Mèdes étaient austères, mais ils prirent les habitudesde luxe de leurs vainqueurs, du moins les habitants dela grande Médie, car les montagnards de l’Àtropatèneconservèrent leurs mœurs rudes en même temps queleurs habitudes de brigandage. Strabon, XI, XII, 5; xiii, 11. Les rois de Médie étaient de la part de leurs peuplesl’objet d’une adoration religieuse, ils étaient obligésd’avoir cinq femmes. Strabon, XI, xiii, 11. À partir dela conquête de la Médie par les Perses, les mœurs, lesusages, la vie des deux peuples se confondirent. HéroWmxrrî

243. — Gardes du roi Darius. Suse. Musée du Louvre.

dote, XI, xiii, 11. La garde des rois de Perse se composaitde Mèdes et de Perses (fig. 243).

III. Les Medes dans la Bible. — Les M*èdes descendaientde J.ipheth parMadaï, son troisième fils. Gen., x, 2; I Par., 1, 5. Voir Madaï, col. 531. Il est question pourla première fois des Mèdes dans la Bible à l’occasion dela prise de Samarie par les Assyriens. Le vainqueurtransporta une partie des captifs dans les villes desMedes. IV (II) Reg., xvii, 6; xviii, 11. L’auteur dulivre de Tobie nous montre ces captifs établis en Médie.Raguël et Gabélus étaient au nombre des Israélitestransportés dans ce pays. Raguël était très probablementétabli à Ecbatane. Septante, Tob., iii, 7; vi, , 5, ix, 2; Vêtus Itala, vi, 10. Les Septante, vi, 9, et la Vulgatë, ni, 7, et vi, 9, portent par erreur Rages. Gela est évidentpar le verset qui dit que Gabélus et Raguël habitaientdes villes éloignées. Tob., ix, 5. Gabélus était fixé àRages. Tob., i, 16; iv, 21, v, 8; ix, 3, 6. Bans ce der

nier verset les Septante n’ont pas le nom de la ville.Voir Ecbatane 1. t. ii, col. 1520; Gabélus, t. iii, col. 21; Rages; Raguel. Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., in-12, Paris, 1899, t. ii, p. 178; Id., Les LivresSaints et la critique rationaliste, 5e édit., in-12, Paris, 1902, t. IV, p. 572-576. Après la mort de ses parents lejeune Tobie se fixa à Ecbatane. Tob., xiv, 14-16 (textegrec). La Vulgate ne nomme pas la ville.

Au début du livre de Judith, il est question d’Arphaxad, roi des Mèdes, qui, après avoir conquis un grandnomhre de nations, bâtit Ecbatane. Judith, i, 1-4. Le roidont il s’agit ici porte un nom qui est inconnu dans laliste des rois de Médie. C’est probablement une erreurde transcription pour Aphraate ou Phraorte, fils et successeurde Déjocès, 647-625 avant J.-C. Dans les versetssuivants est racontée la campagne de Nabuchodonosor, c’est-à-dire d’Assurbanipal, contre Arphaxad et sa défaiteen une plaine appelée Ragau dansle grec et dans laVulgate, et Doura dans la version syriaque. Judith, i, 56. Voir Ragau; Assurbanipal, t. i, 1144; Arphaxad, t. i, 1030. Assurhanipal raconte dans l’inscription d’uncylindre qu’il a battu Birizfyatri, chef de la Médie, ainsique ses alliés, et qu’il les emmena captifs à Ninive.Cyl. A, col. iii, iv; G. Smith, History of Atsurbanipal, in-4°, Londres, p. 97; Eb. Schrader, KeilinschrtftlicheBibliothek, t. ii, p. 178; British Muséum, À guideto the Babylonian and Assyrian antiqitities, Londres, in-8°, 1900, p. 197, n° 12.

Isaïe, xiii, 17-18, annonce que les Mèdes marcherontcontre Babylone et en extermineront les habitants. «Voici que j’excite contre eux les Mèdes qui ne font pascas de l’argent et qui ne convoitent pas l’or. De leursarcs, ils abattront les jeunes gens. Ils seront sans pitiépour le fruit des entrailles. Leur œil n’épargnera pasles enfants.» Il renouvelle cette menace, xxi, 2: «Monte, Élam (la Perse)! assiège, Médie!» Jérémie, li, 11, 28, annonce également le châtiment de Babylone par lesMèdes. «Jéhovah a excité l’esprit des rois de Médieparce qu’il veut détruire Babylone. Préparez contreelle les nations, les rois de Médie, ses gouverneurs ettous ses chefs, et tout le pays Sous leur domination.» Il annonce égalemenf que les rois d’Élam et des Mèdesboiront la coupe de la colère divine. Jer., xxv, 25.Daniel expliquant à Baltassar le sens du mot Perês ouPhares, le traduit ainsi: Ton royaume a été partagé{perisaf) et il a été donné aux Mèdes et aux Perses. Dan., v, 26-28. La même nuit l’armée des Mèdes et des Persesentrait à Babylone et Baltassar, roi de Chaldée, étaittué; Dan., v, 30; Hérodote, i, 191; Xénophon, Cyrop., VII, v, 26-31. Voir Baltassar 2, t. i, col. 1420; Cyrus, t. ii, col. 1192. Le gouverneur de Babylone après la prisede cette ville est appelé par la Bible Darius le Mède, Dan, v, 31 (hébreu, v, 1); cf. ix, 1; xi, 1; le personnagedont le nom assyrien est Ugbaru était le chef de l’arméequi avait pris Babylone. Il exerça le pouvoir souterrainjusqu’à l’arrivée de Cyrus, trois mois après. VoirDarius le M&de, t. H, col. 1297. Il se montra trèsbien disposé à l’égard de Daniel et en fit un des troisministres qui étaient placés au-dessus des 120 satrapes.Dan., vi, 1-2 (hébreu, vi, 2-3). Cependant les satrapes, jaloux de l’influence de Daniel, obtinrent que Dariusportât un édit d’après lequel quiconque adresserait uneprière à un homme ou à un Dieu autre que lui^serait jetédans la fosse aux lions. À cette occasion et à plusieursautres reprises, Daniel signale une coutume suivantlaquelle lorsqu’un écrit est signé du roi, il est irrévocableselon la loi des Perses et des Mèdes. Dan., vi, 8, 12, 15 (hébreu, 9, 12, 16). Lorsque le gouverneur de Syrie, contestant l’existence de la permission donnée parCyrus, essaya d’empêcher Zorobabel de reconstruire leTemple ainsi que l’avait permis Cyrus, celui-ci s’adressaà Darius I er, son successeur, et l’édit fut retrouvé à Ecbatane, capitale de la grande Médie. Esd., vi, 2. Voir

Ecbatane, 2, t. ii, col. 1528; Daniel, t. ii, col. 12501251. Dans une vision, Daniel avait vu la destinée del’empire des Mèdes et des Perses sous le symbole d’unbélier à deux cornes, terrassé par le bouc, c’est-à-direpar le roi de Javanou le roi des Grecs, Alexandre. Dan., vin, 3-8, 20. C’était la répétition sous une autre formede la vision du colosse où l’empire médo-perse étaitreprésenté par la poitrine et les bras d’argent, Dan., il, 32, 39, et devait céder la place à l’empire grec représentépar le ventre et les cuisses d’airain. C’était encorece qu’il avait vu dans la vision de l’ours et du léopard, Dan., vii, 5-6; F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, t. iv, p. 390-394. Isaïe, un, 17, fait allusionà la réputation des Mèdes comme archers; Jérémie, l, 42, à l’excellence de leur caractère; Isaïe, xiii, 17, à leurdésintéressem*nt.

La victoire des Grecs, ayant à leur tête Alexandre, roide Macédoine, sur Darius, roi des Perses et des Mèdes, est mentionnée dans I Mach., i, 1. Voir Darius IIICodouan, t. ii, col. 1306. Lysias revenait d’une expéditionen Médie, lorsqu’il prit la direction des affaires soùsAntiochus V. I Mach., vi, 56. Les Parthes (Perses) conquirentla Médie, c’est pourquoi Arsace est indiquécomme roi de Perse et de Médie, Démétrius II essaya envain de lui prendre ce pays; il fut battu et fait prisonnier.I Mach., xiv, 1-3. Voir Arsace, t. i, col. 1034. DansI Mach., viii, 8, la Médie est nommée parmi les pays queles Romains donnèrent à Eumène II, roi de Pergame.C’est une erreur de transcription. Il s’agit ici de laMysie. Voir Eumène II, t. i, col. 2043. Dans le NouveauTestament il est question de Juifs ou de prosélytes hahitantla Médie parmi les auditeurs de saint Pierre, dansle discours qu’il prononça au Cénacle, le jour de laPentecôte. Act., ii, 9.

IV. Bibliographie. — Fr. Lenormant. Lettres assyriologiques, i" série in-4°, Paris, 1871; G. Rawlinson, Thefive great monarchies, 4e édit., in-8°, Londres, 1879, t. ti; J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879; A. Delattre, Le peuple et l’empire desMèdes, in-4, Bruxelles, 1883; J. V. Præk, Medienund das Haus der Kyaxares, in-8°, Berlin, 1890; F. H.Weisbach et W. Bang, Die altpersischen Keilinscriften, in-4°, Leipzig, 1893. E. Beurlier.

MÉDISANCEfhébreu ^a/tîZ, dibbâh, etc.; Septante: p), aaç7][ji{a, xaTaXaXti, XaXt’a, Xawopix, tyôyot; ; Vulgate: detractio, blasphemia, vituperalio, etc.), propos malveillant.Dans le langage moderne, qui est plus précis, la «médisance» s’entend proprement de la révélation parparoles des fautes ou des défauts du prochain et la «calomnie» des accusations mensongères portées contre leprochain. Ces distinctions n’existent pas dans l’Écritureet la médisance, conformément à l’étymologiede ce mot, maledicentia, s’entend de toutes les parolesmauvaises, vraies ou fausses et plus orx moinsinjurieuses, qu’on profère contre quelqu’un. Outre lesmots indiqués ci-dessus, qui s’appliquent plus spécialementaux propos malveillants, il y a dans la Bible, dans le texte original comme dans les versions, nombred’autres termes qui désignent des injures ou desoutrages et qui se rencontrent dans des phrases quicondamnent ou blâment la médisance et les médisants.

1° Les livres de l’Ancien Testament, et particulièrementles livres sapientiaux, et dans le Nouveau Testamentles Épitres s’élèvent souvent contre ce vice, parce queles conséquences en sont funestes. Ps. xlix, 19-21; cvm, 20; xxxix, 9-10; Prov., xvi, 27-30; xxi, 28; exix, 5; xviii, 6-7; xxiv, 28; xxvi, 20-24; xxx, 10; Eccli., xxviii, 13-21; I Cor., v, 4, 11; vi, 10; Jac, iii, 6. Le juste nedoit médire de personne. Ps. xiv, 3; Tit., iii, 2; Jac, îv, 11; Ps. xiv, 5; xxxiii, 13; c, 5; Prov., x, 18; xi, 13; xx, 19; Sap., i, 11; Eccli., v, 14, 16; Jer., vi, 28; Rom., i,

30; II Cor., xil, 20; I Tim., iii, 41; Tit., ii, 3; I Pet., ii,

I. — C’est la langue qui est l’instrument de la médisanceet elle donne la mort ou la vie, selon qu’elle parlebien ou mal. Prov., xviii, 21; Jac, iii, 8-9. Aussi le mot «langue» est-il assez souvent employé dans l’Écrituredans le sens de médisant ou de médisance, Ps. cxl, 12(hébreu), «l’homme de langue» pour qui parle mal, «langue de mensonge» ou langue trompeuse, Ps. cviii, 2; Prov., iv; 17; xii, 19 (cꝟ. 22); xxvi, 28; «la languedouble, i> Eccli., v, 11; «langue troisième,» Eccli., xxviii, 15. Cf. dans l’hébreu, Job, v, 21; Jer., xviii, 18; Ezech., xxxvi, 3. La médisance n’est souvent que calomnieet mensonge, Prov., x, 18; xiv, 5, 25; mais mêmequand elle dit des choses vraies, si l’on n’est pas tenupar devoir ou par justice à révéler le mal du prochain, on est répréhensible et digne de blâme. Lev., xix, 16; Eph., iv, 31; I Pet., iii, 10; Prov., viii, 13; cf. Rom., iii, 8; II Tim., iii, 3. Il faut imiter l’exemple des anges quine disent du mal de personne. II Pet., ii, 11; Juda, 9.

2° L’Écriture rapporte plusieurs exemples de médisanceet de calomnie, celui du serviteur de Miphiboseth, II Reg., xix, 27; des Chaldéens qui accusent les compagnonsde Daniel auprès de Nabuchodonosor, Dan., iii, 8; des ennemis des Juifs revenus de captivité écrivantcontre eux à Artaxerxès. I Esd., iv, 6-16, etc. — Lessaints de l’Ancien Testament, Ps. xxx, 13-14; xl, 6; xxvi, 12; xxxiv, 11; Jer., xv, 10; Jésus-Christ, Matth., Xi, 19; Marc, ix, 39; Luc, ii, 34; les Apôtres, Act., xix, 9; xxiv, 5; xxviii, 22; II Cor., vi, 8, et les premiers chrétiens, Matth., v, 11; Luc, vi, 22; I Pet., ii, 12; iv, 4, furent en butte à la médisance. Saint Paul, Tit., ii, 8; m, 2, et saint Pierre, I Pet., iii, 16, recommandent auxfidèles de ne pas fournir de prétexte aux médisants, afinqu’ils n’aient pas occasion de déshonorer l’Évangile, Rom., xiv, 16; cf. ii, 34; II Pet., ii, 2; Tit., ii, 5; I Tim., vi, 1, mais quand ils sont irréprochables, ils doiventsupporter avec patience un mal qu’ils ne peuvent éviter,

I Pet., iii, 9; cf. I Cor., iv, 13; à l’exemple de Jésus-Christ.Matth., xxvii, 39; Marc, xv, 32; Joa., ix, 28; I Pet., ii, 23; iv, 14.

    1. MÉDISANT##

MÉDISANT (hébreu: nirgdn, Prov., xvi, 28; xviii, 8; xxvi, 20, 22; rakil, Lev., xix, 16; Prov., xi, 13; xx, 19; Ezech., xxii, 9; Septante: xc<Ta(XaXuv(xaîâXaXoç), Rom., i, 30; SïyXtoo-ffoç; XoiSopoç; Vulgate: detractor, etc.), celuiqui dit du mal des autres. Voir Médisance.

    1. MÉDITERRANÉE##

MÉDITERRANÉE (MER). Ce nom ne se trouve pasdans la Vulgate (l’expression per mediterranea de

II Mach., viii, 35, sous-entend loca, comme le grec original8tà tïjç [leaoyeîou sous-entend ôSoû, «par le cheminsitué au milieu des terres» ), mais la mer ainsi appeléeest bien connue dans la Bible; elle a même un rôle physiqueet historique qu’il est important de signaler.

I. Noms. — La Méditerranée porte dans l’Écritureles noms suivants: Hay-yâm hag-gâdôl; Septante: ^1 8ïXa<71rc( ti (jeyâXï), «la Grande Mer.» Num., xxxiv, 6, 7; Jos., i, 4; ix, 1; xv, 47; xxiii, 4; Ezech., xlvii, ip, 19, 20. Dans le monde connu des Hébreux, c’était, en effet, la plus vaste. — Hay-yâm hâ-’afrârôn; Septante: r, OaXacua 7| iuxâxri, «la mer Postérieure» ou «Occidentale», 7| WXaoca f| iiïl 8ua(iûv; Vulgate: marenovissimum, occidentale. Deut., xi, 24; xxxiv, 2; Joël,

II, 20; Zach., Xiv, 8. On sait que les Hébreux déterminaientles points cardinaux en regardant l’orient; laMéditerranée était donc «derrière» celui qui se tournaitvers le levant et par là même «à l’occident». — YâmPelistim; Septante: f| flâXacroa tîjç *uXKrc.e[’(i; Vulgate: mare Palsestinorum, «mer des Philistins,» parce qu’ellebaignait le territoire de ce peuple, c’est-à-dire le sudouestde la Palestine. E-xod., xxiii, 31. — Yàm Yâfâ; Septante: OaXairoa’LStcotiç, «la mer de Joppé,» ou deJatta, le port le plus important de la côte palestinienne.

II Par., ii, 16; I Esd., iii, 7. — Le plus souvent mêmela Bible emploie simplement le terme général, liay-yâm, ï| ôiXociTuoc, «la mer,» le contexte indiquant suffisammentqu’il s’agit de la Méditerranée. Num., xiii, 30; xxxv, 5; Jos., xvi, 8; III Reg., v, 9; xviii, 43; 44; Ezech., xxvi, 17, etc. La Vulgate a cru quelquefois devoir spécifier: «la mer qui regarde l’occident,» Num., xxxv, 5; «la grande mer.» Jos., v, 1; xv, 4. — La Méditerranéeétait également, pour les Assyriens, «la merdu soleil couchant,» tiàm-tiv Sa Sul-mu Sam-H. Cf. E.Schrader, Die Keilinschriftenund dasvlte Testament, Giessen, 1883, p. 220; F. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, Paris, 1896, t. iii, p. 512. Pour lesÉgyptiens, c’était la «Très Verte», Ouaz-oîrît. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples deV Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 17. Les Grecs l’appellent ordinairement «la mer»; les Latins, «Mer intérieure.»

II. La côte syrienne de la Méditerranée. — Nousn’avons point à décrire ici la Méditerranée dans sonensemble. Ne l’envisageant qu’au point de vue biblique, nous montrerons son rôle physique dans la formation dela côte syrienne, ou, plus exactement, des côtes phénicienneet palestinienne, qui appartiennent plus spécialementà l’Écriture. Voir fig. 244.

En suivant sur une carte la ligne qui marque le littoralméditerranéen depuis Beyrouth au nord jusqu’àYouadi Ghazzéh au sud, on voit qu’elle s’infléchit légèrementdu nord-nord-est au sud-sud-ouest. Elle présenteen même temps deux aspects différents, déterminant parlà le caractère de deux peuples distincts d’origine et demœurs, quoique extrêmement rapprochés par la langueet les relations historiques. De Beyrouth au Carmel, elle est dentelée comme une scie, marquée de distanceen distance par des pointes peu proéminentes, il estvrai, assez saillantes néanmoins pour former deux partiesbien opposées. Ces promontoires portent le nom derds ou cap: râs Damûr, râs el-Abiad, râs en-Naqûrah.Les sinuosités plus ou moins prononcéesde cette lignebrisée viennent aboutir à une échancrure plus profonde, qui est la baie de Saint-Jean-d’Acre, trait caractéristiquede cette partie du rivage syrien. Les pointes avancéesont servi d’assiette à des villes qui s’étagent à égaledistance les unes des autres, Beyrouth, Sidon, Tyr etAkka. Au-dessous du Carmel, il n’y a plus qu’une lignepresque absolument droite. Un petit promontoire àAthlit, deux ou trois petites baies à Tantûrah, une anseétroite à Césarée, l’affreuse rade de Jaffa. quelquescriques ensablées plus bas, c’est tout ce qui vient enbriser la monotone rigidité. C’est une barrière uniformeet nue, composée de dunes de sables, contre laquelle lesflots de la mer déposent un long ruban d’écume.

D’où vient au rivage ce modelé spécial, qui, nous leverrons, a eu ses conséquences dans l’histoire? Laforme des côtes dépend en chaque point de la puissancemécanique des vagues s’exerçant contre la terre ferme, de la structure antérieure du littoral et des mouvementsqui peuvent en affecter l’équilibre. On sait quelle est laforce érosive de la mer. En dehors même de la marée, les vents qui soufflent du large, où nul obstacle ne lescontrarie, poussent vers la terre des flots souvent impétueux.Sous le choc de ces masses liquides, les rochestant soit peu meubles se désagrègent et l’eau s’enfoncecomme un coin à travers les fentes qu’elle rencontre.La vague ramène avec elle les matériaux ainsi désa-(grégés, qui accroissent sa puissance, et elle s’en sertcomme d’une mitraille pour attaquer de nouveau lerivage exposé à son action. On voit dès lors commentcertaines parties se creusent plus rapidement, sont plusprofondément rongées que les autres, suivant le degréde résistance ou l’état de fendillement des roches. Cesinégalités engendrent des criques ou des anses plus oumoins découpées en arc de cercle. Ajoutons par ailleursque les lits d’écoulement taillés par les fleuves entament 929

MÉDITERRANÉE "(MER)

930

]es bords de la mer et permettent à celle-ci d’envahiravec plus de facilité le continent. «Les progrès de l’érosionmarine, favorisés par l’inégale résistance des roches, peuvent même, à la longue, amener la formation A’îlesen avant des côtes.» À. de Lapparent, Leçons de géographiephysique, Paris, 1898, p. 262, 266.

Il est facile, à la lumière de ces principes, de comprendrela formation des côtes phénicienne et palestinienne.La première, que nous considérons depuis Beyrouthjusque vers le râs en-Naqûrah, est parallèle auLiban et à son prolongement galiléen. La montagne projetteses racines jusqu’au rivage; les puissants éperonsqui se détachent du massif principal viennent se terminerpar autant de caps, dont les flancs sont coupés àpic. Ces contreforts, qui servent de socle aux grandescimes du Liban, sont seulement séparés par des valléesplus ou moins larges, à travers lesquelles s’échappentles torrents. Renan, Mission de Phénicie, Paris, p. 836, a donc bien défini la Phénicie, lorsqu’il a dit qu’elle «ne

barques s’agrandirent; ils utilisèrent tous les accidentsde terrain pour créer des bassins où les navires fussentprotégés; ils profitèrent même des lignes de récifs qui, dans certains endroits, brisent l’élan de la vague, et enarrivèrent, au moyen d’enrochements artificiels, à avoirdes ports fermés par une chaîne. C’est ainsi que laMéditerranée a contribué, pour sa part, à faire des Phéniciensle premier peuple marin. Cf. Perrot, Histoire del’art dans l’antiquité, Phénicie, Paris, 1885, p. 8, 378.A partir du râs en-Naqûrah, la ligne devient plusdroite, mais pour s’arrondir bientôt en arc de cercleentre Saint-Jean d’Acre et Khaïfa. Cette large échancrureest sans doute un reste des vieux âges géologiques, unesorte d’estuaire rappelant l’époque où les eaux méditerranéennespénétraient au cœur de la Palestine et faisaientde la plaine d’Esdrelon un vaste et superbe lac. DuCarmel à l’puadi Gbazzéh, les conditions ne sont plusles mêmes que sur la côte phénicienne. Au lieu d’uneétroite bande de terre resserrée entre les montagnes et

244. — Carte de la Méditerranée.

fut pas un pays, mais une série de ports, avec une banlieueassez étroite». Et cependant cette contrée, qui devaitdevenir le berceau de la navigation, n’offre aucun de cesvastes bassins naturels, aucune de ces rades bien closesqui s’ouvrent sur beaucoup de côtes. Mais les premiersnavigateurs ne demandaient pas tant: une anse pour seréfugier et plier leurs voiles, une grève de sable où faireéchouer leurs barques, c’est tout ce qu’il leur fallait. Etc’est précisément la configuration même du terrain quicontraignit les Phéniciens de se lancer sur la mer. Laplaine côtière, resserrée entre celle-ci et la montagne, assez large par endroits pour offrir une place aux villes, aux vergers et aux champs, est coupée par des torrentsque les pluies d’automne ou la fonte des neiges rendentinfranchissables. Comment les villes disséminées surce cordon maritime pourront-elles communiquer ensemblependant une partie de l’année? La voie de-merétait, en somme, la plus facile. Le matelot se contentad’abord de longer la côte en la serrant de très prés, cherchant, pendant la tempête ou la nuit, un abri entreles saillies de la montagne, dans les petites anses mena-: gées par la nature. Les Phéniciens recherchèrent surtout, pour placer leurs premières bourgades, les pointsles plus faciles à défendre et en même temps les plusfaciles à reconnaître du large, comme les Ilots et lespromontoires. Leurs ports primitifs furent de simplespetit* ports de pêche, comme l’indique le nom de Sidon, hébreu: Sidôn, «pêcherie.» Avec le temps, leurs

DICT. de LA CIBLE.

la mer, nous voyons une plaine qui va s’élargissant àmesure qu’elle avance vers le sud. Avec ses collinessablonneuses et ses mamelons cultivés ou boisés, ellerappelle les vagues qui la recouvrirent autrefois etauxquelles elle doit son origine. Elle n’est autre chose, en efiet, qu’une plage soulevée, qui peu à peu a rejetéla mer loin des monts de Samarie et de Judée, dont ellebaignait le pied, aux âges préhistoriques. Nous avonsici une côte plate, et, comme sur tous les terrains de cegenre, la mer y rejette, sous la forme d’un cordon littoral, les graviers, sables et limons que le courant quilonge le rivage peut charrier. Séchées par un soleilardent, poussées et amoncelées par le vent, ces matièrestrès meubles ont formé des dunes parfois assez hautes.Leur masse légère a fini par combler quelques vieux ports, et, comme en Egypte, est en train de faire un linceulaux antiques cités. On croit aussi que les: courants quicharrient le long de la côte le limon du Nil ont contribuéà rectifier le littoral. Et ainsi le fleuve d’Egypteaurait non seulement formé le Delta, mais encore fournison apport au littoral palestinien. En avant de ces plages, et parallèlement au rivage, il existe tout un cordon derécifs, constituant tantôt des brise-lames, tantôt desécueils.dangereux, comme à l’entrée du port de JaflïuCes rochers qui longent la côte, à quelques centaines demètres, le plus souvent à fleur d’eau, sont des grès calcarés-siliceux, de formation moderne, remplis de pétoncles(Pectunculus violacescens). Ils sont ainsi pro^

IV.

30

duits par l’agglutination du sable et d’un grand nombrede coquillages, au moyen d’un ciment siliceux déposépar les eaux de la mer. Cf. L. Lartet, Géologie, dans leVoyage d’exploration à la mer Morte du duc de Luynes, Paris, t. iii, p. 199; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du Monde, t. xlii, p. 161, 162.

Les ports ou vestiges de ports que l’on rencontre ausud de Saint-Jean d’Acre, sont: Khaïfa, au-dessous duCarmel; À thlit, l’ancien Castellum Peregrinorum; Tantûrah, qui représente la vieille citéj-oyale chananéennede Dor(oir Dor, t. ii, col: 1487); Qaïsariyéh, l’ancienneCésarée (voir Césarée du eord de la mer, t. ii, col. 456); Jafta, l’antique Joppé. Voir Joppé, t. iii, col. 1631. Audessousde cette dernière ville, on trouve à peine destraces de port. Un peu au sud du Nahr Rûbtn, se développeune petite baie, qui s’arrondit entre deux promontoires; elle constituait autrefois l’établissem*ntmaritime de Jamnia, aujourd’hui Yebnéh. Voir Jamnia; t. iii, col. 1115. Plus bas, quatre kilomètres à l’ouestà’Esdûd, l’ancienne Azot des Philistins, on aperçoit lesruines d’un petite ville et d’une forteresse commandantune rade, aujourd’hui solitaire-. C’est Minet Esdûd, VAzot maritime, ’AÇûtoc irapâXio? de certains auteurs.Il faut descendre jusqu’à Ascalon pour trouver des ruinesassez considérables. Voir Ascalon, t. i, col. 1060. EnfinGaza avait, elle aussi, son comptoir maritime vers lenord-nord-ouest, dans un endroit appelé El-Minéh.Voir Gaza, t. iii, col. 118. En résumé, plus on descendvers le sud, plus le relief de la côte méditerranéennes’efface, plus elle devient inhospitalière, dépourvue deports. Si le littoral phénicien a comme poussé l’hommevers la mer, le littoral palestinien a été plutôt pour lesHébreux une barrière. Au lieu d’en faire un peuplemarin, Dieu les a longtemps séparés des autres nations, les enfermant dans une triple barrière, les montagnes, le désert, la mer. Le «port» n’existe même pas enhébreu. Voir Port. La Méditerranée cependant, nousallons le voir, a été pour les Apôtres une grande voie decommunication pour porter au loin l’Évangile. Cf.A. Legendre, La côte méditerranéenne, dans la Revuedes Facultés catholiques de l’Ouest, Angers, février 1900, p. 315-333; juin 1900, p. 595-613.

III. La Méditerranée dans l’histoire bielique. —La Méditerranée, dans les premiers livres de là Bible, sert ordinairement à déterminer la limite occidentaledu pays de Chanaan. Num., xxxiv, 5, 6, 7; xxxv, 5; Deut., xi, 24; xxxiv, 2; Jos., xv, 4, 11, 47; xvi, 3, 8; xxiii, 4. Ailleurs elle est mentionnée à propos des principalesvilles qui’sont sur ses bords: Tyr, Êzech., xxvi, 2, 3, 5, etc.; Jalîa, où étaient amenés les cèdres duLiban envoyés à Salomon, III Reg., v, 9; II Par., ii, 16; où s’embarqua Jonas, Jon., i, 3, 4, etc.; Césarée, dontHérode le Grand avait fait un port remarquable, et d’oùsaint Paul partit pour Rome. Act., xxvii, 2. C’est de cettemer que le prophète Élie, placé sur le Carmel, vit monterun petit nuage, grand comme le pas d’un homme, qui devint bientôt une nuée immense, couvrant toutle ciel. III Reg., xviii, 43, 44. C’est par elle que la civilisations’est progressivement avancée de l’Orient versl’Occident. Elle joue surtout un rôle considérable, vraimentprovidentiel, dans la première diffusion du christianisme.Les Juifs, dispersés dans le monde grécoromain, avaient établi des colonies sur une foule depoints de la côte méditerranéenne, principalement enAsie Mineure et en Grèce. Or, c’est dans ces foyers dujudaïsme que saint Paul, en particulier, porta la paroleévangélique; c’est sur «la Mer Intérieure j> qu’il fit sesincessants voyages, qu’il courut tant de dangers. Lesvilles les pius célèbres mentionnées dans les Actes setrouvent sur les bords de la Méditerranée ou non loindu rivage. Citons simplement: Antioche et Séleucie, Tarse, Attalie, Milet, Éphèse, Smyrne, Philippe, Thessalonique, Athènes, Corinthe. Voir ces noms. Les îles de

Cypre, de Crète, de Rhodes, de Malte, etc., ont leur nommarqué dans ces annales primitives de la religion chrétienne.Énumérer tous ces souvenirs serait faire l’histoirede saint Paul; il nous suffit de rappeler ici, d’unemanière générale, la place qu’occupe la mer dont nousparlons dans les événements qui ont changé la face dumonde. Voir Paul (Saint). De même pour la civilisationprofane et le commerce, voir Phéniciens. Pour les difficultésde la navigation au temps des Apôtres, voir Navigation.

A. Legendre.

    1. MEÉTABEL##

MEÉTABEL (hébreu: Mehêtab’êl, «celui ou celledont Dieu est le bienfaiteur [?]» ), nom, dans le texte hébreu, d’une femme idnméenne et d’un Israélite. La Vulgateécrit le nom de l’Israélite: Métabéel.

1. MEÉTABEL (Septante: Mereêe^; Alexandrinus: MeToêe<î).), fille de Matred et petite-fille de Mézaab. Elledevint la femme d’Adar ou Adad, roi d’Édom, qui régnaità Phaù. Gen., xxxvi, 39; I Par., i, 50.

2. MEÉTABEL. Voir MÉTABÉEL.

    1. MEGBIS##

MEGBIS (hébreu: Magbîs, «rassemblement [?];» Septante; MaYeëi?), nom d’homme, selon les uns; nom de ville, selon les autres. «Les fils de Megbis» revinrentde la captivité de Babylone avec Zorobabel au nombrede cent cinquante-six. I Esd., H, 30. Ils ne figurentpas dans la liste parallèle de Néhémie. II Esd., vii, 3334. Ou a rapproché ce nom de celui du Perse Mégabyze.Hérodote, ii, 70, 160. Ceux qui font de Megbis une localitéla placent dans la tribu de Benjamin parce qu’elleest nommée après d’autres villes de cette tribu, Rama, Gabaa, Machmas, Béthel, Haï. Comme la plupart desnoms qui figurent dans le catalogue d’Esdras sont certainementdes noms de villes, on peut en déduire avecprobabilité que Megbis l’est aussi, quoiqu’elle soit d’ailleurscomplètement inconnue.

    1. MEGILLOTH##

MEGILLOTH, «rouleaux.» — 1° Nom. — À l’époquedu Talmud, on appelle n’Alo tfDn, «les cinq rouleaux,» cinq livres de l’Écriture Sainte qu’on lisait à certaines solennités: le Cantique dés cantiques à Pâques, Ruth à iaPentecôte, les Lamentations le 9 du mois A’ab (août), anniversaire de la destruction du temple d’Hérode, l’Ecclésiasteà la fête des Tabernacles, Esther à la fête desPurim (14 adar). Bien que tous les livres anciens eussentgénéralement la forme de rouleau et qu’un volumequelconque, sans excepter le Pentateuque, pût s’appelerainsi megillaf sêfer, Ps. XL, 8, Ezech., H, 9, ou simplementmegillâh, Zach., v, 1; Jer., xxxvi, 14, 27, etc., l’usagerestreignit peu à peu ce mot à un rouleau de peu d’étendue.La Mischna, par exemple, appelle megillat sôtdh la feuilleoù le mari jaloux devait écrire les malédictions contresa femme soupçonnée d’infidélité. Num., v, 23. On nommamegillâh, par antonomase, le rouleau où était écrit lelivre d’Esther qui devait se lire tous les ans, le jourcommémoratif du supplice d’Aman et de la délivrancedes Juifs sous Assuérus. Un traité de la Mischna portece nom (10e de la 2° partie). Il y est question, entreautres choses, du jour où doit se lire le livre d’Esther (duIl au 15 adar, suivant les localités) et de la manièredont cette lecture doit s’accomplir. On distinguait aumoyen de qualificatifs d’autres rouleaux encore: le Rouleaudu jeûne, le Rouleau des hommes pieux (hasîdim), le Rouleau des secrets, surtout le Rouleau desAsmonéens qui nous a été conservé dans un grandnombre de manuscrits. Voir The Scroll of the HasmonœansMegillath Bene Hàshmunai, dans les Transactionsof the 9°> international Congress of Orientalisls, Londres, 1893.J. ii, p.3-35.

2° Collection des cinq Megilloth. — Il n’est paspossible de dire à quelle époque les cinq Megilùiih

commencèrent à avoir une existence indépendante. Nouscroyons que le Livre de Ruth était joint originairementau Livre des Juges et les Lamentations à Jérémie, comme dans les Septante, et que le canon hébreu necomprenait donc que vingt-deux livres. On détachal’épisode de Ruth et les poésies, des Lamentations pourdes usages liturgiques et on prit l’habitude de les joindreaux trois autres petit* Livres qui jouaient un rôle analogue.Dans les manuscrits et les éditions imprimées, de la Bible hébraïque les Megillôth sont tantôt réunieset placées après le Pentateuque, tantôt mêlées auxHagiographes. Dans un cas ccmme dans l’autre, l’ordreest très variable. Voir Ginsburg, Introduction to themassoretico-crit. édition of the Hebrew Bible, Londres, 1897, p. 4, 7. Dans les trois premières éditions dela Bible entière (Soncino, 14*8, Naples, 1491-1493, Brescia, 1494) qui placent les Megillôth après le Pentateuquel’ordre adopté est le suivant: Cant., Ruth, Lanient., Eccles., Esther. De Rossi, Annales Hebrmotypogr.sxc. xv, Rome, 1799, p. 130, parle d’une éditiondes cinq Megillôth sans lieu ni date qu’il suppose avoirété imprimée à Bologne en 1482, à cause de l’identité descaractères avec ceux du Pentateuque paru dans cetteville. Ce serait la première édition. Le Livre d’Esther yest accompagné du commentaire d’Ibn-Ezra; les autres, de celui de Raschi. Les rouleaux liturgiques du Livred’Esther sont très communs et l’on en trouve dans toutesles grandes bibliothèques publiques. Nous ne nous souvenonspas d’avoir jamais rencontré les cinq Megillôthseules dans le même rouleau ou le même codex.

F. Prat.

    1. MEGPHIAS##

MEGPHIAS (hébreu: Magpî’ds; Septante: Meyai^), un des chefs du peuple qui, du temps de Néhémie, signèrentl’alliance avec Dieu. II Esd., x, 20 (hébreu, 21).

    1. MÉHUSIM##

MÉHUSIM (hébreu: Mêhusim; Septante: ’û<r(v), femme de Saharaïm. Voir Husim 2, t. iii, col. 784.

    1. MEIER Ernst Heinrich##

MEIER Ernst Heinrich, exégète protestant allemand, né à Rusbend (Schaumbourg-Lippe), le 17 mai 1813, mort à Tubingue le 2 mars 1866. Il fit ses études à Gœttingue, où il fut l’élève d’Henri Ewald qu’il suivit à Tubingueen 1838, mais qu’il abandonna plus tard en prenantparti pour Bauer contre son ancien maître. En 1848, ilfut nommé professeur extraordinaire, et plus tard professeurordinaire de langues orientales à Tubingue. Ilétait d’une sensibilité extrême et un travailleur acharné, mais il manquait de méthode dans ses études. Ses principauxouvrages sont: Uebersetzung und Erklàrungdes Propheten Joël, Tubingue, 1840; Hebrâisches Wurzelwôrlerbuch, Mannheim, 1845. Der Prophet Jesajaerklârt (les xxm premiers chapitres), in-8°, Pforzheim, 1850; Die Form der hebmïschen Poésie nachgewiesen, in-8°, Tubingue, 1853; Geschichte der poetischen NationalrLiteraturder Hebrâer, in-8°, Leipzig, 1856 (cettehistoire est une tentative de transformer l’introductionà l’Ancien Testament en une histoire de la littératuredes Hébreux); Uebersetzung und Erklàrung der Debora-Liedes, in-8°, Tubingue, 1859; Erklàrung phônikischerSprachdenkmâler, die man auf Cypern, Malta undSicilien gefunden hat, in-4°, Tubingue, 1860. ^YoitC. Siegfried, dans Allgemeine Deutsche Biographie, t. xxi, 1885, p. 189-192.’MEIGNAN Guillaume René, cardinal du titre de laSainteTrinité-des-Monts, né à Chauvigné (Mayenne) le12 avril 1817, mort à Tours (Indre-et-Loire) dans lanuit du 19 au 20 janvier 1896. Après avoir terminé sesétudes classiques, commencées au petit collège deHaute-Follis (Mayenne), continuées au lycée d’Angersdont le futur cardinal-archevêque de Cambrai, l’abbéRégnier, était proviseur, et à Château-Gontier (Mayenne), Je jeune Guillaume René alla étudier la philosophie au

grand séminaire du Mans, et y reçut la tonsure desmains de Ms» Bouvier, le 28 mai 1836. À la fin deses études théologiques, il fut ordonné sous-diacre en1839. Trop jeune encore pour être prêtre, il professa, en attendant, la troisième, dans un collège du Mans, celuide Tessé, aujourd’hui disparu. Il y retrouva, comme supérieur, son professeur d’Écriture Sainte du séminaire, l’abbé Bercy, mort chanoine titulaire de Notre ?Dame deParis, orientaliste de mérite et qui avait étudié à Munich, à Berlin, à Rome, les sciences bibliques sous lesmaîtres les plus célèbres. Par son influence, l’abbé Meignandonna dès lors à ses études la direction qu’illeur conserva jusqu’à sa mort. Mo r Bouvier, après avoirordonné prêtre le jeune professeur de troisième (14 juin1840), l’envoya à Paris pour s’y préparer, en suivant lescours de V. Cousin, à l’enseignement de la philosophie.Mais l’abbé Meignan ne séjourna à Paris que le tempsnécessaire pour devenir bachelier es lettres (8 janvier1842); après quoi, conseillé par Ozanam, Montalembertet surtout par l’abbé Maret, resté toujours, depuis, sonami, ce fut à l’université de Munich, qu’avec l’agrémentde son évêque, le jeune prêtre alla se préparer à l’enseignementde la philosophie (9 avril 1842). Mœhler, Haneberg, Klee, Gœrres, Dœllinger, Phillips, Windschmanny furent ses maîtres. Tout en étudiant la philosophie, ildonna à l’exégèse une place dominante dans ses travaux, stimulé par le bruit que faisaient autour de lui les disputesde l’école de Tubingue, les échos de Baur, deStrauss, d’Ewald. Cet attrait, et l’abbé Bercy qui étaitvenu rejoindre son élève à Munich, entraînèrent celui-cià Berlin. Il suivit, à l’université de cette ville, lescours de Neander, d’Hengslenberg et surlout ceux deSchelling. Hengstenberg exerça sur son élève unegrande influence. L’abbé Meignan resta à Berlin jusqu’au1 er mai 1843. De retour en France, il fut admis, par Msr Affré, dans le clergé de Paris. Nous l’y voyons, d’abord vicaire quillet 1843) à Saint-Jæques-du Haut-Paset, en mê.ne temps, fréquenter à la Sorbonne les coursde Glaire, Garnier, Jules Simon, Cousin, Damiron, Egger. De Saint-Jacques, l’abbé Meignan fut nommévicaire à Saint-Roch (janvier 1845). À cette époque, contraint d’aller chercher en Italie le rétablissem*ntd’une santé compromise par le surmenage intellectuel, il mit à profit le séjour de Rome, dès qu’il eneut la force, pour étudier la science sacrée avec Passaglia, Patrizi, Theiner, comme maîtres, avec Gerbetet Perrone comme guides et amis, et prit le grade dedocteur en théologie, à la Sapience (12 mars 1846).Après son retour en France, nous le trouvons, successivement, préfet des études au petit séminaire, naissant, de Notre-Dame-des-Champs; puis aumônier de la maisonroyale de la Légion d’honneur à Saint-Denis (1847).Après divers vicariats, il fut nommé à la chaire d’écritureSainte à la Sorbonne (5 octobre 1861). C’estlà que Mo r Darboy alla le choisir pour l’associer àl’administration de l’archidiocèse de Paris, d’abordcomme promoteur, ensuite comme vicaire général etarchidiacre de Saint-Denis (1863). Préconisé évêque deChàlons en 1864, Ms r Meignan fut transféré de ce siègeà celui d’Arras en 1882, et, de ce dernier, au siègearchiépiscopal de Tours (1884), où le chapeau de cardinallui fut donné par Léon XIII, le 15 décembre 1892.Il mourut subitement, à l’âge de 79ans.

Dans les nombreux écrits du cardinal Meignan, ilconvient de faire deux parts: celle du polémiste etcelle de l’apologiste biblique. Polémiste, c’est surtoutcontre Renan et le rationalisme allemand que le cardinalMeignan s’efforce de lutter, en suivant, chaquefois, l’adversaire sur le terrain de l’attaque. Apologiste, c’est du développement de cette preuve dela divinitédu christianisme, qu’avec Pascal et Leibnitz il estime’la plus solide, les prophéties messianiques, entenduesnon seulement des paroles prophétiques, mais encore des

événements qui préparent et amènent Jésus-Christ, quece prince de l’Église a composé une œuvre considérable, travail de toute sa vie, dont il dictait encore une pagequelques heures avant sa mort. Mais, apologiste et polémiste, c’est surtout au grand public que s’adressentses livres, travail de vulgarisation, sous une forme littéraire, des résultats de la critique allemande et de lacontroverse biblique; antidote, dans la pensée de l’auteur, des écrits de M. Renan. Toutefois, dit le P. Brucker, nonobstant la destination spéciale de ces écrits, «la discussion et la réfutation des objections y ont uneplace suffisante, mais secondaire… Une discussionminutieuse, outre qu’elle rebuterait le large public que[l’auteur] veut atteindre, serait inutile à sa démonstration, qui se soutient parfaitement sans cela. Il fait bien voir, d’ailleurs, que la préoccupation principale de la critiquerationaliste est, non la recherche de la vérité, mais le désir de bannir l’élément surnaturel de la Bible…L’œuvre du cardinal de Tours est la meilleure réponse…à l’Histoire d’Israël de Renan.» Eludes religieuses, octobre 1895, p. 281-288. Voici la nomenclature de cesécrits: Les prophéties messianiques. Le Pentateuque, in-8°, Paris, 1856; Les Deux premiers livres des Rois, in-8°, Paris, 1878. Ces deux volumes, mis au courant, furent réédités, en 1895, le premier sous le titre: Del’Éden à Moïse, le second, sous celui de: De Moïse àDavid, in-8°, Paris. — David roi, psalmiste, prophète, avec une introduction sur la nouvelle critique, in-8°, Paris, 1889. Cette introduction fut très discutée, et le cardinalMeignan, auquel on reprochait de s’y ranger à l’avisdes rationalistes touchant le remaniement des Écritures, s’en émut et pria Léon X11I de la faire examiner. L’examinateuranonyme répondit: «Je n’aurais pas signél’introduction, mais je n’y vois rien à reprendre.» Cf. Boissonnot, Le cardinal Meignan, in-8°, Paris, 1899, p. 475. — Salomon, son règne, ses écrits, in-8°, Paris, 1890. — Les prophètes d’Israël, quatre siècles delutte contre l’idolâtrie, in-8°, Paris, 1892. — Les prophètes’d’Israël et le Messie, depuis Salomon jusqu’àDaniel, in-8°, Paris, 1893. — Les prophètes d’Israël etle Messie, depuis Daniel jusqu’à Jean-Baptiste, in-8°, Paris, 1894. — M. Renan et le Cantique des Cantiques, in-8°, Paris, 1860; M, Renan réfuté par les rationalistesallemands, in-8°, Paris, 1863. — Les Évangiles etla critique au xw siècle, Paris, 1863; réédité, en 1870, avec une notice de M. de "Vogué sur les monumentsencore existant en Terre Sainte, iri-8°, Paris. — Le Mondeet l’homme primitif selon la Bible, in-8°, Paris, 1869.

— De l’irréligion systématique, ses influences actuellessur les sciences, les gouvernements, et en particuliersur l’exégèse biblique, in-8°, Paris, 1886.

0. Rey.

— MEISNER Balthasar, théologien protestant, né en1587, mort en 1628. Docteur en théologie, il fut professeurà Wittenberg et publia: Hoseas novo commentarioper textus analysin, ejusdem exegesin, dubiorumsolutionem et locorum communium adnotationemperspicue illustratus, in-8°, Wittenberg, 1620. — VoirWalch, Biblioth. theologica, t. IV, p. 569.

B. Heurtebize.

    1. MÉJARCON##

MÉJARCON (hébreu: Mê hay-Yarqôn, «eaux deYarqôn» [yéréq signifie «verdure»; yêrdqôn, «pâleur» ]; Septante: Q&laaaa’lepâxcov), localité de la tribude Dan, mentionnée entre Gethremmon (voir Gethremmon1, t. iii, col. 229) et Arécon. Jos., xrx, 46. Les eauxde Yarqôn ou Méjarcon peuvent désigner le Nahr elrAudjék. Voir Arécon, t. i, col. 930.

    1. MÉLANCHTHON Philippe##

MÉLANCHTHON Philippe, théologien protestantallemand, l’un des chefs de la Réforme, né à Bretten, le14févrierl497, mort à Wittenberg le! 9avril 1560. Ii s’appelaitproprement Schwarzerd, mais il est beaucoup plusconnu sous la forme grecque qu’il donna à son nom. Il

commença ses études à l’école de Bretten, puis il eutpour précepteur Jean Unger. En 1507, il fréquental’école" latine de Pforzheim, où il eut pour maîtreGeorges Simler, qui lui fit comprendre et goûter lespoètes latins et grecs. C’est de cette époque que dateson intimité avec le célèbre Reuchlin, dont il étaitconsin, et qui venait souvent à Pforzheim. À partir de1509, il suivit les cours de l’université de Heidelberg, et, en 1512, il passa à celle de Tubingue, où il acheva sesétudes. En 1518, l’électeur de Mayence lui offrit lachaire de grec et d’hébreu à l’université de Wittenberg; il accepta, et enseigna avec le plus grand succès, touten travaillant avec ardeur à différents ouvrages d’érudition.L’année suivante, il prit part à l’entrevue qui eutlieu à Leipzig entre les catholiques et les protestants; la même année, il fut nommé professeur à la facultéde théologie, et à partir de cette époque il s’occupaprincipalement d’études bibliques. En 1527, il fut chargéd’inspecter les Églises de la Thuringe et d’y répandreles nouvelles doctrines. En 1529, il assista à la diète deSpire, et en 1530 à celle d’Augsbourg, où son rôle futimportant: on sait que la fameuse confession d’Augsbourgfut son œuvre. Il espéra pendant quelque tempsarriver à un accord qu’il paraît avoir désiré sincèrement; mais la plupart des réformés s’obstinèrent àsoutenir des doctrines inacceptables pour les catholiques.En 1541, il fut l’un des théologiens choisis parl’empereur Charles-Quint pour discuter les points fondamentauxet tâcher d’arriver à une entente; mais cetteentente fut encore impossible. Les colloques de Worms, en 1545, et de Ratisbonne en 1546, n’amenèrent pas unmeilleur résultat. Les propositions de Charles-Quint, à ladiète d’Augsbourg, en septembre 1547, furent égalementrejetées. Il faut reconnaître que Mélanchthon, malgréla modération de son caractère, contribua pour sa partà empêcher l’entente, car il s’attacha, avec obstination, àcertains articles de foi évidemment contraires à la traditioncatholique la plus ancienne. Il mourut cinq ansaprès la paix d’Augsbourg, en déplorant les divisions toujourscroissantes des différentes sectes réformées. Parmises nombreux ouvrages, nous ne citerons que ceux quise rapportent directement à l’Écriture Sainte; ce sont: Commentarii in Epistolam ad Romanos recens scripti, in-8 15, Wittenberg, 1532; Marbourg, 1533. Ce livre a étéplusieurs fois réédité avec le texte grec. — Çommentariumin priorem ad Corinthios et in aliquot capitasecundse, in-8°, Wittenberg, 1561. — Die Hauptartiketund furnemsten Punct der ganzen h. Schrifl, in-4°, s. 1. n. d.; Strasbourg, 1522. — Annotationes in EpistolasPauli ad Romanos et Corinthios, in-4°, Nuremberg, 1522; in-4°, s. 1., 1523; in-8°, Strasbourg, 1523; Bâle, 1523; s. 1., 1524. — In obscuriora aliquot capita-Geneseosannotationes, in-8°, La Haye, 1523; in-4°, s. 1., 1524. — In Evangelium Matthxi annotationes, in-8°, s. 1., 1523 (plusieurs édit.); In Evangelium Matthxiinque passionem Domini, in-8°, La Haye, 1531. —In Evangelium Joannis annotationes, in-8°, Bâle, 1523(plusieurs édit.); s. 1., 1523 (plusieurs édit.); in-4°, LaHaye, 1524. — Annotationes, Verzûchnung; und kûrzlichAnzaig des rechien Vertands der Epistel zu den Rômernverteutscht, in-4°, s. 1., 1523. — riapoijvi’ii siveProverbia Salomonis cum annotationibus, in-8°, Nuremberg, 1525; La Haye, 1525 et 1529; 1532; 1538; Nuremberg1586. — Scholia in Epistolam Pauli ad Colossensés, in-8°, La Haye, 1527 et 1534; Wittenberg, 1559.

— Dispositio orationis in Epistolam Pauli ad Romanos, in-8°, La Haye, 1529; s. 1., 1529; Wittenberg, .1530. — Argumentum in Jeremiam prophetam, in-8°, Wittenberg, 1542. — In Danielem prophetam commentarius, in-8°j Wittenberg, 1543; Leipzig, 1543; j Francfort, 1546 (a été traduit en allemand et en fran| çais). — Insignis et uculentissima S. Scripturæ me-’thodus inMose ostensa. Idem Psalmorum exi et exie

pia et erudita eriawatio et alla, in-8°, Erfurt, 1546.

— Enarratio brevis concionuni libri cui titulus Ecclesiastes, in-8°, Wittenberg, -1550, 1551 et 1556; traduiten allemand, in-8, Wittenberg, 1561. — Concionesexplicantes integrum Evangelium Matthsei habitse aSebast. Froschelio, scriptse a Melanchthone, in-8°, Wittenberg, 1558. — Psalterium Davidis intggrum, inquo psalmi 83 illustrali sunt, in-8°, Wittenberg, 1561.

— Enarratio Epistolm 1 ad Timotheum et duorumcapitwm secundx, in-8°, Wittenberg, 1561. — VoirMatthes, Ph. Melanchthon, sein Leben und Wirken, Altenburg, 1841; Herrlinger, Die Théologie Melanchthon’s, Gotha, 1879; A. Thoma, Philipp MelanchtonsLeben, in-8°, Karlsruhe, 1897; G. Ellinger, Philip Melanchton, in-8°, Berlin, 1902. A. Régnier.

    1. MELCHA##

MELCHA (hébreu: Milkâh, «reine;» Septante: MeXx» ), nom de deux femmes dans l’Ancien Testament.

1. MELCHA, fille d’Aran et sœur de Lot et de Jescha, née à Ur des Chaldéens. Gen., xi, 27-29. Elle épousaNachor, son oncle, et émigra avec Abraham à Haran enMésopotamie, ꝟ. 29-31. Elle eut huit fils, dont le dernierfut Bathuel, qui devint père de Eébecca, femmed’Isaac, Gen., xxii, 20-23; xxiv, 15, 24, 27, et grand-pèrede Rachel et de Lia, les deux femmes de Jacob.

2. MELCHA, une des cinq filles de Salphaad, de latribu de Manassé. Num., xxvi, 33; xxvii, î; xxxvi, 11; Jos., xvii, 3. Voir Maala, col. 468.

    1. MELCHI##

MELCHI (grec: MeXxO, nom de deux Israélites.C’est sans doute une abréviation de Melchias. Voir MelCHIAS.

1. MELCHI, fils de Janné et père de Lévi, un des ancêtresde Notre-Seigneur, dans la généalogie de saintLuc, iii, 24.

2. MELCHt, fils d’Addi et père de Néri, un des ancêtresde Notre-Seigneur dans la généalogie de saint Luc, iii, 28.

MELCHI A. Voir Melchias 3, 4, 5.

    1. MELCH I AS##

MELCH I AS (hébreu: Malkîyâh; une fois: Malkîyâhû, «Yàh (Jéhovah) est mon roi» ), nom d’une dizaine d’Israélites.La Vulgate écrit quelquefois ce nom Melchia.

1. MELCHIAS (Septante: MeX’/taç), lévite, fils d’Athanaïet père de Basaïas, de la famille de Gersom, un desancêtres d’Asaph qui fut chef de chœur du temps deDavid. I Par., vi, 40 (hébreu, 25).

2. MELCHIAS (Septante: Wltlxtaç), prêtre, père dePhassur. Un de ses descendants s’établit à Jérusalemaprès la captivité. I Par., ix, 12; II Esd., xi, 12. Sonfils Phassur fut un des ennemis du prophète Jérémie, xxi, 1; xxxviii, 1. Quelques commentateurs croientqu’il n’est pas différent de Melchias 11.

3. MELCHIAS (Septante: MeXxîac; Vulgate: Melchia), prêtre, descendant d’Éléazar, qui fut institué.chef de lacinquième des vingt-quatre familles sacerdotales dutemps de David. I Par., xxiv, 9.

4 et 5. MELCHIAS (Septante: MeXx’a; Vulgate: Melchia), deux des «fils de Pharos» qui avaient épousé desfemmes étrangères et qui les répudièrent du temps d’Esdras.I Esd., x, 25. Dans ce ꝟ. 25, au lieu du second Melchias, les Septante portent: ’Aaaêi’a.

6. MELCHIAS (Septante: Me^a, MiXyiac), un desG fils de Hérem» qui s’était marié avec une femme

étrangère et qu’il renvoya à l’époque de la réforme d’Esdras.I Esd., x, 31. Il travailla, sous Néhémie, à la reconstructiondes murs de Jérusalem et de la tour desFourneaux (t. ii, col. 2344-2345). II Esd., iii, 11.

7. MELCHIAS (Septante: MsV/îa), fils de Réchab, chefdu district de Béthacharam (t. i, col. 1651-1652). Dutemps de Néhémie, il rebâtit une des portes de Jérusalem, la porte du Fumier (voir Jérusalem, 8°, Porte Sterquiline, t. iii, col. 1365), avec ses battants et ses verrous.II Esd., iii, 14.

8. MELCHIAS (Septante: MeXyja), ben-has-sôrfî(Septante: EapsçQ, porte le texte hébreu; filius aurificis, «fils de l’orfèvre,» traduit la Vulgate, dont l’interprétationest assez communément adoptée. II Esd., iii, 30(hébreu, 31); cf. y. 31 (32). Lors de la reconstructiondes murs de Jérusalem par Néhémie, Melchias répara «jusqu’aux nîaisons des Nalhinéens et des marchands, vis-à-vis de la porte de Mifqad (voir Jérusalem, 14°, Porte judiciaire, t. iii, col. 1365), jusqu’à la chambrehaute de l’angle» (texte hébreu, ꝟ. 31).

9. MELCHIAS (Septante: MsXy.i’aç; Vulgate: Melchia) fun des sept prêtres qui se tinrent à la gauche d’Esdras, pendant qu’il fit la lecture de la Loi au peuple assembléà Jérusalem. II Esd., viii, 4. C’est probablement lemême prêtre qui signa l’alliance contractée avec Dieuà l’instigation de Néhémie. II Esd., x, 3. Dans ce dernierpassage, les Septante écrivent le nom MeX/loc(Alexandrinus: MsXxet’a) et la Vulgate: Melchias. Ilprit part également à la fête de la dédicace des mursde Jérusalem, II Esd., xii, 41, à moins qu’il ne faillereconnaître ici un autre prêtre du même nom, commele font certains interprètes.

10. MELCHIAS, fils d’Énan et père d’Àchitob, de latribu de Ruben, un des ancêtres de Judith, viii, 1. Cenom ne se trouve pas dans les Septante.

11. MELCHIAS (hébreu: Ualkhjâhû; Septante: M$Xj(iaç), fils d’Amélech (hébreu ham-mélék). C’est dans laciterne de ce Melchias que les ennemis de Jérémiedescendirent le prophète pour qu’elle lui servît deprison. Jer., xxxviii, 6. Divers interprètes pensent queham-mélék est un titre de dignité ou signifie «faisantpartie de la famille royale» et ils identifient ce Melchiasavec le père de Phassur. Voir Melchias 2. Cetteopinion ne manque pas de vraisemblance.

    1. MELCHIEL##

MELCHIEL (hébreu: Malkî’êl, «Dieu est mon roi;» Septante: MsXxtiX, MeX/i^X), le second des deux filsde Béria, petit-fils d’Aser et arrière-petit-fils de Jacob.Gen, , xlvi, 17. Il devint le chef de la famille des Melchiélites.Num., xxvi, 45. D’après I Par., vii, 31, il fut «le père de Barsaïth». Mais Barsaïth est-il un nom depersonne ou de lieu? Il est impossible de le déterminer.Voir Barsaïth, 1. 1, col. 1470.

    1. MELCHIÉLITE##

MELCHIÉLITE (hébreu: ham-Malki’êll; Septante6 MeXxfnXï; Vulgate: Melchiélitœ), descendant de Melcniel, de la tribu d’Aser. Num., xxvi, 45. Voir Melchiel.

    1. MELCHIRAM##

MELCHIRAM (hébreu: Malkirâm, «mon roi estélevé;» Seplante: MeXxipây-)» second ou troisième filsde Jéchonias, roi de Juda. I Par., iii, 18. La Vulgate ledonne comme troisième, de même que les Septante, parce que ces deux versions rendent le mot hébreu’assîr, v. 17, comme un nom propre, tandis que d’autres traducteursle prennent pour un qualificatif de Jéchonias: «Jéchonias captif (à Babylone).» Voir Asm 1, t. î, col. 1102. D’autres traducteurs, tout en prenant Asîrpour un nom propre, font cependant de Melchiram le

second fils de Jéchonias, parce que, au lieu de traduireavec la Vulgate: «Les fils de Jéchonias furent Asir, Salathiel, Meîchiram, etc.,» ils traduisent ainsi l’hébreu: «Fils de Jéchonias, Asir, dont le fils fut Salathiel, Meîchiram, etc.» La Vulgate a omis, dans sa traduction, lemot «son fils», qui qualifie Salathiel dans l’hébreu.Ceux qui régardent’assir comme un adjectif rapportentle premier possessif «son» à Jéchonias; ceux qui enfont un nom propre le rapportent à Asir, c’est-à-dire «fils d’Asir».

: MELCHISÉDECH (hébreu: Malkî-Çédék; Septante: 

MEXx’ffsSéx), r °i de Salem, au pays de Chanaan, à l’époque d’Abraham.

1° Ce qu’il était. — Le nom de Melchisédech, malkîçédéq, est hébreu et signifie «roi de justice». La villede Salem n’était autre, d’après plusieurs commentateurs, que Jérusalem. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1319, et Salem.Melchisédech était roi de cette ville et duterritoirequi en dépendait. De plus, il était prêtre de’El’Éhjûn, «le Dieu Très-Haut,» le vrai Dieu, le même que servaitAbraham. Du nom hébreu de Melchisédech et desa résidence, on peut conclure qu’il était Chananéen, comme cet Amorrhéen de nom analogue, Adonisédech, qui était roi de Jérusalem à l’époque de la conquête dupays par Josué, x, 1. Malgré la malédiction qui avaitfrappé leur père Chanaan, Gen., ix, 25, tous les Chananéensne professaient pas nécessairement l’idolâtrie autemps d’Abraham. Le patriarche et ses fils sont souventen rapport avec des hommes du pays qui ne paraissentmériter aucun blâme à raison de leur conduite ou de leurreligion. Il n’y a donc pas lieu de faire de Melchisédechun Sémite étranger établi au pays de Chanaan. Le roi deSalem est en même temps prêtre, hôhên, nom qui apparaîtpour la première fois dans la Bible. Il exerce cettefonction en qualité de chef de famille. La Sainte Écrituren’en dit pas davantage sur L’origine et la conditionde Melchisédech, Gen., xiv, 18.

2° Sa rencontre avec Abraham. — Lorsque Lot, neveud’Abraham, eut été pris à Sodome par Ghodorlahom*oret ses trois alliés, le patriarche se mit à la poursuitedes vainqueurs, les battit, fit sur eux grand butin etramena Lot avec tout ce qu’il possédait. Voir Abraham, 1. 1, col. 77. À son retour, le roi de Salem, Melchisédech, vint au-devant de lui, Heb., vii, 10, offrit du pain et duvin et bénit Abraham, en disant: «Béni soit Abrahampar le Dieu Très-Haut, qui a fait le ciel et la terre! Bénisoit le Dieu Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tesmains!» Et Abraham lui donna la dîme de tout. Gen., xiv, 18-20. L’hiphil hôfî’a le sens de «faire sortir, mettre au-dehors, présenter». Cf. Gen., xxiv, 53; Exod., iv, 6, 7; xii, 51, etc. Il est bien traduit par les versions: Krivs’j’xe, «il apporta,» proferens, «présentant.» Parlui-même, le mot ne signifie pas: offrir à Dieu, ou: offrir en sacrifice. Melchisédech se contente d’apporterdu pain, léhém, comprenant peut-être toute espèce denourriture, et du vin. Josèphe, Ant.jud., i, x, 2, dit queMelchisédech exerça l’hospitalité envers les soldatsd’Abraham et leur donna en abondance les choses nécessairesà la vie. Un certain nombre de commentateurspensent que Melchisédech ne fit pas autre choseque ravitailler les hommes qui accompagnaient Abraham.Mais le texte sacré ajoute la remarque suivante: 8 Et lui prêtre du Dieu Très-Haut, s Si ce renseignementn’avait pour but que de caractériser la personnalité deMelchisédech, il eût été mieux à sa place après le titrede «roi de Salem». Mais il vient entre la mention dupain et du vin apportés par Melchisédech, et celle de labénédiction prononcée sur Abraham. Il n’était pas nécessaired’être prêtre pour bénir; quiconque avaitautorité paternelle, civileou religieuse pouvait le faire.Voir Bénédiction, t. i, col. 1581. La qualité de prêtre, attribuée à Melchisédech, est donc rappelée à raison de

l’acte qui précède, c’est-à-dire de l’offrande du pain etdu vin. C’est ce que suppose la Vulgate en ajoutantla conjonction enim: «Car il était prêtre du DieuTrès-Haut.» Il est naturel qu’Abraham, rencontrantaprès sa victoire un prêtre du vrai Dieu, en ait profitépour offrir à Dieu ses actions de grâces. Il est égale-» ment présumable que Melchisédech, avant d’offrir desaliments aux vainqueurs, exerça sa fonction sacerdotaleenoffrant à Dieu une partie des aliments apportés. Letexte ne le dit pas positivement, mais il ne dit pas nonplus le contraire, et il insinue l’idée de l’offrande eninsistant sur le sacerdoce de Melchisédech. L’ÉpîtreauxHébreux, vii, 1-17, qui établit un parallèle détaillé entreNotre-Seigneur et Melchisédech, ne fait pas allusion àl’offrande de ce dernier, sans doute parce qu’il y avaitdans les rites mosaïques un sacrifice ou oblation defarine ou de pain et de vin et qu’il n’y avait pas ainsisur ce point de différence et de symbole particulier àrelever entre Melchisédech et le sacerdoce d’Aaron. Maisles Pères supposent expressément un sacrifice de pain etde vin présenté à Dieu par le roi de Salem. Cf. S. Cyprien, Epist. lxiii, ad Cœcil., 4, t. ix, col. 376; S. Jérôme, Epist*lxxiii, ad Evagr. r 3, t. xxii, col. 673; In Matth., iv r26, t. xxvi, col. 195; S. Augustin, De divers, question.*61, t. XL, col. 49; De civ. Dei, xvi, 22, t. xli, col. 500.La même idée est exprimée, par Clément d’Alexandrie, saint Jean Chrysostome, saint Isidore de Peluse, saintCyrille d’Alexandrie, saint Césaire d’Arles, Arnobe, etc.Cf. Pétau, De incarn. Verbi, XII, xii, 6-11. Elle estrappelée au canon de la Messe, 2* orat, post consecr., et semble visée dans la première antienne des vêpresdu Saint-Sacrement. — En dehors de cet épisode de sarencontre avec Abraham, les textes historiques ne fontplus mention de Melchisédech.

3° Son caractère figuratif. — Au Psaume ex (cix), 4, il est dit du Messie futur: «Tu es prêtre pour toujoursselon l’ordre de Melchisédech. «L’expression hébraïque’âl-dibrâfi veut dire «à la manière, selon le mode», xarà tt|V tâ ?iv, comme traduisent littéralement les Septante.L’intention de l’auteur sacré est donc d’excluretoute autre espèce de sacerdoce, par conséquent le sacerdoceà la manière d’Aaron. Saint Thomas, Sum. tlieol., III a, q. xxii, a. 6, ad 2 um, observe que Melchisédech estnommé ici non comme le chef, mais comme le type d’unsacerdoce particulier. — L’auteur de l’Èpître aux Hébreuxexplique le caractère figuratif de Melchisédech. Il tireune première application de son nom propre, «roi dejustice,» et du nom de sa ville, «roi de paix,» Salemse référant à, Sâlôm, qui veut dire «paix». Melchisédechest «s, ans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement ni tin de vie, mais ressemblantau Fils de Dieu et restant prêtre pour toujours».Heb., vii, 3. Cette description ne va pas à faire de Melchisédechun être à part. Elle porte seulement sur lesilence de la Genèse, qui ne dit rien de l’origine ni dela mort du personnage, «dont la génération n’est pointracontée,» fù Y 6VSa * o Y°^t Jiev0 Ç>e dont la généalogie n’estpas donnée.» Heb., vii, 6. Saint Paul remarque ensuiteque c’est le supérieur qui bénit et [qui reçoit la dimede son inférieur. Melchisédech reçoit la dime d’Abrahamet le bénit. À Melchisédech sont donc inférieurset Abraham lui-même et tous les prêtres lévitiques quidevaient un jour naître de lui. Or la Sainte Écrituredit que Jésus-Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech; c’est donc qu’il a un autre sacerdoce que celuid’Aaron, que son sacerdoce est supérieur à celui de cedernier et qu’il doit le remplacer. Heb., viii, 4-18.Comme on le voit, le raisonnement se base seulementsur la bénédiction donnée et sur la dime reçue. Cesdeux actes pouvaient seuls établir la thèse de l’auteursacré, à savoir la supériorité de Melchisédech surAbraham et celle de Jésus-Christ sur les pontifes et lesprêtres lévitiques. La nature du sacrifice offert par Mel

chisédech n’important nullement à la thèse, l’auteurn’en fait pas mention. On ne peut donc rien conclurede son silence contre l’interprétation des Pères et duconcile de Trente qui dit de Jésus-Christ, Sess. xxii, de sacrif. Missæ, cap. r: «Se déclarant constitué pourtoujours prêtre selon l’ordre de Melchisédech, il offritson corps et son sang sous les espèces du pain et duvin.» Cf. Franzelin, De SS. Eucharist., th. viii, Rome, 1873, p. 338-333.

4° Opinions et hypothèses sur Melchisédech. — Lesanciens Juifs, afin d’expliquer la supériorité du roi deSalem sur Abraham, imaginèrent que ce roi n’était pasautre que Sem, leur ancêtre, fils de Noé qui, d’après leurscalculs chronologiques, vivait encore à cette époque. Cetteidentification se trouve dans le Targum de Jérusalem, oùnous lisons: «Melchisédech, roi de Jérusalem, est Sem(fils de Noé, ajoute le Targum de Jonathan), qui étaitgrand-prêtre du Très-Haut.» Walton, Biblia Polygl., t. iv, p. 24. Saint Jérôme dit que c’était l’opinion généraledes Juifs de son temps. Epist. lxxiii, ad Evang., 5, t. xxii, col, 679. Cf. In ls., . XII, c.xii.t. xxiv, col. 414.D’après saint Épiphane, User, v, 6, t. xli, col. 981, elleétait aussi commune chez les Samaritains. Luther etMélanchton l’acceptèrent au xvi c siècle. Saint Épiphaneréfute cette erreur en s’appuyant sur la chronologie desSeptante, lbid., col. 981-983.

Des hérétiques, combattus par ce même Père, ibid., col. 972 et par d’autres docteurs de l’Eglise, soutinrentaux iv" et Ve siècles que Melchisédech était une «forceou vertu de Dieu» supérieure à Jésus-Christ même, y.syâlr)v Tiva 6yva|xtv |j.e: ÏÔT£pov toO XptuToO, commes’exprime l’évêque de Salamine. On les appela Melchisédéchiens.Tertullien, De prxscript., 53, t. ii, col. 75; Théodoret, Hxret. fab., ii, 6, t. lxxxiii, col. 392; S. Jean Chrysostome, Hom. in Melchis., 3, t. lvi, col. 260. Cf. S*. Augustin, De hxr., 34. t. nu, col. 31; S. Cyrille d’Alexandrie, Glaphyr. in Gen., ii, 7, t. lxix, col. 67; Philastre, De hœres., 52, t. xii, col. 1168. —D’autres, au contraire, enseignèrent que le roi de Salemétait le fils de Dieu. S. Épiphane, Hœr. lv, 7, col. 985; S. Ambroise, De Abraham, i, 3, n° 16, t. xiv, col. 427. Pour d’autres, c’était le Saint-Esprit. S. Epiphane, Hxr. lxvii, 3, t. xliii, col. 176; S. Jérôme, Epist. lxxii, 1, t. xxii, col. 676. D’après ce dernier Père, ibxd-, 2, col. 677, pour Origène et Didyme c’était un ange. Depuison a imaginé que c’était Hénoch, Cham, Chanaan, Mesraïm, Job. Voir Sal. Deyling, Observationes sacræ, 3 part.in-4°, Leipzig, 1708-1715, t. a, p. 55-65; Hermann vanElowich, Melchisedecus ab injuria P. Juricei defensus(Jurieu l’identifiait avec Cham), et Melchisedecus minusféliciter ab H. Hulsio in Henocho detectit*, dans leThésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 175-187.La majorité des anciens Pères n’a jamais admis ces erreurset ces hypothèses. «J’ai consulté Hippolyte, Irénée, Eusébede Césarée et d’Émèse, Apollinaire aussi et notreEustathe, dit saint Jérôme, Epist. lxxii, 2, col. 677, etj’ai constaté que tous, par des arguments différents et dessentiers divers ont abouti au même point, savoir que Melchisédechétait un Chananéen, roi de la ville de Jérusalem, qui était appelé d’abord Salem.» Voir S. Cyrilled’Alexandrie, Glaphyr. in Gen., ii, 7, t. lix, col. 67; Théodoret, Qu&st. in Gen., 64, t. lxxx, col. 172; S. Épiphane, User, lxvii, 7, t. xlii, col. 181. — Aujourd’hui les assyriologuescherchent quelques traits de ressemblance entreMelchisédech et le roi de Jérusalem Ébed-tob ou Abdi-Khiba, dont on a retrouvé quelques lettres dans lacorrespondance de Tell el-Amarna, mais ces traits sonttrop vagues pour qu’on puisse en tirer quelque conclusionpositive. Voir Sayce, dans Hastings, Dictionary ofthe Bible, t. iii, 1900, p. 335. Ils peuvent néanmoinsconfirmer les paroles de saint Jérôme, contre l’opinionde quelques critiques de nos jours, qui, renouvelantsous une autre forme les hypothèses aventureuses que

l’on vient de voir énumérées, prétendent que Melchisédechest simplement le type du grand-prêtre juif auIVe siècle avant notre ère, H. Guthe, Bibelwôrterbuch, 1903, p. 426, comme si l’idée que les Juifs se faisaientde leur patriarche n’était pas en opposition complèteavec le rôle qu’on prétend lui faire ainsi jouer. — VoirL. Borger, Historia crilica Melchisedeci, in-8°, Berne, 1706; Henderson, Melchisedek, Londres, 1809; C. A. Auberlen, Melchisédech’s ewiger Leben und Priesterthum, dans les Theologische Studien und Kritiken, t. ii, 1857, p. 453-504; G. Rôsch, Die Begegnung Abraham mitMelchisedek, dans la même revue, 1885, p. 321-366; Fritz Hommel, Geschichte Babyloniens und Assyriens, in-8°, Berlin, 1885, p. 162; Id., Die altisrælitisclieUeberlieferung in inschriftlicher Beleuchtung, in-12, Munich, 1897, p. 150-160; R. Kittel, Geschichte derHebrâer, <L! in-8°, Gotha, 1888-1892, 1. 1, p. 162. — On trouvedans les Œuvres de saint Athanase, t. xxviii, col. 525530, une vie fabuleuse de Melchisédech [Historia de

Melchisedec).

H. Lesêtre.

    1. MELCHISUA##

MELCHISUA (hébreu: Malkisu’a, «aide est monroi;» Septante: MsX/iai; Aleœandrinus: Meyx’.iroué), un des quatre fils de Saûl, roi d’Israël, le troisièmenommé dans I Reg., xiv, 49; le second, dans I Par., vin, 33; ix, 39. Sa mère était probablement Achinoam, fille d’Achimaas. I Reg., xiv, 50. Melchisua périt sur lechamp de bataille de Gelboé comme son père et succombasous les coups des Philistins comme ses frères Jonathaset Abinadab. I Reg., xxxi, 2; I Par., x, 2.

    1. MELCHOM##

MELCHOM (hébreu: Milkôm, Malkom; Septante: MoXo^, Me), -/6X), forme particulière, dans la Vulgate, IV Reg., xxiii, 13; I Par., xx, 2; Jer., xlix, 1, 3; Amos, i, 15; Soph., i, 5, du nom du dieu appelé plus ordinairementMoloch. Voir Moloch. Dans I Par., xx, 2, laVulgate a pris l’hébreu malkâm pour un nom propre, comme l’ont fait les Septante, Mo^àetoû pauiXÉoiçtxÙTûv, tandis qu’elle l’a considéré dans II Reg., Xli, 30, comme un substantif commun désignant le roi desAmmonites, régis eorum, s leur roi.» Cette dernièreinterprétation est la plus communément adoptée, quoiqu’ilsoit aussi possible de le prendre pour le nom du dieu.David s’empara de la précieuse couronne qui était surla tête de malkâm. Voir Couronne, 1, 1°, t. ii, col. 1083.

    1. MÊLÉ À##

MÊLÉ À (grec: MeXeî; ), fils de Menna et père d’Éliakim, un des ancêtres de Notre-Seigneur dans la généalogiede saint Luc, iii, 31.

    1. MÉLECH##

MÉLECH (hébreu: Mélék, «roi;» Septante: MeXix), de la tribu de Benjamin, fils de Micha et arrière-petit-filsde Jonathas, fils de Saûl. 1 Par., viii, 35; ix, 41.

    1. MÉLITON##

MÉLITON, écrivain ecclésiastique. Tous les renseignementsbiographiques qu’on possède sur lui sebornent aux points suivants: il vécut pendant la secondemoitié du IIe siècle et fut évêque de Sardes, en Lydie.Sur son activité littéraire, on a un certain nombre de témoignages.Polycrate d’Éphèse, dans sa lettre à Victorde Rome, écrite en 194 ou en 195 et citée par Eusèbe, H. E., V, 24, 5, t. xx, col. 496, mentionne «Méliton l’eunuque(c’est-à-dire ici-ï celui qui n’est pas marié» ), agissanten toutes choses selon la direction de l’Esprit Saintet qui repose à Sardes dans l’attente de la possession dèscieux, pour laquelle il ressuscitera d’entre les morts».A en croire Eusèbe, H. E., IV, xxvi, 4, et cf. VI, xiii, 9, t. xx, col. 393 et 548, Clément d’Alexandrie aurait composéson ouvrage Ilspi toù maya, à cause de Mélitonqui aurait écrit sur le même sujet un traité en deuxlivres. On ne s’accorde pas sur le sens exact de l’expressionii a’tTi’aî tt, î toO MîXituvoî YP a< Pîiï> * à cause do

l’écrit de MéJiton.» Hefele, Conciliengeschichte, 1874, t. i, p. 29; Weitzel, Passafeier, 1848, 26, 74; Steitz, Studien und Kritiken, année 1856, p. 778, et Thomas, Melito von Sardes, 1893, p. 11-12, pensent que l’écritde Méliton donna simplement occasion à la compositionde celui de Clément d’Alexandrie. Harnack, Texte undUntersuchungen, 1883, t. i, p. 24, admet que le traitéde Clément fut dirigé contre celui de Méliton. Le témoignagede Tertullien sur Méliton nou£ a été conservé parsaint Jérôme, De viris ilhist., 24, t. xxiii, col. 644, où il dit: Huius elegans et declamatorium ingeniumTertullianus in septem libris quos scripsit adversusecclesiam pro Montano cavillatur dicens eum a pierisquenostrorum prophetam putari. Il résulte de cettecitation que, si d’une part Tertullien tourne en dérisionle caractère élégant et déclamatoire de l’esprit de Méliton, de l’autre, il atteste sa fécondité d’écrivain, déclareque l’évêque de Sardes, ne fut pas montaniste et enfinqu’il était, conformément à l’assertion de Polycrated’Éphèse, un prophète rempli de l’esprit de Dieu. On aessayé d’expliquer les mots a plerisque nostrorum, dutexte de saint Jérôme par «les Montanistes». VoirSchwegler, Montanismus, 1841, p. 171, 223; Hilgenfeld, Der Paschastreit der allen Kirche, 1850, p. 273. Cetteinterprétation ne tient pas debout, comme l’a démontréHarnack, Texte und Untersuchungen, 1883, t. i, p. 241242. L’auteur inconnu, peut-être saint Hippolyte, du «Petit Labyrinthe», cite avec honneur Méliton. Aprèsavoir rappelé que Justin, Miltiade, Tatien, Clément etd’autres sont des témoins de la divinité du Christ; ilajoute: Ta "ràp Eîpijvafou te xa MeXfxwvo; xai tûv Xotitôvtiç àyvoeï 61ëXia, @eôv xai avOpamov xaT «YYsXX<matbv Xpi<TTov, voir Eusèbe, H. E., IV, XXVI, 5, t. XX, col. 393. Dans deux passages d’Origène, Ad Psalmi minsctiptionem, édit. Lommatzsch, t. xi, p. 411, t. viii, p. 49, Méliton est cité, dans le premier, comme ayantvu en Absalon un type du démon révolté contre leroyaume du Christ, et, dans le second, comme ayantlaissé des écrits sur Dieu anthropomorphe. C’est à Eusèbeque l’on doit les indications les plus abondantessur l’œuvre littéraire de Méliton. Il donne une longueliste de traités composés par l’évêque de Sardes. H. E., IV, XXVI, t. XX, col. 393. 1° MeXf-ctavo; itepi tou KÔ.axa 8ûo.Le début de cet ouvrage transcrit par Eusèbe, ibid., lY, xxvi, 2, col. 393, fournit une donnée pour la chronologiede la vie de Méliton. Il y est parlé de «Servilius(lire Sergius, avec Rufln) Paulus, proconsul d’Asie».Toutefois on n’est point d’accord sur l’interprétation précisede cette donnée. Waddington, Fastes des provincesasiatiques, p. 226,-place le gouvernement de ce proconsulen l’an 164-165; Keim, Aus dem Urchristentum, p. 165, en 166; Renan, Marc-Aurèle, 1882, p. 198, en 167; Hilgenfeld, Der Paschastreit der allen Kirche, 1850, p. 25-2, en 168. Voir Thomas, Melito von Sardes, 1893, p. 20; Harnack, Geschichte der altchristlichenLitteratur, 1897, t. H, p. 359. Il est vraisemblable quedans ce traité, Méliton soutint la tradition de l’Églised’Asie Mineure, c’est-à-dire la pratique des Quartodécimans.— 2° XltçX itoXtTei’a; xa Trpoçïirâv. Saint Jérôme, De viris illust., c. xxiv, t. xxiii, col. 644, semble avoirlu nep’i itoXiTEÎac itpoovj-ôv, car il traduit De vita prophetarum.Cet écrit visait probablement le montanisme.Cf. Bonwetsch, Die Geschichte des Montanismus, 1881, p. 20. Pourtant, il n’est pas aisé de déterminer en quelsens Méliton s’est prononcé. Peut-être, comme saint Irénée, a-t-il gardé une attitude expectante. — 3° Utpi èxxXï]oîaç.— 4° IIep Kvpmxîjs. — 5* Iltp nimitûi àvGpwxo’j.D’autres manuscrits, la traduction syriaque et Rufinont lu itep’t <pû<7so>c àvOpûitou. — 6° Ilepi irXânEuK. Rufintraduit De figmento et saint Jérôme De plasmate. Woog, De Melilone, 1744, p. 23, et Piper, Theologische Studien<und Kritiken, 1838, p. 8J, interprètent ce titre parCreatio mundi. Mais tous les autres auteurs ont pensé

qu’il s’agissait, dans ce traité de Méliton, de la créationde l’homme. — 7° l O itepi -àiraxo-ij; touts»; . — 8°’0 reeplcùcOïimpe’iov. Les manuscrits grecs d’Eusèbe réunissentces deux titres dans la formule suivante: . xai ô nsp’iûiraxoïç nftrrewi; ala-9ï)Tï]p! (.>v. Mais Rufln a traduit Deobedientia fidei; de sensibus, et Nicéphore a séparé lesdeux titres. D’autre part, le traducteur syriaque a renduseulement les mots xcd à itepi ûtocxoîjî Ttiorew; , tandisque saint Jérôme ne mentionne que De sensibus librumunum. Il est donc probable qu’il faut, avec laplupart des auteurs, distinguer deux traités. — 9° Ilepti^uX’i? x<x ^ a(i>u.aTo; . Quelques manuscrits ajoutent rvaôç. Cureton, SpiciUgium Syriacum, 1855, p. 31-50, et Otto, Corpus apolog. christ., 1872, t. IX, n. xiii, ont publié quelques fragments syriaques de ce traité.G. Krûger, Melito von Sardes oder Alexandcr vonAlexandrien, dans la Zeitschr. f’ùr wissensch. Théologie, t. xxx, 1888, p. 434-448; cf. Theolog. Litteralurzeitung, 1893, p. 570, a conjecturé que quatre des fragmentssyriaques publiés par Cureton faisaient partie d’unmême traité de Méliton qui aurait été intitulé Ilepl ^vxiii%aï (Tto^LûcToç xai eU to icà60; . Cette hypothèse ne semblapas absolument démontrée. Si Harnack, Geschichte. deraltchristlichen Litteratur, t. i, p. 251; t. ii, part. i, p. 518, et E. Preuschen, dans la Realencyclopâdie furpi’ote.stantische Theologie, t. xii, 1903, p. 561, s’y rallient, Thomas, Melito von Sardes, p. 50, ne se montre pastrès favorable et Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichenLitteratur, t. i, p. 1902, p. 555, se contente dementionner l’opinion de Krûger. — 10° Hspi XompoO, c’est-à-dire d’après Rufin, de lavacro, et d’aprèssaint Jérôme de baptismate. Un fragment de ce traitéa été publié par le cardinal Pitra (Analecta sacra, t. ii, p. 3-5) et Mercati (Symbolm Melitonianse, dansTheologisch Quartalschrift, t. lxxvi, 1896, p. 596-600)a donné, d’après un manuscrit de l’Ambrosienne à Milan, des variantes à ce traité. — 11° nspi àlrfitia: , —12° Ilept XTÎuewç xaY fevé<îewî XpitrroO. — 13° Htp npoçmTeia; . Beaucoup de manuscrits ont A6yo; aireoO itep7rpo<pï]TeJ<x{. Rufin traduit: De prophetia ejus et saintJérôme: De prophetia sua. Dans un fragment de papyrustrouvé à Oxyrhynque et publié par Grenfell et Hunt, TheOxyrhynchus Papyri, .part. 1, 1898, p. 8-9, Harnack a cruretrouver un extrait de l’ouvrage de Méliton rapt TtpoçY|-Tei’a; . Voir Sitzungsberichfe der k. preuss. Akad. derWissensch. zu Berlin, 1898, p. 517-519. Mais comme l’atrès bien fait remarquer Erwin Preuschen, dans la Realencyclopâdiefur protestatitische Théologie, 1903, t. xii, p. 166, cette identification n’est rien moins que certaine. —14° nep: çtXoÇevfaç, — 15°’H xXei’ç, Clavis. Ce titre évoquele souvenir de l’œuvre qui a été considérée comme Jetravail capital de Méliton, le pendant des Formulée spiritalisintelligentise d’Eusèbe. En 1653, Labbe avait signalédans la bibliothèque des Jésuites du collège de Clermontà Paris un manuscrit latin, Melitonis Clavis sancteeScripturx.oirDescriploribusecclesiasticis, &j3, t. ii, p. 87. Sirmond connut ce traité. Lequien le copia pourGrabe qui fut empêché par la mort de publier la Clavisdans son Spicilegium. La copie en question est aujourd’huiencore conservée à la Bibliothèque bodléienne àOxford. Magnus Crusius, cf. Fabricius-Harles, Bibliothecagrxca, t. vii, p. 150, et Woog, De Melitone Dissertaiiosecunda, p. 21, transcrivirent également ce traité.Ni Galland (voir Bibliotheca Patrum, t. i, c. xxiv, p. cxx), ni Routh, Reliquiæ sacrse, 1814, 1. 1, p. 133, quiconnurent l’ouvrage, ne jugèrent à propos d’en entreprendrela publication. Le cardinal Pitra retrouva lemanuscrit du collège de Clermont, à Rome, dans labibliothèque Barberini, qui est aujourd’hui au Vatican, et il fut assez heureux pour découvrir la Clavis] sanctseScripturse dans sept autres manuscrits. Le patient éruditpublia le texte et consacra tous ses efforts à défendrel’authenticité du document découvert et l’identification de

la Clavis avec la Klds citée par Eusèbe. Voir SpicilegiutnSolestnense, 1853, t. H, p. 1-519; t. iii, p. 1-307; Analectasacra, t. ii, p. 6-127, 573-585, 623. Toute cetteérudition dépensée pendant trente ans de 1852 à 1884 futen pure perte. Il est certain que la Clavis Sanctss Scripturxn’a rien de commun avec la KXsk de Méliton. VoirG. S. Steitz, dans les Theologische Sludien und Kritiken, t. xxx, 1857, p. 584-596; G. Salmon, dans À Dictionaryof Christian Biography, 1882, t. iii, p. 897-898; Harnack, Texte und Vntersuchungen, t. i, 1883, p. 275-276, et Geschichte der altchristlichen Litteratur, 1892, t. i, p. 254; dom 0. Rottmanner, dans le Bulletin critique, 1885, p. 47-52 et le Theologische QuartaUchrift, t. lxxviii, -1896, p. 614-629; duch*esne, dans le Bulletin critique, ’1885, p. 196-197; Thomas, Melito von Sardes, 1893, p. 66-68; Preuschen, Realencyclopâdie fur prot. Théologie, t. xii, p. 566; Bardenhewer, Geschichte deraltkirchlichen Litteratur, t. i, 1902, p. 555. Toutefois, comme l’étude de la Clavis Sanctse Scripturse rentre dansle cadre du dictionnaire, nous en dirons un mot ici.Originairement écrit en latin, ce traité n’est nullementune traduction du grec. Dans les manuscrits, il est intititulétantôt Anonymus de mystica significatione vocumac loquutionum biblicarum (manuscrit de Troyes), tantôt Distinctionum quarumdam tractatus (autres manuscritsde Troyes), tantôt Glossse in varios SacrœScriptural libr os de sensu sprirituali multovum locorum(manuscrits de Paris). Seuls le manuscrit du collège deClermont, aujourd’hui à la Vaticane, dans le fonds Barberini, et celui de Strasbourg attribuent à Miletus ouMelitus Asianus episcopus l’ouvrage qu’ils appellentClavis ou Liber clavorum. Cette attribution et ce titresont, sans doute, dus à la fausse érudition d’un clerc duxi» siècle qui aura lu dans saint Jérôme que Mélitoncomposa un traité intitulé Claitis. L’ouvrage en questionse présente sous une double rédaction, l’une complète, l’autre abrégée. C’est une sorte de lexique de la Bible, disposé non point d’après l’ordre alphabétique, mais selonl’ordre des matières, et donnant l’explication des diverssens mystiques auxquels les mots de la Biblepeuvent donner lieu. Il y a quatorze chapitres intitulésrespectivement: De Deo, de filio Dei secundum carnem, de supernis creaturis, de diebus anni et temporibus, de numeris, de mundo et partibus eius, designis infructuosis, de variis hominum appellationibus, de variis sedificationum vocabulis, de metallis etaliis sive his quse ex eis fiunt, de avibus, de bestiis etceteris animantibus, de civitatibus sive provinciis. LaClavis renferme des emprunts à Denis l’Aréopagite, Grégoire le Grand et même à Paschase Radbert; elleest donc d’origine relativement récente, peut-être del’époque des derniers Carlovingiens ou des premiers Capétiens.Quant à l’ouvrage de Méliton,-f) KXetç, dontnous ne connaissons que le titre, on a émis de vainesconjectures pour en déterminer le caractère. Schwegler, Der Montanismus, p. 223, a pensé aux clefs du royaumedes cieux; Otto, Corpus apotog., p. 401, à la clef de lascience, xWç xrjç yv<i(js<oç (cf. Luc, XI, 51); Harnack, Texte und Vntersuchungen, t. i, p. 249, a songé auxclefs de l’Apocalypse (cf. Apoc, i, 8; iii, 7; îx, 1; xx, 1), Toutes ces hypothèses ne reposent sur aucun fondement.

— 16° Ilep! toO StaëôXou xal tîj? àiroxoeXij’J/ew; jîuiû-ïvov.Xes manuscrits grecs d’Eusèbe et le traducteur syriaquefinissent ces deux traités. Rufin et saint Jérôme les séparent.On a rapproché du traité IIspl tîjc àTioxaX’J^sw; ’Itoowou le passage de Gennade (Deecclesiasticis dogmalibus, c xxv): In divinis repromissionibus nihil terrenumvel transitorium expectamus, sicut Meletiani sperant.Par Meletiani, on entendait «disciples de Méliton», etl’on a conjecturé que Méliton aurait enseigné le chiliasmedans son ouvrage sur l’Apocalypse. On pourraittoutefois voir aussi dans les Melitiani ou Melitani lestravaux de Mélèce d’Egypte, mais comme rien ne prouve

que ceux-ci professaient le chiliasme, on a généralementadmis que Gennade visait Méliton de Sardes. — 17° Ileplêv(jfc>(i(XTou ©eoCs. Comment faut-il définir ce traité? SaintJérôme a gardé le titre grec. Rufin a traduit: De Deocorpore induto. Pitra, Spicil. Solesm., t: H, p. 11, etd’autres encore ont voulu identifier ce traité avec l’ouvrajede Méliton cité par Anastase le Sinaïte (Hodegos, éd. Gretser, c. xiii, p. 260) jtsp (japxtÔTewç Xpurtoû.Cette assimilation est généralement rejetée (cf. Harnack, Texte und Vntersuchungen, 1. 1, p. 256). C’est ce travailqui a fait reprocher à Méliton l’erreur de l’anthropomorphismepar Origène (voir Théodoret, cap. 20, Quxstionumin Genesim, t. xii, col. 93) et Gennade, De ecclesiast.dogmat., c. IV, t. lviii, col. 982. Ce reproche nesemble toutefois pas absolument justifié. Voir Routh, Reliquise sacrai, t. i, p. 134-145 et Salmon, dans À Dictionaryof Christian Biography, t. iii, p. 898. Aprèsavoir énuméré les dix-sept traités que nous venonsd’examiner, Eusèbe ajoute que Méliton composa’Eiri Kimxat to irpôç’Avtwvtvov g16).i’810v, et il en reproduittrois extraits. Les deux premiers font allusion aux traitementsbarbares qu’ont à subir les chrétiens d’AsieMineure; dans le troisième Méliton rappelle tout lebien que la philosophie chrétienne a fait à l’empire romain, et il oppose à la conduite de l’empereur actuel lesécrits favorables aux chétiens dus à son grand-pèreHadrien et à son père Antonin le Pieux. Il y a du mêmeouvrage un extrait dans la Chronique Pascale. VoirPatr. Gr., t. xcii, col. 632. On admet généralement quel’Apologie de Méliton fut présentée à Marc Aurèle vers169 et 176. En 1855, Cureton publia dans son Spicilegiumsyriacum, p. 22-31, un texte syriaque qui porte pourtitre: Oratio Melitonis philosophi quse habita est coramAntonino Csesare. Il y ajouta une traduction anglaise, ibid., p. 41-51. Le même texte a été republié par Pitra(Spic. Solesm., t. ii, p. xxvii-liii), avec une traductionlatine faite par Renan, puis par Otto (Corpus apolog., t. ix, p. 501-66), avec une traduction iatine. Il y a euune traduction danoise de Roerdam, Melitos Taie tilKeyser Antonin… oversatte fra syrisk, 1856, une versionallemande de B. Welte dans Theol. Quarlalschr., t. xliv, 1882, p. 392-410, et une autre de V. Grône, dansla Bibliothek der Kirchenvâter, Kempten, 1853. Onne retrouve pas dans ce texte syriaque les passagesde l’apologie grecque cités par Eusèbe. Il n’est donc pasdu tout certain que le texte publié par Cureton, soit deMéliton. Celui-ci et Salmon, À Dictionary, t. iii, p. 895, ont cru qu’il s’agissait d’une apologie de Méliton différentede celle mentionnée par Eusèbe. D’après Ewald, dans les Gottingische gelehrte Anzeigen, 1856, p. 658, on pourrait identifier l’apologie syriaque avec l’ouvrageintitulé: IIspl àlrfielai. Mais le texte syriaquesemble bien être un original et ne point dériver du grec.Voir Nôldeke, dans les Jahrbùcher fur prot. Théologie, t. xiii, 1887, p. 345, 351. D’après Bardenhewer, Geschichteder altkirchlichen Litteratur, t. i, p. 554, laquestion de l’attribution du texte de l’apologie à Mélitondevrait encore être examinée de plus près. Eusèbe, H. E., iv, 26, t. xx, col. 396, cite également de Méliton un recueild’extraits des Livres Saints, ’ExXoyat, en six livres.De ce traité en six livres, dédiés à un certain Onésime, Eusèbe, H. E., iv, 26, col. 396, donne le commencement.Ce passage est du plus haut intérêt, il constituela plus ancienne liste des livres de l’Ancien Testamentsortie d’une plume chrétienne. Il faut peut-être rattacheraux’ExÀo-yat quatre scolies portant le nom de Mélitondans les chaînes sur la Genèse. Voir Routh, Reliq. sacræ, t. i, p. 122-124; Otto, Corpus, t. ix, p. 416-418. Deux ouvragesde Méliton sont mentionnés par Anastase le Sinaïte; l’un est intitulée!? zb iriOoe, et Anastase (Hodegos, c. xii, Patr. Gr., t. lxxxix, col. 197) en cite l’extrait suivant: 0eô{ iréirovïev Oui» SeljtSç’lopar^hi&oç. Les fragmentssyriaques publiés par Cureton donnent aussi ces extraits.

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MËLITON — MELLUCH

II a été question plus haut de l’autre traité signalé parAnastase, Ilepl oapxtiasut Kf taxai. Il reste à dire au sujetdes travaux de Méliton que les quatre lignes du fragmentarménien ex Melitonis epistola ad Eutropium publiéespar l’abbé Martin, dans Pitra, Analecta sacra, t. iv, p. 16 et 292, ne sont pas du tout de l’évêque deSardes. Autant faut-il en dire de la passion latine deBaint Jean, Acta Joannis, qui dans certains manuscritsporte le nom de Mellilus ou de Melilo, de la pièce intituléeDe transitu B. Marise virginis et de la Catena inApocalypsin. Tous ces ouvrages sont fort postérieurs àl’époque de Méliton. La passion de saint Jean date d’audelà du VIe siècle et dérive des actes gnostiques de Cetapôtre; le récit de la mort de la Sainte Vierge est unecompilation récente de sources grecques, et la Catenain Apocalypsin ne remonte pas au delà du xm c ou duxiv» siècle. Nous ne dirons rien de la doctrine de Méliton.On trouvera les éléments de cette étude dans lesouvrages qui ont été cités. Bon nombre des appréciationsémises à ce sujet sont arbitraires et conjecturales. L’œuvrede Méliton n’est pas suffisamment connue pour qu’onpuisse émettre sur elle un jugement sûr et définitif.Pour la même raison, on n’est pas davantage fondé àformuler contre Méliton certaines accusations qui reposentsur de simples soupçons. Nous n’avons pas nonplus donné à Méliton le titre de saint, qui est fort discutable.Cf. Acta sanctorum, aprilis 1. 1, p. 102.

J. VAN DEN GHEÏN.

    1. MELLO##

MELLO, nom qui désigne deux localités ou deuxforteresses, l’une près de Sichem, l’autre à Jérusalem, et l’endroit où fut frappé le roi Joas.

1. MELLO (hébreu: Bêf Millô’; Septante: Vaticanus: oTxot Br)6|j.aa).cJv, Jud., IX, 6; otxoî B/)6[ia «), ).wv, Jud., IX, 20; Alexandrinus: oïxoç MaXXwv, Jud., ix, 6, 20) serait, d’après la Vulgate, une ville située dans, le voisinage deSichem. Jud., ix, 6, 20. Il est dit, en effet, ꝟ. 6, quetous les hommes de Sichem et toutes les familles de laville de Mello se rassemblèrent auprès du chêne de Sichempour établir Abimélech comme roi. Cette localitén’est plus mentionnée, du reste, qu’au j! ’. 20, dans lequelJoatham, après avoir échappé au massacre de ses frères, égorgés par Abimélech, appelle sur celui-ci, sur les habitantsde Sichem et du bourg de Mello, qui n’ont paseu honte de l’élire roi, un feu vengeur, ou plutôt lesfureurs d’une guerre réciproque qui les dévore tous.Dans les deux passages, l’hébreu a simplement BelMillô’, «maison de Mello,» en sorte que l’on ne saits’il s’agit d’un clan ou d’une ville. Comme Mello désigneailleurs, II Reg., v, 9; III Reg., ix, 15, etc. (voirMello 2), une forteresse ou une défense de la Jérusalemprimitive, on a supposé que Bêt Millô’pouvait êtrelîi citadelle ou un des forts avancés de Sichem (aujourd’huiNaplouse). Quelques-uns même l’identifient avec «la tour de Sichem» dont il est question Jud., ix, 46.V. Guérin, Samarie, t. i, p. 465, pense qu’on pourraitvoir l’emplacement de Beth Mello dans un site ruiné, appelé Khirbet ed Dûârah, qui devait autrefois toucher

presque à l’antique Sichem.

A. Legendre.

2. MELLO (hébreu: ham-Millô’, toujours avec l’article; Septante: r Sxpa, II Reg., v, 9; III Reg., xi, 27; ty)v MeXù xii tt)v axpav, III Reg., IX, 15; t^v Me>w,

III Reg., ix, 24; tô âvdcXt)Hu.a, H Par., xxxii, 5; omis

I Par., xi, 8), construction qui servait de défense à l’anciennecité jébuséenne, devenue cité de David et situéeau sud-est de Jérusalem, sur la colline d’Ophel.

II Reg., v, 9. Voir Jérusalem, Topographie ancienne, t. iii, col. 1350. Quelle était la véritable nature de cequ’on appelle régulièrement dans l’Écriture «le Mello»?On ne sait. Si, avec la plupart des auteurs, l’on rapprochele nom de la racine mdlà’, «remplir, être plein,» ilsignifierait «le plein». Cf. Gesenius, Thésaurus, t. i,

p. 787, 789. De là on a conclu à une sorte de remparl, vallum, agger, ou de «terre-plein», à une place qui peutère «remplie» de monde, à une tranchée ou à un fossé «plein» d’eau. Il convient de ne pas trop appuyersur de semblables étymologies. Nous avons peut-être làun terme archaïque, un vieux mot jébuséen, dont làsignification précise nous est inconnue. Les Septanteeux-mêmes ont été embarrassés pour le rendre; ils yont vu tantôt une «citadelle», âxpa, II Reg., v, 9; III Reg., xi, 27, tantôt une «élévation» ou rempart «élevé», âvai^iina, II Par., xxxii, 5, tantôt un nompropre de lieu, MsXii, III Reg., ix, 15, 24. Les Targumsle traduisent par millêçâ’, mot par lequel ils représententailleurs l’hébreu sôlelâh, qui désignait une terrasseélevée contre les murailles d’une ville assiégée. Lesdifférents passages de l’Écriture où il est cité nous permettentde regarder le Mello comme un ouvrage de défense, qui primitivement protégeait la ville des Jébuséens, et que David, Salomon et Ézéchias restaurèrent ou fortifièrenttour à tour. II Reg., v, 9; III Reg., ix, 15, 24; xi, 27; I Par, , xi, 8; II Par., xxxii, 5. Il devait être undes points importants de Jérusalem, à en juger d’aprèsles frais ou les corvées que sa restauration occasionnasous Salomon, III Reg., ix, 15, et le soin que prit Ézéchiasde le garantir contre l’attaque des Assyriens.II Par., xxxii, 5. Il semble qu’on peut le placer aunord-ouest de la colline d’Ophel, du côté de la vallée duTyropœon. Voir la carte de Jérusalem ancienne, t, iii, fig. 249. On croit aussi que c’est la tour ou citadelle, appelée Bê( Millô’, où fut assassiné Joas. IV Reg., xii, 20. — Cf. C. Schick, Die Baugeschichle der Stadt Jérusalem, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. xvii, 1894, p. 6; G. St. Clair, Mille, House ofMillo and Silla, dans lePalestine ExplorationFund, Quarterly Statement, Londres, 1891, p. 187.

A. Legendre.

3. MELLO (MAISON DE) (hébreu: Bè{ Millô’, Septante: olxoç MocaXti), endroit où Joas fut frappé parles conspirateurs. IV Reg., xii, 20. On est porté à croireque Mello désigne ici l’ouvrage de défense dont il estquestion II Reg., v, 9; III Reg., ix, 15, 24. Voir Mello 2.L’Écriture ajoute que c< la maison de Mello était à ladescente de Sella». Voir Sella.

    1. MELLOTHI##

MELLOTHI (hébreu: Mallôfi, «ma plénitude;» Septante: MaXXifl! ’; Alexandrinus; MeaXuOi, MeM^ef), lévite, le douzième des quatorze fils d’Héman, chef dechœur du temps de David. Mellolhi fut mis à la tête dela dix-neuvième division des musiciens du sanctuaire, comprenant, avec ses fils et ses frères, douze exécutants.

I Par., xxv, 4, 26.

    1. MELLUCH##

MELLUCH (hébreu; Mallûk, «conseiller [?]» ), nom, dans la Vulgate, de trois Israélites. Ce nom propre hébreua été écrit ailleurs par saint Jérôme Maloch. Voir Maloch.

1. MELLUCH (Septante: MaXoûx)> îu n des fils de Bani» qui avait épousé une femme étrangère et qui fut obligéde la répudier du temps d’Esdras. I Esd., x, 29.

2. MELLUCH (Septante: MaXov-/), prêtre qui signal’alliance contractée avec Dieu du temps de Néhémie.

II Esd., x, 4. Il est possible qu’il soit le même prêtrede ce nom qui était revenu avec Zorobabel de la captivitéde Babylone. II Esd., xii, 2. Dans les deux passagesil est nommé avec Hattus. Voir Hattus 3, t. iii, col. 449.S’il en est ainsi, ces deux prêtres auraient atteint unegrande vieillesse. Divers commentateurs croient aussique Melluch est le Milicho de II Esd., xii, 14, dont lenom aurait été défiguré. ïl est nommé comme chef de lafamille sacerdotale qui, sous le pontificat de Joacim, était représentée par Jonathan. Voir Jonathan 11, t. iii, col. 1615.

3. MELLUCH (Septante: Ma>oûx). un des chefsisraélites qui signèrent l’alliance théocralique du tempsde Néhémie. II £sd., x, 27.

MELO (Gaspard de), exégète catholique espagnol, mort vers 1597. Il appartenait à l’ordre des augustinsde la province d’Estramadure. Il était docteur en théologie, et fut professeur d’Écriture Sainte à Valladolid.Ou a de lui: In S. Matthasum, in-f", Vallisoleti, 1584; In S. Lucie Evangelium commentaria, in-f c, ibid., 1597; In Apocalypsin commentaria, in-f°, ibid., 1589.Voir D. Nicolas Antonio, Bibliotheca hispana nova, in-P>, Madrid, 1783-1788, t. i, p. 259.

A. Regnieb.

    1. MELON##

MELON (hébreu’âbattihîm, Num., xi, 5; Septante: TtlTtove; ; Vulgate: pepones), fruit rafraîchissant recherchédes Hébreux.

I. Description. — On désigne sous ce nom vulgaireles fruits charnus de diverses Cucurbitacées appartenantà des genres très différents. Le melon proprement ditest produit par le Cuctimis Melo de Linné (fig. 245),

245. — Cucumis Melo. Tige, fleurs et fruit.

plante annuelle à tiges rameuses, ordinairement étaléessur le sol, bien qu’elles soient pourvues de vrilles quipourraient s’attacher à un support. Feuilles pétiolées àlimbe palminerve de contour variablesôuventréniformesarrondies, plissées ou ondulées sur les bords, parfoisnettement découpées en 3 ou 5 lobes. Tous les organesvégétatifs sont rudes, étant recouverts de poils courtssimulant de petit* aiguillons. Les fleurs sont monoïques, c’est-à-dire mâles et femelles distinctes, mais portéessur le même pred: les premières avec 5 étamines triadelphes, les autres avec un ovaire infère à 3 loges multiovulées, toutes avec une corolle jaune à 5 lobes soudéeavec le calice. Le fruit mûr sous une écorce épaisseprésente une chair sucrée succulente et parfumée, avecdes graines nombreuses dans la cavité centrale quirésulte de la résorption des loges et des placentas. Laplante est très variable sous le rapport de la dimensionde ses parties, mais surtout le fruit qui réduit parfoisau volume d’une noix peut atteindre la grosseur d’unecitrouille. Sa forme est ronde, allongée ou aplatie; sasurface peut être lisse ou relevée de rides imitant desbroderies, souvent pourvue de côtes longitudinales séparéespar autant de sillons allant du pédoncule jusqu’àl’œil, large cicatrice laissée par la désarticulation des

enveloppes florales. — Le type primitif du melon, originairede l’Inde, ne s’y retrouve plus, mais il devait peus’écarter de la variété cultivée comme ornement sousle nom de Melon-de-poche, le Cucumis Dudaim à fruitsdéprimés de la taille d’un œuf, assez parfumés mais desaveur fade. Malgré son nom vulgaire de Melond’Egypte, le Cucumis Chate L. a comme le précédentune origine plus orientale. — Les melons d’eau ou pastèquesappartiennent au genre Citrullus et peuvent êtreregardés comme des variétés du Citrullus vulgaris deSchrader (fig. 246), distinct du genre Cucumis par ses

246. — Citrullus vulgaris. Tige, fleurs et fruit.

fleurs mâles solitaires, et ses vrilles rameuses. Le fruitest rond et lisse; la chair de couleur très variable n’estque légèrement sucrée, mais très aqueuse, ce qui la faitrechercher comme rafraîchissante. — Enfin, certainesCucurbitacées ont pu être appelées Melon bien que leursfruits n’aient aucune qualité alimentaire. Ainsi l’Ecballiumsilvestre de Richard, vulgairement nommé Melond’attrape, parce que ses baies se détachent élastiquementde leurs pédoncules à la maturité, lançant au loin unsuc visqueux mêlé aux graines. Ainsi encore le Melondes prophètes, Cucumis prophetarum L., des déserts del’Arabie, dont le fruit est tout hérissé, de la grosseurd’une cerise, avec une chair amère. F. Hy.

II. Exégèse. — Les’âbattihîm sont du nombre desfruits ou légumes que les Israélites sortis d’Egypteregrettaient de ne plus trouver au désert comme dansla terre de Gessen. Num., xi, 5. Ils sont placés aussitôtaprès les qiBu’îm, qui désignent certainement les comcombres(t. ii, col. 890). D’après la traduction desSeptante et de la Vulgate (iréirove; , pepones) les’âbattihîmsont les fruits du Cucumis Melo, les melons ordinaires.C’est du reste le sens du mot arabe de même

racine, >o=o> ba((ikh, biltikh, Ibn El-Beïthar, Traité des

Simples, dans Notices et extraits des manuscrits de laBibliothèque nationale, in-4°, t. xxii, 1877, p. 239.Selon Maimonide dans son commentaire sur Terumoth, vin, 6, cité par 0. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 357, n.abbattichin s’appelle enarabe baftikh et dans notre pays (Espagne) melon.» Unger, Die Pflanzen des alten Aegyptens, in-8, Vienne, 1859, fig. 25, prétend avoir trouvé la représentation dumelon dans une tombe de Saqqarah. Mais Aiph. de Candolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886,

p. 208, ne croit pas prouvée la culture du melon chezles anciens Égyptiens, et ne juge pas certaine l’identificationprétendue. Cependant FI. Pétrie a découvertdans les tombes gréco-romaines de Haouara ou Fayoumquelques spécimens du Cucumis Melo. Et sur les tablesd’offrandes de la Ve dynastie, il paraît être plusieurs foisreprésenté (fig. 217). Fr. Wœnig, Die Pflanzen im altenAegypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 201, 205.

Quoi qu’il en soit du melon ordinaire, celui qui étaitsurtout connu en Egypte était le melon d’eau, Citrullusvulgaris. C’est lui surtout qui paraît devoir être comprissous le terme hébreu’âbattihim connu sous lenom arabe biftihh, d’où vient notre mot pastèque. Dansles tombes égyptiennes ont été fréquemment trouvées desgraines et des feuilles du Citrullus vulgaris; on en voitaussi sur des tables d’offrande delà Ve dynastie (fig. 247).

    1. MELQART##

MELQART, le dieu principal de Tyr. Voir Hercule, t. iii, col. 602.

    1. MELTIAS##

MELTIAS (hébreu: Melatyâh, «Yâh est libérateur;» Septante: MaXrt’aç), Gabaonite qui vivait du temps deNéhémie. Il travailla, avec Jadon de Méronath (t. iii, col. 1104) et les gens de Gabaon et de [Maspha, à la restaurationde la partie septentrionale des murs dé Jérusalem.II Esd., iii, 7. Meltias était probablement le chefdes Gabaonites qui travaillaient avec lui, comme Jadonl’était peut-être des hommes de Maspha. Le texte ajouteun membre de phrase qui est ainsi traduit par la Vulgate: «Ils bâtirent… pour le chef qui était dans la contréeau delà du fleuve.» Les Septante traduisent: «…jusqu’au trône du chef d’au delà du fleuve.» Letexte hébreu est fort obscur et diversem*nt interprété par

247. — Melons et pastèques sûr les tables d’offrandes.D’après Lepsius, Denkm&ler, Abtb. ii, Bl. 64, 68, 70.

Le nom égyptien J „ " Lî "B| i i, beduqqa, bouttouka, est la forme antique du copte ftevyKe, fte-rrjçe, betuke, belikhe, apparenté au bitfikh arabe, et paraît êtrela pastèque. La version copte rend le hItiwv des Septante, Num., xi, 5, par nevenenwn, pelepepôn.. Or cemot se retrouve dans les Scalx, dit V. Loret, La florepharaonique, 2e édit., Paris, 1892, p. 73, sous les deuxformes nevnenEKiigoTq, pelpepen-n-houf, pastèquejaune, et nevneneitu.Ju.i<.oii, pelpepen-m-milon, pastèque verte. Les pastèques sont excellentes en Egypteet y sont meilleures que les melons.

La Bible ne nous parle pas des melons ou pastèquesde Palestine: ils devaient y être cultivés. Aujourd’hui laplaine de Saron et la Sephéla sont riches en ce genrede culture. Des jardins qui environnent Jaffa on exporteannuellement d’énormes quantités de melons, surtout depastèques. J. Wimmer, Palâstina’s Boden mit seinerPflanzen (Gôrres-Geseïlschaft, 1902, n), in-8°, Cologne, 1902, p. 58. — Voir 0. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 356-382; Abd-Allatif, Relationde l’Egypte, trad. Silvestre de Sacy, in-4°, Paris, 1810, p. 34-35, 125-128; H. B. Tristram, The Natural Hisloryof the Bible, 8e édit., in-8°, Londres, 1889, p. 468.

E. Levesque.

    1. MÉLOTHI##

MÉLOTHI, ville d’Asie Mineure nommée seulementdans la Vulgate. Judith, ii, 13. C’est probablement laville de Cappadoce appelée Mélitène (MeXinivi, ). Elle étaitla capitale du district du même nom et située dans lapartie la plus orientale de la Cappadoce. Pline, H. N., yi, 3, en attribue la fondation à Sémiramis, reine d’Assyrie, ce qui nous reporte peut-être au règne d’Assurbanipal.Voir t. i, col. 1144. Cette ville était située sur un petitaffluent de l’Euphrate, dans une région très salubre. Sesruines portent aujourd’hui le nom de Malatia. La Vulgatedit que c’était une ville célèbre, opinatissima. Elle le futsurtout pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne.Le texte grec ne la nomme pas. Comme elle était peuéloignée de l’Euphrate, Holoferne a pu s’emparer de cetteville dans sa première campagne. Voir Cal met, Commentairelittéral, Judith, 1722, p. 382.

les commentateurs modernes: les uns l’entendent en cesens que les Gabaonites et les Masphites qui travaillaienten cet endroit dépendaient du gouverneur d’au delà dufleuve, et ils expliquent ainsi comment les gens de Masphafigurent en plusieurs endroits, Il Esd., iii, 7, 15, 19, parmi les constructeurs des murailles; d’autres pensentque c’est une indication locale; Meltias et Jadon bâtirentvers l’endroit où était le trône, c’est-à-dire le siège oubien la résidence du gouverneur d’en deçà du fleuve, quand il se rendait à Jérusalem. La concision et le vaguedu texte laisse le champ ouvert à toute sorte de conjectures.

MEM, e, et o à la fin des mots, treizième lettre del’alphabet hébreu. Son nom signifie probablement «eau», comme le mot hébreu o>d, maïm = d>d. Dansl’ancienne écriture phénicienne, cette lettre paraîtreprésenter l’eau courante vv».La lettre grecque y. d’où

vient la nôtre, qui lui est à peu près semblable, M, iii, n’est que la forme phénicienne retournée. Les anciensGrecs, en se servant de l’écriture dite boustrophédon qui, comme le bœuf, lorsqu’il laboure, allait alternativementde droite à gauche et, en retournant les lettres, degauche à droite, changèrent finalement la direction del’écriture et marchèrent toujours de gauche a droite, tandis que les Phéniciens et les Hébreux marchaient invariablementde droite à gauche.

    1. MEMBRES##

MEMBRES (hébreu: yeçurim, baddîm; chaldéen: haddâm; Septante: (liXoç, (j.éXr); Vulgate: membrum, membra), appendices longs et articulés, disposés parpaires, de chaque côté du corps, pour l’exécution desprincipaux mouvements. Voir Bras, 1. 1, col. 1909; Jambe, t. iii, col. 1113; Main, col. 580; Pied.

1° Au sens propre. — Job, xvii, 7; xviii, 13, constateque, par l’effet de sa terrible maladie, ses membres sontdevenus comme une ombre, et dévorés par le premiernéde la mort: , c’est-à-dire par le mal précurseur de lamort. — La mère des Machabées ne sait comment lesmembres de son enfant se sont formés dans son sein.

II Mach., vii, 22. — On met en pièces les membres deceux qu’on veut châtier ou martyriser. Dan., ii, 5;

II Mach., i, 16; vii, 7. — Antiochus Éphiphane se fracassales membres en tombant de son char. II Mach., ix, 7. — Saint Jacques, iii, 5, 6, appelle la langue unpetit membre puissant par ses effets. — Les versionsdonnent quelquefois le nom de membres aux morceauxdes victimes offertes en sacrifice. Lev, , i, 8, 12; ix, 13;

III Reg., xviii, 33.

2° Au sens figuré. — Notre-Seigneur dit qae la perted’un membre est préférable à celle de tout le corps, Matth., v, 29, 30, c’est-à-dire qu’il vaut mieux consentir

contribuant au bien de l’ensemble. Tout bien spiritueldoit donc profiter à tous les membres, quel que soit celuid’entre eux qui l’opère. I Cor., xii, 12-30. Chacun desmembres, faisant partie d’un corps bien ordonné et solidementassemblé, tire profit de ce qui édifie l’ensemble; dans l’Église, «nous sommes membres les uns des

autres.» Eph., iv, 16, 25.

H. Lesêtre.

    1. MEMMIUS##

MEMMIUS (grec: Mlfiaioç) Quintus, un des deuxlégats romains qui écrivirent aux Juifs pour confirmerles privilèges accordés à ce peuple par Lysias. II Mach., xi, ’34. Ce personnage est par ailleurs absolument in, J*wtftj>i’t'/y an.

248. — Memphis et ses environs. D’après la Description de l’Egypte, Paris, 1825, t. V.

un sacrifice, même très pénible, plutôt que de compromettrele salut de son âme. — Il faut que les membresqui ont servi à l’iniquité servent désormais à la gloirede Dieu. Rom., vi, 13, 19; vii, 5, 23; Jacob., iv, 1. —Les membres du chrétien sont les membres du Christ, 1 Cor., vi, 15; Eph., v, 30, et les temples du Saint-Esprit, I Cor., vi, 19, par l’effet de la grâce et de l’union intimede l’âme régénérée avec Dieu. C’est pourquoi il faut mortifierses membres, Col., iii, 5, c’est-à-dire faire mouriren soi tout ce qui est opposé à la volonté de Dieu. —Saint Paul développe la comparaison entre les membresdu corps humain et les fidèles, qui font partie du corpsmystique de l’Église. De même qu’il y a plusieurs membresdans un seul corps, chacun avec sa fonction spéciale, ainsi les fidèles sont les membres d’un même corps enJésus-Christ, chacun avec son aptitude particulière, prophétie, ministère, enseignement, etc. Rom., xii, 4-7.Les fidèles sont le corps du Christ et chacun d’eux estun membre, avec ses fonctions particulières, plus oumoins honorables, mais toutes nécessaires au corps et

connu. Voir Manilius. La gens Memmia était unefamille plébéienne qui n’apparaît pas dans l’histoire romaineavant l’an 173 avant J.-C. Depuis lors elle occupesouvent le tribunat de la plèbe. Un Titus Memmius futlégat du Sénat en Achaïe et en Macédoine en 170. TiteLive, xuii, 5. Aucun des membres de la famille quinous sont connus n’a porté le prénom de Quintus. Onpeut en voir la liste dans W. Smith, Dictionary ofGreek and Roman biography, 1854, t. ii, p. 1026-1027; V. De-Vit, Totius Lalinitatis Onomasticon, t. iv, 1887, p. 453. E. Beuruer.

    1. MEMPHIS##

MEMPHIS (hébreu: Môf, Ose., ix, 6; Nôf, Is., xix, 13; Jer., ii, 16; xliv, 1, slvj, 14, 19; Ezech., xxx, 13, 16; Septante: Mépqptc; Vulgate: Memphis), anciennecapitale de l’Egypte (fig. 248).

I. Noms. — Memphis était appelée en égyptien

U

©, Men-noftr, «là bonne place, la bonnestation,» d’où est dérivé le nom européen. Men-nofir

était, à l’origine, le nom de la pyramide du pharaonPépi I (Vie dynastie) et du quartier qui se forma dansle voisinage de la pyramide autour de la résidence dumême souverain; de là le déterminatif de la pyramidedans le terme égyptien; plus tard le nom s’étendit àtoute la ville. Memphis est appelée en copte, Axenqi, Aïeule, jULejuiie, ejutenA; en assyrien, Minpi,

Me-im-pi; en arabe, <_sl^ « «. Tous ces noms, commele nom hébreu et grec, dérivent de l’égyptien niennofirpar la chute de r. final. — Dans les inscriptionségyptiennes, Memphis est encore désignée sous plusieursappellations symboliques dont quelques-unes

249. — Monnaies égyptiennes de l’époque romaine.Les revers reproduits ici portent tous le nom de MEM#IE. —1, 2, 3. Isis dans différentes attitudes. — Sur le plomb 4, ledieu Phtah. — 5. Le bœuf Apis.

indiquent proprement des quartiers de la ville; voiciles principales, d’après le Dictionnaire géographique

de l’Ancienne Egypte, de Brugsch: y i W, Aneb, oua nîln ©’Aneb-u, «la ville de la muraille, la ville des murailles.» «C’est un des noms qui nesont pas rares dans les textes et qui servent à désignerla ville de Memphis, renommée par la grandeuret la solidité de ses fortifications.» — Lt I O?Aneb-hadj, «le Mur blanc,» nom donné à la villede Memphis comme métropole du premier nome dela Basse-Egypte. Ce nom signifie proprement le quartierde Memphis contenant la citadelle. Les garnisons, même étrangères, y résidaient. Au temps d’Hérodote, m, 91, les Persans se trouvaient év t# Aeuxû

Tùyzïià èv Méjiç’.. — Ld CI - S i ©> Ha-ka-Ptah, «la demeure de la personne de Ptah,» expression quidésigna d’abord le temple de. Ptah, puis la ville entièreet qui, d’après certains auteurs, devint dans la bouche

des Grecs "AtYumo; , Egypte. — | J rj^ «ij, Ha-Ptah,

ou C*3 8 "1, Pi-Ptah, «la demeure de Phtah,» nom

i - î I 4£^* I

sacré de Memphis. — ^ % ©î Kha-nofer, «la bonne

couronne.» — ^|; ttt. ©) Khu-to-ui, «l’illuminationdes deux pays,» c’est-à-dire de la Haute et de la BasseEgypte.

"ni

, Ha-ka-knum~nuteru, * la maison de culte des architectes divins, j — t£ J ^^. ijl

7^r. © } Ma-kha-to-ui, <s la balance des deux pays,» c’est-à-dire le point de partage de la Haute et de laBasse-Egypte. — is. On trouve dans une des médaillesfrappées pour le nome de Memphis le mot lui-même deNo|ioç, circonstance qui la distingue de celle des autrespréfectures. Au pied de la figure qui est au revers, onvoit le bœuf Apis, . symbole du culte de cette ville; et autouron lit Nojj.o{ MevçiTïiç. On remarquera ici le vau lieu du p.. L’ancien nom y est mieux conservé quedans le mot Ms|iç(< adopté par les Grecs, et on l’y retrouvecomme dans d’autres noms qui subsistent encoreen Egypte, tels que Menouf, Menfalout, etc.» Descriptionde l’Egypte, t. iv, p. 425. Le musée gréco-romaind’Alexandrie contient quatre médailles et trois jetons dunome de Memphis. La riche collection de M. Dattari duCaire’compte de ce même nome treize médailles etonze plombs. Voir Monete imperiali greche. NuniiAlexandrini, Le Caire, 1900, p. 412-426. Nous devonsà l’obligeance de M. Dattari de pouvoir reproduire quelques-unsde ces beaux échantillons (fig. 2£9).

II. Emplacement. — Les savants de l’Expéditionfrançaise eurent de la peine à découvrir la vraie placede Memphis; Guillaume de Tyr réfutait déjà une erreursouvent reproduite depuis, qui consistait à identifier Memphisavec le Vieux Caire, Babylone d’Egypte: «Nequedent, aucunes genz disent que celé Babyloine fu la trèsnomée citez d’Egypte qui ot non Memphis, et était chiésde toute la terre entor; mes ne semble mie que ce soitvoirs. Car outre le flun du Nil qui cort delez ceste Babyloinedont je vous parole, loin d’iluec bien à’Xmilesaperent les ruines et les murailles d’une trop ancienecité qui bien démonstrent que ce fu trop grand chose.Li vilain gaagneeur du pais disent que ce fu Memphis.» Guillaume de Tyr, édit. Paulin Paris, 1880, t.’n, p. 273. «Li vilain gaagneeur» avaient raison. L’étatactuel des fouilles ne permet pas encore de délimiterd’une façon précise l’enceinte de cette immense ville, mais il est sûr que Memphis s’étendait dans la plaineoù l’on trouve aujourd’hui les villages de Bedraschên, deMit-Rahînet, à une vingtaine de kilomètres du Caire, sur la rive occidentale du Nil. Les divers noms donnésà cette ville, indiquant plutôt des quartiers, des agglomérationsautour des temples, laissent supposer quel’enceinte de Memphis était très développée. Voir Descriptionde l’Egypte d’après les Mémoires de Maillet, par l’abbé Le Mascrier, Paris, 1735, p. 261; Brugsch’s Egypt under the Pharaohs, 1881, t. î,

p. 50. Memphis était dans le nome Lj I, Aneb-hadj. —An Atlas ofancient Egypt, Exploration Fund. Dans leschamps où fut Memphis, on exhume parfois des colosses(fig. 250), qui attestent son ancienne splendeur, maisde ses monuments, il ne reste rien, si ce n’est les tombeauxvoisins de Saqqarah où ont été ensevelis ses ancienshabitants, et sur son site croissent aujourd’hui denombreux palmiers (fig. 251), «vert linceul étendu surles décombres limoneux qui furent Memphis,» E.-M. deVogué, Le maître de la mer, 1903, p. 297. Seuls, lestombeaux des vieux Égyptiens, qui les appelaient «desdemeures éternelles», subsistent encore auprès, «là(où) commence avec le désert l’empire de la mort…Dans la jaune nudité de l’horizon, les dunes sépulcrales, perforées d’excavations, moutonnent indéfiniment autourdes pyramides à degrés: ces pyramides de Saqqarah, aïeules de leurs énormes plagiaires de Gizé… Lepeuple de Memphis venait reposer sur ce plateau, sousla garde de ses princes.» Ibid., p. 298.

III. Histoire. — Mena, originaire de Thini, passepour le fondateur de Memphis. On connaît le récit d’Hérodote, il, 99, et celuf de Diodore de Sicile, i, 50, 51, 67. Linant pacha aurait retrouvé la digue élevée parMena pour détourner le cours du Nil; ce serait Ja

grande digue de Cocheiche utilisée encore de nos jours.Memphis a servi de capitale à plusieurs dynasties desouverains (III «, IV», VI «, Vils VIII», XXIV «). C’est, aprèsThèbes, dit M. Brugsch, la ville «sur laquelle les monumentsépigraphiques et les papyrus ont le plus à nousapprendre». Malgré ce langage des pierres et des papyrus, l’histoire de Memphis reste enveloppée de ténèbres; espérons que les fouilles pratiquées sur ses ruines, queles richesses trouvées chaque année plus nombreusesdans sa nécropole, apporteront quelque lumière; le momentd’écrire son histoire n’est pas encore venu. Onn’a que de vagues renseignements sur sa ruine si combeaux.» N’y a-t-il pas là une allusion évidente à la vastenécropole de Memphis, aussi et peut-être plus admirableencore que la ville elle-même? Jérémie, ii, 16, déclareaux Juifs qui comptent sur le secours de l’Egypte, queles enfants de Memphis leur briseront la tête, et xliv, 1, que la vengeance divine poursuivra ceux d’entre eux quise réfugieront à Memphis. — 2° Lesautrestextesannoncentla ruine et la destruction de Memphis: «Les princes deMemphis se trompent, les chefs des tribus égarentl’Egypte,» dit Isaïe, xix, 13 (d’après l’hébreu), dansson oracle contre l’Egypte. Jérémie, Xlvi, 14, annonceaux habitants de Memphis l’invasion de l’armée de

250. — Statue colossale de Ramsès II, découverte dans lea champs do Memphis. D’après uns photographie.

plète; les désastres qu’éprouva Memphis de la part dedivers conquérants ne semblent pas tout expliquer. Larevue Le Nil a émis sur sa destruction une opinionsingulière, l’idée d’un cataclysme: «De terribles inondationsauraient enseveli sous d’énormes masses delimon les grandes villes de Thèbes et de Memphis.» De La Motte, Le Nil, 1880, p. 19 et 25 (note de M. Revillout). — Voir sur les ruines de Memphis. Abd-Allatif, Relation de l’Egypte, trad. S. de Sacy, in-4°, Paris, 1810, p. 184-194; Mgypti historiée compendium, Clarendon Press, 1789, p. 119 et append. sans pagination.Sainte Iraîde était de Memphis. Koti Iep<x’80{ ex AoïetoçMé|xçs» ç. Synax. Ecoles, Const., Acta 11. Propyl., nov., 1902, p. 112.

IV. Memphis dans l’Écriture. — Les textes bibliquessur Memphis peuvent être répartis en deux classes: lesuns ne citent cette ville qu’incidemment, en parlantdes Hébreux en Egypte; îes autres contiennent les prophétiescontre la célèbre métropole. — 1° Parmi les premiers, le plus remarquable est le passage d’Osée, rx, 6: «(Les Israélites) sont partis à cause de la dévastation; l’Egypte les recueillera, Memphis leur donnera des tomNabuchodonpsor en Egypte, et, ꝟ. 19, que leur villedeviendra un désert. Ezéchiel leur annonce aussi laruine: «Ainsi parla Adonaï Jéhovah: je détruirailes idoles et j’enlèverai de Memphis ces vains (simulacres); il n’y aura plus de princes de la terre d’Egypte.» Ezech., xxx, 13 (d’après l’hébreu).

L’histoire de Memphis montre suffisamment avec quelleeffrayante exactitude se sont accomplies toutes ces malédictions.C’est ce qu’un des plus grands égyptologuesdu xix «siècle, Mariette, a fort bien constaté dans sonVoyage en Haute-Egypte, 1878, t. i, p. 31: «Il n’ya pas de ville dont les destinées aient été aussi lamentablesque celle de Memphis. Elle était autrefois laville par excellence, l’orgueil de l’Egypte; elle étonnaitle monde par le nombre et la magnificence de ses édifices.Elle n’est plus même aujourd’hui une ruine. Ainsis’est vérifiée la parole du prophète: «fille habitante» de l’Egypte, préparez ce qui doit vous servir dans votre» captivité, parce que Memphis sera réduite en un désert;» elle sera abandonnée et elle deviendra inhabitable.» Jer., xlvi, 19.»

V. Bibliographie. — Description de VÉgypte, expéV

dit ion de l’armée française, textes, t. v; planches, t. v; Brugsch, Dictionnaire géographique de l’Egypte, Leipzig, 1879-1880; vicomte J. de Rongé, Géographie anciennede la Basse-Egypte, 1891, p. 1-7; Pierre Diacre, Deloris sanclis, édit. de Naples, 1870, p. 30-31; Annales dumusée égyptien (parurent pour la première fois en1899), Le Caire, t. i, p. 149, 230, 280; t. ii, p. 97, 240, 244, 285; t. iii, p. 1, 169, 182; t. iv, p. 76; Missionarchéol. institut français, t. ii, fasc. ii, par M. Maspero, p. 133; V. De-Vit, Totius latinitalis Onomasticon, t. IV, 1887, p. 458, cite tous les passages des auteurs anciens, grecs et latins, où Memphis est nommée; Abd-AUatif,

    1. MENA’AN’IM##

MENA’AN’IM, de la racine fa, nûa’, «agiter, secouer,» II Reg., vi, 5, désigne un instrument de percussionque l’on faisait résonner en l’agitant. C’était vraisemblablementle sistre. Voir Sistre.

J. Parisot.

    1. MÉNANDRE##

MÉNANDRE (grec: Mévavè’poç), poète comique grec, Dé à Athènes en 342 avant J.-C, mort en 291, noyé, dit-on, en se baignant dans le port du Pirée. Il composaplus de cent comédies dont il ne reste que quelquescourts fragments, publiés entre autres par Dûbner dansla collection des classiques grecs de Didot. Saint Paul, I Cor., xv, 33, cite un vers de Ménandre tiré de la co251. — Ruines du temple de Phtah, à Memphig. D’après une photographie do M. Alb. Eid (avril 1904).

Relation de l’Egypte, traduction Silvestre de Sacy, Paris, 1810, p. 184-194; Vansleb, Nouvelle relation enforme de journal d’un voyage fait en Egypte en 1672et 1673, Paris, 1677; Carte de la nécropole de Memphis, Le Caire, 1897, p. 10; Pierre Martyr d’Anghera, Legatio babylonica, 1577, p. 434; J. de Morgan, Fouillesà Dashour, 2 in4°, 1895-1903. "Voir aussi EGYPTE (HIS-TOIRE), t. ii, col. 1609. F. Larrivaz.

    1. MEMPHITIQUE##

MEMPHITIQUE (VERSION) de la Bible. VoirCoptes (Versions), t. ii, col. 933.

    1. MENIRA##

MENIRA, HiDtp, mot chaldaïque qui signifie «parole, verbe». Il est employé dans les Targums d’Onkelos et deJonathan Ben Uziel, et dans les livres juifs postérieurspour désigner une sorte de médiateur entre Dieu etl’homme, >n >od>d, mêmrd de-Yehôvdh. Voir Logos, col. 327-328. Cf. J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, 1640, col. 125; A. Maier, Commentai- ûber das Evangelien desJohannes, 1843, 1. 1, p.-119-124; E. Schurer, Geschichtedos jûdischen Volkes, 3= édit., t. iii, 1898, p. 557.

médie de Thaïs (Menandri Fragmenta, à la suite del’édition d’Aristophane, édit. Didot, 1862, p. 21): *6stpou<rtv $î8ï) xrô° 6’aji.ik.lat xaxat. Vulgate: Corrumpuntmores bonos colloquia malà. «Les mauvaises compagnies(et non «les conversations», comme a traduit laVulgate) corrompent les bonnes mœurs.» Saint Jérômeavaitnoté cet emprunt de l’Apôtre. Ad Corint/iios, dit-il, comm. in. TH., i, 12, t. xxvi, col. 572, qui et ipsi Atticafacundia expolili, et propter locorum viciniam saporeconditi sunt, de Menandri comeedia versum sumpsitiambicum: Corrumpunt…» Il n’est pas certain, d’ailleurs, que Saint Paul eût tiré directement sa citation deMénandre. La sentence qu’il rapporte était probablementdevenue proverbiale et c’est par là qu’il avait pu la connaître.L’historien Socrate, H. E., iii, 16, t. lxvii, col. 424, .dit à tort que l’Apôtre a emprunté ce vers à Euripide.

— Voir W. Smith, Dictionary of Greek and Roman Bio—graphy, t. ii, 1854, p. 1031-1034; Ch. Benoit, Essai surlacomédiede Ménandre, in-8°, Paris, 1854; Ch. Ditandy, Études sur la comédie de Ménandre, in-8, Paris, 1853; .G. Guizot, Ménandre, in-8°, Paris, 1855.

961

MENASSE BEN ISRAËL — MENDIANT

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    1. MENASSE BEN ISRAËL##

MENASSE BEN ISRAËL, un des plus célèbresthéologiens juifs, né à Lisbonne en 1604, mort à Middelbourgen 1657. Son père, appelé Joseph, était unriche marchand qui alla se fixer à Amsterdam Jorsqueson fils était encore jeune. Menasse eut pour maîtredans cette ville un rabbin renommé, Isaac Uzziel, sous ladirection duquel il fit de tels progrès qu’on le choisitpour chef de la synagogue, à la mort d’Uzziel, quoiqu’iln’eût encore que 18 ans. En 1626, il fonda l’imprimeriehébraïque d’Amsterdam, et en 1628 il y imprimaet publia son nai >; s, ou Figures de Rabba, contenantl’indication de tous les passages du Pentateuque citésdans le midrasch Rabba (et les cinq Megilloth, secondepartie parue en 1678). Sa réputation se répandit danstoute l’Europe lorsque, en 1632, il fit paraître en espagnolle premier volume de son Conciliador 6 de la convenienciade los lugares de las Escripturas, 4 in-4°, Amsterdam, 1632-1651. Le but de cet ouvrage est de concilierentre eux 472 passages du Pentateuque qui semblentse contredire. Il y cite 210 auteurs juifs et 54auteurs grecs, latins, espagnols ou portugais, sacrés ouprofanes. Vossius en a traduit le premier volume enlatin et Linds les quatre en anglais, 2 in-4°, Londres, 1842. La renommée qu’il s’était acquise lui fit entreprendreen 1655, un voyage en Angleterre pour obtenirque les Juifs bannis de ce pays depuis 1290 puss*nt yrevenir. Sa requête fut refusée, mais Cromwell luiaccorda une pension. Il mourut à Middelbourg enretournant en Hollande. Plusieurs de ses écrits sontrestés en manuscrit. Les plus importants de ceux quiont été imprimés, outre les deux déjà mentionnés, sontDe creatione problemata xxx, in-8°, Amsterdam, 1635; De la Résurrection de los muertos, in-12, Amsterdam, 1636 (mis à l’Index le 3 août 1656); o» nn Tra, Determina vitse (en latin), in-8°, Amsterdam, 1639 (plusieurséditions; traduit en anglais par Thomas Poco*cke, Londres, 1699); De la fragilidad humana (sur le péchéoriginel et la chute de l’homme), in-4°, Amsterdam, 1642; mp> p*i, Piedra gloriosa o de la statua de Nebuchadnezar(explication en espagnol du second chapitrede Daniel), in-12, Amsterdam, 1655 (avec quatre gravuresde Rembrandt faites exprès)’; Esperança de Israël, in-8°, Amsterdam, 1650 (traduit en anglais, in-4°, Londres, 1651; en hébreu, Amsterdam, 1698; en hébreuallemand, in-8°, Amsterdam, 1691; en hollandais, in-12, Amsterdam, 1666); n» n hdwj, Le souffle de vie (enhébreu), in-4°, Amsterdam, 1652; nouvelle édit., Leipzig, 1862 (sur l’immortalité de l’âme, avec l’exposition detous les textes scripturaires qui, d’après les Rabbins, serapportent à l’immortalité de l’âme et à la résurrection; le premier chapitre a étéi traduit en allemand parSpringer, in-8°, Breslau, 1714). Une des publications lesplus utiles de Menasse fut celle du texte hébreu dediverses parties de l’Ancien Testament, avec ou sansnotes, du Pentateuque hébreu avec une traduction espagnoleet des notes, de la Bible hébraïque complète, 2 in4°, Amsterdam (trois éditions, 1631, 1635, 1639). —VoirKayserling, dans le Jahrbuch fur die Geschichte derJuden, Leipzig, 1861, t. ii, p. 85 sq.; Carmoly, Mariassesben Israël, une biographie, dans la Revue orientale, Bruxelles, 1842, p. 299-308; J. Fùrst, Bibliothecajudaica, in-8°, Leipzig, 1883, p. 354-358.

    1. MENATSEAKH##

MENATSEAKH (hébreu: menasêah, «chef deschantres» ). Ce mot, participe, de la forme pihel, du verbehébreu nisêah, se lit dans le titre de cinquante-cinqPsaumes et dans Habacuc, iii, 19, précédé de la prépositionS, lé, «à» (ainsi que II Par., ii, 1, 17 [Vulgate, 2, 18], xxxi, v, 13, sans préposition). Dans II Par., Il, 2, 18, la Vulgate a traduit avec raison par prsspositi, «chefs» (Septante, ꝟ. 2, iitiavœtai, «chefs;» ꝟ. 18, èpfoSiwxTai, «chefs des travaux» ). Les divers passagesdu texte hébreu où est employé le pihel, nisêah, montrent


que ce verbe a toujours le sens de «présider». I Par., xxiii, 4; xv, 21; II Par., xxxiv, 12; I Esd., iii, 8, 9.Voir Chef des chantres, t. ii, col. 645. La Vulgate, dansle titre des Psaumes, a traduit lamnaséah par in finem, d’après les Septante qui lisaient sans doute nwb, lanêsah.

    1. MENCEL Jérôme##

MENCEL Jérôme, théologien luthérien, né en Silésie, ministre et superintendant d’Eisleben, mort en 1590, a composé Psalterium Davidis, oder Anslegung allerPsalmen Davids, richtig abgetheilet und nutzlich erklàret, in-f°, Leipzig, 1594. — Voir Walch, Biblioth.theolog., t. iv, p. 494. B. Heubtebize.

    1. MENDELSSOHN Moïse##

MENDELSSOHN Moïse, philosophe et commentateurjuif allemand, né à Dessau, le 6 septembre 1729; mort à Berlin le 4 janvier 1786. Son père, appelé aussiMoïse, était maître d’école et copiste de manuscrits de laBible hébraïque. À l’âge de seize ans, il adopta le nomde Mendelssohn comme nom de famille. À quatorzeans, il avait suivi à Berlin sbn maître, le rabbin Frânkel, qui l’avait initié aux études hébraïques et talmudiques, et il y vécut dans une extrême pauvreté jusqu’à 21 ansoù un riche fabricant de soies de cette ville, Bernhard, le prit dans sa maison, d’abord comme précepteur, puisen 1754 comme comptable. Bernhard étant mort, saveuve prit pour associé Mendelssohn. Il employa àl’étude et bientôt à la composition tout le temps que luilaissaient libre les affaires et il ne tarda pas à acquérirune grande célébrité, s Depuis Moïse (le législateur), disent les Juifs, jusqu’à Moïse (Maimonide) et à Moïse(Mendelssohn), il ne s’est élevé personne comme Moïse.» Il fut l’ami de Lessing qui a fait de lui le héros de sondrame de Nathan le sage, dans lequel sont exposées lesidées du philosophe juif sur la religion. Son idéaln’était pas l’unité de foi, mais la liberté de penser.Tout en observant minutieusem*nt les prescriptionsmosaïques, il prêchait l’indifférence en matière religieuse.La meilleure édition de ses œuvres complètesest celle qui a été publiée par son petit-fils, BenjaminMendelssohn, en 1843-’! 844. Ses écrits les plus importantssont ses écrits philosophiques; nous n’avons à mentionner, ici, que ses travaux exégétiques: un Commentaireen hébreu sur l’Ecclésiaste, Berlin, 1769 et 1781 (traduiten allemand par Rabe, Amspach, 1771; en anglais, parPreston, Londres, 1845); mb^n ma>ru nsD, Séférne(ibôfhas-Salôm, «Le livre des sentiers de la paix,» traductionallemande du Pentateuque par Mendelssohn, avec uncommentaire grammatical et exégétique en hébreu parSalomon Dubno (sur la Genèse), Aaron Jaroslaw, H. Wessely (sur le Lévitique), Herz Homberg (sur le Deutéronome), Berlin, 1780-1783. L’introduction en hébreupar Mendelssohn fut publiée séparément, avant l’achèvementdu commentaire, en décembre 1782; on la trouvetraduite en allemand, dans les Œuvres complètes, t. vii, p. 18 et suiv. Ce Pentateuque eut un grand succès parmiles Juifs allemands. Une traduction allemande desPsaumes et du Cantique des Cantiques, qui fut publiée, in-8°, 1783-1788, est regardée comme classique par sescoreligionnaires. — Voir G. H. de Mirabeau, MosèsMendelssohn, Londres, 1787; M. Kayserling, Moses Mendelssohn, sein Leben und seine Werhe, Leipzig, 1862, 2e édit., 1887; Sainuels, Memoirs of Moses Mendelssohn, 2e édit., Londres, 1827; Adler, Versohnung von Gott, Religion und Menschenthum durch M. Mendelssohn, Berlin, 1871; Axenfeld, Moses Mendelssohn in Verhàltnisszum Christenthum, Erlangen, 1865; J. Fûrst, Bibliothecajudaica, p. 359-367.

M ENDIANT (Vulgate,: mendiais), celui qui demandel’aumône. En hébreu, le mendiant n’est pas distinguépar un nom particulier du pauvre en généralet ce n’est que le contexte qui détermine exactement lespassages où il s’agit de la mendicité proprement dite.

IV. - 31

963

MENDIANT — MÉNÉLAS

Il en est de même dans la Bible grecque.’Voici les endroitsoù l’Écriture fait allusion aux mendiants:

1° Ancien Testament. — 1. Le Psalmiste, dans sesimprécations contre l’ennemi qui l’a trahi, Ps. cvin(cix), 40, s’écrie: «Que ses enfants soient errants et mendiants(littéralement: qu’ils demandent, ii’èlû; Septante: êîrair/iOTta-fcxrav; Vulgate: mendicent; et qu’ils cherchent, darSû, du pain) loin de leurs maisons en ruines!» — LaVulgate parle aussi du «mendiant», mendicus, au ꝟ. 17(hébreu, 16) du même Psaume, mais dans le texte original, il est question du «pauvre», ’ebyôn, sans allusionexpresse à la mendicité. — Il en est de même auPs. xxxix (xl), 18, où l’hébreu a l âm, «misérable» (Septante: 5ttwy_6; ) et le latin: mendicus. — 2. Une sentencedes Proverbes, xx, 4, qui fait penser à la fable dela cigale et la fourmi, est entendue aussi de la mendicitépar la Vulgate et par de nombreux commentateurs. VoirGesenius, Thésaurus, p. 1348. (Les Septante ne traduisentpas l’hébreu d’après le texte massorétique: ,

A cause du froid, le paresseux ne laboure point;

Il mendiera (donc) pendant l’été, mais il ne lui sera rien donné.

Hébreu: yeSû’al, «demander,» comme Ps. cix, 10; Vulgate: mendicabit.) Plusieurs traducteurs modernesattribuent néanmoins à ces paroles du Sage une autresignification qui n’est pas sans vraisemblance; ilsrendent ainsi le second vers: «À la moisson, il cherchera(il voudra récolter quelque chose), mais il n’yaura rien.» — 3. Dans la lettre de Jérémie, que noiisn’avons qu’en grec, le prophète reproche aux prêtres idolàtresdene riendonneraux mendiants (Septante:-kiuijôç,; Vulgate: mendicans), non plus qu’à l’infirme, de la portiondes victimes des sacrifices qui leur est attribuée. —4. Un épisode raconté IV Reg., vii, 3-10, nous montrequatre lépreux qui se tenaient à la porte de Samariependant le siège de la ville par les Syriens, du tempsdu roi d’Israël Joram. Il devaient être là pour demanderl’aumône. — 5. La Vulgate, Deut., xv, 4, porte: «Il n’y aura aucun indigent ni aucun mendiant parmivous.» La mention du mendiant est une addition denotre version latine et elle est en contradiction avec lasuite du texte. Quelques versets plus loin, ꝟ. 11, letexte dit expressément: «Il ne manquera pas de pauvresdans la terre de ton habitation.» Dans le ꝟ. 4, ils’agit de l’année sabbatique et Dieu défend aux Israélitesd’exiger cette année-là de leurs frères des paiements quiles réduiraient à l’indigence. Le passage ꝟ. 2-4 doitse traduire ainsi: «Tu pourras exiger (ta dette) del’étranger; mais pour ce qui t’appartient chez ton frère, ta main le lui remettra, afin qu’il n’y ait pas de pauvre(’ébyôn) chez toi.»

2° Dans le Nouveau Testament. —1. Nous y voyons queles mendiants et les pauvres n’étaient pas rares en Palestineet qu’on en rencontrait un peu partout dans lepays, comme encore de nos jours. — L’aveugle Bartiméemendiait (npoçaiTôv, mendicans) à Jéricho sur la voiepublique. Marc., x, 46; Luc, xviii, 35. L’aveugle-né, guéri par Notre-Seigneur à Jérusalem se tenait à laporte du Temple pour mendier (npoçaixâiv, mendicus, mendicabat). Joa., ix, 8. — Jésus, dans la parabole dumauvais riche, met en scène un mendiant (irtaxôç, mendicus), Lazare, qui était couvert d’ulcères. Luc, xvi, 20, 22. — Les apôtres Pierre et Jean, après la Pentecôte, guérirent un boiteux de-naissance, incapable de marcher, qu’on portait tous les jours à la porte du Templeappelée la Belle (t. i, col. 1568), pour y demander l’aumône.Act., iii, 1-8.

2, C’étaient donc les infirmes et les estropiés qui mendiaienten Palestine, en se plaçant aux endroits, les plusfréquentés. L’Écriture recommandait avec tant d’instancela charité envers les pauvres qu’ils ne devaient pasmanquer d’être secourus par les Juifs fidèles. Mais tousles enfants d’Abraham ne remplissaient pas leur devoir

à ce sujet, comme le montre la parabole du mauvais riche.Luc, xvi, 21. «(Lazare, ) dit la Vulgate, désirait ramasserles miettes qui tombaient de la table du riche, mais personne.ne lui en donnait.» Ce dernier membre de phrasene se lit pas dans le texte grec; toutefois, en retranchantces mots de la parabole, il reste que le mauvais richeétait insensible aux misères de Lazare. — Les Apôtresne négligèrent pas d’exciter les chrétiens à venir en aideaux indigents. Au commencement même de l’Église, lesnéophytes mirent tout en commun, et de la sorte, il n’yeut pas d’indigent (êvSêifjç, egens) parmi eux, Act., iv, 34; mais dès que la communauté naissante se fut augmentée, elle eut des pauvres dans son sein et les Apôtres prirentalors des mesures pour les secourir. Act., vi, 1^5. SaintPaul fit faire des collectes parmi les convertis poursecourir les frères qui étaient dans le besoin: le prêtrede la loi nouvelle devenait ainsi mendiant pour soulagerles pauvres de Jésus-Christ. Gal., ii, 10; Act., xi, 29-30; I Cor., xvi, 1-4; II Cor., viii, 1-6; ix, 1-2; Rom., xv, 2527, 31. Vpir Aumône, t. i, col. 1244; Pauvre.

F. Vigouroux.

    1. MENDOÇ À##

MENDOÇ À (François de), né à Lisbonne en 1573, mortà Lyon le 3 juin 1626. Entré au noviciat de Coïmbre le28 juin 1587, il enseigna la rhétorique et la philosophieà Lisbonne et à Coïmbre, puis l’Écriture Sainte à Évora.De ses leçons d’Écriture Sainte, il n’a été impriméque trois volumes, plusieurs fois réédités depuis. Cetouvrage est intitulé Commentariorum… in liegumlibros tomi tres; e tome i ar parut à Coïmbre en 1621, in-f°; le tome n à Lisbonne, 1624, in-f°; le tome m nefut mis au jour qu’en 1631, après la mort de l’auteur, àLyon, in-f°. P. Bliard.

    1. MÉNÉLAS##

MÉNÉLAS (grec: MevéXoco; ), pontife usurpateur quivivait du temps d’Antiochus IV Épiphane (175-164avant J.-C). Il était frère de Simon le Benjamite, II Mach., iv, 23; cf. iii, 4, et n’était pas, par conséquent, de racesacerdotale. Il n’en aspira pas moins au souverain pontificatet l’acheta à prix d’argent du roi Antiochus.Envoyé auprès de ce prince, pour lui porter le tributdu grand-prêtre Jason (voir JaSON 4, t. iii, col. 1141), il trahit ce pontife et obtint sa charge en offrant au roide Syrie trois cents talents d’argent de plus (vers 170avant J.-C). Jason n’osa point attendre son retour ets’enfuit en Ammonitide. Cependant Ménélas avait promisplus qu’il ne pouvait tenir; il fut hors d’état de payer lasomme qu’il s’était engagé à verser, et que lui réclamaitSostrate, le gouverneur syrien de Jérusalem. L’un etl’autre furent mandés en Syrie. Ménélas chargea sonfrère Lysimaque de tenir sa place en Judée et il partitpour Antioche, emportant des vases sacrés qu’il avaitdérobés au Temple. Antiochus Épiphane était alors absentde sa capitale, et faisait la guerre en Cilicie. Ménélas enprofita pour corrompre Andronique que le roi avait instituégouverneur de la ville, et obtint de cette âmevénale que le prédécesseur de Jason, Onias III, le grandprêtrelégitime, injustement déposé, fût traîtreusem*ntmis à mort. Voir Andronique 1, 1. 1, col. 565, et Onias III.Ce crime excita une telle horreur, qu’Andronique futcondamné par le roi à son retour et exécuté (170 avantJ.-C). Pendant ce temps, Lysimaque commettait à Jérusalemde tels excès, qu’il fut tué par le peuple révolté.Voir Lysimaque 2, col. 460; II Mach., iv, 23-42. Ménélasfaillit être à ce moment victime de ses crimes et de ceuxde son frère. Trois députés furent envoyés auprès du roide Syrie, qui se trouvait alors à Tyr, pour exposer lesgriefs du peuple. L’indigne grand-prêtre ne pouvait sejustifier: il eut recours à sa ressource ordinaire, lacorruption: il gagna à prix d’argent un courtisan influent, Ptolémée, fils de Dorymène, et il réussit ainsi à échapperau châtiment qu’il avait mérité et à faire mettre à mortses accusateurs. II Mach., iv, 43-50. Quelque tempsaprès, il rentrait triomphant à Jérusalem où il conti965

MÉNÉLAS — MÉNEPHTAH I er

966

nuait ses cruautés et ses pillages. Sur ces entrefaites, Antiochus IV entreprit une seconde campagne en Egypte(170 avant J.-C.) et le bruit de sa mort Se répandit faussem*nten Judée. Jason, qui ne pardonnait pas à Ménélasde l’avoir supplanté, profita de cette circonstancepour l’attaquer brusquement à Jérusalem et l’obligea àse réfugier dans la citadelle. Mais Jason ne sut pas se concilierl’esprit des habitants et Antiochus arriva bientôtaprès pour le punir de sa révolte. Sa vengeance fut terrible: en trois jours, il extermina 80000 hommes et en réduisit40 000 en esclavage; et, ce qui mit le comble à l’horreurdes Juifs, à l’instigation même de Ménélas, «ce traîtreaux lois et à la patrie,» il profana le Temple et le pilla.II Mach., v, 1-7, 11-20; I Mach., i, 21-25.

Ménélas devint ainsi plus puissant que jamais. D’aprèsla Vulgate, "le roi de Syrie lui aurait donné, à lui et àAndronique, le gouvernement de Garizim, mais cettetraduction paraît peu exacte, et le texte grec, quoiqueobscur, ne dit point cela, mais porte: «(Antiochus) laissadans Jérusalem, Philippe… Andronique à Garizim, et, outre ces deux, Ménélas, qui, plus méchant que lesautres, s’élevait insolemment au-dessus de ses concitoyens.» II Mach., v, 23. Le texte sacré ne parle plus delui avant l’avènement d’Antiochus Eupator. Les victoiresde Judas Machabée et la reprise de la ville de Jérusalempar les Juifs fidèles eurent pour conséquence nécessairel’éloignement de Ménélas. On ignore qui remplit à cetteépoque les fonctions du souverain pontificat. LorsqueAntiochus V Eupator succéda à son père sur le trône deSyrie (164 avant J.-C), Ménélas jugea l’occasion propicepour recommencer ses intrigues. Une lettre du roi auxJuifs, II Mach., xi, 29, nous apprend qu’un Ménélas, quiétait probablement te grand-prêtre usurpateur, lui avaitdemandé que les Juifs captifs en Syrie fussent autorisésà rentrer dans leur patrie (d’après la Vulgate, ce qu’ilsdésiraient, c’était de pouvoir fréquenter librement lesJuifs qui habitaient en dehors de la Palestine). Antiochusavait accueilli favorablement la requête et envoyé Ménélasen Judée. II Mach., xi, 32. Mais ce succès devait êtrele dernier de cet ambitieux. Il ne pouvait se consolerd’avoir perdu le souverain pontificat et il voulait lerecouvrer à tout prix. Quand Eupator et Lysias sontuteur rassemblèrent une forte armée contre les Juifs, il jugea l’occasion favorabte et alla prendre place dansles rangs des ennemis de sa patrie. C’était là que l’attendaitla justice divine pour lui faire expier ses crimes.Lysias, loin de l’accueillir avec faveur, l’accusa d’êtrela cause de tous les maux et il fut condamné à périrdans une tour remplie de cendres. II Mach., xiii, 1-7.Le texte grec dit que cet événement eut lieu à Bérée, IIMach., xiii, 4, ville située entre Hiérapolis et Antioche, aujourd’hui Alep, Voir Bérée 2, t. i, col. 1606-1607. Letexte sacré semble indiquer que cette exécution eut lieuau commencement de la campagne d’Antiochus V. D’aprèsJpsèphe, Ant. jud.. XII, IX, 7, elle fut postérieure à laconclusion de la paix. Il est possible que l’auteur desMachabées ait raconté le supplice du traître par anticipation, car son châtiment s’explique plus aisément aprèsqu’avant la défaite de l’armée syrienne. Josèphe luidonne le nom juif d’Onias, avec le nom grec de Ménélas.Ant. jud., XII, v, 1. Cf. Bell, jud., i, i, 1>.

F. VlGOUROUX.

MÉNEPHTAH

a.

(M

pharaon de la XIXe dynastie égyptienne, jils et successeur de Ramsès II, et selon touteprobabilité le pharaon de l’Exode (fig. 252). Son nomsignifie «aimé de Phtah s.

I. Histoire. — Baïenra-Meriamon, Menephtah-hotephima, d’après ses deux cartouches, fut d’abord associéau pouvoir sur la fin du long règne de Ramsès II, puisil régna seul pendant quelques années, et enfin il associa

à son trône son fils Séti II; on assigne généralement àson règne une durée de dix-huit années. Son tombeause trouve à Thèbes, dans la vallée de Biban el-Molouk.Il y a eu de vives controverses entre égyptologues snrl’importance des œuvres de ce roi. Il ne semble pasqu’on se trompe beaucoup en concluant avec M. Chabasque «les pharaons qui nous ont laissé des monumentsplus importants et plus multipliés que Ménephtah sonten bien petit nombre». Son activité s’exerça surtout dansla Basse-Egypte; à Tanis il fit construire de grands monuments, et souvent il unit ses cartouches à ceux de sonpère Ramsès II sur des sphinx et sur des statues colos252. — Ménephtah. Musée du Caire.

D’après une photographie.

sales. E. de Rougé, Notice des monuments du Muséeégyptien du Louvre, 1883, p. 5, 23.

L’Écriture ne nomme point Ce pharaon, mais il y a lieu.de croire que son père Ramsès II fut l’oppresseur desHébreux (voir Ramsès II) et par conséquent que c’est Ménephtahqui régnait sur l’Egypte lorsque Moïse reçut deDieu la mission de délivrer son peuple de la servitude.Il n’obtint cette délivrance que grâce aux miracles desplaies d’Egypte. Voir Moïse. Un des monuments de Ménephtahsemble contenir une allusion aux grands événementsde l’exode. À Karnak il avait fait graver sur unemuraille le récit de son triomphe sur les Libyens; cettevictoire fut pour lui d’autant plus glorieuse que des nationseuropéennes assistaient les Libyens, et que c’est lapremière fois, que nous voyons ces nations en contacthostile avec les Égyptiens. Un autre monument, découverten 1895 par M. Pétrie, raconte la même guerre, mais il contient de plus un passage où les Israélitessont nommés. C’est ine stèle en granit gris de Syène(fig. 253), haute de 3 m 12centim., large de WS et épaissede m 33. Elle a été trouvée à Thèbes dans les ruines duMemnonium de Ménephtah; elle est actuellement auMusée du Caire (Portique du Nord). Une de ses facesporte une inscription en l’honneur d’Amenhotep III, qui. l’avait fait ériger deux siècles avant Ménephtah; 967

MENEPHTAH I"

MENI

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celui-ci s’en empara et fit graver sur l’autre face, dans une longue inscription, le récit de sa campagnede l’an v contre les Libyens. Le dernier paragrapheest le plus important. Voici ce qu’on y lit: «Maintenantque les Libyens ont été battus, le pays de Khitaest pacifique, le Canaan est pris avec tout ce qu’il y ade mauvais en lui, les gens d’Ascalon sont amenéscaptifs, ceux de Guézer sont saisis, ceux d’Iounàmann’existent plus, le peuple d’Israël est rasé et il n’y a plusde sa graine, la Syrie est devenue comme les veuves del’Egypte, tous les peuples réunis sont en paix.» Jusqu’iciaucun autre monument égyptien n’a fait allusion à cesdernières victoires de Ménephtah; M. W. Groff dit que «ces lignes semblent avoir été ajoutées», Bulletin del’Institut égyptien, 1896, p. 59, parce que les caractèressont moins profondément gravés. Il paraîtdifficile d’admettre qu’on ait voulu glorifier ce pharaonaprès sa mort, en ajoutant de nouveaux traits à ses exploits; ce n’était pas l’usage dans la vallée du Nil. Quoiqu’il en soit, cette stèle est le premier et l’unique monumentégyptien où l’on ait découvert jusqu’ici le nom

des Israélites’' «^ ] J^. i | | j^ J ll-sir-da-l{r)-u.Ménephtah, qui est très prolixe dans sa stèle sur lesLibyens, est très laconique au contraire sur les Israélites. «D’après les procédés de rédaction usités parmiles scribes égyptiens, cela signifie que le pharaon nepouvait guère se vanter de ses rapports avec Israël. Ilest cependant difficile, à cause de la brièveté de cesquatre ou cinq mots, de savoir exactement à quoi le filsde Ramsès II fait allusion. On peut émettre à ce sujetde nombreuses hypothèses. L’une des plus vraisemblables, c’est que le pharaon fait allusion à sa tentatived’anéantir en Egypte les enfants d’Israël. Il travailla, eneffet, à les détruire de manière à les raser, pour qu’iln’en restât plus de graine, - comme il s’exprime; et sison projet ne se réalisa point, ce ne fut pas faute de fairetout ce qui dépendait de lui pour y réussir.» Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 683.

Le désastre de la mer Rouge empêcha le roi d’Egyptede réaliser ses projets contre les Hébreux. Plusieurscommentateurs des Écritures ont pensé que Ménephtahavait péri lui-même dans ce désastre, mais leur opinionn’est pas fondée. «Le pharaon ne fut pas noyéavec son armée. Le texte sacré ne le dit point et l’histoireégyptienne suppose le contraire… Ménephtah Ie’fut enseveli à Biban el-Molouk, dans le tombeau qu’ils’était préparé et qu’on y voit encore.» Vigouroux, ibid., t. ii, p. 424. Cf. Fr. von Hummelauer, Commentariusin Exodum, 1897, p. 151. La momie de ce roi a étéretrouvée en 1898 par M. Loret, dans le cercueil de Setnakhitiet identifiée le 10 février 1900 par M. W. Groff. «La momie porte écrit en hiératique sur le linceul, àla hauteur de la poitrine, la mention: Roi Ba-en-ra, c’est-à-dire Mer-en-ptah.» Rapport de M. W. Groff, dans le Bulletin de l’Institut égyptien, 16 février 1900, p. 23. La momie a 1™75 et se trouve maintenant auMusée du Caire: elle n’a pas encore été déroulée (1905).

II. Bibliographie. — Sur Ménephtah, voir Chabas, Recherchespour servir à l’histoire de l’Egypte aux tempsde l’Exode, Chalon, juillet 1873; H. Brugsch, L’Exodeet les monuments égyptiens, Leipzig, 1875; Egypt underthe Pharaohs, Londres, 1881; Bulletin de l’Institutégyptien, an. 18951-896-1900, passim; Michel Julien, S. J., Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 38; Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 288426; W. Groff, Moïse et les Magiciens à la cour de Pharaon, dans la Rev. égypt., Nouv. sér., v, p. 219; Daressy, dans la Revue archéologique, 1898, t. ii, p. 263; P. Deiber, La stèle de Minepta-h et Israël, dans la Revue biblique, avril 1899, p. 267-277; Ph. Virey, Note sur le PharaonMénepthah et les temps de l’Exode, dans la même revue, octobre 1900, p. 578-586. F. Larrivaz.

MENI (hébreu: Meni; Septante: ^ Tû^ï) ou bien rhSai(iôviov on 6 Satjiojv, les manuscrits intervertissantl’ordre pour rendre les noms des deux divinités mentionnéesdans Is., lxv, 11; Aquila et Théodotien: ™(i£tv£(; Symmaque: Ix-râ; ( «, o0; omis dans la Vulgate, saint Jérôme n’ayant pas soupçonné le véritable sens.In Is., lxv, 11, t. xxiv, col. 639), nom d’un dieu adorépar les Israélites infidèles.

1° Il n’est nommé que dans un passage d’Isaïe, lxv, 1112, où le prophète dit, d’après le texte hébreu: «Vouaqui dressez une table pour Gad et remplissez une coupepour Meni (afin de lui offrir des libations), je vous destine(manitî) au glaive.» Gad est le dieu de la Fortune.Voir Gad 3, t. iii, col. 24. Meni est le dieu du destin.Son nom dérive de la racine niânâh, «compter, assigner, destiner,» et Isaïe fait un jeu de mots sur le nomdu dieu lorsqu’il dit à ses adorateurs: «Je vous destine(manîfî) au glaive.» Mânâh signifie «part, portion, lot», Exod., xxix, 26; Lev., vii, 33, etc.; «sort, ce quiéchoit à quelqu’un,» Jer., ira, 25. De même menât, Ps. xi, 6; xvi, 5; lxhi, 11, etc. Il y a donc tout lieu depenser que Meni est le destin divinisé.

2° Le nom de Meni n’a pas été trouvé en dehorsd’Isaïe d’une manière certaine. — 1. Le duc de Luynes, dans son Essai sur la numismatique des satrapies, in-4°, Paris, 1846-1847, p. 65-66, pi. xii, 1 et 2, a publiédeux monnaies de Sinope dont l’inscription a été lue parO. Blau, De nummis Achœmenidarum, in-4°, Leipzig, 1855, p. 6, 12, i: m37, «serviteur de Meni.» Cette lecturea été acceptée par Rôdiger, dans Gesenius, Thésaurus, supplem., p. 97, et par T. K. Cheyne, Introductionto the Book of Isaiah, in-8°, Londres, 1895, p. 366; mais elle est fausse. Cf. E. Babelon, Monnaiesdes Achéménides, in-8°, Paris, 1893, p. lxxx-lxxxi.57. — 2. On lit sur un autel de Vaison en Provence: Belus Fortunes rector, Ménisque magister. Orelli etHenzen, Corpus inscript, latin, selectarum collectio, 3 in-8°, Zurich, 1855-1856, t. iii, n. 5862, p. 168. Bélus, comme le montre l’inscription grecque parallèle, estle Bel d’Apamée (èv’An<xii.si’a) en Syrie; Meni sembledonc être une divinité orientale et son association à laFortune, comme dans Isaïe, paraît indiquer qu’il s’agitde Meni et de Gad. Mordtmann, dans la Zeitschrift derdeutschen morgen làndischen Gesellschaft, t. xxxix, 1885, p. 44. Le mot Menis est toutefois diversem*nt expliquépar les épigraphistes qui ont étudié cette inscription. VoirG. Kaibel, Epigrammata grseca ex lapidibus conlecta, in-8°, Berlin, 1878, n. 836, p. 342; Léon Renier, Mélangesd’épigraphie, in-8°, Paris, 1854, p. 129-146. — 3. Ontrouve du moins une divinité approchante en Arabie.Les anciens Arabes païens, avant l’islamisme, rendaientun culte à une déesse Manât, une des «filles d’Allah».Voir J. Wellhausen, Reste arabischen Heidentwms, 2e édit., in-8°, Berlin, 1897, p. 25-29. Cf. Koran, ch. lui, 19-20; Pauthier, Livres sacrés de l’Orient, 1857, p. 714. «Que vous semble, demande Mahomet, de Lat et d’al-Ozza?Et cette autre Menât, la troisième déesse?» Elleétait adorée par les tribus arabes qui habitaient entre laMecque et Médine, sous la forme d’une grande pierre quifut brisée par un certain Saad la troisième année del’hégire. Cf. Ed. Poco*cke, Spécimen historiée Arabum, in-4°, Oxford, 1650, p. 91-92; A. P. Caussin de Perceval, Essai sur l’histoire des Arabes, 3 in-8°, Paris, 18471848, t. iii, p. 242. Une des divinités adorées par lesNabatéens (voir Nabuthéens), vers le commencementde l’ère chrétienne, s’appelait aussi Manutu, pluriel, Manaouat, «. les destins.» Voir Corpus inscriptionumsemiticarum, t. ii, parti, 197, 1. 5; 198, 1. 4, 8, p. 222, 224, 225, etc. Cf. Nôldeke, dans la Zeitschrift derdeutsclien morgen tândischen Gesellschaft, t. xli, 1887, p. 709. Plusieurs savants pensent que Meni est la planèteVénus. Voir Rôdiger, dans Gesenius, Thésaurus, supplem., p. 97; B. Winer, Bïblisches Realwôrterbuch, STELE DE MÉNÉPHTAHMusée du Caire

3e édit., t. ix, p. 82; Frz. Delitzsch, Jesaias, 3e édit., 1879, p. 660-663; G. Siegfried, Gad-Meni, dans les Jahrbûcherfur protestantische Théologie, 1875, p. 356-367. D’autres, avec moins de vraisemblance, ont identifié ce dieu avecMi)v ou Mrivri, le dieu ou la déesse Lune. Voir P. Scholz, Gbtzendienst und Zauberwesen bei den alten Hebrâer, in-8°, Ratisbonne, 1877, p, 411.

3° D’après le texte d’Isaïe, on offrait à Meni, des libations, mais comme méséh, «le vin aromatisé» qu’onoffrait comme libation à ce dieu est en parallélisme avecSulhân, «la table» garnie de mets qu’on offrait à Gad, il est probable qu’on présente à la fois aux deux divinitésdes mets et du viii, suivant une coutume communedans le paganisme. Cf. S. Jérôme, In Is., lxv, 11, t. xxiv, col. 639. — Voir W. Gesenius, Commentarûber den Jesaia, 3 in-8°, Leipzig, 1820, t. iii, p. 283285; Frd. Bæthgen, Beitràge zur semitischen Religionsgeschichte, in-8°, Berlin, 1888, p. 79; Fr. Duhm, DosBuch Jesaia, in-8°, Gœttingue, 1892, p. 446.

F. Vigodboux.

    1. MENNA##

MENNA (grec: Moci’vdv), fils de Mathatha et père deMéléa, un des ancêtres de Notre-Seigneur, dans la généalogiede saint Luc, iii, 31.

    1. MENNI##

MENNI (hébreu: Minni, les Septante ont pris ce nompour une préposition suivie d’un pronom suffixe, et onttraduit irap’éjioO, [tollite] a me, Jer., xxviii, 27), peuplementionné par Jérémie, li, 27, comme devant prendrepart à la destruction de Babylone avec les royaumesd’Ararat et d’Ascenez, et les rois des Mèdes.

1° Ce peuple est souvent mentionné dans les inscriptionscunéiformes assyriennes et dans les inscriptionsarméniennes de Van sous les formes Man-nai, Mun-nai, Min-nai, en vannique: Ma-a-na. C’est le pays nomméMivvui; par Nicolas de Damas, cité dans Josèphe, Ant.jud., i, iii, 6. Les inscriptions cunéiformes établissentque ces Menni occupaient un pays situé au nord del’Assyrie entre U-rar-tu, l’Arménie proprement dite, etle Par-su-a, district voisin de la Médie, renfermé parconséquent dans les limites de l’Arménie actuelle. VoirArménie, t. i, col. 1002. Il faut noter cependant que lesMenni formaient une nation distincte, ayant ses rois particulierset souvent aussi une attitude politique contraireà celle de YUrartu proprement dit. Les inscriptions assyriennespermettent de préciser la situation des Menni etde reconstituer une partie de leur histoire. Les annalesd’Assurbanipal désignent comme capitale lzirtu, ailleursZirtu, et comme villes principales Atrana, Usbiaet Urmiate: cette dernière ville paraît être l’Ourmiahmoderne. Ils occupaient donc le sud-ouest du lac demême nom, et non pas le pays de Van, comme on l’acru longtemps, d’après une fausse assimilation de Mannaiet de Van, le V étant rendu par M en assyrien: Van, alors Dhuspas, était la capitale de l’Arménie proprementdite.

2° Leur histoire nous est fragmentairement conservéedans les textes assyriens et les textes vanniques: sous lepremier grand conquérant assyrien Théglathphalasar, au XIIe siècle, ils ne sont pas encore mentionnés: maisl’envahisseur trouve à la place qu’ils occuperont plustard un grand nombre de populations diverses. /Assurnasirhabal(883-858) évita de même le conflit, tandisque Salmanaser (858-823) envahit leur pays dans sa trentièmeet sa trente et unième année, Udaki leur roi abandonnasa capitale lzirtu, mais tout se borna à quelquesvilles ravagées et au payement d’un léger tribut. — Plustard Samsi-Ramman, à l’occasion d’une campagne dansle Naïri ou Mésopotamie septentrionale, reçoit encorele même tribut: son successeur Ramraan-nirari (en 808et 807) mentionne aussi sans plus deux expéditionscontre les Menni. Durant toute cette période, ils souffrirentbien davantage de la part des rois Arméniens.Menouas et son fils Argistis y firent plusieurs apparitions,

dans le but de leur imposer la suprématie de YUrartu: Sardouris y établit même sa résidence pour les maintenirdans la soumission. Mais l’inflence assyrienne netarda pas à devenir prédominante. Iranzou, roi des Menni, rejeta les offres de Rousas l’arménien et resta fidèle àSargon d’Assyrie (722-705): Aza, son fils, fut mis à mortpar ses sujets pour prix de sa fidélité à Sargon et remplacépar Oullousun, qui fit alliance avec Rousas d’Ar-~ménie. Mais Sargon arriva aussitôt ravageant et brûlanttout sur son passage. Oullousun fit sa soumission et futmaintenu sur le trône. Quant à VUratu, une invasionde Sargon le réduisit pour toujours à l’impuissance, etobligea Rousas à se donner la mort. — La suzerainetéassyrienne leur donna la paix, pendant le règne de Sennachérib(705-681) lorsque de nouveaux ennemis, lesCimmèriens et les Scythes, descendirent du Caucase, vers la fin du huitième siècle. Ces derniers s’établirentsur leur frontière septentrionale et envahirent mêmeune portion de leur pays, puis après une vingtaine d’annéesreprirent leur marche vers le sud, entraînant aveceux lés Menni contre l’Assyrie sous le roi scythe Ispakai.Mais Àsarhaddon (681-668) parvint à les arrêter et à maintenirson autorité. Dès la quatrième ou la cinquième annéed’Assurbanipal son fils (668-626), le roi des Menni, Ahseri, envahit de nouveau la frontière septentrionale del’Assyrie, sans plus de succès: son pays fut ravagé parles Assyriens, ses villes détruites, et lui-même mis à mortpar ses sujets révoltés. Son fils Oualli fit sa soumission àAssurbanipal, donna des otages, et fut maintenu sur letrône de son père. Malgré ses victoires continuelles, l’Assyrie était à bout de forces; et les Scythes et les Mèdespar leurs attaques réitérées devaient bientôt amener sachute. Comme Thubal et Mosoch, Ezech., xxxii, 26, ilest probable que les Menni disparurent dans la tourmente, absorbés par l’un ou l’autre des envahisseurs.L’Arménie, en y comprenant le pays des Menni, dépenditde la Médie depuis la chute de Ninive, puis de la Perse, après la prise de Babylone par Cyrus; elle est souventmentionnée dans les inscriptions trilingues de Dariussans allusion aux anciens royaumes entre lesquels elleétait partagée.

3° Le texte où Jérémie les mentionne comme devandétruire Babylone avec l’aide d’Ararat et d’Ascenez (oupeut-être Askouz, «les Scythes,» suivant une correctionproposée par Sayce) peut signifier simplement que lespeuples du nord en général viendront la renverser sousla conduite de Cyrus. Leur présence dans l’oracle deJérémie prouve bien son antériorité notable par rapportaux événements annoncés.

VoirEb. Schrader, Keilinschriften und Geschichts-forschung, 1878, p. 160-164, 519-520; Frd. Delitzsch, Wo lagdas Parodies, p. 245-247; Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, les Empires, p. 55; Lenormant, Les origines de l’histoire, t. ii, p. 462, 463; Sayce, TheCuneiform inscriptions of Van, dans Journal of theRoyal Asiatic Society, t. xiv, 3, p. 571-623 et dans lesRecords of the Past, new séries, t. iv, p. 114rl35 (Argistis) et t. i, p. 163 (Menouas); Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek, 1. 1, 146-149, 178-189; t. ii, p. 56-59; 240-243, Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 103, 104, 121,

129, 182-183, 162-167, 279-281.

E. Pannier.

    1. MENNITH##

MENNITH (hébreu: Minnîf; Vaticanus: ’Apvûv; Alexandrinus: Se^uet’ô), ville du pays à l’est du Jourdain.

1° Situation. — Le nom de Mennith, au témoignaged’Eusèbe, Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 286, se retrouvait encore au iv «siècle, sous la forme MaaviO, Manith selon saint Jérôme, nonloin de Philadelphie, c’est-à-dire de l’ancienne capitaledes Ammonites, Rabbath-Ammon, aujourd’hui’Amman, mais le nom de Manith paraît avoir disparu depuis lerv" siècle et l’insuffisance des données bibliques laisseles géographes dans la perplexité pour la localisation de

cette ville. «Jephté, dit l’Écriture, passa ensuite chezles enfants d’Ammon pour les combattre, et le Seigneurles livra entre ses mains. Il les battit depuis Aroërjusqu’à Mennith (ve’ad bôâkd Minnifl et jusqu’à (véad)Abel-Keramtm [où étaient] vingt villes, et il en fit ungrand carnage.» II Jud., xi, 33. La traduction de laVulgate est un peu différente: «Il frappa aussi d’une trèsgrande plaie, dit-elle, vingt villes depuis Aroër jusqu’àl’entrée de Minnith et jusqu’à Abel qui est plantée devigne3. x La version des Septante: InâzaUv aytoùç…cv àptdfiâe ?xo<Ti 7tdXeiç, suppose qu’ils ont lu oucompris-i>y D>-rary3..n; >. Ce sens du reste s’impose. —Les vingt villes dont il est ici parlé appartenaient-ellesà l’ancien-territoire des Ammonites ou étaient-elles deslocalités prises sur la tribu de Gad et occupées par euxdepuis qu’ils opprimaient les Israélites leurs voisins?Elles appartenaient, ce semble, à la tribu de Gad. Aroërici nommée est en effet, selon toute vraisemblance, l’Aroër de Gad, «en face de Rabba.» Cf. Jos., xiii, 25, etAroër 2, t. i, col. 1224-1226. C’est la limite extrême, aunord et au nord-est de la région où étaient ces villes, puisque Jephté arrivait de cette direction, et c’est àl’opposé qu’il faut chercher Abel-Keramim et Mennith.Les vingt villes paraissent donc, ainsi qu’Aroër, avoirfait partie du territoire de Gad, avant d’être prises parles Ammonites. L’indication pourrait néanmoins signifiersimplement «depuis la hauteur d’Aroër jusqu’à lahauteur d’Abel-Xeramim et de Mennith», bien que lapremière signification paraisse de beaucoup la plus probable.L’intention de Jephté n’était pas de conquérirle territoire des Ammonites, c’était de délivrer ses compatriotesde leur joug et de leur arracher le territoiredes villes qu’ils prétendaient, à tort, être à eux. Cf. Jud., xr, 12-28. — Quoi qu’il en soit, l’expression «depuisAroër jusqu’à l’entrée de Mennith, ’ad bô’âkd Minnip», laisse cette ville en dehors du territoire des vingtvilles et par conséquent dans le territoire de Gad oude Ruben non occupé par l’ennemi. Elle était évidemmentvoisine ou peu éloignée d’Abel-Keramim avec laquelleelle est nommée.

2° Identification. — Tristram a cru découvrir le nomde cette dernière localité dans celui de Kouroum(Hbân, porté par une vallée voisine de Dibân et deI’ouâdi Môdjeb ou l’Arnon. Le nom de Karém, «vigne,» pluriel Kouroum, se trouve attaché à trop d’endroits, pourêtre probant par lui-même; il se trouve d’ailleurs icibeaucoup trop au sud pour correspondre à l’Abel-des-Vignes, située, suivant Eusèbe et saint Jérôme, au septièmemille seulement (onze kilomètres environ) dePhiladelphie ou’Amman. Onomasticon, p. 6, 9. — Condera proposé de reconnaître Mennith, dans Miniéh, nomattaché à une ruine et à une fontaine situées à dix-septkilomètres au sud-ouest de Médaba, dans les montagnesvoisines du rivage oriental de la mer Morte et à sept kilomètresde ce lac. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 126. Si cette identification était fondée, il en résulteraitque les Ammonites avaient occupé non seulementune partie du territoire de Gad, mais encore le territoirede Ruben presque en entier, et Jephté aurait dû le reconquérir, ce qui ne paraît pas vraisemblable; elle estd’ailleurs infirmée par l’assertion d’Eusèbe, indiquantle village de Maanith, à quatre milles (six kilomètres environ) d’Esbus (Hésébon) sur la route de Philadelphie. —Jos. Schwarz croit Mennith identique à Mageth, villede Galaad prise avec Casbon par Juda Machabée. I Mach., v, 36. Casbon ou Chasbon (Septante: Xaaëwv) est, pourle rabbin, identique à Hésébon et Mageth = Mennith doitêtre Mindja’, village situé à deux heures, vers l’est, deUesbân. Tebuoth ha-Arez, nouvelle édit. Jérusalem, 1900, p. 268. Le village désigné est sans doute la petiteruine de Mendjâ que l’on trouve à dix kilomètres ausud-est de fjesbdn et à trois est-nord-est de Médaba.

La situation ne répond pas à celle de YOnomasticon etla transformation supposée par Schwarz de n en dj estpeu probable. — La Manha à six kilomètres à l’est deUesbàn, proposée par Kieperl, Neue Handkarle vonPalâstina, Berlin, 1871, bien que plus voisine, se trouveencore en dehors de l’ancien chemin de Hésébon à Philadelphie; la présence de ce nom en cet endroit estd’ailleurs contestable. — Parlant de Mennith: «Je n’aipas trouvé trace de ce nom, dit Fr. de Saulcy, sur laroute en question; mais à la place assignée par Eusèbe, se trouve une localité ruinée, nommée Omm-el-Kénaféh.» Dictionnaire topographique abrégé de la TerreSainte, Paris, 1877, p. 225.

L’endroit désigné par le savant explorateur est, sansaucun doute, la ruine appelée non Omm-el-Kénaféh, mais Omm-eUQanâfid, «la mère,» c’est-à-dire «l’endroit’peuplé de hérissons». Cette ruine est située en effet surl’ancienne voie romaine conduisant de Jfesbânk’Amman, à cinq kilomètres au nord de la première localité et àdix-huit kilomètres au sud-ouest de’Amman. La localitéétait bâtie sur le sommet d’une assez large colline, àla droite et au principe de l’ouâdi-Hesbân. À sept ouhuit cents mètres au nord-est, près du chemin à droite, dans une position analogue, et dominant tout le plateauondulé et spacieux recouvert d’une terre brune et fertileque traverse la route d’Amman et souvent occupé pardes campements de Bédouins’Aduân ou des Béni-Sakher, leurs voisins, qui parcourent la contrée, est une autrepetite ruine, comme sa voisine, manifestée par des monceauxinformes de pierres grossièrement équarries et pardes citernes; elle est désignée du nom de Khirbet el-Beddih.Son nom n’est peut-être pas sans rapport avecMennith. La lettre m des noms hébreux est souvent devenueb chez les Arabes: ainsi Jamnia est devenu Iabna etTamnath, Tibna’. La finale h (» ) reste t (i = C_>) devantune voyelle. Alors même qu’il n’existerait pas d’exempledu changement de n en d, le renseignement d’Eusèbe et desaint Jérôme témoignant de l’existence, au IVe siècle, d’unvillage du nom de Manith, considéré par eux comme identiqueavec l’antique Mennith, précisément à la distanceà laquelle nous rencontrons Béddih, n’autorise-t-il pasà croire ce dernier dérivé de l’autre? En toute hypothèse, Mennith doit se chercher en cette région. Elle devaitêtre près de la limite commune de Gad et de Ruben etelle appartenait probablement à cette dernière tribu.Les Ammonites, pour excuser leur invasion du territoired’Israël, prétextaient leur ancien titre de maîtres du pays.Ils le pouvaient pour la terre de Gad; pour la terre deRuben où se trouvait Hésébon elle avait appartenu àMoab, non à Ammon. Cf. Num., xxr, 26, 30. Si Jephtés’arrête à la limite de Mennith, n’est-ce pas parce queles Ammonites ne l’avaient pas occupée ni revendiquée?La dernière localité reconquise par Jephté fut, ce semble, Abel-Keramim. Elle devait être aussi au nprd de Mennithet les sept milles de distance de Philadelphie à Abel-des-Vignesde V Onomasticon nous amènent non loin d’uneruine désignée du nom de Bél’at. Cette appellationn’aurait-elle pas quelque rapport avec l’Abel d’Eusèbe?Si la relation n’est pas évidente, elle n’est pas impossible-Bel’afest du reste à trois kilomètres seulement au nordest de Béddih, à seize ou dix-sept cents mètres à l’orientde la voie ancienne de’Amman à Hesbdn et des Senaubar.Près de cette «forêt de pins», la voie passe par unegorge resserrée et une vallée étroite qui se prolongejusqu’à Béddih: peut-être faut-il voir là l’entrée deMennith où Jephté cessa ses exploits.

3° Mennith dansÉzéchiel. — D’après un grand nombred’exëgètes modernes, Mennith est aussi nommée dansÉzéchiel, xxvii, 17. Le prophète, exaltant les avantagesdont jouissait la ville dèTyr, montre les peuples devenusen quelque manière ses tributaires, en lui apportant lesproduits de leur pays. Parmi eux il en u mère les deuxpeuples de Juda et d’Israël. «La Judée et la terre d’Israël, ’dit le prophète, ont trafiqué avec toi; ils ont exposé surtes marchés le blé de Mennith, le pannag (gâteau [?]), Je miel, l’huile et le baume.» L’expression de l’hébreutvjd nsn, fattê Minuit, a été entendue diversem*nt par

les traducteurs. Pour les Septante c’est jtïto; xal puipa, «du blé et des essences aromatiques,» la Vulgate y voitfrumentum primum, le Targum & du blé excellent» ou «du blé et des épices»; la version syriaque, «du bléet du riz; i, la version arabe, comme la Vulgate et leTargum, «du blé excellent.» Les interprètes modernessont également d’avis différents. Pour plusieurs, lesmassorètes auraient, mal lu; la leçon constatée par lesSeptante est n*oïi n>ion, «du blé et des aromates» ou «du styrax». Le styrax et le baume, >un n*SM, sont du

reste deux produits exportés de la terre de Galaad, parles marchands ismaélites. Cf. Gen., xxxvii, 25. Cf. Knabenbauer, Commentarius in Ezechielem, Paris, 1890, Ttxxvii, 17, p. 276-277. Les géographes inclinent plutôtpour la leçon des massorètes et la Mennith du prophèteleur semble la Mennith du livre des Juges. — La régionoù elle se trouvait, connue sous le nom de Belqd’, estd’ailleurs renommée aujourd’hui encore, par l’abondanceet la qualité de son blé. F. de Saulcy, Dictionnairetopographique abrégé de la Terre Sainte, Paris, 1877, p. 260. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 807. Armstrong, Names and Places in the Old Testament, Londres, -1887, p. 126; Riess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 54. L. Heidet.

    1. MENOCHIO ou MÉNOCHIUS Jean Etienne##

MENOCHIO ou MÉNOCHIUS Jean Etienne, né àPavie en 1575, mort à Rome le 4 février 1655. Admisdans la Compagnie de Jésus le 25 mai 1594, il professales humanités, l’Écriture Sainte et la théologie moraleà Milan. Il fut ensuite supérieur de diverses maisons deson ordre, provincial de Milan, de Rome, assistantd’Italie et admoniteur des P. P. généraux Carafa et"Piccolomini. — Tout le monde connaît son importanttravail d’exégèse, Brevis explicatio sensus litteralisS.Scripturie optxmis quibusque auctoribus per epitomencoMerfa, tant de fois réimprimé, sous divers titres, danspresque toutes les contrées d’Europe et inséré en toutou en partie dans plusieurs collections. Voici quelques-unesdes éditions les plus connues: Cologne, 1630, 1659; Anvers, 1679; Lyon, 1683, 1697, 1703. Au commencementdu XVIIe siècle, le P. Tournemine, jésuite, fit «ne nouvelle réimpression de cet ouvrage et y ajoutaun supplément considérable, Paris, 1719. Ce travailreparut dans la même ville, en 1721 et 1731, à Avignonen 1768 et à Gand en 1829. De son côté, le P. Zaccaria, en 1743, donna à Venise une édition augmentée, réimprimée, au même endroit, en 1755 et 1761. En France, au cours du xixe siècle, on ne compte pas moins dequatorze réimpressions de ces commentaires, joints àla traduction de la Bible du P. de Carrières. L’abbéDrioux en a donné une édition nouvelle en 8 vol. in-8°, Paris, 1872-1873. On doit citer encore comme ouvragesrelatifs à l’Écriture Sainte: 1° Institutions politicsee Sacris Scripturis depromptse, in-8°, Lyon, 1625; Cologne, 1626; 2° Institutiones œconomicx ex Sacris Litteris depromptx, in-8°, Lyon, 1627, traduit en italien par l’auteur, in-4°, Venise, 1656; 3° De republica Hebrœorumlibri octo, in-f», Paris, 1648; 4° Historia sacra degli.Atti degli Apostoli, in-4°, Rome, 1654.

P. Bliard.

    1. MENSONGE##

MENSONGE (hébreu: bad, kâzâb, kahas, Sdvéîêqér; chaldéen: kedab, Septante: iJieïSo; : Vulgate: mendacium), parole ayant pour but de faire croire auprochain le contraire de la vérité.

1° La loi divine. — Dieu défend le mensonge. Exod., xxm, l; Lev., xix, 11. Les écrivains sacrés rappellent cettedéfense. Eccli., vii, 13, 14; xli, 21; Eph., iv, 25; Col., iii, 9; -Jacob., iii, 14, etc. Dieu hait le mensonge. Prov., xii, 22.

La bouche qui ment tue l’âme. Sap., i, 11. Aussi Dieufait périr le menteur. Ps. v, 7. Les menteurs n’entrerontpas au ciel, Apoc, xxi, 27; xxii, 15, mais iront en enfer, Apoc, xxi, 8, car au ciel n’entrent que ceux qui sontsans mensonge. Apoc, xiv, 5. Pauvreté vaut donc mieuxque mensonge. Prov., xix, 22. Mieux vaut même le volque le mensonge habituel. Eccli., xx, 27.

2° La pratique du mensonge. — 1. Le démon tire lemensonge de son propre fonds et est naturellementmenteur, Joa., viii, 44. L’esprit de mensonge inspire lesfaux prophètes. III Reg., xxii, 23; II Par., xviii, 22; II Thés-, ii, 10. Bien souvent les prophètes de mensongese sont fait entendre. Is., îx, 15; Jer., v, 31; xx, 6; xxm, 14; xxvii, 10, etc; Ezech., xiii, 6; Mich., ii, 11; Zach., x, 2; II Pet., ii, 1. Les prêtres et les scribes ontrempli ce rôle, Jer., viii, 8-10, et plusieurs ont pris lemanteau des prophètes pour mentir. Zach., xiii, 4. —2. L’homme est d’ailleurs naturellement porté au mensonge.Ps. iv, 3; cxvi (cxv), 11; Rom., iii, 4, 7. Il aimele pain du mensonge, Prov., xx, 17, il mange le fruitdu mensonge, Ose., x, 13, sa langue est comme un arcqui lance le mensonge. Jer., ix, 3. Le mensonge régnaiten Israël à certaines époques. Is., lvii, 4; Ose., iv, 2. LesCretois avaient la réputation d’être toujours menteurs.Tit., i, 12. Le Sauveur annonce à ses disciples que lesméchants ne cesseront pas de dire le mensonge contreeux. Matth., v, 11. — 3. Les eaux inondent l’abri dumensonge, Is., xxviii, 17, voir Inondation, t. iii, col. 883, ce qui signifie que le menteur subit inopinémentla peine de son mensonge. Une source menteuse, Jer., xv, 18, est celle dans laquelle on ne trouve pasl’eau sur laquelle on compte. Cf. Job, vi, 15-20; Caravane, t. ii, col. 249. Mentir sur sa tête, c’est dire unmensonge qu’on paiera de sa vie. Dan., xiii, 55, 59. —4. Dieu n’a pas besoin que, pour soutenir sa cause, ondise des mensonges. Job, xiii, 7.

3° Exemples bibliques. — 1. Satan ment odieusem*ntquand il dit à Eve qu’elle ne mourra pas, si elle mangele fruit défendu, et qu’au contraire elle et Adam deviensdront comme des dieux. Gen., iii, 4; cf. Joa., viii, 44.

— 2. Caïn ment quand il prétend ignorer où est Abelqu’il vient de tuer. Gen., iv, 9. — 3. Par deux fois, Gen., xii, 13; xx, 2, Abraham fait passer Sara pour sa sœur, alors qu’elle était son épouse. Il est vrai que Sara étaitfille du même père, et non de la même mère, Gen., xx, 12, et que par conséquent Abraham pouvait lui donnerle nom de sœur. S’il n’y a là aucun mensonge, il y acependant une réticence grave qui expose Sara au déshonneurpour sauver la vie d’Abraham, alors que celui-ciaurait dû compter davantage sur la protection deDieu qui lui avait déjà manifesté sa volonté. Voir Abraham, t. i, col. 76. — 4. Quand Rébecca dispose tout pourfaire croire au vieil Isaac que Jacob est son fils aîné, et que Jacob se prête à la supercherie, Gen., xxvil, 1129, il y là un grave mensonge, nettement caractérisé.Voir Jacob, t. iii, col 1061. Il est bien vrai qu’Ésaù avaitvendu à Jacob son droit d’aînesse, Gen., xxv, 29-34, etque l’intention divine était que Jacob fût l’héritier despromesses faites à Abraham et à Isaac. Mal., i, 2, 3; Rom., ix, 13. Mais encore Rebecca et Jacob devaient-ils s’enrapporter à Dieu de la réalisation de ses desseins, sansrecourir à un stratagème et à des affirmations quitrompent si gravement Isaac. — 5. Bien moins grave esj; la feinte de Rachel, qui simule une indisposition accidentellepour ne pas se lever de la selle dans laquelleelle a caché les théraphim de Laban. Gen., xxxi, 35. —.

6. Les frères de Joseph commettent un mensonge graveet prolongé, quand ils s’arrangent pour faire croire àJacob que son fils a été dévoré par une bête féroce.Gen., xxxvii, 32-33. Juda est amené plus tard à soutenirle mensonge devant Joseph lui-même. Gen., xliv, 20. -^

7. L’accusation de la femme de Puliphar contre Josephest un odieux mensonge. Gen., xxxix, 14-18. — 8. Rahab

protège par un mensonge, que personne ne songe à luireprocher gravement, la fuite des espions israélites venusà Jéricho. Jos., M, 5. — 9. Les Gabaonites usent d’unartifice mensonger pour obtenir que leur ville et seshabitants soient épargnés. Josué les maudit et les réduiten esclavage. Jos., ix, 9-15, 23. — 10. Samson se joue deDalila en lui disant des mensonges. Jud., xvi, 7, 13. —

11. Pour dissimuler la fuite de David et le soustraire àla persécution de Saùl, Michol met un théraphim dans lelit du fugitif et fait croire aux gens du roi que Davidlui-même est là, alité et malade. I Reg., xix, 13-15. —

12. Amnon se dit malade; mais c’est un mensonge parlequel il veut attirer chez lui sa sœur Thamar, dont ila dessein d’abuser. II Reg., xiii, 6. — 13. La conduitede David et de Joab, dans le meurtre d’Urie, impliqueune série de mensonges destinés à couvrir l’homicide.II Reg., xi, 14-26. — 14. Jézabel prépare l’homicide aumoyen du mensonge, quand elle accuse Naboth d’avoirmaudit Dieu et le roi. III Reg., xxi, 10-13. — 15. Giézi, serviteur d’Elisée, ment pour satisfaire sa cupidité et enest bien puni. IV Reg., v, 22-25. — 16. La ruse queJudith emploie pour s’insinuer dans la confiance d’Holophernecomporte un certain nombre de mensonges quen’excuse point le but atteint par l’héroïne. Judith, XI, 417. Voir Judith, t. iii, col. 1822. — 17. Les deux vieillardsqui accusent Susanne sont de cyniques menteurs.Dan., xiii, 36-40. — 18. Alcime ment quand il jure auxAssidéens de ne pas-leur faire de mal. I Mach., vii, 15.

— 19. C’est par des mensonges que Tryphon attire à luiJonathas et ensuite ses deux fils. I Mach., xii, 45, 48; xiii, 15, 16, 19. — 20. Hérode ment quand il dit auxmages qu’il veut aller adorer l’enfant Jésus. Matth., ii, 8. — 21. Satan ment de nouveau quand il se prétendpossesseur de tous les royaumes de la terre. Luc, iv, 6.

— 22. Les pharisiens et les princes des prêtres profèrentdes mensonges quand ils affirment que Jésus chasse lesdémons par Beelzébub, Matth., xii, 24; Marc, iii, 22; Luc, xi, 15; quand ils prétendent savoir qu’il est unpécheur, Joa., IX, 24; quand ils l’accusent devant Pilate.Luc, xxiii, 2, 5; Joa., xviii, 30; xix, 12. — 23. Les fauxtémoins apostés contre le Sauveur dénaturent les parolesqu’il a prononcées. Matth., xxvi, 61; Marc, xiv, 58, VoirTémoins. — 24. Pierre commet une série de mensongesquand il renie Notre-Seigneur. Matth., xxvi, 69-75; Marc, xiv, 66-72; Luc, xxii, 55-62; Joa., xviii, 15-27.

— 25. Les gardes du sépulcre reçoivent de l’argent pourmentir au sujet de la résurrection. Matth., xxviil, 13-15.

— 26. Ananie et Saphire dissimulent le prix du champqu’ils ont vendu et ainsi «mentent au Saint-Esprit».Act., v, 2-9. — 27: Enfin les Juifs mentent encore dansleurs accusations contre saint Paul. Act., xxi, 28.

4° Sens relatif d’affirmations absolues. — Il fautobserver que beaucoup de manières de parler usitées enOrient ne doivent pas être entendues à la lettre. Ellessemblent, au premier coup d’œil, exagérer ou mêmecontredire la réalité; mais elles sont purement conventionnelleset doivent se prendre daus un sens toutrelatif. C’est ainsi qu’on procède, par exemple, à l’égarddes expressions qui proclament, d’une manière si formelleen apparence, l’universalité du déluge, ou de cellesqui font aller Alexandre le Grand jusqu’aux extrémitésdu monde et disent que la terre se tut en sa présence.I Mach., i, 3. Quand les fils de Heth répondent à Abrahamqu’ils lui donnent le champ et la grotte de Makpelah, alors qu’ils ne songent qu’à les lui vendre, ils nementent pas, mais ne font qu’entamer les pourparlerssous une forme conventionnelle et polie. Gen., xxiii, 11.Voir L ii, col. 889. Lorsque l’ange Raphaël se présenteà Tobie sous le nom d’Azarias, fils d’Ananie, Tob., v, 8,

18, il ne ment sûrement pas, mais prend des nomssymboliques en harmonie avec sa mission; il ne faut pas lesconsidérer comme des réalités plus absolues que la formed’emprunt dont l’ange se revêt. Voir Azarus 28,

t. i, col. 1301. On interprétera de même dans un senstout relatif les paroles du Sauveur: «Moi, je ne montepas pour ce jour de fête,» Joa., vil, 8; «la jeune fillen’est pas morte, mais elle dort, s Luc, toi, 52, 53; «Lazare, notre ami, dort,» Joa., xi, 11; «le Fils del’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein dela terre,» Matth., xii, 40; «sur le jour et l’heure (de lafin du monde), personne ne sait rien, ni les anges dansle ciel, ni le Fils, mais seulement le Père.» Marc, xiii, 32, etc. On sait enfin que des textes, même dogmatiques, sont communément ramenés de la forme jabsolue à laforme relative. Cf. Joa., vi, 54; Rom., v, 12; Heb., vi, 6, etc. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si, chez lesécrivains sacrés, certaines locutions ne présentent pascette exactitude rigoureuse à laquelle nous sommesaccoutumés. Ces écrivains s’expriment comme on lefaisait dans leur temps et dans leur pays. Cf. Cornely, Introductio generalis in N. T. Libros, Paris, 1885, t. i,

p. 552, 567.

H. Lesêtre.

MENSTRUES. Voir Impureté légale, t. ii, col. 858.

    1. MENTHE##

MENTHE (Nouveau Testament: 7|8uo<7|jiov; Vulgate: mentha), plante odoriférante.

I. Description. — Herbe aromatique formant destouffes vivaces qui s’étendent progressivement au moyea

254. — Mentha silvestris.

de rhizomes rampant à fleur du sol en ramificationindéfinie. Elle appartient à la famille des Labiées, dont elle possède les caractères généraux: tige dressée, , prismatique-quadrangulaire, portant sur 4 rangs desfeuillesopposées qui vont en diminuant de taille à partirdu point où naissent les fleurs groupées en Êraxverticillesaxillaires; calice en cloche, 4 étamines soudéesvers la base du tube corollin: ovaire libre reposantsur un disque épais, profondément divisé en 4 lobesqui renferment chacun une loge uniovulée, et seséparent à la maturité en 4 coques monospermes. Lestyle unique, bifide au sommet, s’élève de la base del’ovaire, entre les 4 lobes. La corolle suffit à distinguerlesMenthes parmi toutes les Labiées, étant presquerégulière avec 4 divisions sensiblement égales, comme;

d’ailleurs les examines à filets droits et équidistants.L’odeur pénétrante exhalée par tout l’appareil végétatifest due à une huile essentielle sécrétée par des glandesépidermiques. Chaque espèce possède un parfum spécial: la plus estimée à cet égard est le Mentha piperitaL. dont l’origine hybride doit être attribuée à la culture.Du reste toutes les Menthes usitées en parfumeriesemblent être issues par croisem*nt d’un type unique, Mentha viridis L, qui lui-même parait, en définitive, êtreune simple variété du Mentha silvestris (fig. 254), caractérisépar ses inflorescences terminales effilées en formed’épi et seulement entremêlées de bractées sans feuillesvéritables. On s’explique ainsi comment ces races dérivéesn’existent pas à l’état spontané. Les autres Menthessauvages ont un parfum bien moins agréable: le Mentharotundifolia L. s’en distingue par ses feuilles ridées àpointe obtuse ou arrondie; le Mentha aquatica L. parson inflorescence en tête arrondie, et le Mentha arvensisL. par son long épi terminal interrompu par desfeuilles vertes. Enfin le Mentha Pulegium L. mérite deformer un genre à part pour son calice un peu divisé en2 lèvres et pourvu intérieurement d’un anneau de poils.

F. Hï.

II. Exégèse. — 1° La menthe n’est mentionnée que dansle Nouveau Testament, en deux endroits, Matth., xxiii, 23; Luc, XI, 42.’H8ûo<t[aov, terme sous lequel la menthes’y présente, est un des noms bien connusde cette plante. «La menthe, dit Pline, H. N. xix, 47; doit à son odeursuave le nom qu’elle porte chez les Grecs (r)8û, «suave,» iojiYJ, «odeur» ). Elle a aussi celui de menthe d’où lesanciens Latins ont tiré le nom qu’ils lui ont donné.» «Mîv6ï], dit également Strabon, VIII, iii, 14, que certainsappellent y1800<t|jiov.» Aussi n’y a-t-il aucune difficultéd’identification. La menthe sauvage, Mentha silvestris, est répandue très abondamment dans laPalestine, et différentes variétés y sont encore cultivéesdans les jardins. Les Juifs se servaient des branches etdes feuilles odorantes dans leurs maisons, dans leurssynagogues, pour assainir et parfumer l’air. Sans douteils devaient employer la menthe dans la parfumeriecomme les Égyptiens. On Sait que chez, ces dernierscette plante, âgaï, entrait dans la composition du fameuxparfum kyphi. La menthe servait aussi de condiment. «La menthe, dit Pline, H. N., xx, 53, a une odeur quiéveille l’esprit, et une saveur qui excite l’appétit: aussientrait-elle ordinairement dans les sauces.» Dioscoride, m, 41, la regarde comme tout à fait stomachique. On peutvoir dans Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 546, combien elle est fréquemment mentionnéedans les recettes culinaires d’Apicius. Les Juifsen faisaient le même usage comme en témoigne le Talmudà différentes reprises: Schem ve-Yobel, vii, 2; Oketzin, i, 2; Scheb., vii, 1. Aujourd’hui encore enPalestine on réduit en poudre la menthe séchée et onla mange comme aliment.

2° Notre-Seigneur énumère la menthe parmi lesplantes dont les pharisiens payaient la dîme. On a répétésouvent qu’elle ne rentrait pas dans les objets soumis àla dîme, et que si les pharisiens la payaient, c’était pardévotion particulière et parostentation. Ce n’est pas exact.Sans doute il est probable qu’à l’origiDe on n’était tenuqu’à la dlme des trois récoltes mentionnées/auïteutéronome, xiv, 23. Mais sous l’influence de l’esprit pharisaïqueles docteurs avant l’ère chrétienne avaient décidéque tout ce qui sert de nourriture, tout ce qui se cultive, tombe sous la loi de la dîme, Masseroth, i, 1. Par conséquentla menthe ne pouvait être exceptée: il devaiten être de la menthe, comme de Paneth et du cuminque le texte de saint Matthieu, xxiii, 23, cite à côté de cetteplante, et qui étaient expressément soumis à la dime.Masseroth, TV, 5; Déniai, xi, l.J.C. Hottinger, Comment, de decimis, dans Ugolinus, Thésaurus antiquitalum, t. xx, col. 326. Aussi ce que Jésus-Christ reproche aux

Pharisiens ce n’est pas de payer cette dime (hsec oportuitfacere), mais de mettre tant d’ostentation à ces petiteschoses, tandis qu’ils omettaient les devoirs essentiels dela justice et de la charité. Matth., xxiii, 23; Luc, xi, 42.

E. Levesque.

    1. MENTON##

MENTON (hébreu: zâqân; Septante: çâpu-f?, Vulgate: menium), partie inférieure du visage, faisant saillieau-dessous de la lèvre inférieure. Le mot zâqân ne désignele menton qu’en tant que support de la barbe.Dans plusieurs cas, il s’agit indifféremment de l’un oude l’autre: on rase la barbe ou le menton, Lev., xix, 27; xxi, 5; II Reg., x, 4; Ezech., v, 1, etc.; on arrache lescheveux de la tête et les poils du menton ou de la barbe.I Esd., ix, 3. Voir Barbe, t. i, col. 1450. C’est pourtantle menton, [plutôt que la barbe elle-même, qui est atteint

par la teigne. Lev., xiii, 29.

H. Lesêtre.

    1. MENUHOTH##

MENUHOTH (hébreu: ham-Menuhôf; Septante: ’A[i|jt.av£8), nom qu’on lit dans un passage obscur deI Par., ii, 52, et que l’on traduit et explique de manièresdiverses. La Vulgate. d’après le sens du mot hébreu, l’arendu par requielio, a repos,» comme elle l’a fait aussiau, t. 54, où ham-Mdnahfi correspond à ham-Menuhx>f.Parmi les modernes, les uns traduisent ainsi le ꝟ. 52: «Les fils de Sobal, père de Cariathiarim, furent Hârô’éh(Vulgate: qui videbat), #asî-Ham-Menuhôt (Vulgate: dimidium requietionU).» Et le ꝟ. 54: «Fils de Salma: Bethléhem, et le Nétophatite, ’A terôf Bêf Yo’db (Vulgate: Coronx donius Joab) et Hasi Ham-Manahfi (Vulgate: dimidium requietionis), has-Sâre’î (Vulgate: Sarai).» D’autres prennent hâsi comme signifiant réellement, aux jr. 52 et 54, la moitié (des Manahathites). Le textede ce passage étant altéré, il est difficile de se prononcerentre ces hypothèses contradictoires. On est plus généralementd’accord pour admettre que Menuhôt doitêtre un nom de lieu, et que «père de Menuhôt ne veutpas dire père d’un fils appelé Menuhôt ou ffâsî Menuhôt, mais fondateur ou restaurateur d’une ville ainsi appelée.Les autres noms de lieux énumérés^’. 54, Bethléhem, etc., justifient cette interprétation. Il est, de plus, assezvraisemblable que Menuhôt n’est pas autre que laManahath de I Par., viii, 6. Voir Manahath 2, col. 638.

    1. MENUISIER##

MENUISIER, artisan qui fait divers ouvrages enbois. Voir Charpentier, t. ii, col. 599.

    1. MÉPHAATH##

MÉPHAATH (hébreu: Mêfa’af et Môfa’at (ketîb), Jer., xlviii, 21, «splendeur, lieu élevé,» de la racineiâfa’, «resplendir,» qui dans la langue arabe a le sensde «dominer»; Septante, Vaticanus: MatçaâS, Maçct, MaeçXi, Ma>çâ8<x; Alexandrinus: MijçaâS, Ma» 91, MasyaàO, McoçâO), ville Iévitique de la tribu de Ruben.

— Moïse la donna à cette tribu aussitôt après la conquêtede la région transjordanique sur les rois Séhon etOg. Jos., xiii, 18. L’assemblée des anciens, réunis à Silosous la présidence du grand-prêtre Éléazar et de Josué, l’assigna pour habitation aux lévites de la famille deMérari. Jos., xxi, 36 (hébreu, 37); I Par., VI, 79. —Méphaath est toujours nommée avec Jassa et Cédimoth, excepté Jer., xlviii, 21 (Septante, xxxi, 21), où cettedernière ville fait défaut. Dans la Vulgate, Jos., xxi, 36, on trouve à leur place Jaser et Jethson; mais le passageparallèle des Paralipomènes, d’accord, pour ce verset deJosué, avec le texte hébreu et les versions, ne permet pasde douter que ce ne soit une erreur de copiste. Selon toutevraisemblance Méphaath est unie à ces villes à cause deleur proximité mutuelle, et, comme elles, doit se cherchersur la limite orientale de la tribu de Ruben et surla frontière du désert. Cf. Num., xxi, 23; Deut., ii, 26.

— Cette situation lui est aussi assignée par Eusèbe deCésarée. Après avoir nommé «Méphaat dans la tribu deBenjamin; il en est un autre, ajoute-t-il, au delà duJourdain, où il y a un poste militaire fortifié, près du

désert s. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 288. Saint Jérôme, en traduisant in quo præsidium romarwrum militium sedet propter viciniamsolitudinis, ibid., p. 289, témoigne qu’il n’a rien àchanger à l’indication de l’archevêque de Césarée. LaMéphaath de Benjamin n’est pas connue d’ailleurs etEusèbe fait sans doute allusion à une ville dont lesexemplaires de la Bible lus par lui portent une fausselecture. — Le prophète Jérémie, xlviii, 21, nommeMéphaat parmi les villes du Misor, c’est-à-dire de laplaine de Madaba, alors au pouvoir des Moabites: «Lasentence va être exécutée contre le Misor, contre Hélon, contre Jasa, contre Méphaat, contre Dibon, contre toutesles villes de Moab, éloignées ou voisines.» — Meifa’ah estencore énumérée parmi les villages de la Belqa, dansl’ouvrage d’un auteur anonyme du XIVe siècle, MarâsideVItlilà, édit. Jungboll, Leyde, 1857, t. H, p. 885. Dans «ne excursion à travers la région parcourue par lesArabes nomades, le D r Aloys Mousil, d’Olmùtz, a retrouvéà seize cents mètres au sud-est de Khareibet es-Sûq, età neuf kilomètres exactement au sud de 'Amman, le nomde Neifa. Il est attaché à une localité ruinée assez considérable, bâtie sur le plateau supérieur d’une collineélevée d’où l’on domine la plaine ondulée qui s'étendindéfiniment vers l’est. L’endroit convient admirablement pour une station chargée de surveiller le désertoù campent les Bédouins. M. Clermont-Ganneau n’hésite pas à reconnaître dans Neifa le Meifah du Kitdbel-Marâsid, dont l’initiale M est devenue N par unetransformation souvent constatée et le Meifa’ah desArabes ne peut pas être différent de la Mêfa’af biblique. Selon le docte écrivain, le nom de Mesæ p. 231, de laliste Notitix dignitatum imperii Romani, dans Reland, Palmstina, p. 229-234, doit être Mefæ datif de Mefa.La lettre s aura été lue f par le scribe. Méfa ou Mésaest énumérée avec Ziza et d’autres villes de la provinced’Arabie occupées par des détachements militaires; elle était gardée par un poste de cavaliers indigènes.Cf. D' Aloys Mousil, à la suite de Reise in 'Amra undandere Schlôsser ôstlich von Moab, Appendice, p. 2, dans Sitzungoberichte der Kais. Akademie der Wissenschaften in Wien, philosophisch-historische Classe, Vienne, 1902, t. cxliv, n. vu; Clermont-Ganneau, Thesite of Mepha’at, dans le Pal. Expl. fund, QuarterlyHtalemenl, Londres, 1902, p. 260-261.

L. Heidet.

    1. MÉPRIS##

MÉPRIS (hébreu: bûz, bûzâh, bâzôh, md’os, qdlôn; Septante: àxiixt’a, ôvEiêio-jiôç; Vulgate: contemptus, despectio, abjectio, ignominia), expression du sentimentque l’on a pourxe qu’on estime sans valeur morale.

1° Le mépris envers Dieu. — 1° Mépriser la loi deDieu, c’est mépriser Dieu lui-même, qui en tirera vengeance. Lev., xxvi, 15; Num., xv, 31; Sap., xiv, 30; I Tim., iv, 12. David s’est rendu coupable de ce méprisquand il a commis son crime, II Reg., xil, 9. Holophernea directement méprisé le Dieu d’Israël. Judith, xiii, 28.C’est encore mépriser Dieu que de mépriser ce qui serapporte à lui, le serment qu’on lui a fait, Ezech., xvii, 18, 19; son autel, Mal., i, 12; son Temple et ses fêtes, Ezech., xxii, 8; II Mach., iv, 14; ses ministres, I Mach., vu, 34; les prophéties de ses envoyés. I Thess., v, 20. Sousla loi nouvelle, Dieu déclare même positivement quemépriser les ministres de son Église, c’est le mépriseren personne. Luc, x, 16. Il ne faut pas non plus mépriser les dons de sa grâce. Rom., ii, 4. — 2° Il étaitprophétisé que le Serviteur de Jéhovsh, le Messie, devaitêtre méprisé. Is., xlix, 7. Notre-Seigneur le rappela, Marc, IX, 11, et, pendant sa passion, il encourut lemépris de tous, particulièrement celui d’Hérode. Luc, xxiii, 11. — 3° Dieu, à son tour, méprise ceux qui leméprisent, 1 Reg., ii, -30, et qui s'écartent de ses lois.Ps. cxix (cxviii), 118. Il les rend méprisables, Mal., ii, S, et un jour il les jugera. Joa., xii, 48. — 4° Dieu a

dédaigné la demeure de Silo, à laquelle il voulait substituer celle de Sion. Ps. lxxviii (lxxvii), 60. Mais il neméprise pas les souffrances de l’affligé. Ps. xxii (xxi), 25; en (ci), 18.

2° Le mépris envers les hommes. — 1° Il y a desmépris qui sont justifiés. On méprise l’insensé, Prov., m, 35; l’impudique, Prov., vi, 33; l’incorrigible, Prov., xm, 18; le pervers. Prov., xii, 8. C’est avec raison qu’onméprise certains ordres de princes impies. Judith, ii, 5; v, 4; ix, 14; x, 12; xi, 2; Esth., xiii, 4; Dan., iii, 12;

I Mach., iii, 14. Sion, restaurée par Dieu, peut mépriserle roi d’Assyrie. IV Reg., xix, 21. Édom, condamné parDieu, est l’objet d’un juste mépris. Jer., xlix, 15; Abd., i. 2. Sion coupable est méprisée de ceux qui autrefoisl’aimaient, Jer., iv, 30, et l’honoraient, Lam., i, 8; iii, 45. — 2° Il y a des mépris qui ne sont pas justifiés. G’e^tsans aucune raison valable qu’on méprise quelqu’unparce qu’il est malheureux, Job, xii, 5; parce qu’il estpauvre, quoique sage, Eccle., IX, 16; parce qu’il estjeune, I Tim., iv, 12; malgré son intelligence, Eccli., xxvi, 26; à cause de sa mine, Eccli., xi, 2; parce qu’iltient à des observances inoffensives. Rom., xiv, 3, 10.Souvent pourtant le serviteur de Dieu est petit et méprisé. Ps. cxix (cxviii), 141. Mais Dieu défend de mépriserles petit*, Matth., xviii, 10. Il se sert d’eux, bien queméprisés du monde, pour anéantir ce qui est. I Cor., i, 28. — Quand on sert deux maîtres, on en méprise un, c’est-à-dire qu’on a nécessairement pour l’un moinsd'égards que pour l’autre. Luc, xvi, 13. Tobie, xiii, 16, maudit ceux qui mépriseront Jérusalem. Les officiersd’Holopherne trouvaient qu’on ne pouvait mépriser unenation qui avait d’aussi belles femmes que Judith.Judith, x, 18. Saint Paul veut qu’on préfère les plusméprisés des chrétiens, c’est-à-dire les plus humblesd’entre eux, aux juges païens, pour dirimer les différendsentre les frères. I Cor., vi, 4. Il félicite les Galates dene l’avoir pas méprisé malgré sa maladie. Gal., IV, 14.

II reprend ceux qui, à Gorinthe, lui reprochent d'êtreénergique de loin, mais faible et méprisable de près.II Cor., x, 10. — Les mépris déraisonnables viennent deméchants qui ne trouvent que matière à mépris dansla mort du juste. Sap., iv, 18. Qu’ils apparaissent, lemépris vient avec eux, Prov, , xviii, 3; qu’on les chasse, le mépris cesse. Prov., xxii, 10. Le passage de Prov., xviii, 3, se lit en hébreu: «Quand vient le méchant, vient aussi le mépris, bà' gam bûz.» Les Septante et laVulgate ont lu: «Quand vient le méchant be'àgam, dans le marécage,» dans l’abîme, «mépris,» il méprise, il n’a pas souci de sa situation. — 3° Il y a des méprisgravement coupables: le mépris envers une mère devenue vieille, Prov., xxiii, 22; envers un père affaibli parl'âge, Eccli., iii, 15; envers le vieillard en général, Eccli., viii, 7; le mépris de l’esclave chrétien pour sonmaître, chrétien comme lui, I Tim., vi, 2; le méprisenvers l’autorité souveraine, II Pet., ii, 10; Jud., 8; lemépris pour le ministre de l'Église, à cause de sa jeunesse. I Tim., iv, 12; Tit-, ii, 15; 1 Cor., xvi, 11. Job serend cette justice, qu’il n’a jamais méprisé les droits deses serviteurs. Job, xxxi, 13. Les grands de Perse craignirent que l’exemple de Vasthi n’apprît aux femmesà mépriser leurs maris. Esth., i, 17.

H. Lesêtre.

1. MER (hébreu: ydm; Septante et Nouveau Testament: Qâlaoaa, excepté II Mach., v, 21; Act., xxvii, 5, où l’on trouve îté), ayoç, que la Vulgate a traduit parpelagus, rendant partout ailleurs par mare le mot hébreuou grec), nom générique ou particulier donné dans laBible à de vastes étendues d’eau.

I. Nom. — L’hébreu yâm, que l’on rencontre danstoutes les langues sémitiques, se rattache, selon Gesenius, Thésaurus, p. 598, à la racine inusitée, yâmam, identique à hâmam et hâmàh, «frémir, s’agiter avecbruit,» le hé initial permutant avec le yod. L'Écriture 981

MER — MER D’AIRAIN

982

prend le mot «mer» tantôt dans un sens large, tantôtdans un sens restreint. Dans la cosmogonie mosaïque, elle définit elle-même par miqvêh ham-mayim, «rassemblementdes eaux, s l’ensemble des mers, yanvmîm, entant que distinct de la terre «sèche», hay-yabâsàh.Gen., i, 10. Cette acception générale se retrouve ailleurs, principalement dans les livres poétiques, où la mer n’estconsidérée que dans ses conditions physiques, commeune des grandes œuvres de Dieu, et fournissant matièreà des images, à des comparaisons. Cf. Exod., xx, 11; Deut., xxx, 13; Job, vii, 12; ix, 8; Ps. xxm (hébreu: xxiv), 2; lxiv(lxv), 8; lxxxvih(lxxxix), 10; Is., v, 30, etc.Envisagé sous ce rapport, l’hébreu yâm a pour correspondant, dans le parallélisme synonymique, (ehôm, «l’abîme.» Cf. Job, xxviii, 14; xxxviii, 16; Ps. cxxxiv(cxxxv), 6, etc. Voir Abîme, t. i, col. 52.

II. Mers dans l’Écriture. — Le mot s’applique souventâ quelques mers particulières qui avoisinent laPalestine, sans même que le nom propre y soit toujoursajouté. Le nom de la Mer Rouge (hébreu: yam-Sûf; Septante, i ipj8poc OâXoccrcra) revient à chaque instantdans les récits qui ont trait à la sortie d’Egypte. Cf. Exod., x, 19; xiii, 18; xiv, 2, 9, 16, 21, etc. Voir Rouge (Mer).La Méditerranée est fréquemment mentionnée à proposdes limites de la Terre Sainte sous les dénominationsde yâm hâ-ahârôn, «mer postérieure,» c’est-à-dire «occidentale», Deut., xi, 24; yâm PeliSfîm, «merdes Philistins,» Exod., xxiii, 31; yâm hag-gâdôl, «lagrande mer,» Num., xxxiv, 6, 7; Jos., i, 4; ix, 1, etc.Voir Méditerranée (Mer), col. 927. — 3° Il se restreintmême aux deux grands lacs de Palestine: LaMer Morte ou «mer de Sel», yâm-ham mêlai}., Gen., xiv, 3; «mer du Désert,» yâm hâ-’Arâbâh, Deut., iv, 49; «mer orientale,» yâm haq-qadmônî, Joël, ii, 20; Zach., xiv, 8; voir Morte (Mer); et le Lac de Tibériade, appelé yâm Kinnérét, Num., xxxiv, 11; Jos., xii, 3; xiii,

, 27; ꝟ. 9âXa<r<ra t^; raXiXaîa; , «mer de Galilée,» Matth., IV; 18; xv, 29, etc.; r, eiXaaaa ty]? TiêepiâSo; , «mer de Tibériade.» Joa., xxi, 1. "Voir Tibériade (Lac de). — 4° Bienplus les prophètes s’en servent parfois pour désignerdeux grands fleuves: le Nil, Is., xix, 5; Ezech., xxxii, 2, et l’Euphrate. Jer., li, 36. — 5° Enfin ls mot yâm estemployé pour indiquer «l’ouest» de la Palestine, laMéditerrannée formant la limite occidentale de ce pays.On trouve alors des expressions comme celles-ci: ruâhyâm, «le vent d’ouest,» Exod., x, 19; pe’af-yâm, «lecôté occidental,» Exod., xxvii, 12; xxxviii, 12 (hébreu); yammâh, avec le hé local, «vers l’ouest.» Gen., xxviii, 14; Exod., xxvi, 22. — La «mer de Jazer», dont il estquestion Jer., xlviii, 32, n’est sans doute due qu’à unefaute du texte. Voir Jazer, t. iii, col. 1150. — Hyperbo-Hquement, le mot «mer» s’applique à un vaste bassind’airain, yâm han-nehôSét, destiné aux ablutions desprêtres et placé dans le parvis intérieur du Temple deSalomon. III Reg., vii, 23. Voir Mer d’airain, col. 982.

III. Ce qu’a été la mer pour les Hébreux. — Lamer n’a pas été pour les Hébreux, comme pour d’autrespeuples, un moyen d’expansion, une source derichesses, excepté sous le règne de Salomon, III Reg., ix, 26-28, car le peuple choisi n’était pas destinéA^tre unpeuple de marins. Mais elle a été pour eux ce Qu’elle estpour tout homme qui sait comprendre les grands spectaclesde la nature, une image et une voix: l’image del’infinie grandeur, de l’immensité du Dieu qui l’a créée, la voix de sa puissance. Comme le ciel, comme lesmontagnes, elle provoque en eux et en nous, avec leSentiment de notre néant, l’hommage de l’adoration. Lespoètes sacrés et les prophètes ont mieux que personnesaisi, éprouvé l’un et l’autre. Ps. lxviii (lxix), 35; lxxxviii{lxxxix), 10; xciv (xcv), 6, etc. Aucune poésie profanen’a dépassé la magnifique description de Job, xxxviii,

a-ii:

Qui donc a enfermé la mer dans ses digues,

Lorsqu’elle sortait impétueuse du sein maternel;

Quand je lui donnai les nuages pour vêtement,

Et pour lange» d’épais brouillards;

Quand je lui imposai ma loi,

Que je l’entourai de portes et de verroux;

Que je lui dis; Tu viendras jusqu’ici, et tu n’iras pas

Ici se brisera l’orgueil de tes’flots? [plus loin; ]

Aucune des beautés de la mer n’a échappé aux auteursinspirés: son immensité, la profondeur de ses abîmes, le soulèvement et le bruit de ses flots, la vie qu’elle renfermeen son sein avec ses innombrables poissons, lesvoies qu’elle ouvre aux navigateurs:

Voici la vaste mer, aux immenses bras;

Là fourmillent sans nombre

Des animaux petit* et grands.

Là se meuvent les navires,

Et le léviathan que tu as tait pour s’y jouer.

Ps. cm <civ), 25, 26.

La mer offre en même temps à l’écrivain sacré unefoule d’images. Les impies sont comme la mer agitée, qui ne peut s’apaiser, et qui gonfle ses flots pour produirede l’écume et de la vase. Is., lvii, 20. La douleurde Jérusalem ruinée est grande comme la mer. Lam.il, 13. Celui qui prie sans confiance est semblable auflot de la mer sans cesse agité et poussé de côté etd’autre par le vent. Jac, i, 6. Les pécheurs sont comparésaux vagues furieuses de la mer, qui rejettent l’écumede leurs infamies. Jude, 13. Les multitudes de peuplesressemblent à une grande mer, qui répand au loin lebruit de ses vagues frémissantes. Is., xvii, 12. Elles sontsouvent aussi assimilées au sable de la mer. Gen., xxii, 17; Jos., xi, 4, etc. — Pour les rapports de la mer avecla Palestine, voir Méditerranée (Mer), col. 927.

A. Legendre.

2. MER DE GALILÉE. Voir Tibériade (Lac De).

3. MER DE SEL OU TRÈS SALÉE. Voir MORTE (Mer).

4. MER DES PHILISTINS. Voir MÉDITERRANÉE.

5. MER DU DÉSERT. Voir Morte (Mer).

6. MER (GRANDE). Voir MÉDITERRANÉE.

7. MER MÉDITERRANÉE. Voir MÉDITERRANÉE, col.927.

8. MER MORTE. Voir Morte (Mer).

9. MER OCCIDENTALE. Voir MÉDITERRANÉE (MER), col. 927.

10. MER ORIENTALE. Voir Morte (Mm).

11. MER ROUGE. Voir Rouge (Mer).

    1. MER D’AIRAIN##

MER D’AIRAIN, vaste bassin d’airain que Salomonfit fabriquer pour le service du sanctuaire, et qui étaitdestiné à remplacer la cuve d’airain que Moïse avaitfait fondre autrefois, avec les miroirs des femmes, pourle service du Tabernacle. Exod., xxxviii, 8. Le culteconsistant principalement en sacrifices sanglants, l’eauétait indispensable pour laver les victimes et les prêtres.De là, chez les peuples anciens, le besoin d’accumuler l’eaudans de grands réservoirs pour le service des temples.Voir le vase d’Amathonte destiné à cet usage (fig. 255).—1° Dans sa campagne contre Adarézer, roi de Soba, voirt. i, col. 212, David prit une grande quantité de cuivre, dont ensuite Salomon employa une partie pour faire lamer d’airain, yâm han-nehosé(, 6âXa<T<ra f, x a ^* ?j) marexiieum. I Par., xviii, 8. Le Tyrien Hiram fondit les difféMER D’AIRAIN

984

jentes pièces qui devaient composer la mer d’airain dansla vallée du Jourdain, entre Sochoth et Sarthan. Voir lacarte du Jourdain, t. iii, col. 1726. La terre argileuse quise trouvait dans cet endroit lui permettait de faire les

t

, V:

-1

255. — ^usl dvuu! ! i"P>. D’après l’original. Musée du Louvre.(1-85 de hauteur, 2-20 de diamètre.)

vastes moules dans lesquels il coula ensuite le métal.III Reg., vii, 46; II Par., iv, 17. Les pièces furent nécessairementcoulées chacune à part, puis transportées kJérusalem, où le montage dut se faire sur place.

2° La mer fondue, yâm mûçâq, mare fusile, se composaitd’un bassin circulaire et de sa base. Le bassin avaitdix coudées d’un bord à l’autre et cinq de hauteur. Il s’agitici très vraisemblablement non de la coudée vulgaire, dem 450, mais de la coudée du Temple, de m 525. VoirCoudée, t. ii, col. 1060, 1061. Le bassin avait donc 5 m< 2ôde diamètre et 2 m 625 de haut. Le tour du bassin était detrente coudées, soit de lô^oX). La mesure est approximative, le rapport du diamètre à la circonférence donnant16 m 493. La contenance de la mer d’airain est évaluéeen baths, le bath équivalant à 38 lit. 88; elle étaitde 2000 baths, soit 777 hectol. 60, d’après III Reg., vu, 26, et de 3000 baths, soit 1166 hectol. 66, d’après

256. — Essai de restitution de la mer d’airain.D’après Smith, Dict. ofthe Bible, t. iii, col. 1176.

II Par., iv, 5, et Josèphe, Ant. jud., VIII, iii, 5. Or, enprenant pour bases de calcul les mesures données pourla largeur et la hauteur de la pièce, et même en la supposantparfaitement cylindrique, on ne lui trouve qu’unecapacité de 564 hectolitres, si on compte d’après la coudéedu Temple, et 357 hectolitres, d’après la coudée vulgaire.Mais comme le bassin avait une palme, soit m 086d’épaisseur, et que le bord supérieur s’évasait en formede lis, la capacité en était certainement inférieure à celled’un cylindre ayant la largeur et la hauteur indiquées.II faut donc en conclure que les chiffres ont souffert.Toutefois les dimensions en largeur et en profondeur

sont identiques dans les livres des Rois et des Paralipomènes, et ces dimensions étaient plus faciles à vérifier, quand on le voulait, que la capacité. Il est donc probableque l’erreur de transcription porte sur les baths. Enadoptant le chiffre de 1000 baths, soit 388 hectolitres, on

257. — Essai de restitution de la mer d’airain.D’après Babelon, Archéologie orientale, p. 242.

se rapprocherait asseï, semble-t-il, de la réelle contenancede la mer d’airain. On a pensé aussi que la merd’airain pouvait avoir une base, comme le bassin d’airan, que Moïse avait fait placer dans le sanctuaire pour lesablutions des prêtres, Exod., xxx, 17-20, et que cettebase formait une sorte de bassin inférieur contenantaussi une certaine quantité d’eau pour les ablutions, II Par., iv, 6, ce qui permettrait d’atteindre les 2000 bathsdu texte. Mais cette supposition s’accorde peu avec ladescription de III Reg., vii, 23-26, qui fait reposer lamer d’airain directement sur les bœufs’d’airain, et neparle de bases que pour les dix bassins roulants. III Reg., vu, 27-35. Il se peut enfin que la forme d’hémisphère queJosèphe, Ant. jud., VIII, iii, 5, attribue à la mer d’airain

258. — Grands bassins devant un temple. Bas-relief assyrien.D’après Botta, Monument de Ninive, pi. 141.

ait comporté à la partie médiane un renflement de diamètreplus considérable que le diamètre supérieur, ce quiaugmenterait beaucoup la capacité du récipient (fig. 256).Il paraît pourtant naturel que le diamètre assigné à lamer d’airain ait été pris dans sa plus grande largeur.

3° La mer d’airain avait une ornementation particulière.Au-dessous du bord, deux rangs de coloquintes 985

MER D’AIRAIN

986

faisaient le tour de la mer. Voir Coloquinte, t. ii, col. 859. Il y en avait dix par coudée; elles mesuraientdonc 0°052 de diamètre, et elles avaient; été couléesavec la masse. Le bord lui-même affectait la forme d’unbord de coupe en fleur de lis. Douze bœufs d’airainportaient le vaste bassin sur leurs croupes tournéesvers le centre. Ils étaient disposés en quatre groupes detrois, la tête tournée vers les quatre points cardinaux.III Reg., vii, 24-26 (fig. 257). Cf. Babelon, Manuel d’archéologieorientale, Paris, 1888, p. 242. Il est très probableque la mer d’airain était pourvue de conduits par lesquelsl’eau se déversait, sans qu’on fût obligé de monter ausommet pour y puiser. Elle était alimentée par l’eau dessources situées au sud de Bethléhem, jaillissant à unesoixantaine de mètres au-dessus de la plate-forme duTemple et amenées à Jérusalem par tout un systèmed’aqueducs. Voir Aqueduc, t. i, col. 799, 800. On n’aaucune donnée sur le procédé employé pour faire arriverl’eau dans la mer d’airain. Ce vaste bassin fut appelé

259 Essai de restitution d’un bassin mobile.

D’après Babelon, Archéologie orientale, p. 243. «mer» à cause de ses dimensions. Il était naturellementimmobile sur ses lourdes bases. Il occupait un emplacementau côté droit du Temple, au sud-est, par conséquentà gauche quand on entrait dans le parvis desprêtres, entre le parvis d’Israël et l’autel. III Reg., vii, 39. Par la suite, le roi Achaz, dans les transformationsqu’il fit subir au Temple pour le conformer au goûtassyrien, fit enlever les bœufsqui soutenaient la merd’airain et les remplaça par une base de pierre. IV Reg., xvi, 17. Il craignait sans doute que son allié et son protecteur, le roi d’Assyrie, s’il venait jamais à Jérusalem, fût choqué de voir servir de soutien à un bassin des taureauxqu’on regardait à Ninive comme des représentationsde la divinité. Voir Chérubin, t. H, col. 666. Aprèsla prise de Jérusalem, la mer d’airain fut mise en piècespar les Chaldéens, qui emportèrent le métal à Babylone.IV Reg., xxv, 13. Dans le second Temple, la mer d’airainfut remplacée par un kîyyôr, ou bassin dans lequel arrivaitl’eau d’Étham. Le grand-prêtre Simon, fils d’Onias, fit des travaux pour l’adduction de l’eau en quantitéabondante. Eccli., ii, 3. Le bassin d’airain était pourvude deux ouvertures par lesquelles l’eau coulait. Pourplus de commodité dans le service des prêtres, BenKatin porta les ouvertures au nombre de douze. Il inventaégalement une sorte de pompe en bois qui, ajustée aubassin, permettait de le vider le soir et de le remplir lematin, les docteurs ayant jugé que la souillure atteignaittout ce qui restait dans un des récipients du sanctuairependant la nuit. Cf. Yoma, iii, 10; Tamid, iii, 8; Middoth, m, 6; Clemens, De labro xiieo, Utrecht, 1725, et dans

le Thésaurus d’Ugolini, t. xrc; Reland, Antiquitatessacrée, Utrecht, 1741, p. 57.

4> L’idée de la mer d’airain peut avoir été inspirée par

260. — Modèle de vase à roues de Larnaca.

D’après Furtwangler, Sittungsberichte der phil. Classe der

K. Bayer. Akademie, part, ii, 1899, p. 411.

des ustensiles analogues en usage dans les pays chaldéens(fig. 258). On a retrouvé à Ninive des bassins ayantprès de deux mètres de large; on en voit plusieurs, sculptésdans les bas-reliefs, qui sont portés par des bœufs.Cf. Layard, Nineveh and Babylon, Londres, 1853, p. 180.Les anciens Chaldéens fondaient de vastes bassins qu’ils

261. — Autre vase à roues d’EnkÔmi (Chypre).D’après Furtwangler, Sitzungsberichte, 1899, part, ii, p. 414.

plaçaient à la porte de leurs temples pour servir à la purificationdes adorateurs; ils donnaient à ces vases le nomà’abzou, le même qui sert à désigner l’océan céleste ausein duquel le monde repose. À Lagasch, le roi Ourninàavait ainsi établi une «t grande mer» et une «petite mer», Cf. Sayce, dans les Records of tfie Past, sér. ii, t. i, p. 65, note 1; Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 756. 987

MER D’AIRAIN — MÉRARITES

5° Pour compléter l’utilité de la mer d’airain, Salomonfit exécuter dix bassins ayant chacun quatre coudées, soit2 m 10, de large, et contenant 40 baths, soit 15 hectol. 55.La hauteur n’est pas indiquée. Si elle était seulement dedeux coudées, soit IKS, et que le bassin fût cylindrique, la capacité de ce dernier montait déjà à plus de 70 hectolitres.La largeur attribuée au bassin comprend donc sesornements extérieurs; quant à sa profondeur, elle devaitêtre médiocre. Chaque bassin était monté sur une based’airain, composée de quatre panneaux ajustés à angledroit et décorés de chérubins, de lions, de palmes et deguirlandes. Cette base quadrangulaire avait quatre coudées, soit 2 m 10 de côté, et trois coudées, soit l ra 57 dehauteur. L’ensemble était monté sur quatre roues d’airain.Au-dessus de la base quadrangulaire était un cercled’une demi-coudée, soit m 26 de hauteur, servant sansdoute à relier la base au bassin lui-même. Aux quatrecoins, des espèces de consoles assuraient la stabilité desdifférentes pièces. Malgré l’imprécision de cette description, on a essayé diverses restitutions (fig. 259) des bassinsmobiles, mais elles ne sont pas satisfaisantes. Desbronzes découverts dans l'île de Chypre donnent une idéeun peu plus nette de ce que pouvaient être ces bassins, sauf quant aux dimensions. On a trouvé à Larnaka unbassin de bronze composé d’une vasque hémisphérique, montée sur des pieds qui sont eux-mêmes pourvus deroulettes (fig. 260). L’ensemble a 0-39 de haut et 0-33 delarge; il pèse 9 kilogrammes 25. Ce petit meuble est d’unegrande simplicité. Cf. A. Furtwângler, dans les Sitzungsberichteder philosoph.-philolog. und histor. Classe derkônig, bayer. Akademie der Wissenschaften, Munich, part, ii, 1899, n. 3; B. Stade, dans la Zeitschrift fur diealltestam, Wissenseha.fi, 1901, p. 145. D’après le textebiblique, les bassins du Temple auraient été un peu pluscompliqués de forme, probablement à raison de leursplus grandes dimensions. Un autre meuble analogue àcelui de Larnaka a été trouvé à Enkômi (fig. 261). Maisil est assez mal conservé. Cf. A. Murray, dans le Journalof Royal Instit. of Brilish Architects, VU, 1899, p. 20.

— Les bassins étaient placés cinq à droite et cinq àgauche, à l’entrée du parvis des prêtres. III Reg., vii, 27-39; II Par., iv, 6. Le texte ne dit pas de quelle manièreétaient alimentés les dix bassins. Il est peu probableque l’eau qui leur était destinée fût puisée dans la merd’airain; on roulait sans doute ces bassins jusqu'à uneprise d’eau disposée de telle manière que le liquide pûtse déverser dans ces récipients dont l’ouverture se trouvaità environ trois mètres de hauteur. L’eau coulait enbas par des conduits ménagés dans les bases quadrangulaires; elle servait spécialement à laver les diversesparties des victimes offertes en holocauste. II Par., iv, 6. Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, iii, 6. Le roi Achaz fitenlever les bases d’airain qui supportaient les bassins.IV Reg., xvi, 17. Plus tard les Chaldéens les retrouvèrentdans le Temple et les emportèreat. IV Reg., xxv, 13.

H. Lesêtre.

    1. MÉRAIOTH##

MÉRAIOTH (hébreu: Merayôt), nom de deux ou troisdescendants d’Aaron. La Vulgate l’a écrit Maraïoth dansplusieurs passages. Voir Maraïoth, col. 711.

1. MÉRAIOTH (Septante: MapiïjX; Alexandrinus: MapatiiB), grand-prêtre, descendant d’Aaron parÉléazar, fils de Zaraïas et père d’Amarias. I Par., vi, 6-7, 50-52(hébreu, v, 32-33; vi, 35-37). Esdras le compte parmi sesaïeux. I Esd., vii, 3. Dans ce passage, la Vulgate (voircol. 712) écrit son nom Maraïoth (Septante: MapetiB). Diverscommentateurs croient que le Merayôt (Vulgate: Maraïoth; Septante: MapaftiO; Alexandrinus: Maptcifl)nommé, I Par., ix, 11, et II Esd., XI, 11, entre Sadoc etAchitob, est le père d’Amarias, qui ne se trouverait à cetteplace que par transposition. Achitob et Sadoc étaient sesdescendants par son fils Amarias. D’après Lightfoot, AProspect of the Temple Service, iv, 1, dans ses Works,

2 in-f», Londres, 1684, t. i, p. 907, il aurait été le prédécesseurimmédiat du grand-prêtre Héli dans le souverainsacerdoce et c’est à sa mort que le pontificat serait passéde la ligne d'Êléazar dans celle d’Ithamar.

2. MÉRAIOTH, prêtre, fils de Sadoc et père d’Achitob.

I Par., ix, 11; II Esd., xi, 11. D’après plusieurs commentateurs, il n’y aurait aucune interversion dans ces'deux passages des Livres Saints et ce Méraioth seraitdifférent du précédent. Voir Méraioth 1.

3. MÉRAIOTH (Septante: M «ptwe), chef d’une famillesacerdotale qui était représentée par flelci (t. iii, col. 565), du temps du grand-prêtre Joacim. II Esd., xil, 15. La Vulgateécrit son nom Maraioth. Voir Maraïoth 2, col. 712.Certains commentateurs l’identifient avec le Merimuth de

II Esd., xii, 3. Voir Merimuth et Marimuth 1, col. 820.

    1. MÉRALA##

MÉRALA (hébreu: Mar'âlâh, «tremblant [?];» Septante: MayeXSà), ville frontière de la tribu de Zabulon, sur les confins d’Issachar, entre Sarid et Debbaseth, Jos., xix, 11. L’identification n’en est pas certaine, maison peut placer avec probabilité le site de Mérala à Ma’lûl, au sud-ouest de Nazareth, au nord de Tell' Schordûd(Sarid), à l’ouest de Debûriyeh (Dabéreeth, t. ii, col. 1195) et au nord-est de Djébata (Debbaseth, t. ii, col. 1327). Ma’lûl est un village situé sur le sommet d’unecolline où l’on remarque des d ébris antiques, pierres sculptées, fragments de colonnes et les ruines d’une ancienneéglise; aux alentours sont des tombeaux creusés dans leroc. À quelque distance est la fontaine de 'Aïn Ma’lûl.Porter, Handbook for Syria and Palestine, 1868, p. 364.Voir la carte d’IsSACHAR, t. iii, vis-à-vis la col. 1007: V. Guérin, Galilée, t. i, p. 387-390, a identifié MaHulavec Nahalal. Cette identification paraît moins probable.

    1. MÉRARI##

MÉRARI (hébreu: Merdrî, «triste;» Septante: Mspapi), nom de deux Israélites.

1. MÉRARI, troisième et dernier fils de Lévi. Gen., XLvi, 11; Exod., vi. 16; Num., iii, 17; I Par., vi, 1, 16; xxiii, 6. Tout ce que nous savons de sa personne se réduiteces deux points -, il accompagna Jacob en Egypte, Gen., XL vi, 11, et il eut deux fils, Moholi et Musi. Exod., vi, 19; Num., jii, 20; I Par., vi, 19, 29; xxiii, 21. Mais sadescendance joua un rôle important dans la suite del’histoire sainte: elle forma, sous le nom de Mérarites, la troisième grande division des lévites. Voir Mérarites.

— I Par., xxiv, 26-27, attribue d’autres fils, entre autresOziaù, à Mérari, mais ce passage paraît altéré. Voir Oziaû.

2. MÉRARI, de la tribu de Siméon, fils d’Idox et pèrede Judith, la libératrice de Béthulie. Judith, viii, 1; xvi, 8.

    1. MÉRARITES##

MÉRARITES (hébreu: ham-Merarî; Septante: AMapapt), famille de lévites, descendant de, Mérari.Num., xxvi, 57. La Vulgate les appelle Meraritæ dans cepassage et Num., iv, 33. Partout ailleurs ils sont désignéssous le nom de «fils de Mérari». Num., iv, 29, etc.

1° Pendant l’exode. — À l'époque de la sortied'Ëgypte, ils étaient divisés en deux branches, les Moholites et lesMusites. Num., iii, 33. Le chef des Mérarites était alorsSuriel, fils d’Abihaïel. Le nombre de ses membres étaitde six mille deux cents âgés d’un mois et au-dessus, Num., iii, 34-35, et de trois mille 'deux cents âgés detrente à cinquante ans. Num., iv, 42-45. Ils furent placéssous la direction d’Ithamar, fils d’Aaron, et chargés, dans le désert du Sinaï, de porter, en qualité de descendantsdu plus jeune des fils de Lévi, les parties les moinsimportantes des ustensiles sacrés, les planches du tabernacle, ses colonnes et ses bases, les colonnes du parvisavec les pieux et les cordages et tout l’ameublement quien dépendait. Num., iii, 36-37; iv, 31-33. Pour transpor» '989

MÉRARITES — MERCENAIRE

990,

ter ce lourd matériel, ils reçurent quatre chariots ethuit bœufs. Num., vii, 8. En marche, ils suivaient immédiatement, avec les Gersonites, l'étendard de Juda etprécédaient ainsi l'étendard de Ruben. Num., x, 11-18.Ils occupaient cette place, afin d’arriver les premiers deslévites au campement avec les Gersonites et de pouvoirdresser le tabernacle de sorte qu’il fût prêt à recevoirle sanctuaire qui était porté par les Caathites, derrièrela tribu de Ruben. Num., x. 21. Pendant les campements, les fils de Mérari campaient au nord du tabernacle. Num., iii, 35. Lors du second recensem*nt desLévites fait par Moïse et Éléazar dans les plaines deMoab, près du Jourdain, les deux branches de Mérarites, les Moholites et les Musites, furent dénombrées avecleurs frères, mais l’auteur sacré ne donne que le totalgénéral des lévites, qui fut de vingt-trois mille depuisun mois et au-dessus. Num., xxvi, 57-62.

2. Sous Josué. — Il n’est plus question des fils de Mérari jusqu’au partage de la Terre Promise. À cette époque, on leur assigna pour leur part douze villes avec leursfaubourgs, quatre dans la tribu de Zabulon: Jecnam(t. iii, col, 1213), Cartha (t. H, col. 324), Damna (t. ii, col. 1231) et Naalol; quatre dans la tribu de Ruben: Bosor, Jaser (voir Jasa, t. iii, col. 1138), Cadémoth(t. ii, col. 12), (Jethson) (t. iii, col. 1523) et Méphaath (laVulgate ajoute en trop Misor); et enfin quatre dans latribu de Gad: Ramoth de Galaad, qui fut une ville derefuge pour les meurtriers, Manaïm ou Mahanaïm(col. 571), Hésébon (t. iii, col. 657) et Jaser (voir Jazer, t. iii, col. 1150). Jos., xxi, 7, 34-40. Cette liste des villesmérarites se retrouve dans I Par., vi, 63, 77-81, à quelquesdifférences près. Deux des villes de Zabulon, Jecnam etCartha, sont omises; Damna est devenue Remmono, leçon qui paraît assez probable (voir Damna, t. ii, col. 1231et Naalol a été transformé enThabor, changement qu’il estdifficile d’expliquer. Voir Jethson, Naalol et Thabor 2.

3° À l'époque des rois. — Nous ne savons rien del’histoire des Mérarites pendant la période des Juges etle règne de Saûi, en dehors des listes généalogiques, I Par., vi, 44-47; mais ils jouèrent un rôle importantavec les autres lévites sous le règne de David. Aprèsla conquête de Jérusalem, ils prirent part à la fête dela translation de l’Arche de la maison d’Obédidomà Sion, au nombre de deux cent vingt, sous la conduite d’Asaïa, leur chef (voir Asaïa 3, t. i, col. 1055).I Par. xv, 6. Plusieurs d’entre eux, en particulier Éthan, y figurèrent parmi les musiciens. I Par., xv, 16-19.Ethan (t. ii, col. 2004), appelé aussi Idithun (t. iii, col. 807), devint l’un des trois chefs de chœur de la maison deDieu, dans l’organisation religieuse établie par David, et il eut ainsi sous ses ordres les Mérarites, qui formèrent un tiers des musiciens et des chantres du Temple, I Par., xxui, 6, 21-23, et furent sous la direction de sessix fils. I Par., xxv, 1, 3, 9-17. Dans les cérémonies sacrées, les fils de Mérari étaient placés à gauche. I Par., vi, 44.Ils servaient les prêtres dans l’oblation des sacrificas etremplissaient aussi, quelques-uns du moins, les fonctions de portiers. I Par., xvi, 41-42; lx, 14, 23; cf. xxiii, 5-6. — L'Écriture ne nous apprend rien de spécial surleur histoire, depuis David jusqu'à la captivité de Babylone, excepté sous le règne d'Ézéchias, où^elle énumère des descendants de Mérari parmi les lévites quipurifièrent le Temple. II Par., xxix, 12-15, et sous lerègne de Josias, où deux Mérarites, Jahath et Abdias, furent chargés, avec deux Caathites, de diriger les réparations du Temple. II Par., xxxiv, 12.

4 «Après la captivité. — Un certain nombre de Mérarites revinrent de Babylone et de la Chaldée aprèsl'édit de Cyrus et quelques-uns d’entre eux s'établirentà Jérusalem, Séméia, I Par., ix, 14; II Esd., xi, 15; Obdia. I Par., ix, 16; II Esd., xi, 17. D’autres Méraritesaccompagnèrent aussi Esdras quand il se rendit en Judée. I Esd., viii, 18-19. — Pour les deux autres branches

lévitiques, voir Caathites, t. i, col. 3, et Gersonites, t. iii, col. 214. F. ViGOUROlïX.

    1. MERCATOR Gérard##

MERCATOR Gérard, géographe, né à Ruppelmondele 5 mars 1512, mort à Duisbourg le 2 décembre 1594.Après avoir commencé ses études à Bois-le-Duc, il lescontinua à Louvain, s’appliquant surtout à la philosophieet aux mathématiques. Vers 1559, il se fixa à Duisbourget reçut le titre de cosmographe du duc de Clèves.Parmi ses ouvrages on remarque: Hamionia Evangelistarum, in-4°, Duisbourg, 1592, dirigé contre Ch. Dumoulin. Citons encore de ce célèbre géographe: Amplissima Terrx Sanctsedescriptio, in-f°, Louvain, 1537; Chronologie/, sive temporurn detnonstratio ab initiomundi usque ad annum Christi 1568 ex eclypsibus, observationibus astronomicis, sacrée Scripturse testimoniis et optimis quibusque auctoribus concinnata, in-8', Bâle, 1577. — Voir G. Ghymn, Vie de Mercalor, en têtede l'édition de V Atlas, publiée en 1630; Valère André,

Biblioth. Belgica, p. 280.

B. Heurtebize.

    1. MERCENAIRE##

MERCENAIRE (hébreu: sâkîr; Septante: [u<t6mt('ç; Vulgate: mercenarius), celui qui est engagé à prixd’argent pour servir ou travailler.

I. Artisans. — 1° Le mercenaire diffère de l’esclave ence qu’il possède la liberté, ne se loue que pour un tempsdéterminé et reçoit un salaire. Les Hébreux employaientcomme mercenaires soit des compatriotes, soit des étrangers. L’Israélite que la nécessité obligeait à se vendredevait être traité non comme esclave, mais comme mercenaire. Lev., xxv, 40, 50, 53. Il fallait du reste luirendre la liberté au bout de la sixième année en luidonnant son salaire. Deut, xv, 18. La Loi prescrivaitexpressément de traiter avec douceur le mercenaire, tant Israélite qu'étranger, et de lui payer son salaireavant le coucher du soleil. Lev., xix, 13; Deut., xxiv, 14, 15. Le mercenaire avait droit de se nourrir desfruits spontanés de l’année sabbatique. Lev., xxv, 6.Mais, s’il était étranger, il ne pouvait manger ni laPàque, Exod., XH, 45, ni les choses saintes offertes dansles sacrifices. Lev, , xxii, 10. — 2° Jacob se loua commemercenaire chez Laban pour deuxpériodes de septannées.Gen., xxix, 18, 27. Les affamés se louent pour gagnerleur pain. I Reg., ii, 6. Salomon, pour la constructiondu Temple, prit à gage un grand nombre de mercenairesphéniciens et israélites. III Reg., v, 6; II Par., ii, 10. Leroi Joas loua' aussi des ouvriers pour réparer l'édifice.Il Par., xxiv, 12. L’ange Raphaël remplit en quelquemanière l’office de mercenaire auprès de Tobie. Tob., v, 17. L'Évangile mentionne des mercenaires au servicedu pêcheur Zébédée, Marc, i, 21, dans la maison dupère du prodigue, Luc, xv, 17, 19, à la vigne du pèrede famille, Matth., xx, 1-8; etc. Il était considéré commedangereux de prendre à gage les insensés et les premiers venus. Prov., xxvi, 10. — 3° La journée du mercenaire était rude, surtout sous le climat palestinien.L’auteur de Job, vii, 1, en fait une image de la viehumaine, et marque la joie du mercenaire à la fin dela fjournée. Job, xiv, 6. Cf. Matth., xx, 12. Les années «comme celles du mercenaire», dont parle Isaïe, xvi, 14; xxi, 16, sont des années auxquelles on n’ajoutera pasun seul jour, mais qui seront en même temps des annéespénibles. Le mercenaire est naturellement intéressé, etil soupire après son salaire, Job, vii, 2, auquel du resteH a pleinement droit. Matth., x, 10; Luc, x, 7; I Tim., v, 18. Il ne faut donc pas faire tort au mercenaire, qui usesa vie au service de celui qui l’emploie. Eccli., vii, 22.Le frauder serait commettre une sorte d’homicide. Eccli., xxxiv, 27. La question du salaire des mercenaires revientassez souvent dans la Sainte Écriture, Lev., xix, 13; Tob., rv, 15; Agg., i, 6; Mal., lii, 5; Jacob., v, 4; etc., ce quidonne à penser que les règles de la justice avaient besoind'être rappelées à ce sujet. Voir Salaire. De son côté, le

mercenaire envisageait surtout son gain; son dévouementn’égalait pas celui du propriétaire qui travaille pour sonavantage personnel. Joa., x, 12, 13. Dans ce passage, Notre-Seigneur compare le faux pasteur au mercenairequi ne sait pas donner sa vie pour son troupeau.

II. Soldats. — Au temps des Juges, Abimélech employasoixante-dix sicles d’argent à se constituer un corps demisérables et de gens prêts à tout pour l’aider dans sesprojets ambitieux. Jud., ix, 4. Sur les mercenaires engagésdans l’armée à l’époque d’Amasias, IV Reg., viii, 2022; II Par., xxv, 6, et sous les Machabées, voir Arméechez les Hébreux, 1. 1, col. 981. Pour se défendre contreDavid, les Ammonites enrôlèrent des mercenaires recrutésen Syrie et dans les pays voisins. II Reg., x, 6; I Par., xix, 6, 7. Pendant que Bénadad, roi de Syrie, assiégeait Samarie, son armée, prise de panique, s’imaginaque les Israélites avaient pris à leur solde destroupes héthéennes et égyptiennes, et elle prit la fuite.IV Reg., vii, 6. Jérémie, xlvi, 21, prédisant l’invasionde l’Egypte par Nabuchodonosor, dit: «Ses mercenairessont au milieu d’elle comme des veaux engraissés; euxaussi, ils tournent le dos et fuient sans résistance.» Ladécadence de l’esprit militaire s’était en effet accentuéechez les Égyptiens depuis les derniers Ramessides. Dèsla xxie dynastie, «les mercenaires constituaient la portionla plus effective et la plus vivace des armées pharaoniques.» Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 765-768. Cesmercenaires étaient des Libyens, qui envahirent ainsipeu à peu la vallée du Nil, y reçurent une haute solde, se firent une vie facile et large et devinrent à la longueles maîtres de leurs maîtres. À la veille de l’invasionchaldéenne, Apriès avait dû recourir aux mercenairesétrangers. Cf. Hérodote, ii, 163. Amasis, qui lui succédaaprès l’avoir détrôné et eut à subir le choc des Chaldéens, ne put le faire qu’à l’aide des mercenaires.Cf. Maspero, Hist. anc., t. iii, 1899, p. 554-558.

Le général syrien, Timothée, prit avec lui des mercenairesarabes pour attaquer Judas Machabée. I Mach., v, 39. Antiochus Eupator avait aussi des armées mercenaires, utrôwraf, conductitii, 1 Mach., yi, 29. Dans lesarmées grecques et les armées romaines, tous les soldatsétaient mercenaires, en ce sens qu’ils touchaientune solde. Les auxiliaires romains qui servaient en jPalestine à l’époque évangélique se trouvaient naturellementdans ce cas. C’est pourquoi saint Jean-Baptiste lesexhortait à se contenter de leur solde. Luc, iii, 14.

H. Lesêtre.

    1. MERCURE##

MERCURE (grec: ’Epiir,?), un des douze grands dieuxde l’Olympe grec (iig. 262). — 1° Il est nommé dans lesActes, xiv, 11 (12). D’après la mythologie, il était fils deJupiter et de Maïa, fille d’Atlas. Il accompagnait ordinairementson père Jupiter dans ses courses sur la terre, parexemple lorsque l’un et l’autre reçurent en Phrygie l’hospitalitéde Philémon et de Beaucis. Ovide, Metam., viii, 620-724. Cf. Fast., v, 495. Ce conte était populaire enAsie Mineure et c’est là sans doute ce qui porta leshabitants de Lystre en Lycaonie à s’imaginer que ces deuxdivinités leur apparaissaient en la personne de Paul etde Barnabe. À la vue d’un paralytique de naissance, quin’avait jamais marché, et qui fut guéri miraculeusem*ntpar saint Paul, la foule émerveillée s’écria en lycaonien: «Les dieux se sont faits semblables aux hommes et ilssont descendus au milieu de nous.» Act., xiv, 10. Ilsprirent donc les deux apôtres pour Jupiter et Mercure.Ce dernier, d’après la mythologie, était le messager desdieux, Homère, Odyss., v, 28; Hymn. in Herm., 3, etde Jupiter, Odyss., i, 38, 84; lliad., xxiv, 333, le dieu del’éloquence, Odyss., i, 86; Horace, Od., i, x, 1; ©sô; ôtûv Xéycov ï|-re[iwv, dit Jamblique. Cf. Roscher, Lexikon, t. i, col. 2362, 2388. Paul ayant porté la parole en cettecirconstance devint Mercure à leurs yeux et son compagnonfut Jupiter. On voulut donc les honorer en cette

qualité et leur offrir un sacrifice de taureaux selon lesrites païens, ce que les deux missionnaires ne purentempêcher qu’à grand’peine. Act., xiv, 11-17. — Mercureétait communément représenté comme un jeune hommeélancé et imberbe. C’est à tort que quelques commentateursont essayé de se représenter ce qu’était physiquementsaint Paul en supposant que les Lystriens avaientdû trouver quelque ressemblance entre sa personne etles statues du dieu. L’Apôtre n’avait ni caducée, ni pétase, ni ailes aux talons, comme le dieu grec. Il futsimplement considéré comme le porte-parole de soncompagnon et pris à ce titre pour le dieu Hermès, qu’onqualifiait d’ippuiveûî, interpres Divum. Virgile, Mneid., iv, 356. Cf. W. H. Roscher, Ausfûhrliches Leocikon dergriechischen und rômischen Mythologie, Leipzig, t. i, 1884-1890, col. 2342-2432; cf. t. ii, col. 2802-2834.

2° Le pétase, nétairoç, chapeau à larges bords dontétait coiffé Mercure, apparaît dans II Mach., iv, 12, dansune locution grecque (la Vulgate a traduit par fornix)qui signifie que le grand-prêtre hellénisant Jason (voirJason 4, t. iii, col. 1141), ayant établi un gymnase à la

262. — Zeus et Hermès. Vase peint.D’après Gerhard, Etrusk Vasen, pi. viii, p. 10.

façon des Grecs, à Jérusalem, «y convoquait les jeunesgens aux exercices gymnastiques.» Cela se disait engrec, >iit> icéiaoov ^ev, parce que le dieu du pétase étaitle modèle et le protecteur des gymnastes. Cf., surII Mach., iv, 12, J. Frd. Schleusner, Novus ThésaurusVeteris Testamenti, 1820, t. iv, p. 327.

3° Le dieu Mercure est nommé dans la Vulgate, dans lelivre des Proverbes, xxvi, 8. Là où le texte hébreu porte:

C’est attacher une pierre à une frondeQue de rendre des honneurs à un insensé,

La Vulgate dit:

Comme celui qui jette une pierre dans le monceau de Mercure(acervus Mercurii),

Ainsi est celui qui rend honneur à un insensé.

h’acervus Mercurii était un tas de pierres. Nous lisonsdans le Liber Glossarum publié dans les Œuvres desaint Isidore de Séville, t. Lxxxm, col. 1360, Mercurius, lapidum congeries in cacumine collium. Cf. Macri, Hierolexikon, 6e édit., 2 in-4°, Bologne, 1765-1767, aumot Acervus Mercurii, t. i, p. 11-12. Saint Jérôme adonc rendu le sens de l’hébreu par une sorte de proverbelatin: honorer un insensé est aussi déraisonnable*que de jeter une pierre dans un tas de pierres, commequi dirait: jeter une goutte d’eau dans une rivière. LesSeptante et la Peschito ont traduit l’hébreu (margêmâh)

par «fronde», comme dans la traduction de l’hébreu ci-dessus, mais d’autres le traduisent par «tas de pierres».Ainsi Gesenius, Thésaurus, p. 1263. F. Vigouroux,

MERE (hébreu: ’êm, correspondant à l’assyrienummu, et quelquefois hôrdh; Gen., xlix, 26; Cant., iii, 4; Ose. ii, 7, ou yôlédét, Prov., xvii, 25; xxiii, 35; Jer., xv, 9, deux mots signifiant «celle qui engendre»; Septante: fi^Ttip, xsxoOffa, xi’xxouaa; Vulgate: mater, genitrix), celle qui porte en son sein et engendre des enfants.

1° Différents sens du mot. — Outre son sens naturel, le plus ordinairement employé, le mot’êm peutencore désigner, par extension, la belîe-mère, Gen., xxxvii, 10; cf. xxxv, 19; la grand’mère, III Reg., xv, 10; l’ancêtreen général, Gen., iii, 20; Ezech., xvi, 3; celle quiremplit des fonctions presque maternelles vis-à-vis d’unpeuple, Jud., v, 7, et une nation par rapport à ses en-, fants. Is., l, 1; Jer., l, 12; Ose., iv, 5. Le même mots’emploie en parlant des animaux. Exod., xxii, 29; xxiii, 19; Deut., xxii, 6. Par assimilation, on donne le nom de «mère» à ce qui est une cause. Ainsi la sagesse est lamère de toutes sortes de biens et de vertus. Sap., vii, 12; Eccli., xxiv, 24. Il en est de même de la justice.Eccli., xv, 2. Babylone est la mère des fornications.Apoc, xvii, 5. La «mère des chemins» est un carrefour, d’où les chemins prennent naissance. Ezech., xxi, 26 (hébreu). Le sépulcre est comme la mère de tous leshommes, parce qu’il les recevra tous dans son sein.Eccli., xl, 1. En renversant la métaphore, Jérémie, xx, 17, eût souhaité que le sein de sa mère fût son sépulcre.Job, xvii, 14, appelle la pourriture du tombeau sa mère, parce qu’il descendra dans son sein. La Jérusalem célesteabritera les enfants de Dieu dans son sein; c’estpourquoi elle est comme leur mère. Gal., iv, 26. Enfinon nomme «ville-mère» ou métropole, celle qui exerceson action sur d’autres villes inférieures. II Reg., xx, 19.On trouve dans des inscriptions le titre de «mère de lasynagogue», attribué sans doute à des femmes qui avaientbien mérité de la communauté, parmi les Juifs de ladispersion. Cf. Corp. inscrip. lat., t. v, n» 4411; t. vi, n° 29756. — En donnant le nom de mère, de frères oude sœurs à ceux qui écoutent sa parole, le Sauveur veutindiquer que, par leur fidélité à la grâce, ses disciplescontractent avec lui des liens plus étroits que tous ceuxde la nature. Matth., xii, 47, 50.

2° Le sein de la mère. — C’est une malédiction pourla mère d’être stérile. I Reg., xv, 33. En faisant cessercette stérilité, Dieu rend la mère joyeuse. Ps. cxm (cxii), 9. La femme fidèle aux obligations de la vie chrétiennearrive au salut en engendrant des enfants. I Tim., ii, 15. L’expression «dès le sein de la mère» revient souventpour marquer que quelqu’un a reçu ou fait tellechose depuis qu’il est au monde. Jud., xiii, 7; xvi, 17; Job, xxxi, 18; Ps. xxii (xxi), 11; lxxi (lxx), 6; cxxxix(cxxxviii), 13; Eccli., xl, 1; xlix, 9; l, 24; Is., xiix, 1; Matth., six, 12; Luc, i, 15; Act, , iii, 2; xiv, 1; Gal., i, 15, etc. On dit dans le même sens «dès les mamellesde la mère». Ps. xxii (xxi), 10.

3° Les fils de la mère. — À cause de la polygamieen vigueur chez les Hébreux, les enfants du même pèresont distingués entre eux par le nom de leurflière. Voilàpourquoi les historiens sacrés ne manquent’pas de nommerla mère des rois ou des personnages considérables.III Reg., xi, 26; xiv, 31; xv, 2, 10; xxiii, 42; IVReg., viii, 26; xii, 1; xiv, 2; xv, 2, 33; xviii, 2; xxi, 1, 19; xxii, 1; xxm, 31, 36; xxiv, 8, 18; I Par., ii, 26; II Par., xii, 13; xm, 2; xx, 31; xxii, 2; xxiv, l; xxv, 1; xxvi, 3; xxvii, 1; xxix, 1. On appelait ses frères maternels «fils de mamère». Gen., xx, 12; Deut., xiii, 6; Jud., viii, 19. Onaimait ses frères utérins bien plus que les autres, Cant., vm, 1; il était plus grave de leur manquer d’égards, Gen., xxvii, 29, et plus cruel d’être maltraité ou. abandonnépar eux. Cant., i, 5; Ps. l (xlix), 20; lxix (lxviii),

PICT. DE LA BIBLE.

9. Par contre, les défauts d’un fils faisaient la honte desa mère, parce qu’on supposait que les fils du mêmepère, mais d’une autre mère, n’avaient pas ces défauts.Prov., x, 1; xxix, 15. Saûl, reprochant à son fils Jonathasson amitié pour David, ne manque pas de lui direqu’il agit ainsi à la honte de sa mère. I Reg., xx, 30.

4° L’amour maternel. — L’amour de la mère pourl’enfant apparaît souvent dans la Sainte Écriture, C’estAgar qui ne veut pas voir mourir son enfant au désertet pleure loin de lui, Gen., xxi, 14-16; la mère de Moïsesurveillant son enfant confié aux eaux du Nil, Exod., ii, 2-9; Anne prenant soin de son fils Samuel, I Reg., i, 22-24; la pauvre prostituée qui paraît au jugement deSalomon et préfère abandonner son fils à sa rivale plutôtque de le laisser périr, III Reg., iii, 26, 27; la veuvede Sarepta qui obtient d’Élie le retour de son fils à lavie, III Reg., xvii, 17-24; la femme de Sunam dontl’enfant, hiort d’insolation, est ressuscité par Elisée, IV Reg., iv, 18-21, 35; la mère de Tobie qui verse deslarmes intarissables sur le départ et l’absence de sonfils, Tob., v, 23-28; x, 4; la mère des Machabées qui, par son amour héroïque, encourage ses enfants au martyre, II Mach., vii, 1-41; la veuve de Naïm dont ladouleur touche le Sauveur, Luc, vii, 12-15; la Chananéennequi brave même le refus si dur en apparencede Notre-Seigneur et obtient la guérison de sa fille.Matth., xv, 21-28; Marc, vii, 2430. Parfois même cetamour maternel a toutes les ambitions en faveur de filschéris. Tel il est chez Rébecca, qui fait bénir Jacob à laplace d’Ésaû, Gen., xxvii, 6-46; chez Bethsabée, quiarrive à faire sacrer roi Salomon son fils, III Reg., i, 15-31; chez la mère des fils de Zébédée, qui veut pourses fils les deux premières places dans le royaume.Matth., xx, 20-28; Marc, x, 35-45, etc. — Au nombredes calamités qui devaient fondre sur Israël infidèle, Moïse avait noté celle-ci: «Au milieu de l’angoise etde la détresse où te réduira ton ennemi, tu mangerasle fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tesfilles.» Deut., xxviii, 53. L’amour maternel ne put empêcherdes mères d’en venir à cette extrémité pendantl’horrible famine du siège de Samarie, IV Reg., vi, 28, 29, peut-être pendant celui de Jérusalem par les Chaldéens, Lam., ii, 20; iv, 10, et certainement pendant le siège parles Romains. Josèphe, Bell, jud., VI, iii, 4. — L’amourmaternel est pris comme terme de comparaison pourcaractériser l’amour de Dieu. Comme une mère consoleson fils, ainsi Dieu consolera Jérusalem. Is., lxvi, 13. LeTrès-Haut est plus miséricordieux qu’une mère. Eccli., iv, 11. Notre-Seigneur se compare lui-même à la-poulequi^couvre ses poussins de ses ailes. Matth., xxiii, 37.

5° Le rôle de la mère. — Chez les Hébreux, c’était lepère qui exerçait l’autorité dans la famille; mais c’étaità la mère, comme dans tous les pays où la polygamieest en usage, qu’était réservée l’éducation des enfants.Chaque mère de famille habitait ordinairement à partavec ses enfants, séparée des autres femmes et des autresenfants de son mari; c’était le seul moyen d’éviter lesquerelles trop fréquentes et trop vives suscitées par lajalousie des diverses épouses du même homme. Celui-ci, d’ailleurs, ne pouvait s’occuper lui-même d’élever sesenfants, à cause de leur trop grand nombre et de sesoccupations extérieures. L’éducation des enfants étantréservée à la mère, on comprend combien il était importantque les Hébreux n’épousassent point des femmespaïennes. — Au point de vue des transactions, du mariagedes enfants, des rapports sociaux, la mère n’avaitqu’un rôle secondaire. Dans certains cas, cependant, elleintervenait à défaut du père de famille. Ainsi Agar, dontAbraham ne peut plus s’occuper, cherche elle-mêmeune femme pour son fils Ismaël. Gen., xxi, 21. Rébeccaen réfère directement à sa mère des choses qui la concernent, probablement à cause du grand âge ou peut-êtrede la mort de son père Bathuel. Gen., xxiv, 28, 55. Voi*

IV. - 32

    1. BATHCEL##

BATHCEL, t. i, col. 1508. Dans la suite des temps, quandla polygamie disparut peu à peu, il y eut moins de raisonspour qu’une mère de famille traitât avec indépendanceles affaires de ses enfants. En général, la mèreoccupait dans la société israélite une place beaucoupplus grande et beaucoup plus honorée que chez lesautres peuples. Tous les égards lui étaient assurés grâceà renseignement des Livres Saints qui, dès leurs premiersrécits, présentaient la femme comme une aidesemblable à l’homme, pour laquelle celui-ci devait quitterfnéme son père et sa mère. Gen., ii, 18, 24. Le livredes Proverbes, xxxi, 10-31, trace un beau portrait dela mère de famille, telle qu’on la concevait chez lesIsraélites. Elle se met elle-même au travail, gouverneserviteurs et servantes, surveille tout, le jour et la nuit, soulage les malheureux, et fait en sorte que son maripuisse paraître honorablement en public. Elle a des tilsqui rendent hommage à son mérite et la proclamentheureuse. Quant aux devoirs religieux qu’elle doit accomplir, il est dit seulement qu’elle craint le Seigneur.La foi rituelle, en effet, à part quelques exceptions, nevise directement que les hommes. À l’époque de Noire-Seigneur, les docteurs considéraient la femme commefrappée d’une sorte d’infériorité religieuse. Elle pouvaitremplir certains devoirs, comme réciter les prièresquotidiennes, assister dans les synagogues à la lecturede la Loi, porter les phylactères et les franges, se rendreà îérusalem pour la Pâque et les autres fêtes, etc. Maisrien ne l’y obligeait. Au Temple, elle ne pouvait dépasserle parvis des femmes. De ce que la Loi ordonnesouvent aux Israélites de transmettre les préceptes duSéigneurà leurs fils, Exod., x, 2; xiii, 8; Deut., iv, 9, etc., on concluait qu’il n’y avait pas à instruire les femmesà ce sujet, et que même cette instruction était nuisible.Cf. Sota, iii, 4; Kidduschin, ꝟ. 29, b. Le sort faitâ la mère de famille par la facilité du divorce, toujoursprononcé contre elle et même contre son gré, amoindrissaitencore sa situation, au moins dans certainsmilieux. Cependant, en général, cette situation était trèshonorée, et, en Palestine, on répugnait à témoignerautre chose que du mépris aux femmes de mœurs équivoques, entourées souvent de tant d’hommages dans lemonde ^gréco-romain. La mère de famille n’est que rarement’mentionnée dans l’Évangile. Notre-Seigneurveut que le père et la mère de la jeune fille qu’il varessusciter soient seuls présents au miracle avec lesApôtres. Marc, v, 40; Luc, viii, 51. Il annonce qu’àcausette lui, il y aura dissentiment et même lutte entrelaflUeetla mère, comme entre le fils et le père. Luc, xii, 53. Mais la mère de famille ne figure pas dans certainesparaboles où l’on s’attendrait à sa présence, comme dansla "parabole du père qui dort dans sa maison avec sesenfants, Xuc, xi, 7, dans celle du serviteur préposé augouvernement de la maison, Luc, xii, 42-45, dans cellede l’enfant prodigue. Luc, xv, 11-24, etc. Ce silencetient sans doute à la réserve que les mœurs du tempset du pays imposaient à la femme même mariée et àl’éloignement où on la tenait des affaires d’ordre public.L’Evangile contribua à relever encore davantage le rôlede-la mère de famille, sans rien lui taire perdre de laréserve qui convient à la femme. C’est ainsi que Priscilleet beaucoup d’autres chrétiennes se rendront célèbrespar leur foi et leur dévouement.

B» Devoirs envers la mère. — La mère est associée aupère-dans-toutes les prescriptions de la Loi concernantles devoirs des enfants. Ansi il faut honorer son pèreet’sa mère, Exod., xx, 12; Deut., v, 16; Tobie, iv, 3, recommandeexpressément à son fils le respect de sa mère.Les’trrres «apientiaux reviennent souvent sur ce sujet.Prov., xstni, 22; Eccli., iii, 3, 18; vii, 29, etc. Sont égalementdéfendus, à l’égard du père et de la mère, les mauvaistraitements et la malédiction, Exod., xxi, 15, souspeine de mort, Lev., xx, 9, l’indocilité, Deut., xxi, 18, et

le mépris. Dent., xxvii, 16. Les sentiments naturels vis-àvisdes parents sont si respectables que, quand une captivea été acquise par droit de guerre, on est obligé, avant de l’épouser, de lui laisser un mois pour pleurerson père et sa mère. Deut., XXI. 13. Ces devoirs sontrappelés plusieurs fois dans la Sainte Écriture. Prov., i, 8; vi, 20; xxiii, 22; Eccli., iii, 5, 11, 18; Matth., xv, 4-6.7° Mères nommées spécialement dans la Bible. —Eve, mère des vivants, Gen., iii, 20; — Sara, mèred’Isaac, Gen., xi, 20, etc. — Agar, mère d’Ismaël, Gen., xvi, 1; — Rébecca, mère d’Ésaù et de Jacob, Gen., xxvii, 15; — Lia, Rachel, Zelpha, Bala, mères des filsde Jacob, Gen., xxx, 1-25; — la mère de Moïse, Exod., ii, 1; — Rahab, mère de Booz, Jos., ii, 1; — Anne, mèrede Samuel, I Reg., i, 2; — Respha, mère de deux fils deSaûl qui furent crucifiés par les Gabaonites, II Reg., xxi, 8-10; — Bethsabée, mère de Salomon, III Reg., i, 11; . — la veuve de Sarepta, III Reg., xvii, 10-23; — la femmede Sunam, IV Reg., iv, 17, 36; — la mère de Lamuel, Prov., xxxi, 1; — Anne, mère de Tobie, Tob., i, 9; —la mère des Machabées, II Mach., vii, 1-41; — Elisabeth, mère de saint Jean-Baptiste, Luc, i, 60; — Marie, mèrede Jésus, Matth., i, 16; — Marie, mère de Jacques, Matth., xxvii, 56; — Marie, mère de Jean-Marc, Act., xii, 12; — Eérodiade, mère de Salomé, Matth., xiv, 8;

— la mère des fils de Zébédée, Matth., xx, 20; — la veuvede Naïm, Luc, vii, 12; — la Chananéenne, Marc, vii, 26; — Eunice, mère de Timothée, II Tim., i, 5. — Voirces différents noms. Pour les mères des rois, voir

Femmes, vii, t. ii, col. 2194.

H. Lesêtre.

    1. MÉRED##

MÉRED (hébreu: Méréd; Septante: MwptxB, Mup£S), second fils d’Ezra, de la tribu de Juda. I Par., iv, 17. IIeut une femme appelée Béthia. Voir Béthia, t. i, col. 1686. Selon la tradition rabbinique, cette Béthiaaurait été la fille du pharaon qui adopta Moïse. W. Grottsuppose que Béthia n’est autre que Bent-ânta, une desfilles de Ramsès II, dont on a retrouvé le sarcophage.W. Groff, La fille de Pharaon, dans le Bulletin de l’Institutégyptien, 1895, p. 316, 320; 1896, p. 66. Cettehypothèse est très contestable. Il faut remarquer d’ailleursque le passage qui concerne Méred semble altéré.Voir Judaïa, t. iii, col. 1778.

    1. MÉRÉMOTH##

MÉRÉMOTH (hébreu: Merémôp; Septante: Mcpt(i(19), prêtre, fils d’Urie. I Esd., viii, 33. Il est appeléailleurs par la Vulgate Marimuth et Merimuth. VoirMarimuth 1, col. 820.

    1. MERIBAH##

MERIBAH (bébreu: Meribâh, «querelle, dispute» ), nom donné à deux localités de la péninsule du Sinaï.

1. MERIBAH, nom qui fut donné, en même tempsque celui de Massah, à l’endroit où les Israélites murmurèrentà cause du manque d’eau à Raphidim.Exod., xvii, 7. Voir Massah, col. 853.

2. MERIBAH <MÊ), nom qui signifie «eaux de dispute». Il fut donne aux eaux ou à la fontaine que Moïsefit jaillir miraculeusem*nt dans le désert de Sin, en frappantdeux fois le rocher avec sa verge. Num., xx, 13. LaVulgate a traduit Mê-Merîbâh par «Eaux de contradiction». Voir Eaux de contradiction, t. ii, col. 1523.

    1. MERIBBAAL##

MERIBBAAL (hébreu: Merib Ba’al, I Par., viii, 34; Merî Ba’al, I Par., ix, 40, «qui lutte avec Baal;» Septante: MépcêaiX), fils de Jonathas et petit-fils de Saùl; ilfut père de Micha. I Par., viii, 34; ix, 40. Dans les livres

; des Rois, il est appeléMiphiboseth. Voir Miphiboseth 2.
; MÉRIMUTH, prêtre, fils d’Urie. II Esd., iii, 21; x, 5; ; xii, 3. Il est appelé ailleurs Marimuth et Mérémoth.

Voir Marimuth 1, col. 820. 997

MERLIN

MÉRODACH

MERLIN Pierre, commentateur protestant français, <nê vers 1535, mort vers 1603. II était fils de Jean RaymondMerlin, surnommé Monroy et fut disciple deThéodore de Bèze. Il joua un rôle important dans laRéforme. II présida le synode de Sainte-Foy en 1587 etcelui de Vitré en 1583; il prit part aussi comme députédes églises réformées de Bretagne au synode de Saumuren 1596. Les ligueurs l’avaient pris particulièrementen haine. Jean Boucher, dans un sermon prêchéen juillet 1591, prétendit qu’il était le père d’Henri deNavarre (Henri IV). On l’accusa aussi d’avoir épouséclandestinement Jeanne d’Albret; de ce mariage seraitné d’Aubigné. On a de Merlin: Sermons sur le livred’Esther, in-8°, La Rochelle, 1591; Genève, 1594; Jobcommentariis illustratus Methodo analytica, in-8°, Genève, 1599; Sainctes prières recueillies de plusieurspassages de l’Ancien et du Nouveau Testament, in-8°, Genève, 1609. — Voir Eug. et Ém. Haag, La Franceprotestante, t. vii, 1857, p. 387-390.

    1. MÉROB##

MÉROB (hébreu: Mérab, «accroissem*nt;» Septante: MEpôë, Meptig), fille aînée du roi Saûl. I Reg., xiv, 49. Sa mère devait être Achinoam, fille d’Achimaas, ꝟ. 30.Son père l’avait promise en mariage à celui qui vaincraitGoliath, I Reg., xvii, 25, et quand David eut terrasséle géant, Saül n’osa pas rétracter son engagement, xviii, 17, mais, jaloux de la popularité du jeune héros, il ne levoulait point pour gendre. Il espérait que les Philistins, dans quelque combat, le délivreraient de celui en qui ilvoyait un rival, ꝟ. 17. Son espoir ne s’étant pas réalisé, il maria sa fille aînée à Hadriel le Molathite, ji. 19, filsde Berzellaï. Mérob (et non Michol, comme porte letexte actuel, voir Hadriel, t. iii, col. 395) eut d’Hadrielcinq fils. David les livra plus tard aux Gabaonites quiles crucifièrent à Gabaon, avec les deux fils de Respha, concubine de Saûl, pour se venger du mal que leuravait fait le premier roi d’Israël. II Reg., xxi, 8-9. —Saûl, qui, contrairement à ses promesses, n’avait pasdonné Mérob à David, ne put s’empêcher de le marierensuite avec sa seconde fille, appelée Michol. Voir Michol.Pour expliquer comment les cinq fils d’Hadrielsont appelés fils de Michol, II Reg., xxi, 8, le Targum, "Walton, Biblia Polygl., t. ii, p. 388, suppose que Micholavait élevé les enfants de sa sœur Mérob, maisil est beaucoup plus probable qu’il y a eu dans ce passageune confusion de noms, résultat de la distractiond’un copiste. La confusion est, du reste, très ancienne, puisqu’on la retrouve dans les anciennes versions (exceptédans la Peschito) et dans Josèphe, Ant.jud., VII, iv, 3.

    1. MÉRODACH##

MÉRODACH (hébreu: Merôdak; Septante, édit.Swete, Cambridge, 1894, Jér., xxvii, 2: Màiwfiebt; mAQMeuSax, édit; sixtine, MaipuSà-/) est le grand dieu de Babylone, Mardouk. En caractères syllabiques, ce nom s’écritd’ordinaire Mar-duh; mais on trouve aussi, au moinsune fois, l’écriture Ma-ru-duk, Rawlinson, The cuneiforrninscriptions of Western Asia, t. iii, Londres, 1870, pi. 2, n. vi, lig. 8. On n’a pas encore donné d’explicationsatisfaisante de son étymologie et de sa signification. —Mardouk est le fils d’Éa, dieu de l’abîme et.de Damkina; et le père de Nabû, dieu de la science des scribes. Il estun des dieux solaires, dans la journée le soleil du matin, et dans l’année le soleil du printemps, peut-être parceque le soleil paraît sortir tous les matins de l’abîmedont Mardouk est «le premier-né». Le plus employé de «es idéogrammes ►►}- ^» _*tl semble signifier, d’aprèsles Babyloniens, «fils du soleil.» Rawlinson, The cuneiforminscriptions of Western Asia, t. v, Londres, 1884, pi. 43, b, ligne 56. Son doublet féminin est la déesseZarpanltum, peut-être originairement l’aurore.

1° À la fin du III* millénaire avant J.-C, sous le règned’Hammourabi, lorsque Babylone eut conquis la suprématie en Chaldée, elle assigna à Mardouk le rang suprêmedans le panthéon chaldéen. Pour affirmer sa suzeraineté, les Babyloniens lui donnèrent le nom du dieude Nippour, Bel, c’est-à-dire «le Seigneur» par excellence.C’est sous ce nom qu’il figure très souvent à partirde cette époque, soit dans les textes religieux, soitdans les textes historiques. Les fidèles expliquèrent cetteprééminence par le rôle qu’avait joué leur dieu dans lacréation. Au commencement, lui seul avait osé affronterTiâmat (le chaos), révoltée contre les grands dieux, (fig. 263), et, après avoir abattu le monstre, il avait crééle ciel, les astres, la terre et les hommes. Pour le récompenser, les dieux qu’il avait délivrés des assauts de Tiâmatlui avaient «donné la royauté» (création, iv «tablette, lig. 14) et le pouvoir de fixer le destin du monde.

— Le «roi des rois», le «seigneur des seigneurs» n’oubliait pas son œuvre. Il «prenait soin» de l’univers; «il soutenait la terre habitée et les extrémités dufirmament;» il communiquait aux hommes les ordresd’Éa, son père, et il disait à son père les souffrances del’humanité tourmentée par les mauvais démons. «Tusais tout ce que je sais, répondait Éa; va, mon fils.» EtMardouk, le magicien des dieux, par l’emploi desrites mystérieux prescrits par son père, par «l’eaupure» et par le feu, par ses «incantations pures», lesincantations d’Éridu, la ville d’Éa, et de l’abîme, détruisaitles maléfices de ces démons, «les méchantsutukku,» «t les sept esprits mauvais,» qui envahisstntles maisons, qui donnent aux humains «l’atroce mal detête» et autres maladies. C’est ainsi qu’il «rendait la vieaux morts». Il protégeait aussi la nouvelle lune contreles attaques qu’elle subissait de la part de ces mêmesesprits mauvais au cours de ses phases ou aux jours deses éclipses. Le seigneur de l’incantation était encore ledieu des oracles et des décrets.

Les Babyloniens honorèrent Mardouk de très bonneheure. Dans les contrats de la I re dynastie de Babylone, (fin du III millénaire avant J.-C), sous les prédécesseur^d’Hammourabi, les contractants jurent par le nom deMardouk, comme par ceux des dieux de leur ville et duprince régnant. On trouve aussi son nom, sous l’idéogrammeilu TU-TU, dans le récit du déluge, dont la rédactionremonte au moins à la même époque. Hammourabiproclame dans le prologue de son Code que lesdieux Anou et Bel ont confié à Mardouk, fils aine d’Éa, divin maître du droit, la totalité des hommes, qu’ilsl’ont rendu grand parmi les Igigi (dieux du ciel); et, dans la conclusion, que c’est de lui qu’il tient son «pastorat» des peuples. Après lui, tous les autres rois babylonienscontinuèrent à honorer Mardouk jusqu’au jourdu triomphe de l’Assyrie. Pour avoir le droit de porterle titre de Sarru, «roi,» ils devaient d’abord se rendreà son temple et «saisir les mains» du dieu. Le nom deMardouk entrait fréquemment dans la composition desnoms propres babyloniens, ceux des particuliers commeceux des princes; par exemple dans celui de Mérodach-Baladan, mentionné dans l’Écriture. Voir Mérodach-Baladan, col. 1001.

Les Assyriens donnaient sans doute le pas à Asur, leur dieu national, mais ils nommaient aussi Mardoukdans les prologues de leurs annales parmi les grandsdieux, leurs patrons. Lorsqu’ils s’emparèrent de Babyloneaux vu» et vm» siècles avant J.-C, ils attribuèrent lesmalheurs de la grande ville à la colère de Mardouk, etpour consacrer la légitimité de leur pouvoir, ils s’astreignirentà «saisir les mains de Mardouk», commel’avaient fait autrefois les rois indigènes.

Après la chute de Ninive, les monarques du secondempire babylonien redoublèrent de piété envers Mardouk.Nabuchodonosor II surtout (604-561) multiplia les constructionset les fondations en son honneur. Cyrus lui-même, quand l’empire de Babylone tomba sous sescoups en 538, se présenta comme le vengeur de Mardouk

délaissé, prétendait-il, par Nabonide, le dernier roi deBabylone. Kambyse l’imita et fit des offrandes au dieu.Mais ses successeurs rompirent avec la tradition. Darius(488) démolit les fortifications de Babylone. Xerxèspilla le temple de Mardouk et le détruisit. Alexandresongeait à le rebâtir quand il mourut. Quelques annéesplus tard, Antiochus Soter (280-260) essaya de réaliser cedessein.

Ce temple était VE-saggil, c’est-à-dire «la maison élevée». Il existait déjà sous Zabum, un des prédécesseursd’Hammurabi. Ce dernier «s’y tient, dit-il, tous lesjours» (Codé, recto, ii, 10). La Mission allemande en aretrouvé les ruines en 1900 sous le tell dit Amrân-ibn

un séjour forcé chez les Ilatti. Recueil de travauxrelatifs à la philologie et à l’archéologie égyptienneset assyriennes, xxiv, 1902; Mélanges assyriologigues, par François Martin, tirage à part, p. 8-9. Lorsque ledieu rentrait à Babylone après ces longs exils le peuplel’accueillait avec des transports d’enthousiasme dont nousretrouvons les échos dans les compositions des prêtresou des scribes. "Voir ibid., p. 1-6, chant sur le retour deMardouk à Babylone.

Ses fêtes, interrompues par son absence, reprenaientalors leur cours. La plus solennelle était celle de l’Aqitu, ou du Zagmuku, c’est-à-dire du nouvel an. Elle se célébraitau début de l’année babylonienne, au mois de Nisan.

— Le dieu Mérodach luttant contre un monstre. Bas-relief de Ninive.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 5.

Ali. La ziggurat, ou tour à étages, de Mardouk, portait lenom de E-temen-an-ki, «la maison, fondement du cielet de la terre» ou «pierre de fondation (premièrepierre) du ciel et de la terre». Zarpanit, l’épouse deMardouk; Éa, son père; Nabou, son fils, et son épouseTasmêtoum; d’autres dieux, tels que Nouzkou, divinité dufeu, avaient leur chapelle dans l’E-saggil, où ils formaientune cour à Mardouk, et, à son tour, Mardouk avaitune chapelle dans leurs temples, par exemple dansVE-zida de Nabou. La statue du dieu lui-même trônaitdans un sanctuaire appelé YE-kua.

Plus d’une fois, au cours des siècles, elle en fut enlevéepar les vainqueurs de Babylone. Le roi Agoum-kakrime, de la fin du xviie siècle av. J.-C. ou du commencementdu xvi» (dynastie Kassite), envoya des ambassadeursaux Hani, peuple dont la situation est inconnue, pour recouvrer la statue de Mardouk qu’ils avaient dérobée.Plus tard, peut-être au commencement du xiie siècle, elle fut encore volée par les Élamites. NabuchodonosorI K’(vers 1130) la reprit.par la force des armes et put «saisir les mains de Bel». D’après un texte malheureusem*nttrès mutilé, il semble que Mardouk a fait aussi

(mars-avril), pour fêter le retour du printemps et le renouvellementde la nature dus à l’action bienfaisante dela divinité solaire qu’était Mardouk. La statue du dieusortait de l’E-saggil pour être portée solennellement surune barque dans la grande rue de Babylone appelée Aiibur-sabum, «Que l’ennemi ne l’emporte pas.» Lesautres dieux l’accompagnaient dans cette procession; Nabou quittait même, pour la circonstance, son temple del’E-zida à Borsippa. Tous réunis sous la présidence deMardouk, ils fixaient les destins de l’année; ce jour-là, les temples regorgeaient de victimes et d’offrandes, et sile roi était absent il rentrait à Babylone pour assister àla fête. Dans les dernières années de l’empire néo-babylonien, les chroniqueurs ont noté comme un signe dedeuil que telle année le roi ne rentra pas à Babylone enNisan pour <i prendre les mains de Bel». Chronique deIfabonide-Cyrus, col. 2, lig. 10. Il n’était pas jusqu’auxrois assyriens qui ne fissent du Zagmuku un jour degrande solennité, mais d’une solennité guerrière, comme il convenait à leur tempérament. Asarhaddondemande aux dieux la faveur de pouvoir passer en revuetous les ans au jour du Zagmuku, dans le premier mois* 10<M

MÉRODACH — MÉRODACH-BALADAN

10C

ses équipages, ses armes, ses troupes et le butin prissur les ennemis. Annales, VI, 47-51.

Les Babyloniens semblent avoir placé d’abord chacunede leurs planètes sous la protection d’un de leurs grandsdieux, puis ils ont identifié la planète et son dieu. Bienque Mardouk fût un des dieux du soleil, ils lui attribuèrent une planète qui prit le nom de Mardouk et, dans les derniers temps, de Bel, «le Seigneur.» Voir supra sur les noms du dieu. C’est celle que les Grecsont pour cette raison appelée Zeûç, et que nous appelonsencore Jupiter. Saint Épiphane, Hxr. xri, 2, t. xli, col. 249, la nomme Kwy.tS Bia>, et les Mandéens l’appellent kaukebîl, «r étoile de Bel. i> L’auteur du Livred’Hénoch, c. viii, 3, édit. Lods, 1892, p. 14, note 3, donne ce nom, Kôkabiel, à un des anges déchus. Nousignorons si les astronomes babyloniens ont connu l’existence des satellites de Jupiter et s’il faut voir ces satellitesdans les quatre chiens que la mythologie de Bahylonedonne à Mardouk. Enfin les écoles de Babylonie paraissent avoir identifié encore Mardouk, dans certains cas, à la constellation du Taureau.

2° Mardouk n’est nommé qu’une fois dans l'Écriture, Jer., l, 2: «Dites: Babylone est prise, Bel est confondu, .Mérodach est consterné.» Dans la pensée du prophète, Bel est-il ici une divinité distincte, le dieu de l’antiqueNippour, ou simplement le surnom de Mérodach, employé pour éviter la répétition? On ne saurait le dire. Partout ailleurs, Is., xlvi, 1; Jer., ii, 44; Baruch, vi, 40; Dan., xiv, 2, c’est sous ce surnom de Bel, «le Seigneur,» queJVfardouk est désigné, comme chez les Grecs.

3° Bibliographie. — Bawlinson, Thecuneiforminscriptions of Western Asia, t. iv, 2e édition, Londres, 1891, pi. 3, pi. 29, etc.; t. v, Londres, 1884, pi. 51&, lig. 27, etc.; Cuneiform Texts from Babylonien Tableis in the British Muséum, part. II, Londres, 1896, pi. 26, lig. 13; Délégation en Perse, t. il: Textes éternités-sémitiques, IV série par Scbeil, Paris, 1902 (Code d’Hammourabi); Sargon, Annales, lig. 309-311, édition Winckler, Leipzig, 1889; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, Berlin, 1890, p. 140, lig. 46; p. 278, ligne 6; t. iii, 2° partie, Berlin, 1890, p. 10, Annales de Nabuchodonosor, col. 1, lig. 1 sq., col. 5, lig. 38-50; t. VI, Berlin, 1900, Mylhenund Epen; Pognon, Les inscriptions babyloniennes duWadi-Brissa, Paris, 1887, inscription en caractères cursifs, 2 «, 3e et 7e colonnes; King, The seven Tablets ofCréation, Londres, 1902; Hérodote, r, 283; Strabon, xvi, 1; Arrien, Exp. Alex., vii, 17; Schrader, Die Keilinschriftenund das Alte Testament, 3e édition par Winckler etZimmern, Berlin, 1903, p. 370; Jensen, Die Kosmologie der Babylonier, Strasbourg, 1890, p. 88, 134140, etc.; Zeitschrift fur Assyriologie, t. vi, p. 227; Roscher, Ausfùhrliches Lexicon der Griechischen undBômischen Mythologie, t. ii, 2e partie, Leipzig, 1894-1897, col. 2343; Jastrow, Religion of Babylonia andAssyria, Boston, 1898; et l'édition allemande, profondément remaniée, du même ouvrage: Die BeligionBabyloniens und Assyriens, 1. 1, Giessen, 1905; FrançoisMartin, Textes religieux assyriens et babyloniens, l" série, Paris, 1903, introduction, p. yn-viii, 116, 120, etc.; Weissbach, Das Siadtbild von Babylon, Leipzig, 1904.

FiL-Martin.

    1. MÉRODACH-BALADAN##

MÉRODACH-BALADAN (en hébreu MerôdakBaladdn; Septante: MoepuSàx B «X «51v), roi de Babylone, le deuxième de ce nom, en babylonien Mardukaplu-iddin, le MapSone^roiSoç du canon de Ptolémée(lig. 264). Son nom signifie «Mardouk a donné un fils».U est mentionné dans deux passages de la Bible, Is., xxxix, 1, et IV Beg., xx, 12, où les écrivains sacrésracontent l’ambassade du roi de Babylone à Ézé «hias et la réception que lui fit le roi de Juda. Dans ledernier passage, il est écrit dans le texte hébreu ainsi quedans la Vulgate sous la forme Berôdak{ch)-Baladân, due àune faute de copiste ou à la permutation du d et du 3

dont on trouve d’autres exemples. Cf. Zeitschrift fîtAssyriologie, t. ii, 1887, p. 268. Dans les Septantel'écriture est correcte aux deui endroits. — Ce prince appartientà cette branche de Sémites qui, sous le nom' siChaldéens, Kaldu, montèrent de l’Arabie orientale sales bords du golfe Persique, vers le xi" siècle avanJ.-C. au plus tard, y établirent de nombreuses priacipautés et jouèrent un rôle très important dans 1 lustoire de la Babylonie et de l’Assyrie jusqu'à la chute disecond empire babylonien, en 538. Mérodach-Baladaine régna d’abord que sur Bit-Yakin, le plus considérantdes royaumes chaldéens du «Pays de la Mer», commidisaient les Assyriens. C’est comme roi de ce payscomme «roi de la Mer», qu’il est mentionné pour lapremière fois dans les Annales des rois d’Assyrie, paiThéglathphalasar III. Inscription sur briquedeNimrud t

264. — Le roi Mérodach-Baladan.Musée de Berlin. D’après Aegyptischen AUerthûmer, 1 1, pi. 71.

lig. 26-28. Il reconnut la suzeraineté de ce roi en 729et lui apporta un riche tribut composé en grande partie «d’or, la poussière de son pays».

Mais son ambition s'étendait bien au delà des limitesde Bit-Yakin. Il convoitait le trône de Babylone sur lequelétaient déjà montés d’autres princes du «Pays de la Mer» au XIe siècle. À la mort de Salmanasar IV, en 722, l’avènement d’une nouvelle dynastie à Ninive, celle des Sargonides, et les troubles politiques inséparables de ces changements lui permirent de réaliser ses désirs. Soutenupar BîoumbanigaS, roi d'Élam, il s’empara de la partieméridionale de la Babylonie, alors tout entière sous lejoug de l’Assyrie et de son roi Sargon, en 721. Sargonmarcha contre les Éternités qu’il rencontra à Dûr-ilu. LaChronique babylonienne B, lig. 33-37, raconte que l’Assyrien subit une grande défaite, mais Mérodach-Baladann’eut pas la gloire de prendre part au triomphe de sesalliés. Lorsqu’il arriva sur le champ de bataille, la lutteétait terminée. Dans ses Fastes, lig. 23, Sargon s’attribuela victoire. S’il l’avait remportée, il n’aurait pas reculécomme il le fit certainement. Affaibli par cet échec ettrop occupé sur les autres frontières de son empire, il

dut tolérer l’usurpateur pendant de longues années, et «ce méchantdémon sans respect pour le nom du Seigneurdes Seigneurs» (Mardouk), régna 12 ans sur Babylone «contre la volonté des dieux». Sargon, Fastes, lig. 122124. Naturellement Mérodach-Baladan se donne un toutautre rôle dans l’inscription qu’il nous a laissée, KeilinschriftlicheBibliothek, t. iii, 1™ partie, Berlin, 1892, p. 184, col. 1, lig. 21, à col. 2, lig. 2. Il se dit choisi entretous les hommes par Mardouk, le grand Seigneur, pourrégner sur Babylone. C’est Mardouk lui-même qui a décrété: «Que celui-ci soit le pasteur qui rassemble lesdispersés!» Le dieu a mis en sa main «un sceptre droit, une houlette qui fait prospérer les peuples». En retour, il est plein de vénération pour Nabou et Mardouk, lesdieux de l’E-saggil et de l’E-zida».

Il semble bien cependant que les accusations de Sargonne sont pas sans fondement. Mérodach-Baladanopprima ses nouveaux sujets; il emmena en captivitéles notables de Sippara, de Nippour, de Babylone, deBorsippa, et il les enferma dans sa ville de Dour-Yakin, aumilieu des marais, pendant que leurs biens étaient laproie des nomades Souli. Les sanctuaires furent abandonnéset pillés, les offrandes cessèrent, les statues desdieux prirent le chemin de l’exil. Sargon, Annales, 359364, édit. Winckler, Leipzig, 1889. Enfin, le momentarriva où Sargon, rassuré sur la sécurité des autres partiesde son empire, put reprendre la lutte. Appelé luiaussi et choisi entre tous les rois par «Mardouk qui détestaitles mauvaises actions du Chaldéen», Annales, 237-240, il se mit en campagne en 710, écrasa les tribusaraméennes du Gamboulou, du Bit-Dakkouri, armées parMérodach-Baladan, et s’empara des forteresses avancéesdu roi d’Élam. Annales, 245-286. À ces nouvelles, leChaldéen épouvanté quitta Babylone au milieu de lanuit avec son armée pour chercher un refuge en Élam.En même temps il sollicitait l’appui de Shutur-Nahundi, Oîuccesseur de IJumbanigas, par l’envoi de ses meubleset de ses ornements les plus précieux. Après la. prisede ses forteresses, UÉlamite s’était sauvé dans les montagnes; il ne se souciait pas d’irriter encore le colosseassyrien et de s’attirer de nouvelles représailles; tout enacceptant lesprésents de Mérodach-Baladan, il lui ordonnade rebrousser chemin. Ce fut une cruelle déception pourle Chaldéen. En recevant cet ordre, «il se jeta à terre, il déchira ses vêtements, il prit le rasoir, il éclata enlamentations.» Sargon, Annales, 294. Pendant ce temps, les notables de Babylone appelaient Sargon au trône.’Mérodach-Baladan n’avait d’autre refuge que les maraisde son fief du «Pays de la Mer». Il alla s’enfermerdans sa ville de Dûr-Iakin, en fortifia les défenses, coupa les ponts et amena dans les fossés l’eau de l’Euphrate.Mais là, pas plus qu’en rase campagne, il neput résister aux furieux assauts des soldats de Sargon.Il fut battu et blessé, Dûr-Iakin fut détruite de fond encomble, et Sargon rendit la liberté aux nobles babyloniensque le Chaldéen tenait captifs. S’il fallait mêmeen croire une version des Annales de Sargon, salle xiv, lig. 18 et 19, «les grandes mains» du vainqueur auraientpris Mérodach-Baladan. Mais ce scribe amplifieévidemment les exploits de son maître. Sargon n’auraitpas laissé la vie à un ennemi aussi détesté et aussiredoutable. Comme le dit expressément le grand textedes Annales, lig. 349, le vaincu «s’enfuit et on netrouva pas son séjour». Il reparut en 704 après la moitde Sargon, sous Sennachérib, le fils et le successeur dece prince, et se fit proclamer de nouveau roi de Babylone.C’est alors, sinon au commencement de son premierrègne, que, plus pressé que jamais par le besoin de sefaire des alliés et de créer des diversions aux extrémitésde l’empire de son puissant ennemi, il envoya une ambassadeà Ézéchias. Ce prince, avec autant d’imprudencequ’il en apporta dans l’affaire d’Éqron ou Accaron (Sennachérib, Annales, col. 2, lig- 69-73), fit un accueil chaleureux aux ambassadeurs. Il poussa la confiance et l’orgueiljusqu’à leur montrer son arsenal et ses trésors. Isaïûl’en reprit vivement, et il lui annonça que tous ses trésorsprendraient un jour le chemin de Babylone avec lesdescendants d’Ézéchias emmenés en captivité. IV Beg., xx, 12-19; Is., xxxix. Plus clairvoyant que le roi, leprophète savait aussi sans doute ce qu’était le formidableempire de Ninive et ce que pouvait coûter un pacte avecles ennemis de l’Assyrie. Ézéchias ne devait pas tarderà en faire la cruelle expérience: moins de trois ansaprès(701), il voyait son pays ravagé, Jérusalem sur 1&point d’être prise, et il n’était sauvé que par la protectiondivine. Sennachérib, Annales, col. 3, lig. 1-42; IV Beg., xviii, 13-16.

Le second règne de Mérodach-Baladan ne dura quftsix mois. Sennachérib fit sa première campagne contreleChaldéen, que soutenaient cette fois les Élamites, etil battit les confédérés à Kis, en Babylonie. Le vainqueurs’empara de Babylone, des palais et des trésors, du vaincu. Sennachérib, Annales, col. 1, lig. 19 et suiv.La puissance de Mérodach-Baladan avait reçu un coupmortel.Lorsque Sennachérib, après sa campagne deJudée, se dirigea de nouveau sur Bîl-Iakin, le Chaldéenemporta ses dieux «en barque et s’envola comme unoiseau à Nagitiraqqi, au milieu de la mer», pendantque les Assyriens ravageaient son pays et emmenaient ses, frères et ses parents en captivité. Sennachérib, Annales, col. 3, lig. 42-61. Il dut mourir peu après en Élam, carSennachérib ne le mentionne pas dans le récit d’unetroisième expédition qu’il fit encore contre Bit-Iakin.Mais dans sa huitième campagne, à la grande bataillequ’il livra contre les Élamites à Haloule, sur le Tigre, leroi assyrien trouva dans les rangs de ses ennemis undes fils de Mérodach-Baladan. Les descendants duChaldéen comptèrent encore parmi les ennemis les.plus implacables de l’Assyrie sous Asarhaddon, Annales, prismes À et C, col. 2, lig. 32-40; prisme B, col. 2, lig. 1-26 et sous Assurbanipal, Annales, col. 7, lig. 16-50.

On a de Mérodach-Baladan une charte de donationsur pierre noire (fig. 264). La pierre est ornée d’un bas-reliefreprésentant le prince, avec cette inscriptio’n: «Portraitde Marduk-aplu-iddin, roi de Babylone.» Elle estaujourd’hui au Musée de Berlin. — Cf. Beitrâge zurAssyriologie, t. ii, p. 258; Schrader, Keilinschriftliche-Bibliothek, t. ii, Berlin, 1890; t. iii, l r «partie, Berlin, 1892, p. 182; Winckler, Geschichle Babyloniens uniAssyriens, Leipzig, 1892; Rogers, À History of Babyloniaand Assyria, t. ii, 3e édit., Londres, 1902; Schrader, DieKeilinschriften und das dite Testament, 3e édit., Berlin, 1903; G. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899; Id., Histoireancienne des peuples de l’Orient, in-12, Paris, 1904.

Fr. Martin.

    1. MÉROM##

MÉROM (EAUX DE) (hébreu: mê-Mèrôm; Vaticanus: tb Û8wp Mappwv; À lexandnnus: ù> v8top Mepptov), lieu où Josué rencontra et défit les rois confédérés dunord de Chanaan. Jos., xi, 5, 7.

I. Nom. — Ce nom n’est mentionné qu’en ce seutendroit de l’Écriture. Les Septante et Eusébe, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 278, ont substitué Vn à’m final, Meppwv, Meppâv, sans compter le redoublementde IV. Mais c’est là un changement qui n’est pasrare; cf. Jecmaam, hébreu: Yoqme’âm; Alexandrinus.-’I «(iociv, I Par., vi, 68; Jéconam, hébreu: Yoqne’àm^Vaticanus: ’Iextiiv, Jos., xix, 11, etc. La forme Mêrôrn, du reste, n’est pas inconnue dans l’onomastique ancienne, , comme nous le verrons tout à l’heure d’après les inscriptionshiéroglyphiques. Elle se rattache à la racinerûm, n être élevé,» de sorte que l’expression mê-Mêrôm, «les eaux de la hauteur;» s’appliquerait bien au lacsupérieur formé par le Jourdain et appelé Bahrel Hûléh, si l’identification ne présentait certaines difficultés.

II. Identification. — Une opinion commune, en effet^ 1005

    1. MÉROM##

MÉROM (EAUX DE)

♦006

assimile les Eaux de Mérom au lac Houléh, mais elleprovoque plus d’une objection. — Et d’abord, nullepart ailleurs le mot mê, état construit de maîm, «eau,» ’ne désigne un lac; il s’emploie plutôt pour indiquer lecourant d’un fleuve: mê hay-Yardên, «les eaux duJourdain,» Jos., iii, 8, 13, etc.; une source ou unensemble de sources: mê’En SéméS, t les eaux de laFontaine du soleil,» aujourd’hui, selon une croyancegénérale, la Fontaine des Apôtres, sur la route de Jérusalemà Jéricho, Jos., xv, 7; mé Néftôâh, «les eaux deNephtoah, s Jos., xv, 9, probablement Ain Liflà, à l’ouestde Jérusalem; mê Megiddô, «les eaux de Mageddo,» Jud., v, 19, les nombreuses sources qui entourent cette

Meppav, à un bourg nommé Merrus, MeppoSç, sRné àdouze milles (près de 18 kilomètres) de Sébaste, prèsde Dothaïn, ce qui nous porte loin du lac Houléh. —Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1890, p. 50-54.

Ces raisons ont sans doute leur valeur, mais elles s’ontrien d’absolu. — La première montre que l’expressionmê-Mèrôm, appliquée à une certaine étendue d’eau, s’écarterait de la manière habituelle de parier desHébreux, d’après les exemples qui nous sont connus.Mais, en restant une exception, elle n’a rien de contraireaux règles de la langue. On peut la rapprocher de cellequ’on rencontre, I Mach., xi, 67, in tô flStap toO revw, <rop,

2C5. — Vue du lac Houléh.

ville et forment les affluents du Cison; un réservoir, mê hab-berêkâh ha(-tah(ôndh, (( les eaux de la piscineinlérieure.» Is., xxii, 9. C’est donc plutôt ydm, «mer» ou «lac» qui convenait ici, comme dans yamKinnerôf, «lac de Cénéroth» ou de Tibériade, Jos., xii, 3; ydm ham-mélafy, s la mer de sel» ou la mer Morte.Gen., xiv, 3. — En second lieu, Josèphe, Ant. jud., V, I, 18, place le camp des rois confédérés «à Béroth, BYjptiÔYj, ville de la Haute Galilée, non loin_de Cadès», et il ne fait aucune mention des eaux. 4- En troisièmelieu, le terrain de combat semble bien mal choisi surles bords du lac Mérom: les Chananéens s’enfermaientmaladroitement dans un cercle qui, en cas de défaite, devait rendre leur fuite extrêmement difficile. Sans parlerdu marais qu’elle renferme, la plaine, ou ardh el-Râléh, est entourée à l’ouest, au nord et à l’est, demontagnes bien faites pour arrêter une armée en déroute.Le massif occidental, en particulier, opposait une barrièrenaturelle aux fuyards qui auraient tenté de s’échappervers Sidon. Jos., xi, 8. — Enfin Eusébe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 138, 278, identifient Merrom,

et qui indique «le lac de Génésareth». Elle rentreraittout à fait dans les conditions ordinaires si, comme onpourrait le supposer, le lac avait emprunté soa nom àune ville voisine. Les monuments égyptiens, en effet, mentionnent à l’ouest du Bahr et Uùléh une ville deMarama, que l’on a, d’une façon vraisemblable, identifiéeavec le village actuel de Meirun ou Meirôn. Cf.A. Mariette bey, Les listes géographiques des pylônesdeKarnak, Leipzig, 1875, p. 17; G. Maspero, Sur les nonugéographiques de la liste de Thoutmos 1Il qu’on peutrapporter à la Galilée, extrait des Transactions of theVictoria Inslitute, or philosophical Society of GreatBrilain, Londres, 1886, p. 3; W. Max Mùller, AsienundEuropanach altâgyptischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 220. — Josèphe, en plaçant le camp ennemi àBéroth, non loin de Cadès, ne dit pas par là-même ques labataille eut lieu dans cet endroit. Il nous raconte, dansun autre passage, Ant. jud., XIII, v, 7, que, longtempsaprès, l’armée de Démétrius vint camper à Cadès etcombattit Jonathas Machabée dans la plaine située au-dessous.Pourquoi les rois chananéens n’auraient-ils

pas agi de même? — Si le pays qui avoisine le lacHouléh offrait quelques dangers pour la retraite, la plainequi s’étend sur ses bords, principalement vers le sudouest, présentait aussi de grands avantages; c’est, dansce district montagneux, un des rares champs de batailleoù les princes confédérés pouvaient faire mouvoir leurschariots de guerre. Il ne faut pas oublier d’ailleurs qu’ilsétaient sur leur propre terrain, qu’ils en connaissaientles. moindres déniés et pouvaient ainsi plus facilementéchapper à la poursuite des Israélites, étrangers jusquelàà. cette contrée; la route de Danias à la mer devaitleur être particulièrement familière. — En suivantl’opinion d’Eusèbe et de saint Jérôme, le combat aurait eulieu vraisemblablement dans la plaine appelée SahelArrabéh, au-dessous de Dothaïn (Tell Dothân). Mais, en admettant, sur l’autorité de ces auteurs, l’existenced’un village nommé Merrus, il est permis de penser quel’affinité entre ce nom et celui de Merom n’a rien debien convaincant. Ensuite le champ de bataille est bienéloigné de la capitale de Jabin, chef de la confédération, et de celles des autres alliés: Asor, peut-être KhirbetHarrah, en tout cas certainement située à l’ouest etnon loin du lac Hûléh; Maàon, Khirbet Madîn, à l’ouestde Tibériade; Sémeron, Semuniyéh, à l’ouest de Nazareth; Achsaph, Kefr Yâsif, au nord-est de Saint-Jeand’Acre. Voir la carte de la Galilée, t. iii, col. 88. —F. de Hummelauer, Josue, Paris, 1903, p. 239, 272, s’appuyant sur une restitution du texte assez problématique, place Mérom près de Sémeron (Semuniyéh).

III. Description. — La région qui porte le nom deardh el-Hûléh est une dépression qui s’étend depuisTell el-Qadi au nord jusque vers le Djisr Benât Ya’kub, «le pont des filles de Jacob,» au sud. Elle est bordée àà l’est et à l’ouest par deux murailles parallèles demontagnes; d’un côté, celles du Bjôlân, de l’autre, cellesde Nephthali. Voir fig. 265. Elle sert de bassin de drainageà tontes les eaux qui descendent des hauteurs environnantes.Aussi n’est-elle, en somme, qu’un immensemarais, solidifié à sa partie supérieure par le dépôtgraduel des détritus des collines voisines, mais humideet bourbeux à mesure qu’on descend vers le sud, oùelle se creuse en forme de cuvette, pour former le lacdont nous parlons. Il est probable que, dans les tempspréhistoriques, elle était complètement couverte d’eau.Maintenant encore la saison pluvieuse fait varier lesdimensions du lac. Cependant, entre celui-ci et les hauteursoccidentales, s’étend un terrain assez vaste, propreà la culture, où des champs de blé et des pâturages sontséparés par de grands espaces laissés en friche, couvertsde roseaux et de carex. La terre, d’un noir rougeâtre, paraît très fertile. Elle est rendue humide par de nombreusessources qui jaillissent de tous côtés à lasurface du sol; les deux plus importantes sontl’aîn el-Meïlahah et Vaïn el-Beldtah. Dans la plainesont groupées les tentes des Arabes Ghaûarinéh, quelquefoisremplacées par des huttes allongées, quadrangulaires, couvertes en chaume des joncées, et servantd’habitations à quelques familles sédentaires.

Le lac Hûléh a la forme d’une poire ou d’un triangle, dont la base serait au nord et le sommet au sud. Voirfigi 266. Élevé seulement de deux mètres au-dessus dela mer Méditerranée, il a de cinq à six kilomètres delong, et, en moyenne, autant de large, pendant lapériode des basses eaux; en hiver et au printemps, ildéborde souvent à une grande distance. Sa profondeurvarie de trois à cinq mètres. L’eau en est très limpide, mais malsaine à cause des détritus organiques qu’ellerenferme. Elle nourrit des poissons en très grandequantité; à sa surface nagent des pélicans, descanards, et surtout de nombreuses grèbes. Le rivage, dont il est très difficile’d’approcher, est formé par ungrand nombre de petit* ilôts couverts de roseaux élevéset de magnifiques touffes de papyrus, hautes de deux à

trois mètres. Sur ces bords, où l’eau n’est pas profonde, des milliers de poissons s’agitent entre les feuillesénormes des nénuphars (Nuphar lutea) et des nymphéas(Nymphéa alba). Les épais fourrés de roseaux et depapyrus qui entourent le lac deviennent une vraie forêtsur le terrain qui l’avoisine au nord. Là, ce sont desmarécages parsemés de petit* lacs, où il est impossiblede s’aventurer, et à travers lesquels le Jourdain traceson cours sinueux. Voir fig. 267. Un Anglais, M. Macgregor, monté sur une périssoire, a pu le suivre et, aprèsavoii parcouru le lac en tous sens, en a dressé la cartetrès exacte que nous reproduisons. Cf. Macgregor, TheRob Roy on the Jordan, Londres, 1869, p. 278-305. Lespapyrus [Papyrus anliquorum), appelés Babir par les

Ichelbs

266. — Le lac Houléh.

D’après Macgregor, The Rob Roy, p. S.

Arabes, sont ici très beaux. «Le joli lac Hûléh est lalimite orientale de l’aire de dispersion de cette remarquablecypéracée africaine qui se rencontre en Syrie, près de Jaffa, et en Sicile, à Syracuse et à Palerme, oùelle a été très probablement importée par les Grecs et lesRomains. En Asie, elle ne se trouve nulle part au delàdu lac Houléh. Ce fait de géographie botanique estintéressant à signaler, car il concorde en tous pointsavec ceux que fournit la zoologie. Les Chromis, sinombreux dans les eaux du lac de Tibériade, sont despoissons africains qui paraissent avoir accompagnédans leurs migrations les papyrus de la vallée du Nil, ainsi que les crocodiles émigrés dans le fleuve Zerka, près de Césarée. Chromis et papyrus ne se voient absolumentplus de l’autre côté de l’Anti-Liban, dans lesbassins de l’Oronte, du Tigre et de l’Euphrate, qui présententcependant des (Conditions climatériques à peuprès analogues à celles de la vallée du Jourdain.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 341.

1009

    1. MÉROM##

MÉROM (EAUX DE) — MÉROZ (TERRE DE)

1010

Le lac Hûléh est appelé Eeiae^covétî; ou Sejie^tsv.T&v>îfjivï) «lac Séméchonite,» par Josèphe, Ant. jud., V, v, 1; IteH. jud., IV, i, 1. L’étymologie de ce nom estincertaine. Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 4714, p. 262.Le même historien, Ant. jud., XV, x, 3, signale danscette contrée OùXàOoc, dont le nom semble bien l’équivadeHûléh, et de Nnbin, Rulta! (mer de), dont il estquestion dans le Talmud. Cf. A. Neubauer, La géographiedu Talmud, Paris, 1869, p. 24, 27. Il donne unebrève description du lac, Bell, jud., III, x, 7; IV, 1, 1.Les géographes arabes appellent quelquefois celui-ciBuhairah Kadas, «petit lac de Cadès,» ou BuhairahBâniyas, «petit lac de Banias,» à cause de la proximité

Sisara, sur la montagne du Thabor, qui s’élève isolée aumilieu de la plaine et est ainsi désignée par le motmérômé. Jud., iv, 6, 12, 14.

MÉRONATH1TE (hébreu: ham-Mêrônâtî /Septante: i èx MepocvOwi; 6 M-ripwvmOi-rr; ; ), originaire ou habitant: de Méronath ou Méronoth. Deux Israélites sont appelésMéronathites, Judias (t. iii, col. 1104), préposé aux troupeauxd’ânes de David, I Par., xxvii, 30, et Jadon(t. iii, col. 1104), qui vivait du temps de Néhémie, ettravailla avec les Gabaonites et les gens de Maspha à larestauration des murs de Jérusalem. II Esd., iii, 7. Onpeut supposer, d’après ce dernier passage, que Méronoth

267. — Marécages du lac Houléh. D’après Macgregor, The Bob Roy, p. 288.

de ces deux villes. Mais le nom de Hûléh s’appliqueconstamment et au lac et au district. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 32, 34, 39, 52, 68, etc.

IV. Bibliographie. — E. Robinson, Biblicalresearchesin Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 434-440; t. iii, p. 392-396; Physical geography of the Holy Land, Londres, 1865, p. 180; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 391-393; W. M. Thomson, The Landand the Book, NewYork, 1882, t. ii, p. 450=455; Macgregor, The Bob Roy, Londres, 1869, / p. 278-305; G. Schumacher, The Jaulân, Londres, 1888, p. 102; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. XLrv, p. 342-346; G. A. Smith, The historical Geographyofthe Èoly Land, Londres, 1894, p. 481.

A, Legendhe.

    1. MÉRÔMÉ##

MÉRÔMÉ, nom commun qui a été pris pour unnom propre par la Vulgate. Débora, dans son cantique, Jud., v, 18, dit que Zabulon et Nephthali affrontaient lamort’al merômê àadéh, èx oi{") «YpoO, «sur les hauteursdes champs.» Les troupes conduites par Débora «t Barac s’étaient rassemblées pour combattre contre

était dans le voisinage de Gabaon et de Maspha et qu’ilétait habité du temps de Néhémie par des Juife revenusde la captivité, mais on ne sait plus rien ni de sa situation, ni de son histoire.

    1. MÉROZ##

MÉROZ (TERRE DE) (hébreu: ’ère? Mêrôz; Septante, Codex Vaticanus: Mnjpciï; Alexandrinus: MaÇeip; Vulgate: terra Meroz), contrée sur laquelleDébora, en son cantique, Jud., v, 23, appelle ainsi lamalédiction du ciel: «Maudissez la terre de Méroz, ditl’ange du Seigneur, maudissez ses habitants, parce qu’ilsne sont pas venus au secours du Seigneur, en aide auxvaillants de l’armée du Seigneur.» «La terre de Méroz» empruntait sans doute son nom à la principaleville du territoire. — Les habitants du pays, pour mériterla colère de la prophétesse, devaient, selon touteapparence, être tenus, en raison de leur situation et deleur parenté, à prêter leur concours aux guerriers ralliéspar Barac et Débora. Les tribus qui n’ont pointpris part à la lutte, comme Ruben, Dan, Aser et lesautres tribus de Galaad sont légèrement blâmées, maisnon maudites. Cf. Jud., v, 15-17. Les trois tribus ac

courues à l’appel et. spécialement louées pour leur dévouement et leur courage sont celles de Nephthali, deZabulon et d’Issachar. Jud., iv, 6, 10; v, 15, 18. Nonseulement Méroz aurait refusé de se joindre à elles, mais elle aurait encore prêté son appui à l’ennemi endérobant les fuyards à la vengeance des Israélites vainqueurs: c’est ce que semblerait du moins indiquer Débora en faisant suivre immédiatement la malédictiondes Mérozites de la bénédiction invoquée sur Jahel, quin’a pas craint de frapper Sisara réfugié dans sa tente.Cf. Jud., . y, 23 et 24, et Hummelauer, Commentarius inlibros Judicum et Ruth, Paris, 1888, p. 23. Les paroles du cantique de Débora les incriminent seulementde leur abstention, d’où il semble résulter qu’ils appartenaient à l’une de ces trois tribus. — Eusèbe connaîtun village de «Méros (Merrous, selon le manuscrit deLeyde), situé à douze milles (16 kilomètres) de Sébasteet près de Dothaïm». Onomasticon, au mot Meppiv, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 286. G. Marnier voit le Méros d’Eusèbe dans la ruine appeléeaujourd’hui Mahroûneh, située à peu près exactementà seize kilomètres au nord-nord-est de Sébastiéh, laSébaste des anciens, à quinze cents mètres à l’est dutell' Dolân, l’antique Dothaïm, et sur la lisière méridionale du sahel 'Arrabéh, la plaine biblique de Dothaïm.Dans la Revue biblique, 1900, p. 591-599. Le nom deMahroûneh est sans doute assez différent de Méros ouMéroz; mais Eusébe, en adjoignant celui-ci à Merran, semble le considérer comme identique. La lettre hn’existant point en grec, Mahroun ou Mehran devraitencore se transcrire Mappoûv ou Meppàv, qui aurait puêtre prononcé Marrons ou Merrus par les Gréco-Romains, comme Hésêbon est devenu 'E<rëo0î et Esbus, par lasuppression de h et le changement de tiens, Mahroûneh, toutefois.ou la Méros indiquée par Eusèbe, devait appartenir à l’ancien territoire de Manassé occidentale quine paraît pas avoir pris part à la lutte contre les Chananéens, ni avoir été convoqué à cet effet. — Plusieursinterprètes voient dans Méroz une transcription erronée

pour Mérom ou Méron et le pays dont il s’agit serait oule territoire des bords du lac Houléh, l’antique Mérom,

ou le territoire du pays actuel de Safed où se trouve unelocalité du nom de Meirôn, célèbre elle-même dans lesTalmuds et les écrits des écrivains juifs. Cf. Ad. Neu"bauer, Géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 228-230. Cette Meirôn se trouve à six kilomètres àl’ouest de Safed. On rencontre encore un Meroùn erRâs, situé, comme l’indique son nom, sur un sommetélevé, au centre de la Galilée supérieure, à dix-septkilomètres au nord de cette même ville; et un khirbetdu nom de Mâroûs à douze kilomètres au sud de Qédès, l’antique Cadès de Nephthali, et à huit kilomètres aunord-nord-est de Safed. Cette ruine est assez étendue, d’apparence antique, et l’on voit aux alentours diverstombeaux de forme hébraïque. Toutes ces dernièreslocalités appartiennent au Djebel Çafed, la «montagnede Nephthali» d’autrefois. — L’historien Josèphe nommeencore, Bell, jud., III, iii, 1, une ville de Méroth (Mr, p(o6), dont le nom peut se prononcer Mérôs, qui marquait avecThella la limite de la Galilée supérieure dans sa longueur, c’est-à-dire d’est à ouest. Le nom de cette villefortifiée par Josèphe, au commencement de la guerrede Judée, est écrit Mïjpû, ibid., II, xx, 6 (édit. B. Niese), et 'A[171p(ô0, Vita, 37. D’après le géographe Cellarius, ces noms seraient celui de Mérom grécisé; pour d’autres, ce serait celui de la ville de Meirôn de Galilée. Cf. Reland, Palsestina, p. 895-896; Riess, Biblische Géographie, in-f>, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 63. Mais Méroth opposé à Thella, limite orientale de la Galilée sur la rivedu Jourdain, probablement aujourd’hui et-fell, doit sechercher à l’occident, à la même latitude et non loin dePtolémaïde ou 'Acca. Le nom ne s’y retrouve plus.— J. Schwarz a cru reconnaître Méroz dans Merassas, nom d’un village situé à une heure au nord-ouestde Beisàn, identique, selon lui, à Mar’esah ou Marhësades Sifrê hagersa. Tebuoth ha'-Arez, nouvelle édit., 1900, p. 205; cf. p. 43. Cette identification a été proposée encore par Burckhardt et Robinson. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, in-4°, p.4 33; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. iii, p. 170. Ce nom répond mal àl’hébreu, selon Armstrong, Wilson et Conder, Nantesand Places in the old Testament, Londres, 1887, p. 224.— Le petit village de Kefr Miser, que quelques voyageurs croient avoir entendu prononcer Kefr Mours, situé à quatre kilomètres à l’est i"Endor et au sud du.mont Thabor, a été pris aussi pour Méroz. La métathèse, dans les anciens noms, n’est pas rare chez les Arabes, et Kefr Misr, voisine du Thabor, où Débora et Baracamenèrent leurs troupes pour la bataille, dans la tribud’Issachar, se trouve dans les conditions du récit bibliqueCf. Riess, toc. cit., - Dalfi, Viaggio biblieo in Oriente, in-8<VTurin, 1835, t. iv, p. 117. — Le défaut d’indication unpeu précise sur la situation de cette ville et de la régiondu même nom ne permettra sans doute jamais de faireun choix motivé entre ces diverses localités pour les identifier avec Méroz. Toutefois Mârûs paraît être, de tousces noms, celui qui reproduit le mieux le nom biblique, et sa situation pourrait expliquer à la fois le refus deses habitants, la colère de Débora et sa malédiction.Barac commença à réunir ses troupes à Cadès, sa patrie, Jud., iv, 6, 10; le pays de Mâroûs, situé dans le voisinage de Cadès, dut être des premiers invités à donnerl’exemple du courage et de l’abnégation; le cœur faillit àses habitants et leur lâcheté eût pu décourager les autreset compromettre l’entreprise projetée par la prophétesseDébora contre les oppresseurs de son peuple.

L. Heidet.MERRHA (grec: Meppœv), localité inconnue. Baruch, iii, 23, parle des marchands de Merrha, qu’ilnomme avec ceux de Théman, mais on ne retrouve cenom nulle autre part ailleurs, ce qui porte à penserqu’il est altéré. On a proposé de lire à la place diversnoms. La correction la plus vraisemblable est celle quilit à la place.de Merrha(n), Médan ou Madian. La Vulgate est traduite sur le grec et là version grecque a étéfaite sur un original hébreu que nous n’avons plus. Voir.Baruch 6, t. i, col. 1480. Le traducteur a pu lire un1, r, au lieu d’un i, d, et transformer ainsi Médan (Madian) enMerrhan. Les marchands madianites sont mentionnés dans la Genèse, xxxvii, 28.

    1. MERRICK James##

MERRICK James, érudit anglais protestant, nele 8 juin 1720, mort à Reading le 5 janvier 1769. Ilappartenait à l’université d’Oxford et était très versé dansla connaissance de la littérature sacrée et des languesorientales. On a de lui: Dissertation on Proverbs ix fi'6, containing occasional remarks on other passagesin sacred and profane writers, in-4°, Oxford, 1744; Annotations critical and grammatical on the three firstchapters of the Gospel according to S' John, in-8°, Reading, 1764; The Psalms translated or paraphrasedin english verse, in-12, Reading, 1765; Annotations onthe Psalms, in-4°, Reading, 1768. — Voir W. Orme»

Biblioth. biblica, p. 313.

B. Heurtebize.

    1. MERZ Philippe Paul##

MERZ Philippe Paul, théologien catholique allemand, né à Augsbourg, le 12 août 1725, mort dans cetteville le 15 octobre 1754. Il étudia la théologie protestanteà Iéna et à Strasbourg. Il se convertit au catholicisme, fit son abjuration à Augsbourg le 12 août 1725 et devintensuite prêtre et curé de Schwabsoien (Bavière). Il passales dernières années "de sa vie à Augsbourg. Il est connupar son Thésaurus biblicus, hoc est, dicta, sentenlia etexempla ex sanctis Bibliis collecta, et per locos communes distributa, ad usum concionandi et disputandi,

21n-4°, Augsbourg, 1633, 1738, 1751, 1791; in-4°, Venise, 1758; Crémone, 1824; in-8°, Paris, 1883. VOnomasticumbiblicum seu index ac dictionarium histoncoetymologicum, Augsbourg, 1738, forme la seconde partiedu Thésaurus. Merz prit pour base de la première partiede son travail, comme il le dit lui-même dans saPréface, le Thésaurus Bibliorum de l’Anglais GuillaumeAlot, et groupa par ordre alphabétique tous les textesse rapportant au même sujet, afin que les théologiens etsurtout les prédicateurs les trouvassent tous réunis. —Voir Zapf, Augsburgische Bibliothek, p. Il; Veith, BibliothecaAugustana, Augsbourg, 1793, t. x, p. 175; And. Ràss, Die Convertiten seit der Reformation, 12 in-8, Fribourg-en-Brisgau, t. ix, 1869, p. 415-425.

MES (hébreu: Maë; Septante, MouôyJ, quatrième etdernier fils d’Amram, petit-fils de Sem. Gen., x, 23.Dans le passage parallèle, I Par., i, 17, le texte hébreuporte Méêék, les Septante, Mouôx, comme dans la Genèse, et la Vulgate Mosoch, mais la leçon des Paralipo"mènes est probablement fautive. D’après Bochart, Phaleg, il, 11, Opéra, édit. Lensden, Liège, 1692, t. i, col. 83, la postérité de Mas habita le mont Masius, opoçMâffiov, qui séparait la Mésopotamie de l’Arménie. Cf.Gesenius, Thésaurus, p. 823. Le mont Masius est leTûr ou Tûr’Abdîn actuel, district montagneux, qui, ducôté du sud, finit aux basses plaines de la Mésopotamieet qui est borné, au nord et au nord-est, par le Tigre; il s’étend des environs de Geziret ibn’Omar, à l’est, jusque vers Mardin, à l’ouest. Il a pour limite aunord-ouest la chaîne du Koros. A. Socin, Zur Géographiedes Tûr’Abdin, dans la Zeitschrift derdeutsclwnmorgenlândischen Gesellschaft, t. xxxv, 1881, p. 237238. L’opinion de Bochart est encore aujourd’hui admisepar bon nombre de savants. H. Guthe, Kurzes Bibelwbrterbuch, 1903, p. 417. Cf. G. B. Winer, BiblischesBealwôrterbuch, S" édit., t. ii, p. 59; H. Riess, BiblischeGéographie, 1872, p. 61. Quelques-uns cependant croientque les descendants de Mes sont les Maasai dont parlentles inscriptions cunéiformes. Théglathphalasar III racontedans le récit de ses guerres contre les Arabes (734732 avant J.-C), qu’il soumit, entre autres tribus, celledes [Ma-as]-’-ai. Tablette de Nimroud, revers, ligne 53, dans Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, 1890, p. 20. Elle habitait un pays désert qui est décrit comme «la terre de la soif et de la défaillance, où ne va autsunoiseau du ciel, où ne peut paître ni âne ni gazelle».Il est aussi question d’un habitant du pays daMaS, dansune tablette du temps d’Asarhaddon ou d’Assùrbanipal, Western Asiatic Inscriptions, t. iv, pi. 54, n° 1. Cf.Frd. Delitzsch, Paradies, p. 302; Ëb. Schrader, Keilinschriftenund Geschichtsforschung, in-8°, Giessen, 1878, p. 102, 262, 364. Frd. Delitzsch, Wo lag dos Paradies, 1881, p. 242, identifie la terre de Mes (Mai) avec le désertsyro-arabe. Ed. Glaser, Skizze der Geschichte undGéographie des Arabiens, t. ii, 1890, rejette cette origineet dit, p. 276: «J’entends par (la terre de) MaS ledésert entier, mais spécialement les oasis [de DjebelSammar, de Djauf, et je l’identifie avec le MaS de laGenèse, x, 23.» Cf. ibid., p. 260, 310, 419. Il identifieaussi, p. 420, ce MaS avec le MèSâ de Gen., x, 30, ^t leMassa de Gen., xxv, 14. Delitzsch, au contraire, BasParadies, p. 259, distingue avec raison la terre de MaSdes inscriptions assyriennes du Mai de Gen., x, 30.Pour lui ce dernier est le mont Masius. Mes l’araméen, Gen., x, 23, est formellement distingué dans l’Écriturede Massa l’Ismaélite, Gen., xxv, 14, et rien n’autorise àconfondre l’un avec l’autre, non plus qu’avec Messa deGen., x, 30. Voir Massa 1, col. 852, et Messa 2.

F. Vigouroux.

MÉSA (hébreu: ytf’D, Mê$d’, «salut, délivrance» ), nom d un roi de Aloab et d’un fils de Caleb.

2. MÉSA (Septante: Mapiai), fils aîné de Caleb onCalubi, et frère de Jéraméel, de la tribu de Juda. Sonpère était fils d’Hesron. Voir Caleb 2, t. ii, col. 58.Mésa fut «le père», c’est-à-dire le fondateur ou le restaurateurde la ville de Ziph. I Par., Il, 42. La ville de Ziphmentionnée ici est, selon la plupart, celle des montagnesde Juda, près du désert de ce nom, Jos., XV, 34; I Reg. (Sam.), xxiii, 14; xxvi, 1; d’après quelques-uns, celle de la Séphéla. Jos., xv, 24. Voir Frd. Keil, Chronik, 1870, p. 47-48. À cause de l’obscurité qu’offrela suite de ce passage dans les Paralipomènes, R. Kittel, The Books of the Chronicles, critical édition, in-4°, Leipzig, 1895, p. 57, lit yïnn, Marêsâh, comme l’ont faitles Septante (voir Hastings, Dictionary of the Bible, t. iii, 1900, p. 349), et l’on peut alléguer le contexte enfaveur de cette leçon, mais elle ne résout pas toutes lesdifficultés. Voir Marésa 1, col. 756.

3. MÉSA (hébreu: ïw>a, MêSa’; Septante: Muai),

roi de Moab, dont la Bible raconte les démêlés avec lesrois d’Israël et de Juda. IV Reg., iii, 4-26. Lui-même alaissé le récit de son règne dans une inscription parvenuejusqu’à nous. Nous avons donc à examiner successivementson inscription et le récit biblique pour montrerensuite comment ils s’éclairent mutuellement.

I. L’Inscription. — Elle a été vue en 1868 par leRév. Klein, de la mission protestante de Jérusalem; maisM. Clermont-Ganneau, alors attaché au consulat deFrance à Jérusalem, connaissait déjà son existence. LesArabes de Dhîbàn où se trouvait la pierre, voyant l’intérêtqu’y prenaient les Européens la-brisèrent, pensantqu’elle contenait un trésor. Heureusem*nt M. Clermont-Ganneauavait pu se procurer un estampage auparavant.Par ses soins les principaux morceaux ont puparvenir au Musée du Louvre, où ils sont exposés avecl’estampage (fig. 268). D’après M. Klein, la pierre intacteavaitl m 13de hauteur, O ra 70de largeur, et0 m 35 d’épaisseur.On est aujourd’hui à peu près d’accord sur le texte. Envoici la transcription en caractères hébreux ordinaires:

TEXTE

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Les lettres surmontées d’un point sont douteuses; leslettres entre crochets sont suppléées par conjecture; lesastérisques marquent la place des lettres illisibles. Lespoints séparatifs et les petites barres sont dans l’original.

TRADUCTION

4. Je suis Mésa, fils de Camos… roi de Moab, le Dibonite.|

2. Mon père a régné sur Moab durant trente ans et moi

j’ai régné

3. après mon père. | Et j’ai fait ce sanctuaire à Camos

de Qorkha | en signe de salut;

4. car il m’a sauvé de toutes mes chutes et il m’a fait

triompher de tous mes ennemis. | Amri,

5. roi d’Israël, fut l’oppresseur de Moab durant de longs

jours, car Camos était irrité contre son pays; |

6. et son fils lui succéda et il dit lui aussi: J’opprimerai Moab! | C’est de mon temps qu’il parla ainsi,

7. et j’ai triomphé de lui et de sa maison | et Israël a

péri pour toujours. Or, Amri avait pris possessiondu pays

8. de Mâdaba | et [Israël] y demeura durant ses jours et

le terme des jours de ses fils, durant quarante ans, et

9. Camos [nous] l’a rendue de mon temps. | Et j’ai bâti

Ba’almé’on, et j’y ai fait la piscine, et j’ai bâti

10. Qaryathen. | Or, les gens de Gad habitaient dans lepays d"Alaroth de toute antiquité, et le roi d’Israëls’était bâti

11.’Ataroth. | Et je combattis contre la ville, et je lapris, et je tuai tout le peuple

12. de la ville, spectacle pour Camos et pour Moab! |Et je m’y emparai de l’autel de son Génie et

13. je le traînai devant Camos à Qiriath. | Et j’y fis habiter les gens de Saron et de

14. Makharath. ( Et Camos me dit: Va! prends Nébosur Israël! et j’allai

15. de nuit et je combattis contre elle depuis la pointede l’aurore jusqu’à midi et je la pris

16. et je tuai tout, sept mille hommes et jeunes garçons| et femmes et jeunes filles

17. et servantes, | car je l’avais vouée à l’anathème envers’Astar-Camos, et je pris de là

18. les autels (? ou les vases?) de Iahvé, et je les traînaidevant Camos. | Or, le roi d’Israël avait bâti

19. Iahaç, et il y demeurait alors qu’il me faisait laguerre, 1 mais Camos le chassa devant moi! et

20. je pris de Moab deux cents hommes, toute sonélite, | et je les portai contre Iahas et je la pris

21. pour l’annexer à Dibon. | C’est moi qui ai bâti Qorkha, le mur des jardins et le mur

22. de Parrière-ville, | et c’est moi qui ai bâti ses portes,

et c’est moi qui ai bâti ses tours, | et

23. c’est moi qui ai bâti le palais, et c’est moi qui ai

fait la double piscine pour l’eau au milieu

24. de la ville; | et il n’y avait pas de citerne au milieude la ville, à Qorkha, et j’ai dit à tout le peuple: Faites-vous

25. chacun une citerne dans sa maison! et c’est moiqui ai fait creuser les fossés de Qorkha par les prisonniers

26. d’Israël, | et c’est moi qui ai bâti’Aro’er, et c’estmoi qui ai fait la route de l’A mon. |

27. C’est moi qui ai bâti Beth-Bamoth, car elle était détruite.| C’est moi qui ai bâti Beser, car elle était enruines,

28. avec les gens de Dibon, an nombre de cinquante, car tout Dibon est enrôlé | et j’ai placé le

29. nombre complet de cent [hommes] dans les villes

que j’ai annexées au pays. | Et c’est moi qui ai bâti

30. Mâdaba, et Befh-Diblathen | et Befh-Ba’almé’on, etj’y ai porté les pasteurs…

31.. troupeaux du pays. I Et Khoronén où

habitait…

32 et Camos me dit: Descends, combats

contre Khoronén! | et je suis descendu…

33 [nous l’a rendue] Camos de mon

temps. Et … de là. … dix…

34… année… et c’est moi., .

Pour la justification de la lecture et les notes philologiqueset critiques, voir M. J. Lagrange, dans la Revuebiblique, 1901, p. 525-536.

II. Conclusions historiques. — Depuis le temps deMoïse, les Israélites s’étaient établis dans le pays deMoab. Un moment submergés par l’accroissem*nt desMoabites, ils avaient repris l’avantage avec David. On diraitque dès lors Moab ne fut plus qu’une tribu sansindépendance et sans roi, II Reg., viii, 2, mais il estdouteux que la domination des Israélites s’étendit jamaisau sud de l’Arnon qui fut toujours considérécomme la limite légale de Moab. Les troubles qui suivirentla mort de Salomon lui permirent sans doute derelever la tête. Mésa est très fier de se dire fils de sonpère, mais il ne se donne pas d’autre ancêtre; il estest donc probable qu’une nouvelle royauté commençadans Moab avec ce prince dont le nom n’est qu’incomplètementconservé, Chamos… Les premiers temps furentprospères, on avait recouvré toute la plaine, depuisl’Arnon jusqu’à Médaba. Amri, roi d’Israël, repritl’offensive; il occupa de nouveau Médaba, et sans dépouillerle chef des Moabites du titre de roi, si libéralementprodigué alors, il lui imposa le tribut. Mésa payaitau roi d’Israël cent mille agneaux et cent mille béliersà laine; les grandes plaines de Moab ont toujours étépropices à l’élevage du petit bétail. Des garnisons israélitesétablies jusqu’aux portes de Dibon devaient assurersa fidélité.

Sous Achab, fils d’Amri, Mésa se tint tranquille. Lerègne d’Ochozias d’Israël ne fut qu’une longue maladied’un an ou deux: <> Moab se révolta contre Israël aprèsla mort d’Achab,» IV Reg., 1, 1, et reprit d’abord Médaba.

On peut s’étonner que Mésa, originaire de Dibon, aitporté son premier effort sur un point si éloigné, aurisque de se voir coupé par les stations israélites intermédiaires.A vrai dire, nous ne savons pas s’il se piquede raconter ses exploits en suivant l’ordre du temps.Nous le croirions cependant volontiers. Les Israélitesoccupaient surtout les villes de l’ouest, situées dans desposilions beaucoup plus fortes, sur les premiers contrefortsdes montagnes qui baignent leurs pieds dans lamer Morte. Médaba avait probablement une populationmoabite, puisque Mésa la considère moins comme uneconquête que comme une ville recouvrée; c’est sansdoute par là qu’il était plus facile de commencer. BaalMéon, aujourd’hui Main, à deux heures et demie deMédaba, eut bientôt le même sort; Mésa ne dit pas l’avoirprise, mais seulement bâtie ou plutôt rebâtie. Atarothlui coûta plus de peine. Il s’agissait d’une ville purementisraélite, occupée par la tribu de Gad de touteantiquité. Isolée du reste d’Israël, elle semble avoir pratiquéle culte de son Génie particulier, qu’on pourraitsoupçonner n’être autre que Gad, dont les Grecs ontfait la bonne fortune ou la Tyché des cités. Voir Gad 2, t. iii, col. 24. Ce culte du patron, si commun aujourd’huiencore dans l’Orient musulman, n’empêchait pasplus le culte du dieu national qu’il n’est absolument encontradiction avec l’islamisme. Aujourd’hui il s’agit d’unsaintd’origine souvent inconnue, peut-être mythologique; alors c’était une sorte de divinité inférieure, chargéedes intérêts du lieu, analogue au Sim ou patron mentionnépar les inscriptions sabéennes à côté des grands STELE DE MESA, ROI DE MOABMusée du Louvre

dieux.. Son autel fut traîné comme un trophée devantl’idole de Chamos établi à Qiriyath, nom qui indiquepeut-être la capitale religieuse, mais dont l’identificationdemeure incertaine. La population fut massacrée etremplacée par des gens venus d’ailleurs, sans doute ducœur même du pays de Moab. Mésa tranchait du potentat, mais moins clément que les Assyriens eux-mêmes, ou ne pouvant transporter assez loin de leur point d’attacheles populations qu’il voulait faire disparaître deleur sol natal, il les exterminait «pour donner unagréable spectacle à Chamos et à Moab». Une courserapide, une surprise de nuit, eurent raison de Nébo, ville située près de la célèbre montagne où Moïse étaitmort. Pour être plus sûr de réussir dans cette entreprisedifficile, Mésa avait voué à l’anathème toute la populationdu pays. Le dieu qu’il invoque sous un vocablespécial, Astar-Chamos, est peut-être la divinité féminineparédre de Chamos. Sept mille personnes du sexe masculin, sans compter les femmes et les filles, furent immoléessans pitié. Dans cette cité comme dans tant d’autresen Israël, on pratiquait sans doute le culte deJéhovah sur les hauts lieux. Mésa s’empara des objetsrelatifs à ce culte et pensa les humilier eux aussi devantChamos. C’était une guerre d’extermination.

Que faisait donc Joram, fils d’Achab et successeur deson frère Ochozias? Engagé dans des guerres constantesavec les Syriens, moins heureux que son père, il luiétait difficile de réduire Moab. La guerre contre les Syriensavait souvent pour théâtre Ramoth de Galaad.S’engager à fond contre Mésa, c’était s’exposer à voirfondre les Syriens sur les derrières de l’armée et à seIrouver pris entre deux ennemis également acharnés.La Bible ne nous parle pas de tentatives faites par Joramdans ce sens, mais il semble bien qu’elles eurent lieu.Entre Médaba et Dibon se trouvait, d’après YOnomasticond’Eusèbe, la ville de Iahas. Mésa nous dit formellementque le roi d’Israël l’avait prise pour pointd’appui pendant qu’il lui faisait la guerre, mais qu’ilavait été réduit à fuir devant lui; Chamos l’avait chassédevant le roi de Moab! La manière dont ces chosessont dites, sans insister sur la défaite du roi d’Israël, montre que Joram, car ce ne pouvait être que lui, sevit forcé par la guerre syrienne à dégarnir les garnisonsde Moab et par conséquent à renoncer à la lutte qu’ilavait commencée. Dès lors il suffit à Mésa de réunirdeux cents hommes, l’élite de Moab, pour enlever cettetorteresse qu’il annexa à Dibon.

Mésa termine ici le récit de ses exploits contre Israël.Il passe à la description de ce qu’il a bâti, restauré, embelli, et la campagne contre Oronaï appartient à d’autrescirconstances, car cette ville ne fut jamais comptéeparmi les cités d’Israël. On dirait donc, à le lire superficiellement, qu’il n’a jamais cessé d’être l’enfant gâtéde la victoire. Cependant son début a quelque chosed’exalté qui trahit ses alarmes. Il était en règleavec Chamos puisqu’il lui avait immolé tout ce qu’ilavait voué à l’anathème, puisqu’il lui avait offert en trophéel’autel d’Ataroth et les vases sacrés de Nébo. Etcependant il lui a élevé un sanctuaire, parce que cedieu l’avait sauvé et lui avait donné de triompher deses ennemis. Le roi d’Israël, si passif dans tout le récitdes conquêtes, avait dit cependant lui aussi: «J’oppri^meraiMoab!» Qu’avait-il donc fait dans ce sens? Ce queMésa indique discrètement, comme un homme échappéd’un grave danger et fort redevable à Chamos, la Biblele raconte assez longuement.

III. Récit biblique. — Quelques détails de géographiesont nécessaires pour comprendre le récit du quatrièmelivre des Rois, iii, 4-26. Le territoire de Moab se composaitde deux longues plaines, bordées d’un côté parle désert, de l’autre par les montagnes escarpées quidominent la mer Morte; elles sont séparées l’une del’autre par la coupure de l’Arnon, précipice d’environ

mille mètres de profondeur et dont les pentes sontpresque inaccessibles. La plaine du nord était le champde bataille entre Moab et Israël. Des hauteurs d’Hésébon, les Israélites pouvaient atteindre Dibon sans rencontrerd’obstacle. Cette ville elle-même n’avait aucune défensenaturelle; située presque au ras de la plaine, dépourvued’eau, elle n’était guère qu’un centre pour les tribusqui poussaient leurs troupeaux vers le désert. Battus àcette place, les Moabites risquaient d’être culbutés dansl’Arnon. Is., xvi, 2. En revanche, l’Arnon offrait unebarrière infranchissable aux envahisseurs du nord: dece côté Moab était bien chez lui. Au sud, une autre dépressioncomparable à l’Arnon, l’ouadi el-Afrsa, le séparaitdu Djébâl, et, presque au centre de la plaine, une position incomparable défiait toutes les attaques: c’est le Kérak (voir Kir-Moab, t. iii, col. 1895), situé àmille mètres d’altitude, détaché des montagnes de l’est, accessible seulement au sud, mais facile à isoler par unsimple fossé. C’est là que Renaud de Châtillon brava silongtemps les armées de Saladin; c’est là que l’accordgénéral place la capitale de Moab, c’était là qu’il fallaitfrapper Mésa pour le punir de ses insolentes entreprises.Pour cela, on devait pénétrer par le sud, tourner la merMorte, passer l’ouadi el-Ahsa dans le Ghôr et gagnerles plateaux; un chemin assez bien tracé le permet encoreaujourd’hui sans trop de difficulté. Il va sans direqu’une pareille campagne ne pouvait être entreprisesans le concours de Juda et même d’Édom qui auraitpu, en survenant par derrière, causer à l’armée israélitele même désagrément que les Syriens au nord. Le roide Juda accepta sans difficulté de prendre part à l’expédition.Si ce roi était Josaphat, son consentement entraînaitcelui d’Édom qui vivait sous sa dépendance; sic’était Ochozias, comme le veut l’ancienne édition desSeptante, on doit supposer qu’Édom, récemmentaffranchi, mais battu par Joram, ne crut pas prudentde s’opposer aux desseins des deux rois de Juda etd’Israël. Il marcha donc avec eux.

Le récit de la campagne a été jugé sévèrement parStade, Geschichte, p. 534: «Der Erzâhler berichtetphantastisch…, und ohne das Terrain genau zu kennen.» L’auteur biblique n’aurait pas connu suffisammentle terrain. Reproche étrange dans la bouche d’unsavant qui n’est jamais sorti de son cabinet! Ceux quine connaissent pas le terrain sont ceux qui s’obstinentà placer Édom à l’est du Ghôr; la position d’Édom ausud de Juda une fois reconnue, tout s’explique aisément.Les rois confédérés entreprennent une marche tournantede sept jours; il leur faut, en effet, contournerle sud de la mer Morte; mais avant d’avoir pu pénétrerdans Moab, ils étaient déjà morts de soif. Toutes leseaux du Ghôr, qui sont abondantes, descendent, en effet, de l’est, mais elles devaient naturellement être gardéespar les Moabites et du moins fallait-il les atteindre.L’armée était vraiment exposée à périr dans le sablebrûlant de T’Araba. On consulta le prophète Elisée quirépondit, par égard pour le roi de Juda: «Faites désfosses de place en place; vous ne verrez pas de ventet vous ne verrez pas de pluie, et cependant cette valléese remplira d’eau.» Ici encore Stade croit la plaisanteriefacile. Le secret n’en était pas un; les rois savaienttrès bien que la vallée d"Arabim contenait des eauxsouterraines: il n’y avait qu’à creuser. C’est de la hautefantaisie, car si on avait été dans les vallées moabites, l’eau n’aurait pas manqué, et, d’après le texte, il s’agitde tout autre chose. Ce phénomène, nous l’avons parfaitementcompris, lorsque, par un ciel sans nuages, nous vîmes venir à nous de petit* filets d’eau courantequi nous barrèrent le chemin dans le désert de Tih. VoirRevue biblique, 1896, p. 445. Il est vrai que la veille nousavions essuyé l’orage, mais la situation des confédérésétait toute différente. Des orages terribles venus de la merpeuvent éclater sur les plateaux sans qu’on s’en doute

dans la profonde dépression du Ghôr: les eaux prennentalors leur pente naturelle et descendent soit versla Méditerranée, soit vers la mer Morte. C’est ainsi queles rois virent à l’aurore les eaux descendre par le chemind’Édom, et comme on pent le conjecturer avec certituded’après l’ancienne version grecque, du désert deChour, c’est-à-dire des plateaux du Tih. Si l’orage s’étaitdéchaîné vers la montée d"Aqrabbim, les eaux devaients’écouler naturellement par l’ouadi Fiqrê qui est bienle chemin d’Édom. Mais elles ne pouvaient aller bienloin dans le sable brûlant, il importait de les recueilliret c’est pourquoi le prophète avait donné le conseil decreuser non des puits, mais des fosses. Tous les détailsportent et concordent avec la situation; c’est le phénomènedu seil, bien connu des Bédouins de l’a péninsulesinaïtique.

Les Moabites-ne pouvaient soupçonner le changementopéré dans la situation. Ceux qui ont visité les rivesméridionales de la mer Morte savent quelles étrangescouleurs changent parfois l’aspect des objets. Nousavons vu la mer Morte vraiment rouge le soir du 1 er novembre1897; assurément on ne l’eût pas crue changéeen sang; mais, de loin, les Moabites, sachant de sciencecertaine qu’il n’y avait pas d’eau au campement d’Israël, ont pu prendre telle flaque d’eau rougie par l’aurorepour du sang répandu. Ils quittèrent leur position défensive, s’engagèrent eux-mêmes dans un sol, tantôtmouvant, tantôt, rugueux, et furent battus. La contréeétait ouverte, les Israélites mirent tout à feu et à sang, détruisant les villes, coupant les arbres, bouchant lessources, pendant que Mésa avec une élite se réfugiaitdans sa capitale. Le roi de Moab a passé tout celasous silence, il fallait s’y attendre. Cependant à quoifait-il allusion quand il nous dit: C’est moi qui ai bâtiBeth-Bamoth, car elle était détruite — c’est le propreterme de la Bible; — c’est moi qui ai bâti Beser, carelle était en ruines? À s’en tenir à son premier bulletinde victoire, on ne s’explique pas l’urgence de tantde réparations. Nous voyons même un indice moinsfacile à relever, mais [peut-être encore plus significatif, dans les constructions qu’il fit à Qorkha. Cette villeétait sa capitale, puisqu’il y avait son palais royal. Or, il est évident que tout ce qu’il y construit, sauf précisémentce palais, a pour but de mettre la ville en état dedéfense. Fut-ce.ayant ou après le siège qu’il y subit, c’est ce qu’il ne dit point; il se peut que les travaux, commencés à la hâte, furen t terminés à loisir, mais entout cas une comparaison s’impose entre les travauxentrepris à Qorkha et les mesures prises par Ëzéchiaspour.défendre Jérusalem contre Sennachérib. Ézéchiasbouçh&la source, qui coulait en dehors de la ville etl’introduit dans la cité; il répare les murs avec leurstours, fait un mur extérieur, met; en ordre l’arsenal.II.Par., xxxii: , 2, 5, 30. Quand on était Jnquiet à Jérusalem, on ^réparait le mur d’Ophel, II Par., xxvii, 3: lorsde; ; la..grande alerte décrite par Isaïe, tous les regardssettomnaient.vers l’arsenal, bêt-ya’âr, ’e$. ces deux nomsressemblent; étrangement à ceux des murs bâtis parMésa; , S’il-fournit la ville d’eau, il est bien probablequ’il ne: se préoccupe pas à la romaine.de procurer leseaux en: abondance-pour le luxe des bains.-A y regarderde près’, c’*st encore un? njesure. défensive, analogueà celle d’Ézéchias, Les seules villes: d’Orient quin’ont pas de citernes Sont celles quiont.l’eau à portée, comme c’est le cas du Kérak; mais en dehors delàville. En cas de siège, on se trouvait au dépourvu. Mésalait une double piscine pour le public, puis commandeà chacun de se creuser une citerne dans sa maison.L’expédition des rois eut lieu à la saison des pluies, comme le prouve l’orage dont nous avons vu les effets; l’ordre était donc très pratique, et aussi la constructiondes fossés à laquelle on fit travailler les prisonniersfaits naguère sur Israël.

Si Ton doutait qu’on puisse parler avec autant desérénité que Mésa d’une aussi chaude alerte, il suffiraitpour s’en convaincre de relire dans II Par., xxxii, lerécit de la campagne de Sennachérib contre Ézéchias.On voit bien que le roi d’Assyrie avait eu l’intention des’emparer des villes de Juda, II Par., xxxii, I, et de Jérusalem, mais il en fut pour sa courte honte, et dès lorsle récit se termine comme l’inscription de Mésa: «EtÉzéchias se fit des villes et de nombreux troupeaux.» II Par., xxxii, 29. Des villes prises, du tribut payé, desterritoires arrachés à Juda, il n’est pas fait la moindremention. De son côté, l’historien biblique ne dissimulepas le triomphe final de Mésa, mais ici c’est à son tourà glisser légèrement. Soit qu’iL ait été pris au dépourvudans ses préparatifs de défense, soit qu’il manquât devivres, Mésa reconnut bientôt que la résistance étaitimpossible. Avec sept cents hommes, cette élite dont ila parlé, il essaya de se frayer un passage jusqu’au roid’Aram. Le texte dit Édom, mais le roi d’Édom n’eûtpu que le livrer à ses alliés. Aram pour Édom n’est pasmême un changement dans l’ancienne écriture. Ce futen vain. Alors il eut recours à. cette suprême ressourcedes Carthaginois en péril, le meurtre d’un enfant, etpour être plus agréable à son dieu qui ne peut êtreque Chamos, il choisit pour victime son propre fils, l’héritier de sa couronne. Il l’immola en holocauste, sur le mur, sans doute pour que le sang versé enl’honneur du dieu le rendît inviolable. De cela non plusil ne s’est pas" vanté, .mais; dans son cri de triompheet d’action de grâces au Chamos de Qorkha, n’a-t-onpas comme un écho de ce drame? C’est à Qorkha queChamos l’avait sauvé, il veut lui élever un sanctuaire àDibon, dans sa patrie, pour lui témoigner sa reconnaissance, «parce qu’il l’a sauvé de toutes ses chutes et l’afait triompher de tous ses ennemis.»

Que se passa-t-il alors? Cela est demeuré un secretimpénétrable. Les Israélites abandonnèrent le siège etrentrèrent chacun chez soi. On a supposé que Mésaavait acheté leur retraite et fait sa soumission; cette hypothèsene concorde ni avec ses accents qui paraissentsincères, ni avec le texte sacré. Dans les opinions religieusesd’Israël et de tous les Sémites, un échec finalaussi lamentable (le prophète n’avait rien prédit del’issue définitive de la campagne) né pouvait être attribuéqu’à la colère divine; c’est aussi ce que le texte dit.

Quel fut l’événement interprété comme un châtimentde Jéhovah? Encore une fois le point demeure obscur.Peut-être les Moabites combattirent-ils dès lors avecl’énergie du désespoir; peut-être les Israélites redouteront-ilsl’efficacité de l’horrible sacrifice; élevés depuisle règne d’Achab dans des idées â moitié païennes, ilsont pu craindre, non point que Chamos se mît en colèrecontre eux, mais que Jéhovah, auquel ils ne pouvaientoffrir de victimes humaines, se trouvât dans cetétat d’infériorité que les anciens coloraient publiquementen disant que leur dieu était en colère. Si on admet quele roi de Juda était Ochozias, le plus simple est de supposerque dès. lors les Syriens étaient en campagne. Lesdeux rois, Joram et Ochozias, furent: vairiciis dans lapremière année du règne d’Ochôzias à Ramoth.Gàlaadet peu après tous deux périssaient de la main de Jéhu.Le triomphe de Mésa était complet et il a pn croire, aumoment où sombrait la dynastie d’Amri et où Jéhu reconnaissait; la suzeraineté du. roi d’Assyrie, qu’Israëlétait perdu, perdu, pour toujours. Israël possédait ungerme de vie et de résurrection que Mésa ne pouvaitsonpçonner. " - —.. -,

Bibliographie. — Clermont-Ganneau, La stèle deMésa, roi de Moab, Paris, 1870 (la première publicationsur ce sujet); Smend et Socin, Die Inschrift des KônigsMesa von Moab, Fribourg-en-Brisgau, 1886; Clermont-Ganneau, La stèle de Mésa, dans le Journal asiatique^, 1887, t. ix, p. 72; Socin et Holzinger, Zur Mesainschrift,

1897; Nordlander, Die Inschrift des Kônigs Mesa vonMoab, Leipzig, 1896; Lidzbarski, Eine Nachprûfungder Mesa Inschrift, dans son Ephemeris fur semitischeEpigraphik, n° 1, p. 1-10; J. Halévy, dans la Revuesémitique, juillet et octobre 1900; W. H. Bennett, art.Moab, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. iii, 1900, p. 403-408; Cheyne, Encyclopsedia biblica, t, iii, 1902, p. 3040-3048. M. Albert Lôwy a essayé d’attaquerl’authenticité de la stèle de Mésa, dans À critical Examirnation of the so-called Moabite Stone in the Louvre, 3e édit., Londres, 1903. J. Lagrange.

    1. MÉSCHEK##

MÉSCHEK (hébreu: MêSék), nom ethnique que laVulgate a toujours rendu par Mosoch, excepté dans lePs. cxix (hébreu, cxx), 5, où elle a traduit: «Malheurà moi, parce que mon exil s’est prolongé;» tandis quele texte original porte: «Malheur à moi qui séjourneà Méschék.» Voir Mosoch.

    1. MESÉLÉMIA##

MESÉLÉMIA, hébreu: MeSélémyâhû [et Mesélémyâh, I Par., ix, 21], «celui que Yah récompense;» Septante: MotreXXefit’a, MoasXXaiiîa; Alexandrinus, MaoïXXanta [ModoXXàfi, MoooXXaiii', I Par., IX, 21]; Vulgate: Meseleniia, I Par., xxvi, 1, 2; Mosollamia, I Par., ix, 21), lévite, de la famille de Caath. Il vivait du tempsde David et fut chargé avec ses fils de la garde d’unedes portes du sanctuaire. I Par., xxvl, 1-2. La porteorientale lui échut par le sort. I Par., xxvi, 14. Dansce passage, la première syllabe de son nom est tombée, et il est appelé en hébreu: Sélémyahû. Septante: EeXe(xia; Vulgate: Selemia. Ses fils étaient au nombre desept. L’aîné, qui s’appelait Zacharie, I Par., ix, 21; xxvi, 2, fut désigné par le sort pour la garde de la porte septentrionale. 1 Par., xxvi, 14. Outre ses fils, Mesélémiaavait sous ses ordres ses frères, ce qui faisait un totalde dix-huit hommes forts et robustes, I Par., xxvi, 9, pour garder les deux portes de l’est et du nord. Le ꝟ. 17nous apprend qu’il y avait, à l’est, six lévites par jouret, au nord, quatre par jour, chargés de monter la garde.Mesélémia, dans I Par., xxvi, 1, est appelé «fils de Coré, d’entre les fils d’Asaph». Il était, en effet, Corite, maisnon descendant d’Asaph, caries Corites descendaient deLévi par Caath, I Par., vi, 16, 18, 21, tandis qu’Asaphdescendait de Lévi par Gersôn. I Par., vi, 39-43. VoirAsaph, 1, t. i, col. 1056. Asaph doit être corrigé en Abiasaph, comme on le lit I Par., ix, 19. Abiasaph était, eneffet, un des fils de Coré. Exod., vi, 24.

    1. MÉSENGUY François Philippe##

MÉSENGUY François Philippe, écrivain jansénistefrançais, né à Beauvais le 22 août 1677, mort à SaintGermain-en-Laye le 19 février 1763. Il étudia à Beauvais et à Paris. En 1700, il devint professeur de rhétorique au collège de sa ville natale. En 1707, il fut appeléà Paris au collège dit de Beauvais, dont Rollin était ledirecteur. Coffin, successeur de Rollin, le chargea del’instruction religieuse des élèves. Il remplit ces fonctions jusqu’en 1727 où l’opposition qu’il fit à la bulleUnigenitus l’obligea de les résigner. Il alla habiter sur laparoisse de Saint-Étienne-du-Mont et y demeura jusqu’en1748. Il s'établit alors à Saint-Germain-en-Laye. Il necessa qu'à sa mort, qui eut lieu dans sa 86e année, dedéfendre le jansénisme, malgré les condamnations despapes. De ses nombreux écrits nous ne citerons que sonAbrégé de l’histoire et de la morale de l’Ancien Testament, in-12, Paris, 1728; Le Nouveau Testament traduit en français avec des notes littérales, in-12, Paris, 1729; 3 in-12, 1752; Abrégé de l’histoire de l’AncienTestament avec des éclaircissem*nts et des réflexions, 10 in-12, Paris, 1735-1753; Abrégé de l’histoire de V Antien et du Nouveau Testament, 3 in-12, Paris, 17371738; Épîtres et évangiles avec des réflexions, in-12, Paris, 1737; Lyon, 1810. — Voir [l’abbé Lequeux, ami deMésenguy], Mémoire sur la vie et les ouvrages de feu

M. l’abbé François Philippe Mésenguy, in-12, Paris, 1763.

    1. MESÉZÉBEL##

MESÉZÉBEL (hébreu: Mesêzab'ël, «celui queDieu délivre;» Septante: MaÇEgi)), , Mtau>&ër{k, Bao-mCâ), un des chefs du peuple qui signèrent l’alliance avecDieu, après la captivité, du temps de Néhémie. II Esd., '%, 21. C’est sans doute le même qui est donné, iii, 4, commele père de Barachias et le grand-père de Mossolam, l’unde ceux qui travaillèrent à la reconstruction des mursde Jérusalem sous Néhémte, et xi, 24, comme le pèrede Phathahia, agent du roi de Perse dans l’administration civile de la Judée. Si cette identification est exacte, Mesézébel était de la tribu de Juda et descendait deZara. II Esd., xi, 24. La Vulgate, qui transcrit le nomhébreu Mesezebel dans II Esd, , iii, 4; xi, 24, l'écrit Mesizabel, x, 21.

    1. MESILTAIM##

MESILTAIM, forme duelle, l Par., xiii, 8; . iv, 16,

19, 28; xvi, 5, 42; xxv, 1, 6; II Par., v, 12, 13; xxix, 25; I Esd., iii, 10; II Esd., xii, 27, est un des noms hébreuxdes cymbales. On les appelle aussi selselim. Les deuxnoms dérivent de la même racine, qui est Vis, sâlal, «tinter,» rendre un son métallique. Arabe, J-o, t ^Ja.Voir Cymbale, t. ii, col. 1163. J. Parisot.

    1. MESIZABEL##

MESIZABEL, orthographe du nom de Mesézébeldans la Vulgate. II Esd., x, 21. Voir Mesézébel.

    1. MESOLLAM##

MESOLLAM (hébreu: Mesullâm, «qui se confie [enDieu];» Septante: MEtroXXâfi), lévite qui vivait du tempsd’Esdras. Il l’aida avec plusieurs autres, à dresser la listedes Israélites revenus de captivité qui avaient épousédes femmes étrangères. I Esd., x, 15. Plusieurs commentateurs croient que ce Lévite est le personnage nomméparmi les chefs chargés de la conduite des captifs, quiretournèrent de Babylone à Jérusalem. I Esd., viii, 16.On l’a aussi identifié avec le Mosollam, gardien des portesdu Temple, qui est nommé II Esd., xii, 25. Le nom hébreu de MeSulldm fut très commun après la captivité.Voir Mosollam. La Vulgate ne l’a rendu qu’une fois parMesollam. I Esd., x, 15. Dans I Esd., viii, 16, et II Esd, , xii, 25, elle écrit Mosollam, comme dans les autrespassages où il est question d’autres Mesullâm.

    1. MÉSOPOTAMIE##

MÉSOPOTAMIE, plaine située entre le Tigre etl’Euphrate. — I. Nom. — La Mésopotamie est désignéedans le texte hébreu de la Bible sous les noms de 'âraninahâraim ou Syrie des deux fleuves, Gen., xxiv, 10; Deut., xxiii, 4; Jud., iii, 8; I Par., xix, 6; Ps. lx(i.ix), 2; paddan 'âràm, plaine de Syrie, Gen., xxv, 20; xxviii, 2, 5, 6, 7; xxxi, 18; xxxv, 9, 26; xlvi, 15; ousimplement paddan, Gen., XLvm, 7; 'êber hannâbâr, le bord du fleuve, Josué, xxiv, 3, 14, 15; sedêh 'âram, la plaine de Syrie. Ose., xii, 12. Les Septante traduisentces termes par Metroîtorajua auquel ils joignent le plussouvent le mot 2up(aç. On trouve aussi Eupi’a itoTajjiûiv, Jud., iii, 8; rcÉpav toO irorafioO, Jos., xxiv, 3, 14; jreSiovSuptaç. Ose., xii, 12. La Vulgate emploie généralement le mot Mesopotamia et le plus souvent avec lemot Syrise. Dans Osée, xii, elle se sert des mots regioSyrise.

IL Description de la Mésopotamie. — La Mésopotamie est la plaine arrosée par le cours moyen de l’Euphrate et du Tigre, après leur sortie de la chaîne duTaurus jusqu'à la basse plaine de la Babylonie. À l’Orient, le vaste plateau de l’Iran domine les plaines du Tigreet forme un barrage transversal d’où s'épanchent leseaux. La Mésopotamie est comme un déversoir pour lespopulations des hantes terres voisines, qui peuventfacilement descendre parles vallées. De même les habitants dés chaînes riveraines de la Méditerranée regar

daient aussi vers PEuphrate, par delà l'étroite lisière dudésert. Elisée Reclus, Géographie universelle, t. ix, in-4°, Paris, 1884, p. 378. La Mésopotamie se divise endeux parties distinctes. La partie nord que Strabonappelle Parorée est la plus rapprochée des montagnes.Strabon, XVI, I, 23. Elle est arrosée sur ces deux côtéspar le Tigre et l’Euphrate, et au milieu par lesaffluents de l’Euphrate, le Balikh et le Chaboras ouHabor (t. iii, col. 382) qui reçoivent eux-mêmes de nombreux petit* cours d’eau. Voir Euphrate, t. ii, col. 2046.Cf. flg. 623, col. 2047. Le sol en est assez fertile. Il y a desforêts. Dion Cassius, lxviii, 26; lxxv, 9. Parmi les arbresqui y poussent, la Bible nomme le peuplier, l’amandier

soulève par tourbillons. G. Perrot, Histoire de l’art, t. H, 1884, p. 3-4, 10-13; G. Rawlinson, The ftve great monarchies of the ancient eastern World, 4e édit., in-8°, Londres, 1879, t. i, p. 1-4. On y rencontre de nombreux animaux fauves et domestiques, surtout des porcs, dessangliers (fig. 270), des serpents, la plupart inoffensifs, des lions et des panthères. G. Maspero, Histoire.anc, 1. 1, p. 551-561. Voir Euphrate, t. ii, col. 2048. Parmi les produits naturels du pays, Strabon, XVI, s, 24, mentionne dessources de naphte et une pierre appelée gangitide. LaMésopotamie fut une des voies principales du commercedans l’antiquité. C’est par l’Euphrate que passe le chemin qui réunit les lignes de navigation entre l’Inde et

269. — Animaux domestiques. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 35.

et le platane. Gen., xxx, 37. On y trouve aussi des pâturages qui nourrissent des troupeaux de moutons et dechèvres. Gen., xxx, 31-43 (flg. 269). Entre le Balikh et leTigre l’hémione et l’onagre erraient par troupes. La plainesituée plus au sud est soumise à un régime différent.Elle ne doit sa fécondité qu’aux inondations périodiquesdu Tigre et de l’Euphrate, qui débordent au printemps.Pline, H. N., v, 26 (21). Pendant six semaines, en novembre et en décembre, il pleut beaucoup, puis lesondées diminuent jusqu’en mai. Pendant l’hiver, lefroid n’est pas excessif, cependant le matin une mincepellicule de glace couvre les marais. Pendant six mois, de juin à novembre, la chaleur est lourde pour leshommes comme pour les animaux. Le vent du sudpousse parfois devant lui des tourbillons de sable. Tanlque la terre reste humide, le pays est couvert d’herbestrès hautes, où les chevaux et le bétail enfoncent jusqu’aupoitrail. Parmi les plantes qui naissent dans le pays serencontrent les céréales, le froment, l’orge et l'épeautre, ainsi que plusieurs espèces de légumes, la lentille, lepois chiche, le haricot, l’oignon, l’aubergine, le concombre; on y trouve aussi le sésame, le ricin, le henné, le lin et le chanvre. Les palmiers y rendent les plusgrands services aux habitants. La plaine pendant la plusgrande partie de l’année est nue et désolée. Au printemps, au contraire, on y voit en abondance des feuilleset des fleurs. Dès le mois de mai, les herbes se dessèchent. Il reste cependant de la verdure sur les bordsdes fleuves, ce sont des plantes aquatiques, des roseaux, des nénuphars. Ces plantes, serrées les unes contre lesautres, offrent l’aspect de vastes prairies. Partout ailleursl’aspect du pays est mbrne comme celui du désert. Lesplantes desséchées forment une poussière grise que le vent

la Méditerranée. Dès que les hommes surent dirigerune embarcation, ils prirent cette voie de préférence àcelle de l’Iran, si difficile à cause des plateaux et desmontagnes qu’il faut traverser. Sous, les Babyloniens, maîtres du port de Térédon sur le golfe Persique et decelui de Tyr sur la Méditerranée, la Mésopotamie

270. — La laie et ses petit* au milieu des roseaux.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi- 12.

fut la principale voie commerciale du monde parl’Euphrate. Les Perses habitués aux routes de terrearrêtèrent ce mouvement et coupèrent le fleuve pardes barrages. Alexandre et les Séleucides restaurèrentla route de l’Euphrate. E. Reclus, Géographie universelle, t. ix, p. 378-379. La Mésopotamie appartenaitethnographiquement aux trois grands peuples sémitiques qui y touchaient; les Assyriens occupaient lapartie orientale sur le Tigre, les Araméens ou Syriensla partie occidentale et septentrionale, enfin le steppe.

du sud était aux Arabes nomades, "Apaëe? «rx^vîtai.Ces derniers occupaient la région par laquelle passaitla route des caravanes, allant de Syrie ou d’Asie-Mineure vers Babylone, Strabon, XVI, i, 26-27. Cf. Xénophon, Anab., i, v, 1. C’est de la partie septentrionale, c'çst-à-dire de celle où habitaient les Araraéens, qu’il estsurtout question dans la Bible. La ville principale etla plus ancienne de*cette région était Haran. Voir Haban 3, t. iii, col. 424. Là encore se trouvaient Édesse(flg. 271) et Nisibe, sur le Mygdonius, aftluent du Chaboras. Dans la partie méridionale il n’y avait pas de villes.Les Grecs avaient comparé la Mésopotamie à un vastenavire à cause de sa forme allongée. Strabon, II, i, 23,

teur Éliézer chercher une femme pour lui en Mésopo-.tamie, mais en lui donnant ordre de ne pas permettreà Isaac de retourner dans ce pays. Gen., xxiv, 2-9.Éliézer partit pour la Mésopotamie et vint à Nachor ouHaran. C’est là qu’il rencontra Rebecca, fille de Bathuel, et illa ramena à Isaac. Gen., xxiv, 10-67; xxv, 20. VoirÉliézer, t. ii, col. 1678; Isaac, t. iii, col. 931. C’est demême en Mésopotamie et à Haran qu’Isaac envoya Jacobpour chercher une femme. Illui ordonna de prendreune des filles de Laban, frère de Rebecca, c’est-à-direune de ses cousines germaines. Gen., xxviii, 2, 5, 6, 7.C’est près d’Haran que Jacob vit en songe une échelle mystérieuse où les anges montaient et descendaient. Il resta

271. — Orfah (ancienne Édesse). Grande Mosquée.D’après Chesney, The Expédition of Euphrates, t. ii, pi. xxxiv, p. 77

6; XVI, i, 22. Les Arabes l’appellent Al-Djeziréh, c’està-dire l'île.

III. La Mésopotamie dans la Bible. — II est pour lapremière fois question de la Mésopotamie dans la Bibleà l’occasion du voyage de Tharé et d’Abraham, d’Ur enChaldée vers le pays de Chanaan. Tharé et sa famillequittèrent Ur pour se diriger vers Haran; ils traversèrent donc toute la Mésopotamie du sud au nord. Gen., xi, 31. Voir Haran 3, t. iii, col. 424. Tharé mourut à Haran.Cette migration d’Abraham est rappelée par les Ammonites, quand Holoferne les interroge sur les Juifs. Ilssont, dit le prince des Ammonites, de la race des Chaldéens. Ils habitèrent d’abord la Mésopolamiêy^parcequ’ils avaient abandonné les dieux des Chaldéens pouradorer le Dieu du ciel et ils s'établirent à Charan(Haran). Judith, v, 7. Le livre de Josué, xxiv, 3, 14-15, fait également allusion au retour d’Abraham du borddu fleuve et aux faux dieux que sa race y adorait. C’estd’Haran qu’Abraham, sur l’ordre de Dieu, se rendit dansla terre de Chanaan. Gen., xii, 1, Voir Abraham, t. i, col. 74. Une partie de la famille de Tharé était restée àHaran. Abraham appelait cette ville son pays à cause duséjour prolongé qu’il y avait fait. Pour ne pas marierson fils Isaac à une Chananéenne, il envoya son servi

sept ans en Mésopotamie au service de Laban pourobtenir la main de Rachel, puis ayant été trompé parLaban qui lui avait fail épouser subrepticement Lia, il yresta sept autres années pour obtenir enfin celle qu’ilaimait. Gen., xxviii, 10; xxix, 30. Après avoir épousé Rachel, Jacob ne quitta pas le pays de son beau-père, carc’est là que naquirent ses douze fils. Gen., xxix, 31-xxx, 23; xxxv, 26; xlvi, 15. Jacob désirant revoir la terre deChanaan demanda à son beau-père de le laisser aller etil quitta le pays. Rachel emporta les idoles de son père, ce qui montre que les Araméens de Mésopotamie étaientpolythéistes et idolâtres. Gen., xxx, 25; XXXI, 19, 34-36.Voir Jacob, t. iii, col. 1062; Rachel. Balaam était deMésopotamie. Sa patrie était Péthor, située au confluentde l’Eùphrate et du Sagur. Num., xxiii, 7; Deut., xxiii, 4; cf. Num., xxii, 5, dans l’hébreu. C’est par erreur quela Vulgate en fait un Ammonite dans ce verset. VoirBalaam, t. i, col. 1390. Au temps des Juges, un roi deMésopotamie, inconnu par ailleurs et nommé ChusanRasathaim, asservit les Juifs pendant huit ans. Othonielles délivra de son joug. Jud., iii, 10-11. Voir ChusanRasathaim, t. ii, col. 748. David fit une campagne enMésopotamie et c’est à cette occasion qu’il composa lePsaume lix (hébreu, lx), ainsi qu’il est dit dans le titre.

IV. - 33 1Ô27

MÉSOPOTAMIE — MESSA

1028

Cette campagne est probablement l’une de celles dont ilest parlé dans Il Reg. (Sam.), viii, 3; x, 6-19; I Par., xviii, 3. Voir David, t. ii, col. 1316, et Adarézer, 1. 1, col. 211.Dans I Par., xix, 6, nous voyons les Ammonites envoyermille talents d’argent en Mésopotamie, afin d’y prendreà leur solde des chariots et des cavaliers. Ils y réunissent 32 000 chars, pour combattre David qui resta cependant vainqueur. Il est de nouveau question de laMésopotamie dans le livre de Judith. Dans sa seconde «ampagne, Holopherne passa l’Euphrate, traversa laMésopotamie et renversa toutes les places fortes bâtiessur le torrent d’Abronas jusqu'à la mer. Judith, grec, ii, 24; Vulgâte, ii, 14. Le torrent dont il s’agit est le Chaboras, affluent de l’Euphrate. La Vulgate l’appelle Mambré (col. 635) et la Peschito Jaboc, ce qui est une erreur, car le Jaboc est un affluent du Jourdain. Voir Abronas, t. i, col. 92; Jaboc, t. iii, col. 1056. La Vulgate, Judith, m, 1, dit que les rois de Mésopotamie envoient des ambassadeurs à Holopherne, et m-, 14. Au temps d’Assurbanipal, Holopherne traversa la Mésopotamie et maintintdans la soumission les tribus toujours disposées à larévolte. Judith, grec, ii, 24; Vulgate, ii, 14; iii, 1, 14. LaMésopotamie suivit le sort du reste de l’empire assyrien; elle passa sous la domination des Babyloniens, puis'sous celle des Mèdes et des Perses. Sous Darius I" laMésopotamie du nord fit d’abord partie de la satrapied’Athura ou de Syrie, et la plaine du sud de la satrapied’Arabie. Inscription de Behistoun, col. 1, lig. 12-17; Weissbach-Bang, Die Altpersischen Keilinschriften, in-4o, Leipzig, 1893, p. 12-13; G. Maspero, Hist. anc., i. ii, p. 688.

IV. Histoire de la Mésopotamie en dehors de laBible. — On sait peu de chose de l’histoire de la Mésopotamie jusqu'à l'époque où elle fut soumise auxPerses. Les Hébreux y séjournèrent au temps d’Abrahamainsi que nous l’avons vu plus haut. D’après les inscriptions assyriennes, le pays continua à être habité par destribus indépendantes ayant chacune leur chef. ChusanBasa thaim qui asservit les Israélites au temps des Juges, était l’un de ces chefs. Jud., iii, 10-11. Au temps deDavid, les Araméens de Mésopotamie paraissaient avoirsubi la domination du roi de Soba, Adarézer. II Reg., (Sam.), x, 16. Les Assyriens furent souvent en lutte avecces tribus. ïhéglathphalasar I er traversa toute la Mésopotamie du nord avec ses armées. G. Maspero, Hist. anc, t. ii, p. 643. Assurnazirhabal, en 880, soumit à la domination assyrienne les chefs des tribus araméennes à lasuite d’une importante expédition. Maspero, Hist. anc, t. H, p. 28-32, 118. Salmanasar III affermit cette conquête (859-855). Ibid., p. 66. Cf. II (IV) Reg., xis, 13.Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 445, 668. Lors de la conquête de l’empire perse par Alexandre, la Mésopotamie fut soumiseavec le reste des provinces. C'était une des régionsqu’il avait lui-même parcourues avec son armée en suivant une route qui va de Chapsaque sur l’Euphrate àCarrhæ l’ancienne Haran, à Nisibe et de là à Arbèles.Àrrîen, Anab., III, va. Après la mort d’Alexandre, Perdiccas donna la satrapie de Mésopotamie à Archélaûs; lors du partage de Triparadisos, en 321, Antipater donnala satrapie de Mésopotamie à Amphimachos. Diodore deSicile, XVIII, xxxix, 6. Elle passa ensuite sous le gouvernement de Blitor qui fut destitué par Antigone; enfin elle fut soumise à Séleucus I er en 310. Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 4; Appien, Syriac, 55. Cf. G. Droysen, Histoire de V Hellénisme, trad. fr., t. ii, in-8o, Paris, 1884, p. 32, 133, 293, 515. Nicanor fut satrape sous Antiochus. Pline, H. N., vi, 26 (30). Les Grecs fondèrentdans la Mésopotamie un certain nombre de colonies.Pline, H. N., vi, 26 (30). Les principales sont Nicéphorîon fondée par Alexandre, Pline, H. iV./vi, 26 (30); Apamée et Amphipolis fondées par Séleucus I er, Pline, M. N., y, 24 (21); Antioche Callirhoé qui porta ensuite

le nom d'Édesse. Pline, H. N., v, 24 (21). Nisibe pritle nom d' Antioche de Mygdonie. Josèphe, Ant. jud., XX, m, 3; Strabon, XVI, i, 23. G. Droysen, Histoire del’Hellénisme, t. ii, p. 670, 739-744. Après la chute dela dynastie des Séleucides, la Mésopotamie fut le théâtredes luttes entre les Parthes, les Arméniens et enfin lesRomains. Ceux-ci la conquirent une première fois sousTrajan. Ce prince s’empara d'Édesse où régnait depuis137 avant J.-C. une dynastie indigène, de Nisibe et deSingara et organisa une province de Mésopotamie. Eutrope, viii, 3. Il ne put conserver ses conquêtes etHadriendutles ahandonnertoutàfait.DionCassius, LXvm, , 29; Spartion, Hadrien, v; Eutrope, viii, 6. Sous Marcvurèle, la Mésopotamie fut reprise, Capitolin, MarcAntonin, vin et ix, Verus, vi, vii; Dion Cassius, lxxi, 1; cependant le pays ne fut jamais complètement enlevé aux princes indigènes, car nous trouvons encoresous Gordien III un roi d'Édesse. Eckhel, Doctr. Num., t. iii, p. 516. La région gouvernée par les princesd'Édesse s’appelait l’Osrhoëne, elle était sous la suzeraineté des Parthes.

V. Bibliographie. — Strabon, XVI, i, 21-28; Olivier, Voyage dans l’Empire ottoman, t. ii, in-4o, 1804; Ainsworth, Researches in Assyria, Babylonia and Chaldea, in-8o, Londres, 1838; Cl. Chesney, The Expédition ofthe Survéy of the rivers Euphrales and Tigris, in-8o, Londres, 1850, t. i; W. K. Loftus, Travels and Researches in Chaldea and Susiana, in-8°, Londres, 1859; Hœfer, Chaldée, in-8o, Paris, 1853, p. 151-192; F. Lenormant et E. Babelon, Histoire ancienne, 9e édit., in-12, Paris, 1885, t. iv, p. 1-18; G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. i, in-4°, Paris, 1884, p. 2-14; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 89-92; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’orient classique, 1. 1, 1895, p. 551-564. E. Beurlier.

    1. MESPHAR##

MESPHAR (hébreu: Mispâr, «nombre;» Septante: Mixo-çôp), un des chefs israélites qui retournèrent de lacaptivité en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 2. Dansle passage parallèle, II Esd., vii, 7, Mesphar est appeléMespharath.

    1. MESPHARATH##

MESPHARATH (hébreu: Mispérét; Septante: MadtpapâG), nom, dans II Esd., vii, 7, du chef israéliteappelé Mesphar dans I Esd., ii, 2. Voir Mesphar.

    1. MESPHÉ##

MESPHÉ, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xviii, 26, du nom d’une ville de Benjamin appelée ailleursMaspha ou Masphath. Voir Maspha.

    1. MESRAIM##

MESRAIM (hébreu: Mi$raim; Septante: Medpacv), second fils de Cham, Gen., x, 6; I Par., i, 8, et père desLudim, des Anamim, des Laabim, des Nephtuim, desPhétrusim et des Chasluim (voir ces noms). Gen., x, 13-14; I Par., i, 11-12. Ses descendants peuplèrentl’Egypte, qui est appelée en hébreu, de son nom, Misraïm. Voir Egypte, t. ii, col. 1603.

    1. MESROB##

MESROB, traducteur de la Bible en arménien. VoirArménienne (Version) de la Bible, 1. 1, col. 1010.

MESSA. La Vulgate rend sous cette forme un nomde lieu et un substantif commun, dont elle fait un nompropre. Ces deux mots sont complètement différents enhébreu et ne proviennent pas de la même racine.

1. MESSA (hébreu: Miiâ'; Septante: Ma<r<rîi), localité mentionnée, Gen., x, 30, dans la description deslimites du pays occupé par les Jectanides: «Ils habitèrent depuis Messa en 'allant vers Séphar la montagne de l’Orient.» Ces derniers mots sont diversem*nt traduits, mais, quoi qu’il en soit de leur signification, il est cer

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MESSA — MESSE

f03(J

tain, d’après le langage de la Genèse, que Messa se trouvaiten Arabie. Tout le monde est d’accord sur ce point; les sentiments sont divers lorsqu’il s’agit de déterminerla situation précise de Messa. Bochart, Phaleg, ii, 30, Opéra, Liège, 1692, 1. 1, col. 144, a cru reconnaître Messadans la MoOo-a de Ptolémée, vi, 8 (MoOÇa d’Arrien, Peripl.; Muza de Pline, H. N., vi, 23), port de mer bienconnu à l'époque classique, dans l’Arabie méridionale, au nord du détroit de Bab el-Mandeb, non loin de laMoka actuelle, sur la mer Rouge. Voir W. Smith, Dictionary of Greek and Roman Geography, au mot Muza, t. ii, 1857, p. 379. Gesenius, Thésaurus, p. 823, et autrescommentateurs, Winer, Realwôrlerbuch, 3e édit., t. ii, p. 85; Caliver Bibellexicon, 1885, p. 580, au lieu deplacer Messa au sud-ouest de l’Arabie en font, au contraire, la frontière septentrionale du pays occupé, d’aprèseux, par les Jectanides, voir Jectan, t. iii, col, 1215, etl’identifient avec la Mésène des anciens, située àl’embouchure du Tigre. Philostorge, H. E., iii, 7, Pafr. gr., t. lxv, col. 489, la décrit en ces termes: «Avant de se jeter dans la mer, (le Tigre) qui a uni seseaux à celle de l’Euphrate, se divise en deux grandsfleuves. Il se déverse ensuite dans la mer de Perse (ouGolfe persique) par deux embouchures fort éloignéesl’une de l’autre, enfermant entre ses deux bras un longespace de terre; c’est là qu’habite le peuple appelé dunom de Méséniens (I6vo; tûv Ms<xï)v<5^).» Cf. Dion Cassius, lxviii, 28. Cette position paraît trop septentrionale, si l’on s’en rapporte aux explorateurs récents de l’Arabie qui fixent le domaine des Jectanides dans l’Arabieméridionale, entre le Yémen de nos jours à l’ouest etle Hadramaut à l’est. Cf. Zeller, Biblisches Wôrterbuch, 2 in-8°, Karlsruhe, 1884, t. i, p. 71-72. Éd. Glaser, Skizzeder Geschichte und Géographie Arabiens, in-8o, Berlin, 1890, t. ii, p. 336, 420, 437, identifie Massa, Gen., xxv, 14, avec M aciya, près du Djebel Sammar, dans l’Arabiecentrale, et pour lui, Massa, Gen., xxv, 14; Mes, Gen., x, 23, et Messa ne sont qu’un même nom écrit de trois façonsdifférentes. Cette identification des trois noms n’est pasadmissible. Voir Mes, col. 1013. Mais, quoi qu’il en soitde ce point, rien n’empêche d’admettre, conformémentà son opinion, que le Djebel Sammar fut la limite septentrionale de la région habitée par les Jectanides quiauraient occupé le pays, au sud de cette montagne, jusqu'à Séphar, placé par lui dans l’Arabie méridionale.Voir Séphar. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8o, Giessen, 1850, p. 182, a identifié Messa avecBiseha, dans le Yémen septentrional, au sud-ouest de laMecque; c’est une pure hypothèse. E. Kautzsch, dansRiehm’s Handwôrterbuch des biblischen Altertums, 1893, 1. 1, p. 764. Le problème de l’identification de Messan’est pas encore résolu d’une manière certaine.

F. VlGOUROlIX.2. MESSA (hébreu: Massdh). D’après la Vulgate, lorsque le grand-prêtre Joïada voulut faire sacrer dansle Temple le jeune roi Joas, il donna cet ordre auxgardes, après leur avoir assigné leurs postes: «Vousgarderez la maison de Messa.» IV Reg., xi, 6. Le traducteur a pris, dans ce passage, un substantif communpour un nom propre; îibo, massdh, de ndsah, «arracher, repousser, chasser,» signifie l’actiofTd'éloigner, de repousser et le membre de phrase doi^se traduire: «Vous veillerez à la garde de la maison (du Temple)pour en empêcher l’entrée.»

    1. MESSAL##

MESSAL (hébreu: Mii'âl; Septante: Mæurâ), villed’Aser. Jos., xix, 26. Dans Jos., xxi, 30, et I Par., vi, 74, la Vulgate écrit ce nom Masal. Voir Masal, col. 830.

    1. MESSALÉMETH##

MESSALÉMETH (hébreu: Meiullémét, «amie [deDieu],» Gesenius, Thésaurus, p. 1426; Septante: MeffoXXan), fille dUarus (t. iii, col. 443), de Jétéba, villedont le site est inconnu (t. iii, col. 1518). Elle épousa

le roi de Juda Manassë et fut la mère d’Amon qui succéda à son père sur le trône. IV Reg., xxi, 19. Le nomde cette reine est le féminin du nom propre Mesullâm(Vulgate: Mosollam) qui est fréquent dans TAncieaTestament. L’historien sacré donne, avec le nom de sonpère, Tindicaliondu lieu d’origine, ce qui n’avait pas eu.lieu pour les reines-mères qui l’avaient précédée, maisqui se reproduit pour toutes celles qui suivent.

    1. MESSE##

MESSE, sacrifice de la loi nouvelle qui est offertpar le prêtre sur l’autel et consiste dans l’oblation nonsanglante du corps et du sang de Notre-Seigneur sousles apparences du pain et du vin.

I. Nom. — 1° Étymologie. — Le nom de messe ne selit pas dans l'Écriture; il tire son origine du missa del’Ile, missa est, qui correspond à la formule des anciennesliturgies orientales grecques: 'Ev etp’rivi) Xpioxoû nopeu8m(1£v, «partons dans la paix du Christ.» Le mot «lissalui-même est expliqué de manières diverses. Baronius, Ann. eccles., édit. d’Anvers, 1612, t. i, an. 34, n. lxi, p. 160, le fait venir du mot hébreu hed, missâh, auquel

un grand nombre de traducteurs et de commentateursdonnent le sens d' «oblation», «offrande,» dansDeut., XVI, 10 (Vulgate, oblatio). On a voulu faire dériveraussi missa du grec [hjijuk, «initiation, institution;» d’autres mots encore. On admet communément aujourd’hui que missa est un substantif ayant le sens de missio, «envoi,» cf. Suétone, Calig., 25, contrairement à l’opinion de ceux qui le prennent comme participe en sousentendant un substantif, hostia, concio, etc. On le trouveavec le sens de «renvoi» dans la Peregrinatio publiéesous le nom de sainte Sylvie par Fr. Gamurrini, in-4o, Rome, 1887, p. 89: Facit oblationem (episcopus), manesabbato, jam ut fiât missa. Cf. duch*esne, Origines duculte chrétien, 2e édit., 1898, p. 473. Voir Forcellini, Totius Latinitatis Lexicon, édit. Vincent De-Vit, t. iv, 1868, p. 143; S. 'Avit, Epist. i, t. lix, col. 199-200 et lanote; Du Çange, Glossarium médise et infirme Latinitatis, édit. Henschel, t. iv, 1845, p. 433; Rohaut deFleury, La messe, études archéologiques, t. i, 1883, p. 46; N. Gihr, Das heilige Messopfer, 4e édit., Fribourgen-Brisgau, 1887, p. 314.

2° Emploi. — Le nom de missa paraît avoir été enusage dès le second siècle dans l'Église latine. Il estemployé incontestablement avec cette signification auive siècle par saint Ambroise. Il écrivait à sa sœur Marcelline, Epist., xx, 4, t. xvi, col. 995: Ego mansi inmunere, missam facere cœpi. Dans un sermon pour lecarême, attribué à ce saint docteur, Serm., xxv, 5, t. xvii, col. 656, nous lisons: Qui juxta Ecclesiam est et occurrere potest, quotidie erudiat missam. Cf. au v 8 siècle, Paulin Petricordiensis, Vita Martini, iv, vers 69, t. lxi, col. 1039. Depuis saint Grégoire le Grand, le mot missaest devenu généralement dans l'Église latine le termeemployé pour désigner le saint sacrifice.

3° Noni de la messe dans le Nouveau Testament. —Dans le Nouveau Testament, la messe est appelée «lafraction du pain s, ï) r-Xâutç to5 aprou, fractio panis, Act., ii, 42; cf. Luc, xxiv, 35 (Matth., xxvi, 26; Marc, xcv, 22; Luc, xxii, 19; I Cor., xi, 24), à cause de la communion, pour laquelle on rompait le pain consacré etqui en était une des parties principales. Voir aussi Act., xx, 7, 11; xxvii, 35; I Cor., x, 16. Saint Paul, I Cor., , xi, 20, appelle aussi le sacrifice eucharistique xup'.<xxàv; Stîirvov (Vulgate, dominica csena, «le souper du Seigneur,» à cause du souper ou de la Cène, pendant laquelle le Seigneur avait institué le sacrifice de la Loinouvelle). Dans la Didac/ié, ix, 3, 4, édit. Harnack, 1884, p. 30, le sacrifice eucharistique est simplement appeléxXd<T|ia, «fraction du pain.» Cf. xiv, 1, p. 53.

II. Institution. — 1° Le sacrifice de la messe avait étépréfiguré dans l’Ancien Testament parla Pàque ou im

molation de l’agneau pascal et prophétisé par Malachie, i, 10-11:

Lequel d’entre vous fermera Les portes

Pour que tous n’allumiez pas inutilement le feu sur mon autel?

Je ne prends aucun plaisir en vous, dit Jéhovah Sabaoth,

Et je n’agrée point l’offrande de vos mains.

Car du lever du soleil à son couchant

Grand est mon nom parmi les nations,

Et en tout lieu on offre de l’encens à mon nom

Et une offrande (hébreu: minhâh) pure,

Car grand est mon nom parmi les nations,

Dit Jéhovah Sabaoth — (Traduction sur l’hébreu).

Ce sacrifice, cette offrande pure, qui doit être offerten tout Heu et parmi les nations, non plus seulement àJérusalem, c’est un sacrifice non sanglant, une minhâh; consistant en une oblation de farine, Exod., xxix, 40, Num., xxviii; de pain sans levain, Lev., ii, 4, ou d'épisde blé broyés et rôtis. Lev., ii, 14. Notre-Seigneur réalisala prophétie en instituant le jeudi saint le sacrementde l’Eucharistie où il changea le pain et le vin en soncorps et en son sang et en donnant à ses Apôtres et àleurs successeurs l’ordre et le pouvoir d’offrir partoutdans la suite des temps le même sacrifice. «J’ai apprisdu Seigneur ce que je vous ai aussi enseigné, dit saintPaul, I Cor., xi, 22-25, c’est que le Seigneur Jésus, dansla nuit où il fut livré, prit du pain et, après avoir rendugrâces, le rompit et dit: Prenez et mangez, ceci est moncorps qui sera livré, pour vous (la plupart des manuscrits grecs portent simplement: qui est pour vous); faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoirsoupe, [il prit] le calice et dit: Ce calice est la nouvellealliance en mon sang; faites ceci, toutes les fois quevous en boirez, en mémoire de moi.» Cf. Matth., xxvi, 26-29; Marc., xiv, 22-25; Luc, xxii, 19-20. Le concile deTrente, sess. xxii, can. 2, a donné l’interprétation authentique des paroles: «Faites ceci en mémoire de moi.» Si quis dixerit Mis verbis: Hoc facite in meam commemorationetn, Christum non instituisse Apostolos sacerdotes; aut non ordinasse, ut ipsi aliique sacerdotesofferrent corpus et sanguinem suum, anathema sit.Pour les détails de l’institution, voir Cène, t. ii, col. 408.Cf. G. Bickell, Messe und Pascha. Der apostolischeUrsprung der Messliturgie und ihr genauer Anschlussan die Einsetzungsfeier der h. Eucharistie durckChristus, in-8°, Mayence, 1872, p. 77-78; J. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, 2 in-8°, Gand, 1884, t. ii, p. 398-437.

III. Rites primitifs. — Conformément aux ordres duSeigneur, les Apôtres offrirent le saint sacrifice de lamesse, après la Pentecôte, à Jérusalem, avant leur dispersion dans le monde, Act., Il, 42, 46, et divers passagesdu Nouveau Testament nous apprennent de quels ritesils firent usage dans sa célébration. Ils reproduisirentles diverses circonstances de la Cène dont le sacrificechrétien était le mémorial et le renouvellement. Cesacrifice était nni, de même qu'à la Cène, à un repasqu’on appela «le repas du Seigneur», I Cor., xi, 20, comme on l’a vu plus haut. Le repas lui-même, d’aprèsl’opinion d’un grand nombre de commentateurs, netarda pas à prendre le nom d’agape (Iv Tat; «Y<xitatç[Vulgate, in epulis suis], Judæ 12). "Voir Agapes, t. i, col. 260. La «fraction du pain» ou le sacrifice eucharistique, «l’eucharistie,» ainsi que le traduit la versionsyriaque dans les Actes, ii, 42, avait lieu le soir, commeau moment de son institution, Act., xx, 7; cf. S. Justin, Apol. l, 26, t. vi, col. 379, à la clarté des lampes selonl’usage juif, Act., xx, 8, tantôt dans une maison et tantôt dans un autre (xax* oïxov, circa domos), Act., Il, 46, ou bien dans un local spécial (êv èxxXijat’a), I Cor., xi, 18, le lendemain du jour du sabbat ou dimanche (iv asTg p.tïtûv cra66dtTa>v). Act., xx-, 7 '. Cl. Didachê, xiv, 1 (xarà xupiaxirjv), p. 53. La cérémonie sacrée était accompagnéed’une prédication des Apôtres, Act., ii, 42; xx, 7; on

priait, Act., ii, 42, et l’on chantait des Psaumes (atvoûvtEttôv ®côv, collaùdanles Deuni). Act, , H, 47; cf. Eph., v, 19. On faisait aussi le dimanche une collecte pour lespauvres, I Cor., xvi, 2, mais la partie essentielle de l’acteliturgique, c'était la fraction du pain, c’est-à-dire laconsécration du corps et du sang de Noire-Seigneur, Act., ii, 42, 46; xx, 7, suivie de la communion, ainsique le montre le langage de saint Paul. «Le calice debénédiction que nous bénissons, dit l’apôtre, I Cor., X, .16, n’est-il pas la communion au sang du Christ? etle pain que nous rompons, n’est-il pas la communionau corps du Christ?» Ce langage indique clairementque les fidèles qui assistaient aux saints mystères yfaisaient la sainte communion. Cf. I Cor., Xi, 27. Telssont les rites primitifs de la messe qui se développèrentpeu à peu dans les premiers siècles et formèrent lesdiverses liturgies de l'Église. — Pour la bibliographie, voir N. Gihr, Dos keilige Messopfer, 1887, p. ix-xiv; Id., Le saint sacrifice de la messe, trad. franç., 21n-8°, Paris, 1894, 1. 1, p. ix-xv; A. Legendre, L'Église naissante et l’Eucharistie, dans la Revue des facultés catholiques de l’Ouest, t. xi, décembre 1901, p. 194-202.

F. VlGOUROUX.

    1. MESSIANIQUES##

MESSIANIQUES (PROPHÉTIES). Voir JésusChrist, t. iii, col. 1429-1436, et Messie.

    1. MESSIE##

MESSIE (hébreu: mâsiah; Septante: Xpi<rr6<; ; Mecffi’a; , dans Joa., i, 42; IV, 25: de Taraméen meSiah, avec.redoublement de la seconde consonne; Vulgate: Chris tus fMessias), nom. sous lequel le Sauveur a été attendu etensuite connu. Le mot vient du verbe mâSâh, «oindre,» consacrer par une onction et rendre apte à exercer unefonction théocratique, celle de prêtre, Exod., xxviii, 41, celle surtout de grand-prêtre, Lev., iv, 3, 16, celle deprophète, III Reg., xix, 16, et celle de roi israélite.I Reg., ix, 16; xv, 1, 17, etc.; Ps. xviii (xvii), 51; xx(xix), -7; lxxxix (lxxxviii), 39, 52; Lam., iv, 20; Hab., m, 3. Dans Isaïe, xlv, 1, le nom est même employé ausujet de Cyrus, à cause du rôle providentiel que ceprince eut à exercer à l'égard des Israélites.

I. Jésus-Christ Messie. — 1° Le mâsiah par excellence est le Sauveur. Ps. ii, 2; xlv (xi.rv), 8; Dan., ix, 24. Notre-Seigneur fait allusion à ce nom quand il s’applique la prophétie d’Isaïe, lxi, 1, où il est dit: «Jéhovah m’a oint,» mdSah Yehovdh 'ôti. Luc, iv, 21. VoirChrist, t. ii, col. 717. Dans les apocryphes juifs, on.trouve les noms de Messie ou Oint, Renoch, XLvni, 10; lu, 4; Apoc. Barueh., xxix, 3; xxx, 1, etc.; IV Ésd., vu, 29, de Xpio-rô; xupîovi, Psal. Salom., xvii, 36; xviii, 6, 8, et ceux de ham-mâHah, ou, en araméen, meHâh', etmalkd 'meêiâh, «roi Messie,» dans la Mischna, Berachoth, i, 5; Sota, ix, 15. Quand le mot Xpto-rôi; futdevenu nettement chrétien, Aquila traduisit l’hébreumâSiah par 'HXetu, nivo4, qui également signifie «oint».Cf. S. Jérôme, In Is., xxyii, 13, t. xxiv, col. 314; InZach., xiv, 15; In Mal., iii, 1; iv, 6, t. xxv, col. 1534, 1565, 1578. Pour les Juifs, le nom de Messie désignaitle même personnage que les appellations de «fils del’homme», «élu,» «fils de Dieu,» «fils de David.» Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1438. — Les Talmudistes, Bab. Sukka, 52 a, ont supposé un Messie secondaire, «fils de Joseph» ou «d'Éphraïm», qui devait succomberdans la lutte contre les puissances adverses, tandis quele Messie supérieur, «fils de David,» devait régner. Iln’y a là qu’une fausse interprétation de deux passagesbibliques, Deut., xxxiii, 17, et Zach., xii, 10. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes in Zeit J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 537. — Dans le Testament des XII patriarches, il est dit à plusieurs reprises que le Messie doitêtre à la fois de la tribu de Lévi et de celle de Juda.Siméon, 7; Lévi, 2; Dan, 5; Gad, 8; Joseph, 19. Lepremier et le troisième de ces passages se retrouventdans la version arménienne du Testament; on ne peut

donc guère soupçonner une main chrétienne d’avoir interpolé le texte grec dans le sens d’une double descendance du Messie, dans le but d’expliquer par son originemême son sacerdoce et sa royauté. La parenté de Marieavec Elisabeth, Luc, i, 36, ne prouve nullement qu’elleait été de la tribu de Lévi. Saint Clément, I ad Cor., 32, 1. 1, col. 271, dit bien que de Jacob sont sortis les prêtreset les lévites, le Seigneur Jésus selon la chair, les roiset les princes par la famille de Juda; mais sa manièrede parler ne suppose pas nécessairement la descendancelévitique du Messie. Aussi saint Augustin, Cont. Faust., xxin, 4, 9, t. xlii, col. 463, 471, combat-il l’assertion deFaustus, prétendant que Joachim, père de Marie, étaitprêtre et par conséquent de race lévitique. Le renseignement fourni par le Testament est en somme contraire àtoute la tradition chrétienne, qui rattache le Messie à laseule tribu de Juda. Cf. Schûrer, Geschichte, t. iii, 1898, p. 257. — Quand l’imposteur Barkochéba, «fils del'étoile,» parut en Judée sous l’empereur Hadrien, lesJuifs voulurent voir en lui le Messie, et le célèbreR. Akiba le reconnut comme tel. Cf. Jer. Taanith, iv, fol. 68 d.

2° Le nom de mâHah, «oint,» suppose une onctionreçue par le Sauveur. Is., lxi, 1. Saint Pierre dit quele Père a oint Jésus, Act., iv, 27, qu’il l’a oint dans leSaint-Esprit et dans la puissance. Act., x, 38. L'Évangilene mentionne aucune onction matérielle reçue par NotreSeigneur durant sa vie. Il s’agit donc ici d’une onctionspirituelle, analogue, bien que très supérieure, à celleque reçoivent de Dieu même les chrétiens. I Joa.; Iꝟ. 20, 27. Cette onction a pourauteur l’Esprit-Saint, que l'Église, dans le Veni Creator, appelle spiritalis unctio. Le Saint-Esprit a oint le Sauveur au moment de son incarnation, Luc, i, 35; Matfh., i, 20, et au jour de son baptême.Matth., iii, 16; Marc, I, 10; Luc, iii, 22; Joa., i, 32, 33.Du texte de l'Épître aux Hébreux, i, 9, quelques Pèresont conclu que le Fils de Dieu était «oint» même avantson incarnation; d’autres ont cru que l’onction ne se rapportait qu'à sa nature humaine. Cf. Petau, De incarn.Verbi, XI, viii, 1-13. Celui-ci résume ainsi leur enseignement, De incarn., XI, ix, 1: «L’onction et le titrede Christ conviennent l’un et l’autre proprement et directement au Fils de Dieu et à la personne du Verbe, nonà cause de la nature divine, mais à cause de l’humanitéqu’il a prise, de même que la faim, la soif, la fatigue, ladouleur, la mort sont attribuées au Verbe et à Dieu, mais en tant qu’homme ou incarné. Ainsi se conciliententre eux les anciens, attribuant les uns à Dieu même, les autres à l’homme et plusieurs aux deux ensemble, lenom de Christ et l’onction qu’il signifie.» L’onction del’Esprit-Saint a été complète et parfaite dès le premierinstant de l’incarnation du Sauveur. Celui-ci ne pouvaitÊtre moins favorisé sous ce rapport que son précurseur.Luc, i, 15. L’onction qui se fit au baptême, sans pouvoirrien ajouter à la première, eut pour but de fournir unsigne visible à Jean-Baptiste, Joa., i, 32, 33, et de marquer le début du ministère public du Sauveur, qui, àdater de ce moment, se mit à prêcher, à faire des miracles, à choisir ses disciples, en un mot, à exercer sesfonctions sacerdotales. Cf. Petau, De incarn., XI, îx, 8-14.— Pour les prophéties messianiques, voir Jés/us-Christ, t. iii, col. 1429-1434. r

3° En vertu de l’onction divine qui le constitue Messie, Jésus devient le fondateur et le chef du royaume deDieu. Dans les psaumes h et lxxii (lxxi), le Messieavait été annoncé comme le roi établi par Jéhovah surSion pour régir tous les peuples dans la justice et lapaix. L’idée d’un royaume gouverné spirituellement parl’oint du Seigneur remontait donc à l’Ancien Testament.L’ange annonça à Marie que son fils régnerait sur lamaison de Jacob, Luc, i, 32, et ensuite il avertit les, bergers*que celai qui venait de naître était le ChristSeigneur. Luc, H, 11. Il est appelé par les Mages «roi

des Juifs», par Hérode fi le Christ», et par les princesdes prêtres, répétant la prophétie de lvnchéé, «le chefqui doit paître Israël.» Matth., Il, 2, 4, 6. Ces troisdénominations désignent équivalemment le même personnage, et ce personnage est si bien fait pour régnerqu’Hérode voit en lui un compétiteur et prend sesmesures pour le supprimer. À la synagogue de Nazareth, NotreSeigneur lit le début du texte d’Isaïe, lxi-lxii, qui annonce le nouveau royaume sous une formé allégorique, et il se présente lui-même comme l’oint, leMessie, qui procure l’accomplissem*nt de la prophétieet, par conséquent, vient fonder le royaume attendu.Luc, iv, 17-21. Aux envoyés de Jean, qui l’interpellentpour savoir s’il est le Messie, il répond en citant lesmiracles qu’il a opérés, Matth., xi, 3-6, et qu’Isale, xxxv, 5, 6; lxi, 1-5, avait prédits dans ses descriptions de larestauration d’Israël. De même, quand les Juifs le mettenten demeure de déclarer s’il est le Messie, il les renvoieau témoignage des œuvres qu’il opère au nom de sonPère, et qui ont été marquées par les prophètes commecaractéristiques du nouveau royaume. Joa., x, 24-26.C’est en effet au nom de son Père qu’il fonde; et régitce royaume; voilà pourquoi saint Pierre dit aux Juifs, en parlant de Jésus, que Dieu l’a fait «Seigneur etChrist». Act., Il, 36. Pendant sa passion, le Sauveurrevendique pour lui-même le titre de Messie, que lesmembres du sanhédrin identifient avec celui de «Filsde Dieu». Matth., xxvi, 63, 64; Marc, xiv, 61, 62; Luc, xxii, 66-70. Au tribunal de Pilate, ceux-ci l’accusent de se donner comme le Christ-Roi, Luc, xxiii, 2, si bien que le magistrat romain, prenant ce titre dansson sens temporel, demande à Jésus s’il est roi desJuifs. Luc, xxiii, 3; Joa., xviii, 33. Le Sauveur répondaffirmativement, mais explique que le royaume dont ilest roi n’est pas d’institution humaine et ne se défendpas par des moyens humains. Pilate en comprend assezpour conclure que ce royaume ne menace pas l’autoritéromaine et décider qu’il n’y a pas là motif à condamnation.Joa., xviii, 36-38. Il retient cependant le nom de Christ'ou de Messie comme équivalant à celui de roi desJuifs, Matth., xxvii, 17, 22; Marc, xv, 9, 12, et c’est sousce dernier titre, que les princes des prêtres remplacentpar celui de Fils de Dieu, Joa., xix, 7; Matth., xxvii, 42, 43, que Jésus est insulté et crucifié. Joa., xix, 3, 19, 21.Le bon larron est le dernier à faire mention du royaumependant la vie du Sauveur. Luc, xxiii, 42. Notre-Seigneur est donc celui qui a été oint pour être roi, chefdu royaume spirituel, 1' «oint de Jéhovah», le «Fils deDieu», établi roi sur Sion pour dominer sur toutes lesnations. Ps. ii, 2-9. Voir Royaume de Dieu.

IL Idée du Messie chez les Juifs contemporains deJésus-Christ. — 1° Pour annoncer le règne du Messiefutur, les prophètes avaient employé des expressionsgrandioses qui, à première vue, pouvaient éveiller l’idéed’une domination temporelle. Is., xxxv, 10; xl, 9-11; xli, 1, 2; xlv, 22-25; lx, 1-22, etc. Successivementvictimes de la captivité et ensuite de la dominationétrangère, les Israélites furent naturellement portés àchercher une consolation dans l’espoir du brillant avenir promis par les prophéties. Le joug de l’oppressionpolitique pesait durement sur eux; ils y étaient d’autantplus sensibles que, fiers des faveurs divines dont ilsavaient jadis été l’objet, ils s’imaginaient que leur titrede «peuple choisi», Is., xli, 8, 9, constituait pour euxun droit à l’indépendance nationale et même à l’hégémonie universelle. Cf. Matth., iii, 9. «Nous espérions quece serait lui qui délivrerait Israël,» Luc, xxiv, 21, disentles disciples d’Emmaûs en parlant de Jésus. «Seigneur, est-ce maintenant le temps où vous rétablirez le royaumed’Israël?» répètent les Apôtres en se rendant à lamontagne des Oliviers d’où Jésus doit s'élever au ciel.Act., i, 6. Le joug du péché, dont les prophètes avaienteu surtout en vue de prédire la délivrance, se faisait

beaucoup moins sentir au commun des âmes. LesIsraélites s'étaient habitués en conséquence à concevoiret à attendre un Messie qui les débarrassât de ce dontils souffraient le plus, la sujétion à l'étranger.

2° À l'époque de Notre-Seigneur, les anciennes prophéties recevaient généralement des docteurs une interprétation conforme à cette idée. Le Messie devait être un roitemporel, un dominateur terrestre que Dieu susciterait)auquel il prêterait sa puissance et qu’il revêtirait desainteté. C’est ce qu’enseignent les Psaumes de Salomon, xvii, 23-46, qui datent de l'époque de Pompée, le quatrième livre d’Esdras, le livre d’Hénoch, et les autresapocryphes de l'époque. À la venue du Messie, lespuissances adverses doivent s'élever contre lui. Orac.Sibyll., , iii, 663; IV Esd., xiii, 33-36; Henoch, xc, 16.L’antéchrist, I Joa., ii, 18, 22; iv, 3; II Joa., 7, appeléplus tard parles rabbins Armilus, c’est-à-dire Romulus; cf. Bousset, Der Antichrist in der Ueberlieferung desJudentums, 1895, et le compte rendu de cet ouvrage parEaufmann, dans Der Monatsschr. fur Gesch. undWissensch. des Judenthums, t. XL, 1896, p. 134, étaitcomme la personnification de toutes ces puissancesennemies. Daniel, xi, 1-45, pouvait servir de base àcette donnée. On trouvait dans Joël, iii, l’annonce duchâtiment qui devait anéantir tous ces ennemis d’Israël.Bien de plus formel que cette conviction dans lesapocryphes, et rien de plus populaire que cette assurance. Cf. Assumpt. Mosis, x; Henoch, xc, 18-37; Psal.Salom., xvil, 27, 39; Apoc. Baruch, xxxix, 7-xl, 2; lxx, 9; lxxii, 2-6, etc. L’extermination doit se fairepar les armes, ou par un jugement solennel, IV Esd., xm, 28, 38; Apoc. Baruch., XL, 1, 2; xlvi, 4-6; lii, 4-9; lv, 4; lxi, 8, 9; lxii, 4-9, et un ange doit intervenirpour exercer cette vengeance divine. Apoc Baruch., lxii, 10, 11. On lit dans les Targums de Jonathan surIs., x, 27, du pseudo-Jonathan et de Jéruschalmi surGen., xlix, 11: «Les peuples seront broyés par le roiMessie… Qu’il est beau le roi Messie qui doit surgir dela maison de Juda! Il ceint ses reins, s’avance dans laplaine, engage le combat contre ses ennemis et met âmort les rois.» La conséquence de cette lutte victorieuse, c'était l'établissem*nt à Jérusalem d’un grand royaumeétabli par Dieu même et qui devait dominer le mondeentier. On appelait ce royaume «le grand royaume duroi immortel». Orac. Sibyll., iii, 47, 48; cf. Psal.Salom., xvil, 4; Assumpt. Mosis, x, 1, 3. Le Messieétait destiné à tenir en main «le sceptre de toute laterre», Orac. Sibyll., iii, 49, et Israël devait avoir lebonheur de «monter sur le cou et sur les ailes del’aigle», Asçumpt. Mosis., x, 8, allusion probable àune victoire définitive sur les Romains. Saint Jérôme, In Joël, iii, 8, t. xxv, col. 982, rappelle ces idées encoreen faveur parmi les Israélites de son époque: «LesJuifs se promettent ou plutôt rêvent qu’au dernier tempsil seront rassemblés par le Seigneur et ramenés à Jérusalem; et, non contents de ce bonheur, ils affirment queDieu même livrera en leurs mains les fils et les fillesdes Romains, pour que les Juifs les vendent, non auxPerses, aux Éthiopiens et aux autres nations voisines, mais à un peuple éloigné, les Sabéens.» Voir JÉsusCbbist, t. iii, col. 1435-1439; Schûrer, Geschichte desjûd. Tolkes, t. ii, p. 530-540; de Broglie, Les prophétiesmessianiques, Paris, 1904, t. i, p. 23-41.

3° Le Messie qui devait accomplir ces hauts faits viendrait de Dieu; mais on ignorait de quelle manière il apparaîtrait. Joa., vii, 27. On croyait à une apparition soudaine, et il est possible que Satan ait exploité cettecroyance dans une de ses tentations, quand il proposaau Sauveur de se jeter du haut du Temple et de se laisserporter par les mains des anges. Matth., iv, 5, 6; Luc, iv, 9-11. On comprenait aussi que le Messie ferait reconnaîtrela divinité de sa mission par des miracles extraordinaires.Après la multiplication dés pains, les Juifs comparent Jésus àMoïse, mais attendent de lui quelque chose de plus, fort que ce miracle. Joa., vi, 30. D’autres réclament unsigne dans le ciel. Matth., xvi, 1; Marc, viii, 11; Luc., , xi, 16. On n’excluait pas cependant des miracles plushumbles. On lit dans la Mischna, Sanhédrin, 98: «Quand le Messie doit-il venir? - Demande-le-lui àlui-même. — Mais où le trouver? — Tu le trouveras àla porte de la ville, au milieu des pauvres et desmalades/» Cf. Matth., xi, 4, 5; Luc, vii, 22; Joa., vii, 31.

4° Cette conception d’un Messie temporel, puissant, libérateur politique de son peuple et vainqueur desnations, apparaît continuellement dans l'Évangile. Hérode redoute un Messie de cette nature quand il sedispose à faire périr l’Enfant Jésus. Matth., ii, 13. À lasuite de la multiplication des pains au désert, les Galiléens croient avoir trouvé en Jésus le Messie temporelqu’ils attendent et ils songent à-s’emparer de lui pourle faire roi, Joa., vi, 15, c’est-à-dire pour l’obliger àprendre le rôle politique conforme à leurs désirs. AJérusalem, les Juifs s’indignent de la prétention deJésus à être le Fils de Dieu, c’est-à-dire le Messie, luiqui leur semble si méprisable et en qui ils ne voientaucune aptitude à réaliser les aspirations nationales.Les pharisiens le rejettent parce qu’il n’est pas assezMessie, c’est-à-dire chef politique disposé à soulever lanation contre les Romains; les sadducéens le repoussentparce qu’il est trop Messie, c’est-à-dire promoteur d’unnouvel ordre de choses menaçant pour les situationsacquises. Les uns et les autres s’entendent pour letrouver dangereux au point de vue politique. Joa., xi, 48. Le peuple cependant, surtout celui qui est étrangerà Jérusalem, ne comprend rien à leurs calculs et nepartage pas leur antipathie; il serait disposé à voir enJésus le Messie et à prendre parti pour lui. Matth., xxi, 9; Marc, xi, 9-10; Luc, xix, 38. «Bénie la royauté denotre père David, qui arrive.» Marc, xi, 10. Néanmoins, devant Pilate, ses ennemis l’accusent de tendances politiques, très conformes à l’idée qu’ils se faisaient du messianisme: il est roi des Juifs, Joa., xviii, 33; il met toutle peuple du pays en révolution, Luc, xxiii, 5; il est leChrist, le Messie, Matth., xxvii, 22; en se faisant roi, ilse met en révolte contre César, Joa., xix, 12, et les Juifsne veulent avoir d’autre roi que César, Joa., xix, 15; affirmation suggérée à une foule haineuse par lesmeneurs du sanhédrin, mais radicalement opposée auvœu de la nation, comme le montreront les soulève^ments qui vont aboutir à la guerre de Judée et à laruine de Jérusalem. Ainsi les Juifs attendent un Messietemporel, qui réalise leurs idées d’indépendance et dedomination. Rome le sait, et, en conséquence, gouverned’une main ferme et parfois brutale la remuante nation.En Jésus se trouvent les caractères de Messie humble, souffrant et spirituel, auxquels la plupart des Juifs neveulent prêter aucune attention; par contre, les caractères de Messie temporel et dominateur, rêvés par lesJuifs, lui font défaut, au moins au sens que ceux-cientendent. Leur déception aboutit à cette solution singulière: comme Jésus n’est pas, vis-à-vis des Romains, ce qu’ils voudraient qu’il fut, ils le rejettent; mais c’estprécisément en l’accusant d'être ce qu’il n’a jamaisvoulu être, malgré leurs désirs, qu’ils le font con*damner par Pilate. Celui-ci, d’ailleurs, n’est pas dupe deleurs affirmations.

5° Lorsque par la suite les événements eurent déjouétoutes les prévisions d’Israël sur la venue du Messie, lesdocteurs expliquèrent le retard de son apparition par lespéchés du peuple. Le Messie ne pouvait arriver que quandon ferait pénitence. «Si seulement tout Israël faisait pénitence en commun l’espace d’un jour, la délivrance parle Messie s’ensuivrait. Si Israël observait seulement deuxsabbats de la manière qui convient, il serait immédiatement délivré.» Sanhédrin, 97 a; Aboda sara, 9 a. Onfinit par renoncer à toute attente, parce que la condition,

supposée, la pénitence d’Israël, faisait défaut. «Mauditsceux qui se livrent aux calculs sur le Messie! Qu’arrivet-ilen effet? Il arrive que le Messie ne se presse nullementde justifier ces supputations imaginaires… Maissi Dieu attend, et si nous, nous attendons, qu’est-cedonc qui empêche le salut? C’est l’inflexible justice, cesont nos péchés. Qu’Israël fasse pénitence et il serasauvé; autrement, il ne le sera pas. i> Sanhédrin, 98, 99. Cf. II Pet., iii, 3-9. Plus tard, Maimonide et d’autresdocteurs reconnurent que beaucoup des prophétiesmessianiques devaient être entendues en paraboles eten énigmes. Plusieurs avouèrent même que «toutel’œuvre du Messie est spirituelle et divine, mais noncorporelle». Cf. Eb. Hamel, Ex Hos., iii, 4, 5, dans leThésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 1018.La grande erreur des contemporains de Notre-Seigneurfut que, ’pour la plupart, ils ne surent pas se placer àce point de vue pour interpréter les anciennes prophéties.Cf. Lepin, Jésus Messie et Fils de Dieu, 2e édit., Paris, 1905, p. 1-54.

III. Réserve de Jésus vis-a-vts du titre de Messie.

— 1° Il ne pouvait convenir au Sauveur de prendre publiquementun titre dont la signification était si étrangementfaussée. Se présenter au peuple comme le Messie, c’était prendre officiellement la charge des revendicationsnationales, assumer un rôle politique dont Romedevait immédiatement s’inquiéter, et surtout reléguer àl’arrière-plan ce qui constituait la mission principale duSauveur, la rédemption par la souffrance et la fondationdu vrai royaume spirituel, le «royaume des cieux». Enheurtant ainsi de front l’opinion générale de ses contemporains, Notre-Seigneur savait qu’il se les aliéneraitpresque tous. Mais il ne pouvait, d’aucune manière, favoriserdes prétentions absolument chimériques, baséessur une interprétation grossière, étroite et trop intéresséedes prophéties. L’opposition qu’il allait ainsi suscitercontre lui procurerait l’accomplissem*nt de sa missionrédemptrice et dégagerait le royaume spirituel desliens du particularisme et de l’exclusivisme qui enchaînaientle messianisme conçu par les Juifs. Il fallait doncs’attendre à ce que Notre-Seigneur, sans nier sa qualitéde Messie, en déclinât pourtant le titre dans les occasionsoù les auditeurs n’étaient pas en mesure de l’entendrecorrectement.

2° Pendant que Jean prêche et baptise, des émissairesdu sanhédrin viennent lui demander s’il est le Christ. Jeanrépond que non, parle de celui qui doit venir et bientôtaprès le montre, sans pourtant le désigner formellementcomme Messie. Joa., i, 25-30. Cette réserve n’empêche pasAndré de conclure et de dire à son frère Simon: «Nousavons trouvé le Messie.» Joa., i, 41. Nathanaël, informé àson tour, s’étonne que le Messie» puisse venir de Nazareth; mais bientôt il reconnaît en Jésus «le Fils de Dieu, le roid’Israël». Joa., i, 41-49. Notre-Seigneur laisse dire, parcequ’il va garder à ses côtés ces premiers disciples et sauraleur imposer le silence quand il sera nécessaire. À laSamaritaine, il déclare ouvertement que lui-même est leMessie attendu. Joa., iv, 25, 26. Les Samaritains concluentde sa prédication qu’il est le «Sauveur du monde».Joa., IV, 42. L’antipathie qui les anime contre les Juifsne leur permet pas de croire que le Messie^puisse venirpour établir l’hégémonie politique de ces derniers.Notre-Seigneur déclare que le salut vient des Juifs, Joa., iv, 22; mais en se donnant comme le Messie, ilsait qu’il ne court pas en Samarie les mêmes risques defausse interprétation qu’en Galilée et en Judée. De fait, le titre que lui assignent les Samaritains est très correct, et, même pris dans un sens peu compréhensif, il indiquean moins que les étrangers ne seront pas exclus d’unroyaume dont les Juifs restreignent le bienfait à euxseuls.

3° Lorsque les envoyés de Jéan-Baptiste viennent luidemander s’il est «celui qui doit venir», c’est-à-dire le

Messie, Notre-Seigneur ne répond pas directement, maiséquivalemment, en montrant qu’il fait les œuvres attribuéesau Messie par le prophète. Matth., xi, 4, 5; Luc, vu, 21, 22. Encore a-t-il soin le plus souvent de prescrirele silence à ceux qui ont été l’objet ou les témoinsd’un miracle qui pourrait révéler sa qualité de Messie.Cette défense est intimée au lépreux de Galilée, Matth., vin, 4; Marc, i, 44; Luc, v, 14; à Jaïre et aux siens, après la résurrection de la jeune fille, Marc, v, 43; Luc, VIII, 56; aux deux aveugles, Matth., IX, 30; aux témoinsde la guérison du sourd-muet, Marc, vii, 36; à l’aveuglede Bethsaïde. Marc, viii, 26. Il ne veut pas que les démons, qui prétendent le connaître, disent qui il est.Marc, I, 34; Luc, iv, 41; Marc, iii, 12. En voyant tantde miracles, les Galiléens se demandaient en effet: «N’est-ce pas lui le fils de David?» c’est-à-dire le Messie, Matth., XII, 23, et il ne fallait pas qu’ils arrivassenttrop vite à une conclusion affirmative, étant donnée lasignification politique qu’ils attachaient à ce titre. Aucontraire, au démoniaque de Gérasa, qui veut le suivreaprès sa délivrance, Notre-Seigneur ordonne de s’enretourner chez lui et de publier le miracle dont il a étéfavorisé. Luc, viii, 39. Le danger d’un messianisme politiquen’existe pas en effet dans cette région païenne.En Judée et à Jérusalem, Notre-Seigneur ne porte pasde semblable défense à ceux qui sont les objets de sabonté. Il accomplit des miracles parmi les Juifs précisémentpour attirer leur attention. Mais, quel que soitl’éclat de ces miracles, guérisons du paralytique et del’aveugle-né, résurrection de Lazare, il n’est pas à craindreque les Juifs acceptent comme Messie un homme quirépond si mal à leur idéal politique. À son entrée triomphaleà Jérusalem, non seulement il laisse librementretentir autour de lui des acclamations d’un caractèrenettement messianique, mais il oppose une fin de nonrecevoiraux pharisiens, qui lui demandent de les fairecesser.- Matth., xxvi, 9; Marc, xi, 9, 10; Luc, xix, 3840; Joa., xii, 13. C’est qu’alors le moment est venu pourlui de révéler tout ce qu’il est, malgré les conséquencesqui vont résulter pour lui de cette révélation.

4° Interrogé par Jésus, Pierre lui déclare qu’il reconnaîten lui le Christ, le Messie. Matth., xvi, 16; Marc, viii, 29; Luc, ix, 20. Le Sauveur défend aux apôtres depublier ce qu’ils savent à ce sujet, et aussitôt, pour corrigerles idées fausses que peut faire naître dans leuresprit ce titre de Messie, il leur annonce sa passion.Matth., xvi, 20, 21; Marc, viii, 30, 31; Luc, ix, 21, 22.De fait, cette annonce leur semble si parfaitement contradictoireavec la revendication que Jésus vient de faire dutitre de Messie, que Pierre manifeste un violent étonne^ment et se fait sévèrement rappeler à l’ordre. L’idéeformulée par Pierre était à peu près générale parmi lesJuifs. Saint Jean, xii, 37, 38, note qu’ils ne croyaient pasà «Quiacruà notre parole?» c’est-à-dire à la prophétiede la passion qui commence par ces mots. Is., lui, 1. UnMessie souffrant leur paraissait contradictoire et inconcevable.Voir Jésus-Christ, t. iii, col, 1438, 3. C’était poureux un scandale. I Cor., i, 23. Après la transfiguration, le Sauveur, qui s’apprête à revenir en Galilée, prescritaux trois témoins du miracle de garder le silence, et, presque aussitôt après, il réitère l’annonce de sa passion.Matth., xvii, 9, 21; Marc, ix, 8-9, 30; Luc, ix, 36, 44.Pour les apôtres eux-mêmes, il y avait une contradictionirréductible entre ces deux termes, Jésus Messie et Jésussouffrant.

5° Il est donc incontestable que le Sauveur, pendantl’exercice de son ministère apostolique en Galilée, imposaaux témoins de ses miracles une véritable disciplinedu secret, à laquelle d’ailleurs on ne se soumettaitpas toujours. Marc, i, 45; Matth., ix, 26; cf. Marc; , v; 43; Matth., IX, 31; Marc, vii, 36. Cette discipline n’étaitpas commandée par une raison d’humilité, car Notre-Seigneurne l’impose qu’en Galilée, et même’, en una

circonstance, il ordonne de publier le miracle. Luc, vin, 39. Elle avait pour but d’éviter une équivoque dangereuseet d’enlever à la mission du Sauveur tout caractèrepolitique. Le nom de Messie «avait été en quelquesorte capté et confisqué par les pharisiens; discrètementils le transformaient en un symbole politique, dans lequelils incarnaient la libération prochaine, l’inaugurationd’un règne sans fin, où les préoccupations moraleset religieuses seraient à l’arrière-plan, où le temple etla loi seraient maintenus comme les principaux organesde purification et de sanctification». Rose, Études surles Évangiles, Paris, 1902, p. 181; Évang. selon S. Marc, Paris, 1904, p. xv-xxviii. Gf. Wrede, Das Messiasgeheimnissin den Evangelien, Gœttingue, 1901, et Revuebiblique, 1903, p. 625-628. Répudiant la conceptiond’un messianisme politique, Notre-Seigneur devait écarterun nom qui, par suite d’une interprétation abusive, en était venu à impliquer cette conception.

IV. Revendication du titre de Messie. — 1° Notre-Seigneurrevendique pour lui-même, devant le sanhédrin, le titre de Messie. On lui demande s’il est le Christ, Fils de Dieu. Il répond affirmativement et annonce qu’onverra le Fils de l’homme à la droite de Dieu et venantsur les nuées du ciel. Matth., xxvi, 63-64; Marc, Xiv, 61-62. Ce Fils de l’homme apparaissant sur les nuées duciel avait été prédit par Daniel, vii, 13-14. Les Juifscrevaient qu’il viendrait en effet, dans l’appareil de lagloire et de la puissance, pour abattre leurs ennemis.C’était le Messie sur lequel ils comptaient. Notre-Seigneurleur déclare qu’il est ce Messie et qu’en effet ilviendra sur les nuées. Mais les conditions qu’il supposene sont pas les mêmes. Cette apparition glorieuse estprécédée par celle du Messie humble et souffrant. LesJuifs ne veulent pas entrer dans cet ordre d’idées; ilsaccusent le Sauveur de blasphème et le condamnent àmort, procurant ainsi l’accomplissem*nt d’une des conditionsessentielles de la mission messianique. — Lanécessité de cette condition est rappelée par l’ange auxsaintes femmes, Luc, xxiv, 7, e. surtout par le Sauveurressuscité aux disciples d’Emmaûs: «Il a fallu que leChrist souffrît ces choses et qu’il entrât ainsi dans sagloire.» Luc, xxiv, 26. Les disciples croyaient à la rédemptiond’Israël, Luc, xxiv, 21, mais à une rédemptionpolitique, telle que la comprenaient les pharisiens.Notre-Seigneur remet les choses au point en prenantlui-même le titre de Messie et en expliquant que la souffranceet la mort faisaient partie essentielle du programmemessianique. Il revient encore sur cette importantequestion avant de monter au ciel. Il fait entendreà ses Apôtres que la passion et la mort du Messie nosont pas des accidents fortuits, par lesquels la malicedes hommes a cherché à entraver son œuvre, maisqu’ils entraient dans le plan divin révélé par les Écritures, et que la souffrance du Messie était indispensableà la réalisation de ce plan. Pour mieux les convaincreet les mettre à même de convaincre le monde à leurtour, il leur ouvre l’intelligence au vrai sens, des Écritures.Luc, xxiv, 44-46. Notre-Seigneur se déclare doncMessie en faisant de ses souffrances non pas un obstacledont il a triomphé, mais un moyen qu’il a employé pourjustifier son titre.

2° Dans leurs prédications, les Apôtres ne cessent d’affirmerque Jésus est le Messie. Dès son premier discours, saint Pierre explique que les souffrances de Jésusont été conformes «au dessein immuable et à la presciencede Dieu», et que Dieu l’a fait réellement «Seigneuret Messie». Act., H, 23, 36. Aux Juifs de Theesalonique, saint Paul démontre par les Écritures quele Messie a dû souffrir et que le Messie, c’est Jésus.Act., xvii, 2, 3. Devant Agrippa, il détend la mêmethèse. Act., xxvi, 23. Dans ses épltres, il associe presquecontinuellement le nom de Christ ou de Messie à celuide Jésus. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1424. Il insiste,

dans sa prédication, sur le supplice du Sauveur et seplaît à parler du Messie crucifié, comme d’un dogmeessentiel à l’économie de la religion chrétienne. I Cor-, i, 23-24; ii, 1-2; v, 7; Gal., vi, 14.

3° De ce que Jésus proclame devant le sanhédrin qu’unjour il reviendra sur les nuées du ciel, Matth., xxvi, 63, 64; Marc, xiv, 61-62, on n’est pas fondé à conclure qu’ilne sera Messie qu’à l’époque de cette apparition glorieuse.Les termes mêmes de l’interrogatoire ruinent cette hypothèse.Le grand-prêtre ne demande pas à Jésus s’il a laprétention d’apparaître un jour du haut du ciel commele Messie attendu, mais si, dans le moment même, ilest le Christ. Matth., xxvi, 63; Marc, xiv, 61. Dans laseconde séance du sanhédrin, les juges interpellent leSauveur: «Si tu es le Christ, dis-le-nous.» Jésus rappelleque le Fils de l’homme sera assis à la droite duDieu puissant. «Tu es donc le Fils de Dieu?» répliquentles Juifs. «Vous le dites, je le suis,» répond-il.Luc, xxii, 66-70. Dans la pensée du sanhédrin, commedans celle de Jésus, il ne s’agit donc pas d’un Messiefutur, mais d’un Messie présent. C’est là précisément cequi exaspère les Juifs. D’un homme qui promettait d’apparaîtreun jour sur les nuées du ciel, ils se seraientpeu inquiétés; ils l’auraient attendu à l’œuvre. Il enétait tout autrement pour eux de quelqu’un qui se donnaitactuellement pour le Messie, et dont la vie se trouvaiten contradiction si formelle avec leur attente. — Dela parole de saint Pierre qui, après avoir annoncé auxJuifs la résurrection du Sauveur, ajoute que Dieu l’afait «Seigneur et Christ», Act., Il, 36, on ne peut pasdéduire à meilleur droit l’idée que la dignité messianiquen’aurait été conférée à Jésus qu’à sa résurrection.Pierre lui-même, pendant la vie mortelle du Sauveur, a solennellement reconnu en lui le Messie. Matth., xvi, 16; Marc, viii, 29; Luc, ix, 20. Il n’est pas admissiblequ’il se contredise. Ce qui est vrai, c’est que ces Juifs, que les miracles et les affirmations du Sauveur n’ontpas convaincus de sa qualité de Messie, vont être obligésde se rendre à ce dernier argument, la résurrectioncertaine de celui qu’ils ont crucifié. En droit, Jésus aété «Seigneur et Christ» dès son incarnation; en fait, les Apôtres et un certain nombre de Juifs ne l’ont connucomme tel que durant sa vie publique. La foi de cesderniers est restée faible; à eux, comme à ceux quin’ont pas encore cru, saint Pierre présente la résurrectioncomme le fait qui établit «avec certitude queDieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avezcrucifié t. Il ne dit nullement qu’il n’en soit ainsi quedepuis la résurrection. Dans son second discours, saintPierre dira aux Juifs qu’ils ont crucifié «l’auteur de lavie», et il leur explique qu’il fallait «que le Christsouffrît». Act., iii, 15, 18. Il est, donc bien clair que, dans sa pensée, Jésus était «auteur de la vie» et «Christ» avant sa résurrection. — Voir Schôttgen, Borx hebraiae et talmudicse, t. ii, De Messia, 1742; Mack, Die metsianischen Erwartungen und Ansichtender Zeitgenossen Jesu, dans le Theologische Quartalschriftde Tubingue, 1836, p. 3-56, 193-226; Colani, Jésus-Christet les croyances messianiques de son temps, Strasbourg, 1864, p. 1-68; Castelli, Il Messia secondagli Ebrei, Florence, 1874; Schônefeld, Ueber die messianischeHoffnung von 200 vor Christo bis gegen 50 nachChristo, Iéna, 1874; Stapfer, Les idées religieuses enPalestine à l’époque de Jésus-Christ, Paris, 1878, p. 111132; Briggs, The Messiah o/ the Gospels, New-York, 1894; The Messiah of the Apostles, 1895; Lepin, JésusMessie et Fils de Dieu, Paris, 1905, 2e édit., p. 77-217.

H. Lesêtre.

    1. MESSMER Aloys##

MESSMER Aloys, théologien catholique autrichien, né le Il novembre 1822 à Nassereuth (Tyrol), mort àAlbano le 23 août 1857. Après avoir fait ses premièresétudes et la philosophie à Inspruck, de 1835 à 1843, ilétudia la théologie à Brixen de 1843 à 1847, et après un lOil

MESSMER — MESURE

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an de ministère, il devint professeur d'Écriture Sainte àBrixen de 1848 à 1856. On a de lui des poésies et destravaux' scripturaires. Ces derniers sont: Geschichte derOffenbarung, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1857; 2e édit., t. i, Inspruck, 1869; Introductio in libros Novi Testamenti, in-8°, Inspruck, 1858; Erklârung des JohannesEvangeliums, in-8°, Inspruck, 1860; Erklârung deserstenKorinther-Briefes, in-8°, Inspruck, 1862; Erklârung des Briefes an die Galater, in-8°, Brixen, 1862; Erklârung des Colosser-Briefes, in-8°, Brixen, 1863. Cesquatre derniers ouvrages sont posthumes et furent publiés par J. C. Mitterrutzner, qui a aussi édité AloisMessmer, ein Lebensbild gezeichnet nach dessen Tagebuch, Briefen, von J. G. Vonbank, 2 in-8°, Brixen, 1860. — Voir Stanonik, dans Allgemeine deutsche Biographie, t. xxi, 1885, p. 500.

    1. MESSULAM##

MESSULAM (hébreu iMesullâm; Septante: MeffoXXâjji; Alexandrinus: MsacraX^v), père d’Aslia (t. i, col. 1103) et grand-père de Saphan Je scribe qui vivaitdu temps de Josias. IV Reg., xxii, 3. Le nom hébreuque la Vulgate écrit ici Messulam est ordinairementtranscrit dans la version latine par Mosollam. Voir MoSOLLAM.

    1. MESURE##

MESURE, unité conventionnelle que l’on compareaux objets pour en connaître le rapport.

I. Nom. — 1° Le mot mesure, mensura, est employédans la Vulgate pour traduire un certain nombre demots hébreux, qui tous désignent une évaluation en nombre, en longueur, en poids ou en capacité. Ce sont lesmots mâdad, qui signifie également mesure de longueur, Ezech., iv, 5; XL, 1; et mesure de capacité, Ruth, iii, 15; midàh, qui est le terme le plus usité pour touteespèce de mesure, Exod., xxvi, 2, 8; Jos., iii, 4; I Reg.(Sam.), vi, 25; vii, 9, 11, 37, etc.; mesurai}, qui signifie mesure de capacité, Lev., xix, 35; Ezech., iv, 11, 16; fdknif, tokén, mafkônét, mesure, quantité, tâche, Exod., v, 8; xxx, 32, 37; xLV, ll; Se’ge7, sicle, poids, Exod., xxxviii, 24; Num., iii, 47, s’dlis', dans une largemesure, Ps. lxxx (lxxix), 6. Septante: èv [Uzçu,; Vulgate: in mensura. Le mot grec qui désigne les mesuresest le mot [jiTpov, que la Vulgate traduit toujours parmensura. Matth., vil, 2; xxiii, 32; Marc, iv, 24; Luc, vi, 38; Joa., iii, 34; Rom., xiii, 3; II Cor., x, 13, etc.

2° La Vulgate ajoute souvent le mot mensura aunom des mesures de longueur ou de capacité désignéespar un nom propre et ayant une valeur déterminée: mensura palmi, Exod., xxxix, 9, etc.; mensura gomor, Exod., xvi, 18; mensura ephi, Ruth., 11, 17; ou remplacepar ce mot ceux qui désignent des mesures ayant enhébreu un nom spécial.

3° Les Septante donnent souvent la traduction des mesures hébraïques en mesures grecques. Ainsi le bath ouéphi est traduit par xoeûc, III (I) Reg., vii, 25 (26), 38; par /omÇ, Ezech., xlv, 10, 11; par xotOXï], Ezech., xlv, 14. Les mesures grecques portant ces noms étaient-cependant loin d'équivaloir au Bath. Le x°sù; ne valaitqu’environ 3 '28, le xotvtÇ, 4! 37; la xotuVti,! 27. J. Wex, Métrologie grecque et romaine, trad. J. Monet, in-12, Paris, 1886, p. 26-27.

II. Mesures de longueur. — i. dans i' ancien testament. — Tous les peuples anciens ont empruntéles noms des mesures de longueur aux dimensions du «orps humain, doigt, pied, coudée, palme ou paume, etc.Les Hébreux n’ont pas fait exception. Les mesures delongueur usitées chez eux étaient:

1° La Coudée (hébreu: 'ammâh; Septante: htjt; u; ; Vulgate: cubitus). La coudée était l’unité de mesure delongueur, sa valeur moyenne était la distance qui séparele coude de l’extrémité du doigt du milieu. Elle était-approximative et non exacte comme sont les mesuresmodernes. On distinguait deux sortes de coudées, la

coudée vulgaire ou petite coudée et la coudée sacrée ougrande coudée. La coudée vulgaire mesurait m 450environ et la coudée sacrée, m 525 Les Juifs se servirent aussi des coudées usitées chez les peuples voisins.La coudée commune chaldéenne et assyrienne mesuraitenviron K 499.et la coudée royale environ O^ôiS. Lacoudée commune égyptienne était de m 450, la coudéeroyale de m 525. La coudée commune chez les Persesétait de nl 444, la coudée royale de m 532. Chez lesGrecs la coudée attique, ht^îï était de m 444, la coudée olympique de m 480. En Asie-Mineure la coudéeavait à peu près la mesure de Ta petite coudée babylonienne, O^âS. La coudée romaine était l'équivalent dela coudée attique. Voir Coudée, t. ii, col. 1060.

2° L’Empan (hébreu: zéref; Septante: ar.tâa>.-f; Vulgate: palmus) était la moitié de la coudée. Ce motdésigne la paume de la main ou plus exactement la distance comprise entre les extrémités du petit doigt etdu pouce étendus. L’empan était l’unité de mesure chezles Chaldéo-Assyriens. Il est figuré sur la statue del’architecte à la règle qui est au musée du Louvre.L’empan chaldéen mesure m 27425. Voir Coudée, t. ii, col. 1061; Palme.

3° Le petit Palme (hébreu: téfah, tofah; Septante: icrffvfi Vulgate: palmus). Le téfah. était le tiers du zéref; c'était la largeur de la main; il équivalait à quatredoigts; aussi la Vulgate a-t-elle traduit ce mot par sonéquivalence, quatuor digiti, Ex., xxv, 25; xxxvii, 12; etmême par très uncise. III (I) Reg., vii, 26. Voir Palme.

4° Le Doigt (hébreu: 'esba'; Septante: SaxtûXo; , Vulgate: digitus). Le mot hébreu n’est employé pourdésigner une mesure que dans Jer., lii, 21. Il équivalaità l'épaisseur du doigt humain ou au quart du petit palme, soit environ à m 0218. Voir Doiot 2, t. ii, col. 1462; Coudée, t. ii, col. 1060.

5° Le Gômed. Ce mot n’est employé qu’une fois, pourdéterminer la longueur de l'épée à deux tranchantsd’Aod. Jud., iii, 16. Les Septante le traduisent par iriuSajji, 4la Vulgate par palma manus. On n’a aucun renseignement sur cette mesure.

6° La Canne (hébreu: Qdnéh; Septante: xàXa[io; ; Vulgate: calamus), c’est la mesure dont se sert l’hommequi apparaît à Ezéchiel, pour évaluer les dimensions duTemple. Sa longueur est de six coudées et de six tôfàh, c’est-à-dire d’environ 3 Œ 675. Ezech., xl, 5. Il est aussiquestion de cette mesure dans l’Apocalypse, xxi, 15-16.Voir Canne 2, t. ii, col. 132; Coudée, t. ii, col. 1060.

H. MESUHES DE LONGUEUR VANS LE NOUVEAU TESTAMENT. — 1° Le Chemindu Sabbat, Act., 1, 12, qui équivalait à environ six stades, distance de Jérusalem aumont des Oliviers. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 6; Bell, jud., V, ii, 3; F. Blass, Acta Apostol., in-8°, Gœttingue, 1895, p. 45. Voir Sabbat.

2° Le Stade, Luc, xxiv, 13; Joa., xi, 18, mesure grecqueéquivalente à 600 pieds grecs ou 625 pieds romains, c’est-à-dire à t85 m. Le stade est aussi employé commemesure de longueur dans II Mach., xi, 5; xii, 10, 29.Voir Stade.

3° Le Mille, [lOuov, Matth., v, 41, mesure itinéraireromaine équivalente à mille pas, c’est-à-dire à environ1480™. Huit stades faisaient donc un mille. Voir Mille.

4° La Brasse (grec: ôp-piâ; Vulgate passus), Act., xxvii, 28, mesure marine équivalente à la longueur comprised’une extrémité à l’autre des deux bras étendus. Labrasse des anciens équivalait à 1° > 85. Voir Brasse, t. i, col. 1910.

5° Le Pas est dans la Vulgate l'équivalent de deuxcoudées. Num., xxxv, 4.

III. Mesures de superficie. — L’arpent (hébreu: sémed; Vulgate -.jugerum). I Reg. (Sam.), xlv, 14; Is., v, 10. Les Septante, dans la traduction du passage d’Isaïe, font du sémed la mesure de terrain que peut cultiverune paire de bœufs en un jour. C’est aussi le sens de.

mot jugerum en latin. Pline, H. N., XVIII, iii, 9. Ilformait un rectangle de 28 800 pieds carrés romains ou25 ares, 18 m. carrés, 9 décim. J. Wex, Métrologie greeque et romaine, trad. Monet, in-12, Paris, 1886, p. 21.Le tableau suivant donne la valeur des mesures delongueur chez les hébreux. Les chiffres placés au-dessousde chaque nom indiquent combien il contient d’unités dela mesure suivante, le dernier chiffre est l'évaluation dela mesure en mètres. Cette évaluation est approximative.

Canne 3.217

6 1/2 1 Coudée.. 0, 525

12 2 lZérat 0, 262

36 6 3 ITéfah 0, 0875

144 24 12 4 1 Doigt. 0, 0218

Mesures étrangères.

Stade, 600 pieds grecs, 625 pieds romains. 185°00

Mille, — — 1480-00

Brasse, — — 1-60

Sémed ou jugerum, arpent 2518°*9

IV. Mesures de capacité. — I. mesures hébraïques.— Les mesures de capacité avaient la même contenancepour les solides et pour les liquides, quoique l’unité de.mesure portât des noms différents.

1° L’unité de mesure polir les solides était V'Êfah, "Vulgate, éphi, qu’on croit généralement aujourd’huiavoir été emprunté par les Hébreux aux Égyptiens. Onne sait pas exactement sa contenance, on ne sait que savaleur relative aux autres mesures de capacité. VoirEphi, t. ii, col. 1863.

2° L’unité de mesure pour les liquides était le Balh, équivalent à Véphi. Ezech., XLV, 11, 14. Le balh n’estpas mentionné avant l'époque des rois. Ce mot est traduit dans les Septante par part), fiâ-coç ou par des nomsde mesures grecques. La Vulgate le traduit par balus, metreta, amphora. Voir Bath, t. i, col. 1506. On évalueapproximativement la contenance du bath ou de l'éphià 38188.

3° Le Hômér, appelé kôr à partir de l'époque des rois, était équivalent à dix baths ou éphis, Ezech., xlv, 11, soit en mesures romaines à 30 modii, Lev., xxvil, 16; Is., v, 10, ou 388>80. Voir Cor, t. ii, col. 954.

4° Le Léték ou demi-cor, valant par conséquent cinqbaths ou éphis, Ose-, iii, 2.

5° Le $e’dh (grec: aâ-zav; Vulgate: ordinairement sa~tum) ou tiers d'éphi, Gen., xviii, 6; I Sam. (Reg.), xxv, 18; III (I) Reg., xviii, 32 (Vulgate: aratiuncula); IV (II)Reg., vii, 1, 16, 18 (Vulgate: modius); Is., xxvii, 8(Vulgate: mensura). Le mot uôtov est la transcriptiongrecque de la forme syro-chaldéenne, sa’ta'- Matth., xiii, 33; Luc., xiii, 21.

6° Le Bin, moitié du se’dh ou sixième de l'éphi. Lehin est d’origine égyptienne; il contenait chez les Hébreux 6'49. Voir Hin, t. iii, col, 713.

7° Le 'Omer; Vulgate: gomàr, dixième partie de l'éphi.Exod., xvi, 36. Viêèâràn, équivalent du gomor, servaità mesurer les solides et spécialement les farines. Il nefaut pas confondre le Corner ou cor avec Y'ômer. VoirGomor, t. iii, col. 273.

8° Le Qab; Vulgate: cabus, tiers du hin, sixième partie du se’dh, dix-huitième de l'éphi, d’une valeur d’environ i'16. Voir Cab; t. ii, col. 4.

9° LeLôg (Septante: xotûXt]; Vulgate: sextarius). Lacontenance du log est assez difficile à déterminer.D’après la Vulgate et Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 9, ce serait la soixante-douzième partie de l'éphi, ladouzième du hin et le quart du cab, c’est-à-dire environ0'50. Le log servait surtout pour les liquides. VoirLog, t. iv, col. 321.

II. mesures étrangères. — 1° Dans le dernier chapitre de Daniel, xiv, 2, dont il ne reste que le textegrec, il est question d’une mesure perse appelée àpTaêr].L’artabe équivalait an médimne attique, plus trois chénices, Hérodote, 1, 192, c'ést-â-dire à 55 litres. Polyen, lv, 3, 32, lui donne simplement la valeur du medimne, soit 51>79. C'était à peu près le sixième du hômér. Uservait surtout à mesurer les solides. Voir Artabe, 1. 1, col. 1038.

2° Le Modius, boisseau, mesure romaine, est mentionné dans le [Nouveau Testament, Matth., v, 15; Marc, iv, 21; Luc, xi, 33. Mais il n’est pas question desa capacité comme mesure. La Vulgate emploie ce motpour traduire des mesures différentes, tantôt l'éphi, Lev., xix, 36; Deut., xxv, 14, 15, etc., tantôt le hômér, Lev., xxvii, 16; Is., v, 10; tantôt le se'âh.'Vf (II) Reg., vii, 1, 16, 18. Parfois aussi elle donne l'équivalence des mesures hébraïques en modii, mais ces équivalences nesont pas exactes, le modius latin ne correspondant àaucune mesure hébraïque. Voir Boisseau, 1. 1, col. 1840.

3° L’Apocalypse VI, 6, nomme la mesure grecque appelée Chcenix, Vulgate: bilibris. C'était la 48e partiedu medimne, il contenait 1K)79. Voir Chcenix, t. ii, col. 712.

Les mesures de capacité peuvent être groupées d’aprèsdeux systèmes suivant leurs relations entre elles.

1° Le système décimal.

Chômer ou Cor

10 Bath ou Éphi

100 10 1 Gomor

2° Le système duo-décimal.

Ephi ou Bath

3 1 Séàh6 2 1 Hin

18 6 3 1 Cab

72 24 12 4 ILog.

Les valeurs de ces mesures sont indiquées dans letableau suivant:

litres

I Cor… 338, 29

10 1 Bath-Ephi 38, 88

30 3 1 Séàh 12, 99

60 6 2 1 Hin 6, 49

100 10 3 1/3 1 2/3 1 Gomor 3, Ç8

180 18 6 3 1 4/5 1 Cab… 1, 16

720 72 24 12 71/5 4 1 Log. 0, 29

Mesures étrangères.Cbœnix 0'079

V. Métaphores tirées dés mesures. — La SainteÉcriture emploie souvent d’une manière métaphoriquele mot mesure. Avec mesure signifie tantôt parcimonieursèment, Judith, vii, 11; Ezech., iv, 11, 16; Joa., iii, 34, tantôt abondamment, Ps. lxxix (hébreu, LXXx), 6; Is. xxvii, 8, pour indiquer la perfection du Tout-Puissant, Job, xi, 7-9, dit que sa mesure est plus longue que la terre etplus large que la mer. Dieu a donné à la vie humaine lalargeur de la main. Ps. xxxvili (hébreu, xxxix), 6 (la Vulgate traduit: mensurabiles posuistidies). Poids et poids, éphi et éphi, c’est-à-dire fausse mesure, odieuse â Dieu.Prov., xx, 10; cf. Amos, viii, 5; Michée, vi, 10. Dieu aréglé tout avec mesure, nombre et poids, c’est-à-direavec ordre et sagesse. Sap., xi, 21. La justice lui sertdé mesure, Is., xxviii, 17; la destruction. est symboliséepar le cordeau et le niveau (Vulgate: mensura), Is., xxxiv,

II; cf. Jérémie, xiii, 25; xxxi, 39; le même mot signifie aucontraire le partage et la prise de possession. Is., xxxiv, 17. Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour nous exciter à lacharité, dit que Dieu se servira à notre égard de la mesure dont nous nous serons servi à l'égard du prochain.Matth., vii, 2; Marc, iv, 24; Luc, vi, 38. Le bon économe est celui qui distribue en temps opportun auxserviteurs la mesure de froment. Luc, xii, 42. Reprochant aux Pharisiens leurs crimes, Jésus leur dit: Comblez la mesurede vos pères. Matth., xxiii, 32. SaintPaul recommande aux chrétiens d'être modestes, cha»

cun selon la mesure de la foi que Dieu lui a départie, Rom., xii, 3; ceux qui se mesurent à leur propre mesure manquent d’intelligence. Lui-même ne se glorifiepas outre mesure, mais selon la mesuré du champ d’actionque Dieu lui a assigné. II Cor., x, 12. La grâce nous aété donnée selon la mesure du don du Christ; nous devenons hommes faits à la mesuredela stature du Christ; chacun des membres du Christ opère selon sa mesured’activité. Eph., iv, 7, 13, 16.

VI. Bibliographie. — Outre les livres cités aux articlesconcernant chaque mesure, voir J. Benzinger, Hebràischearchâologie, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 178185; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12° édit., in-12, Paris, 1905, t. i, p. 327-332. E. Beurljer.

    1. MÉTABÉEL##

MÉTABÉEL (hébreu: Mehêtab'êl; Septante: Metaëerj>), grand-père ou ancêtre de Semaïas, fils de Dalaïa.Semaïas fut le complice de Tobie et de Sanaballat dansleurs menées contre Néhémie. II Esd., vi, 10. — Unefemme iduméenne porte dans l’original hébreu le mêmenom que le fils de Dalaïa, mais la Vulgate lui a donnéune orthographe différente. Voir Meêtabel 1, col. 932.

    1. MÉTAUX##

MÉTAUX, corps simples, solides, à la seule exception du mercure, et caractérisés par des propriétés particulières, comme la ténacité, la ductilité, la malléabilité, etc.

I. Les métaux dans la Bible. — 1° Les métaux, à l'étatnatif, se présentent ordinairement dans une gangue ouavec un alliage dont il faut les dégager. La Sainte Écriture fait plusieurs allusions à cette espèce de scorie, qui s’appelle sîg, mot que les Septante rendent toujourspar des périphrases, et que la Vulgate traduit tantôt parrubigo, «rouille,» Prov., xxv, 4, tantôt par scoria, ls., i, 22, 25; Ezech., xxii, 18, et d’autres fois par despériphrases, Prov., xxvi, 23; — Le mot (iitaXia, metalla, est employé une fois, I Mach., viii, 3, mais avecson sens ordinaire de «mine». — 2° Les métaux mentionnés dans les Livres Saints sont les suivants:

Antimoine, hébreu: pûk; Septante: oTitu; Vulgate: stibium. Voir 1. 1, col. 670.

Argent, hébreu: késéf; Septante: ê?pvupo «'; Vulgate: argenlum. Voir t. i, col. 945.

Cuivre, hébreu: nehoSét elneliûiâh; Septante: xàltioi; Vulgate: ses. Voir t. ii, col. 1154.

Étain, hébreu bedil; Septante: xoKruréepo; ; Vulgate: stannum. Voir t. ii, col. 1990.

Fer, hébreu: barzél; Septante: usSripov: Vulgate: ferrum. Voir t. H, col. 2205.

Or, hébreu: zdhdb, 11ârû$, pdz; Septante: xpwsàç; Vulgate: aurum. Voir Or.

Plomb, 'ânàk, 'oférêt; Septante: >.61êoq; Vulgate: plumbum. Voir Plomb. Ces six derniers métaux sontnommés ensemble Num., xxxi, 22. Il est aussi questionde certains alliages de métaux:

Airain, alliage de cuivre et d'étain. Voir Airain, 1. 1, col. 323..

Bronze, même alliage. Voir Bronze, t. i, col. 1943.

Électrum, hébreu: hasmal; Septante: r É XexTpov, alliage d’or et d’argent. Voir Electrum, t. ii, col. 1655.

Enfin, dans l’Apocalypse, i, 15: ii, 18, il est questiond’un métal appelé yalxoklèavov, aurichaleum, et quipourrait être un alliage de cuivre et d’or, voir Or, àmoins que saint Jean n’ait formé le mot dont il se sertdu grec x**x°Ç et de l’hébreu lâbân, «blanc,» pourdésigner une sorte de cuivre blanc, alliage de cuivre, d'étain et d’un métalloïde qui donne au composé l’aspectde l’argent. Il est possible aussi qu’il ne s’agisse ici quede cuivre phénicien, en provenance du Liban. VoirCuivre, t. ii, col. 1157, 1158.

II. La métallurgie chez les Hébreux. — 1° Les Hébreux ne se sont jamais livrés à la grande industrie. Letravail des métaux se faisait par leurs voisins les Philistins, I Reg., xiii, 19-22, et surtout par les Phéniciens.'III Reg, , vii, 13, 14. Les métaux leur arrivaient par importation. Us apprirent cependant à les utiliser euxmêmes pour en fabriquer des ustensiles, des armes, des objets de décoration, etc. Voir Forgeron, t. ii, col. 2310-2314. Ils savaient épurer l’or et l’argent au creuset, pour les débarrasser du plomb et des scories. Ps. xi(xu), 7; Prov., xvii, 3; xxvii, 21; ls., i, 22, 25; Jer.,-n, 2830; Ezech., xxii, 18-22; Mal., iii, 2, 3. Sur cette opération, voir Creuset, t. ii, col. 1116. Us pouvaient fondre lesmétaux, Exod., xxxii, 4; ls., i, 25, etc., les marteler etles polir, ls., xli, 7, et même les réduire en parcellessemblables à la poussière. Exod., xxxii, 20.

2° Les Livres Saints parlent fréquemment d’objetsfabriqués avec l’or, l’argent, le cuivre et le fer. On peuten voir l’indication à chacun de ces mots. Au désert, les Hébreux utilisèrent les connaissances métallurgiquesqu’ils avaient acquises en Egypte. Il fallait à leurs ouvriers une grande habileté pour fabriquer les multiplesobjets d’or et d’airain qui constituèrent le mobiliersacré du Tabernacle, l’arche d’alliance avec ses chérubins, la table de proposition, le chandelier d’or, Exod., xxv, 10-40, les plaques ou lames d’or, destinées àrecouvrir les meubles en bois, Exod., xxv, 11; xxvi, 32; etc., ensuite pour couler le veau d’or. Exod., xxxii, 4. Après l'établissem*nt en Chanaan, on trouve encoreparmi les Hébreux le fondeur, çôrêf, àpyijpox<51roç, argentarius, capable de fondre une statue et de la taillerau ciseau. Jud., xvii, 3, 4. Le travail des métaux ne pritd’extension qu'à l'époque de Salomon; mais les ouvragesnécessaires à la construction et ' t à l’aménagement duTemple et des palais s’exécutèrent sous la directiond’Hiram, le Phénicien, habile à travailler l’or, l’argent, l’airain et le fer. II Par., ii, 14. Cet appel à un étranger suppose que, chez les Hébreux, il n’y avait personnequi fût capable de mener à bonne fin cette exécution.L’entreprise confiée à Hiram comporta des revêtementsd’or sur les murailles du sanctuaire, sur les deux grandschérubins, sur différents motifs de sculpture, III Reg., VI, 22, 28, 32, 35; la fonte des deux grandes colonnes d’airain, de la mer et des dix bassins d’airain, et d’unegrande quantité d’ustensiles d’or. III Reg., vii, 15-50;

II Par., iii, 15-17; iv, 1-22. Les objets d’airain, qui étaientde dimensions considérables, furent coulés, par piècesséparées que l’on monta ensuite, dans des moules argileux. Pour exécuter cette opération, on choisit un terrain propice, dans la plaine du Jourdain, entre Sochothet Sarthan. III Reg., vii, 46; II Par., iv, 17. Voir Colonnes du Temple, t. ii, col. 856-858; Mer d’airain, col. 982. Les citations des prophètes, indiquées plushaut, montrent qu’après les grands travaux exécutéssous Salomon, l’industrie métallurgique ne s’exerça chez, les Hébreux que dans d’assez modestes proportions. Detemps en temps seulement, il est question de veaux d’or,

III Reg., xii, 28; IV Reg., xvii, 16; Il Par., xi, 15; II Esd., ix, 18, et de statues, III Reg., xiv, 23;

IV Reg., xvii, 10; II Par., xxviii, 2; xxxiii, 19; Jer., XLin, 13, fabriqués en vue des cultes idolâtriques. Il n’y eutrien à fondre pour le second Temple, puisque les usten*siles d’or et d’argent enlevés par Nabuchodonosor furentrendus à Zorobabel. I Esd., vi, 5. — La fonte des métaux exigeait une haute température et des opérationsassez compliquées. L’argent fond vers 1000° et l’or vers1200°. On obtenait cette température dans des foursspéciaux, dans lesquels on activait la combustion aumoyen de soufflets. Voir FORGERON, t. ii, 'col. 2312, fig. 677, et Four, col. 2336, 2337. Des fondants alcalins, potasse, soude, etc., ajoutés au minerai, en facilitaient la tusion.Le cuivre ne fond que vers 1150°. On réduisait les minerais de cuivre oxydé ou carbonate dans un fourneau, au contact do charbon et à l’aide des fondants. Lesopérations du raffinage sont assez complexes. On lespoussait aussi loin que le permettaient les moyens à la

disposition des anciens. Quand le métal avait été coulédans les moules, on achevait l’exécution du travail parle battage, le martelage, le polissage, opérations auxquelles se prêtent très bien l’or, l’argent et le cuivre, àraison de leur malléabilité et de leur ductilité. Si lespièces étaient de dimensions considérables, comme lescolonnes du Temple, la mer d’airain, etc., on les coulaitpar morceaux, dont on faisait ensuite l’assemblage etl’ajustage.

III. Chez d’autres peuples. — 1° Dans le livre deDaniel, ii, 31-34, il est parlé de la statue que Nabuchodonosor vit en songe. Cette statue, qui avait la tête d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuissesd’airain et les jambes de fer, n’a jamais existé. Maisl’idée en était suggérée au roi par les monuments qu’ilavait ordinairement sous les veux. Les Chaldéens savaientexécuter toutes sortes d’objets en métal, et même desmers d’airain qu’on plaçait à l’entrée des sanctuaires.Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orientclassique, Paris, 1895, t. i, p. 756, 757; t. ii, 1897, p. 534.Ils fabriquaient de colossales statues d’or. Au rapportde Diodore de Sicile, ii, 9, 5, la pyramide de Babylone, É-Saggatu, était couronnée par trois grandes statues d’or.Une statue d’or massif, de douze coudées de haut, occupait l’intérieur de la pyramide de Borsippa. Hérodote, i, 183. Il n’est donc pas étonnant que Nabuchodonosor aiteu ensuite la fantaisie d'élever une statue d’or de soixantecoudées de haut. Dan., iii, 1. Il est probable que dans lessoixante coudées était comprise la hauteur du piédestal etque la statue elle-même, au lieu d'être massive, ne comportait qu’un revêtement d’or plus ou moins épais. Cf.Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 4896, t. iv, p. 299-302. La statue de Bel, dontparle ailleursDaniel, xiv, 6, était d’argile, mjXôç, à l’intérieur, et debronze ou de cuivre, ^a^-ôç» à l’extérieur. Baruch, vi, 50, dit aussi des statues de Babylone qu’elles sont |0Xtvaxai T.epiypvaa. xal Re.çii&pyvçia, lignea, inaurata et inargentata, «en bois et recouvertes d’or et d’argent.» Cegenre de statues ne comportait donc que des placages demétaux. — 2° À Éphèse, les orfèvres fabriquaient desréductions en argent du temple de Diane. Act., xix, 24, 27. Voir DÉMÉTRius 3, t. ii, col. 1364; Dune, t. lï, col. 1405; Orfèvre. — 3° On a cru que la ville phénicienne deSarepta, sârfat, située sur la côte entre Tyr et Sidon, tirait son nom du verbe sàraf, «fondre.» Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 4187. Il y aurait donc eu là autrefois desfonderies de métaux. Le fait est possible. Ce qui estcertain, c’est que les Phéniciens fabriquaient beaucoupde verre dans cette ville; on trouve encore dans lesruines et sur le rivage les traces nombreuses de cettefabrication. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris,

1884, p. 113. Aussi le nom de la ville serait-il plus probablement dû à la fonte du verre.

H. Lesêtre.

    1. METHCA##

METHCA (hébreu: Mitqâh; Septante: Maôexxol), vingt-deuxième station des Israélites dans le désert duSinaï, située entre Tharé et Hesmona. Nuin., XXXHI, 2829. L’emplacement en est inconnu.

    1. MÉTRÉTE##

MÉTRÉTE (grec: u.ttpir)T-nç; Vulgate: metreta), mesure pour les liquides, équivalant à peu près au bath.Aussi la Vulgate traduit-elle le mot bath par metreta.II Par., ii, 10; iv, 5. On rencontre le mot grec t>.eTp» ]TTJ «, dans les Septante. II Par., iv, 5. Le même mot se trouvedans la partie grecque de Daniel, xiv, 2. H est traduitdans la Vulgate par amphora. Dans le récit des nocesde Cana, il est dit que les urnes dont se servaient lesJuifs pour les purifications contenaient chacune deux outrois métrètes, Joa., ii, 6; c’est-à-dire deux ou trois baths.Le métrète était la plus grande mesure attique pour lesliquides. Démosthène, Contr. Phenipp., 20. — LeueT(W)Triç valait 12 -^deç, 72 ?l<rræ 144 xottoai, c’est-àdire environ 39 litres, c'était donc à peu près l'équivalent du bath, qui valait 38'88. J. "Wex, Métrologiegrecque et romaine, trad. P. Monet, in-12, Paris, 1886, p. 24-26. E. Beurlier.

    1. MÉTRI##

MÉTRI (hébreu: ham-Matrî; Septante: Ma-crapOifamille de la tribu de Benjamin, que le texte hébreuappelle & la Mathrite». Celui qui lui donnait son nométait un ancêtre de Cis et de Saûl. Lorsque Samuel fitdésigner par le sort le futur roi d’Israël, le sort tomba, parmi les douze tribus, sur la tribu de Benjamin, etparmi les familles de Benjamin, sur celle de Métri, etparmi les membres de la famille de Métri, sur Saûl.I Reg., x, 21.

MÉTRIQUE HÉBRAÏQUE. Voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 490-491.

METS, aliments. Voir Nourriture.

    1. MEUBLES##

MEUBLES, MOBILIER (hébreu: kelî, comme l’assyrien kalû, kalûtu; Septante: erxeûoç, axeûvi; Vulgate: vas, vasa, supellex), ensemble d’objets de nature assezdiverse, constituant l’aménagement d’un édifice ou d’unemaison, la charge d’un homme, etc. Le mot kelî paraît

272. — Vases et ustensiles égyptiens en bronze. Musée de Berlin.D’après Aegyptische AUerthùmer, pi. 5.

se rattacher au radical kûl, «mesurer, contenir,» et àl’assyrien kullu, «tenir, porter, lever.» Cf. Buhl-Gesenius' Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 360. Il embrassedans sa signification assez large toutes sortes de vasesde terre et d’airain, Lev., VI, 28; xi, 33; Jer., XIX, H; xxxii, 14; les ustensiles du tabernacle, Exod., xxvii, 3; xxxvin, 3 (fig. 272); divers petit* ustensiles de ménage, bassins, vases, etc., Is., xxii, 24; la vaiselle, III Reg., x, 21; tout le ménage de quelqu’un, Gen., xxxi, 37; Jos., vu, 24; son habillement, Deut., xxii, 5; les bagages duvoyageur, Jer., xlvi, 19; Ezech., su, 3; l’attirail d’unattelage de bœufs, II Reg., xxiv, 22; l’ensemble d’une

parure de toilette, Is., lxi, 10; des navires en papyrus, Is., xviii, 2; des instruments de musique, II Par., xxx, 21; xxxiv, 12; Ps. lxxi (lxx), 22; Am., 'vi, 5; des engins de destruction, Gen., xux, 5; 1s., xxxii, 7; Ezech., ix, 2; des moyens de défense, I Mach., xiv, 10; des armesde toute nature, Gen., xxvii, 3; Jud., xviii, 14; Ps. vii, 14; Eccle., îx, 18; Jer., xxi, 4; li, 25, 20; Judith, xvi 23; l'équipement d’un berger, Zach., xi, 15; les agrès d’unbateau, Jon., i, 5, etc. La même expression se retrouvedans le Nouveau Testament pour désigner les meublesde la maison, Luc, xvii, 31; les objets de toutes sortesqui y sont gardés, Matth., xii, 29; Marc, iii, 27; lesustensiles du Temple, Hebr., ix, 21; des agrès de navire, Act., xxvil, 17; un objet portatif quelconque. Marc, xi, 16. On appelle vases d'élection, de colère ou de miséricorde, Act., IX, 15; Rom., ix, 22, 23, les hommes quisont l’objet du choix divin, de la colère ou de la miséricorde. Saint Paul recommande au chrétien de traiter soncorps, iras-jo; , t’as, avec respect et sainteté. I Thés., iv, 4.Le mobilier des Israélites était peu compliqué, cequi se comprend dans un pays où la vie se passe presquetout entière en plein air. Quand la Sunamite veut meubler une chambre pour Elisée, elle y met «un lit, unetable, un siège et un chandelier». IV Reg., iv, 10. Qu'àces quatre meubles on ajoute un moulin à bras, Deut., xxiv, 6, et une cruche, voir Cruche, t. H, col. 1136, l’onaura à peu près tout ce qui semblait nécessaire pourrendre une maison habitable. Quelques cavités ménagéesdans l'épaisseur des murs servaient à ranger un certainnombre d’objets accessoires, comme les couvertures, les vêtements de rechange, les vases pour la cuisine oula conservation des denrées, etc. Les gros, ustensiles decuisine, comme le four à pain, le fourneau, etc., n’encombraient guère l’intérieur de la maison, puisque lacuisine se faisait ordinairement dehors. Voir Cuisine, t. ii, col. 1146. — Les maisons des riches comportaientun mobilier plus considérable que le contact avec lescivilisations étrangères rendit peu à peu plus compliqué.Voir Maison, col. 586; Palais. Le traité Kelim, le premier du sixième livre de la Mischna, s’occupe du mobilier des maisons et des règles à suivre pour lui garderou lui rendre la pureté légale. — Sur les meubles proprement dits, voir Boisseau, 1. 1, col. 1840; Chaire, t. ii, col. 508; Chandelier, t. ii, col. 541; Chaudière, t. ii, col. 620; Lampe, t. iv, col. 54; Lit, t. iv, col. 285; Moulin, Siège, Table, Tapis. Cf. Jahn, Archxolog. biblic, dans le Cursus complet. Scripturse Sacrx, de Migne.

Paris, 1852, col. 852-853.

H. Lesêtre.

    1. MEULE##

MEULE (hébreu: tefyôn, tâhânah, rêhvyîm, pélah, rékéb; Septante: puiXo; , èrcijiiSXtov, X£80; [uvixd; ou [ivlivii; ; Vulgate: mola, lapis molaris), ustensile depierre servant à réduire le grain en farine.

I. Les meules des anciens. — 1° Quand les premiershommes ont connu l’usage du blé, ils se sont préoccupés de le réduire en farine pour en faire du pain, bienque, même au temps de Notre-Seigneur, on eût gardél’usage de manger les grains de blé encore frais sans lesmoudre. Matth., xii, VI, 1; Luc, vi, 1. Dans le principe, onse contenta d'écraser le grain dans un mortier. Voir MORTIER. On perfectionna ensuite le procédé et l’on_écrasale blé sur une pierre dure à l’aide d’une autre pierremise en mouvement à grand effort. Un monument égyptien (fig. 273) représente une femme agenouillée devantune pierre oblongue, creusée légèrement à la surface, et écrasant le grain à l’aide d’une pierre plus petitequ’elle pousse et ramène des deux mains. La farineainsi obtenue était mélangée de son, de poussière et dedébris de pierre; elle renfermait des grains à peineconcassés et d’autres encore entiers. Les dents avaient àcompléter le travail. Aussi celles des vieillards se retrouvent-elles souvent usées jusqu'à la gencive. LesChaldéens employaient le même procédé. Sur un cachet chaldéen (fig. 274), on aperçoit en haut, à gauche, une femme agenouillée qui broie le grain, et devant ellede petit* disques qui ont l’air d'être des pains préparés

273. — Égyptienne écrasant le grain avec une pierre.Musée du Caire.

pour la cuisson. Cf. Maspero, Histoire ancienne de&peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 320, 699, 739.

2° Les Hébreux ont connu de bonne heure les meulesà mains. Ils s’en servaient au désert, Num., xi, 8, commeils le faisaient antérieurement dans la terre de Gessen.Il n’est pas à croire cependant qu’ils aient emporté aveceux des objets aussi pesants; le désert leur fournissaiten abondance les pierres nécessaires pour moudre, d’autant qu’ils n’avaient pas dû prendre beaucoup de bléavec eux. La meule se composait de deux pierres. L’une,

274. — Femme chaldéenne broyant le grain.

D’après Heuzey et de Sarzec, Découvertes en Chaldée,

pi. 30 bis, n. 13.

plus lourde et plus dure, s’appelait pélah falifit, «t meulede dessous, n Dans Job, XLI, 15, il est dit du crocodilequ’il a le cœur dur comme la meule de dessous. Lesversions prennent cette meule inférieure pour une enclume, axii, (ov ivriXatoi; , malleatoris incus. La meulesupérieure était appelée rékéb, «la coureuse,» ou pélafr rékéb, «la meule coureuse,» îmiJAiai, «la meulede dessus,» le catillus des Latins. Deut., xxiv, 6; Jud., rx, 53; II Reg., xi, 21. L’ensemble de l’appareil prenait lenom de rèhdyîm, «les deux meules.» Exod., XI, 5; Is., xl vii, 2. Les Hébreux broyaient la manne à la meule, Num., xi, 8, comme plus tard ils broyèrent le blé. Lesmeules étaient si indispensables dans un ménage qu’ilétait défendu de prendre en gage soit les deux meules, rêhàyîm, soit même la meule de dessus, rékéb, ce quieût été prendre en gage la vie même. Deut., xxiv, 6. Cf.Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 26. C'étaient ordinairement t051

MEULE

1052

des femmes qui manœuvraient la meule, Matth., xxiv, 41, et spécialement des esclaves. Exod., xi, 5. Le travailétait fort pénible. Quand les Philistins eurent pris Samson, ils l’emprisonnèrent à Gaza et le mirent à la meule.Jud., xvi, 21. Isaïe, xlvii, 2, menace Babylone du mêmesort, quand il lui dit: «Prends les meules et moudsde la farine.» Jérémie constate que les jeunes hommesde Juda ont été mis à la meule par les Chaldéens.Lam., v, 13. — Saint Jérôme traduit; dans ce dernierpassage, le mot tehôn, «meule, s par impudice abusisunt, les Chaldéens «ont indignement abusé des jeunesgens». Cette traduction se réfère à un passage deJob, xxxi, 10, où il est dit: «Si mon cœur a été séduitpar une femme…, que ma femme soit la meule, fithan, pour un autre,» c’est-à-dire qu’elle soit son esclave. Leverbe tâhan est pris dans un sens obscène par lesSeptante, la Vulgate, le Targum, etc., comme le grec(liXXstv. Cf. Théocrite, iv, 58. Ce sens peut convenirdans le passage de Job; il est beaucoup moins probabledans celui de Jérémie. — Chez les anciens auteurs, letravail de la meule est toujours présenté comme propreaux esclaves et aux condamnés. Cf. Odyss., vii, 103; Théophraste, Char., 5; Aristophane, Nub., 1358; Callimaque, Del., 242; Térence, Andr., i, 2, 29; Phorm., ii, 3, 19; Plaute, Asinar., i, 1, 16; Epidic, i, 2, 42; Mercat., ii, 3, &2; Mostel., i, i, 16; Psenul., v, 3, 33; Pen., i, 1, 21, etc.

3° Les meules.se perfectionnèrent avec le temps, demanière à fournir, avec plus de facilité, un meilleur

275. — Moulin à bras de Pompéi.

D’après Baumeister, Denkrnaler des klassichen AUertums,

t. ii, p. 933.

travail. Les anciens avaient un moulin à bras, y_sipoIiûXti, Xénophon, Cyr., vi, 2, 31, mola manuaria outrusatilis, Aulu-Gelle, iii, 3, 14, que l’on tournait. Onen a découvert de nombreux spécimens à Pompéi, dansles boutiques des boulangers et il n’est pas de ruines devilles antiques où l’on ne trouve des débris de meules.La base du moulin de Pompéi (fig. 275) estformée d’unepierre surmontée d’une partie conique, la meta, d’environ deux pieds de haut. L’autre pièce de l’appareilaffecte la forme d’un sablier; c’est, le catillus. Sa partieinférieure emboîte le cône de. la meta; la partie supérieure, évasée en entonnoir, sert de trémie pour le blé, qui descend par quatre trous percés à travers l'étranglement du catillus. Une barre de bois, s’insérant dansdeux cavités ménagées de chaque côté de cette dernière pièce, permettait aux esclaves dé faire tourner lecatillus sur la meta. Le grain, broyé par le frottementdes deux pièces l’une sur l’autre, tombait en farinedans une rigole inférieure. Les Hébreux ne se sont passervis communément d’appareils aussi perfectionnés.Cependant saint Matthieu, xxiv, 41, suppose deuxfemmes occupées à mettre en mouvement la mêmemeule. Elles avaient un moulin fort analogue à celuiqui est encore en usage en Orient, et qui est connu sousle nom de richd, à peu près comme les rêhâyîm de laBible (fig. 276). Cf. Riehm, Handwôrterbuch des bibl.Alterlums, Bielefeld, 1894, t. ii, p. 1041. Ce moulin,

qu’on trouve dans tout l’Orient, se compose de «deuxpetites meules, larges de 58 à 60 centimètres, épaissesde 6 à 10. Celle de dessous est légèrement convexe, pourfaciliter la chute de la farine. L’autre l’emboîte exactement. Au milieu de la meule supérieure, seule mobile,

276. — Moulin à bras. — À gauche, les deux meules superposées.A droite, au-dessous, meule inférieure; au-dessus, coupe de lameule supérieure. D’après Riehm, Handwôrterbuch des bibli~schen AUertums, 1894, t. ii, p. 1041.

est un assez large trou, traversé diamétralement parune petite pièce de bois ou de fer, percée elle-mêmed’un trou où s’engage le pivot de fer s'élevant au centrede la pierre inférieure. Le moulin est ordinairementposé à terre sur une peau: une ou deux femmes, accroupies l’une en face de l’autre, tournent la pierresupérieure par un manche de bois planté debout sur lameule et près du bord. Si deux femmes travaillent ensemble, l’une d’elles tourne de la main gauche et se sertde la droite pour mettre le grain dans le trou central, que le petit moyeu ne ferme pas entièrement (fig. 277).Les meilleurs moulins à main se fabriquent dans leLedja, l’ancienne Trachonitide, avec la lave poreuse etrelativement légère qui forme presque tous les rochersdu pays. C’est unarticle d’exportation dans tout l’Orient».JalUen, L’Egypte, Lille, 1891, p. 271, 272. La manœuvredu moulin, bien que longue et pénible, est invariablement confiée aux femmes. «Quoiqu’on ait cherché àétablir quelques moulins à Jafla, la plupart du tempsles habitants font eux-mêmes leur farine, en broyant legrain entre deux petites meules de lave que les femmes

277. — Bédouines tournant la meule.D’après une photographie.

tournent l’une sur l’autre au moyen d’une cheville debois. Que dé fois n’ai-je pas vu des mères de famille, épuisées, manœuvrer ainsi sans relâche, pendant desheures entières, ces machines primitives et grossières, permettant à peine de moudre la farine nécessaire à lanourriture de leur mari et de leurs enfants! Que de fatigues elles éprouvent pour avoir le pain d’une seulejournée! Jusqu’au moment où ces malheureuses pourront se reposer dans la paix de la tombe, elles serontcondamnées à ce dur travail!» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 381. Le frottement d’une, meule sur l’autre produit un bruit continu. Dans saprophétie contre Juda, Jérémie, zxv, 10, dit que le Sei

gneur fera taire «la voix de la meule et la lumière dela lampe», double signe de la vie dans une maison.Saint Jean emploie la même image à propos de la ruinede la grande Babylone. Apoc., xviii, 22. Le bruit de lameule est encore aujourd’hui caractéristique des lieux

278. — Cheval tournant la meule.

Bas-relief du Vatican. D’après Baumeister,

Denkmâler des klassichen AUertums, t. ii, p. 933.

habités en Orient. On l’entend parfois une grande partiede la nuit. L’Ecclésiaste, xii, 3, 4, dit aussi dans sa description allégorique de la vieillesse: «Alors chômentcelles qui avaient coutume de moudre (les dents), parcequ’elles ne sont plus en nombre… et le son de la meules’affaiblit.» Il est d’ailleurs assez probable qu'à la voixde la meule se joignait parfois la voix de celles qui laournaient et qui charmaient par des chants les longs

nana. C'était une meule tournée par un âne, au lieude l'être par un homme. Cf. Caton, De re rust., H; Ovide, Fast., vi, 318, etc. Un marbre du Vatican (fig. 278; représente cette meule. Elle a la même forme que cellesdes boulangers de Pompéi, mais elle est naturellementplus considérable. Un cheval la tourne; il a des plaquesde cuir sur les yeux pour n'être pas incommodé par lemouvement gyraloire. Il se pourrait que les Philistins, en crevant les yeux à Samson, Jud., xvi, 21, aient voulule mettre en état de tourner une meule semblable à lameule à âne. Il est toutefois plus probable qu’ils songèrent surtout à exercer leur vengeance et à rendre lafuite impossible à leur ennemi. Cf. F. L. Goetz, De pistrini$veterum, Zwickau, 1730; Hoheisel, De molismanualibus veterum, Gedan, 1728, tous deux dans le Thésaurus d’Ugolini, t. xxix; Ch. Dezobry, Morne au siècled’Auguste, 5e édit., 1886, t. iii, p. 419-428. Sur le moulin à olives, voir PRESSOIR.

II. Le poids des meules. — 1° Quand Abimélech eutpris la ville de Thébès, les habitants se réfugièrent dansune tour et montèrent sur le toit. Abimélech s'étantapproché de la porte pour y mettre le feu, une femmejeta d’en haut sur sa tête un pélal} rékéb, la partie supérieure d’une meule, xXâ<j|/.a imj.ûim, fragmen moles.Il fut tué sur le coup. Jud., ix, 53; II Reg., xi, 21.Une pareille pierre, tombant de haut, devenait un projectile redoutable. Cf. Odyss., vii, 103; Suétone, Tib., 51.— Notre-Seigneur, en parlant de ceux qui portent aumal les petit* enfants, dit qu’il vaudrait mieux pour, eux être jetés au fond de la mer avec une meule àâne attachée au cou. Matth., xviii, 6; Marc, ix, 41; Luc.,! xvii, 2. Ainsi ils périraient sûrement, mais dumoins ils ne feraient pas périr l'âme de ceux qui sontincapables de se défendre. La submersion n'était pasun supplice juif. Cf. Exod, , I, 22. Les Romains l’employaient pour châtier le parricide, cf. Cicéron, ProRose Jm 23 Juvmal vin 214 et partout on le considéX.4

&

fj '% N*.

279. — rierro avec inscription chrétienne. 280. -^ Pierre avec inscription musulmane.

D’après Loi-tet, La Syrie, p. 661.

ennuis de leur mouvement monotone. Chez les Grecs, il est question d’une iropûXioc ù>Sr, «chant de la meule,» pendant le travail de la mouture. Cf. Élien, Var. hUt., vii, 4. — Sur les dents comparées à la meule, tahândh, Eccle., xii, 3, voir Dent, t. ii, col. 1381.

4° Enfin, dans saint Matthieu, xviii, 6, et saint Marc, ix, 41, il est parlé de meule à âne, puiXoç ôvtx<5; , tnola asirait comme un grave supplice. Cf. Suétone, Octav., 67; Quinte Curce, x, 4; Josèphe, Ani. jud., XIV, xv, 10; Bell, jud., i, xxii, 2, etc. Parfois, on attachait au corpsdes objets pesants pour qu’il allât au fond de l’eau sanspouvoir surnager. Cf. Jer., ii, 63. Josèphe, Cont. Apion., r, 34, rapporte un récit de Lysimaque d’après lequel unroi d’Egypte, que celui-ci appelle Bocchoris, aurait dé

cidé de faire périr les lépreux en les jetant dans lamer enveloppés de feuilles de plomb. Lactance, Demort, persec, 15, t. vii, col. 238, dit que l’empereur Galère faisait jeter des chrétiens dans la mer avec desmeules au cou. Actuellement encore, dans la baie deBeyrouth, les pêcheurs d'épongés qui ont â aller chercher leur butin à quinze ou vingt mètres de profondeur, plongent en tenant à la main des dalles de marbrequi pèsent plusieurs kilogrammes et les entraînent rapidement au fond. Ces dalles portent des figures et des inscriptions chrétiennes (fig. 279) ou musulmanes (fig. 280).selon la religion des pêcheurs, et sont munies d’un troudans lequel passe une corde pour les ramener dans lebateau. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 660-661. En parlant du supplice de la submersion avecune meule au cou, Notre-Seigneur veut donner une idéede la gravité du péché que commettent ceux qui scandalisent les petit*. — Dans l’Apocalypse, xviii, 21, saintJean dit qu’un ange puissant prit une pierre pareille àune grande meule et la jeta dans la mer en disant: «Ainsi sera précipitée violemment Babylone, la grandeville, et on ne la trouvera plus.» Cette pierre figure lagrande Babylone dont la chute et la ruine seront sansretour. On ne la reverra pas plus qu’on ne revoit unelourde pierre qui a été précipitée de haut dans le fond

de la mer.

H. Lesêtre.

    1. MEURTRE##

MEURTRE, MEURTRIER. Voir Homicide, t. iii, Col. 740.

    1. MEUZEL##

MEUZEL, MŒZEL, Wblfgang, dit MUSCULUS,

théologien protestant, né le 8 septembre 1497 à Dieuzeen Lorraine, mort à Bâle le 30 août 1563. Agé de 15 ans, il entra dans un monastère de bénédictins près de Lixheim et fut ordonné prêtre. La lecture des ouvrages deLuther ébranla sa foi, et ayant été élu prieur, il refusacette charge. Bientôt il se mit à prêcher les nouvellesdoctrines, quitta son monastère, vint habiter Strasbourget s’y maria en 1527. Deux ans plus tard, il y devenaitministre et pouvait se livrer à son goût pour l'étude.En 1531, le sénat d’Augsbourg l’invita à venir danscette ville, et depuis lors il prit part aux diverses assemblées tenues entre les catholiques et les protestants. Ayant refusé en 1548 de souscrire à l’Intérimd’Augsbourg, il dut quitter cette ville. L’année suivantela ville de Berne lui offrait une chaire de théologie.Parmi ses écrits nous mentionnerons: Commentant inD. Joannis Evangelium, in-f°, Bâle, 1545; Commentarii in Matthœum, in-f°, Bâle, 1548; Commentarii inPsaimos, una cum nova venione latina, in-f°, Bâle, 1550; Commentarii in Genesim, in-f», Bâle, 1554; Commentarii in Epistolam ad Romanos, in utramque Epistolam ad Corinthios, in-f°, Bâle, 1555; Commentariiin Esaïam prophetam, in-f», Bâle, 1557; Commentariiin Epistolas ad Galatas, et ad Ephesios, in-f», Bâle, 1559; Commentarii in Epistolas ad Philippenses, Colossenses, Thessalonicensésetinprimamad Timotheum, in-f°, Bâle, 1565. — Voir la Vie de W. Menzel composée par son iils Abraham et publiée dans le recueil: Synopsis festalium concionum, authore D. Wolf. Musculo Drusano, in-12, Bâle, 1595; Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 455, 498, 540, 638, etc.; Dupin, Biblioth.des auteurs séparés de l'Église romaine du xvi «siècle,

t l (1718), p. 399.

B. Heurtebize.

    1. MEXICAINE##

MEXICAINE (VERSION) DE LA BIBLE. Les

Mexicains aborigènes, à l'époque de la conquête espagnole, parlaient de nombreux dialectes. Le plus répanduétait l’aztèque ou mexicain proprement dit. Il est désignépar le simple qualificatif de nahuatl, «clair, sonore.» Il est pauvre «n éléments phonétiques, mais abondant en mots fort longs. Quelques-uns ont de dix àdouze syllabes. Tls ne sont pas cependant usités dans

le langage parlé et paraissent devoir leur origine àla nécessité d’exprimer les idées chrétiennes qu’enseignaient les 'missionnaires. Comme aucun des termesen usage ne pouvait les rendre, on créa de nouvellesexpressions formées par la réunion de plusieurs radicaux significatifs. — De bonne heure on traduisit unepartie des Livres Saints en mexicain. Le dominicain Didacus de Santa-Maria traduisit les Évangiles et lesÊpltres à Mexico (1579) et le Franciscain Louis Rodriguez, les Proverbes. Mais il n’est rien resté de cesversions. En 1829, un agent de la Société biblique appelé Ihomson fit traduire le Nouveau Testament d’accord avec l'évêque de Puebla, mais la traduction desaint Luc fut seule imprimée. — Voir Bible of everyLand, 1860, p. 465; W. Canton, À History of the British and Foreign Bible, t. ii, Londres, 1904, p. 94, 97, 471.

MEY (Jean de), théologien calviniste hollandais, néen 1617, mort le 19 avril 1678. Docteur en médecine eten théologie, il enseigna à Middelbourg cette dernièrescience, en même temps qu’il exerçait les fonctions deministre. On a de cet auteur: Commentaria physica, sive eaypositio locorum Pentateuchi in quibus agiturde rébus naturalibus, in-4°, Middelbourg, 1651; Sacraphysiologia sive exposilio locorum Scripturse in quirbus agitur de rébus naturalibus, in-4°, Middelbourg, 1661; Handboek der Spreuken Salomonis, in-4°, Middelbourg, 1667. Ses œuvres complètes ont été publiées àDelft, in-f», 1704. — Voir Walch, Biblioth. theol., t. iv,

515.

B. Heurtebize.

    1. MEYER Heinrich AugustWilhelm##

MEYER Heinrich AugustWilhelm, théologien luthérien allemand, né à Gotha le 10 janvier 1800, mort à Hanovre le 21 juin 1873. Après une éducation solide reçueau lycée de sa ville natale, il s’adonna à l'étude de lathéologie luthérienne à l’université de Iéna (1818-1820).A partir de 1823, il fut pasteur en plusieurs localités, sanscependant cesser de poursuivre activement ses études.En 1837, il fut nommé «Superintendent» à Hoya et qua-, tre ans plus tard Consistorialrath et pastor primariusde l'église de Neustadt (Hanovre). De 1848 à 1861 il futexaminateur pour la théologie et plus tard Ober-Consistorialrath. Ayant pris sa retraite en 1865, il la consacraau perfectionnement de ses écrits.

Ses œuvres les plus remarquables sont: Das neueTestament, griechisch, nach den besten Hilfsmittelnkritisch revidiert, mit einer neuen deutschen Uebersetzung und einem kritischen und exegetischen Kommentar, 2 inr8°, Gœttingue, 1829. — Son œuvre capitaleest intitulée: Kr’uisch-exegetischer Commentar zumneuen Testament, 16 in-8°, Gœttingue, 1832-59. Les différentes parties de cet important ouvrage ont été publiéesdans l’ordre suivant: Die drei synoptischen Evangelien, 1832; Johannes, 1834; Apostelgeschichte, 1835; RBmerbrieꝟ. 1836; Corinther I, 1839; Corinther II, 1840; Galater, 1841; Epheser, 1843; Pillipp., Coloss., Philemon, 1847. Son œuvre fut conlinuée et. achevéepar ses jeunes collaborateurs et ses amis, parmi lesquelsnous citerons Huther, Lûnemann, Dûsterdieck. Unefois terminée, on édita plusieurs nouvelles éditions del'œuvre complète. En 1898, on en a publié à G-œttinguela 9° édition.

Après la mort de l’auteur plusieurs savants commeWeiss, Wendt, Sieffert, etc., se mirent en devoir derefondre quelques parties séparées du Commentaire, ensuivant plus ou moins la méthode rationaliste, tandisque Meyer se bornait presque exclusivement à l’interprétation grammalico-historique. À ce point de vueson ouvrage mérite des éloges, auxquels n’ont pointdroit ses successeurs rationalistes. — Voir Wagenmanu, dans Allgemeine deutsche Biographie, Leipzig, t. xxi, 1885, p. 580-81; Herzog, Realencyclopedie fur protest.

Theol., 2= éd., t. IX, p. 732-34: Cornely, Introductio inS. Script., 1. 1, p. 728-30; Kurzer Lebensabriss Meyers, dans la 4° éd. de la ix" partie du Kritisch-exeget.Commentar., Gœttingue, 1874, et dans l’avant-propos dela 7e éd. de la 1° partie du même ouvrage.

E. Michels.

MÉZA (hébreu: Mizzdh; Septante: MoCé, dansGen., xxxvi, 15, et dans IPar., i, 37; Alexandrinus: Mo-/é), le dernier des quatre fils de Bahnel qui était undes fils d'Ésaû par Basemath, Gen., xxxvi, 13; I Par., i, 37. Il fut un des chefs Çallûf) iduméens, Gen., xxxvi, 17, mais la région où il habitait et la tribu qu’il gouvernasont inconnues.

    1. MÉZAAB##

MÉZAAB (hébreu: Mê Zâdb, «eaux d’or»; Septante: MatÇoâë; omis dans I Par., i, 50), père de Matredet grand-père maternel de Méétabel (col. 982), laquellefut la femme d’Adar (Adad, I Par., i, 50; voir Adad 2, t. i, col. 165), le huitième et dernier des rois d'Édoménumérés Gen., xxxvi, 39; IPar., i, 50. Les Targumisteset les anciens rabbins ont imaginé que Mézaab, à causede la signification de son nom, était orfèvre ou raffineurd’or. Cf. Qumst. heb. inPar., 1, 50; Patr. Lat., t. xxiii, col. 1367. Plusieurs critiques modernes croient que cepassage de la Genèse est altéré et que Mézaab est unnom de ville ou de pays, peut-être Dizahab. Deut., i, 1.Voir Dizahab, t. ii, col. 1453.

M EZUZA (hébreu: mezûzâh) inscription que les Jui fssuspendaient à leurs portes. La Loi avait ordonné aux Israélitesd’avoir sans cesse à la main et devant les yeuxcertains préceptes et de les écrire sur les poteaux deleurs maisons et surleurs portes. Deut., VI, 8, 9; xi, 20.Dans l’Ancien Testament, il n’est fait mention d’aucunpersonnage qui ait vu dans cette prescription autre chosequ’une invitation pressante à ne jamais oublier la Loi.Après la captivité, quand se développa le pharisaïsme, on se mit à entendre la prescription dans le sens leplus littéral, d’où l’institution des tephillim, voir Phylactères, et de la mezuza. Ce dernier mot se lit plusieursfois dans la Bible, au pluriel, mezûzôt, avec lesens de «poteaux de porte». Exod., xii, 7; xxi, 6; Deut., vi, 9; xi, 20, etc. Sur un morceau de parchemin, on écrivait, en lettres hébraïques carrées, cf. Megilla, i, 8, formant vingt-deux lignes, les deux passages

du Deutéronome, vi, 4-9; xi, 13-21. Sur le revers duparchemin, on traçait le nom de Dieu, iw, Saddai; onroulait le parchemin et on l’enfermait dans un jonc ouune boîte oblongue munis d’une ouverture de manièreà laisser apparent le mot Saddai (fig. 280). On suspendaitensuite le tout au poteau droit des portes de lamaison et des chambres. Les portes des synagogues neportaient point la mezuza; au Temple, on ne la fixait

(^

280. — Mezuza.

D’après Kitto, Cyclopsedia of Biblical Literature,

1876, t. lit, p. 153.

qu'à la porte de Nicanor. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, vin, 13; Berackoth, iii, 3; Schabbath, viii, 3, etc. Parmies sept petit* livres du Talmud de Jérusalem, le secondrai te de la mezuza. Cette pratique, du reste, n'étaitobservée que par les Juifs rigoristes attachés à l’observancelittérale et servile des préceptes. L’Evangile, quiparle des phylactères et des franges, Matth., xxiii, 5, ne fait aucune allusion à la mezuza. Cf. Dassovius, Deritibus Mezuzse, dans le Thésaurus d’Ugolini, t. xxi; Iken, Antiquitates sacrée, Brème, 1741, p. 536; Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 484-485.

H. Lesêtre.

DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE

TOME QUATRIEME

DEUXIÈME PARTIE

MIAMIN — PAVOT ENCYCLOPEDIE

DES

SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES

RÉDIGÉE PAR

LES SAVANTS CATHOLIQUES LES PLUS ÉMINENTS

DE FRANCE ET DE L’ÉTRANGER

1° DICTIONNAIRE DE LA BIBLE

Publié par F. VIGOUROUX, prêtre de Saint-Sulpice

Ancien professeur a l’Institut catholique de Paris, Secrétaire de la Commission biblique

2° DICTIONNAIRE DE THÉOLOGIE CATHOLIQUE

Commencé soug la direction de A. VACANT, prof, au Sém. de Nancy, Continué sous celle de Eug. MANGENOT, professeur à l’Institut catholique de Paris.

3° DICTIONNAIRE D’ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE

ET DE LITURGIE

Publia par le R me dom Fern. CABROL, abbé de Farnborough et dom H. LECLERCQ.

4° DICTIONNAIRE D’HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHII

ECCLÉSIASTIQUES

Publié par Mgr Alfred BADDRILLART, recteur de l’Institut catholique de Paris, Albert VOGT, docteur es lettres, et Urbain ROUZIÈS.

5° DICTIONNAIRE DE DROIT CANONIQUE

(En préparation) DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE

CONTENANT

TOUS LES NOMS DE PERSONNES, DE LIEUX, DE PLANTES, I>' ANIMAUX

MENTIONNÉS DANS LES SAINTES ÉCRITURES

LES QUESTIONS THÉOLOGIQUES, ARCHÉOLOGIQUES, SCIENTIFIQUES, CRITIQUES

RELATIVES À l' ANCIEN ET AU NOUVEAU TESTAMENT

ET DES NOTICES SUR LES COMMENTATEURS ANCIENS ET MODERNES

PUBLIÉ PAR

F. VIGOUROUX

PHETIIE DE S.UNT-SOLPICE

AVEC LE CONCOURS D’UN GRAND NOMRRE DE COLLABORATEURS

DEUXIEME TIRAGE

TOME QUATRIÈME

DEUXIÈME PARTIE

MIAMIN— PAVOT

J» ARIS

LETÛUZEY ET ANÉ, ÉDITEURS

76 bi ', RUE DES SAINTS-PÈRES, 76 bis1912

TOUS DROITS RÉSERVES ImprimaturParisiis, die 6 Januarii 1908.

f Franciscus, Card. RICHARD, Arch. Par. DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE

M

(suite)

M E£UZA (hébreu: mezûzdh), inscription que les Juifssuspendaient à leurs portes. La Loi avait ordonné aux Israélites d’avoir sans cesse à la main et devant les yeuxcertains préceptes et de les écrire sur les poteaux deleurs maisons et sur leurs portes. Deut., vi, 8, 9; XI, 20.Dans l’Ancien Testament, il n’est fait mention d’aucunpersonnage qui ait vu dans cette prescription autre chosequ’une invitation pressante à ne jamais oublier la Loi.Après la captivité, quand se développa le pharisaïsme, on se mit à entendre la prescription dans le sens leplus littéral, d’où l’institution des tephillini, voir Phylactères, et de la mezuza. Ce dernier mot se lit plusieurs fois dans la Bible, au pluriel, mezûzôt, avec lesens de «poteaux de porte». Exod., xii, 7; xxi, 6; Deut., vi, 9; xi, 20, etc. Sur un morceau de parchemin, on écrivait, en lettres hébraïques carrées, cf. Megilla, I, 8, formant vingt-deux lignes, les deux passagesdu Deutéronome, vi, 4-9; xi, 13-21. Sur le revers duparchemin, on traçait le nom de Dieu, nv, saddai; onroulait le parchemin et on l’enfermait dans un jonc ouune boîte oblongue munis d’une ouverture de manièreà laisser apparent le mot saddai (fig. 280). On suspendait ensuite le tout au poteau droit des portes de lamaison et des chambres. Les portes des synagogues neportaient point la mezuza; au Temple, on ne la fixaitqu'à la porte de Nicanor. Cf. Josèphe, Ant. jtid., IV, vin, 13; Berachoth, iii, 3; Schabbath, viii, 3, etc. Parmiles sept petit* livres duTalmud de Jérusalem, le secondtraite de la mezuza. Cette pratique, du reste, n'étaitobservée que par les Juifs rigoristes attachés à l’observance littérale et servile des préceptes. L’Evangile, quiparle des phylactères et des franges, Matth., xxiii, 5, ne fait aucune allusion à la mezuza. Cf. Dassovius, Deritibus Mezuzx, dans le Thésaurus d’Ugolini, t. xxi; Iken, Antiquitates sacrée, Brème, 1741, p. 536; Schûrer, Gesehichte des jûdischen Volkes, Leipzig, 1898, t. ii,

p. 484-485.

H. Lesêtre.

    1. MIAMIN##

MIAMIN (hébreu: Miyâmin, «de la droite» ), nomde plusieurs Israélites dans le texte hébreu. La Vulgatea transcrit le nom de l’un d’entre eux, I Par., xxiv, 9, par Maiman (voir Maïman, col. 579), et elle a écritMiamin un nom que l’hébreu écrit Minydmîn. II Esd., xii, 17 et 40 (41). On regarde Miamin comme une contraction de Minydmîn. Voir Miamin 3. Un Lévite qui vivait du temps d’Ezéchias, II Par., xxxi, 15, et que letexte original appelle aussi Minydmîn, est nommé dans

la Vulgate et dans les Septante Benjamin. Il fut chargéavec quelques autres, sous la direction de Coré (voirCoré 6, t. ii, col. 972), de la distribution des revenussacrés aux autres Lévites.

1. MIAMIN (Septante: Meauév; Sinaiticus: 'Ajj.ctp.Eiv; Alexandrinus: Meouju’ia), un d’entre «les fils» de Pharos qui avait épousé une femme étrangère. Esdrasl’obligea à la renvoyer. I Esd., x, 25.

2. MIAMIN (Septante: Mia|uv), un dés prêtres quisignèrent l’alliance contractée entre Dieu et le peupledu temps de Nèhémie. II Esd., x, 7 (hébreu, 8).

3. MIAMIN (Septante: Mtajufv), un des prêtres quirevinrent de la captivité de Babylone avec Zorobabel.II Esd., xii, 5. Certains commentateurs pensent quec’est le même prêtre qui signa l’alliance du temps deNéhémie. II Esd., x, 7. Si l’identification est fondée, ilaurait atteint un âge très avancé. Plusieurs croientaussi que c’est le Miamin mentionné, II Esd., xii, 17, 40 (hébreu, 41), - et que le texte hébreu appelle Minydmîn dans ces deux passages. Dans II Esd., xii, l7, Pheltiest nommé comme représentant de la famille sacerdotale de Miamin et de Moadia. Comme deux noms sontunis dans cet endroit, quelques critiques soupçonnentque Phelti représentait la seule famille de Moadia et quele nom du représentant de la famille de Miamin esttombé du texte. Ce Miamin peut être celui qui étaitrevenu de la captivité de Babylone et qui serait mortavant cette époque, ou bien il faut l’identifier avec leMiamin que la Vulgate appelle Maiman (col. 579). Dansce cas le Miamin dont parle II Esd., xii, 40, serait unautre personnage du même nom. Il sonna de la trompette à la dédicace des murs de Jérusalem relevés parNéhémie.

    1. MIBAHAR##

MIBAHAR (hébreu: Mibhar, «choix»; Septante: MeêaâX; Alexandrinus: Mocëâp), fils, d’après la Vulgate, d’Agaraï, un des vaillants soldats de David. I Par., xi, 38. Le texte hébreu peut se traduire «fils d’un Agaréen», ou bien «le Gadite», c’est-à-dire de la tribude Gad, en changeant le-i, r, en t, d. Voir Agaraï, 1. 1, col. 263. La correction «le Gadite», facile à expliquerpar la confusion qui s’est établie assez souvent entrele d et le r de l’alphabet hébreu, s’appuie dans le casprésent sur cette circonstance que Mibahar semble

correspondre dans la liste parallèle des gibborîm deDavid à Bonni (hébreu: Bânî), le Gadite.II Reg., xxiii, 35. Trois manuscrits hébreux de Kennicott, les-versionssyriaque et arabe portent «le Gadite». I Par., XI, 38.Le nom de Mibahar peut être aussi altéré, mais lesdiverses tentatives qu’on a faites pour essayer d’enrétablir la forme primitive ne sont pas satisfaisantes.

    1. MICHA##

MICHA, nom, dans la Vulgate, de sept Israélitesdont l’orthographe est plus ou moins différente en hébreu, selon que la forme en est pleine, développée ou contractée.La signification en est: «Qui (est) comme Yàh ouJéhovah.» La Vulgate elle-même a rendu de façonsdiverses les noms hébreux. Voir Michée.

1. MlCHA (Mîkâ’, dans II Reg. (Sam.), ix, 12; Mikâh, dans I Par., viii, 34, etc.; Septante: Mt^â), de la tribude Benjamin, fils de Mîphiboseth ou Méribbaal, petit-filsde Jonathas et arrière-petit-fils de Saiil. II Reg., IX, 12; I Par., viii, 33-34: ix, 39-40. Micha eut plusieurs fils: Philhon, Mélech, tharaa et Ahaz. I Par., viii, 35; lx, 41.

2. MICHA (hébreu: Mîlcydh Septante: Mi^otsaç), père d’Achobor. Achobor ou Abdon (t. i, col. 147) étaitun des principaux de la cour de Josias, roi de Juda.IV Reg., xxil, 12; II Par., xxxiv, 29. C’est peut-être lemême que le Michée, fils de Gamarias, dont parle Jérémie, xxxvi, 11. Voir Michée 3, col. 1063.

3. MICHA (hébreu: Mikâh; Septante: Mr/ô), dela tribu de Ruben, fils de Séméi et père de, Réia.

I Par., v, 5.

4. MICHA (hébreu: Mikà’; Septante: Mi^â), lévitede la branche de Gerson, descendant d’Asaph, fils de71chri ou Zébédée et père de Mathanias. I Par., IX, 15; il Esd., xi, 17, 22. Voir Mathanias 2, col. 863.

5. MICHA (hébreu: Mikâh; Septante.: Mt-xi), lévite, fils d’Oziel, de la branche de Caath, frère de Jésia etpère de Samir. I Par., xxiii, 20; xxiv, 24-25. Il fut undes chefs des lévites du temps de David.

6. MICHA (hébreu: Mîkâ’: Septante: Mi^i), lévitecontemporain de Néhémie. Il fut un des signataires del’alliance contractée entre Dieu et son peuple. II Esd., x,

II (hébreu, 12).

7. MICHA (Septante: Mt^i), de la tribu de Siméon, père d’Ozias. Ozias était un des princes de Béthulie, lorsdu siège de la ville par Holoferne. Judith, vi, 11.

    1. MICHAEL##

MICHAEL (hébreu: Mîkâ’êl, «qui (est) commeDieu?» Septante: Mt^a^X), nom d’un archange et deneuf ou dix Israélites. Ce nom avait été déjà porté parun Israélite du temps de Moïse; les autres Michaël ontvécu entre l’exode et le retour de la captivité de Babylone.

1. MICHAEL, père de Sthur, de la tribu d’Aser. Sthurfut l’explorateur de la tribu d’Aser envoyé par Moïse dudésert de Pharan dans la Terre Promise pour la visiteret en rendre compte ensuite au peuple. Num., xiii, 14(hébreu, 13).

2 et 3. MICHAEL, chef d’une famille de la tribu deGad, qui résidait dans le pays de Basan. I Par., v, 13.C’est peut-être le même qui est mentionné dans le versetsuivant comme fils de Jésési et père de Galaad.I Par., v, 14 Un certain nombre de commentateurs lesdistinguent cependant l’un de l’autre.

4. MICHAEL, lévite, fils de Basaïaset père de Samaa, un des ancêtres du musicien Aseph. I Par., vi, 40.

5. MICHAEL, de la tribu d’Issachar, fils d’Izrahia, frère aîné d’Obadia, de Joël et de Jésia, un des chefs defamille de sa tribu. I Par., vii, â. Il e^st peut-être lemême que le père d’Amri. Voir MiChæl 8.

6. MICHAEL, de la tribu de Benjamin, fils de Baria, un des chefs de famille de sa tribu. I Par., viii, 16.

7. MICHAEL, de la tribu de Manassé, un des chefs destroupes de sa tribu, qui alla rejoindre avec plusieursautres David à Siceleg. I Par., su, 20.

8. MICHAEL, père d’Amri, du temps de David le chefde la tribu d’Issachar. I Par., xxvii, 18. Voir Michæl 5.

9. MICHAEL, un des fils du roi Josaphat. Son pèrelaissa la Couronne à son fils aîné Joram, mais il donnade grandes richesses à ses autres enfants et Joram lesfit tous périr quand il se fut affermi sur le trône.H Par., xxi, 2-4.

10. MICHAEL, père de Zébédia et fils ou descendantde Saphatias. Zébedia revint en Palestine en même tempsqu’Esdras, a^ant avec lui quatre-vingts hommes. I Esd., vm, 8.

11. MICHAEL, archange. Voir Michel.

1. MICHAELIS Christian Benedict, orientaliste protestant, né à Élrich le 26 janvier 1680, mort à Hallele 23 janvier 1764. Il fut successivement dans cette dernièreville professeur de philosophie, de théologie et delangues orientales. De ses divers écrits nous mentionnerons: Vberiores annotaliones phïlùlogics?, exegeliess inhagiographos Veteris Testamenti libros, 3 in-4o, Halle, 1720: une partie des notes sont de son frère Jean-Henri

Michæiis.

B. Heurtebize.

2. MICHAELIS Jean, théologien protestant suédois, néà Slralsund le 27 janvier 1812, mort à Greifswaldete Il mars 1674. Il étudia à Kcpnigsberçr, à Rostock et à.Leyde etdevint à Greifswalde professeur d’éloquence, puisde théologie. Il exerçait en même temps les fonctions, deministre en cette, ville. On a de lui, outre un lexiquehébreu: Notée exegetico-critiese in Novum Testamentumprsscipue quoad hellenistica, in-4o, Rostock, 1706, publié par son fils Pierre Michæiis. — Voir Walch, Biblioth.

theologica, t. iv, p. 600.

B. Heurtebize.

3. MICHAELIS Jean David, théologien allemand protestant, né à Halte te 27 février 1717, mort à Goettinguele 22 août 1791. Il suivit les cours de l’université deHalle et en 1740 fit un voyage en Angleterre pendantlequel il se créa des relations avec les savants de Londreset d’Oxford. De retour à Halle, il reprit ses études surles Livres Saints et les langues orientales: En 1746, il futnommé professeur de philosophie à l’université de Gœttinguedont il fut bibliothécaire de 1761 à 1763.On lui doit une traduction allemande de la Bible. L’AncienTestament fut publié à Gotha de 1769 à 1783 en13 in-4o; le Nouveau Testament de 1788 à 1792 en2 in-4o. Parmi ses autres écrits nous mentionnerons: Tractatio critica de variis lectionibus Novi Testamenticaute colligendis et dijudicandis, in-4o, Halle, 1749; Paraphrasen imd Anmerkungen ûber die BriefePauli, in-4o, Brème, 1750: il s’occupe des Épîtres auxGalates, aux Éphésieris, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens, à Timothëe, à Tite et à Philémon; Curse in versionem syriæam Actuum Aposlolorum, in-4°, Goettingue, 1755; Ueber die <irei wichtigsten Psalmenvon Christo xvi, xl und ex, n-8°, Gœttingue, 1759jErklàrung des Briefes an die Éebfâer, 2 in-4°, Francfort, 1762; Epistolie de lxx hebdonwvibus DanielU,

in-8°, Londres, 1773; Einleitung indiegôtllichen Schriftendes Neuen Bmdes, in-i», 1750; 2 in-4°, 1787-1788; Einleitung in die Qôttlichen Schriften des alten Bundes, in-4°, Hambourg, 1787: ouvrage incomplet; Observationesphilologicse et criticæ in Jereniise Vaticinia etThrenos, in-4°, Gœttingue, 1793. On lui doit encore Orientalischeund exegetische Bibliothek qui parut à Francfort, in-8°, de 1771 à 1789, et Neue oi-ienlaliscke undexegetische Bibliothek publié à Gœttingue, in-8°, de 1786à 1793. Les derniers fascicules sont de Tychsen. — VoirI. D. Michælis Lebenschreibung von ihm selbst abgefasst, in-8°, Leipzig, 1793; C. G. Heyne, ElogiumJ. D. Michælis, in-4°, Gœttingue, 1791.

B. Heurtebize.

4. MICHAELIS Jean Henri, orientaliste allemand protestant, né Klettemberg en Saxe le 15 juillet 1667, mortà Halle, le 10 mars J738. Après avoir suivi les cours del’université de Leipzig, il devint professeur au collègethéologique de Halle, et en 1699 il fut choisi pour enseignerle grec et l’hébreu à l’université de cette ville. Parmises écrits nous remarquerons: Dissertatio de Paradiso, in-4°, Halle, 1695; Dissertatio de Angelo, Job, xxxui, 23, in-4°, Halle, 1701; Nova versio latina PsalteriiMthiopici cum notis philologicis, in-8°, Halle, 1701; Depeculiaribus Ebrseorwm loquendi modis, in-4°, Halle, 1702; De codicibus manuscriptis biblico-hebraicismaxime Erfhurtensibus, in-4°, Halle, 1706; Dissertationesde textu Novi Testamenti grœco, in-4°, Halle, 1707; De usu lxX interpretum in Novum Testamentum, in-8°, Halle, 1709; De Isaïa propheta ejusque vaticinio, in-4°, Halle, 1712; De libro Coheleth, seu EcclesiastesSalomonis, in-8°, Halle, 1717: De Cantico CanticorumSalomonis, in-8°, Halle, 1717; Notx in Jobum, in-4°, Halle, 1720; Adnotationes in Psalmos, in-4°, Halle, 1720; Introductio historico-theologica in S. Jacobi Epistolamcatholicam, in-4°, Halle, 1722. On lui doit en outre uneédition de la Bible hébraïque: Biblia hebraica, 2 in-4°, Halle, 1720. Il collabora au travail de son frère Chrétien-BenoitMichælis: Uberiores annotaliones philologicseexegeticee in hagiographos Veteris Testamenti libros, 31n-4 «, Halle, 17-20. — Voir Walch, Biblioth. theologica*t. nr, p. 86, 90, 100; t. iv, p. 202, 479, 484, etc.

B. Heurtebize.

    1. MICHAIA##

MICHAIA (hébreu: Mîkâyàhû, «qui (est) commeJéhovah?» Septante: Mcta^i), fille d’Uriel de Gabaa; elle fut une des femmes de Boboatn et la mère d’Abia, roi de Juda. Michaïa est probablement une altérationdu nom deMaacha. Voir Maacha4, col. 465-466. —Dansle texte hébreu, plusieurs Israélites portent le nom deMîkâyàhû ou Mîkdydh; la Vulgate les a appelés Michteas.Voir Michée.

    1. MICHAS##

MICHAS (hébreu: Mîkdyehû et Mîkdh; Septante: Mf/aion; Alexandrinus: Mi^i), Éphraïmite qui vivaitdans la montagne d’Éphraïm avant l’établissem*nt de laroyauté en Israël. Son histoire est racontée dans le premierappendice du livre des Juges, xvii-xviii. Il s’étaitemparé de onze cents sicles d’argent que sa mère avaitramassés. Effrayé des imprécations de sa mère contrele voleur, il les lui restitua, et celle-ci remit deux centssicles à un orfèvre ou fondeur, afin qu’il en fit unepésél (idole taillée, sculptée) et une massêkâh (idole ouobjet en fonte). Jud., xvii, 3. La différence entre lesr deuxmots pésél et massêkâh n’est pas facile à déterminer. LeCodex Vaticanus les traduit par fXu7tT15v et xuveutôv; l’Alescandrinus omet le second mot; Vulgate: Sculptileatque confatile. Keil, Josua, Richter und Ruth, 1863, p. 328, suppose que le premier mot désigne l’idole sculptéeet le second, la base en fonte sur laquelle elle étaitplacée. Fr. von Hummelauer, Comment, in Jud., 1888, p. 298, pense que pésél est une idole en bois qui futrecouverte de lamelles-d’argent ou d’or, et c’est cetteenveloppe métallique qui est appelée massêkâh. D’autres commentateurs croient que Michas fit fabrique! *deux idoles, l’une sculptée, l’autre fondue. Voir Idole, ii, 17° et 21°, t. iii, col. 820, 821. Quoi qu’il en soit, on ne peut douter que Michas n’ait voulu faire exécuterune image de Jéhovah. Son nom même, dontle sens est: «Qui est comme Jéhovah?» montre quesa famille adorait Jéhovah, mais de plus, le texte metformellement dans la bouche de la mère ces paroles; «Que mon fils soit béni de Jéhovah!» et: «Je consacrede ma main cet argent à Jéhovah pour mon fils, afind’en faire un pésél et une massêhâk.» Jud-, xvii, 2-3.L’idolâtrie de Michas consista donc à adorer, non pasun faux dieu, mais le vrai Dieu lui-même sous laforme d’une image (idolum), contrairement à la loimosaïque qui proscrivait toute représentation sensible.Exod., xx, 4; Deut., IV, 15-19. Michas peut sembler cependantavoir agi avec une certaine bonne foi, soit qu’ilignorât la prescription de Moïse, soit qu’il l’interprétâtmal, car il dit, Jud., xvii, 13, après avoir attachéun lévite à son culte domestique: «Je sais maintenantque Jéhovah me fera du bien, puisque j’ai ce lévite poufprêtre.» Ces paroles montrent qu’il connaissait la loid’après laquelle la tribu de Lévi seule était consacréeau service de Jéhovah, mais aussi que, ou bien il la connaissaitimparfaitement, puisqu’il confiait à un simplelévite les fonctions sacerdotales, qui étaient réservéesexclusivement aux descendants d’Aaron, ou bien qu’iln’en observait que ce qui lui plaisait.. Il avait, en effet, violé cette prescription auparavant, en faisant prêtre unde ses fils. Il avait, de plu3, violé d’autres points de laloi, en établissant «une maison de Dieu» dans sa demeure, et en faisant un éphod (t. ii, col. 1865) et des theraphim, ’espèces d’idoles domestiques. Voir Idole, ii, 30°, t. iii, col. 822, et Theraphim. Il fut puni de toutesces infidélités: pésél, massêkâh, éphod, theraphim, et le lévite lui-même lui furent enlevés de force par lesDanites, qui établirent à Dan (Laïs) un sanctuaire desservide la même façon. — Pour l’histoire du lévite, qui s’appelaitJonathan, voir Jonathan 1, t. iii, col. 1614, et pourl’épisode des Danites, voir Dan 3, t. ii, col. 1245-1246.

F. VlGOUROUX.

    1. MICHÉA##

MICHÉA (hébreu: Mikâyâh; Septante: Mtxaictç; omis dans plusieurs manuscrits grecs), prêtre qui vivaitdu temps de Néhémie. Il sonna de la trompette lors de ladédicace des murs de Jérusalem restaurés. II Esd., xii, 40 (hébreu, 41).

    1. MICHÉE##

MICHÉE (Vulgate: Michxas), nom, dans notre versionlatine, de deux prophètes et de deux personnagesde la cour des rois de Juda. Voir Micha, col. 1059, pourla forme hébraïque de ce nom.

1. MICHÉE (hébreu: Mikdyehil(Mtkâh, IIPar., xviir, 14); Septante: Mtxataç), fils de Jemla, prophète de Samarie.Après trois ans de paix entre Acliab d’Israël etBénadad de Damas, le roi d’Israël voulut reprendre surle roi de Syrie Ramoth de Galaad et il proposa à Josaphat, roi de Juda, dont le fils Joram avait épousé la filled’Achab, Athalie, de prendre part avec lui à cette campagne.Josaphat se montra disposé à le faire, mais luidemanda de consulter préalablement Jéhovah. Achabrassembla donc ses quatre cents prophètes, qui lui promirentla victoire. Le roi de Juda, se défiant de leurprédiction, requit un prophète de Jéhovah. Achab sedécida alors à appeler Michée, quoiqu’il l’eût pris enhaine, dit-il, parce qu’il lui annonçait toujours desmaux et jamais du bien. III Reg., xxii, 1-8. Josèphe, qui ajoute au récit biblique plusieurs détails, dont lesuns sont vraisemblables et les autres ne paraissent pasdignes de foi, dit que Michée était le prophète innomméqui avait prédit au fils d’un prophète qu’il serait dévorépar un lion, parce qu’il avait refusé de le frappera latête selon l’ordre de Jéhovah. Un autre l’ayant frappé, 1063’MICHÉE - MICHÉE (LE LIVRE DE)

1064

il se présenta blessé à Achab, lui reprocha d’avoir laissééchapper Bénadad de ses mains, et lui annonça que Dieule châtierait de cette faute. III Reg., xxii, 3543. De là, d’après Josèphe, Ant. jud., VIII, xiv, 5, la haine du roipour Michée. Quoi qu’il en soit, le fils de Jemla annonçad’abord ironiquement la victoire à Achab, comme le faisaientSédécias, fils de Chanaana, etles autres faux prophètesd’Israël, mais aussitôt après, il lui prédit le sortfuneste qui lui était réservé à Ramoth Galaad. Sédéciasayant frappé à la joue Michée, qui lui avait reproché, ainsi qu’à ses collègues, de tromper le roi par des mensonges, apprit de lui comme son maître le châtiment quiallait fondre sur lui. Achab, irrité, fit jeter le prophèteen prison pour le punir à son retour, mais il périt surle champ de bataille, selon la prédiction divine.III Reg., xxii, 9-37; II Par., xviii, 3-34. Voir Achab 1, t. i, col. 123-124. — Il n’est plus question de Michée dansl’Écriture, mais, quoiqu’il n’apparaisse qu’en passant, son rôle n’en est pas moins très remarquable. Nousvoyons par cet épisode, comme plus tard par l’histoirede Jérémie, et par plusieurs autres faits, que les fauxprophètes étaient nombreux à cette époque et que lesprophètes véritables avaient à lutter contre eux et souventà en souffrir. Michée attribue leurs fausses prédictionsà l’esprit de mensonge. Il dit à Achab: «J’ai vu Jéhovahassis sur son trône et toute l’armée du ciel se tenaitdevant lui, à sa droite et à sa gauche. Et Jéhovah dit: Qui trompera Aehab pour qu’il monte et tombe àRamoth Galaad? Et l’un répondit d’une manière etl’autre d’une autre. Alors un esprit vint se présenterdevant Jéhovah et lui dit: Moi, je le tromperai. Et Jéhovahlui demanda: Comment? Et il répondit: J’irai etje serai un esprit de mensonge dans la bouche de tousses prophètes. Jéhovah lui dit: Tu le tromperas et tul’emporteras; va et fais ainsi. Maintenant donc Jéhovaha mis un esprit de mensonge dans la bouche de toustes prophètes; Jéhovah a prononcé du mal contre toi.» III Reg., xxii, 19-23. Dieu avait donc permis à l’esprit demensonge de tromper Achab, afin qu’il trouvât, dans sacrédulité même, le châtiment de son impiété. Cette scènerappelle celle par laquelle débule le livre de Job, i, 6-12; ii, 1-6. Cf. aussi Zach., iii, 1-5; Ps. lxxxviii (lxxxix), 8-9; Is., vi, 1-4; Dan., x, 4-21. Ces grandes images préparaientcelles que nous lisons dans plusieurs des prophètespostérieurs à Michée. Elles nous présentent Dieusous des symboles dont nous ne trouvons pas de tracedans le Pentateuque. La distinction des esprits bons etmauvais s’y dessine de plus en plus manifestement. Nousy voyons enfin que, si l’homme se perd, c’est par sa faute, et parce qu’il résiste à Dieu, lequel permet le mal, maisnous donne les moyens de l’éviter. F. Yigouroux.

2. MICHÉE (hébreu: Mîkâyâhû; Septante: Mc/afa; ), un des chefs du peuple qui vivait du temps de Josaphatet que ce roi envoya dans les villes de Juda, la troisièmeannée de son règne, avec plusieurs autres grands officierset avec des prêtres et des lévites pour instruire sessujets de la loi de Dieu. II Par., xvii, 7.

3. MICHÉE (hébreu: Mîkdyehù; Septante: Mtxataç), fils de Gamarias et petit-fils de Saphan, contemporainde Jérémie. La cinquième année du règne de Joakim, 604 avantJ.-C, au neuvième mois (novembre-décembre), Baruch lut les prophéties de Jérémie dans le Temple, dans la chambre de Gamarias. Le fils de ce dernier étaitprésent. Ayant entendu la lecture, il alla raconter au palaisdu roi, aux principaux de la cour, ce qui s’était passé.Ils firent appeler Baruch, et quand ils eurent pris connaissancedes prophéties, ils recommandèrent à Baruchd’aller se cacher avec Jérémie; ils remirent ensuite lesoracles qui venaient de leur être communiqués à Élisamale scribeJoakim prévenu, se les fit lire par Élisama et, après en avoir entendu trojsôu quatre pages, il s’empara

du rouleau, le coupa avec un canif et le jeta dans unbrasier plein de charbons ardents qui était devant lui, malgré Gamarias et quelques autres. Il voulut aussi fairesaisir Baruch et Jérémie, mais on ne les trouva point.Jer., xxxvi, 9-26.

4. MICHÉE (hébreu: Mîkàh ou Mikayâh; Septante: Miyat’oç M ou Mec^afa; , Mixaiac; Vulgate: Michxas), le sixième des petit* prophètes. Son nom hébreu, qui estune abréviation de Mîkâyhû, Jud., xvil, 2, 4, signifie: «qui est comme Dieu?» Saint Jérôme, In Mich., t. xxv, col. 115, s’appuyant sans doute sur le mot hébreu mâkakou mùk, Lev., xxv, 25, 35; Ps. cvi, 43, l’interprète: «humilité.» Michée était originaire de Morasthî, Mich., i, 1; Jer., xxvi, 18, village situé au sud-est deJérusalem, dans les environs de Geth. C’est pour celaque les Septante et la Vulgate l’appellent, Mich., i, 1, le «Morasthite»: tôv toO Ma>paa6eî; Morasthites. Ilest différent d’un autre prophète du même nom, fils deJemla, qui vivait un siècle auparavant. III Reg., xxii, 8, 25, 26, 28. Voir Michée 1. Michée a dû vivre assez longtempsdans son pays natal’, car il en connaît bien les localités.Mich., i, 10-15. Il prophétisa à Jérusalem sousles règnes de Joatham, d’Achaz et d’Ézéchias, Mich, , i, 1, et fut par conséquent contemporain d’Isaïe. Le livreattribué à saint Épiphane, De vitis proph., 13, t. xliii, col. 407, a conservé les traditions suivantes concernantla vie de Michée. Il dit que ce prophète issu de la tribud’Éphraïm, fit beaucoup de choses contre Achab, roi deJuda, et qu’il fut mis à mort par son fils Joram, parcequ’il l’avait repris de son impiété et de ses crimes. Aprèssa mort, il fut enseveli dans un tombeau près du monumentd’Énacim. L’auteur du De vitis a confondu sansdoute le petit prophète, qui ne fut contemporain nid’Achab ni de Joram, avec Michée 1. La même erreurse retrouve dans le Chronicon paschale, Patr. gr., t. xcii, col. 365. D’après Sozomène, H. E., vii, 29, t. lxvii, col. 1505-1508, le corps de Michée fut trouvé à la fin durègne de l’empereur Théodosë à dix milles d’Éleuthéropolisen Palestine. V. Ermoni.

5. MICHÉE (li. livre de). — î. Division et analyse.

— Quelques auteurs, comme Driver, lnlrod., 7e édit., 1898, p. 326, divisent la prophétie de Michée en deux parties: i-v, vi-vii. Mais la division la plus naturelle est celleen trois parties, correspondant à trois discours, dontchacun commence par: «Écoutez,» i-ii, m-v, vi-vn. —1° La première partie, i-ii, contient des menacés et annoncedes châtiments: les péchés d’Israël seront punis, i, 2-5; Samarie sera dévastée, jt. 6-8; Juda sera ravagé etses habitants seront transportés en captivité, ꝟ. 9-16; lesvices des grands et des opulents sont la cause de tousces maux, ii, 1-11; le prophète promet aux bons le retourde la captivité et des temps meilleurs, J. 12-13. —2° Dans la deuxième partie, m-v, le prophète commencepar s’élever contre les iniquités des princes et des magistrats, m, 1-4; il fait ensuite des menaces contre lesfaux prophètes qui trompent le peuple, ꝟ. 5-8; il annoncela ruine de Sion etdu Temple àcausede leurs iniquités, ꝟ. 9-12; il prédit un âge de prospérité, iv, i~5; les Hébreuxdéportés reviendront dans leur patrie, $. 6-10; ilsseront puissants et subjugueront leurs ennemis,; fr. 11-13; il annonce la naissance du Sauveur, v, 2-3 (cf. Matth., ii, 6; Joa., vii, 42); les Juifs seront forts contre leurs ennemis, jf.4-8; l’idolâtrie sera abolie, ꝟ. 9-13, et les peuplesidolâtres seront châtiés, ꝟ. 14. — 3° Le troisième discours, vi-vii, est nn simple dialogue entre Dieu et sonpeuple; annoncedela discussion, vi, 1-2; Dieu rappelleles bienfaits dont il a comblé Israël, il- 3-5; le prophètemontre comment on peut apaiser la colère de Dieu, % 6-8; il prédit de terribles châtiments, si le peuplecontinue de vivre dans le dérèglement, ꝟ. 9-16; il implorenéanmoins le pardon de Dieu pour les coupa

blés, vii, 1-14; Dieu se laisse toucher et promette retourd’Israël, et une gloire bien plus grande que celle desautres peuples, ꝟ. 15-17; enfin il termine en louant labonté et 1^ miséricorde de Dieu, ꝟ. 18-20. — Sous lerapport des événements ou de l’objet des prophéties, Michée prédit: l’invasion de Salmanasar, i, 6-8 (cf.IV Reg., xvii, 4-6); celle de Sennachérib, i, 9-16 (cf.IV Reg., xviii, 13); la destruction de Jérusalem, iii, 12; vu, 13; la captivité de Babylone, iv, 10, et le retour, iv, 1-8; vii, 11; l’établissem*nt du royaume messianique, iv, 8, et la gloire de Bethléhem, v, 2.

II. Authenticité. — L’authenticité de la prophétiede Michée en général n’a jamais été niée ni contestée; deux preuves surtout l’établissent: 1° la citation qu’enfait Jérémie, xxvi, 18; 2° les rapports qui existent entreMichée et Isale, son contemporain. En voici quelquesexemples: Mich., ii, 11, et Is., xxviii, 7; Mich., m r 5-7, et Is., xxtx, 9-12; Mich., iii, 12, et Is., xxxii, 13-14; Mich., iv, 1-5, et Is., ii, 2-5; Mich., v, 2-4, et Is., vii, 14; vin, 9-15.

III. Intégrité. — La critique, par une minutieusedissection du texte, a plutôt dirigé ses attaques contrel’intégrité. Tous les chapitres ont été soumis à l’examenle plus rigoureux. Pour procéder avec ordre, nous diviseronscette matière en trois points.

I. chapitres i-ni. — La prophétie de la fin de lacaptivité de Juda, ii, 12-13, a été attribuée par Stade etKuenen à un auteur contemporain de l’exil, et par Wellhausenà un auteur postexilien; la raison, c’est que, d’après eux, ce passage ne s’enchaîne nullement à ii, 11.

— Mais, comme le fait remarquer Driver, Introd., p. 328, cette hypothèse ne repose sur aucun fondement solide.L’idée de dévastation ou d’exil se trouve déjà énoncéedans i, 16k; ii, 4, 5, et reviendra dans iii, 12; de plus ii, 12-13 a son parallélisme dans IV, 6-7; enfin la préservationd’un petit «reste» avait déjà été annoncée bienavant par Amos, ix, 8-9; cf. aussi Ose., xi, 11. Ce qu’onpeut dire c’est que ii, 12-13 n’est peut-être pas à saplace naturelle.

il. cBAPirnss iv-v. — Wellhausen regarde ces deuxchapitres qui traitent de la gloire du Messie et du Messielui-même, comme un appendice ajouté à iii, 12 par unemain postérieure; il pense cependant qu’ils contiennentdes paroles de Michée, comme v, 10-14, et probablementiv, 9-10, excepté dans le ꝟ. 10, ce qu’on appelle «laclause babylonienne», c’est-à-dire les mots «et tuviendras jusqu’à Babylone». Cheyne paraît être dumême avis. — Le rejet en bloc de ces deux chapitres n’estpas possible, car la critique interne remarque que lestyle est le même que celui du reste de la prophétie.

— C’est pourquoi d’autres critiques ont été plus modérés: Stade, dans la Zeitschrift fiir die Alttest. Wissenschaft^SSi, p. 165; 1883, p. 1; 1884, p. 291, regarde.’iv, 1-3, 11-13; v, 1-4, 7-15, comme des additions postexiliennes, destinées à atténuer, par une perspective d’espérance, le sombre tableau de iii, 12; ces passages auraient cependantété regardés comme l’œuvre de Michée lui-même, et dans cette persuasion, une main plus récente yaurait ajouté iv, 5-10; v, 5-6. Kuenen, a critiqué cetteopinion, s’appuyant sur cette raison que la perspectivehistorique n’est pas la même dans les deux chapitres; il croit toutefois que certaines parties supposent encorel’existence de la monarchie; conséquemment il n’assigneà un auteur exilien ou postexilien que iv, 6-8 (supposantl’exil de Babylone), 10 (la clause babylonienne), 11-13(qui supposerait la période assyrienne et rappellerait ladéfaite des ennemis imaginaires d’Ézéchiel, xxviii-xxix, et de Zach., xii, 14), et peut-être l’allusion aux Astarthês(Vulgate: luci, «bois sacrés» ), v, 13-14. — W. R.Smith et Nowack, dans la Zeitschrift fur die Alttest.Wissenschaft, 1884, p. 285, regardent iv, 11-13, commeune addition postérieure. Driver, Introd., p. 330, touten reconnaissant que les raisons de ces deux critiques

ne manquent pas d’une certaine force, remarque cependantqu’elles ne sont pas décisives; car les prophètes, dans leurs descriptions de l’avenir, ne sont pastoujours cohérents avec eux-mêmes (cf. par exemple, Is., iii, 25-26 et xxix, 5-8). De plus iv, 11-13, peut nepas être de la même époque que iii, 12 et iv, 9-10, etpar conséquent refléter une nouvelle phase des conceptionsde Michée. Toutefois, le même auteur regardecomme une glose marginale la «clause babylonienne», iv, 10, parce qu’elle serait incompatible avec la victoirepromise aux Juifs, iv, 11-13, et le ton général de v, 2-6.Toutes ces objections ne reposent au fond, comme on levoit, que sur la négation à priori de l’inspiration prophétique.

i/l. chapitres vi-vn. — Ces deux chapitres, qui contiennentun dialogue entre Dieu et son peuple, ont étéintégralement attribués par Ewald à un prophète écrivantau temps de Manassé. Ce critique s’appuie surles différences qu’on remarqne entre i-v et vi-vii: 1° Dans i-v, Michée ne s’élève que contre les chefs dela nation, tandis que les chapitres vi-vii, englobentdans leurs récriminations le peuple tout entier; 2° dansVI, 16, les mots: «Les ordres d’Amri et toute œuvre dela maison d’Achab,» se rapportent directement autemps de Manassé; 3° les différences de style sont sensibles: vi-vii est dramatique dans ses peintures; laprophétie se déroule entre interlocuteurs, ce quiestétranger aux prophètes; le ton élégiaque se rapprochede Jérémie. Wellhausen, Einleitung de Bleek, 4e édit., p. 425, admet les conclusions d’Ewald, sauf pour vii, 7-20, qu’il regarde comme une addition postexilienne; Giesebrecht, Beitràge, 1890, p. 216, qui se range à cetteopinion, s’appuie sur deux raisons: 1° l’état décrit dansvu, 7-20, est tout à fait différent de celui qui est décritdans vii, 1-6; 2° vii, 7-20 aune grande ressemblance avecIs., XL-LXvl. Mais, remarque Driver, Introd., p. 334.ces deux arguments ne sont pas démonstratifs: le contrasteentre vii, 7-20, et vii, 1-6, est réel et suppose unIntervalle d’au moins un siècle entre les deux situations; mais le prophète décrit deux situations différentes, et d’autre part Je temps n’est rien dans la représentationprophétique; quant à la ressemblance avecIs., xl-lxvi, elle est aussi sensible, comme le montrale tableau suivant: Mich., vii, 8 b, 9 b, et Is., xlii, 16; lxii, V>; Mich., vii, 9 a, et Is., xlii, 24, 25; lxiv, 5t-Mich., vii, 10, et Is., xlix, 25, 26; li, 23; Mich., vii, 11, et Is., lviii, 12; Mich., vii, 12, et Is., xliii, 5-16; xux, 12; Mich., vii, 14, et Is., lxiii, 17 b; lxiv, 9; lxv, 9, 10(cf. Jer., l, 19); Mich., vii, 15, et Is., xli, 18; xliii, 1617; xlvhi, 21; Mich., vii, 16-17, et Is., xlv, 14; liv, 15; Mich., vii, 18-20, et Is., xliii, 25; xliv, 22; liv, 8-9; lv, 7 b; toutefois Mich., vii, 7-20, ne contient aucune de cesclaires allusions à l’exil, comme on en trouve dansIs., xl-lxvi. Il faut ajouter que la mention de l’Assyrieplutôt que de Babylone dans Mich., vii, 12, et l’emploi, vu, 15, du mot -.Misrâîm, pour désigner l’Egypte, qu’onne trouve que dans Is., xix, 6; xxxvii, 2 (cf. IV Reg., xix, 24), sont en faveur de l’authenticité des chapitres vi-vm.

IV. CaNonicité. — La canonicité de la prophétie deMichée n’a jamais été contestée; elle a toujours faitpartie du Canon juif ou chrétien. Voir Canon, t. ii, col. 138-167. Les Pères ont cité Michée comme Écriturecanonique. Cf. Kilber, Analysis biblica, édit. Tailhan, in-8°, Paris, 1856, t. i, p. 499^500.

V. Texte, style et langue. — Le texte original estl’hébreu. La prophétie de Michée se trouve dans toutesles versions. Elle se distingue par l’élévation des penséeset la beauté des expressions. Ce qui caractérise le stylede Michée, ce sont des jeux de mots, ce qui est d’ailleurscommun à tous les écrivains orientaux, Mich., i, 10-15; vi, 11; des images et des comparaisons pittoresques, Mich., i, 16; H, 12-13; iv, 9-10; des transitions brusques.Mich., iii, 12-iv, l; iv, 9-11; vii, ll-12. La prophétie, iv, 1-3,

se compose, d’après Bickell, Carmina Vet. Test, metrice, p. 211, de 18 vers heptasyllabiques. Michée a beaucoupde rapports avec Isaïe. Cf. Trochon, Les petit*prophètes, in-8°, Paris, 1883, p. 250. On remarque aussides différences, qui tiennent à l’origine et au caractèredes deux prophètes: Isaïe écrit comme un hommeappartenante la société cultivée; Michée au contraireparle comme un homme du peuple; il se montre sympathiqueaux paysans dans leurs souffrances; il attaqueplus directement qu’Isaïe les injustices dont ils étaientvictimes de la part de leurs chefs. Mich., iii, 3-4. Isaïeparait plus préoccupé des mouvements politiques deson temps, et Michée plus préoccupé d’idées religieuseset morales. Cf. Driver, Introd., p. 326.

VI. Prophétie messianique. — Mich., v, 2-5, est uneprophétie littéralement messianique; voir la traductiond’après l’hébreu dans Vigouroux, Manuel bibl., t. ii, p. 817. 1° Le Nouveau Testament l’a entendue dans cesens. Cf. Matth., ii, 6; Joa., vii, 42. 2° La tradition en adonné la même interprétation. 3° Les caractères décritsdans la prophétie ne peuvent convenir qu’au Messie’Cf. Knabenbauer, In Proph. minores, in-8°, Paris, 1886, 1. 1, p. 440-445. — La citation de la prophétie, dans saintMatthieu, ir, 6, diffère du texte original: Et tu BethlehemEphrata, parvulus es in millibus Juda, dit Michée, v, 2.

— Et tu Bethlehem terra Juda, nequaquam minima esin principibus Juda, dit Matth., ii, 6. On a donnéplusieurs explications de cette variante textuelle. Lesuns ont regardé comme possible que saint Matthieu aitsuivi une explication répandue parmi les Juifs de sontemps, suivant laquelle on ne voulait pas, pour l’honneurde la maison de David, reconnaître le peu d’importancede Bethlehem; cette opinion n’est pas probable, car elle donne au passage, contrairement au texte, unetournure interrogative: «Et toi Bethlehem, terre deJuda, serais-tu trop petite?» D’autres pensent que Michéeet saint Matthieu se sont placés à deux points devue différents: le premier parlerait de la grandeur matériellede Bethlehem, et le second de sa grandeur morale.Saint Jérôme, In Mich., ii, 5, t. xxv, col. 1197, croit que saint Matthieu a reproduit, en historien fidèle, les paroles de Michée, telles que les scribes les avaientprononcées. L’opinion la plus probable, c’est que saintMatthieu s’est contenté de rapporter le sens de la prophétiesans s’attacher aux termes mêmes. Quoi qu’il ensoit, la signification messianique de la prophétie n’estnullement altérée.

"VII. Bibliographie. — La plupart des commentateurssont ceux qui ont commenté les douze petit* prophètesen général; on peut en voir la liste dans le Man. bibl., t. ii, p. 783, note 1; Knabenbauer, In proph. min., t. i, p. 5-9. Comme ouvrages spéciaux, on peut mentionner: le commentaire de Gaspar Grisar, Salamanque, 1570; L. Reinke, Der Prophet Micha, in-8°, Giessen, 1874;

  • C. P. Caspari, Veber Micha den Morasthiten und seine

prophetische Schrift, in-8°, Christiania, 1851-1852; "Roorda, Comment, in vaticinia Miches, Leyde, 1869;

  • E. C. Arnaud, Étude sur le prophète Michée, in-8°,

Genève, 1882; "Ryssel, Untersuchûngen ùber die Teœtgestaltund die Echtheit des Bûches Micha, in-8°, Leipzig, 1887; ’T. K. Cheyne, dans la Cambridge Bible forSchools, 1882, 1895; *J. Taylor, Tlie Massoretic Text andthe ancient versions of Micha, in-8°, 1891; * H. J. Elhorst, De prophétie van Micha, in-8°, Arnheim, 1891; * W. H.Kosters, dans la Theologisch Tijdschrift de Leyde, 1893, p. 249; *J. T. Beck, Erklârung der ProphetenMicha und Joël, in-16, Gutersloh, 1898.

V. Ermoni.

    1. MICHEL##

MICHEL (hébreu: Mikd’êl; Septante: Mix<x^; Vulgate: Michæl), l’un des trois anges nommés dans laBible (fig. 281). Voir Michæl, col. 1060. Trois passages de laSainte Écriture font mention spéciale de l’ange Michel.

I. La vision de Daniel. — La troisième année de

Cyrus, le prophète Daniel eut une vision au cours delaquelle un personnage, envoyé vers lui, lui annonçala prochaine délivrance des Israélites. Mais, ajouta-t-il, «le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et unjours, et Michel, un des premiers chefs, est venu à monsecours, et je suis demeuré là auprès des rois de Perse.» Dan., x, 13. Le même personnage dit encore au prophète: «Maintenant je vais retourner combattre le chefde la Perse, et, au moment où je m’en irai, voici lechef de Javan qui viendra…, et il n’y en a pas un qui setienne avec moi contre ceux-là, sinon Michel, votre chef.» Dan., x, 20, 21. Parlant ensuite de la délivrance finaled’Israël, Daniel dit: «En ce temps-là se lèvera Michel,

281. — Saint Michel. D’après le tableau de Raphaëlpeint pour François I". D’après une photographie.

le grand chef, qui tient pour les enfants de ton peuple.» Dan., xii, 1.

1° Dans ces différents textes, un chef, Sar, apyrmv, estattribué au royaume de Perse, à Javan, c’est-à-dire auxGrecs, et à Israël. Ces chefs ne sont pas des hommes, puisque, d’une part, le chef du royaume de Perse estdistinct des rois de Perse, et que, d’autre part, Israëln’a jamais eu pour chef temporel un homme du nomde Michel. Ceux qui veulent que le «chef du royaumede Perse» soit Cyrus, oublient que ce prince n’est pasun êar, mais un roi, méléh, titre que le prophète nemanque pas de lui donner quand il parle de lui. Dan., i, 21; x, 1. Il n’y a pas à s’arrêter non plus à l’idée dequelques interprètes qui, dans le prince des Perses, ont voulu voir un démon qui s’efforçait de nuire à ceroyaume. Cf. Cassien, Coll. patrum, viii, 13, t. xlix, col. 738; De la Haye, Bibl. maxim. in Dan., x, dansle Curs. compl. Scripturx Sacras de Migne, Paris, 1841, t. xx, col. 318. Les Pères sont à peu près unanimes àvoir dans ces princes des Perses, des Grecs et des Israélites, des anges chargés de veiller sur ces peuples. Cf.S. Clément, 1 Cor., xxxix, 1, t. i, col. 269; Clémentd’Alexandrie, Stront., vi, 17;-vu, 2, t. ix, col. 389, 413; Origène, In iien., ix, 3; In Exod., viii, 12, t. xii, 213, 352; Cont. Gels., v, 29, t. xi, col. 1224; Eusèbe, Dem. evang., iv, - 10, t. xxii, col. 272; S. Basile, I»

1069

MICHEL

1070

Js., x, 240, t. xxx, col. 540; Adv. Eunom, , iii, 1, t. xxix, col. 656; S. Grégoire de Nazianze, Poem. dogm., vii, 13-26, t. xxxvji, col. 410; S. Jean Chrysostome, In Colos., iii, 3, t. lxii, col. 322: S. Cyrille d’Alexandrie, Cont. Jul., iv, t. lxxvi, col. 680; Théodoret, In Dan., x, 13, t. lxxxi, col. 1496; S. Hilaire, In Ps. cxxjx, 7, t. ix, col. 722; S. Jérôme, In Dan., x, t. xxy, col. 556; S. Augustin, In Ps, Lxxxrm, 3, t. xxxvii, col. 1121, etc. Cf.Petau, De angelis, II, viii, 10-15. La plupart d’entre euxs’appuient sur un texte du Deutéronome, xxxii, 8, oùMoïse dit que «Dieu fixa les limites des peuples d’aprèsle nombre des enfants d’Israël», ce que les Septanteont traduit: «d’après le nombre des anges,» ayant lusans doute «fils de Dieu» au lieu de «fils d’Israël».A ce texte ainsi compris en grec, plusieurs Pères, saint Basile, Théodoret, etc., joignent le texte de Danielpour établir l’existence d’anges préposés à la surveillanceet à la garde des peuples divers. Cf. Schabbath, 156.

2° Michel est appelé successivement «un des premierschefs», puis «votre chef», par rapport au peuple auquelappartient Daniel, et enfin «le grand chef», aupoint de vue de la protection d’Israël. Il suit de là qu’iloccupe un rang élevé dans la hiérarchie des anges etqu’il a été spécialement chargé par Dieu de prendresoin du peuple israélite. Aux yeux des Juifs cependant, le titre de «chef» donné à l’ange Michel n’empêchaitpas que Dieu ne fût le chef direct et le protecteur immédiatd’Israël. Cf. Eccli., xvii, 14, 15; Targ. Jerus., surDeut., xxxii; Midrasch rabba, sur Deut., c. ii, etc.L’ange Michel est reconnu comme protecteur du peuplejuif par Targ., sur Cant., viii, 9.

3° La vision de Daniel montre que les anges préposésà la garde des nations exercent activement leur ministère.L’ange de la Perse s’oppose pendant vingt et unjours à un dessein dont l’exécution paraît désirable, quiest cependant combattu par d’autres anges, et que l’angeMichel est seul à défendre. Ce dessein ne peut être quela délivrance du peuple israélite, annoncée dans cettevision du prophète. L’ange des Perses, puis celui desGrecs s’opposent à cette délivrance immédiate, parceque, croit saint Grégoire, Moral., XVII, xii, 17, t. lxxvi, col. 20, les Israélites n’ont pas encore suffisammentexpié leurs fautes envers Dieu. Il y a lieu de penserque le châtiment d’Israël ne préoccupait pas exclusivementles deux anges des Perses et des Grecs, mais queceux-ci voulaient prolonger le séjour des captifs au milieude leurs vainqueurs, surtout à cause des avantages d’ordremoral qui en résultaient pour ces derniers. Cette discussion, qui dure de longs jours entre des anges chargésde peuples dont les intérêts sont différents, suppose que, pour ces anges, la volonté de Dieu reste mystérieusedans le cas qui les intéresse. Chacun exerce alors soninfluence dans le sens qui lui paraît le plus conformeau bien. Sitôt la volonté de Dieu connue, tous s’inclinent, et c’est ainsi que l’ange Michel obtient la libérationde son peuple. Cf. S. Grégoire, ibid.; S. Thomas, Sum. theol., I", q. cxiii, a. 8; Petau, De mundi opific, IV, xiii, 16.

4° Le prophète Daniel est le premier à faire connaîtreles noms des deux anges Gabriel et Michel, et à attribuerà des anges la garde des nations. Ce dernier pointn’est cependant pas sans analogie avec ce que la SainteEcriture raconte d’un bout à l’autre sur le rôle des^arigesvis-à-vis des hommes. Gen., xvi, 7; Num., xXn, 22; Jud., Il, 1; II Reg., xxiv, 16, etc. On a cherchée établirune relation de similitude entre les anges, gardiens desnations, et les génies intermédiaires admis par lesPerses. Dans le système religieux de Zoroaslre, on trouved’abord, au-dessous d’Ormuzd, six Ameshaspentas, génies supérieurs ou énergies qui président aux règneset aux forces delà nature. Puis viennent des milliers deYazatas, chargés de veiller dans le détail au jeu desorganes du monde visible. Avec les derniers d’entre eux

se confondent presque les Fravashis ou nourriciers, sortes de génies féminins qui s’unissent à chaque hommepour le nourrir, combattre les démons et procurer lapratique et l’avènement du bien. Cf. J. Darmesteter, LéZend-Avesta, Paris, 1892-1893, t.i, p. 5-19, 23-25; t. ii, p. 296-322, 500-505. Alors même qu’il faudrait admettreun certain développement de Pangélologie hébraïque aucontactdes doctrines perses, voirt.l, col. 590, une influenceréelle serait ici difficile à prouver. Les Fravashispourraient tout au plus être assimilés aux anges gardiens, avec cette différence essentielle que ces dernierssont de purs esprits qui ne s’unissent pas aux hommes.Quant aux Ameshaspentas et aux Yazatas, leur natureest assez mal définie et leur pouvoir ne s’étend que surle monde matériel, tandis que les anges chargés des nationsexercent leur tutelle sur des êtres raisonnables.Du reste, il est question des anges dans la Bible bienavant le contact avec les Perses, et, ni par leurs nomssémitiques ni par la nature de leurs fonctions, les angesbibliques ne dérivent des génies zoroastriens. Cf. de Broglie, Cours de l’hist. des cultes non chrétiens, Paris, 1881, p. 41; Lagrange, La religion des Perses, Paris, 1904, p. 50-51.

5° L’ange Michel est ordinairement compté parmi lessept anges qui se tiennent devant le Seigneur et dontil est plusieurs fois question. Tob., xii, 15; Apoc, i, 4; v, 6; viii, 2. Ces sept anges n’ont rien de commun avecles sept grands officiers des rois de Perse. Esth., i, 10; I Esd., vii, 14. L’histoire deTobie à pour théâtre l’Assyrieet non la Perse. Quant à saint Jean, il serait plusqu’arbitraire de rattacher ses inspirations à des usagesperses. On sait aussi que les six Ameshaspentas sontparfois portés au nombre de sept par l’addition soitd’Ormuzd, soit d’un autre génie appelé Sraoscha. Cf.Darmesteter, Le Zend-Avesta, t. i, p. 357-372. Avec cesgénies, les sept anges n’ont guère de commun que leurnombre; or, le nombre sept était un des nombres sacréset symboliques des Hébreux dès l’origine. Gen., XXI, 30; Exod., xii, 15; xx, 10; Lev., xxiii, 18, etc. Lés rapportssont donc trop superficiels entre les idées zoroastrienneset les données bibliques sur les anges, pour que l’onpuisse admettre logiquement une influence directe despremières sur les secondes. Du reste, sur une questionfondamentale, l’Écriture donne une solution très antérieureet très supérieure à celle de Zoroastre. Pour cedernier, Ormuzd et Ahriman sont deux personnificationsdu bien et du mal, indépendantes l’une de l’autre et limitantmutuellement leur puissance. Dans la Bible, Jéhovah est le créateur tout-puissant, et Satan, le princedu mal, n’est qu’un être créé et subordonné. Job, 1, 12; il, 6; cf. Gen., iii, 14, 15.

II. L’Épître de saint Jude. — Parlant du démon, àl’occasion de ceux qui vivent dans l’immoralité, saintJude, 9, s’exprime ainsi: «L’archange Michel lui-même, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corpsde Moïse, n’osa pas porter contre lui une sentence d’exécration, mais il se contenta de dire: Que le Seigneurte corrige!» La Vulgate emploie ici le verbe imperet: «Que le Seigneur te commande!» Le grec a le verbeÊTceTi|13v, «blâmer» et «infliger» la peine due à unforfait. L’apostrophe est empruntée à Zacharie, iii, 2,: îg l ar Yehôvdh bekâ, «que Jéhovah te reproche,» tecontraigne; Septante: èjctTi|J.T|<Tai xiipto; èv <rot; Vulgate: increpet Dominus in te.

1° Michel est qualifié d’archange, àpxâxyi^at, nomqui correspond aux titres de «l’un des premiers chefs» ou de «grand chef» qui lui sont donnés par Daniel.Voir Archange, t. i, col. 911. Dans la classification théo- «logique, les archanges n’occupent que le huitième rangde la hiérarchie angélique, et Michel appartient à cetordre. Cf. Pseudo-Denys, De cœlest. hierarch., IX, 2, t. iii, coi. 259. Les titres qui lui sont attribués n’auraientdonc qu’une valeur relative. Néanmoins, sons le nom

d’anges, la Sainte Écriture comprend souvent tous lesesprits célestes, sans distinction d’ordres. Cf. Heb., i, 4-7, 13, 14, etc. Un archange peut dès lors être un desprincipaux anges, c’est-à-dire un des chefs de la hiérarchiecéleste. Quant à Michel en particulier, plusieurscroient qu’il prit la place de Lucifer, après l’avoir terrassé; or, on regarde comme probable que Lucifer était lepremier de tous les anges. Cf. S. Thomas, Sum. theol., l a, q. lxiii, a. 7. En réalité, on manque de renseignementsautorisés pour déterminer exactement la dignité deMichel et des autres archanges nommés dans la Bible. «En tout ceci, rien de certain, dit Petau, De angelis, II, vi, 16; tout ce qu’on en dit procède de conjecture etd’opinion, peut par conséquent s’étendre à l’infini et nedoit être utilisé qu’avec grande réserve par le théologien, obligé à traiter solidement des choses divines.»

2° L’archange Michel conteste avecle diable et lui disputele corps de Moïse. Cette contestation se conçoitentre les deux esprits, dont l’un défend le plan divintandis que l’autre le combat. Apoc., xii, 7-9. Ici, la di ?putea pour sujet le corps de Moïse; mais saint Judene donne aucune explication sur le motif de cette dispute.Le Deutéronome, xxxiv, 5, 6, raconte que Moïsemourut dans le pays de Moab, sur le mont Nébo, queJosué l’inhuma dans la vallée de Beth-Phogor et quepersonne ne sut l’emplacement exact de cette sépulture.Dans cette vallée était honorée une divinité moabile, appelée Béelphégor. Voir Béelphégor, t. i, col. 1543, et Bethphogor, 1. 1, col. 1710. On a fait diverses suppositionspour expliquer la contestation: Satan auraitvoulu que l’honneur de la sépulture fût refusé à Moïseparce qu’il avait tué un Égyptien, Exod., ii, 12; ou bienil aurait désiré que son sépulcre fût connu et visible surle mont Nébo, afin d’y devenir pour les Israélites unobjet d’idolâtrie; ou encore il se serait opposé à l’inhumationdans la vallée de Bethphogor, de peur que levoisinage des restes du propbète ne nuisit au culte del’idole. Cf. Fromond, In Epist. Judée, dans le SacrœScripturss curs. compl. de Migne, Paris, 1857, t. xxv, col. 988; Wouters, In Epist. cathol. dilucidat., q. yji, ibid., col. 1036-1037. On ne peut rien affirmer à cesujet. Voir Moïse.

3° Plusieurs Pères ont pensé que saint Jude avait empruntéà un apocryphe, l’Assomption de Moïse, ce qu’ildit ici à propos de la discussion entre Michel et Satan.Voir Apocalypses apocryphes, t. i, col. 759; Clémentd’Alexandrie, Enarr. in epist. Judce, t. ix, col. 733; Origène, De princip., iii, 2, t. xi, col. 303; Didymed’Alexandrie, Enarr. in epist. Judse, t. xxxix, col. 1815; Photius, Amphiloch. qux&t., 151 al. 183, t. ci, col. 813; Protogène de Sardes, Cité par Gélase de Cyzique, Comment.actor. concil. Nicgen., ii, 20, t. lxxxv, col.’1234, et dans Mansi, Sacr. concil. collect., t. ii, p. 860. Sain! Jérôme, In Tit., i, 12, t. xxvi, col. 608, admet aussil’emprunt, mais observe que l’utilisation par saint Juded’un passage de l’apocryphe n’entraîne nullement l’approbationdu livre tout entier. Le seul texte que l’onpossède de VAssomption de Moïse est une anciennetraduction latine, retrouvée et publiée par Ceriani, Monum. sacr. et prof an., 1. 1, fasc. I, Milan, 1861, p. 5564, mais dont la fin manque. C’est dans cette fin quedevait être racontée la mort de Moïse et qu’il était vraisemblablementquestion du combat auquel saint Judefait allusion. L’absence de ce dernier morceau ne permetpas de savoir en quels termes l’apocryphe parlaitde l’événement, ni s’il donnait plus de détails que saintJude. Cf. Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes imZeit I. C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 217. Cette discussionentre deux esprits n’avait pu être connue que par unerévélation faite peut-être à Josué; le souvenir en avaitété conservé par tradition orale et faisait partie de laHagada. Voir Midrasch, ii, 2°, col. 1709. C’est là queJ’auteur de l’apocryphe avait pu la recueillir peu après la

mort d’Hérode le Grand. Il n’importe donc guère depréciser à quelle source saint Jude a puisé, que ce soitdirectement à la Hagada, on au livre qui s’était inspiréde cette dernière,

. 4° L’archange, bien qu’ayant en face de lui le chef desanges révoltés et condamnés, n’osa pas porter de sentencecontre lui. Il eut encore égard à l’ancienne dignitéde Lucifer et préféra que l’ordre vînt de Dieu en personne.Saint Jude établit un contraste entre cette réservede l’archange et l’effronterie des hérétiques. «Que leSeigneur te corrige!» Ces paroles, qu’elles aient étéinsérées ou non dans l’Assomption de Moïse, se retrouventdans un passage de Zacharie, iii, 2, où c’est Jéhovahlui-même qui dit à Satan, adversaire du grandprêtreJésus: «Que Jéhovah te réprime!» Comme ilparaît assez anormal que Jéhovah lui-même parle ainsiet que, dans le verset précédent, c’est l’ange de Jéhovahqui est indiqué, il est à croire que, comme dans d’autrespassages bibliques, Jéhovah est nommé pour l’ange quiparle en son nom. Cf. Rosenmùller, Proph. minor., Leipzig, 1816, t. iv, p. 153. Voir Ange, t. i, col. 586. L’archangeMichel aurait donc prononcé lepremier une parolequi a été ensuite répétée par un autre ange de Jéhovah.

III. Le combat de l’Apocalypse. —

Saint Jean, dansune de ses visions, décrit ainsi ce qui se passa au ciel: «Il y eut un combat dans le ciel; Michel et ses angescombattaient contre le dragon; le dragon et ses angescombattaient, mais ils ne purent vaincre et leur placemême ne se trouva plus dans le ciel.» Apoc, xii, 7-8.Saint Jean identifie ensuite le dragon avec l’ancien serpent, le diable et Satan. Ce combat est décrit dans une visionqui montre la femme enfantant, puis poursuivie parle dragon chassé du ciel et protégée contre ses attaques.

1° D’après le contexte, ce combat n’est nullement celuiqui a eu pour cause, à l’origine, la révolte de Lucifer elde ses anges. La femme qui enfante est incontestablementet en premier lieu l’Église, dont Satan cherche àfaire périr les enfants. Le combat se livre dans le ciel, il est vrai, mais seulement dans un ciel où peut pénétrerSatan, que les visions prophétiques nous montrentadmis en présence de Dieu. Job, i, 6; ii, 1; Zach., iii, 1. D’ailleurs saint Jean suppose formellement commeantérieurs au combat, et la chute de Satan, qui a entraînéavec lui le tiers des étoiles, cf. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. lxiii, a. 8, et la tentation du paradis terrestre, puisquele dragon n’est autre que l’ancien serpent. Apoc, xii, 4, 9. En fait, les Pères n’invoquent pas ce passage del’Apocalypse pour l’appliquer à la chute primordiale deSatan et de ses anges. Cf. Petau, De angelis, III, iii, 1-18. Seul, André de Césarée, In Apoc. comm., t. evi, col. 215, se sert de Apoc, xii, 9, 10, mais seulementpour caractériser le rôle ordinaire de Satan. Quel quesoit le sens qu’on donne à l’Apocalypse, et qu’on entendele chapitre xii des commencements de l’Église ou de lafin des temps, cf. S. Grégoire le Grand, Hom. inEvang., xxxix, 9, t. lxxvi, col. 1251, il est certain quele combat dont il est parlé dans ce chapitre ne se rapportepas à l’épreuve des anges. C’est donc dans un senstoutaccommodatice que l’on joue sur le nom de Michel, pour montrer l’archange terrassant Lucifer révolté, aucri de: «Qui est comme Dieu?» Ce sens est acceptépar Bossuet, Élév. sur les mystères, 4e sem., 3 «élév., Bar-le-Duc, 1870, t. viii, p. 416, qui, pourtant, dans sonExplication de l’Apocalypse, xii, 7, t. ii, p. 229, entendpar ce combat celui que Satan livre contre l’Église.

2° Un vieux mythe babylonien met aux prises Mardouk(Mérodach), le champion des grands dieux, et Tiâmat, personnification du chaos, qui s’était révoltée contre lasouveraineté des dieux. Mardouk l’attaque, l’envelopped’un filet, et, pendant qu’elle ouvre la gueule pour avalerla bourrasque poussée contre elle, lni enfonce sa lance, lui déchire la poitrine et lui ôte la vie. Cf. Sayce, TheAssyrian Story oftlie Création, dans les Records oftlie

Past, II’sér., t. i, p. 137-140; Jensen, Die Kosmologieder Babylonier, Strasbourg, 1890, p. 280-287. Un autremythe non cosmogonique raconte la lutte de Bel contrele dragon. Bel n’est probablement pas autre que Bel-Mardouk, mais le dragon n’est pas Tiâmat, c’est unmonstre marin qui cherche à mettre à mal la * terre etses habitants. Bel-Mardouk le terrasse et devient lemaître du pays. Cf. Jensen, Mylhen und Epen, p. 4446, dans la Keilinschriftliche Bibliothek de Schrader, t. vi, Berlin, 1900. Ce mythe, très populaire en Chaldée, y a été souvent représenté. Dans une de ces représentations(voir fig. 263, col. 999), Bel a le diadème sur latête et une double paire d’ailes aux épaules; de chaquemain il brandit la foudre trident contre le monstre.Ce dernier est une bête mâle, qui réunit les caractèresdu lion, du griffon, de l’oiseau et de l’habitant des eaux.Un mythe analogue se retrouve jusque dans la légendechrétienne, d’après laquelle des dragons sont terrasséspar sainte Marthe, saint Front, saint Georges, etc. Aussibien, rien n’était-il plus naturel que de prêter la figured’un animal extraordinaire et terrible au mal physiqueou moral dont on était délivré par un personnage puissant.Cf. Lagrange, Etudes sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 369-383. Mais ces mythes ont-ils exercéune influence sur les écrivains sacrés? Quelques auteursle prétendent. La trace en serait visible dans les passagesqui décrivent la lutte de Jéhovah contre Rahab, Job, ix, 13; xxvi, 12, 13, ou la puissance avec laquelleil contient la violence de la mer. Job, xxxviii, 8-11; Is., ii, 9, 10; Ps. lxxxix, 10-13, etc. Us concluent delà que le combat de Michel contre le dragon, dansl’Apocalypse, ne serait qu’une réminiscence de la luttede Jéhovah contre Rahab, et par conséquent une transpositionfacilement reconnaissable des mythes de Mardoukvictorieux de Tiâmat, ou de Bel-Mardouk victorieuxdu dragon. Cf. H. Gunkel, Schôpfung und Chaosin, Vrzeitund Endzeit, Leipzig, 1895, p. 171-398; Bousset, Die Offenbarung Johannis, Gœttingue, 1896, p. 395, 398; Loisy, Les mythes babyloniens, Paris, 1901, p. 31-40.Buhl, Gesenius’Handwôrterb., Leipzig, 1899, p. 763, rapprocheaussi Rahab de la Tiâmat babylonienne. Il y a eneffet analogie entre certaines conceptions cosmogoniquesdes Hébreux et celles des Chaldéens. La communautéd’origine explique ces ressemblances de forme, sansqu’on soit toujours autorisé à étendre au fond même desidées l’analogie des expressions. De ce que des textespoétiques empruntent des images chaldéennes pourparler de la puissance créatrice de Jéhovah, Une suit paslogiquement que les écrivains sacrés se soient représentéDieu sous la figure de Mardouk. Pour beaucoupde traditions d’ailleurs, avant de décider si les Hébreuxsont tributaires des Chaldéens, il faudrait écarter pardes arguments péremptoires l’hypothèse si naturellede traditions primitives, plus ou moins modifiées parle génie inventif des poètes chaldéens, mais plus fidèlementconservées par les ancêtres directs d’Abraham, et, en tous cas, ramenées à leur pureté primitive parles auteurs inspirés. Cf. Loisy, Les mythes babyloniens, p. 101-102. Quant à l’assimilation établie entreMichel et Mardouk, le dragon satanique et Tiâmat, elleest plus contestable. On se figure difficilement que saintJean ait été si bien au courant des mythes babylonienset les ait transposés pour le besoin de son expositiondoctrinale. Sans doute, il y a lutte entre Michel et ledragon comme entre Mardouk et Tiâmat. Mais faut-ilfaire dériver de l’épisode babylonien toutes les histoiresbibliques qui opposent deux personnages l’un àl’autre? Les héros babyloniens représentent des forcesde la nature, les personnages de l’Apocalypse sont depurs esprits; les premiers combattent inconsciemmentpour l’organisation du monde physique, les secondslu*ttent intelligemment pour ou contre l’établissem*ntdu royaume spirituel; Mardouk et Tiâmat sont des êtres

flottants, mal définis, dont les exploits sont conçusd’une manière qui défie le bon sens; Michel et Satanont une histoire dont la Bible fournit les éléments, avec parcimonie, sans doute, mais assez nettement; leur rôle se développe logiquement, depuis la tentationde PÉden jusqu’aux derniers événements prédits oudécrits par l’Apocalypse. Saint Jean n’avait pas à emprunterles éléments descriptifs de sa vision à des traditionsétrangères; si, sous ce rapport, il voulait suivredes modèles, il en trouvait parmi les anciens prophètesd’Israël, qu’il a d’ailleurs imités si souvent. Mais à supposermême qu’on pût démontrer une certaine dépendancedu récit de saint Jean par rapport au mythe babylonien, comme on a pu le faire pour la vision deschérubins d’Ézéchiel, voir Chérubin, t. ii, col. 664, n’en resterait pas moins à constater l’originalité de sadoctrine et l’harmonie parfaite de sa vision avec toutesles données prophétiques et apocalyptiques de la Bible.Cf. Jacq. Simon (Loisy), Chronique biblique, dans laRevue d’hist. et de liltér. relig., Paris, 1897, p. 467.

3° Dans ce passage de l’Apocalypse, Michel apparaîtclairement comme le protecteur de l’Église, à l’égardde laquelle il remplit la même fonction qu’autrefois àl’égard d’Israël. Au début de l’histoire des Israélites, Satan avait cherché à nuire à l’ancien peuple en intervenantà propos du corps de Moïse et Michel l’avaitcombattu. Dès le commencement de l’Église, Satans’efforce encore de faire périr ses enfants et Michel leterrasse. L’archange est donc à bon droit considérécomme protecteur de l’Église. Daniel, xii, 1, avaitdéjà annoncé ce rôle, en présentant Michel commedéfenseur du peuple élu, à l’époque messianique et àla fin des temps. L’Église lui reconnaît officiellement cetitre. Elle l’appelle le «préposé du paradis», II Noct., 2 ant., xxix Sept.; le «prince de la milice des anges», il Noct., resp. 1; «prince très glorieux,» u Vesp., adMagnif., et, dans les litanies des saints, elle lui assignela première place après la Sainte Vierge. Elle imploreson secours: «Archange Michel, viens au secours dupeuple de Dieu,» nNoct., ant. 1, xxix septemb.; «c’estlui qui se tient debout pour vos fils, >' resp. 3. À causede sa lutte victorieuse contre l’ennemi du salut desâmes, elle le considère surtout comme le défenseurdes âmes que vont passer dans l’autre vie. C’est lui «à qui Dieu a confié les âmes des saints, pour qu’illes conduise au joyeux paradis», // Noct., resp. 2; ilest le «messager de Dieu pour les âmes justes». /// Noct., ant.l. «Archange Michel, je t’ai établi prince sur toutesles âmes à recevoir.» Laud., ant. 3. À l’alléluia de lamesse de sa fête, comme dans la prière qui suit lamesse, elle lui dit: «Saint archange Michel, défends-nousdans le combat, pour que nous ne périssions pasdans le terrible jugement.» À l’olfertoire de la messedes Morts, elle demande que «le porte-étendard saintMichel les introduise dans la sainte lumière», et, dans les prières pour la recommandation de l’âme desagonisants, elle supplie «que saint Michel les reçoive, lui, l’archange de Dieu, qui a mérité d’être placé à latête des milices célestes». C’est dans la même penséequ’elle nomme l’archange parmi les saints auxquels sefait la confession des péchés, afin qu’il défende lepécheur repentant. Déjà, dans la tradition juive, Chagigah, 11 6; Menachoth, 110 a, l’ange Michel étaitconsidéré comme offrant à Dieu chaque jour les âmesjustes sur l’autel de la Jérusalem céleste. La pensée del’Église sur le saint archange Michel est heureusem*ntexprimée par les hymnes composées en son honneurpar Raban Maur, Notker le Bègue, Adam de Saint-Victor, etc. Cf. U. Chevalier, Poésie liturg. Iradit. del’Église cath. en Occident, Tournai, 1894, p. 237-242.

— Voir Ma’Germain et Brin, Saint Michel archange, 2e édit., in-18, Paris, 1883; Frd. Wiegand, Der ErzengelMichæl in der bildenden Kunst, in-8°, Stuttgart,

1886; Bousset, Der Antichrisi in der Ueberlieferungdes Judenthums, des neuen Testaments und der altenKirche, Gœttingue, 1896, p. 151-153, 166, 171; cf. Revuebiblique, 1896, p. 652, 653; W. Lueken, Miehæl. EineDarstellung und Vergleichung der jâdischen und dermorgenîândisch-christlichen Tradition von Erzengel

Miehæl, in-8°, Gœttingue, 1898.

H. Lesêtre.

1. MICHOL (hébreu: Mikal, peut-être forme contractéede Mîka’êl, «qui (est) comme Dieu? «Septante: MeX-^iiX; Joséphe, Ant. jud., VI, XI, 4, Mzyaka), la plusjeune des deux filles de Saùl et femme de David. Samère devait être Achinoam. IReg., xiv, 49-50. Saül avaitpromis de donner sa fille aînée, Mérob, en mariage auvainqueur de Goliath, mais il ne tint pas sa parole. VoirMérob, col. 997. Il lui promit cependant plus tard delui donner Michol qui l’aimait, à la condition qu’il tueraitcent Philistins. David en tua deux cents et il épousaMichol, Il avait alors une vingtaine d’années. IReg., xviii, 19-28. Elle lui sauva la vie peu de temps après, lorsqueSaûl voulut le faire périr. Ayant appris que son pèreenvoyait ses gardes pour s’emparer de David, elle le fitéchapperde la maison par la fenêtre et mit un theraphimou une espèce de mannequin dans son lit afin qu’on le crûtmalade. Lorsque la supercherie fut découverte, son mariétait en sûreté. Saùl fit de violents reproches à sa fille; elle se justifia en disant que David l’avait menacée de latuer. I Reg., xix, 12-17. Elle devait rester plusieurs annéessans revoir David. Son père se vengea en la mariant deforce à Phalti ouPhaltîel de Gallim. IReg., xxv, 41. Sonpremier époux la recouvra plus tard, en mettant pourcondition à sa réconciliation avec Abner, l’ancien généralde Saül et le soutien d’Isboseth, son rival, que Michollui serait rendue. Abner la lui ramena, en effet, malgréles pleurs de Phaltiel. II Reg., iii, .12-16. L’affectionétait-elle le seul motif de la conduite de. David? La politiquen’y était-elle pas pour sa part? Avec quels sentimentsMichol reprit-elle sa place auprès de lui, où elletrouvait deux autres femmes, Abigaïl et Achinoam? Nousl’ignorons. Elle reparaît seulement en une circonstance, lors du transfert de l’arche de la maison d’Obédédomà Jérusalem, et c’est pour faire des reproches à David.En regardant par la fenêtre du palais la procession solennelle, elle avait vu David, revêtu d’un manteau de byssuset d’un éphod de liii, dansant et jouant devant l’arche, «et elle l’avait méprisé dans son cœur.» Il Reg., vi, 16; I Par., xv, 29. Quand le roi revint, elle alla à sa rencontreet lui manifesta violemment sa désapprobation.David lui répondit avec vivacité en lui rappelant le rejetque Dieu avait fait de son père et en justifiant sa conduitepar ses sentiments de piété. Lé texte sacré terminele récit en disant: «Et Michol, fille de Saûl, n’eut pointd’enfant jusqu’au jour de sa mort.» II. Reg., VI, 20-25.Le nom de Michol se lit encore une fois II Reg., xxi, 8, mais on admet communément que c’est Mérob qu’ilfaut lire à la place. Voir Mérob, col. 997. Josèphe, Ant. jud., VII, iv, 3, prétend, en s’appuyant évidemmentsur II Reg., xxi, 8, que Michol serait revenue plustard auprès de Phaltiel, qu’il désigne sans le nommer, et en aurait eu cinq enfants, mais cette affirmation estformellement contredite par II Reg., vi, 25. Le Targumsur Ruth, iii, 3, appelle Phaltiel, hàsîdà’, «pieux,» etdit qu’il plaçait une épée entre lui et Michol pendantleur mariage. Les Qusest. hebr. in I Reg., Xxv, 44, dansles Œuvres de saint Jérôme, t. xxiii, col. 1344, font allusionà cette tradition. Elles disent de plus, in II Reg., m, 5; vi, 23, col. 1347, 1350, que Michol est la mêmequ’Égla (t. ii, col. 1599), qui donna à David Jéthraamet qu’elle mourut en couches, mais tout cela ne reposesur aucun fondement.

2. MICHOL, nom donné par la paraphrase chaidaïqueau prophète dont l’histoire est racontée III Reg., xiii,

12. C’était un faux prophète, selon les uns; un vrai prophète, selon les autres. Voir Keil, Die Rucher der Kùnige, 1865, p. 154.

MICHTHAM. Voir Miktam.

. MIDI (hébreu: négêb, sâhârayim, duel de sokar, «lumière,» par conséquent «la double lumière», lalumière dans sa plus grande force, nehôn hay-yôm, Prov., iv, 18, «le fort du jour»; Septante: u.s.ci)(iëp! a, vôtoç; Vulgate: meridies, meridÀanum), le moment dujour où le soleil est au plus haut point de sa course. Enhébreu, comme dans la plupart des langues, le mididésigne plusieurs choses différentes. — 1° La région.Un pays, une montagne, une ville sont au midi quandils se trouvent, par rapport à un spectateur ou relativementâ d’autres lieux, du côté où brille le soleil quandil est au milieu de sa course. Gen., xii, 9; Exod., xxvi, 18, 35; Num., ii, 10; Jos., x, 40; Ezech., xx, 46; Act., vin, 26, etc. Le côté méridional d’une construction, d’unobjet fixe, etc., est celui qui est tourné juste en face dusoleil à midi. Exod., xxvii, 9, etc. — 2° L’heure. Lemidi désigne également le milieu du jour, c’est-à-direle moment où le soleil, parvenu à son plus haut pointdans le iirmamènt, mettra autant de temps à descendresous l’horizon qu’il en a mis à monter. Le moment exactde midi ne pouvait pas être déterminé avec précisionchez les Hébreux, Le cadran solaire d’Ézéchias, Is., xxxviii, 8; IV Reg., xx, 9-11, était une rareté. VoirCadran solaire, t. ii, col. 26. Pratiquement, d’ailleurs, on n’avait pas besoin de fixer le milieu du jour avecgrande exactitude, et l’heure de midi se rapportaitapproximativement à un temps plus ou moins long.Ainsi saint Jean, xix, 14, dit qu’il était «à peu près lasixième heure», allant de midi à trois heures, quandle Sauveur fut livré aux Juifs par Pilate, et saint Marc, xv, 25, dit que c’était «la troisième heure», allant deneuf heures à midi, quand on le crucifia. Cette doubleindication revient à dire que le chemin de l’Antoniaau Calvaire fut parcouru par le Sauveur et son cortègeautour de midi, avec une certaine latitude dans! adétermination de l’heure. — C’est à midi que Josephprit son repas avec ses frères, Gen., xun, 16; que mourutd’insolation le fils de la femme de Sunam, IV Reg., iv, 20; que Jésus s’assit au puits de Jacob pour attendrela Samaritaine, Joa., iv, 6; que les ténèbres commencèrentà couvrir la terre le vendredi-saint, Matth., xxvii, 45; Marc, xv, 33; Luc, xxiii, 44; que saint Pierrepriait. Act., x, 9, etc. — 3° La lumière. À midi, la lumièredu soleil a son plus vif éclat. Cette lumière estun symbole de la prospérité du juste, Job, xi, 17; Prov., iv, 18, de son innocence, Ps. xxxvii (xxxvi), 6, de sa bienfaisance. Is., lviii, 10, etc. L’absence de lalumière à midi est un signe de la malédiction divine; Am., viii, 9. Aller à tâtons en plein midi, c’est êtrefrappé d’aveuglement moral par la justice de Dieu.Deut., xxviii, 29; Job, v, 14; Is., lix, 10. Une villeattaquée ou un pays ravagé en plein midi ont la ruineà craindre, car l’ennemi est assez puissant pour n’êtrepas obligé d’opérer la nuit et par ruse. Jer., vi, 4; xv, 8; xx, 16. Le «démon du midi», Ps. xci (xc), 6, dont parlent les versions, n’est autre chose que «laruine qui dévaste en plein midi», qétéb ydiûd sâhârayim., qui s’attaque à l’homme en plein jour commela flèche, aussi bien que d’autres fléaux qui le surprennentpendant la nuit. Les Septante ont rattachéyaèûd au mot $êd, «idole,» qu’ils traduisent ordinairementpar «démon». Dans un passage de Job, xxiv, 1 1, il est parlé des malheureux qui endurent les ardeursdu soleil, meridiati sunt, au milieu des récoltes. Leverbe hébreu correspondant, yaçhiru, vient de sâhar, c’est-à-dire de la même racine que $âharayîm, d’où lesens adopté parla Vulgate, et reconnu par Buhl-GesePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/565 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/566 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/567 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/568 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/569 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/570 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/571 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/572 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. 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